Et quand vient le week-end

Vis ma vie de supporter : entre folie, répression et amour de mon club

En France, être supporter est bien plus qu’un simple loisir : c’est une passion, une identité, et parfois même un mode de vie. Mais derrière l’apparente légèreté des chants, des tifos et des déplacements, se cachent des réalités bien plus complexes. Voici une typologie du supporter français, ce personnage à la fois passionné, incompris, et parfois stigmatisé

1. Le supporter ultra : l’âme du stade

L’ultra est l’incarnation même de la ferveur. Présent dès l’ouverture des grilles, il chante, saute, et déploie des banderoles pour galvaniser les joueurs et colorer les tribunes. Pour lui, soutenir son club n’est pas une activité de 90 minutes, mais une dévotion quotidienne.

Cependant, sa passion est souvent mal perçue. Le mouvement ultra est régulièrement assimilé à des comportements violents ou déviants, bien qu’il soit, dans la majorité des cas, animé par des valeurs de solidarité et de fidélité. La répression, notamment avec les interdictions de stade (IDS) ou les restrictions de déplacements, est souvent vécue comme une injustice.

Citation d’un ultra : « On est là pour l’amour du blason, pas pour la violence. Mais à chaque match, on nous traite comme des criminels. »

2. Le supporter occasionnel : le spectateur en quête d’émotions

Le supporter occasionnel est celui qui vient au stade pour l’ambiance, sans forcément suivre chaque actualité du club. Il est là pour vibrer, que ce soit avec des amis, en famille, ou par simple curiosité. Il joue un rôle crucial dans les grandes soirées, où il complète les tribunes pour donner de la voix.

Cependant, les puristes le jugent parfois « opportuniste », surtout quand il disparaît en période de crise.

Citation : « Je ne vais pas à tous les matchs, mais quand il y a un derby, je suis là. Rien que pour l’atmosphère. »

3. Le supporter digital : connecté mais éloigné du stade

À l’ère des réseaux sociaux, un nouveau type de supporter a émergé : celui qui suit son club derrière un écran. Actif sur Twitter, Instagram ou Facebook, il commente chaque match, débat sur les forums et défend les couleurs de son équipe face aux trolls.

Bien qu’il soit éloigné des tribunes, son engagement virtuel est souvent aussi intense que celui des présents au stade.

Citation : « Je ne peux pas aller au stade, mais je fais vivre le hashtag du club à chaque rencontre. »

4. Le supporter historique : mémoire vivante du club

Ce supporter a tout vu, tout vécu. Il connaît les moindres anecdotes sur les grandes heures de gloire et les désillusions du club. Avec lui, chaque victoire a une saveur particulière, car elle s’inscrit dans une histoire qu’il chérit et transmet.

Parfois, il critique l’évolution moderne du football, qu’il trouve trop commerciale et éloignée des valeurs originelles.

Citation : « Avant, on venait pour le maillot, pas pour les millions. Mais bon, je serai là tant que mon club existe. »

5. La répression : une ombre sur la passion

En France, la relation entre les supporters et les autorités est souvent tendue. La multiplication des interdictions de déplacement, des fouilles abusives, ou encore des sanctions collectives sur les tribunes, est perçue par beaucoup comme une atteinte à leur liberté.

Pour certains, cela reflète une méconnaissance du rôle positif des supporters dans l’animation des stades et dans la culture sportive.

Citation d’un supporter : « On nous interdit de suivre notre club sous prétexte qu’une minorité dérape. Mais nous, on est là pour le football, pas pour les bagarres. »

6. L’amour de son club : le fil rouge de toutes les catégories

Qu’ils soient ultras, occasionnels, digitaux ou historiques, tous les supporters partagent un amour inconditionnel pour leur club. Cet amour transcende les divisions et les étiquettes. Il est la raison pour laquelle, malgré les déceptions sportives, la répression ou l’évolution du football moderne, les supporters continuent de remplir les stades et de chanter à la gloire de leurs équipes.

Car au fond, être supporter, c’est un mélange de folie, d’espoir, et de fidélité.

Citation universelle : « Que l’on gagne ou que l’on perde, je serai toujours là. Mon club, c’est ma vie. »

Conclusion : Une passion à préserver

Le supporter est l’âme du football, mais il est aussi un acteur souvent incompris. À travers leurs différences, tous méritent d’être écoutés et respectés, car sans eux, le football perdrait une grande partie de son essence.

Et vous, dans quelle catégorie vous retrouvez-vous ?

XL pour Pinte de Foot

14 réflexions sur « Et quand vient le week-end »

  1. Salut XL, je ne sais pas si tu peux enfin commenter. Le supporter ultra est loin d’être toujours celui qui connait le plus son club, du moins côté sportif. De nombreux supporters habitent loin de la ville de leur club et font partie des « occasionnels » et dans cette catégorie tu as plein de grand supporter. J’avais un copain son père supportait Nantes, je crois qu’il n’avait jamais été au stade, mais il savait tout du club. A une époque où il n’y avait pas internet. Pareil pour moi dans mes jeunes années, je vivais OM mais habitait à 8h du club. J’ai été quelques fois au stade dans les virages et les gars étaient très loin de bien connaître le club (voire le foot).
    Bref j’ai un peu du mal avec la hiérarchisation qui peut être fait par certains ultra. Oui ce sont l’ambiance du stade, l’âme de celui-ci mais ils sont très loin d’avoir le monopole du coeur.

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  2. Une des mes plus belles rencontres au Stadium fut avec un vieux monsieur qui avait vécu les belles années toulousaines des années 50. Il etait tellement surpris et content de pouvoir parler de Ryktonen, Brahimi, Di Loreto. Et moi de simplement écouter ses sensations.

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  3. Je vois plutôt le supporter comme un voyeur, +/- sympathique.

    Il me semble que les supporters avaient beaucoup, beaucoup, beaauuuucoooouuuuuup plus d’humour auparavant, du temps par exemple où ils s’endimanchaient comme pour se rendre à la messe..mais bon enfant et riant de tout, d’un rien.. Sous un formalisme plus débraillé, et comme des oasis de truculence positive au milieu du hooliganisme, j’ai souvenir de cela encore, parfois, dans les 80’s et début 90’s.

    Ce jeu est devenu bien trop sérieux, trop d’argent et de gens qui croient y jouer leur vie, alors que..

    Concéder que la société a changé aussi.

    L’âme du foot, tant qu’à en distinguer une, ben?? Peut-être cet élan qui porte à se disputer un objet sphérique et à shooter dedans, ou pour les plus passifs à s’arrêter pour regarder ce spectacle, sans qu’il fût forcément besoin de le faire avec exubérance voire excès? Je vais prendre deux extrêmes, mais : de l’âme du football, que peut apprendre un ultra au petit vieux taiseux qui s’est arrêté pour regarder des anonymes qui jouent sur un champ de patates ou dans un parc? Des deux : lequel est dans le rapport le plus pur et le plus dépouillé au jeu?

    Le jeu restera vivant tant qu’il y aura de cela, quelque part.

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  4. Entre folie, répression (la vraie) et indifférence, voire désamour de mon club… Difficile de faire le portrait d’un supporter qui n’en plus un, difficile d’avouer -la mort dans l’âme- un divorce acté avec un club qui était à mes yeux plus qu’un club, mais je vais essayer tant bien que mal de jouer le jeu.

    En Algérie, plus exactement en Kabylie (une région montagneuse qui s’est toujours farouchement opposée au gouvernement algérien dès l’aube de l’indépendance), être supporter est bien plus qu’un simple loisir, c’est une passion, une identité, une immense fierté, et surtout une fatalité. Je suis nait supporter de la Jeunesse Sportive de Kabylie, un point c’est tout. Je ne saurais dire à partir de quel âge j’ai commencé à supporter la JSK, je crois que le virus m’a été inoculé avec le lait maternel tant l’attachement que je portait au club allait au-delàs de l’amour du jeu et de la passion du sport. J’ai grandi en écoutant en boucle les récits des épopées fantastiques du club durant les années 70 et 80 où l’équipe dominait le football national de la tête et des épaules, en apprenant par cœur les dizaines de chansons qui glorifiaient ses couleurs, et surtout en prenant de plus en plus conscience que le JSK était l’unique porte étendard identitaire de millions de kabyles privés de leur langue et de leur culture par un régime totalitaire qui voulait renier une histoire plusieurs fois millénaire. Ca allait vraiment au-delà du football, voilà pourquoi il est quasi impossible de classer le supporter que j’étais dans une quelconque catégorie.

    J’ai commencé à fréquenter le stade du 1er novembre de Tizi Ouzou à partir de mes 14 ans, c’était à chaque fois un agréable périple de 2h compte tenu du quasi manque des moyens de transport et de moyens tout-court, je séchais très souvent les cours au lycée pour être au stade les Lundi et Jeudi après-midi (les matchs du championnat local se jouaient exclusivement de jour, le pays étant encore en pleine guerre civile). Ce fut une époque mémorable où l’on croisait encore des hommes d’un certain âge qui ont connu l’âge d’or du club et qui calmaient notre fougue de jeunesse lorsqu’on insultait un joueur ayant perdu le ballon ou lorsqu’on s’impatientait outre mesure à cause d’un score resté vierge, les anciens nous ont appris au fil des matchs à applaudir nos joueurs à l’issue du match peut importe le score du moment qu’ils donnent tout pour le maillot car les jaune et le verte étaient tout simplement sacrées.

    Lors des grands matchs, il fallait se lever à 6h du matin, marcher 7 ou 8 kilomètre à pied pour éviter les bouchons de circulation et se pointer devant le stade dès 10h du matin pour être certain de trouver une place car la capacité du stade était assez limitée (18 000 places pour des affluences atteignant parfois 30 000 ou 40 000 personnes). Le point d’orgue de mon parcours de jeune supporter fut atteint lors des 03 finales de la coupe de la CAF au début des années 2000 au stade du 5 Juillet d’Alger (03 finales consécutives en aller-retour remportées par la JSK, record africain), car les émotions que procure un stade rempli de 80 000 supporters survoltés sont vraiment uniques et ce malgré l’énorme risque de répression policière auquel on faisait face avant l’entrée au stade et avant le début du match tant que les caméras ne tournaient pas encore (les CRS nous tabassaient à tout va sans le moindre scrupule non pas avec des matraques mais avec des espèces de manches en bois dévastateurs, à cause de nos chants politiques dissidents et nos insultes envers le Président de l’époque qui était au stade, voire sans la moindre raison).

    L’idylle n’a malheureusement pas trop duré, à peine quelques années plus tard j’ai constaté un changement progressif du comportement de nos propres supporters qui coïncidait avec la descente effrénée aux enfers du football algérien, la violence s’installait de plus en plus sur et en dehors des gradins et la corruption galopante atteignit des niveaux alarmants. Le déclic avait eu lieu lors d’une belle journée du printemps 2005, je me suis rendu au stade comme à mon habitude pour un match décisif en coupe d’Afrique en croyant naïvement que mon club était différent et que mon stade était à l’abri de ce qui se passe partout ailleurs. J’ai brusquement changé d’avis en me faisant agresser par mes propres supporters pour une vulgaire chaine on or, je ne me suis pas laissé faire au début croyant que c’est une banale baston comme il y en a dans tous les stades du monde, mais je n’ai pas cru mes yeux en voyant mes vis à vis sortir des couteux de leurs poches contre un des leurs sans que personne n’ose intervenir (et dire que la police était à deux pas). J’ai récupéré ma chaine et suis sorti indemne physiquement par je ne sais quel miracle (sans doute la vitesse de ma fuite catalysée par la peur), mais cet évènement a profondément laissé une trace indélébile dans mon esprit. Un mythe s’est effondré, j’ai juré de ne plus remettre les pieds dans ce maudit stade tant que les conditions restent les mêmes. Je n’ai effectivement plus remis les pieds au stade depuis, d’autant plus que l’avenir m’a donné raison (le meurtre glaçant du regretté attaquant camerounais Albert Ebossé au sein du tunnel du stade du club reste l’exemple qui illustre parfaitement l’état de violence entourant le club et le football algérien dans son ensemble), je me contente de suivre les résultats du club de loin, très loin.

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    1. Merci Agawa. Témoignage poignant. J’ai plus d’une fois vécu la connerie de certains supporters et ce que provoquent les comportements de groupe mais jamais ce dont tu as été témoin. Je comprends que tu sois vacciné contre l’envie d’aller au stade.

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    2. Super commentaire! Très intéressant à lire! D’ailleurs n’hésite pas à proposer des articles, sur la JSK que tu as aimée par exemple! Ton commentaire mériterait un article tant il apporte une autre vision du supportérisme.
      Pour revenir à ton dernier paragraphe c’est triste de voir une passion stoppée par une bande d’abrutis mais il est vrai que ça parait dangereux, et même si de plus en plus de groupe d’ultras sont fortement liés au banditisme, la violence a franchi des limites inquiétantes en Algérie. J’espère que ça se calmera et que tu pourras y retourner sans avoir peur pour toi!

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      1. Merci à Verano et Rui Costa, pourquoi pas, il est vrai que la JSK (club le plus titré d’Algérie, le seul qui n’a jamais quitté la première division) mérite de l’attention compte tenu de son histoire particulière.

        Le football algérien est malheureusement gangréné par la corruption à tous les niveaux (fédération, ligues régionales, clubs soi-disant professionnels, corps arbitral…etc.), il est même arrivé que des Présidents de club (des voyous pour la plupart) avouent avoir truqué des matchs sur des plateaux de télévision comme si de rien n’était sans que cela ne les empêche de continuer d’exercer leurs fonctions. Quant à la violence n’en parlons même pas, des supporters meurent encore sur les gradins à cause de rixes à répétition ou l’effondrement des tribunes vétustes des vieux stades datant des années 70, pire encore des joueurs meurent sur le terrain par faute de sécurité (feu Ebossé fut assassiné dans le tunnel menant aux vestiaires) ou d’installations conformes (le regretté Hocine Gacemi, un autre joueur de la JSK, est mort d’un traumatisme crânien suite à une chute malencontreuse), sans parler de l’agression des arbitres et des actes de vandalisme. Récemment et rien qu’en 2024, le public du stade de Constantine a vandalisé son propre stade qui venait tout juste d’être rénové causant un préjudice de plus de 1 million d’euros et le public algérois du MCA a vandalisé son stade flambant neuf qui a couté la bagatelle de 150 millions d’euros et ce dès le jour de son inauguration. C’est dire qu’on est pas concore sorti de l’auberge.

        Ceci dit, il y a tout de même une lueur d’espoir et elle vient paradoxalement du public de la JSK, la presse nationale a unanimement salué son attitude durant toute la phase aller du championnat. En effet, les supporters de la JSK ont nettoyé les gradins du nouveau stade Hocine Ait Ahmed (un bijou d’une capacité de 50 700 spectateurs) après chaque rencontre. J’ai promis à mon neveu de 10 ans (un mordu de football) de l’emmener voir un match de son équipe préférée s’il travaille bien à l’école, mais j’avoue que c’est beaucoup plus un subterfuge pour que je puisse retrouver l’ambiance du stade qui me manque tellement.

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      2. Un grand merci Agawa pour ces commentaires.
        Mon frère a ressenti, dans d autres proportions, la même chose au Parc des Princes.

        Ça fait plaisir de te lire.

        Ravi de faire ta connaissance!

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    3. Merci Agawa. C’est vrai que pour en avoir souvent parlé avec des amis fans de la JSK, qui avaient la vingtaine au début des années 80, ce club représentait bien plus qu’un simple sport. Une identité, une respiration dans cette décennie noire des 90′ qui s’annonçait pour eux. Ils ont tous fini par fuir le pays.

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  5. Les commentaires d’Agawa mériteraient un plus bel éclairage, tant ils sont précieux. S’il voulait nous faire l’honneur de proposer l’un ou l’autre article, ce serait délicieux…
    Mille mercis, dans tous les cas, pour tes contributions !

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    1. C’est moi qui vous remercie pour l’immense travail que vous fournissez dans vos articles, sachez que je les lis quasiment tous avec un immense intérêt même si le profane que je suis n’intervient que très rarement. J’attends d’ailleurs avec énormément d’impatience la suite du palpitant « siècle de défense ».

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