France – Danemark 2002 : Sans illusions, sans gloire

Aujourd’hui, l’Equipe de France rencontre le Danemark en phase de poule de la Coupe du monde et avec le statut de tenant du titre. « Hmm… J’ai déjà vu ça… » Non, ce n’est pas une simple réplique de Néo dans le film Matrix, c’est bien la réalité. Car si la France et le Danemark ont souvent eu l’occasion de croiser le fer en Coupe du monde ces dernières années, la rencontre du jour partage bien des similarités avec celle s’étant déroulé 20 ans auparavant. Prenons donc notre Dolorean flambant neuve et remontons le temps, direction Incheon, le mardi 11 juin 2002. Ce jour là, la France tombait de très haut…

Se forcer à y croire

Le 10 juin, veille de match, la nouvelle tombe : Zinedine Zidane pourra jouer la troisième rencontre de l’Equipe de France face au Danemark. Le Figaro titre « Zizou revient, le sourire aussi. » C’est tout l’Hexagone qui pousse un ouf de soulagement et pense enfin voir le bout de ce long tunnel qu’est le début de ce Mondial 2002. Victime d’une déchirure à la cuisse à quelques jours du début de la compétition lors d’un match amical contre la Corée du Sud, le meneur de jeu des Bleus avait été contraint de regarder les piètres performances de ses partenaires depuis le banc de touche. Son absence se ressentait alors terriblement, et même les moins aguerris des amateurs de football se rendaient bien compte que, privée de son leader technique, l’animation offensive de l’Equipe de France s’en retrouvait considérablement affaiblie.

C’est pourtant bien d’une animation offensive performante dont va avoir besoin la bande à Roger Lemerre sur la pelouse d’Incheon. Malgré leur mauvais départ, les circonstances du groupe A leur permettent encore de croire en une qualification à l’arraché pour les huitièmes de finale. La mission : battre le Danemark par deux buts d’écart ou plus. Les Bleus passeraient alors à coup sur devant leur adversaire et finiraient quoiqu’il arrive aux deux premières places, indépendamment du score dans l’autre match entre le Sénégal et l’Uurugay. Tout autre résultat serait à l’avantage des Vikings à la faveur d’un goal-average et d’un nombre de buts marqués favorables. Ainsi, la situation se présente comme celle d’un match de Coupe d’Europe que les Bleus auraient perdus 3-1 à l’extérieur, et dont il faudrait remonter le score au match retour. Un défi de taille face à une équipe dont on pensait déjà qu’elle était la plus solide dans ce groupe. Mais la France veut se croire capable de forcer le destin grâce au retour de son numéro 10.

Une du journal L’Equipe du 11 juin 2002, jour du match

Ce retour de Zidane n’est pourtant qu’une rare éclaircie dans un ciel déjà bien assombri… Quoiqu’en disent les déclarations des uns et des autres, la confiance du groupe est à un bas niveau rarement atteint depuis longtemps. La perspective d’une élimination précoce, malgré un statut d’immense favori à sa propre succession, inquiète en interne. Bien qu’attendue, l’attaque est restée muette sur les deux premiers matches. La défense est loin d’être rassurante, la condition physique est loin d’être optimale. Et surtout, le caporal Roger Lemerre a un champ des possibles particulièrement restreint pour accomplir la mission du jour. Déjà privé d’un Robert Pirès à son prime depuis plusieurs mois, le sélectionneur national doit composer avec des Djorkaeff, Lizarazu et Dugarry dans une méforme évidente ; avec un Micoud en manque de confiance qui n’aura pas convaincu face à l’Uruguay ; avec la blessure de Frank Lebœuf ; et enfin les suspensions d’Emmanuel Petit et surtout de Thierry Henry, expulsé au match précédent.

Les Bleus se présentent donc avec une équipe sans doute au mieux des possibilités, mais loin de son potentiel maximum. Un 4-2-3-1 avec Fabien Barthez dans les buts et une défense composée de Lizarazu, Desailly, Thuram et Candela, soit une configuration que beaucoup (et particulièrement les détracteurs de Frank Lebœuf) espéraient voir depuis longtemps. Deux milieux récupérateurs, Makélélé et Vieira, auront pour tâche d’empêcher les contres danois. Enfin, Zidane, qui fait son retour, mènera le jeu et aura pour but de combiner avec Wiltord et Dugarry ou de servir Trezeguet en pointe.

En face, l’équipe du Danemark sait qu’elle est en position de force et qu’elle n’a pas besoin de prendre plus de risques que nécessaires. Evoluant habituellement en 4-4-2, le sélectionneur Morten Olsen aligne en ce jour une formation bien plus rajeunie et défensive que sur les précédents matches avec un 4-3-3 assez prudent, où Niclas Jensen remplace le vieillissant capitaine Jan Heintze au poste d’arrière gauche, et surtout le milieu Christian Poulsen remplace Ebbe Sand pour accompagner les rugueux milieux Gravesen et Tøftig, laissant Jon Dahl Tomasson seul en tant qu’attaquant de pointe. A noter également que Martin Jørgensen sera à l’aile à la place du virevoltant Jasper Grønkjær, beaucoup moins travailleur. Après une victoire très convaincante contre l’Uruguay, les Vikings avaient montré de grosses difficultés physique dans la chaleur de Daegu face au Sénégal. Pratiquant habituellement un jeu offensif et léché fondé sur des circuits de passes très marqués et travaillés ainsi que sur une grosses activité des deux ailiers, les Danois annoncent clairement leur intention de laisser le ballon aux Français et de chercher avant tout à les empêcher d’enflammer la rencontre.

« On veut Austerlitz, pas Waterloo ! » – Ce supporter de l’Equipe de France rayera l’une de ces deux batailles à la fin de la rencontre. Laquelle ?

Des failles béantes

D’un côté comme de l’autre, la tension se fait ressentir face au poids de l’enjeu. Mais cette nervosité apparait de façon bien plus clair chez les champions du monde, à l’image de Dugarry qui prend dès la 8e minute un carton jaune stupide pour avoir voulu empêcher un Danois de faire une touche rapidement. Cela dit, sachant ce qu’ils ont à faire, les Français tentent d’entrée de mettre du rythme et de se placer très haut dans le camp danois. Un effort qui semble ne durer que quelques minutes. Car si les Bleus sont effectivement hauts sur le terrains, les déplacements et les passes demeurent d’une extrême lenteur. Déjà des difficultés physiques ? Ou volonté de ne pas se précipiter ? Toujours est-il qu’à la fin du premier quart d’heure, on ne peut que constater l’incapacité de l’Equipe de France à mettre la pression sur la défense danoise et à se créer des situations dangereuses. Sans doute surpris par la mollesse de leur adversaire, les Danois prennent rapidement confiance et n’hésitent pas sortir pour tenter de contrer, à l’image de la première action dangereuse de la rencontre à la 11e minute. Le point faible de l’Equipe de France est déjà clairement identifié par les hommes de Morten Olsen : les montées beaucoup trop enthousiastes de Vincent Candela, couplées au volume de jeu insuffisant de Vieira, laissent des trous énormes sur le côté droit de la défense que Jørgensen et Rommedahl se font une joie d’exploiter.

Au bout de 15 minutes, l’Equipe de France semble déjà bien coupée en deux, et défendre n’est qu’une formalité pour les Danois. Ceux-ci effectuent un marquage très strict sur Wiltord, Dugarry et Trezeguet, et quadrillent très bien le terrain grâce au trio Gravesen-Poulsen-Tøftig, ce qui oblige Zidane à redescendre très bas. Le meneur de jeu des Bleus, strappé à sa cuisse gauche encore blessée, n’est de toute évidence pas au meilleur de sa forme, mais reste le seul qui semble en mesure de fluidifier le jeu français grâce à sa légendaire protection de balle et ses passes toujours dans le bon tempo. Mais malgré tout son talent et sa bonne volonté, le Madrilène n’est pas vraiment aidé par ses partenaires qui demeurent beaucoup trop statiques et dont l’absence de percussion ou de projection ne permet pas de mettre en difficulté les défenseurs adverses. On ne voit pas assez de mouvement, pas assez de combinaisons en une ou deux touches de balles… Il faut attendre une erreur de Jensen pour voir Trezeguet avoir sa première opportunité à la 17e minute, mais son tir est stoppé par l’immense Thomas Sørensen.

Image de Zidane, encore blessé à la jambe, échouant à récupérer un long ballon en profondeur et perdant l’équilibre avant de finir au sol. Symbole de son manque de forme.

Alors que le faux rythme s’installe, ce qui n’arrange pas les affaires des Français, les Danois obtiennent une touche près du poteau de corner à la 22e minute. Expert des longues remises en jeu, Stig Tøftig envoie un boulet de canon dans la surface française que la défense bleu cafouille et a toutes les peines du monde à dégager. Le ballon revient sur Tøftig qui aperçoit Denis Rommedahl à l’opposé de la surface de réparation et totalement esseulé. Parfaitement servi et libre de tout marquage, l’ailier du PSV Eindhoven ajuste tranquillement Fabien Barthez d’une belle reprise de l’extérieur du pied droit. Qui a fauté sur cette erreur de marquage grossière ? Candela ? Desailly ? Wiltord ? Quoiqu’il en soit, le Danemark mène 1-0, et on ne peut pas dire que ça soit contre le cours du jeu.

Denis Rommendahl esseulé ajustant superbement Fabien Barthez de l’extérieur du droit

Impuissance

Bien que n’étant pas vraiment imméritée, ce but danois est le scénario catastrophe pour les champions du monde en titre, qui se retrouvent plus que jamais au bord du précipice. Ce n’est maintenant plus deux buts qu’ils doivent marquer, mais trois. Et ce, alors qu’ils n’ont été capable d’en inscrire un lors des deux matches précédents. Et alors qu’ils sont encore moins proche de réussir au cours de cette première moitié de mi-temps, on peut difficilement être optimiste quant à l’avenir dans cette Coupe du monde des hommes de Roger Lemerre.  Les joueurs eux-mêmes ne semblent pas en mesure de démarrer une révolte. De toute évidence, on le lit sur les visages, ils ont pris un énorme coup au moral. Ils apparaissent déjà résignés. Comme s’ils venaient de comprendre que le sort était déjà jeté, que toute la réussite accumulée ces quatre dernières années venait subitement de leur échapper. A l’image de Zidane, qui tente une merveille de frappe enroulée, mais qui frôle l’extérieur de la lucarne là où elle aurait sans doute été dedans à l’Euro 2000.

Là où on aurait pu être en droit d’espérer un changement dans la physionomie des choses, il n’en est rien. La rencontre devient même encore plus facile pour des Danois qui gèrent tranquillement le tempo du match, faisant habilement circuler le ballon et courir des Français incapables de mettre en place un pressing cohérant. Les attaques françaises sont facilement avortées grâce à un bien meilleur positionnement , et lorsqu’ils récupèrent le ballon, ils s’engouffrent rapidement dans les nombreux intervalles laissés par les Bleus… Avant de revenir vers l’arrière, et refaire tourner le ballon, contribuant à fatiguer encore davantage leur adversaire. Nul doute, le Danemark livre une rencontre de qualité et pleine d’intelligence.

Côté français, le schéma tactique s’effrite de minute en minute. Le positionnement de Vincent Candela pose particulièrement question. Beaucoup trop offensif, jouant trop souvent à contre-temps et coupable de nombreuses pertes de balles, c’est essentiellement de son côté que repartent les contres danois. Au micro de TF1, Laurent Blanc tente de défendre son ancien coéquipier face aux critiques de Jean-Michel Larqué, expliquant qu’il est « de base beaucoup plus offensif à la Roma. » Et Larqué de répondre d’un cinglant, mais néanmoins véridique : « Oui mais là, il n’est pas à Rome ! Il est en Equipe de France. » Une remarque à laquelle le Président ne peut qu’acquiescer.

Les deux équipes rentrent donc au vestiaire sur cet avantage en faveur des nordiques, et on voit mal comment les Bleus pourraient parvenir à inverser la tendance. Au retour, les Danois effectuent un changement sur l’aile gauche : Grønkjær remplace Jørgensen. Sentant que les Français vont probablement se jeter à l’abordage bien qu’étant extrêmement vulnérables sur le côté de Candela, on peut imaginer que Morten Olsen considère comme bien plus intéressant d’essayer d’enfoncer le clou plutôt que d’aligner le bus devant la surface de Sørensen. Cinq minutes après la reprise, Desailly sur corner voit sa tête échouer sur le poteau du gardien danois. C’est la quatrième fois que les Français touchent les montants dans ce tournoi. S’il fallait une preuve que la chance n’était pas prête de sourire, elle est sans doute là.

Ecroulement

Décidé à jouer le tout pour le tout, Roger Lemerre décide à la 55e minute de sortir Dugarry et de le remplacer par Cissé. Un choix surprenant qui va se révéler plus désastreux qu’autre chose. Bien que l’attaquant d’Auxerre soit volontaire, l’entrée de Cissé est en fait un non-sens tactique total, digne d’une croyance d’amateur selon laquelle il suffirait d’empiler les attaquants de pointes pour marquer plein de buts. Car désormais, l’Equipe de France se retrouve avec trois numéros 9 de métier sur la ligne offensive qui ne vont cesser de se marcher dessus, et créant de fait une situation de déséquilibre encore plus grande qu’avant.

Là où l’entraîneur français, dans un ultime recours, espérait enfin enflammer le match et provoquer une pluie d’occasion françaises, c’est au contraire le Danemark qui va se procurer des situations dangereuses à la chaîne. Difficile de savoir s’il s’agir d’une initiative personnelle ou d’une consigne de l’entraîneur, mais Vincent Candela multiplie les charges cavaleresques et les incursions dans l’axe du terrain, laissant des boulevards à Grønkjær sur le côté droit de la défense française. Lilian Thuram ne peut colmater les brèches à lui tout seul. Zidane lui, ne peut même plus fluidifier un tant soit peu le jeu de son équipe tant le positionnement de ses coéquipiers est bordélique et illisible.

Ainsi, pendant presque un quart d’heure, le même schéma va inlassablement se répéter : une attaque mollassonne et anarchique des Français est facilement stoppée par une défense danoise bien en place. Laquelle, bien aidée par l’absence de contre-pressing, peut facilement relancer proprement sur Gravesen, Tøftig ou Poulsen, qui eux n’ont plus qu’à écarter sur le flanc gauche – celui de Candela – où ils sont certains de trouver un joueur démarqué. Face à un tel effondrement tactique, n’importe quel amateur de football peut se rendre compte de la situation. Que bien que Barthez et Thuram retardent l’échéance comme ils peuvent, l’évidence est bien là : il va y avoir un deuxième but et il sera danois. Ce n’est qu’une question de temps.

Et malheureusement pour l’Equipe de France, cela arrive à la 67e minute, avec Grønkjær une nouvelle fois lancé et démarqué sur le côté gauche. L’ailier de Chelsea peut centrer tranquillement au niveau du point de penalty. Trop tendre au duel, Marcel Desailly s’écroule et ne peut que regarder Jon Dahl Tomasson fusiller Barthez d’un plat du pied. Au micro de TF1, le trio Thierry Roland-Jean-Michel Larqué-Laurent Blanc, exprime avec dépit, résignation mais néanmoins beaucoup de justesse le côté tragique de la situation :

Jean-Michel Larqué : Laurent ? Ils doivent le ressentir sur le terrain, mais on le sent des tribunes…

Laurent Blanc : Oui tout à fait !

Jean-Michel Larqué : Ce sont les Danois qui…

Laurent Blanc : Qui ont la maîtrise du ballon ?

Jean-Michel Larqué : Qui ont la maîtrise du ballon. Qui ont la maîtrise tactique… Encore une fois ! Grønkjær dans le dos ! Grønkjær dans le dos de Candela ! Et but de Tomasson !

Thierry Roland : Et voilà ! Jon Dahl Tomasson qui marque son quatrième but du tournoi ! 2 à 0 pour le Danemark… Cette fois-ci, la messe est dite et elle est bien dite !

Jean-Michel Larqué : Elle était dite depuis un moment Thierry…

Thierry Roland : Oui c’est vrai, c’est vrai… Enfin disons que là, ça enfonce le clou !

Jean-Michel Larqué : Il n’y a que les aveugles qui ne voulaient pas voir la réalité. Car là, les Danois se baladent ! Et à l’instant où on disait avec Laurent qu’ils avaient la maîtrise du jeu, eh bien une fois de plus dans le dos de Candela – qui, on le lui rappellera, ne joue pas à Rome mais en Equipe de France – Grønkjær tranquillement est allé donner ce ballon du K .O. pour l’Equipe du Danemark, qui est de très loin la meilleure sur le terrain aujourd’hui.

Thierry Roland : Oh oui ! Là, y’a pas photo ! C’est le moins que l’on puisse dire…

Jean-Michel Larqué : Elle est meilleure individuellement. Elle est meilleure collectivement. Elle est meilleure tactiquement. Elle est meilleure dans à peu près tous les compartiments du jeu.

Le crépuscule

L’affaire est donc pliée. Et la seule chose à faire est d’essayer de sauver le peu d’honneur qu’il reste à l’Equipe de France. Les futurs ex-champions du monde tentent dans une ultime réaction d’orgueil d’attaquer pour au moins marquer un but et sauver les apparences. Valeureux, Djibril Cissé tente de se montrer actif et manque de réduire l’écart suite à une volée puissante mal maitrisée par Sørensen mais qui fleurte avec le poteau. Deux minutes plus tard, sur la seule véritable action construite et percutante de l’attaque française, Wiltord déborde superbement et centre en retrait pour Trezeguet. Le Roi David est plus prompt que son vis-à-vis, et est d’habitude systématiquement buteur lorsqu’il est dans cette position. Il parvient à reprendre du gauche. L’action est splendide. Sørensen est battu. Cette fois, c’est le but assuré ! Mais le ballon s’écrase sur le dessous de la barre transversale et rebondit juste devant la ligne de but. Complétement désabusé face à ce manque de baraka, Trezeguet préfère en rire…

La tentative de Trezeguet s’écrasant sur la barre. C’est le cinquième poteau du tournoi pour les Bleus qui ne marqueront pas un but.

C’est le coup de grâce sur les Bleus, complètement abattus et résignés. Sur l’action suivante, Wiltord à nouveau en bonne position pour centrer, tape dans la terre et échoue à frapper dans le ballon. C’est le calice jusqu’à la lie. Les 20 dernières minutes des tenants du titre dans cette Coupe du monde 2002 ne sont qu’un long et douloureux supplice pour les supporters français. Le rythme retombe pour de bon et il règne une douce et mélancolique atmosphère de fin de règne.

Les Danois ont un peu pitié des champions du monde et ne cherchent pas plus que ça à corser d’avantage l’addition, bien qu’il le pourraient sûrement tant les espaces sont grands dans l’entrejeu français. Vieira et Makélélé ont d’ailleurs complétement disparus et ce sont uniquement des mauvaises passes danoises permettent à la défense de récupérer le ballon. Seul Kasper Bøgelund, entré en jeu et soucieux de se montrer, continue à être très remuant et procure par deux fois de nouvelles sueurs froides à Barthez. A 10 minutes du terme, Roger Lemerre décide de faire entrer Youri Djorkaeff. Une apparition qui prend des allures de jubilé pour l’ancien intériste qui quittera l’Equipe de France au coup de sifflet final.

Ce coup de sifflet fatidique arrive sans que rien d’autre de notable ne se passe. La Coupe du monde 2002 est déjà terminée pour l’Equipe de France, battue sans gloire dans un match à sens unique pour le Danemark. Au micro de TF1, Roger Lemerre se montre lucide : « Il faut dire les choses comme elles sont : on a pas été à la hauteur de ce championnat du monde. Il n’y a rien à dire, on ne méritait pas de se qualifier. » Même s’il ne l’annonce pas complètement, il sait que cet échec cuisant sonne la fin de sa belle aventure avec l’Equipe de France. Des Bleus qui quittent le tournoi avec deux défaites et un nul au compteur, et surtout sans avoir réussi à inscrire le moindre but. L’humiliation est totale ! Le mythe de l’Equipe de France invincible s’est écroulée comme un château de cartes et le bonheur des succès de 1998 et 2000 vient de s’évaporer. C’est la fin d’un monde… La France du football vient de prendre une gifle monumentale et se tourne désormais à chercher des explications à ce fiasco.

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Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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37 réflexions sur « France – Danemark 2002 : Sans illusions, sans gloire »

  1. Quelle purge ! le match, pas le texte !
    Je me souviens l’avoir vu en pointillé au… bureau, un matin. Je veillais sur les archives audiovisuelles d’un institut de recherche (que des films chiantifiques). Une télé qui servait de moniteur était installée dans le bureau à côté. J’avais le son et de temps en temps j’allais jeter un oeil, mais j’en ai eu vite marre tellement c’était déprimant, surtout quand il faut se taper les commentaires des collègues et des voisins de bureau.
    Il se trouve que sur cette télé on a vécu en quasi-direct les attentats du 11 septembre 2001. On n’en croyait pas nos yeux.

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  2. PES2, vacances de la Toussaint, MJC… Je gagne un tournoi avec ce Danemark là ! Sorensen dans les buts, Helveg et M.Laursen (les deux joueurs du Milan AC), Nielsen et effectivement: le vieux capitaine Heintze alignés en défense… Poulsen, Gravesen, Tofting pour 2 places au milieu d’un classique « 442 à plat »… Jorgensen et Gronkjaer sur les côtés et bien sûr la doublette Ebbe Sand-JD Tomasson devant… Tomasson, ici encore un bon coup de Mercato de la part du Milan AC et attaquant dont j’avais le maillot (celui du Danemark).
    Morten Olsen m’a également toujours plus comme coach… Bref, un doux souvenir, un beau Danemark.

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    1. Morten Olsen : grand footballeur, grand entraîneur (il l’était déjà comme joueur, le fort surfait Piontek lui doit d’ailleurs une fière chandelle)..et même un impeccable gentleman ; pour ma part un très grand nom du football européen.

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      1. Leur génération des 70’s n’est pas moins belle que celle des 80’s!, j’en dirais même qu’elle était intrinsèquement plus forte et plus complète : des cracks dans toutes les lignes et évoluant dans les meilleurs clubs d’Europe : Bayern; Gladbach, Real, Anderlecht, Bruges, Ajax..

        Rien que le gardien, Birger Jensen : il était extraordinaire (et doublé d’un showman hors-pair), le meilleur auquel furent, à les en croire, confrontés des Happel ou Liedholm!

        Le problème, et il est fondamental quoique pas toujours évident à considérer quand l’on vient d’une culture où le football fut professionnalisé très tôt : le professionnalisme n’est toléré au Danemark qu’à la toute fin des 70’s..or ça, ça change tout!

        Piontek, c’est le Michels danois : un type autoritaire, qui participa de la professionnalisation du cadre mais qui, en termes de culture-jeu, ne volait vraiment pas bien haut. En l’espèce, là où Michels put bénéficier des conseils avisés et éclairés du joueur et cerveau d’Ajax Henk Groot (on en reparlera), Piontek aura joui de l’expertise gagnée par Morten Olsen à Anderlecht, lequel Olsen parvint à le convaincre (ce fut compliqué..) d’adopter pour le Danemark le jeu anderlechtois du début des 80’s ; le « Danish Dynamite » n’était rien d’autre que ça (avec Laudrup dans le rôle de Lozano).

        Sans Olsen, sans Anderlecht : pas de Danish Dynamite.

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      2. Le cas danois est d’ailleurs l’un des plus illustratifs du ridicule absolu de l’approche de l’IFFHS, très ronflant et technocratique organisme qui, sous couvert de statistiques pures, entend « objectiver » l’Histoire du foot, lol..

        Faut voir le 11 du siècle qu’ils ont concocté pour le Danemark : quasi que du Danish Dynamite des 80’s..alors que l’âge d’or de ce pays le fut incontestablement au début du XXème (pas un seul joueur cité!!!), et que leurs joueurs des 70’s, mazette………. Les types qui ont pondu ces sélections débiles – mais qui finiront par s’inscrire dans le marbre! – seraient incapables du moindre abord culturel, dynamiques, apports stylistiques et tactiques.. Une bande d’idiots, mais influents!

        (la sélection belge, pays au professionnalisme quasi aussi tardif, est presque aussi à chier et risible)

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      3. Pour citer un qu’on ne cite jamais, j’aimais bien Andersen (j’adore les wing-backs, bon..mais celui-là était vraiment un tout bon, supérieur à son pourtant plus connu pendant droit John Sivebaek).

        Ce qu’apporta le passeur de savoir Morten Olsen ne fut pas transposé de A à Z (c’est impossible car il y a des contingences culturelles, sans compter qu’en football de sélection tu ne peux guère voire du tout recourir à du talent étranger), c’est plutôt bon 90% du pattern anderlechtois qui fut adopté disons – et 100% de ses grands principes.

        Dans le rôle de Elkjaer-Larsen? Un type qui n’avait pas la moitié de son talent mais globalement les mêmes qualités de puncheur et de puissance : le très éphémère international belge Willy Geurts.

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      4. Dream team DK du XXème siècle, selon cette bande de cuistres : https://www.iffhs.com/posts/1335

        Au bas mot 5 intrus dans le lot! (je ne serais aussi catégorique – car comparer des joueurs d’époques différentes, certes – si ce n’était si gros)

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      5. Et la belge : https://www.iffhs.com/posts/1260

        Là encore, la moitié des joueurs cités ne tient pas du tout (ce serait un peu, je ne m’en formaliserais pas) la route.

        ‘tention que, dans 20 ans : ce type de petites saloperies aura pour de bon supplanté le peu d’Histoire culturelle du foot qu’il nous reste.

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      6. John Jensen, c’est difficile à expliquer. J’etais tombé sur une émission humoristique anglaise qui refaisait certaines des actions les plus marquantes du foot. Genre celle du pauvre congolais Ilunga Mwepu. Celui qui balance le coup france adverse qu’il croit joué. Assez marrant. En plus Ilunga jouait son rôle.

        Mais il avait fait également un séquence sur Jensen. Son fameux but en finale de l’Euro. Mais avant cela, il présentait une longue compilation des frappes complètement ratées de Jensen avec Arsenal. Idem, c’était assez drole.

        Manque Rondved en défense, non?

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      7. Bota
        De Bruyne peut candidater, non? Il a quand meme un sacre niveau depuis plusieurs saisons.

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      8. De Bruyne, oui bien sûr.

        Les autres qui ne se discutent pas sont Braine, Van Moer et Gerets (indépassable au back droit pour la Belgique).

        Y a les cas discutables : Hazard ou Coppens? Kompany ou Dewalque ou Meeuws (Dewalque était franchement meilleur que Kompany..)? Van Himst ou Mermans?

        Et alors le reste est tout bonnement risible : Pfaff, Grün, Vertonghen, Scifo.. Il y eut a minima 3-4 joueurs supérieurs à chacun d’entre eux pour ces postes! mais, ah oui c’est vrai : ils ne jouèrent jamais à l’étranger, la belle affaire.

        L’absence par exemple d’un Ceulemans est juste sacrilège, mais le type paie de n’avoir pas jugé d’intérêt de jouer pour le Milan ou le Real.. Idem pour un Swartenbroeck : ces deux joueurs sont indépassables dans l’Histoire du foot belge – dont en termes de rayonnement international, et de leur fait!

        Ca a l’air très secondaire comme sujet, moi-même au fond je m’en tape.. si ce n’est que voilà le genre de trucs que les générations à venir retiendront plus tard – Cf. le nombre de stars du passé dont l’aura ne tient d’ailleurs qu’à cela..

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      9. John Jensen était un footballeur absolument quelconque, c’est le moins qu’on puisse dire.

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      10. Mais Jensen en est grâce à l’Euro 92 et aux beaux succès d’un Arsenal..dont il était pis que le maillon faible : un boulet.

        Les statistiques………….

        Je connais un type qui, à fins d’établissement de ces dream teams (il faisait partie du jury pour les cas norvégien et islandais), m’expliqua que la base était statistique, donc..mais pondérée par le niveau des championnats depuis lesquels ces stats avaient été glanées, lol.. Comme si le foot espagnol était supérieur au belge durant les 70’s, par exemple! Ou comme si l’AC Milan complètement borderline que dédaigna Ceulemans était meilleur que son FC Bruges!

        Et que faire, cas typique notamment des foots belge ou danois, de joueurs sensationnels mais interdits d’équipe nationale s’ils s’essayaient au football professionnel à l’étranger? Ben rien ou pas grand-chose..et on en arrive alors à ce genre de dangereuses inepties..

        J’aime bien un Vertonghen, mais le voir figurer pour l’éternité devant des Renquin, Thissen ou Maurice Martens.. : ce n’est pas sérieux!

        Moi aussi j’ai adoré Elkjaer-Larsen, quel joueur ; le voir cité est d’ailleurs l’une des occurrences les moins choquantes.. et cependant un pote danois m’a dit avoir tiqué en voyant son nom et non pas celui de l’un ou l’autre grands anciens et non moins prodigieux buteurs, du temps où le Danemark pourtant était bien plus injouable que ne le fut celui de Preben E-L.

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      11. Bota
        C’est sur qu’au niveau sélection ou club, les Belges n’ont rien à envier à l’Espagne dans les 70 et 80′. D’ailleurs, j’ai jamais vu entier le quart en 86. Qui méritait le plus d’aller en demi? J’ai en en tête le but égalisateur de Señor. Mais pas beaucoup plus.

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      12. L’absence de Rontved est sacrilège, oui.

        Mais c’est loin d’être la seule, tiens : John Hanssen! Ce n’était pas n’importe qui, au sein du Bayern triple champion d’Europe..

        Et d’aussi bons voire meilleurs ailiers danois que Brian Laudrup, ça n’est pas bien difficile à trouver rien que dans l’eurofoot des 60’s-70’s : Nilsen, Schmidt-Hansen.. Et que dire rayon centre-avants, où c’est tout bonnement la bouteille à encre.

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      13. Ah oui, le 1/4 de WC 86 SP-BE? 1ère mi-temps brouillonne des deux côtés..mais après c’est un super match, occases à gogo des deux côtés.

        Les deux gardiens sont excellents, même Zubi! La Belgique aurait pu/dû faire le break en seconde mi-temps, un raid à la Ceulemans sur la droite où il dépose son vis-à-vis, ça finit en 3 Belges contre le gardien..mais l’arbitre siffle, euh..ben je me demande bien quoi : hors-jeu c’est impossible, et s’il y a faute de Ceulemans elle est tout sauf évidente.

        Pour le reste : match équilibré et très plaisant.

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    2. Morten Olsen et aussi Henning Jensen, Le Fevre ou Ronved. Et d’un certain côté Simonsen. Cette génération qui a précédé la belle équipe danois de 84-86. Morten est évidemment là au Mexique.
      J’imagine que voir leurs accomplissements dans des championnats renommés a inspiré la bande de Lerby.

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  3. Nan mais quelle idée de sortir un texte sur ce match horrible, pile aujourd’hui ?!
    T’es malade, Xixon !
    On va leur marcher dessus, cette fois-ci.
    Je prédis une victoire foudroyante, grandiose et épique… 1-0.

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    1. Le spectre de 2002 (qu’ironiquement, je n’ai pas connu) me hante depuis que cette CDM au Qatar se rapproche !
      La victoire contre l’Australie m’a bien sûr rassuré, mais…

      Après, je ne cherchais pas non plus à leur porter la poisse 🙂
      Surtout à mettre en avant le côté « tragique » de cette rencontre, où l’on voulait bien y croire dans les minutes avant le coup d’envoi, mais où ça s’écroule rapidement…

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  4. Spectre? A titre personnel je m’en étais bien délecté, ça a fait abruptement redescendre des gars qui ne touchaient plus terre depuis un bon moment, entre leurs pubs à tout va, la 2e étoile de leur équipementier, l’arrogance des journalistes…
    Tout ce beau monde qui ne se sentait plus pisser est redescendu vite fait bien fait en l’espace de 3 matchs.

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  5. Article magnifique Xixon ! Avec une belle analyse technique et tactique qui fait vraiment plaisir 🙂

    Je n’ai jamais vu ce match en entier je crois, à l’époque, je terminais ma seconde année de 3ème et le match avait eu lieu en plein pendant les cours, je sais que j’ai suivi de loin (ah, le début des années 2000 avant internet) l’incroyable remontée de l’Uruguay face au Sénégal, passant à une tête de Morales d’une impensable victoire sud-américaine.

    On était pour beaucoup très déçus de ce parcours français, c’était comme si la coupe du monde était déjà terminée dans nos têtes. En plus, nous étions plusieurs dans la classe à jouer au foot dans des clubs amateurs et cela renforçait l’ambiance maussade lors des cours suivants.

    Merci pour cette belle remontée 20 ans en arrière 😎

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