Bayern Munich – Dynamo Dresde 1973, le premier duel des frères ennemis

Zürich, 5 octobre 1973. Au très select Hôtel Atlantis, le tirage au sort du deuxième tour de la C1 1973-1974 suit son cours dans le ronron feutré des bavardages habituels. Quelques têtes se sont tout de même redressées par curiosité car le Bayern Munich, l’un des favoris pour le titre, vient de sortir du chapeau. Le nouveau président de l’UEFA, l’Italien Artemio Franchi, lit la boule suivante sans une trace d’émotion, relève la tête et annonce, sûr de son effet : “FC Dynamo Dresden”. Un instant de silence, puis le brouhaha des grands moments envahit la salle. En pleine guerre froide, quelques mois seulement après que la partition de la nation allemande ait été actée(1), ce sera la toute première confrontation officielle entre les frères ennemis(2). 

Outre son caractère historique, la rencontre offre un attrait sportif indéniable qui en fait la tête d’affiche des huitièmes. Le Bayern, encore en quête de sa première C1 mais fort de la présence dans son effectif de la moitié de la RFA sacrée à l’Euro 72, n’en finit pas de monter en puissance. Humilié par l’Ajax en quarts la saison précédente (0-4, 2-1), il semble cette fois capable de mettre un terme à la suprématie des Lanciers, triples champions en titre, qui viennent de perdre Johan Cruyff parti à Barcelone. Le Dynamo, inconnu sur la scène continentale, a frappé un grand coup au premier tour en éliminant avec panache (2-0, 2-3) la Juventus, finaliste sortante. Véritable OVNI d’un football est-allemand porté sur les longs ballons et les contres, il s’est bâti un style séduisant, vite baptisé Dresdner Kreisel (“toupie dresdoise”), à base de de jeu au sol construit depuis l’arrière par un libéro aux allures de numéro 10, d’un 4-3-3 étiré dans les deux dimensions avec vrais ailiers de débordement, et d’un prototype de gegenpressing à la perte du ballon. Presque une copie conforme du Bayern, jusqu’au magnifique Hans-Jürgen « Dixie » Dörner dont la technique et l’élégance sont dignes d’un Beckenbauer. Presque, mais pas tout à fait : même privé de Breitner blessé, le Bayern reste nettement favori, d’autant plus que le Dynamo devra faire sans son buteur Kreische, jambe brisée avec l’équipe nationale un mois plus tôt.

Un exemple du gegenpressing dresdois

Au Ministère de la Sécurité de l’État, la terrifiante Stasi, l’alerte rouge a sonné aussi. Son chef, Erich Mielke, lance immédiatement l’Aktion Vorstoß (“Incursion”), une série de mesures visant à parer tout risque politique autour de cet événement ultra-sensible. Pour commencer, il faut assurer la présence au match aller à Munich de supporters du Dynamo sans risque de défections en masse. La Stasi octroie 1000 visas de sortie dans des conditions draconiennes : les personnes ayant de la famille à l’Ouest sont interdites de voyage, celles vues en train d’encourager “ceux d’en face” pendant un Pologne-RFA à Varsovie en 1971 aussi, et ainsi de suite. Le déplacement est organisé par l’agence de voyages officielle, Reisebüro der DDR, qui reçoit l’ordre de ne laisser aucune place aux excursions individuelles dans le programme. La délégation est évidemment truffée d’indicateurs de la Stasi et 12 agents de la HVA, le redoutable service d’espionnage est-allemand, sont de la partie avec mission d’intercepter tout défecteur, par la force si nécessaire(3).

Au coup d’envoi du match aller, le 24 octobre, le superbe Stade Olympique de Munich n’est rempli qu’aux deux tiers. Trop gourmand pour ce match de gala, le Bayern a fixé des prix dissuasifs (à partir de 52 DM, environ 95 € aujourd’hui, pour une place assise) et s’est ainsi tiré une balle dans le pied. Les 48 000 spectateurs vont pourtant en avoir pour leur argent. Werner Fritzsch, l’entraîneur du Dynamo, a décidé que la meilleure défense était l’attaque et déploie son jeu habituel sans aucun complexe. Les Bavarois, surpris, encaissent un but de Sachse (13ᵉ), très bien servi en retrait par Ganzera sur l’aile gauche, avant de trouver leurs marques et d’égaliser par Hoffmann (17ᵉ), sur une balle en profondeur impeccable de Dürnberger, puis de prendre l’avantage par ce même Dürnberger (26ᵉ) d’un bon tir de 20 mètres. Mais les Saxons, appuyés sur un Wätzlich et un Geyer en grande forme qui réussissent à tenir Uli Hoeneß et Gerd Müller en respect, ne lâchent pas prise et reviennent à égalité par Sachse – encore lui – d’une belle tête au point de penalty (34ᵉ), puis repassent devant par Heidler laissé seul aux six mètres (42ᵉ). 2-3 au repos, c’est la stupeur dans les tribunes et devant les écrans, à l’Est comme à l’Ouest. En seconde période, le Dynamo reste longtemps à la hauteur de son prestigieux adversaire avant que Roth, l’homme des grands rendez-vous qui crucifiera les Verts trois ans plus tard, n’égalise à la 71ᵉ minute d’une frappe légèrement déviée par un défenseur, puis que l’impitoyable Gerd Müller, en vrai renard des surfaces, ne profite d’un centre de Zobel mal dégagé pour donner la victoire au Bayern à sept minutes de la fin. Une défaite au tableau d’affichage pour le Dynamo, mais trois buts à l’extérieur et un plein de confiance qui le placent en très bonne position à mi-parcours.

Au retour, la Stasi à domicile

Le match retour, le 7 novembre, prend immédiatement des allures d’événement planétaire en RDA. Le Dynamo-Stadion est 10 fois trop petit pour satisfaire la demande(4). Cette fois-ci, la Stasi joue à domicile et déploie les grands moyens pour l’Aktion Vorstoß. Sur les 35 500 places du stade, 16 500 seulement (dont 8 000 abonnés) vont au grand public, 7 000 vont à des membres ou sympathisants du Parti récompensés pour services rendus, et les 12 000 restantes sont occupées par des policiers et des indicateurs de la Stasi. La fidélité politique de chaque spectateur potentiel est passée au crible. Tout soupçon de pensées pro-occidentales ou de marché noir se traduit par le refus de la demande, voire la confiscation de places déjà attribuées. Le jour du match, trois cordons de sécurité déployés jusqu’à 800 mètres du stade interdisent l’accès à tout indésirable soucieux de manifester une quelconque opposition au régime le jour anniversaire de la révolution de 1917. Un autre cordon maintient un cloisonnement absolu entre la population locale et les quelque 1600 supporters munichois qui ont fait le déplacement.

Au Bayern aussi, la méfiance règne. Paul Breitner et Uli Hoeneß n’ont pas oublié ce tournoi juniors de 1969 en RDA où toutes les équipes de l’Ouest, et elles seules, ont été victimes d’une vague de gastro-entérites trop ciblée pour être honnête. Un peu trop tentant pour “les autres” cette fois-ci aussi, doit penser la direction qui prend en conséquence des mesures radicales. L’équipe emportera toute sa nourriture, voyagera en autocar, fera étape la veille du match à Hof, à la frontière inter-allemande, en partira le lendemain matin pour arriver à son hôtel à Dresde trois heures avant le coup d’envoi fixé à 17 h 30, et remettra cap à l’ouest dès la fin du match. Une belle entorse au règlement de l’UEFA, dont le club se tirera en fin de compte au prix d’une solide amende. La paranoïa n’est pourtant pas tout à fait sans fondement : la Stasi a “sonorisé” l’Interhotel Newa, entièrement réquisitionné pour les visiteurs, et s’empresse de transmettre au Dynamo le contenu de leur causerie tactique avant leur départ pour le stade.

L’Interhotel Newa, à l’écoute du client, dans tous les sens du terme

Udo Lattek, le « sorcier » du Bayern, a cependant gardé sa carte maîtresse à l’abri des micros. Se doutant bien que le Dynamo va surveiller Gerd Müller de très près, il commet le sacrilège de placer celui-ci en faux 9 pour ouvrir des espaces dans le dos de la défense. Le piège fonctionne à merveille : à 120 secondes d’intervalle, une remise à la Kaiser Franz de der Bomber dans l’axe et une passe en profondeur de Dürnberger côté gauche lancent Uli Hoeneß dans deux raids solitaires de 50 mètres au bout desquels il va ajuster le gardien Boden. 0-2 après 12 petites minutes, le stade est proprement éteint. Mais ces Saxons, fussent-ils communistes, restent des Allemands : pas question de baisser les bras, même avec trois buts de retard. Ils reprennent le fil de leur jeu, aidés par un Bayern qui a choisi de laisser venir, et marquent le but de l’espoir trois minutes avant la mi-temps sur une belle action personnelle du latéral gauche Wätzlich dans la surface. La confiance a changé de camp : dès la reprise, le Bayern subit bien plus qu’il ne contrôle et Maier doit s’activer pour préserver l’avantage. À la 52ᵉ minute, Sachse s’offre un nouveau débordement sur l’aile gauche, adresse un excellent centre sur lequel le gardien bavarois n’est pas irréprochable, et le milieu Schade égalise à bout portant après une partie de flipper devant le but. Le public est bien réveillé maintenant et les cadres du Parti, pas toujours au fait des choses du ballon rond, rugissent à l’unisson des ultras qui sentent l’exploit à portée. Quatre minutes plus tard, Rau botte intelligemment un corner en retrait aux 16 mètres pour Häfner, démarqué, qui place un tir plutôt anodin hors de portée d’un Maier une nouvelle fois mal inspiré. Le stade entre en fusion : après son entame catastrophique, voilà le Dynamo virtuellement qualifié !

Sur l’engagement, le Dynamo récupère la balle et Heidler vient placer un tir lourd sur lequel Maier s’emmêle un peu les pinceaux, sans conséquence. La réponse du Bayern est brutale : sur la contre-attaque, Uli Hoeneß, vraiment dans un bon jour, adresse depuis les 20 mètres une superbe passe en profondeur pour Müller, replacé en pointe, qui tricote entre trois défenseurs dans son style inimitable et loge un plat du pied très précis au ras du poteau de Boden. Il faut un nouveau but au Dynamo et celui-ci attaque à tout va, particulièrement sur l’aile gauche où Sachse et Ganzera font souffrir le martyre à Hansen. Le Bayern, de son côté, profite des espaces ainsi ouverts pour lancer des raids tranchants par Hoffmann ou Hoeneß. Dans une dernière demi-heure à couper le souffle, les deux équipes auront chacune leurs balles de match. Heidler, intenable, contraint Maier à un beau réflexe sur une tête au point de pénalty. Hoffmann, après un contre heureux dans le rond central, dévale sur 50 mètres et manque le cadre de quelques centimètres seul face à Boden. À quelques minutes de la fin, la plus belle occasion est pour Rau qui, sur un centre de Ganzera mal renvoyé, a tout le temps de préparer une tête lobée qui vient mourir au ras de l’équerre de Maier. Mais rien ne passera et le Bayern se qualifie finalement par un trou de souris. Au coup de sifflet final, le public applaudit longuement ses joueurs, tombés avec les honneurs pour le maillot de leur ville et la cause du prolétariat. Pendant ce temps, sur le banc du Bayern, le directeur général Robert Schwan s’est essuyé le front puis a filé discrètement au vestiaire. Lui qui avait déclaré avant le match aller, avec une suffisance toute bavaroise : “Si on se fait sortir par ceux-là, j’émigre en zone soviétique(5)”, n’aura pas à faire ses valises.

D’autres chocs inter-allemands, d’autres scénarios à suspens, d’autres matchs de légende sont depuis venus marquer la longue histoire des Coupes d’Europe et ont fait tomber dans l’oubli ce double duel de toute beauté. Pourtant, celui-ci a laissé chez ses protagonistes une influence profonde et durable. Revenu de l’enfer une fois de plus, après ne s’être débarrassé des modestes Suédois d’Åtvidabergs qu’aux tirs au but au tour précédent, le Bayern n’a plus jamais pris de haut un adversaire en Coupe d’Europe. C’est là, et dans la douleur de la finale gagnée contre l’Atlético de Madrid sept mois plus tard, qu’il a forgé cette culture de la victoire qui fait sa force depuis bientôt 50 ans. Le Dynamo, lui, a vu la valeur de son projet de jeu confirmée par ces 180 minutes d’égal à égal. Il est resté fidèle au Dresdner Kreisel jusqu’à la fin de la RDA et a bâti sur celui-ci un soutien populaire très fort qui se traduit aujourd’hui encore par des affluences record en 3. Liga. Les Bavarois sont montés au firmament du ballon rond, les Saxons sont restés dans le rang, mais il s’en est vraiment fallu de très peu que l’histoire du football ne prenne un autre chemin. Un « point de divergence » riche de possibilités pour les amateurs d’uchronies si d’aventure l’aile du papillon avait battu autrement à Dresde, ce soir de novembre 1973.

« Uli’s on fire, your defence is terrified »

Coupe des clubs champions européens 1973-1974, huitièmes de finale

Aller : mercredi 24 octobre 1973, 20 h 00, Olympiastadion, Munich
Bayern Munich – Dynamo Dresde : 4-3

Bayern (4-3-3) : 1 Maier – 2 Hansen, 4 Schwarzenbeck, 5 Beckenbauer (cap.), 3 Dürnberger – 6 Roth, 10 Hoeneß, 8 Zobel – 7 Hoffmann, 9 Müller, 11 Gersdorff (13 Hadewicz, 46ᵉ).
Entraîneur : Lattek.

Dynamo (4-3-3) : 1 Boden – 3 Dörner, 5 Wätzlich, 4 Geyer, 2 Ganzera (cap.) – 6 Häfner, 10 Rau (13 Schmuck, 84ᵉ), 8 Helm – 7 Schade, 9 Heidler, 11 Sachse (12 Riedel, 74ᵉ).
Entraîneur : Fritzsch.

Buts : 0-1 Sachse (13ᵉ), 1-1 Hoffmann (17ᵉ), 2-1 Dürnberger (26ᵉ), 2-2 Sachse (34ᵉ), 2-3 Heidler (42ᵉ), 3-3 Roth (71ᵉ), 4-3 Müller (83ᵉ).
47 918 spectateurs. Arbitre : M. Davidson (Écosse).
Avertissement : aucun. Expulsion : aucune.

Retour : mercredi 7 novembre 1973, 17 h 30, Dynamo-Stadion, Dresde
Dynamo Dresde  – Bayern Munich : 3-3

Bayern (4-3-3) : 1 Maier – 2 Hansen, 4 Schwarzenbeck, 5 Beckenbauer (cap.), 3 Dürnberger – 6 Roth, 10 Hoeneß, 8 Zobel – 7 Schneider, 9 Müller, 11 Hoffmann.
Entraîneur : Lattek.

Dynamo (4-3-3) : 1 Boden – 3 Dörner, 5 Wätzlich, 4 Geyer, 2 Ganzera (cap.) – 6 Häfner, 10 Rau, 8 Helm – 7 Schade (12 Riedel, 75ᵉ), 9 Heidler, 11 Sachse.
Entraîneur : Fritzsch.

Buts : 0-1 Hoeneß (10ᵉ), 0-2 Hoeneß (12ᵉ), 1-2 Wätzlich (42ᵉ), 2-2 Schade (52ᵉ), 3-2 Heidler (56ᵉ), 3-3 Müller (58ᵉ).
35 500 spectateurs. Arbitre : M. Wurtz (France).
Avertissements : Geyer (Dynamo), Hansen, Dürnberger (Bayern). Expulsion : aucune.

Notes et sources :

  1. Le “traité fondamental”, par lequel RFA et RDA reconnaissent mutuellement et pour la première fois leur existence en tant qu’États séparés, n’a été signé qu’en décembre 1972 et est entré en vigueur en juin 1973.
  2. Le tirage au sort de la Coupe du Monde 1974, qui placera RFA et RDA dans le même groupe, n’aura lieu qu’en janvier suivant.
  3. Sven Geisler: Die Operation „Vorstoß“ nach dem Bayern-Los, Sächsische Zeitung, 28 décembre 2020.
  4. On a songé un moment à délocaliser la rencontre au Zentralstadion de Leipzig, 100 000 places, idée vite abandonnée.
  5. Tout le monde ou presque en RFA s’accroche à l’époque à la fiction de l’unité allemande en désignant ainsi la RDA, ce qui rend plus compréhensible le psychodrame national causé par la signature du traité de 1972. L’acceptation prendra du temps : jusqu’à la fin des années 1970, le quotidien conservateur Die Zeit imprimera systématiquement les initiales DDR entre guillemets afin de minimiser la légitimité du régime.

Match aller :
https://www.youtube.com/watch?v=v0tU9MrgPRc
https://www.mdr.de/geschichte/ddr/politik-gesellschaft/sport/sport-572.html

Match retour :
https://www.youtube.com/watch?v=kKAXL_p9N2Y
https://www.mdr.de/geschichte/ddr/politik-gesellschaft/sport/dynamo-dresden-bayern-muenchen-europapokal-achtelfinale-100.html

Préparation de la Stasi :
https://www.saechsische.de/sport/fussball/verein/dynamo-dresden/dynamo-stasi-europapokal-serie-die-operation-vorstoss-nach-dem-bayern-los-5346681-plus.html

Plus de détails :
https://de.wikipedia.org/wiki/Fu%C3%9Fballspiele_FC_Bayern_M%C3%BCnchen_%E2%80%93_Dynamo_Dresden_1973

g.g.g. pour Pinte de Foot

23 réflexions sur « Bayern Munich – Dynamo Dresde 1973, le premier duel des frères ennemis »

  1. Que dire ? Une merveille !

    Quand on voit le piteux état du foot d’ex-RDA aujourd’hui ou seul l’Union, pourtant club banal et dans l’ombre du rival berlinois à l’époque, rappelle que l’Allemagne ne s’arrête pas à Berlin-Ouest…

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    1. Ça va un peu mieux dans les divisions inférieures où les clubs de l’ex-RDA ont à peu près fini de cuver les excès des années 1990-2000 et les crises financières qui ont suivi. En 2. BL, Magdebourg, promu cette saison, semble enfin parti pour sortir de l’ascenseur et s’établir à ce niveau. Le Hansa Rostock et le Dynamo Dresde font toujours la navette entre 2. BL et 3. Liga, ils devraient à terme s’établir en 2. BL eux aussi vu leur soutien populaire, surtout le Dynamo. Derrière, ça reste léger. En 3. Liga, il y a trois ex-second couteaux de la DDR-Oberliga : Erzgebirge Aue ex-Wismut, Hallescher FC ex-Chemie Halle, et FSV Zwickau ex-Sachsenring, celui-là parti pour descendre. Tous les anciens grands noms (Carl Zeiss Iéna, Lok Leipzig, BFC Dynamo, etc.) sont en Regionalliga Nordost (D4). Les clubs de D3 et D4 arrivent tout juste à boucler leurs budgets et ont du mal à se construire des bases de supporters importantes. Par exemple, le Lok, que je suis de près depuis dix ans, n’arrive pas à jouer la montée malgré de réels efforts. Le fait est que la marche est haute entre la D4 semi-pro et les trois divisions professionnelles, et que toutes les bonnes places sont déjà prises par des clubs généralement bien structurés auxquels le système de licence qui existe depuis plus de 50 ans évite en général les accidents industriels. Pas facile de remonter la pente jusqu’à la Bundesliga, donc.

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      1. Le Dinamo Berlin est complètement délaissé par les supporteurs ou a-t-il gardé une petite base?

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      2. Il y a eu plus de bas que de hauts pour le Dynamo depuis la réunification, entre passif mal réglé du favoritisme par la Stasi, hooligans passés de la RDA au néo-nazisme sans trop de scrupules, changements malheureux de nom (FC Berlin) et de logo qui ont miné son identité, comme celle de nombre de clubs de l’ex-RDA d’ailleurs, redressement judiciaire avec bref passage en D5 à la clé… Tout cela semble à peu près apuré et le Dynamo est devenu un club de D4 à peu près comme les autres, avec un noyau de fidèles qui lui valent 1700 spectateurs de moyenne. À titre de comparaison, selon les derniers chiffres de kicker, le Chemnitzer FC ex-Karl-Marx-Stadt fait 3400, le Lok Leipzig 3600, le Carl Zeiss Iéna 3900, le Chemie Leipzig 4100, l’Energie Cottbus 4300, et le Rot-Weiss Erfurt 5400, tous dans la même division. Ceci s’explique un peu par ce qu’il reste du passé du Dynamo et aussi par la concurrence féroce qu’il y a à Berlin avec pas moins de 9 équipes en D4 : Dynamo, donc, et aussi réserve du Hertha, SV Babelsberg, SV Lichtenberg 47, Tennis Borussia Berlin, Viktoria Berlin, VSG Altglienicke, FSV Luckenwalde, et Berliner AK 07. La seule équipe berlinoise à faire une meilleure moyenne de spectateurs que le Dynamo est Babelsberg avec 2600.

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  2. Superbe article. Merci Triple G! Le Dinamo est un adversaire coriace dans ces années 70. Le meilleure du foot est-allemand ?
    Et Dorner, tu le placerais au niveau des Joachim Streich ou Croy?

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    1. Dörner est sans doute le meilleur joueur de l’histoire de la RDA. Je mettrais Streich juste derrière lui. Après, c’est plus difficile à cause de la réunification. Ulf Kirsten, Rainer Ernst, ou Andreas Thom seraient sans doute venus chatouiller Croy, Sparwasser, Kreische et Martin Hoffmann pour les premières places, sans compter les joueurs du Dynamo Dresde tels que Rau ou Ganzera mis à l’écart de l’équipe nationale par un choix de système de jeu.

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      1. Ok. Dorner aussi haut. Connais pas Rau et Ganzera par contre. Vais mater ça, merci.

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    1. Vaste programme, je vais y jeter un œil. Croy dans le but, Dörner en défense centrale, Wätzlich comme latéral gauche, Streich en 9 s’imposent. Après, il y a du choix : Bransch ou Matthias Sammer en 4 ? Le même Sammer ou Kurbjuweit en 6 ? Une ou deux pointes, et donc Sparwasser et Kreische ou Hoffmann pour épauler Streich, ou bien Kirsten avec lui ? (Dans ce dernier cas, « your defence would be truly terrified ».) Au milieu, quel choix faire entre Rau et Ernst en 10, Thom et Liebers en 8? Pas facile de trancher.

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      1. Merci pour la réponse
        Je vais aller faire des recherches sur certains joueurs et apprendre des choses
        D’où te vient ta passion pour le football est allemand ?

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      2. La passion est pour le foot allemand en général, c’est plutôt d’un intérêt historique qu’il s’agit pour celui de l’ex-RDA. (J’ai réalisé tard dans ma vie que j’aurais fait un meilleur historien que l’ingénieur que j’ai été et le consultant ou chef de projet que je suis toujours, mais ceci est une autre… euh, histoire.) J’ai eu la chance d’observer en tant qu’adulte la totalité de la transition de ce football, des conditions bien établies d’une RDA qui semblait à l’époque partie pour durer des décennies à la fin de la grande crise sportive-financière d’après la réunification, qui ne s’est achevée qu’il y a quelques années. Comment ne pas y trouver des histoires formidables, parfois tragiques, parfois émouvantes de profondeur, comme celle du Lok Leipzig qui refusait de mourir envers et contre tout ? Et puis bon, je parle correctement la langue, ce qui permet de joindre l’utile de la pratique à l’agréable de l’écriture. Voilà…

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      3. Vaste programme, surtout si on compte les joueurs nés en ex-RDA, mais qui ont été pro plus tard : Ballack, Kroos, Steffen Freund, Bernd Schneider et bien d’autres sans doute…

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