Pepe, le bleu de Belém

Si, lorsque l’on évoque les noms de Pepe et de Portugal, on pense forcément à l’incroyable défenseur de Porto, un autre Pepe est devenu une légende 80 ans avant l’arrivée de Képler Laveran Lima Ferreira au Portugal.

24 Octobre.

S’il y a bien un lieu où ce jour rime avec tristesse, c’est dans le cœur des « belenenses », nom des habitants du quartier de Belém à Lisbonne mais aussi d’un club historique du foot portugais.

24 Octobre 1931.

C’est le jour de la mort tragique de José Manuel Soares Louro, plus connu sous le nom de Pepe.

Mais avant de parler de ce joueur, parlons du club qu’il incarna mieux que quiconque : Clube de Futebol Os Belenenses qui se traduirait par « le club de foot des habitants du quartier de Belém ».

Les garçons de la plage créent leur club de foot

Quartier autrefois base de départ des grands navigateurs portugais, dont le nom provient de la contraction de Bethléem. Il est aujourd’hui particulièrement fréquenté par les touristes, pour ses monuments comme la Tour de Belém ou le monastère des Hiéronymites mais aussi pour déguster ses succulents pastéis de Belém (considéré comme le roi des pastéis de natas).

Cependant à l’époque de Pepe, ce quartier était surtout un quartier populaire, principalement habité par des pêcheurs et des ouvriers, travaillant dans les nouvelles usines lisboètes. Et si le club à la croix bleue n’est pas la première équipe de foot du quartier, l’histoire retiendra que c’est sur un banc qu’Artur José Pereira, star du foot portugais naissant, et des amis fondèrent en 1919 le club qui représentera pendant un siècle ce quartier si particulier, celui des « garçons de la plage ». Il jouera en bleu, comme la mer, la croix du Christ ornant le maillot mais aussi les tenues des ouvriers. Un autre détail, il est le premier grand club portugais à ne pas choisir l’appellation FC à l’anglaise mais Clube de futebol à la portugaise. Une symbolique forte dans cette ville et pays où le foot (et le pouvoir économique) est intimement lié aux Anglais.

Le fameux banc d’où aurait été fondé le club de Belém.

Il faut également remettre le Portugal dans son contexte historique pour appréhender au mieux ce club et cette histoire.

Le pays était profondément marqué par le lourd tribut de la guerre et de la grippe espagnole, la pauvreté et les tensions politiques étaient à leur comble entrainant une grosse période d’instabilité qui aura comme funeste dénouement la prise de pouvoir de Salazar.

Dans ce pays en crise, le foot, quasi inexistant avant la guerre, devenait ce sport populaire qui allait électriser le peuple portugais pour de longues années.

Naissance d’un mythe

Et très rapidement le club de quartier allait gravir les échelons de ce foot en plein essor, et si Augusto Silva devint le premier grand joueur du club c’est en 1926, que le « Bethléem » lisboète allait assister à la naissance de son messie. Un petit bonhomme né en 1908 dans une famille très pauvre de la Rua do Embaixador, la même rue où vivait Artur José Pereira le fondateur du club, allait devenir le chouchou de tout un peuple. Lui, le fils de paysans de Covilha ayant quitté leur montagne pour tenter leur chance à Lisbonne, lui, qui dès le plus jeune âge vendait des légumes avec sa charrette dans tout Lisbonne devenait l’atout offensif principal des bleus lisboètes.

Pepe, avec le ballon, qui nage dans son maillot mais qui surnage sur le terrain.

Son premier miracle va se dérouler le 28 Février 1926. Celui qui n’a que 18 ans va devenir un des héros d’une séquence qui fera l’histoire du foot portugais d’entre-deux guerres, le « quart d’heure à la Belenenses ».

Déjà lors de leur première rencontre contre Benfica, le club de Belém avait retourné le match lors du dernier quart d’heure pour gagner 2-1. Mais c’est quelques années plus tard que le match légendaire eut lieu.

À 15 minutes de la fin, les Aguias menaient par 4-1. Mais avec toute la ténacité qui les caractérisaient les bleus égalisèrent à 4-4 en 10 minutes. Il reste moins d’une minute lorsque l’arbitre siffle un pénalty.

Qui prendrait la responsabilité de faire gagner son équipe ? La décision a été prise par le grand Augusto Silva : il a désigné du doigt le plus jeune de ses coéquipiers, qui venait d’avoir 18 ans et qui faisait ses débuts dans l’équipe première ce jour-là. Et a dit « Tu marques ! ». Étonné, le jeune homme, révérencieux devant le grand capitaine, demande : « Moi, M. Augusto ? ».

Pour son premier match avec les grands, le jeune Pepe ne tremble pas et marque. Offrant ainsi la victoire et probablement le premier titre majeur à son club. Ce Championnat de Lisbonne qui allait leur permettre d’atteindre leur première finale dans le Championnat portugais (aujourd’hui appelé Coupe du Portugal).

La légende était née.

Pepe en action en 1927

Pepe marche sur l’eau

Sous l’impulsion de son prodige, Belenenses devient un poids lourd du foot portugais, gagnant deux autres fois le championnat de Lisbonne et deux fois le Championnat portugais. Durant cinq années le club du quartier de Belém fait jeu égal avec Benfica, Sporting et le FC Porto. Position qu’il perdra rapidement malgré son titre 15 ans plus tard et quelques grands joueurs comme Matateu.

Pepe va notamment se distinguer en marquant 10 buts dans un même match, record toujours d’actualité, contre Bom Sucesso.

Il inscrira 36 buts en 14 matchs dans le championnat lisboète en 1929/1930. Malgré sa petite taille il devient un grand joueur, respecté de tous et adulé par tous les supporters du club de Belém.

Pepe devint aussi un pilier de la jeune sélection portugaise qui joua son premier match en 1921. Il jouera 14 matchs et marquera sept fois, brillant pour son premier match en marquant le premier doublé de l’histoire de la sélection contre la France en 1927. C’est une partie qui reste encore aujourd’hui la plus grosse victoire portugaise face aux français (4-0).  Il fera également partie de l’équipe portugaise qui jouera les Jeux olympiques en 1928, s’arrêtant en quarts dans un match plein de regrets contre l’Egypte. Une performance qui marquera profondément l’esprit des Portugais, pour la première grande compétition où leur équipe de foot a figuré.

Première sélection, doublé et déjà porté en triomphe !

En sélection comme en club, Pepe est ce joueur capable de retourner un match par un dribble, un geste de génie. Finalement il est le premier joueur qui représentera l’archétype du footballeur portugais, un centre de gravité bas, des dribbles redoutables et une technique au-dessus de la moyenne. Dans un foot qui était encore très physique, il est considéré comme le premier « joueur technique » lusitanien, le plus doué de l’époque. Il joue intérieur et aussi bien en club qu’en sélection il est le joueur offensif majeur.

Il amène le foot portugais à un niveau jamais atteint, et à Belém on en est sûr, il deviendra le meilleur joueur de tous les temps. Celui qui permettra au petit club de quartier de devenir un géant lusitanien. Le club se structure, change de stade et rejoint ses nouvelles infrastructures dignes des plus grands au stade de Salésias. Ce petit gars, né dans le quartier, qui travaille encore comme tourneur à l’usine d’aviation navale, émerveille le Portugal, l’Europe et devient le chouchou de tout un peuple, aussi fier que modeste.

Pepe portant son maillot à la croix bleue

Le calvaire d’un peuple

Mais voilà, le destin est cruel. Et un 23 octobre, il y a 91 ans, Pepe part au travail comme tous les matins. Il se sent mal, se plaint de douleurs abdominales, peine à tenir debout. Il est amené à l’hôpital mais il finit par mourir le lendemain dans la matinée, un funeste 24 octobre. C’est la stupeur et l’affliction dans tout le quartier, puis dans tout le Portugal. On parle d’empoisonnement, des rumeurs folles circulent : suicide, meurtre…

Finalement tout laisse à penser que la mère du joueur a fait une erreur fatale, confondant le sel et la soude caustique lors de la cuisson des saucisses. Un chien qui a fini le sandwich du joueur meurt également, toute la famille est hospitalisée mais il est le seul qui n’y survivra pas.

Des rapports diront que son état de faiblesse (il était connu pour jouer tous les matchs jusqu’à la rupture) aurait aggravé cette intoxication.

Et au final ces incertitudes importent peu. La seule chose que l’on sait c’est que Belém a perdu son enfant chéri et ses funérailles auront des allures de deuil national.

Le jour où Lisbonne s’arrêta.

En 1988 une des figures du club, le journaliste Homero Serpa avait interviewé des abonnés de la première heure parmi lesquels M. Idalino Cotovio qui déclara :

« Je n’ai jamais assisté à des funérailles aussi imposantes et sincères. Les gens ont pleuré Pepe comme s’ils étaient tous ses parents. Alors qu’il avait déjà été inhumé au cimetière d’Ajuda, la Rua da Junqueira restait pleine de monde. »

Dans cette foule, des dizaines de milliers d’anonymes, des habitants du quartier mais aussi tout le sport portugais pour rendre hommage à un des siens. Il y a également des admirateurs d’autres pays, comme la légende espagnole Ricardo Zamora. Le lendemain des obsèques la vie du quartier était toujours arrêtée et les yeux de ce peuple d’ordinaire si âpre étaient rougis comme rarement.

Un fils de Belém jamais oublié

À la fin de cette saison 1931/1932 Belenenses a de nouveau remporté le titre de champion de Lisbonne. La photographie commémorative de cet exploit montre les joueurs avec le signe du deuil sur le bras et peu de joie dans les yeux.

Belenenses ne cessera jamais de commémorer la mémoire de son enfant prodige.

En 1932, un monument en l’honneur de Pepe a été inauguré aux Salésias, stade qui allait finalement prendre son nom. En 1956, quand le club déménage dans son nouveau stade du Restelo, le monument y est évidemment transféré, preuve du souvenir toujours vif de ce drame.

Le monument à son inauguration au Salésias en 1932, il sera transporté 24 ans plus tard au Restelo.

Plus étonnant encore, depuis cette date les capitaines du FC Porto déposent à chaque match une gerbe sur son monument. Ces hommages entre clubs étaient courants à l’époque mais ont fini par disparaitre au gré des tensions entre les clubs majeurs du foot portugais. Pepe restant l’exception la plus connue, surement car son club ne joue plus dans la même cour que les trois gros. Seule la scission 100 ans après la fondation et la descente du club en sixième division arrêtera cette tradition.

A gauche Baia et Deco, futurs champions d’Europe. A droite Danilo et Herrera pour un des derniers hommages avant la scission du club.

Alors comment expliquer qu’un jeune de 23 ans, ayant joué 140 matchs en cinq saisons ait laissé une telle empreinte ?

On pourrait penser que dans une histoire du foot portugais écrit principalement par des journalistes des trois clubs historiques, les histoires comme celle de Pepe ont tendance à s’oublier et que les supporters de Belenenses défendent vaillamment leur légende.

Sûrement car il incarne pour le club de Belém une époque où il rivalisait avec les trois gros. Et qu’avec un tel joueur 10 ans de plus, ils auraient intégré la nouvelle « première division » créée en 1934 en conquérants, glanant deux ou trois titres de plus et qu’ils auraient intégré le bon wagon. Aujourd’hui on parlerait de « quatre gros ». Un regret éternel pour un club qui, un siècle après sa fondation, s’est vu relégué dans les limbes du foot portugais. Bien loin du prestige auquel il aspirait.

Pepe portant un autre maillot bleu, celui de l’usine.

De nos jours il n’existe aucune image de Pepe jouant un match et ceux l’ayant vu jouer sont de moins en moins nombreux. Il fait partie de ces joueurs qui n’existent plus que dans l’imaginaire et dont la légende se mêle de plus en plus à l’histoire. Nous retiendrons qu’il est probablement le premier dribbleur à avoir foulé les pelouses portugaises et surtout la première légende d’un foot portugais naissant. Son nom est pour toujours attaché à celui d’un club rentré dans l’anonymat malgré son passé glorieux.

Et qui de mieux que Serpa pour conclure sur ce joueur ?

« Pepe survit au temps qui marche et détruit la mémoire des hommes. Pepe résiste parce qu’il symbolise les anciens Belenenses, élevés par des gens de la plage, par des hommes modestes, qui ont vécu dans le quartier populaire et ont apporté à leur club le tempérament de ceux qui savent combien la vie coûte et combien il faut d’efforts pour l’affronter et gagner. Ainsi, le maillot bleu de Belenenses n’est pas seulement lié à la mer, en relation étroite avec la Croix du Christ, qui a quitté Belém à bord des caravelles, mais aussi au costume en jean (des ouvriers), également bleu, et que Pepe a porté plus souvent que l’équipement de son club. »

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33 réflexions sur « Pepe, le bleu de Belém »

  1. Je ne connaissais absolument pas, et j’apprécie d’autant plus que cela met des mots, des noms, des atmosphères et des visages sur les débuts du football portugais.

    C’est par ailleurs la première fois que j’ai connaissance de semblable pélerinage, du moins des oeuvres d’adversaires – regrettable que la tradition se soit perdue, ce qui est rare mérite voire réclame d’être préservé.

    Logiquement car influence anglaise oblige, le Portugal devrait être des premiers pays à avoir été touché par le football, avec le Danemark et la Belgique, mais qu’en est-il vraiment?

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    1. Les portugais vont effectivement jouer au foot rapidement, dès la fin du 19ème siècle mais la date marquante c’est 1921, premier match de la sélection (alors que d’autres y jouent depuis 20 ans) et première compétition « nationale ». Les grands clubs existaient déjà depuis longtemps, Porto 1893, Benfica 1904 et Sporting 1906 mais c’est vraiment dans l’entre deux guerres que les portugais s’accaparent le foot, se détachant de l’emprise que les anglais avait sur ce sport.

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    2. Pour le pèlerinage c’est ce qui a attiré mon attention, ce qui m’a donné envie d’écrire l’article. J’ai fini par découvrir que cela était très courant à cette époque, que de nombreux joueurs mourraient précocement et que finalement les clubs étaient solidaires. Mais les rivalités exacerbées entre les 3 clubs dominant le foot portugais ont fini par détruire ces hommages. La perte de statut rapide de Belenenses a permis de garder cet hommage (d’ailleurs les joueurs de Belenenses rendent également hommage à un joueur de Porto, Pavao, mort à 26 ans en 1973 pendant un match contre Sétubal).
      Et je te rejoins tout à fait sur le fait qu’il est dommage que tout cela ait disparu, c’est une vision du foot que j’apprécie!

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      1. Merci pour la précision quant à la multiplicité de ce type d’hommages car, aveu : je gardais pour moi un doute qui risquât d’écorner cette belle histoire. Désormais que tu l’as levé (dans la mesure où Belenenses n’en avait pas, dis-tu, l’exclusivité), je peux l’exprimer sans crainte d’être malgré moi désagréable.

        Belenenses passe régulièrement pour l’un des, si pas le, club singulièrement favorisé par le régime de Salazar. Je ne prête généralement pas une attention folle à ce genre d’histoires : le plus souvent viciées par les querelles de clocher (quand elles ne sont pas tout bonnement fantasmagoriques, voire balancées pour nuire), et à dire vrai parfois surfaites, au fond pas si pertinentes.. On y trouve généralement moins de substance documentaire, que de matière à interroger et à amender.

        Mais Belenenses semble tout de même singulier à cet égard – je te laisse le soin de me corriger si besoin.

        Auquel cas : je redoutais que le destin post-mortem de cette figure historique de Belenenses participât peu ou prou du soft-power de l’Ordre Nouveau, que sa mort ne fût instrumentalisée à cette fin – appréhension que je suis désormais surtout tenté d’évacuer, donc.

        Rien à voir mais je lus jadis une info (?) qui m’avait troublé : les joueurs de Benfica étaient (mais est-ce vrai?) encore amateurs au début des 60’s..???

        Le cas échéant, je comprendrais que l’on m’objecte que l’amateurisme marron, certes.. L’amateurisme marron, toutefois, reste handicapant en termes de préparation, d’influx.. Ce n’est pas un hasard si, pour tant de scènes footballistiques, le passage au professionnalisme fut presqu’aussitôt significatif d’un boom souvent extraordinaire en termes de résultats (Cf., seconde moitié du XXème siècle, les cas NL, belge, danois..).

        Qu’en fut-il vraiment? Et de quand date la pleine professionnalisation du football portugais?

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      2. Salazar et le foot c’est toujours très flou, les Lisboètes accusent Porto d’avoir été les plus proches et inversement. La vérité est surtout que l’Estado Novo s’est servi du foot de club pour asseoir son pouvoir, Pepe, les 5 Violons du Sporting, Eusebio et le Benfica, les constructions des stades des 4 clubs majeurs de l’entre 2 guerres. Bref on retrouve souvent des liens entre la dictature et le foot, et je pense qu’ils ont exacerbé le clubisme entre les 2 grandes villes. Par ailleurs je pense qu’ils ont pas mal freiné l’émergence de la sélection avec cette vision très autocentrée .

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  2. Merci Rui pour ce magnifique article qui nous change des articles sur les Italo-latino- américains dont j’arrivais à saturation. Je ne connaissais évidemment absolument rien de cet homme. Et quelles superbes photos ! Je suppose qu’à l’époque on jouait encore dans le schéma tactique dit de « pyramide inversée » à savoir 2 arrières recentrés, 3 demis et 5 attaquants ou déjà en WM ?

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  3. Merci Rui, très beau portrait, ça change de ces Sud-américains 🙂
    Tu évoques le lourd tribut du Portugal à la guerre. Dans mon souvenir, le Portugal n’entre que très tardivement dans le conflit, jouant de sa neutralité. Sais tu pourquoi, à l’inverse de l’Espagne, il se laisse embarquer dans la guerre ?

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    1. Je crois qu’ils confisquent des navires allemands stationnés chez eux (sous la pression des anglais) et l’Allemagne leur déclare la guerre. Puis ils sont très durement touchés par la grippe espagnole (en % de population ils sont dans les pires du monde).

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  4. Merci pour ce superbe portrait de Pépé et de Lisbonne également. Belenenses est-il uniquement supporté à Belem? Et que s’est il passé dans ce club en 2018? J’ai vu qu’il y avait eu une scission entre le Clube de Futebol Os Belenenses et Belenenses SAD. Qui est l’héritier légitime de Matateu et Pépé?

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    1. A Belém ou par des gens y aillant vécu. Au Portugal les 3 gros écrasent vraiment la concurrence et à part Guimaraes voire Braga il n’y a pas de place pour les autres.

      Je te cite Wikipedia pour la scission:
      Historiquement, le Clube de Futebol Os Belenenses a créé sa société anonyme sportive professionnelle (SASP ou SAD en portugais) le 1er juillet 1999, afin de superviser la section de football professionnel. En 2012, le club et la SAD sont confrontés à une situation financière délicate. Après consultation avec les supporters, la vente de 51% des actions de la SAD à un investisseur, Codecity, présidé par Rui Pedro Soares, est actée.

      En plus du contrat d’achat et de la vente des actions, un pacte parasocial fut scellé stipulant que le club fondateur détenait des droits particuliers, comme un droit de veto dans la prise de certaines décisions. Également, le club conservait un droit de rachat, unilatéral, des actions, à prix et dates fixées. En outre, un protocole de régulation des relations entre le club et la SAD fut scellé. Le club détenait alors 10% des actions de la SAD.

      Entre-temps, Codecity, actionnaire majeur de la SAD, a résilié unilatéralement le pacte parasocial, alléguant une violation contractuelle de la part du club fondateur. En 2017, le Tribunal arbitral du sport a validé la résiliation du pacte parasocial, rendant alors caduque la possibilité accordée préalablement au club de racheter les actions de la « SAD », de manière à reprendre le contrôle total du football professionnel4.

      Le protocole qui régulait les relations entre le club fondateur et la SAD, incluant l’usage du Estádio do Restelo (propriété du club fondateur) pour l’équipe professionnelle de football de la SAD, est rendu caduc le 30 juin 2018. Ceci étant, toutes relations contractuelles quelconques entre le club fondateur et la SAD cessent alors. Os Belenenses Futebol, SAD est ainsi fondé, en tant que club de football autonome, le 1er juillet 2018, à partir de la sécession de la SAD face au club Clube de Futebol Os Belenenses.

      Du coup aujourd’hui l’héritier et redevenu Os Belenenses qui a du repartir de zéro. Cela ressemble beaucoup à Wimbledon en Angleterre!

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      1. Belle découverte cette histoire. Ce qui est amusant c’est que cette saison, le Belenenses propriété du fond d’investissement qui s’est arrangé pour spolier les historiques est à la lutte pour le maintien en seconde division, tandis que les historiques repartis en bas de l’échelle à la lutte en 3e division pour la montée. Tout ce petit monde pourrait se croiser en fin de saison.

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  5. @Rui, je connais un peu la carrière de coach de Helenio Herrera mais je ne sais pas comment s’est faite son arrivée sur le banc de Belenenses. Il a déjà triomphé en Espagne avec l’Atlético, sort d’une belle expérience avec Sevilla et fait un bout de saison à Belenenses (à la suite d’Augusto, l’ancien capitaine de la Seleção brésilienne de 1950) avant de mener le Barça au sommet. Alors que vient-il faire à Belém ?

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  6. Quelle histoire tragique !
    Mais belle découverte ! Muito obrigado Senhor Rui Costa !

    Pour le côté « On a pas d’images de lui, mais il reste vivant dans la mémoire collective », ça me fait penser au « Trinche » Carlovitch.
    Est-ce comparable ?

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  7. Très beau texte, bien rédigé, sur un joueur dont j’ignorais jusqu’à l’existence !! Grand merci, donc.

    Sait-on quelle taille faisait-il ? Il avait vraiment l’air tout petit…

    Le foot portugais se professionnalise-t-il en 1934 ? Les Portugais realisent-ils de beaux Jeux à Amsterdam ? Et ensuite ? Les revoit-on à Berlin puis à Londres ? Leur première participation à la coupe du monde a lieu en 1966, non ?

    La daronne, quand même ! Confondre le sel et la soude caustique… On dirait « Le roman d’un tricheur » !

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  8. Plein de questions intéressantes, notamment sur l’impact de la professionnalisation au Portugal, les relations pouvoir et football ou comment expliquer la faiblesse en compétitions internationales du Portugal au 20eme siècle (Alors que les clubs ont toujours été forts en C1). Des sujets qui m’intéressent et pour lesquels je n’ai pas toutes les réponses, surtout là où je dois écrire de mon téléphone (Ce dont je ne suis pas fan). Comme Matateu, Les 5 Violons, Peyreteo,Baptiste,Chalana ou Boavista je ferais peut-être des articles sur ces sujets dans le futur! J’ai commencé par Pepe car je vais essayer de suivre une chronologie car je découvre et apprends beaucoup à chaque article et ça me semble nécessaire pour comprendre les enjeux de chaque époque.

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