Au cœur de l’été 1974, le 2nd festival Umbria Jazz vampirise l’actualité du « cœur vert de l’Italie ». La gratuité des spectacles et la qualité de la programmation drainent une foule considérable. Il s’agit d’une petite révolution dans l’univers musical, une rupture avec l’élitisme qui prévaut jusqu’alors pour ce type de manifestation. Pérouse, Terni, Orvieto, Gubbio ou Todi, dont les capacités d’accueil sont saturées, prennent des airs de Woodstock et des tensions naissent entre la population et les festivaliers. Le 28 juillet, à Todi, à une trentaine de kilomètres de Pérouse, le concert de Charlie Mingus sur la piazza del Popolo donne lieu à des échauffourées entre mélomanes d’extrême gauche et fidèles sortant de la cathédrale. Le lendemain, Keith Jarrett se produit à Pérouse en première partie de Gil Evans sur la scène installée au milieu de la minérale piazza IV Novembre. Par on ne sait quelle alchimie, le soliste fusionne avec le lieu et obtient le silence d’un public ordinairement turbulent[1]. Une des plus belles représentations d’une longue tournée qui le mènera jusqu’au sommital Köln Concert.


Passée presqu’inaperçue durant le festival, une information déplaisante prend de l’épaisseur au début du mois d’août, quand les jazzmen se sont envolés vers d’autres scènes : le bureau d’enquête de la fédération mène des investigations sur la victoire salvatrice de l’Associazione Calcio Perugia à Parme en conclusion du dernier championnat. Sur dénonciation de la Reggina, des auditions ont lieu afin de déterminer si la passivité des locaux et l’arbitrage de Gianfranco Menegali sont le fruit d’arrangements occultes à l’origine du maintien de Pérouse en Serie B.
Les hommes de Pérouse
Soupçonné d’être la cheville ouvrière de la falsification en ayant « commis des actes visant à modifier le résultat du match contre Parme », le tout nouveau président Franco D’Attoma se trouve dans l’œil du cyclone jusqu’à ce qu’il bénéficie d’un providentiel témoignage. Devant le tribunal disciplinaire, Lanfranco Ponziani, le correspondant d’Il Messaggero à Pérouse, lui fournit un alibi : à l’heure de la présumée transaction matérialisant la corruption, il se trouvait avec lui sur le lieu de concentration où les Grifoni préparaient la rencontre contre Parme. En parallèle, l’avocat de Pérouse délivre en tapinois à la Gazzetta dello Sport des pièces du dossier favorables à la défense. Les articles du quotidien rose traitant de l’affaire fragilisent l’accusation et instillent subrepticement une aura positive autour des Ombriens. Cela fonctionne puisque le 10 septembre le verdict blanchit Pérouse ainsi que son président, le premier miracle du Perugia dei miracoli.
Dirigeant de la marque de sportswear Ellesse et président de la fédération régionale des industriels, Franco D’Attoma vient de démontrer qu’il sait s’entourer. Il reconnaît ne jamais s’être passionné pour le football, ni n’avoir jamais mis les pieds au stade Santa Giuliana jusqu’à son entrée au conseil d’administration de l’AC Perugia. Pour le soutenir, Spartaco Ghini est promu administrateur délégué. A la tête d’une entreprise de construction métallique, proche de la municipalité de gauche, Ghini ne s’exprime qu’en dialecte et se mêle aux tifosi, mégaphone dans une main, bouteille de grappa dans l’autre. L’exact opposé de D’Attoma. Missi dominici d’une mairie inquiète des résultats sportifs et financiers, D’Attoma et Ghini s’attèlent à remodeler en profondeur le visage d’un club envasé dans la tradition.


En juin 1974, peu après leur prise de responsabilité, le duo officialise la venue de l’inexpérimenté Ilario Castagner en tant qu’entraineur. Une surprise et l’issue d’une histoire ayant débuté en février 1971. Lanfranco Ponziani – déjà lui – assiste pour Il Messaggero à la débandade des Biancorossi à Mantoue, menés de quatre buts après 13 minutes de jeu. « À partir de là, beaucoup d’ennui. Assez pour regarder autour de soi à la recherche d’un compagnon avec qui bavarder ». Il reconnaît à proximité Ilario Castagner, ancien bomber de Pérouse en Serie C au début des sixties et désormais entraineur adjoint de l’Atalanta venu épier de futurs adversaires. Une amitié se noue spontanément en marge du match. Ponziani expose la suite : « Je lui donne du papier et un stylo et il se met très sérieusement à dessiner des triangles asymétriques, expliquant comment et pourquoi le une-deux est désormais dépassé et doit être remplacé par le une-deux-trois, voire par le une-deux-trois-quatre. Bien sûr, ce n’est pas une invention mais nous sommes proches d’une ʺhollandisationʺ que beaucoup tentent de décrire avec des formules folkloriques et qui n’est en réalité que la collectivisation du jeu sur des rythmes effrénés ». Excessivement proche des dirigeants du Grifo, Ponziani milite à plusieurs reprises en faveur de Castagner, sans succès, jusqu’à ce que la nouvelle gouvernance accepte de s’en remettre à ce jeune technicien de 33 ans, avec l’aval du directeur sportif nouvellement nommé lui aussi, Silvano Ramaccioni.
Dernière pièce de ce puzzle humain, Ramaccioni redessine l’effectif afin de le doter de profils interchangeables et généreux, compatibles avec le « collectivisme » à la sauce Castagner particulièrement opportun dans une ville administrée par une alliance entre socialistes et communistes. Parmi les recrues, un jeune milieu prometteur, Renato Curi arrivé de Côme en même temps que le meneur Franco Vannini, et un militant d’extrême gauche, Paolo Sollier, que Lanfranco Ponziani a mis en relation avec Spartaco Ghini. Dans son bouquin Calci e sputi e colpi di testa, Sollier dépeint l’administrateur délégué : « Ghini est un homme de gauche, plus ou moins du PCI, avec ce vieux langage qui ne colle pas avec le statut de patron communiste. Il n’a qu’un seul défaut : il est propriétaire et croule sous l’argent, c’en est effrayant ». A chaque but inscrit par Sollier, Ghini s’engage à souscrire de nouveaux abonnements au Quotidiano dei Lavoratori, le journal du mouvement révolutionnaire Avanguardia Operaia.

Le miracle de l’accession
Dès sa prise de fonction, alors que les Néerlandais viennent de laisser une formidable impression visuelle durant la Coupe du monde en Allemagne de l’Ouest, Ilario Castagner annonce la couleur : « il faut jouer comme l’Ajax ». Dans les faits, les Grifoni se convertissent à un football proche de celui déjà observé en Ombrie au début de la décennie, celui de la Ternana de Corrado Viciani, un des maîtres de Castagner[2]. Les redoublements de passes se substituent au jeu direct pratiqué jusqu’alors et le mouvement permanent remplace les schémas caricaturalement simplistes du catenaccio. Sur le front offensif, les attaquants harcèlent les défenseurs et l’officieux avant-centre Sollier dézone fréquemment, ne rappelant en rien le bomber de surface.
Dans un portrait publié au cours de la saison 1974-75, Lanfranco Ponziani exprime son admiration pour Castagner. « Mon ancien entraîneur privé a exorcisé tous les fantômes du passé, il a convoqué d’urgence au chevet de Pérouse tous les experts en ʺtulipologieʺ footballistique, il a créé, en somme, une équipe-idée dont la valeur collective est dix fois supérieure à celle que l’on obtiendrait en additionnant la valeur des individus. Tout cela, avec beaucoup de naturel. Il tient à être qualifié de géomètre, et non poète ou inventeur (…). Il a affiné la doctrine de son une-deux-trois-quatre (Monsieur Michels, quelqu’un vous a copié). Avec Castagner, il s’agit de l’expression de la dernière génération de techniciens italiens. Techniciens ou technocrates ? Je ne sais pas ». La question que se pose Ponziani n’a aucune connotation péjorative, au contraire. Transposée à l’univers du calcio, la technocratie incarne le progrès en rupture avec le conservatisme tactique italien faisant « rarement le bonheur d’un pauvre chroniqueur ». Il existe évidemment une dimension politique dans la réflexion de Ponziani et il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il associe catenaccio et Démocratie chrétienne alors que le football total et ses icônes néerlandaises aux cheveux longs sont nécessairement de gauche ! En rompant avec les schémas routiniers, l’AC Perugia rencontre l’ambition réformatrice de la municipalité, une des premières d’Italie à créer un quartier piétonnier dans le centre historique et à installer des ascenseurs pour faciliter les mobilités entre la ville basse et l’acropole.

A l’élimination prématurée en Coppa Italia succède une série de résultats positifs qui propulsent les Grifoni aux avant-postes en championnat. Considéré à haut risque, le football de Pérouse est comparé dans Il Messaggero au Rischiatutto (« Risque tout »), un quiz télévisé en vogue présenté par le populaire Mike Bongiorno avec le concours passif mais essentiel de l’ardente Sabina Ciuffini. Au printemps, l’accession n’est plus une utopie mais l’essoufflement des hommes de Castagner est perceptible. Maurizio Barendson, journaliste sportif vedette de la RAI, douche les plus optimistes en rappelant que jamais les Pérugins n’ont évolué parmi l’élite : « Pérouse en Serie A ? Avez-vous déjà vu un coq pondre un œuf ? »
Un coq, non, mais un griffon, oui, si l’on en croit la légende. Le 8 juin 1975, après trois défaites consécutives, Pérouse se rend à Vérone pour un match au sommet alors que se profile le terme de la Serie B. Au Bentegodi, Renato Curi ouvre rapidement le score sur un coup franc dont la trajectoire est mal appréciée par Mario Giacomi, le gardien de l’Hellas. L’hyperactif numéro 8 biancorosso signe un doublé en seconde période et assure la victoire des siens (0-2). Sauf scénario invraisemblable[3], il vient de propulser son club dans l’élite. Immense espoir, le destin de Curi s’annonce grandiose alors que le malheureux Giacomi vient de porter pour la dernière fois le maillot gialloblù.

Le miracle du stade
Le stade Santa Giuliana n’étant pas aux normes de la Serie A, le conseil municipal de Pérouse réoriente le projet de centre sportif décidé plusieurs années auparavant. Il s’agissait au départ de bâtir une œuvre relativement modeste dans ses dimensions et s’inscrivant dans la tendance land art avec le recours à des matériaux naturels limitant l’altération du paysage, en l’occurrence un espace verdoyant au pied de la ville. Mais les résultats des Grifoni rebattent les cartes. Pour bénéficier d’un stade homologué avant le 5 octobre, date de reprise du championnat, la mairie ne peut se conformer au processus classique (demande de financement auprès du Credito Sportivo, et appels d’offres pour les projets d’architectes et la construction), cela prendrait des années. Adjoint à l’urbanisme, déjà à l’origine de la piétonnisation du cœur historique, le communiste Fabio Maria Ciuffini – sans lien avec la showgirl Sabina Ciuffini du Rischiatutto – fait voter l’édification et le financement d’une structure temporaire, une résolution ultérieure devant doter le club d’une enceinte pérenne. Les modalités de décision et de mise en concurrence ne respectent évidemment pas le cadre légal et parmi les principales entreprises mandatées pour la réalisation du chantier se trouve celle de Spartaco Ghini. Proche des élus locaux et du secrétaire général du PCI Enrico Berlinguer, l’industriel renonce à son poste d’administrateur délégué du Grifo sans que la manœuvre n’empêche l’opposition de crier au conflit d’intérêt.

Copié sur le Flaminio de Rome, le stade de Pérouse nait de l’assemblage d’échafaudages et de charpentes métalliques fournis par la société de Ghini, le tout reposant sur des blocs de béton préfabriqués. En anticipation de l’accession à la Serie A, les travaux de terrassement débutent en mai 1975, accélèrent sous la pression des élections municipales, s’enlisent durant un été exceptionnellement pluvieux et s’achèvent juste à temps pour le 5 octobre. En quatre mois, Pérouse s’est doté d’un stade de 35 mille places pour seulement deux milliards et demi de lires, sans piste d’athlétisme, ce qu’aurait exigé le Credito Sportivo s’il avait accordé un prêt à la mairie. Fabio Maria Ciuffini, 92 ans aujourd’hui, désigne ce projet comme « un miracle de passion politique et sportive ».
Pour l’inauguration du stade Comunale di Pian di Massiano, le hasard du calendrier désigne l’AC Milan de Nereo Rocco que tout oppose au Perugia d’Ilario Castagner. Un nul vierge de buts solde la rencontre et annonce les difficultés que vont immanquablement rencontrer les visiteurs de l’antre du Grifo. Renforcé par la rudesse du vieil Aldo Agroppi et la virtuosité de Walter Novellino, Pérouse se maintient sans peine et frôle la qualification pour la Coupe de l’UEFA. Arbitres du duel pour le scudetto entre le Torino et la Juventus, les Biancorossi offrent le titre au Toro en s’imposant 1-0 contre la Vecchia Signora en conclusion du championnat. Le buteur se nomme encore une fois Renato Curi, 22 ans, à qui l’on prédit désormais un destin avec la Nazionale.
A suivre.

[1] En 2007, il interrompt sa représentation en s’écriant « Pérouse, maudite ville ! », gêné par les lampes torches et la froideur de la nuit provoquant des toux.
[2] En 1969, Castagner est l’adjoint de Viciani à l’Atalanta.
[3] Compte tenu des oppositions croisées entre poursuivants de Pérouse, il existait encore un scénario où quatre clubs auraient pu finir à égalité en supposant que Pérouse perde ses deux derniers matchs. L’accession officielle a lieu à Pescara la semaine suivante.

Belle série en perspective….merci
Charles Mingus et Eric Dolphy….
Mingus était un très gros caractère, il me semble. Parfois, quand je nous lis débattre sur des joueurs des années 30, j’ai l’impression d’assister à des joutes entre experts du jazz.
Et Keith Jarrett un tyran avec le public. Pour l’avoir vu en concert, le moindre bruit peut le perturber et provoquer sa colère. Je l’ai vu en plein air avec De Johnette et Peacock un soir de pluie, l’ouverture des parapluies par les spectateurs a failli le faire partir.
Ah j’y connais vraiment pas grand-chose en jazz mais je tiens d’un ami batteur que
Jack DeJohnette était ( viens de voir qu’il est mort, il y a 3 jours…) un des plus grands de l’histoire.
J’ignorais son décès. Le contrebassiste Gary Peacock est mort il y a quelques années et Jarrett est pas en grande forme. Sans être un grand mélomane, je m’étais laissé emporter par ce trio. Ca devait être à la fin des années 90, ça date !
Si t’es abonné au Monde, ils ont fait un texte sur DeJohnette aujourd’hui. Perso, je n’ai accès qu’à l’intro…
Un batteur au blase qui swing…. Le club jazzafip lui consacre un bel femmage (euh hommage pardon…)
Un mot sur Pérouse, dont l’acropole est superbe. L’université (là où étudiaient Amanda Knox et Meredith Kercher, cf. l’affaire criminelle) crée une ambiance particulière, vivante, joyeuse. Et à proximité, Assise est un joyau.
Très belle région avec surtout beaucoup moins de touristes qu’en Toscane. Le Perugia était présent à un bon niveau pendant mon séjour là bas (les années Gaucci le taré). Un club à part, sympathique malgré son président.
Pour les années 70, à lire Un sacrifice italien d’Alberto Garlini qui même le destin d’un joueur fictif du Perugia aux événements de l’époque (mort de Pasolini, années de plomb, totonero).
Perouse, j’essaie de piocher des petits souvenirs persos, y en a pas des masses… Nakata, Rapaić le très bon gaucher croate, et c’est tout…
Materazzi ?
A Perouse, non. Je sais qu’il plantait pas mal a posteriori. Marco, c’est peut-être la chance de l’Italie en 2006. Homme de la finale, belle compétition en remplaçant de Nesta.
Ahn ça te dit vraiment rien? le coréen que Gaucci a viré sur la champ après CDS / Italie 2002 ^^ le fils Kadafi aussi…
Sinon parmi les vrais joueurs. Liverani était pas mal. Il est appelé en sélection lors de sa saison passée là bas.
Hâte de lire la saison des invincibles..
Ah, une ville dont tu as déjà dit beaucoup de bien! Et que je risque probablement que de ne pouvoir fantasmer, dieu merci le guide devrait être bon.
C’est marrant comme, en Italie aussi (..car la France..), l’on politisa à ce point le jeu, Cf. ce besoin de qualifier mordicus de droite ou de gauche telle ou telle autre façon de jouer…………… J’avoue en être toujours aussi consterné. Et je crois superflu de préciser ce que m’inspire que la gauche locale crût pouvoir se retrouver dans cette expression pérousienne du foot-total.. 😉 (même si j’entends bien l’idée : progressisme Vs conservatisme, etc, bon..)
Du land-art, du piétonnier.. Loin l’image d’Epinal, les cocos n’ont pas fait que des conneries rayon urbanisme.
Ce qui est amusant dans le cas présent, c’est le rapport à la technocratie. Quel journaliste oserait encore aujourd’hui écrire un papier louant les mérites de la technocratie ? Je ne doute pas que certains, à juste titre probablement, demeurent convaincus des vertus d’une vision à long terme d’élites formées pour cela face à l’approche court-termiste de la populace, mais louer explicitement la technocratie, ce n’est plus dans l’air du temps !
Merci verano, j’ai adoré ! J’ai connu perouse grâce à FIFA je pense, il me semble les avoir pris en carrière en série B. La ville à l’air sympa , hâte de lire la suite. Je rejoins Alex sur la politisation du foot italien , chose qui revient à chacun de tes articles sur le sujet j’ai l’impression !!
Mince je me suis spoilé pour la saison historique en série A, j’imagine que tu vas en parler.
Difficile de ne pas aborder la politique quand il s’agit du calcio durant les années de plomb. Les violentes années 1970 correspondent à une plus grande politisation du football, chasse gardée de la DC depuis l’après-guerre comme je l’avais exposé dans l’article sur Rivera. Durant les 60es, la gauche commence à s’intéresser publiquement au foot via des intellos comme Pasolini et quelques dirigeants comme Marchini à la Roma par ex. La question politique gagne les tribunes quand les extrêmes (gauche et droite) rivalisent de violence avec la complicité plus ou moins active des partis traditionnels. Des joueurs s’engagent dans la lutte comme Sollier, d’autres soutiennent les néo-fascistes comme Chinaglia. Tout ça ne retombe qu’au début des 80es, en même temps que s’éteignent ou s’estompent les luttes révolutionnaires.
Je trouve ça passionnant ! Merci pour toutes les infos !
Tiens puisqu’on parle de foot italien, il est encore tôt mais est ce que la Roma peut croire au titre cette année ?
Je suis partagé. Le début de saison est bon en termes comptables mais de ce que je lis (je n’ai pas d’abonnement à la chaîne qui diffuse la Serie A), le jeu n’est pas folichon avec des victoires à l’arrache. Je pensais qu’avec Gasperini, la qualité serait là. J’ai l’impression qu’il tâtonne encore, ne sait pas trop comment utiliser Dybala et que l’Irlandais Ferguson recrute en grandes pompes est un flop pour le moment.
Mais comme le niveau global de la Serie A n’est pas extraordinaire, s’il arrive à éviter les trous d’air que son Atalanta avait toujours en hiver, c’est possible cette année. L’Inter paraît la mieux armée mais derrière, la Roma a une carte à jouer avec le Milan qui ne se fatiguera pas en Coupe d’Europe. Bref, Top 3 et mieux si tout se goupille bien.
Qu’il n’y ait pas d’ambigüité : c’est ce passage qui me fit sourire
« Il existe évidemment une dimension politique dans la réflexion de Ponziani et il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il associe catenaccio et Démocratie chrétienne alors que le football total et ses icônes néerlandaises aux cheveux longs sont nécessairement de gauche ! »
Non que Verano rapporte ici n’importe quoi, attention! : voilà bien au contraire le genre même de rapprochements, d’entre styles ou tactiques d’une part et idéologies de l’autre, que bien des commentateurs de France et de Navarre..et donc d’Italie étaient alors incapables de ne pas imposer à l’agenda, depuis leurs fantasmes et grilles de lecture vérolées………….
Une façon de jouer qui soit de gauche, une autre de droite……….. En soi c’est déjà d’un pénible…….mais à l’analyse : que de tissus de conneries!!!
Et en soi on pourrait en rester là, laisser le temps faire le tri parmi ces fariboles, ces délires………..sauf que cela a fini par imprimer beaucoup d’esprits, et parfois même à faire Histoire.
Dans le même esprit, les cocos de « Miroir » (dont je possède désormais les numéros en quasi-intégralité..et que j’ai plutôt tendance à apprécier…pourvu qu’ils ne politisassent pas le football!!) ne purent s’empêcher de voir dans l’Anderlecht des 60’s et 70’s un football, disons……de gauche! (sous prétexte qu’il était offensif, collectif et surtout peu calculateur)…………. ==> Pour peu qu’ils lurent cela, la clique d’anti-communistes enragés qui furent à l’origine des succès postwar de ce club dut être partagée entre le fou rire, la vexation et l’incrédulité!
Beaucoup se sont abusés (et, plus grave : ont durablement abusé beaucoup de monde!) de la sorte aussi concernant le grand Ajax 70’s…………….sauf que, dans ce cas d’espèce-là : Miroir fut ma foi la publication française qui aura dit le moins de conneries sur le logiciel-jeu ajacide.
Bref : une maladie médiatique propre à l’époque.
Il n’y avait pas d’ambiguïté, enfin je crois !
Je me demande si la seleção 1970, façonnée par le communiste Saldanha, n’a pas contribué à ça. Sauf que Telê Santana et la sublime canarinha 1982 n’est pas de gauche. Suis bien d’accord, c’est du bullshit !
Je redoutais en fait d’avoir été elliptique, ça m’arrive souvent.
Seleçao 70? Aucune idée, connais bien trop mal. Mais tes intuitions sont souvent bonnes, éh?
Perso, ces histoires de politisation de la façon de jouer me dépassent complètement, je veux dire : quelle inflexion/tournure d’esprit faut-il avoir pour prêter et croire discerner de la gauche, du centre, de la droite….ou que sais-je encore à un style, à une pratique culturelle ; genre saucisse de Toulouse de gauche, et saucisse de Francfort de droite???? Je crois bien n’avoir, ni de près ni de loin, jamais rien lu de tel en Belgique – pays certes assurément moins politisé que la France (et qui gagnerait sans doute à l’être un peu plus), ceci explique peut-être cela.
Je serais franchement ouvert à ce qu’on m’explique un jour en quoi c’est éventuellement pertinent (bon..toi-même parais sceptique 😉 ), mais à ce jour et factuellement, au regard non plus de ce genre de valeurs fantasmées, mais bien des forces structurelles à l’oeuvre (qui sont, elles, vérifiables…….mais qu’on n’interroge jamais!) : le grand écart est des plus souvent délirant, il y a quand même des gens qui vivent dans de sacrés univers parallèles.
Je présume que ça répond à un besoin..??
Alors qu’il faut se fier à la couleur du maillot. ManUtd et le Bayern par exemple, c’est des communistes.
« Il existe évidemment une dimension politique dans la réflexion de Ponziani et il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il associe catenaccio et Démocratie chrétienne alors que le football total et ses icônes néerlandaises aux cheveux longs sont nécessairement de gauche ! »
Voilà qui évoque des débats similaires en France, notamment dans les années 1960 et que j’aborde ici : https://www.pinte2foot.com/article/des-vertus-de-lautogestion-la-france-a-la-world-cup-1966
La France et l’Italie, deux pays où l’on n’hésite pas à tout lire selon une dichotomie droite/gauche, théâtre, gastronomie ou football, deux pays d’Europe de l’Ouest où les PC furent puissants après la Deuxième Guerre mondiale.
Pérouse qui prive la Juve du titre à la dernière journée, ça rappelle des souvenirs un peu plus récents…