C’était Bernard Lacombe

Décédé le 17 juin à 72 ans, Bernard Lacombe a marqué l’histoire du football français et plus particulièrement celle de l’Olympique Lyonnais. Au-delà des stats, c’est l’un des gones les plus célèbres qui s’en va.

En apprenant la nouvelle, mon petit cœur de gone a senti comme un grand vide. J’étais pourtant dans les brouillards du Rhône quand « Nanard » enfilait les buts comme on bugne dans les cibles à la vogue, mais ça ne m’empêche pas d’avoir un brin de nostalgie. Car Bernard Lacombe, bien plus qu’un attaquant qui enfilait les buts comme des perles, était un grand représentant du club et de la ville.

C’est à Gerland qu’il réalise ses premiers exploits. Dans une période où l’OL est dans le creux de la vague, il permet à son club de remporter sa troisième Coupe de France (en compagnie de Di Nallo et Chiesa en 1973) et est appelé en équipe de France, avec laquelle il remportera l’Euro 1984. Entre-temps, le gone aura été forcé de quitter sa ville natale, le club étant à court de liquidités.

Direction le Forez et une saison sous le maillot de l’ASSE, non sans regrets. Revenu à Gerland dès le mois d’août pour le derby, il se trompe de vestiaire avant le match, pas encore habitué à venir à Lyon avec l’équipe visiteuse. Il rate son match et son début de saison, pas dans son assiette. Il marquera au retour pour faire partie de la courte liste des joueurs qui ont marqué pour les deux clubs dans le derby (cinq). Mais il repartira bien vite de Saint-Etienne pour porter le maillot des Girondins de Bordeaux jusqu’à la fin de sa carrière sportive.

Aussi bon loin du pré que crampons aux pieds

Contrairement à la majorité des joueurs, il aura aussi eu une longue carrière une fois retiré des terrains. A peine ses crampons raccrochés, il est appelé par Jean-Michel Aulas pour faire remonter l’OL en première division en compagnie de Raymond Domenech. La mission est accomplie dès la première saison et Bernard Lacombe peut prendre ses aises à la direction sportive.

Tout près d’Aulas, il a grandement contribué à faire de l’OL, à cha peu, un grand club français. Il a le nez creux pour le recrutement de Sonny Anderson, puis les arrivées d’autres Brésiliens au club, notamment Edmilson et Juninho. Et puis, surtout, il est le garant de l’histoire du club.

Bien avant que l’on ne parle d’ADN à tout va, il est là pour rappeler aux joueurs l’importance du derby et leur transmettre l’histoire du club, avec l’attitude paternaliste qui va bien. Raconter l’histoire, c’est l’une des choses qu’il fera le mieux dans les années 2000, alors qu’il sera officiellement « conseiller du président », un rôle que personne n’a encore bien identifié jusqu’à présent.

Bête de scène

Toujours disponible pour raconter une anecdote ou un but marqué, il figure dans les documentaires de l’époque et fait jouer son impressionnante mémoire. Ses interventions débutent souvent par un petit « c’était un dimanche après-midi légèrement pluvieux » qui fait son effet et donne l’impression qu’il n’a absolument rien oublié de ses 123 buts en championnat pour l’OL.

Impossible de savoir si ses souvenirs étaient si précis ou s’il avait simplement envie d’en rajouter. Car ça, discuter, il sait y faire ! Jamais avare en petites phrases, il adore comparer les joueurs. Il voit du Rivaldo chez Rachid Ghezzal, du Pirès ou du Lamouchi chez Juninho. Edmilson ? « J’avais l’impression de voir Laurent Blanc avec dix ans de moins et plus de vitesse. » Mapou Yanga-Mbiwa, lui, fait penser à Marius Trésor, tandis qu’Alexandre Lacazette aurait le même style de jeu que… Bernard Lacombe himself.

Sacrément bavard, le Nanard. Et un brin chatouilleux. Digérant mal une critique sportive, il renvoie les femmes à leurs casseroles, arguant qu’il ne parle pas de football avec elles. Un dérapage aussi doux que les tacles de son ancien compère Domenech qui le force à prendre un peu de distance avec les médias. Forcé de cohabiter avec Gérard Houllier alors que les deux hommes se détestent cordialement, il s’éloigne peu à peu des affaires courantes du club et se concentre sur la transmission de son histoire, un rôle qui lui sied à merveille.

Avec sa gouaille, son amour pour son club et sa ville, et au passage une sacrée dose de talent brut, il aura marqué de son empreinte une large part de l’histoire de l’OL. Et il a sa gâche au panthéon du club, où il pourra se péter la miaille avec Gérard Houllier.

6 réflexions sur « C’était Bernard Lacombe »

  1. Bel hommage, Modro, avec les expressions lyonnaises qui vont bien, c’est parfait !

    Trop jeune pour avoir des souvenirs du joueur avec l’OL mais j’ai en tête deux actions avec l’EDF :
    – le but contre l’Italie en 1978. Débordement et centre au cordeau de Six, formidable détente et tête précise de Lacombe qui devance Bellugi au marquage.
    – la simulation contre l’Espagne à l’Euro 84. Il ne marque aucun but au cours de la compétition (comme Giroud en 2018, on avait critiqué cet avant-centre qui ne marquait pas en bleu) mais obtient en filou le coup franc frappé par Platini sur lequel Arconada se troue.

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  2. Merci Modro. Lacombe, j’ai l’impression que c’est une sorte de Ciro Immobile. Pas dans le jeu mais dans le nombre de réalisations dans son championnat, sans avoir passé le cap au niveau international.

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      1. Haha. Tu vois, je n’envisage pas un top 100 français sans Lacombe, Immobile pour l »Italie, c’est autre chose… Mais je suis certainement trop sévère avec Immobile et le niveau de la Serie A depuis 15 ans…

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