Dynamo – CDKA 1941, Kiev sous l’enfer nazi

Le 22 juin 1941 est un dimanche, les Soviétiques jouent donc au football ! Trois rencontres sont au programme, à Leningrad, Tbilissi et Kiev. En Russie et en Géorgie, les matchs se déroulent sans soucis.

Nouveau stade à Kiev
Kiev, 21 juin. (Via téléphone de notre propre correspondant).
Le nouveau stade Républicain ouvrira ses portes demain à Kiev. Par décret du Præsidium du Soviet suprême de la RSS d’Ukraine, le nom du camarade N. S. Khrouchtchev lui a été donné.

A Kiev, le Dynamo reçoit le club de l’Armée Rouge, le CDKA, futur CSKA, pour ce qui doit être l’inauguration du nouveau stade Républicain en l’honneur du Premier Secrétaire du Parti communiste ukrainien, Nikita Khrouchtchev. La journée s’annonce belle mais durant la nuit, les premiers bombardements allemands surprennent tout le monde. L’Allemagne nazie vient de lancer l’opération Barbarossa et envahit l’Union Soviétique, rompant ainsi le pacte Ribbentrop-Molotov. Le match et l’inauguration sont immédiatement reportés.

L’intégralité des billets avaient été vendus et malgré l’annulation des évènements, tous les billets furent considérés valides, en attendant que le match et l’inauguration aient lieu.

Le 19 septembre, les troupes du Generalfeldmarschall Gerd von Rundstedt prennent la ville après avoir réussi un incroyable encerclement de la capitale ukrainienne, les pertes soviétiques sont monstrueuses, 615 000 personnes sont mortes ou disparues quand les Allemands n’ont perdu que 30 000 hommes.

Pour les Kiéviens, c’est le début de deux années sous le joug nazi, marquées par le premier massacre de Babi Yar les 29 et 30 septembre 1941 qui voient les Einsatzgruppen et le 201ème bataillon Schutzmannschaft assassiner plus de 30 000 personnes au ravin de Babi Yar, près de la capitale. La forte population juive de la ville est particulièrement touchée par ce massacre et en deux ans, Babi Yar voit entre 100 000 et 150 000 personnes, très majoritairement juives, mourir sous les balles allemandes.

C’est l’année suivante qu’ouvre le camp de concentration de Syrets, au nord de la ville, où environ 25 000 personnes perdront la vie. C’est dans ce camp que plusieurs des joueurs soviétiques ayant joué le « match de la mort » le 9 août 1942 seront transférés, quatre y mourront.

La ville de Kiev sera finalement libérée par l’Armée rouge le 6 novembre 1943 et le titre de ville héros lui sera décernée en 1965, en hommage à la résistance prolongée des civils ukrainiens face à l’envahisseur nazi.

Malgré la guerre, la vie continue et le Stade républicain est finalement inauguré pendant l’occupation le 12 juillet 1942, étant alors renommé le Stade pan-ukrainien. Néanmoins, quand l’Armée rouge reprend le contrôle de la ville, le stade est une véritable ruine, ayant été bombardé par les deux camps. Il est donc l’heure de la reconstruction.

Il aura fallu environ six mois pour accomplir cela, et la date du 25 juin 1944, quasiment trois ans jour pour jour après le début de l’invasion allemande, est choisie pour inaugurer comme il se doit le stade Républicain Nikita Khrouchtchev.

Les spectateurs ayant conservé leur billet ont pu le présenter trois ans plus tard… Ce jour là, le CDKA écrase le Dynamo Kiev 4-0, les Ukrainiens ayant grandement souffert des pertes, sur le champ de bataille comme dans les camps, alors que « l’équipe des lieutenants » fut largement épargnée par le conflit mondial.

3 réflexions sur « Dynamo – CDKA 1941, Kiev sous l’enfer nazi »

  1. Je me disais il y a peu qu’il y aurait une histoire à écrire, concernant les stades d’Ukraine de l’Est et du Sud – ou ce qu’il en reste.

    J’en ai vu une dizaine de photos, éh bé..

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    1. Le clan de Dnipropetrovsk, composé de Brejnev, Tchernenko, Shcherbytsky, Chebrikov et Tikhonov (entre autres) aura une énorme influence sur l’Union entre l’arrivée de Brejnev au pouvoir et l’arrivée de Gorbatchev.

      20 années où l’Union aura enchaîné les erreurs et fait exploser le modèle soviétique…

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