Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (14)

En cette année 2025, l’institution xeneize fête ses 120 ans. En effet, le Club Atlético Boca Juniors a été fondé officiellement le 3 avril 1905 dans le quartier du même nom. Passé de club de quartier populaire à club mondialisé totémique, Boca Juniors a toujours, plus ou moins, gardé une certaine identité sur le terrain, à base de lucha et de garra. Car l’âme véritable du club, est, selon les dires, dans le maillot à défendre, qui serait plus important que le joueur. La tunique xeneize, c’est peut-être elle la véritable idole du club ! À la fois club le plus supporté et, forcément, le plus détesté du pays, Boca Juniors cristallise les passions et les haines. Pour célébrer et parcourir son histoire, Pinte de foot vous propose un long format sous forme d’un Top 50, bonifié et étalé sur plusieurs semaines, de ses plus illustres bosteros.

Photo d’en tête: Boca Juniors 3-0 River Plate (quart de finale retour, Libertadores 2000)

4. Martin Palermo

Martin Palermo est originaire de La Plata et débute à Estudiantes, l’un des deux grands clubs de la ville. Toute la famille supporte le club Pincha, qui n’est pas au mieux dans ces années-là, passant même par la seconde division. Dès ses premiers pas dans le championnat argentin, Palermo se démène sur le front de l’attaque, il ne lâche rien, dans un style qui lui deviendra si caractéristique. Jeune avant-centre prometteur, il réalise deux dernières saisons remarquées à mettre une quinzaine de buts avec Estudiantes et est recruté par Boca Juniors. Le club de Buenos Aires était en quête d’un 9 et écoute son idole pré-retraitée, car Palermo est recommandé par Diego Maradona en personne qui le suggère à ses dirigeants. L’avant-centre mettra un temps à s’adapter dans son nouveau club, mais une fois délivré, il enchaîne les buts sans s’arrêter.

Il inscrit 20 buts lors de la saison 1997-1998. Puis avec l’arrivée de Carlos Bianchi, il devient définitivement le goleador argentin par excellence. Il plante 32 pions lors de la saison suivante, avec un record de 20 buts en 19 matchs dans le tournoi d’ouverture. Dans le sillage d’une équipe qui écrase le championnat, Palermo est souvent à la conclusion d’une attaque dévastatrice, avec le maître à jouer Riquelme et surtout Guillermo Barros Schelotto, son ancien rival chez les jeunes du Gimnasia La Plata, qui multiplie les centres et passes décisives de grande qualité. Palermo, en pleine confiance, enfile les buts dans toutes les positions, avec les différentes parties de son corps, et tente tout : avec des buts d’anthologie et invraisemblables. El Loco, pour ses excentricités et sa personnalité exubérante, autant par ses célébrations de buts folles que ses choix capillaires, est intouchable. Tout ce qu’il touche se transforme en but ! Mais une blessure – rupture des ligaments croisés au genou droit – le stoppe net au mois de novembre durant le tournoi d’ouverture de la saison 1999-2000, alors qu’il était en feu avec 14 buts en 13 matchs (46 buts en 48 matchs depuis la prise de fonction d’El Virrey Bianchi). Boca avait même refusé quelques mois avant une offre d’une quinzaine de millions de dollars de la Lazio pour le garder et continuer sa moisson avec la Copa Libertadores en ligne de mire.

Mais Palermo va ressusciter tel un phénix dans un match légendaire. Six mois après sa blessure, il vient achever River Plate en marquant le troisième but en quart de finale de Copa Libertadores 2000 (3-0), une folie. Mais ce but est encore plus savoureux, car l’hypothèse que Palermo entre sur le terrain, dans un match si important, alors que River était en ballottage favorable après le match aller gagné 2-1, faisait rire le club millonario. Américo Gallego, l’entraîneur, répondit, à la question si Palermo allait jouer, en blaguant « Si lo ponen a Palermo, yo lo pongo a Enzo » (S’ils font rentrer Palermo, je fais rentrer Enzo [Francescoli]). Et El Titán fit son apparition pour le dernier quart d’heure de jeu au moment où Boca menait 1-0. Après le penalty transformé par Riquelme pour le 2-0, Boca ne s’arrête pas. Dans le temps additionnel, après une combinaison Riquelme et Battaglia sur le côté gauche de l’attaque, ce dernier centre vers Palermo. L’attaquant, pas en rythme, contrôle maladroitement au milieu des défenseurs de River, comme spectateurs d’une scène qu’on repasse au ralenti, et dans un mouvement mal assuré, tout en lenteur, il se retourne et de son pied gauche adresse un tir plat du pied qui va se loger dans les buts de Bonano. El Titán est de retour, le ressuscité vient clouer le cercueil de River Plate dans un stade en délire. Le miracle devint, pour tous les hinchas de Boca, le but du muletazo (de muleta, béquilles en espagnol). Palermo, les yeux rougis, y croit à peine, sprinte vers le banc de Boca, prends dans ses bras le docteur qui l’a opéré. Une soirée parfaite, une nuit inoubliable pour Boca Juniors qui remportera la Copa Libertadores au bout.

Palermo entre définitivement au Panthéon à la suite de l’Intercontinentale 2000. Contre le Real Madrid, il signe un doublé. Boca assomme le champion d’Europe, pris à la gorge dès le début et mené 2-0 après six minutes de jeu. Sur le premier, il conclut à la réception d’un centre de Chelo Delgado. Le second, sur une ouverture de Riquelme, il résiste tout en puissance au défenseur madrilène et marque d’un tir net et précis. Pour Carlos Bianchi, Martin Palermo était « l’optimiste du but ». Par cette expression, Bianchi saluait le caractère de son attaquant qui n’abandonnait jamais, qui entrait sur le terrain avec la rage de vaincre, même quand l’équipe perdait foi. Palermo, qui n’était pas le plus technique, le plus fin ou le plus rapide, parfois même maladroit et bourrin, croyait en lui, pensait toujours à marquer. Toujours volontaire dans l’effort et à se sacrifier, son sens du but, son positionnement dans la surface, son jeu de tête exceptionnel – il mit un but de la tête de presque quarante mètres -, son puissant pied gauche, furent autant d’armes à sa disposition pour marquer dans n’importe quelle position et de n’importe où.

Finalement, une fois l’année 2000 écoulée, Palermo quitte Boca Juniors pour partir à Villarreal en Liga. En Europe, il n’aura pas le même rendement. Souvent blessé, il joue aussi de malchance. Lorsqu’il célèbre un de ses buts avec les supporters du sous-marin jaune, une partie de la tribune cède sous leur poids et casse la jambe du joueur. En trois saisons et demi en Espagne, à Villarreal, au Real Betis et à Alavés, il ne marque jamais plus de dix buts lors d’une saison. Voyant l’échec de sa carrière européenne, Palermo retourne à Boca Juniors. Un retour en grâce pour l’idole xeneize. Il retrouve aisément le chemin du but et continue de se faire remarquer en enchaînant les saisons pleines de buts, entre jurons et célébrations toujours folles sur le terrain, soirées alcoolisées et vie sinueuse en dehors. Dans des équipes moins fringantes, Palermo apporte son expérience et encadre les jeunes talents et évolue au côté de « revenants » et de « routiers » du football argentin. En 2004, il remporte la Copa Sudamericana face à Bolívar. Battu 1-0 à La Paz, Boca renverse la vapeur au retour et s’adjuge la coupe en s’imposant 2-0 grâce à Palermo et Tevez, avec Guillermo Barros Schelotto, Diego Cagna, Raúl Cascini ou Rolando Schiavi dans leur équipe. L’année suivante, Boca Juniors conserve la Sudamericana en battant aux tirs aux buts les Mexicains de l’UNAM. Palermo est de nouveau buteur en finale retour, et s’adjuge ce titre au côté de Rodrigo Palacio, Fernando Gago, Hugo Ibarra, Sebastian Battaglia, Rolando Schiavi ou Pablo Lesdesma. Avec le retour du Diez Riquelme, le duo propulse Boca Juniors vers un nouveau sacre continental en remportant la Libertadores 2007. Une nouvelle grave blessure éloigne l’attaquant des terrains pour plusieurs mois en 2008.

En 2009, Palermo retrouve la sélection, plus de dix ans après, et son fameux match en Copa América 1999 contre la Colombie où il a raté trois penalties ! Paria avec l’albiceleste de nombreuses années, Palermo fait parler de lui à nouveau avec un but capital contre le Pérou dans les éliminatoires de la Coupe du Monde sud-africaine. Peut-être un des buts qui résume le mieux la carrière de Palermo, dont beaucoup disent qu’elle est digne d’un film. Dans des conditions exécrables à Buenos Aires, sous la pluie et le vent, sous les huées du public qui a vu le Pérou revenir à 1-1 dans le temps additionnel, Palermo inscrit un but de renard des surfaces si caractéristique du bonhomme. Il fait rentrer le ballon à moitié hors-jeu et alors que le temps additionnel est dépassé depuis au moins deux minutes, et célèbre son but comme un fou. Un miracle pour les Argentins et Maradona qui célèbre sous la flotte avec une glissade sur le terrain gorgé d’eau et convoquera son sauveur au Mondial.

Un an plus tard, Palermo met un terme à sa carrière. Avec le record historique qu’il avait battu un an auparavant, celui de meilleur buteur de l’histoire de Boca Juniors, amateur et professionnel compris. D’abord début mars, il avait égalé le détenteur de ce record, Roberto Cherro, avec 218 buts (ce dernier est aussi crédité de 223 buts pour Boca, la différence vient du fait que certains matchs furent par la suite annulés). Puis un mois après, servi deux fois sur un plateau doré par Riquelme, il inscrit un doublé contre Arsenal, surpassant le record vieux de 72 ans. Une fois son maillot rangé, Palermo repart carrément avec un but de la Bombonera. L’idole aura marqué au total 236 buts en 404 matchs, détenteur de plusieurs records, auteur de buts ô combien importants et protagoniste principal de moments uniques pour l’histoire de Boca Juniors.

3. Silvio Marzolini


Défenseur de très grande classe, contre-attaquant né, élégant sur le terrain en toutes circonstances, le grand blond aux yeux bleus, qui aurait pu être acteur de cinéma avec son physique et son charisme, avait tout pour lui, et surtout le talent. Car n’y allons pas par quatre chemins : Silvio Marzolini est le meilleur latéral gauche argentin de l’histoire, et l’un des meilleurs du monde. Il aura durablement marqué l’histoire de Boca Juniors, où il passa la plus grande partie de sa carrière de 1960 à 1972.

Natif de Buenos Aires, dans le quartier de Barracas, il est formé à Ferro Carril Oeste. Déterminé pour son jeune âge, conscient de son talent et ambitieux, il vise haut et sait qu’il ne s’attardera pas dans le club du quartier de Caballito.Ce qui ne sera pas sans quelques frictions durant son accession en équipe première avec son club formateur pour son impatience et ses envies de viser plus haut dès ses débuts. Il n’y jouera qu’une seule saison en 1959, à peine sa majorité atteinte. Ferro, le promu, crée la surprise et termine quatrième. Marzolini est une révélation à son poste, et il évolue avec Antonio Roma, future idole bostero dans le but, qui sera transféré avec lui. Lors de son premier match officiel avec son club formateur, signe du destin, c’est contre Boca Juniors. Il époustoufle par sa performance, réduisant au silence complet, avec classe et autorité, le wing droit Osvaldo Nardiello, comme s’il était un arrière expérimenté, alors qu’il n’est qu’un jeune débutant. Pourtant, avec ses qualités techniques et son jeu offensif, on le prédestinait à jouer ailier gauche, là où il avait commencé à jouer au football chez les jeunes. Mais le football évolue tactiquement et le « poste 3 » d’arrière gauche avec. Marzolini est replacé un cran plus bas à Ferro. À l’issue de cette unique saison avec le Verdolaga, il est transféré à Boca Juniors. Le club xeneize, qui voit son énorme potentiel, mise sur lui pour l’avenir. Boca, c’était son club, son rêve de pibe de pouvoir porter le maillot bleu et or.


Dans la première moitié des années 1960, Boca Juniors renoue avec les succès et s’adjuge trois titres nationaux (1962, 1964, 1965). Une équipe de chefs, une défense imperméable et une attaque de haut rang, combinaison parfaite d’un Boca retrouvé, maître absolu qui mettait un but et fermait boutique. L’équipe est tactiquement passée à une défense à quatre, notamment encouragé par le passage de l’entraîneur brésilien Feola en 1961. Marzolini a un rôle primordial dans cette défense et s’impose comme une référence à l’arrière gauche. De l’autre côté, c’est Carmelo Simeone, recruté à Vélez Sarsfield, latéral au style opposé, combatif et dur, qui assure la défense du flanc droit. Le champion du monde brésilien Orlando et le rustre José Maria Silvero, arrivés d’Estudiantes en renfort, règnent au milieu de cette ligne de quatre. La défense en zone pratiquée, plutôt que le marquage individuel, donne des libertés à Marzolini sur son côté pour enchaîner les montées offensives. Il est admiré pour sa fiabilité défensive, son marquage et ses qualités techniques, bien au delà de la moyenne de ses collègues à son poste, son élégante conduite de balle et ses projections offensives. Il pressait l’ailier adverse le long de la touche, l’enfermait, et une fois la balle ôtée de ses pieds, il partait en contre-attaque, débordait, centrait… Marzolini apporte une petite révolution sur son côté gauche dans le football argentin et incarne le changement tactique à son poste qui s’opère. Orlando, qui avait eu l’habitude avec Nilton Santos, le couvrait parfaitement, une sécurité absolue pour Marzolini qui pouvait déployer son jeu avec une grande confiance sur ses arrières. Dans une école où les latéraux marquaient uniquement l’ailier adverse, Marzolini a été l’un des pionniers en avançant plus loin dans l’attaque. Décrit comme un défenseur qui « défend comme un Argentin et attaque comme un Brésilien » : ferme et tenace sur son côté gauche qu’il verrouillait défensivement ; excellent balle au pied, contre-attaquant hors-pair et libre offensivement. Une double fonction qui lui paraissait essentielle. En somme, le latéral moderne et complet, avant-gardiste de son époque.


Impassable à gauche, Marzolini participe activement aux grands succès xeneize de son époque, symbole xeneize de la décennie 1960. Sur les pelouses argentines, il passe son temps à réduire au silence les attaquants adverses et ses meilleurs rivaux ailier droit s’inclinent devant la qualité de leur adversaire direct. Marzolini était couvert d’éloges, admiré pour son habileté, son énergie dans les duels, sa fidélité et respect au jeu. Numéro un mondial à son poste, il reçoit des offres des grands clubs européens tout au long de sa carrière. Principalement d’Italie, qu’il avait failli rejoindre, avant de signer à Boca Juniors – l’AS Roma lui avait transmis une offre –, son origine italienne pouvant faciliter son transfert ; le Milan AC le pourchassa l’année 1963, la Juventus Turin, la Fiorentina ou la Lazio Rome furent également des prétendants pour l’amener en Série A. Mais aussi le Real Madrid, qui essaya de recruter, en vain, comme plusieurs joueurs de Boca des années 1960. Mais fidèle à Boca Juniors, Marzolini reste.


Parmi les regrets, comme pour toute la génération dorée des années 1960, aucun titre continental. La seule finale reste une défaite lors de la Libertadores 1963 contre le grand Santos. Boca Juniors est battu à la loyale sur les deux matchs, impuissant face à l’armada du Peixe. Marzolini n’était pas à son mieux. Une saison 1963 qui fut tronquée pour lui, absent une partie et donc pas au meilleur de ses performances. Blessé et remplacé à la mi-temps du match aller, il doit déclarer forfait pour le match retour. Une blessure qui lui fait manquer également un match de gala. En effet, la FIFA avait convié Marzolini, déjà reconnu comme un patron de la gauche, dans l’équipe mondiale qui devait affronter à Wembley l’Angleterre pour le centenaire de la FA. Deux ans plus tard, c’est une élimination amère en demi-finale contre Independiente, dans une série de matchs qui fut entachée de quelques irrégularités…


Au vu de ses performances, c’est tout naturellement qu’il porte le maillot de la sélection. Avec l’Albiceleste, il participe à deux Coupes du Monde – 1962 au Chili et 1966 en Angleterre. La première est un échec pour l’Argentine. Plombée et déboussolée par les méthodes de Toto Lorenzo, l’Argentine, pas encore remise de son traumatisme suédois quatre ans plutôt, est en manque de confiance et de repères solides sur le terrain. Dans une défense qui change à chaque match, Marzolini est le seul qui est aligné sans discussions. Quatre ans plus tard, en Angleterre, l’Argentine y laisse beaucoup de regrets. L’équipe nationale avait aligné l’une de ses plus balles défenses : Mazolini à gauche, et avec Roberto Perfumo et Rafael Albrecht deux esthètes de la défense centrale et Roberto Ferreiro qui était l’arrière droit. C’était encore Toto Lorenzo qui avait été rappelé en urgence pour coacher la sélection. Bien plus armée et en confiance, l’Argentine avançait avec plus de certitudes. Mais le quart de finale contre le pays hôte resta à jamais dans la rubrique des matchs les plus polémiques de l’histoire de la Coupe du monde. Lors de cette édition, où il joue encore une fois tous les matchs de sa sélection, il fut élu meilleur latéral gauche devant une autre référence absolue à son poste, l’italien Facchetti. Des années plus tard, Bobby Charlton qui l’avait croisé à ce mondial et fut impressionné par Silvio, le nomma toujours dans ses équipes-types à gauche.


De même que, toujours avec la sélection, il ne pourra éviter la catastrophe des éliminatoires 1969. Défait en terre andine à La Paz et à Lima, l’Argentine ne peut renverser la vapeur lors du dernier match décisif, joué à la Bombonera, contre le Pérou (2-2), et reste à quai dans la rade de Buenos Aires pour le Mondial 1970. Un nouveau traumatisme national qui aura pour conséquence une remise en question profonde du football argentin et de sa sélection. Marzolini, malchanceux avec l’albiceleste, pointera à propos de cette élimination les défaillances d’une sélection instable dans les années 1960, minée par les changements récurrents de sélectionneur, un trop-plein de préparation et d’entraînements qui engendraient un manque de rythme et des problèmes d’adaptation tactiques, et regrettera la quasi-inexistence de matchs contre les équipes européennes, que l’Argentine avait besoin d’affronter pour se jauger, alors qu’elle restait trop souvent sur le sol sud-américain. Cependant, adulé par les hinchas argentins de tous bords, Marzolini était, et reste, la référence à gauche de l’histoire du football argentin. Pas verni avec la sélection, il perd également la Copa América 1967 au détriment de l’Uruguay. Sur ses terres, la Celeste remporte le dernier match (1-0) contre l’Argentine, alors que les deux nations étaient à quatre victoires chacune dans le groupe final. Une nouvelle fois, Marzolini avait pris à toutes les rencontres du tournoi.


Cependant, il traverse deux années difficiles à Boca Juniors sur les saisons 1967 et 1968 : autant sur le plan personnel (en partie blessé et moins performant) que collectivement, les résultats du club sont décevants. Trop habitués à la splendeur de Marzolini, les critiques élèvent la voix. Mais Marzolini se reprend et Boca Juniors revient de belle manière sur le devant de la scène nationale en remportant deux nouveaux titres en deux ans : le Nacional 1969 et le Nacional 1970, avec Marzolini capitaine qui avait pris le relais de Rattin. Le Nacional 1969 est resté dans toutes les mémoires, autant pour les hinchas xeneizes qui considèrent cette équipe comme quasiment la plus belle en termes de jeu de leur histoire ; et l’Argentine qui s’est émerveillée devant le football proposé par Boca et leur entraîneur Alfredo Di Stéfano. Ce championnat remporté avec la manière et en laissant une forte impression, a la saveur particulière d’avoir effectué la vuelta olímpica, le tour d’honneur, sur la pelouse du Monumental. En effet, le 14 décembre Boca Juniors affrontait River Plate pour la dernière journée. Après un match nul 2-2, Boca fête son titre sur le terrain adverse, ce qui ne fut pas du goût des dirigeants gallinas qui répliquèrent avec l’ouverture de l’arrosage, pas de quoi freiner les joueurs de Boca. Marzolini imperturbable, fera deux fois le tour du stade sous une pluie artificielle. Entre les deux tournois victorieux, Boca Juniors connaît une nouvelle désillusion en Copa Libertadores, éliminé par River Plate de l’édition 1970 dans laquelle elle nourrissait de grandes ambitions. Après un excellent départ au premier tour, cinq victoires dont ses deux confrontations contre River Plate qui été placé dans le même groupe, et une défaite. Mais au second tour, c’est River Plate qui prend le dessus sur Boca Juniors. Une nouvelle fois porté par une excellente défense, Boca gagne donc le Nacional 1970. Le club se défait dans le dernier carré de Chacarita Juniors, puis s’impose 2-1 contre Rosario Central en finale. Cependant, Marzolini qui commence à être sur le déclin, est moins titulaire, et plus souvent blessé.


Après la saison 1972, et sur la pente descendante, il décide d’arrêter sa carrière brutalement à 32 ans après une dispute sévère avec son président. Alberto J. Armando lui reprochait son rôle dans la grève des joueurs de 1971 et lui mit des bâtons dans les roues pour un nouveau contrat et pour le laisser libre de signer où il veut. Marzolini, droit dans ses bottes, préfère s’en aller définitivement, en étant, avec 408 matchs joués, le recordman en la matière pour Boca Juniors. Il sera dépassé par Mouzo et Gatti par la suite. En 1981, il est entraîneur du club et gagne un championnat d’Argentine, le Metropolitano, avec un Diego Maradona tout feu tout flamme. L’empereur du côté gauche était la classe incarnée à Boca et y a fait l’unanimité, respecté, aimé, idolâtré.

8 réflexions sur « Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (14) »

    1. Le club en tant que coach qui reste attaché à Di Stefano est certainement Valence. Le titre de 71, la c2 en 80 et la remontée dans les années 80. Les Chés lui doivent beaucoup.

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