Coupe d’Asie 2023 : Dramaturgie au rendez-vous pour les 8e de finale

La phase la plus excitante a enfin commencé ! Du 28 au 31 janvier se sont déroulés les huitièmes de finale de la Coupe d’Asie. Y a-t-il eu des surprises ? Le Japon s’est-il rassuré ? La Corée est-elle tombée ? L’Australie nous a t-elle emballés ? De belles histoires se poursuivent elles ? Découvrons le dans ce compte-rendu des huit premiers match à élimination directe.

Australie 4-0 Indonésie : Les kangourous nous dégoutent

Les huitièmes de finale commencent avec ce qui est sans doute le match le plus déséquilibré. On peine en effet à imaginer la 146e nation au classement FIFA, miraculée parmi les meilleurs troisièmes, inquiéter la solide Australie. Pourtant, la jeune équipe d’Indonésie n’a pas l’intention de se laisser impressionner par le mondialiste et entame son match avec un pressing généreux et agressif. La Tim Garuda se procure même la première occasion du match avec un bon appel de Struick au premier poteau et un ballon qui passe de peu au dessus. Secoués par un adversaire qui s’enhardie, les Socceroos sont une configuration parfaite pour ouvrir le score si un but de raccroc. Et ça se produit à la 12e minute : Jackson Irvine manque son une-deux mais récupère le ballon, tente de centre, mais c’est dévié par Elkan Baggott et surprend Ernando Ari (pas exempt de tout reproche). Le but est encore une fois dégueulasse, ça vient encore de Jackson Irvine, mais l’Australie est devant au tableau d’affichage. Les Indonésiens ne se découragent pas et tentent de continuer sur leur bon début de match. On sent qu’il y a de bonnes intentions, il y a des mouvements intéressants, mais il y de toute évidence des limites techniques encore trop grandes. Il y a toujours un contrôle un peu raté, ou une touche de balle en trop. Bref, les Indonésiens se battent du mieux qu’ils peuvent, mais ils semblent simplement trop faibles pour mettre véritablement les Aussies en danger. Des Australiens qui, en revanche, de produisent absolument rien. Un véritable néant footballistique typique des équipes de Graham Arnold. Et lorsque juste avant la mi-temps, Martin Boyle profite d’un marquage trop laxiste pour inscrire le deuxième but, un grand nombre de spectateurs a dû ressentir un dégout sincère pour cette équipe d’une mocheté extrême. La statistique à la pause est d’ailleurs éloquente : un tir, deux buts pour l’Australie. Et cela ne va pas bouger en seconde période. Les Australiens se contentent juste de détruire le jeu de leurs adversaires (et parfois leurs adversaires directement). Et il faudra attendre la 80e minute pour voir l’Australie enfin gonfler d’avantage cette statistique des tirs. Malgré la bonne volonté de Struick, malgré les permutations intelligentes de Sayuri et de Marselino, les Indonésiens sont clairement réduits à l’impuissance. Le différentiel physique est flagrant et on ne les sentira jamais capables de renverser la situation. La marche était clairement trop haute. Mais les deux buts à la 89e puis 91e de Gordon et Souttar sont vraiment cher payés. Ils ne méritaient sans doute pas un score aussi lourd. L’Indonésie aura tout de même montré des choses intéressantes dans cette Coupe d’Asie, notamment contre des équipes bien plus armées qu’elle. Et si il est encore peu probable de la voir en Coupe du monde, on espère que cette aventure qatarie sera le point de départ d’un belle progression. Quant à l’Australie, elle poursuit sa route, pour l’instant sans trop de résistance, mais en dégoutant toujours plus les amateurs. On opposera sûrement que c’est efficace, et à raison. Mais on ne pas décemment se réjouir qu’une équipe aussi moche et pratiquant un tel anti-football aille loin dans une compétition.

Le défenseur-buteur Harry Souttar (19) a enfin trouvé la faille.

Tadjikistan (5) 1-1 (3) Emirats Arabes Unis : Le conte de fée continue

 Après leur qualification quasi miraculeuse mais au combien méritée dans le Groupe A, les Tadjiks espèrent poursuivre leur belle aventure face à un historique du continent. Mais les Emirtats de Paulo Bento ne sont pas au mieux après un premier tour médiocre et surtout, en raison de l’absence pour blessure de leur étoile montante Sultan Adil. Avant le début du match, on s’imagine des EAU attentistes, retranchés dans leur camp et laissant le ballon à leur adversaire. C’est en réalité l’inverse qui se produit. Non seulement les Emiratis exercent un pressing très haut agressif qui gène beaucoup la volonté tadjike de conserver le ballon, mais utilisent celui-ci de manière très intelligente avec beaucoup de mouvements cohérents. Ils arrivent à se mettre en position de tir et l’excellent Rustam Yatimov doit s’employer à plusieurs reprises. Il faut un bon quart d’heure, le temps pour qu’Alisher Dzhalilov décroche d’avantage et passe plus dans un rôle de meneur libre qu’attaquant de soutien, pour les Tadjiks mettent enfin le pied sur le ballon et s’installent dans leur camp adverse. De fait, chaque formation a ses temps forts dans ce match équilibré, mais ce sont finalement les Tadjiks qui prennent les devants : 30e minute, Zoir Dzhuraboev centre pour son compère de la défense centrale Vakhdat Khanonov. Celui-ci, grâce à une détente verticale prodigieuse, s’élève plus haut au milieu de deux défenseurs émiratis et parvient à claquer le ballon dans le but de Khalid Eisa. Le but et superbe, dans la lignée des golazos inscrits contre la Chine. Le break est même tout proche cinq minutes après. Mais les Tadjiks, qui se retrouvent pour la première fois où ils doivent gérer longuement un avantage, commencent à s’interroger s’ils doivent se replier ou continuer à attaquer. Un entre-deux qui se ressent dans les espaces entre le milieu et la défense et qui permet aux EAU de reprendre le momentum. A chaque fois, Yatimov est bien placé et rassurant.

Vakhdat Khanonov (6) inscrit un superbe but et braque les projecteurs sur son match et son tournoi XXL

Et le Tadjikistan revient en seconde période avec des intentions paradoxalement bien plus offensives qu’on aurait pu attendre. Le travail en pivot de Shahrom Samiev est absolument remarquable et grâce aux décalages et aux espaces qu’il parvient à créer, les occasions tadjiks vont s’enchainer à la pelle. Dzhalilov est le principal joueur à la conclusion des actions, mais le tonique numéro 10 a beau être un créateur magnifique, il démontre comme contre la Chine qu’il est un finisseur médiocre. Cette contre-attaque à la 70e minute amorcée superbement par Samiev et gâchée par un Dzahlilov pourtant seul aux six mètres en est un exemple criant. Il reste un quart d’heure dans le temps réglementaire, et l’on a impression que les EAU n’ont pas créé une seule fois le danger. En fait, que le score devrait déjà être à 2-0 ou 3-0. Que le Tadjikistan gère très bien sa deuxième mi-temps, défend parfaitement à l’image d’un Khanonov impérial derrière, et exploite à merveille les espaces par des contres précis et fulgurant. Mais on a aussi l’impression de retrouver le Tadjikistan des premiers matches, incapable de conclure ses nombreuses occasions. Ou plutôt, on a l’impression que les Tadjiks, tels des poètes du football, ne marqueront un but que si celui-ci est superbe et qu’ils rejetteront la facilité. C’est beau. Très beau. Mais au haut niveau, l’inefficacité se paye toujours très cher et les hommes de Petar Šegrt vont finir par le comprendre. Après un premier avertissement et un poteau de Yahia Al-Ghassani à l’entrée des arrêts de jeu, les Tadjiks concèdent à la 95e minute un coup franc excentré. La classique. Frappé au premier poteau, dévié par Khalifa Al-Hammadi, Yatimov est impuissant, et les EAU arrachent une égalisation qui ressemble un peu à un braquage tant ils semblaient impuissants.

Pas aidé pas l’inefficacité de ses coéquipiers, Shahrom Samiev (22) a tout de même été intenable et est l’un des hommes du match

Durant la prolongation, les Tadjiks tentent bien de relancer la machine, mais il n’y a plus assez de carburant dans le moteur pour réellement apporter le danger. Ainsi se profilent les tirs au but. Autant dire qu’on craint le pire pour les jeunes Tadjiks et que les EAU ne passent à l’expérience. Mais encore une fois, les joueurs du Tadjikistan vont nous surprendre avec le calme et la maitrise dans la frappe du pénalty. C’est un 5/5. Derrière, Rustam Yatimov fait le job en repoussant la frappe de Caio Canedo. Les EAU quittent donc sans gloire la compétition prématurément, une grosse déception bien entendu pour une sélection que l’on considère encore comme un poids lourd du continent. Paulo Bento, et c’était prévisible, n’aura rien su tiré de cette équipe. Il ne tient en tout clairement pas la comparaison avec le charismatique Petar Šegrt, dont la personnalité rassurante et respectueuse de l’adversaire suffirait à rendre sympathique l’entièreté de son équipe. Mais le Tadjikistan est bien plus que cela. Plus qu’une équipe qui atteint les quarts de finale pour sa première participation à la Coupe d’Asie. C’est un symbole. Qui dit que même si l’on est petit, on peut grandir en ayant une bonne politique de formation. Le Tadjikistan, c’est le symbole de ce style protagoniste, vif, offensif et technique typique de l’Asie centrale, lui-même héritier de la tradition du beau jeu à la soviétique. L’équipe du Tadjikistan n’est pas parfaite, loin de là. Son inefficacité devant le but est chronique, elle commet encore des erreurs, elle dégagerait presque une sorte de candeur logique pour un novice à ce stade de la compétition. Mais elle dégage tellement de bonnes choses dans son approche du football qu’un fan de ce sport ne peut qu’être heureux de les voir réaliser un aussi beau parcours.

Encore auteur d’un match XXL, Rustam Yatimov a été décisif dans la séance de tirs aux but.

Irak 2-3 Jordanie : Un match de légende

A première vue, pour un fan de football lambda, un Irak contre Jordanie n’est pas vraiment une affiche de rêve. Pourtant, pour quiconque a suivi un tant soit peu la compétition, il s’agit sans aucun doute du huitième de finale le plus excitant. Ou du moins le plus prometteur. Tous les ingrédients sont réunis pour un grand match de football : un stade plein et bouillant, deux équipes joueuses, et des individualités en pleine forme. Le début de match est un petit peu haché, mais le rythme et l’intensité sont tellement hautes que cela reste déjà très agréable à regarder. Bien que l’Irak parte légèrement favorite de la rencontre, ce sont les Jordaniens qui sont le mieux dans la partie. L’Irak a le ballon, mais la Jordanie l’exploite bien mieux, ferme tous les espaces, et se projette très vite vers l’avant. Les occasions sont là. Olwan à la 19e et la 27e bute par deux fois sur Jalal Hassan, mais profite grandement de l’inquiétante lenteur de la charnière irakienne. En face, Ali Jasim tente bien de répliquer par des frappes, mais c’est sans réel danger. Quant à Musa Al-Tamari, il est tout simplement intenable avec son positionnement très libre sur le terrain, et manque de peu d’inscrire un but sensationnel sur un chevauchée de 60 mètres. Et s’il s’en faut plusieurs fois à rien pour la Jordanie ouvre le score, leur adversaire va les aider à le faire à l’entrée du temps additionnel. Trop nonchalant, Amir Al-Ammari voit sa passe être interceptée par Yazan Al-Naimat, qui met une pointe de vitesse remarquable aux deux centraux décidément bien en souffrance, avant de conclure superbement par un piquet subtil. Les hommes de l’entraineur marocain Hussein Ammouta célèbrent en grande pompe ce but en mimant la prise d’un repas assis en tailleur, type de la culture arabe. Il y a de quoi être heureux. La Jordanie réalise un match quasi parfait et mène logiquement à la pause. Elle a totalement neutralisé le jeu flamboyant de l’Irak, et notamment sa principale arme, l’attaquant et actuel meilleur buteur du tournoi Aymen Hussein, parfaitement muselé par le marquage à la culotte de Yazan Al-Arab.

Musa Al-Tamari (10) a été un poison permanent pour la défense irakienne. Son tournoi est pour l’instant exceptionnel.

Mais plus encore qu’Al-Arab, l’homme défensif à relever côté jordanien est sans doute Abdallah Nasib, absolument parfait dans les couvertures et chacune de ses interventions. Et c’est extrêmement précieux puisque l’Irak reprend mieux sa deuxième mi-temps, arrive à maintenir son adversaire dans son camp et sous pression. Il y a certes encore la menace de la vitesse du trio composé d’Al-Tamari, Olwan et Al-Naimat qui pèse sur la défense irakienne, mais la Jordanie gagnerait peut-être à avoir un milieu avec plus de volume de jeu, ne serait-ce que pour soulager sa défense pour plie de plus en plus. Jusqu’à la 68e minute et ce corner de Jasim que Suad Natiq catapulte au fond des filets. La dynamique de la rencontre a complétement changé et c’est une Irak désormais libéré qui relance les coups de boutoir. 74e minute, un contre jordanien manque encore une fois de peu de faire mouche, et dans la foulée, Merchas Doski parvient à trouver Aymen Hussein, oublié pour la première fois du match par la défense, et donne l’avantage à l’Irak d’un splendide geste de pur buteur. Arrive alors l’incident qui va faire parler… Hussein décide de célébrer son but de la même façon que les Jordaniens l’avaient fait, c’est-à-dire en mimant un repas assis en tailleur. Sauf que cette fois, pour une raison inexplicable, l’arbitre de la rencontre M. Alireza Faghani décide d’avertir le buteur irakien. C’est son deuxième jaune, il est donc expulsé, dans l’incompréhension générale. Les speculationt iront bien sûr bon train sur M. Faghani, arbitre iranien désormais de nationalité australienne depuis quelques années, et son intention de nuire à l’équipe d’Irak en raison de ses origines. Nous ne souhaitons croire à ces allégations de complot, mais il est à l’heure actuelle difficile de trouver une justification plus crédible à cette expulsion. On en vient même à espérer que l’AFC contredira cette décision invraisemblable et annulera la suspension de Hussein, qui handicaperait grandement l’Irak pour la suite de la compétition.

Aymen Hussain n’a invité personne à manger avec lui. Une provocation inacceptable pour M. Faghani.

Ce serait pourtant oublier qu’il reste du temps à jouer et que la Jordanie n’a pas dit son dernier mot. Elle jette ses dernières forces dans la bataille pour arracher la prolongation. Il est difficile de savoir si l’expulsion de Hussein a réellement perturbé l’Irak. C’est un attaquant après tout, donc à priori pas sensé être le joueur le plus décisif en défense. Peut-être que la jeune équipe d’Irak, 24 ans de moyenne d’âge, a subitement été prise par la pression et la peur de gagner. Mais à l’entrée du temps additionnel, ils vont commencer à faire n’importe quoi, à rendre le ballon bêtement à l’adversaire, à avoir un placement défensif complétement anarchique. Al-Tamari passe tout proche de l’égalisation mais Jalal Hassan sauve encore les meubles. Les Lions de Mésopotamie ont-ils pensé que c’était bon ? Que cela serait la dernière occasion ? Cela en tout cas fatal : 95e minute, les Irakiens sont inexplicablement en sous-nombre dans leurs 20 mètres, et Al-Tamari peut encore frapper. Jalal repousse encore, mais cette fois, Yazan Al-Arab est à la suite, totalement seul, et peut égaliser. Plus que l’expulsion de Hussein, c’est surtout cette égalisation qui tue les Irakiens. Il n’y a plus rien dans les jambes et dans la tête : coup d’envoi, passe en retrait, dégagement raté de Jalal, personne ne revient défendre et Nizar Al-Rashdan a tout le temps aux 20 mètres d’armer son tir. Une frappe délicieusement enroulée. Imparable. La Jordanie a renversé le match en deux minutes et sort vainqueur de ce duel grandiose. C’est absolument abominable pour l’Irak… Quand on est spectateur neutre, on se dit que cette équipe ne méritait sans doute pas de quitter le tournoi aussi vite. Mais il fallait un vainqueur pour ce match, et c’est la très belle Jordanie qui ira défier le Tadjikistan dans un quart de finale qui s’annonce là aussi très ouvert.

Loin… Trop loin… Malgré son très bon match, Jilal Hassan ne peut empêcher Nizar d’envoyer la Jordanie en quarts.

Qatar 2-1 Palestine : Le Qatar passe… mais continue d’inquiéter

Vainqueur de son groupe sans convaincre, le tenant du titre qatari affronte une équipe de Palestine présente pour la première fois en huitième de finale et qui s’avance avec un état d’esprit plus libéré que jamais. Devant des tribunes qui ont encore une fois eu du mal à être bien garnies (une image qui en dit long sur la passion qui règne au Qatar pour le football…), les Maroons entament la rencontre avec le ballon… mais sans idées. En fait, bien que les statistiques indiquent un net avantage dans la possession, les Qataris en font tellement rien qu’on a tout simplement l’impression qu’ils l’ont moins que leur adversaire. En dehors d’Akram Afif, le seul à sembler vraiment capable de faire des différences, l’animation offensive est inexistante. Ne parlons même pas d’Almoez Ali, encore une fois fantomatique sur la pelouse. En fait, c’est la Palestine, parfaitement dans son match, qui domine a se procure des occasions. Mahajna à la 18e, Dabbagh à la 23e, Abu Warda à la 26e. A chaque fois on se heurte à un bon Barsham, mais il ne manque pas grand-chose pour que le but arrive. Et ce petit quelque chose, c’est le Qatar qui va le donner à Oday Dabbagh à la demi-heure de jeu. Ballon bêtement rendu par Al-Rawi, et l’attaquant trouve le petit filet, non sans avoir parfaitement fixé Khoukhi et Lucas Mendes au préalable. La Palestine mène 1-0 et on ne peut que se dire que c’est logique tant il n’y a qu’une seule équipe sur le terrain. Complétement en panne d’imagination dans le jeu, les Qataris ont, heureusement pour eux, encore des qualités sur coup de pied arrêtés. A quelques secondes de la pause, Akram Afif refait le coup de la Chine et frappe un corner en retrait, Al-Haydoos est à la reprise et égalise. Un petit miracle pour les tenants du titre. Au retour des vestiaires, Afif encore voir le petit espace qui lui manque pour lancer Almoez Ali, qui finit crocheté par le gardien palestinien. La sanction est imparable, pénalty pour le Qatar, et Afif ne se prive pas de transformer le cadeau. C’est un terrible coup sur la tête des joueurs palestiniens. On ne saurait dire si le Qatar a bien verrouillé ensuite ou si la Palestine été trop limitée pour revenir, même si l’on miserait plus sur la deuxième option. Car la seconde mi-temps sera hachée, ennuyeuse, sans occasion. On regrettera sans doute un Musab Al-Battat trop timoré ou un Tamer Seyam pas assez précis dans ses gestes. Bref, on a presque le sentiment que la Palestine part de ce match avec des regrets, relatifs, car les voir à ce stade reste un miracle. Mais cela en dit long sur ce Qatar horrible à regarder et dont on peine à comprendre comment il peut se retrouver en quarts de finale tant son niveau est affligeant. En fait, le Qatar a eu énormément de chance jusque là de tomber sur des adversaires trop faibles (Liban, Chine) ou trop limités (Tadjikistan, Palestine) pour être inquiété. Et plus on avance, et plus on a paradoxalement du mal à imaginer les Maroons conserver leur titre malgré un Akram Afif de haut niveau.

Encore une fois à la reprise d’un corner d’Akram Afif, le capitaine Al-Haydoos (10) a mis fin au rêve palestinien.

Ouzbékistan 2-1 Thaïlande : Le plafond de verre enfin brisé ?

Face à un adversaire avec une pleine confiance retrouvée, et en raison d’un premier tour très mitigé, c’est peu dire que ça sent le match piège pour les outsiders ouzbèkes. La Thaïlande a en tout cas essayé de surprendre en ne titularisant pas les gros atouts offensifs que sont Supachok et Suphanat, ce qui traduit directement les intentions de bas : on va avant tout défendre pour frustrer les Ouzbeks et les piquer plus tard. Et pendant 20 minutes, cela fonctionne plutôt bien. Les Ozubeks ont le ballon, mais n’ont aucun espace. Et les rares fois où ils s’en créent, ils ne sont pas vraiment aider par un Oston Urunov bien maladroit sur ce tournoi, et qui rate une énorme occasion à la 18e minute. Mais paradoxalement, cette action va être le déclic pour les Loups gris, qui vont commencer à mieux jouer, à accélérer le rythme, et à maintenir une pression constante dans le camp Thaïlandais. Masharipov se montre particulièrement précieux dans les combinaisons dans les petits espaces notamment. Bref, l’Ouzbékistan fait ce qu’il faut, et finit par trouver l’ouverture à la 36e minute : longue ouverture de Khalmatov à l’opposée pour Azizbek Turgunboev, un peu oublié par le latéral gauche thaïlandais. Contrôle poitrine et volée enchainée du gauche, le but est superbe et les joueurs d’Asie centrale démontrent leur grande qualité technique. La Thaïlande encaisse donc son premier but du tournoi et voit son plan tomber à l’eau. Elle va devoir s’exposer. Et bien qu’on sent l’Ouzbékistan encore en maitrise, on est parfois surpris par la qualité technique et des combinaisons des Eléphants de guerre. Combinaisons que l’on voit d’avantage au retour des vestiaires avec l’entrée justement de Supachok et Suphanat. A l’heure de jeu, Supachot repique dans l’axe, une-deux avec Supachai, et frappe enveloppé aux 20 mètres qui termine délicieusement sa course dans le petit filet ouzbek. La Thaïlande égalise et montre qu’elle a clairement beaucoup plus de qualités qu’elle en a l’air. Mais elle n’aura pas le temps de rêver longtemps puisque quelques minutes plus tard, le petit magicien Abbosbek Fayzullaev, jusqu’alors très discret, décide de sortir un autre tour de sa boite : contrôle dos au but à l’entrée de la surface, une petite touche pour se mettre dans le bons sens, et une frappe millimétrée à ras de terre imparable pour Patiwat. Décisif aux meilleurs moments, c’est la marque des grands joueurs, Fayzullaev est assurément un futur grand joueur, une petite étoile qui après ce but va briller de mille feux sur la pelouse par ses prises de balles et accélérations foudroyantes. L’Ouzbékistan mène 2-1 et est une équipe qui sait parfaitement cadenasser un score. La Thaïlande n’aura ainsi jamais vraiment l’espoir de revenir au score. La marche était sûrement trop haute aujourd’hui, mais elle n’aura pas démérité dans ce tournoi alors qu’on lui promettait l’enfer il y a deux semaines. En espérant que la guerre au sein de la fédération ne ruine pas cette bonne base de travail. Quant aux Loups gris, ils étaient attendus pour aller loin, ils sont en quart de finale, sans doute le minimum que l’on pouvait attendre d’eux. Mais les hommes de Katanec donnent l’impression de monter en puissance, et après une prestation de patron pour ce huitième de finale, les espoirs sont permis pour le quart face au pays organisateur. Peut-être l’occasion ou jamais de briser ce plafond de verre continental en accrochant un succès de prestige.

Abbosbek Fayzullaev, assurément une des pépites à aller chercher après le tournoi pour de nombreux clubs ambitieux

Arabie Saoudite (2) 1-1 (4) Corée du Sud : La Corée arnaque son monde…

Choc de prestige entre deux mondialistes pour ce huitième de finale. Mais sur le papier, rien ne promettait un beau match. L’Arabie est encore en recherches de certitudes, et la Corée est clairement malade. Cette dernière d’ailleurs se présente sous un schéma de jeu inédit dans le tournoi : un 3-4-3 avec l’habituel avant centre Cho Gue-sung sur le banc, Son Heug-Min au poste de numéro neuf libre et Lee Kang-in dans une position plus axiale. Si l’on peut se réjouir de ce dernier paramètre, on a compris très vite dès la lecteur de la composition que les joueurs de Jurgen Klinsmann ne sont pas venus pour du jouer du football champagne, mais au contraire que le plan est de s’adapter au jeu saoudien (en particulier aux montées d’Abdullamin) et de détruire celui-ci. D’un certain point de vue, on peut considérer que la première mi-temps a rempli l’objectif : en dehors d’une incroyable occasion sur corner à la 44e (double barre puis tête d’Al-Dawsari détournée du bout des doigts par Jo Hyeon-woo), l’Arabie Saoudite a été complétement neutralisée et incapable de s’approcher du but adverse. En revanche, dès qu’elle est en possession du ballon, la Corée, c’est le néant. La stratégie semble consister à envoyer des longs parpaings sur Son Heug-min et prier pour qu’il accomplisse un miracle. La conséquence : une première mi-temps ennuyeuse à mourir. La deuxième n’aura pas le temps de l’être puisque les Coréens décident de remettre en scène le comique de répétition défensif : 30 secondes après le coup d’envoi, Kim Min-jae est à la traîne et laisse Al Dawsari dévier tranquillement pour lancer Radif en profondeur. Celui qui vient tout juste de rentrer en jeu ne rate pas l’occasion et voilà la Corée du Sud menée au score. Et autant dire qu’ils sont dans la mouise. Car on peine à imaginer Jurgen Klinsmann, d’une passivité navrante sur le banc de touche, renverser la situation. D’autant que le contraste avec Roberto Mancini, qui lui passe son temps à replacer ses joueurs, est saisissant.

L’égalisation à la dernière seconde de Cho Gue-sung (9)

Les minutes passent, et les Guerriers Taeguk sont toujours aussi peu productif. Bien menée par un Ali Lajami sur tous les coups défensifs, l’Arabie ne peine pas trop à se maintenir hors de danger, et parvient même à se procurer quelques situations dangereuses, comme ce contre hallucinant ou Al-Dawsari et Radif sont à deux contre six Coréens, mais parviennent tout de même à combiner et à tirer au but. Il est clair que les Faucons verts, sans livrer une partie brillante, pourraient aisément enfoncer le clou. On ne sait pas pourquoi ils commencer à reculer de plus en plus (on remarque Mancini s’énerver sur la touche, hurler des consignes qui semblent incohérentes), mais c’est ce qui va permettre aux Coréens d’enfin se mettre dans le bon sens et d’attaquer en nombre. Ahmed Al-Kassar effectue un premier arrêt miraculeux à la 85e. Puis un autre à la 86e. 92e, Cho Gue-sung touche la barre. Les Coréens, qui n’ont absolument rien fait avant la 85e minute, jouent enfin comme ils le devraient, et les Saoudiens voient tomber sur eux une pluie d’occasions qu’ils repoussent comme ils peuvent… Et surtout n’importe comment. Ils n’arrivent pas à sortir de leur camp, à faire baisser la pression pendant les 10 longues minutes de temps additionnel. Et l’inévitable arrive à la dernière seconde et Cho Gue-sung qui égalise de la tête. Abattus par ce coup sur la tête, complétement cuits, les Saoudiens seront incapables de réagir durant la prolongation et lors de la séance de tirs aux buts, Sami Al-Najei et Abdulrahman Ghareeb vont échouer face à Jo Hyeon-woo. C’est donc la Corée du Sud, miraculée, qui passe en quart de finale. On ne sait pas combien a été multiplié le nombre de tirs et d’occasion franches pour la Corée entre la 85e et la 99e minute. Mais il ne faut pas se laisser berner par les statistiques : dire que la Corée mérite sur ce match, c’est comme dire que la France méritait de gagner la finale de 2022. Et le pire, c’est qu’on peut dire que l’Arabie Saoudite non plus ne méritait pas vraiment de passer, coupable d’avoir trop reculé, coupable ne pas avoir tué le match alors qu’elle en avait largement les moyens. Et cette image de Roberto Mancini rentrant aux vestiaires avant même la fin des tirs aux buts est proprement hallucinante et en dit long sur les problèmes internes au sein de la sélection. Mais voir Jurgen Klinsmann s’en sortir a de quoi donner la nausée à beaucoup de fans de football. Et ce quart de finale qui se profile contre l’affreuse Australie a donne déjà des frissons d’effroi.

Roberto Mancini n’a donc pas vu Hwang Hee-chan (11) inscrire le tir au but décisif et aller remercier son Jo Hyeon-woo (21), auteur de deux arrêts

Bahreïn 1-3 Japon : Le Japon au point mort

Après un premier tour poussif dans les résultats et mauvais dans le contenu, les Samurai Blue espèrent se rassurer dans un huitième de finale qui s’annonce à priori facile. Bien que surprenant vainqueur de son groupe, le Bahreïn n’a en effet pas montré grand-chose qui pourrait laisser penser qu’il est capable d’inquiéter le Japon. Sauf que le Japon montre rapidement qu’il n’est toujours pas rentré dans sa compétition avec un coup d’envoi raté… Oui oui, un coup d’envoi. Mis en difficulté dans les premières minutes par un pressing Bahreïni agressif, les Nippons peinent à sortir de leur camp. Seul un arrêt de Lutfallah sur de Ueda fait frissonner un peu le stade dans la première demi-heure. Car le Japon est dans la parfaite lignée de ses prestations précédentes : le jeu est mou, lent, avec pas ou peu de passes tranchantes et aucune percussion, ni de Kubo, ni de Nakamura, ni de Dôan. On ne sent pas les joueurs concernés, ci ce n’est Seiya Maikuma, titularisé pour la deuxième fois à la place de Sugawara, et à créditer d’une nouvelle bonne prestation bien plus solide que son homologue. C’est d’ailleurs lui qui, à la 30e minute, est seul aux 25 mètres et déclenche une frappe surpuissante qui s’écrase sur le poteau. Ristu Dôan a bien suivi et le Japon ouvre le score. Rien ne sera à signaler jusqu’à la reprise, où dès la 49e, Kubo profite d’une mauvaise balle donnée en retrait par la défense du Bahreïn pour planter le 2-0. Le Japon ne brille toujours pas, mais pense enfin respirer, d’autant que le Bahreïn semble tout simplement trop faible pour entreprendre quoi que ce soit. On en avait presque oublié que Zion Suzuki gardait encore les cages japonaises. Mais le gardien de Saint-Trond va en une minute se faire une joie de nous rappeler sa présence. D’abord par un miteux dégagement du poing qui rend le ballon à un joueur adverse, puis en manquant sa claquette sur un centre anodin. Et enfin sur le corner qui suit, tête de Sayed Baker, Suzuki repousse approximativement le ballon qui part en cloche tout en se dirigeant dangereusement vers le but. Le gardien tente de se saisir du ballon, mais Ayase Ueda, qui défendait le premier poteau, veut lui dégager de la tête. Les deux hommes se percutent et le ballon termine dans le but. Un but invraisemblable, gaguesque, les mots manquent pour qualifier le scandale qui se déroule. Le Japon, qui menait tranquillement 2-0 à la 65e minute, donne à un adversaire inoffensif le droit de rêver. Pas trop longtemps tout de même, car à la 73e, l’excellent Maikuma donne à Ayase Ueda qui élimine une défenseur et s’en va inscrire le troisième but. La finition est propre et rappelle à quel point ces Samurai Blue, quand ils appuient sur l’accélérateur, sont difficilement rattrapables pour la plupart de ses adversaires. C’est très frustrant. Et le Japon s’en ira donc en quart de finale avec toujours aussi peu de certitudes et autant de motifs d’inquiétudes. En particulier sur le poste de gardien de but. Seul satisfaction peut-être, le retour d’un Kaoru Mitoma qui semble en pleine forme, qui nous aura gratifié déjà de quelques belles chevauchées (il est vrai face à un adversaire fatigué), et qui aurait pu s’offrir une ou deux passes décisives, voire un but, si Takuma Asano, lui aussi entré en jeu, ne gâchait pas tout comme la fraude qu’il est. Un petit motif d’espoir pour un avenir qui s’annonce sombre dans le tournoi pour le Japon…

Sous les yeux médusés de Marhoon (8), Zion Suzuki (23) se télescope avec Ueda (9) et relance le match

Iran (5) 1-1 (3) Syrie : Spécialité persane

Les huitièmes de finale se concluent par un match à priori très déséquilibré. Si la Syrie de Héctor Cúper a montré une solidité réelle en phase de poule, son attaque ne fait clairement peur à personne. On ne peut pas en dire autant de la Team Melli qui aligne la grosse artillerie : Jahanbakhsh, Taremi, Ghayedi, Azmoun. La ligne d’attaque fait peur et au coup d’envoi, la question qui se pose n’est pas si un exploit de la Syrie est possible, mais plutôt combien de temps elle va tenir dans le match. Les Iraniens en ont conscience… Peut-être un peu trop. On s’attendait à un feu d’artifice comme contre la Palestine ou les EAU, c’est finalement une copie du match contre Hong-Kong qui nous est servi. A savoir une possession stérile avec peu de mouvements et d’occasion. Les Syriens ne parviennent absolument pas à aller dans le camp adverse, mais ils sont disciplinés et pas vraiment en danger. Mais ils vont se faire trahir par l’un des leurs : Aiham Ounou, pourtant le taulier de la défense, bouscule grossièrement dans le dos Mehdi Taremi et provoque un pénalty aussi stupide qu’incompréhensible. Taremi se fait justice et voilà l’Iran qui mène sans forcer. Et vu à quel point la Syrie est limitée, on ne peut pas en vouloir aux gens qui ont pensé que la rencontre était plié après une demi-heure. Sauf qu’au lieu de dérouler, l’Iran continue à jouer à la baballe, se créé des opportunités par-ci par-là mais ne mets vraiment la tête des Syriens dans le seau, alors qu’elle en a pourtant largement les moyen. Et à l’heure de jeu, arrive le plus grand ennemi de l’Iran, sa bête noire : l’Iran elle-même. Sur un anodin ballon en profondeur, le gardien Alireza Beiranvand accroche Pablo Sabbag et provoque un pénalty, cette fois syrien. La star syrienne Omar Kharbin le transforme sans problème et la Syrie, un peu sortie de nulle part, recolle au score. L’Iran se retrouve punie pour avoir joué les mains dans les poches depuis le début de la rencontre. Et le danger devient alors immense pour la Team Melli.

L’Iran paye sa nonchalance par l’égalisation sur pénalty de Omar Kharbin (7)

Car une question subsiste chez les observateurs depuis le début de la compétition : à partir de quand l’Iran va-t-elle s’écrouler mentalement. Depuis des années en effet, malgré leurs qualités évidentes de footballeurs, les joueurs iraniens ont la fâcheuse tendance à péter les plombs à la première difficulté. Et c’est exactement ce que l’on ressent après l’égalisation, dans les regards et dans les attitudes. Les Perses ont l’impression que le match leur échappe et ont l’air de craquer nerveusement. Ils n’arrivent plus à jouer. La désorganisation règne. Ezatolahi, Mohebi, les cartons jaunes s’enchainent à la vitesse de l’éclair. Mehdi Taremi aussi est averti pour une simulation ridicule dans la surface syrienne. Qu’un joueur comme Taremi en vienne à ce genre de chose dans un match où la VAR est active est déjà idiot en soi, mais cela devient dramatique lorsqu’à l’entrée du temps additionnel, dans une tentative maladroite de couper un contre qui partait bien pour la Syrie, il reçoit un deuxième carton jaune et est donc exclu. Inoffensive et craintive jusque là, la Syrie sent que le vent a clairement tourné en sa faveur et commence à attaquer. Sabbag manque même de peu la balle de match en étant trop perso alors qu’il pouvait servir un partenaire mieux placé. On sent qu’il n’y a plus rien dans la tête des Iraniens. Ils souffrent tellement qu’on vient presque à être soulagés pour eux que les Syriens ne soient pas les footballeurs les plus habiles avec un ballon. Des limites techniques illustrées par les pieds carrés de l’arrière droit Abdul Rahman Weiss et ses nombreux centres ratés. Les Perses accueillent la prolongation avec soulagement, bien qu’ils continuent de subir un peu. Heureusement, la Syrie attaque n’importe comment et ne se montre guère dangereux. De même pour la Team Melli qui s’est au moins remise la tête à l’endroit. Suffisamment pour arriver aux tirs au but. La Syrie a laissé passé une chance inespérée, car les Iraniens, vraisemblablement parfaitement préparés à l’exercice, envoient cinq missiles transpercer les filets, tandis que Fahd Youssef échoue devant Beiranvand. La Syrie repart presque avec des regrets contre un favori à la victoire finale, mais repart avec les honneurs et le sentiment d’un tournoi réussi. L’Iran elle va soulever pas mal d’interrogations sur sa fragilité mentale. Privée de Mehdi Taremi et à l’aube d’une finale avant l’heure contre le Japon, la question est plus que jamais d’actualité : le principal adversaire de l’Iran ne serait-il pas l’Iran elle-même ?

Symbole du craquage des Iraniens, Mehdi Taremi (au sol) est exclu et invité par l’arbitre à rejoindre les vestiaires

Les Pintes d’or des huitièmes de finale

Vakhdat Khanonov (Tadjikistan) : Un superbe but qui vient donner plus de crédit à son match remarquable en défense. L’une des révélations du tournoi et une perle à aller cherche pour de nombreux clubs.
Petar Šegrt (Tadjikistan) : Par son look à la Einstein très atypique, par son charisme, par son côté rassurant et protecteur pour ses joueurs, comme un papa regardant ses enfants devenirs grands, et enfin par son fair-play et son respect de l’adversaire, l’entraineur croate est une bouffé d’air frais dans le monde des entraineurs.
Akram Afif (Qatar) : Que serait le tenant du titre sans lui ? Ecarté par Carlos Queiroz, Afif est revenu aux affaires avec le récent changement de sélectionneur et prouve par son tournoi de haute volée, où il est le seul Qatari vraiment digne de son rang de champion en titre, qu’il est le facteur X de son équipe.
Abdallah Nasib (Jordanie) : Parfait dans la couverture et l’anticipation, il est l’un des principaux rouages qui ont permis aux Jordaniens de neutraliser le jeu irakien.
Musa Al-Tamari (Jordanie) : Véritable guide pour son équipe, le Montpellierain continue d’émerveiller par la qualité de ses prises de balles, de ses déplacements, de sa complémentarité avec des coéquipiers. Elégant et décisif, il réalise un tournoi de haute volée.
Abbosbek Fayzullaev (Ouzbékistan) : Joueur ouzbek le plus en vue depuis le début du tournoi, il ajoute à son côté joueur frisson l’attribut de « joueur décisif ». Sans doute la future star du football d’Asie centrale.
Ayase Ueda (Japon) : Sans faire de bruit, il en est déjà à quatre buts en autant de match, et ce avec un impact suffisamment significatif pour être relevé. Une éclaircie dans le marasme qu’est l’attaque nippone dans ce tournoi.

Les Bières réchauffées des huitièmes de finale

M. Alireza Faghani : Le manque de discernement de l’arbitre iranien, devenu australien depuis peu, est une tâche indélébile sur ce formidable Irak-Jordanie et va alimenter les complots géopolitiques. Qu’il marque de son emprunte un si beau match fait qu’il rejoint la liste des « criminels du football ».
Lucas Mendes (Qatar) : L’ancien marseillais donne l’impression d’être utile balle au pied, mais il symbolise parfaitement les difficultés défensives du Qatar. Mal placé, manquant d’impact, il est le point faible du point faible de l’équipe.
Kim Min-jae (Corée du Sud) : Où est donc passé le roc du Napoli ? Constamment en retard dans les duels, le défenseur met son équipe en danger depuis deux matches. Souhaitons lui de se rependre.
Roberto Mancini (Arabie Saoudite) : L’entraîneur italien a eu tout faux non seulement dans ses choix tactiques durant la rencontre, mais aussi dans son attitude. En partant du banc comme un voleur et en rentrant au vestiaire avant même la fin des tirs au but, il a fait preuve d’un manque de respect inouï envers ses joueurs. Déjà au cœur des polémiques au début de la compétition, Mancini a affiché au grand jours les fractures avec son vestiaire et il est peu probable qu’il continue avec les Faucons verts.
Zion Suzuki (Japon) : Pourtant peu exposé au cours de la rencontre, le gardien de 21 ans a encore une fois fait preuve de sa fébrilité et a relancé à lui tout seul un match qui semblait plié. Difficile d’imaginer le Japon aller au bout avec un dernier rempart aussi permissif. Même si la compétition est déjà bien avancée, il semble nécessaire que le coach nippon change de gardien avant qu’il ne fasse la boulette de trop.
Le mental iranien : Un locuteur du farsi pourrait-il nous apprendre comment se dit « mental en mousse » en perse ? Cela devient presque un running-gag assez pathétique. A la première difficulté, les Iraniens pètent littéralement les plombs et leur plan de jeu s’effondre. C’est passé pour cette fois, mais pour viser le titre, ce point est comme chacun le sait crucial.

Le match « coup de cœur » des huitièmes de finale

Pas de surprise ici. Le Tadjikistan – Emirats Arabes Unis mérite tout de même une petite « mention honorable ». Mais le match Irak – Jordanie fait partie de ces rencontres qui marquent durablement ceux qui les ont vu. La rencontre était déjà de très grande qualité avant la 75e minute. Puis ce scénario dantesque de la fin de match l’a fait basculer dans la catégorie des « matches de légende », ceux qui font l’histoire d’une compétition. On regretta deux chose : qu’une décision ubuesque d’un arbitre pollue le ressenti que l’on puisse avoir de cette partie. Et que l’on ait eu à dire au revoir à l’une de ces deux équipes tant le spectacle qu’elles nous ont proposé était beau.

Le programme des quarts de finale

Tadjikistan – Jordanie (vendredi 2 février, 12h30 heure française)
Australie – Corée du Sud (vendredi 2 février, 16h30)
Iran – Japon (samedi 3 février, 12h30)
Qatar- Ouzbékistan (samedi 3 février, 16h30)

A suivre en France et en Belgique gratuitement et en intégralité sur la chaine YouTube « AFC Asian Cup »

Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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10 réflexions sur « Coupe d’Asie 2023 : Dramaturgie au rendez-vous pour les 8e de finale »

  1. Superbe papier encore une fois, ce qui m’attriste sur cette Coupe d’Asie, c’est que les équipes frissons vont se faire surprendre par des favoris clairement pas au niveau…

    L’amoureux de football (et nostalgique de l’URSS) que je suis aimerait un duel d’Asie Centrale entre Ouzbeks et Tadjiks en finale mais j’ai bien peur que l’on va subir une abjecte conclusion à base de Japon/Qatar face au vainqueur de l’effroyable Australie/Corée du Sud.

    Merci Xixon et vive le beautiful game !

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  2. Beau résumé ! Par contre que dire du portier japonais Suzuki… Il a fait une erreur qui entraîne un but quasiment à chaque match depuis le début de la compétition !! Les remplaçants sont-ils réellement si faibles pour qu’il continue à être titulaire ?

    Épique match entre Irakiens et Jordaniens, même si l’expulsion de Hussein va faire encore couler beaucoup d’encre.

    Le mental fébrile des Iraniens, ça existe depuis quand ? Avez-vous connu une période où ils étaient plus solides mentalement ?

    Allez, pour les pronos, je vois en demi-finale Ouzbékistan vs Iran et Australie vs Jordanie 🤓

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    1. J’ai l’impression que les Iraniens ont toujours eu un mental friable. Une attitude du « seuls contre tous » qui vient sans doute de la situation géopolitique.
      Mais ce qui m’a marqué sur ce point, c’est la demi de 2019 contre le Japon. Ils étaient dans le match. Et puis Minamino perce, est à la lutte avec un défenseur, il tombe. Et là, tous les Iraniens s’arrêtent et se ruent sur l’arbitre… Sauf que ce dernier n’a jamais sifflé. Du coup, Minamino se relève et à tout le temps de centrer sur Ôsako qui marque. Les Iraniens ne s’en relèveront pas.
      Je trouve que cette attitude est très symptomatique de ce qu’est l’Iran : une équipe bourrée de talent mais se met toute seule la pression

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      1. Haha. J’ai échangé quelques passes avec ma fille dans le stade Dugarry de Lormont!

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    1. Ben cette élimination est un échec personnel. Il n’a jamais semblé concerné. Et son comportement est propremement scandaleux et constitue, si j’étais président de la fédé saoudienne (donc l’argent ne serait pas un problème), un motif de licenciement immédiat

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