Les Concours de 1900, des Jeux olympiques au rabais ?

Il est prévu que Paris organise les Jeux olympiques d’été en 2024. A cette occasion, la métropole française égalera sa rivale britannique. En effet, les deux mégapoles auront alors accueilli à trois reprises ce qui est devenu la principale compétition sportive mondiale : 1908, 1948 et 2012 pour Londres ; 1900, 1924 et 2024 pour Paris. Néanmoins, si les Jeux de 1924 ont trouvé leur juste place dans l’histoire de l’olympisme, on ne peut pas en dire autant des Concours de 1900. Pourquoi ? Principalement, sans doute, parce que le baron de Coubertin fut à l’origine d’une véritable légende noire concernant cette manifestation sportive.

« Une sorte de foire chaotique et vulgaire » : Coubertin à l’origine de la légende noire des Concours de 1900

Dès juin 1894, lors du congrès de la Sorbonne, Coubertin et le Comité olympique conviennent d’organiser les Jeux de 1900 à Paris dans le cadre de l’Exposition universelle. Ainsi, les Jeux bénéficieront du soutien financier de l’Etat et de l’aura de l’Exposition. Comme à Athènes, en 1896, Coubertin doit donc composer avec le pouvoir politique. Mais, alors qu’à Athènes le baron s’en sortit honorablement, à Paris l’organisation des Jeux lui échappe presque entièrement. De fait, dans les 795 pages que compte le rapport officiel des Concours, son nom n’apparaît qu’à cinq reprises !

Se voyant mis sur la touche par le commissaire général de l’Exposition, Alfred Picard, Coubertin décide de faire cavalier seul et d’organiser les Jeux olympiques hors du cadre initialement prévu. Il monte alors un comité privé présidé par le vicomte de la Rochefoucauld. Le baron espère ainsi donner aux participants des futurs Jeux de 1900 « ce qu’ils ne peuvent trouver ailleurs. Ils sont entrés en contact à Athènes avec l’Antiquité la plus pure. Paris doit leur présenter la vieille France avec ses traditions et ses cadres raffinés. La foule aura les concours et les fêtes de l’Exposition et nous ferons, nous, des Jeux pour l’élite : élite de concurrents, peu nombreux, mais comprenant les meilleurs champions du monde ; élite de spectateurs, gens du monde, diplomates, professeurs, généraux, membres de l’Institut. Pour ceux-là, quoi de plus ravissant, de plus délicat qu’une garden-party à Dampierre, une fête de nuit dans la rue de Varennes, des excursions à Esclimont ou à Bonnelles ? » (Mémoires olympiques, 1931).

Mais avant la fin de l’année 1898 Coubertin est lâché par l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA) dont il est pourtant le secrétaire général. En échange de son ralliement à l’Exposition, l’USFSA obtient d’organiser les concours athlétiques. Beau joueur, le baron prend acte de son échec et décide de soutenir le projet porté par Daniel Mérillon, délégué général des « Concours internationaux d’exercices physiques et de sports ». Il met alors à la disposition de l’Exposition son charisme et ses relations, qui vont de New York à Christchurch et de Tunis à Stockholm. Dans une circulaire du 11 décembre 1899, adressée aux membres du Comité international puis publiée dans L’indépendance belge du 22 janvier 1900, il vante ainsi les Concours de 1900 : « J’ai la satisfaction de pouvoir vous donner de bonnes nouvelles de la préparation des concours olympiques de 1900. » Plus loin : « L’organisation de 1900 ressemble beaucoup à celle de 1896 et répond par conséquent à nos vues ; elle est dirigée par un comité spécial, sous le patronage du gouvernement, ainsi que cela s’est passé en Grèce ; et le rôle de notre comité international demeure le même. […] Nous nous bornons à provoquer, là où elle doit avoir lieu, la célébration des olympiades, mais c’est toujours à un comité “national” et provisoire qu’il appartient de la régler. » Le 21 mai 1901, devant le Comité olympique réuni à Paris, Coubertin résume les Jeux de 1900 comme une « imposante manifestation sportive dont l’influence sur l’athlétisme aura été bienfaisant ». Eugenio Brunetta d’Usseaux, représentant de l’Italie au Comité olympique, évoque même un « souvenir impérissable ». On est loin alors de la « foire chaotique et vulgaire », « des résultats intéressants, mais n’ayant rien d’olympique », de « l’humiliant vasselage » présentés avec condescendance et à longueur de pages 30 ans plus tard dans les Mémoires olympiques de Coubertin.

Dès lors, qui dit vrai ? Le Coubertin des Mémoires olympiques, ou bien celui de 1899-1901 ? Son ralliement de 1898, contraint, ne fut-il qu’opportuniste et fataliste, destiné à sauver la face et la réputation de son œuvre, et ne faut-il lire ses déclarations de l’époque que comme une habile langue de bois ? Ou alors les Mémoires olympiques présentent-elles un point de vue recomposé à la lumière de ce que devinrent les Jeux olympiques, à la lumière d’un idéal qui ne pouvait que se heurter à la réalité de son époque ?

Peu importait, en somme, que les Concours de 1900 se parèrent ou non de la dignité olympique que Coubertin offrit à Picard. Y voyant un archaïsme dénué de sens, un élément pittoresque surgi du passé, l’homme de la IIIe République entendait que les Concours célèbrent « la philosophie et la synthèse du siècle, qu’[ils aient] à la fois grandeur, grâce et beauté, qu’[ils] reflète[nt] le clair génie de la France, qu’[ils] nous montre[nt], de même que par le passé, à l’avant-garde du progrès ; qu’[ils] honore[nt] le pays et la République » plutôt que de ressusciter un hellénisme suranné pour lequel la République n’avait, au fond, que peu d’intérêt. En réalité, seuls comptent les objectifs assignés à ces concours, dans le cadre fixé par leur époque et non au regard de nos a priori sur les Jeux olympiques, et si ces objectifs furent remplis.

Qu’est-ce que l’olympisme de Coubertin en 1900 ?

Lorsque Coubertin prend la décision de faire renaître les Jeux olympiques, il ne songe nullement à une compétition sportive de très haut niveau. Si cette dimension des « exercices physiques » est pour lui importante, le baron reste un pédagogue avant tout. Il déplore ainsi qu’« aucune préoccupation morale ou pédagogique apparente » ne se soit manifestée à Athènes. Il y remédie lors du congrès du Havre de 1897 avec un programme en trois parties : pédagogie, hygiène, sport. Par ailleurs, il précise dans ses Mémoires olympiques que « la partie sport fut à peine effleurée ; elle était là pour la forme ». Il veut ainsi « rappeler le caractère intellectuel et philosophique de on initiative et placer d’emblée le CIO très au-dessus des simples groupements sportifs ». Or, que trouve-t-on lors des Concours de 1900 ? Un « comité d’hygiène et de physiologie » dans lequel Etienne-Jules Marey et Georges Demenÿ, entre autres, s’illustrèrent, chronophotographiant les athlètes pour décortiquer leurs gestes. C’était, note André Drevon (Les Jeux olympiques oubliés, 2000), « considérer de fait le sport comme un objet de connaissance, voire de culture ». Il ajoute qu’« après la mort des deux hommes (Marey 1904, Demenÿ 1917) la recherche sur le sport, à proprement parler, ne reprendra vraiment que dans la seconde moitié du siècle ».

Mais l’olympisme selon Pierre de Coubertin doit aussi fournir une direction souhaitable à « l’Athlétisme » (notion très large au XIXe-début XXe siècle puisqu’elle incluait aussi bien les courses à pied que le football, le tennis ou le golf), ce dont il se justifie dans le Bulletin du Comité international des Jeux olympiques d’octobre 1894 : « Notre pensée en faisant revivre une institution disparue depuis tant de siècles, est celle-ci. L’Athlétisme a pris, depuis trente ans, une importance qui va croissant chaque année ; son rôle paraît devoir être aussi considérable et aussi durable dans le monde moderne qu’il l’a été dans le monde antique : il reparaît d’ailleurs avec des caractères nouveaux ; il est international et démocratique, approprié par conséquent aux idées et aux besoins du temps présent. Mais aujourd’hui, comme jadis, son action sera bienfaisante ou nuisible selon le parti qu’on en saura tirer et la direction dans lequel on l’aiguillera. » Les Jeux olympiques doivent donc être une vitrine pour le sport, en organiser la promotion. Comment ne pas voir, de ce point de vue, le succès des Concours de 1900 auxquels participèrent plus de 58 000 personnes ? Comment ne pas se satisfaire, comme le fait l’USFSA, des 2 500 et 4 500 spectateurs payants présents aux rencontres de football-rugby disputées dans un est parisien (Vincennes) peu intéressé par cette discipline ? Comment ne pas se satisfaire de l’enthousiasme manifesté autour des compétitions d’automobile et d’aérostation ?

Enfin l’olympisme de Coubertin se nourrit de la manne du pacifisme et de l’internationalisme. Ainsi, lors du congrès de la Sorbonne à l’automne 1892, n’hésite-t-il pas à lancer : « Il y a des gens que vous traitez d’utopistes lorsqu’ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n’avez pas tout à fait tort, mais il y en a d’autres qui croient à la diminution progressive des chances de la guerre et je ne vois pas là d’utopie. Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. Eh bien, j’ai espoir que l’athlétisme fera plus encore : ceux qui ont vu 30 000 personnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne trouveront pas que j’exagère. Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l’avenir, le jour où il sera introduit dans les mœurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui. » Or, de ce point de vue, comment ne pas se féliciter de la présence aux Concours de 1 587 participants étrangers, venus de 30 destinations aussi diverses que l’Allemagne, l’Iran, le Pérou, la Roumanie, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, Cuba ou l’Australie ?

Au total, une fois son ralliement (contraint) acté et avant le règlement de compte que furent ses Mémoires olympiques, le seul reproche que Coubertin formula à l’encontre des Concours de 1900 porta sur la participation de professionnels : « Dans beaucoup de ces branches du sport, les professionnels seront admis, mais il va sans dire qu’ils seront absolument séparés des amateurs. On a jugé, en France, que cette manifestation sportive, coïncidant avec le début du siècle, comportait leur admission et permettrait d’établir des records comparatifs intéressants. Je n’ai pas besoin de vous dire que cette manière de voir n’est pas la mienne » (circulaire du 11 décembre 1899).

Et, si l’on excepte la participation de femmes et l’absence de compétitions artistiques, les Concours de 1900 furent en tous points fidèles à l’esprit de l’olympisme coubertinien. A ceci près que le baron, orgueilleux en diable et très à cheval sur le décorum et les mondanités, fut dépossédé de leur organisation et qu’il ne put s’en attribuer totalement le mérite : peut-être s’agit-il là de « l’inconvénient », soulevé en février 1903 dans la Revue olympique, à l’organisation des Jeux olympiques dans le cadre de l’Exposition universelle ?

Démonstration de plongeon au bassin d’Asnières pendant les compétitions de natation.

« Les sportifs firent de leur mieux »

Cette phrase, d’une condescendance à tomber à la renverse, est extraite des Mémoires olympiques. Il est vrai que les athlètes firent de leur mieux : l’Etasunien Ray Ewry remporta les compétitions de saut en hauteur sans élan, de saut en longueur sans élan, de triple saut sans élan, l’Etasunien Alvin Kraenzlein domina le 60 mètres, le 110 mètres haies, le 200 mètres haies et le saut en longueur, démontrant une technique de passage des haies qui est la même que celle des champions actuels, le Franco-Luxembourgeois Michel Théato termina le « Marathon des Fortifs » (40 kilomètres) sous une chaleur accablante (32 degrés) en moins de 3 heures, le Cubain Ramon Fonst gagna le tournoi d’épée à 17 ans, avant de devenir triple champion olympique à Saint-Louis, Joseph Apesteguy (Chiquito de Cambo) commença d’écrire sa légende en terminant troisième (et dernier) du « championnat du monde professionnel », Henry de La Vaulx réussit l’exploit de traverser l’Europe en ballon et se posa près de Kiev, Jacques Balsan emmena son ballon jusqu’à 8 558 mètres d’altitude !

Certes, tout ne fut pas parfait dans l’organisation des Concours. Le rapport officiel se plaint, par exemple, des arbres qui génèrent le public lors des compétitions d’athlétisme, obligeant les spectateurs à venir au plus près des athlètes pour les voir, de l’éloignement des sites par rapport au centre de Paris, du vent qui perturba les compétitions de tir à l’arc. Mais Coubertin est injuste en lançant : « De tous côtés s’exprime la méfiance à l’égard des Jeux “organisés par tous ces incompétents”, comme écrit Sloane [représentant étasunien au Comité olympique] ».

Le croquet, sport olympique ?

Dans cette « foire chaotique et vulgaire », Coubertin visait principalement les disciplines qu’il considérait comme indignes des Jeux olympiques : pêche à la ligne, croquet, manœuvres de pompes à incendie, colombophilie… Il n’a pas tort et le rapport officiel des Concours va dans son sens : « Ce jeu [le croquet], bien français de nom et d’origine […], n’a guère de prétentions à l’athlétisme et s’il appartient au cycle de l’USFSA, c’est que cette fédération, en le réglementant, en créant des championnats annuels de croquet, a voulu élever ce gentil passe-temps au rang de sport. On aurait tort pourtant de dédaigner le croquet. Il développe l’esprit de combinaison, on l’a vu transformer des jeunes filles chicanières en raisonneuses et des raisonneuses en raisonnables. Ce sont des mérites, cela. » Et le rédacteur de s’amuser de la faible audience des championnats de croquet : « Je dois signaler qu’un amateur anglais fit le voyage de Nice à Paris pour assister à la première réunion ; ce fut même, si je ne me trompe, la seule entrée payante. » En cette dernière année du XIXe siècle, les « exercices physiques » devaient aussi, dans une démarche hygiéniste et paternaliste typique, détourner les ouvriers des cafés : « La question de l’éducation physique étant intimement liée aux deux plus gros problèmes de ce temps : l’alcoolisme et la dépopulation, les Pouvoirs publics agiraient sagement en se préoccupant de la diriger dans des voies rationnelles » (rapport officiel).

En somme, il ne faut pas oublier que les Concours de 1900 s’inscrivaient dans le cadre de l’Exposition universelle « Bilan du siècle » et que le croquet, la colombophilie ou la pêche à la ligne étaient des pratiques appréciées et représentatives de l’époque, que les premières pompes à incendie actionnées par la vapeur apparaissaient à peine et que ces concours entre pompiers étaient l’occasion de s’entraîner et de se former.

Conclusion

Les Concours de 1900 furent reconnus comme des Jeux olympiques par le CIO dès 1899, et non a posteriori comme on l’écrit souvent. Dans leur esprit, ils furent résolument olympiques et même en avance sur leur époque.

Au total, ces Concours « injustement oubliés », en autorisant la participation de femmes et de professionnels, s’insèrent parfaitement dans la longue histoire des Jeux olympiques. Fondateur de l’olympisme, Coubertin n’en eut cependant pas le monopole : l’idée d’une renaissance olympique ne naquit pas ex nihilo dans sa tête en 1892. Des tentatives avaient déjà eu lieu, dans les années 1830 en France ou 1860 en Grèce, mais elles échouèrent. De la même façon, les Jeux d’Athènes ne se déroulèrent pas d’une façon si parfaite qu’on le présente parfois ni ne furent une évidence pour tout le monde dès 1892 ou 1894. Ils connurent d’ailleurs un succès mitigé hors de Grèce.

A cet égard, les Concours de 1900 sont une étape sur la longue route qui mena aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 et bientôt de Paris 2024 et Los Angeles 2028. Notre conception actuelle du sport et de cet événement planétaire s’est construite progressivement, il ne faut pas l’oublier. C’est une histoire complexe et compliquée que celle des Jeux olympiques et elle mérite d’être faite sans se voir polluer par des a priori ou des jugements hâtifs.

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62 réflexions sur « Les Concours de 1900, des Jeux olympiques au rabais ? »

    1. Mauvaise langue que tu es : ça parle bel et bien de football, une demi-dizaine d’occurrences même.

      Ce qu’il y a de bien aussi : l’on reconnaît l’auteur rien qu’au suranné de l’affiche.

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      1. Suranné, c’est un brin péjoratif comme mot…
        Immémorial, vénérable, séculaire, c’est tout de même mieux, non ?

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  1. Magnifique
    Purée de de pomme de tonnerre de kouign-amann de Brest
    J’ai 46 ans à l’instant, et je suis un jeune devant l’éternité

    Je vous ai pas dit : bonne année, et advienne que pourra

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      1. Seigneur, ce qu’il ne faut pas lire! Le minigolf, c’est un truc de prolos, de wannabe m’as-tu-vu. Pourquoi ne suis-je même pas surpris?!

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      2. Un truc de prolos, c’est exactement ça.
        On n’a pas tous eu la chance de naître le cul dans la soie.
        Certains ont dû lutter toute leur vie pour en arriver là où ils sont… (c’est-à-dire nulle part)

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      3. Il s’agit aucunement de chance, mais du produit de tes actions dans tes vies antérieures.

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      4. Oulah ! Y avait quoi dans ton café ?
        T’as fumé du patchouli ?
        Parle-nous un peu de tes vies antérieures.
        Viens t’allonger sur le divan du docteur bobby, et tourne-moi le dos… Sois confiant ! Parle, vide ton sac, ça te fera du bien.

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      5. J’ai été Cléopâtre, pardi! Comme tous ceux qui prétendent avoir eu des vies antérieures.

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      6. Si tu as été Liz Taylor, je veux bien être ton Richard Burton.
        Pour me plonger dans… tes grands yeux !

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      7. Je préfère encore me taper Roddy McDowall, et grimé dans son rôle de la Planète des Singes.

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      8. Est-ce que j’ai déjà raconté que j’ai croisé Zira ?
        La vraie, hein, la guenon. Pas l’actrice.

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      9. Non, raconte. Est-ce qu’il y a aussi le Prince de je-ne-sais-plus-où dedans?

        Et moi, j’ai un livre dédicacé par Pierre Boulle.

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  2. Gracias Bobby. Intéressant de lire à quel point Coubertin mise ouvertement sur les élites pour le bien du peuple. Créer un événement pour quelques uns (sportifs et spectateurs occupant ou destinés à occuper de hautes fonctions publiques) qui seraient ensuite en capacité de diriger la population « dans des voies rationnelles ». Eh eh, s’il voyait la considération actuelle pour les élites !!!

    Tu cites les excursions à Bonnelles et Esclimont ? Est-ce le Bonnelles de la vallée de Chevreuse et le château d’Esclimont près de Chartres ? Il y a actuellement (en tout cas jusqu’à il y a peu) des sorties en montgolfière qui y sont organisées. Est-ce que c’était le lieu de départ de l’épreuve 1900 ?

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    1. Coubertin était un aristocrate rallié à la République dont le projet, avant d’être sportif, était pédagogique. Il entendait « rebronzer » la France, lui redonner toutes ses forces vives, créer une élite prête à prendre la revanche sur l’Allemagne. Ne pas oublier qu’on est entre les deux guerres, celle de 70 et celle de 14. En plein revanchisme. Ce n’est pas pour rien qu’il crée le pentathlon moderne, à l’image du pentathlon antique, l’un et l’autre formant une combinaison de disciplines nécessaires à la formation du soldat idéal : saut en longueur (sans élan), course à pied, lancers du disque et du javelot, lutte pour le pentathlon antique ; équitation, natation, course à pied, tir au pistolet et escrime pour le pentathlon moderne.

      Ce n’est pas moi qui cite Esclimont et Bonnelles, mais le Baron. J’imagine que cela correspond aux lieux que tu cites. Les épreuves d’aérostation avaient lieu à Vincennes.

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    2. C’est le général Patton qui finit 5ème au pentathlon moderne en 1912. Il y aurait eu, selon lui, une erreur des arbitres lors de l’épreuve du tir au pistolet qui lui aurait coûté la médaille de bronze.
      Je mets les explications de Wikipedia.

       » Il utilisa un calibre .38 alors que la plupart de ses concurrents utilisaient un calibre .22 plus petit. Patton avança que ses premiers tirs avaient fait des trous tellement grands dans le papier que certaines balles passèrent au travers lors des tirs suivants ; les juges considérèrent cependant qu’il avait raté la cible. Les compétitions actuelles de ce niveau utilisent fréquemment des arrière-plans mobiles pour pouvoir contrôler si des balles passent à travers le même trou. Si cette affirmation était correcte, Patton aurait certainement remporté une médaille olympique mais la décision des juges fut confirmée.

      Peuvent jamais faire comme les autres, les Américains! Hehe

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      1. Pour avoir essays les deux (citoyen américain, deuxième amendment, tout ça…), je confirme que les gros trous du 38 (à peu près 9 mm) sont nettement plus difficiles à départager que ceux du 22 quand on est bien groupé. Patton a dû utiliser son arme de service, sans doute le Smith & Wesson Model 10. Le Colt M1911 qui l’a remplacé n’existait encore que dans l’imagination de son concepteur, John Browning.

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      2. Dès qu’on parle de Patton je pense à George C. Scott. Gregory Peck a incarné MacArthur mais le film n’est pas fameux.

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      3. « Be seated. Now, I want you to remember that no bastard ever won a war by dying for his country. He won it by making the other poor dumb bastard die for his country. »

        On ne peut pas faire mieux comme entr

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    3. Bouteille a la mer, et que Bobby me pardonne : je cherche justement un endroit en France du Nord-ouest où l’on peut en faire, pas trop cher et si possible dans le département de la Manche ou le Val de Loire, sait-on jamais..

      Tant qu’à faire : du côté du lac de Constance ça m’intéresse aussi, mais vu ce qu’ils demandent pour un tour en zeppelin..

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      1. J’ai eu l’occasion de faire un baptême en montgolfière du côté d’Amboise il y a une dizaine d’années, c’était top. Il y a pas mal d’offres en Val de Loire. Ce qui est chiant, c’est la dépendance à la météo : il ne faut pas de vent (d’où les départs à l’aube ou au crépuscule) pour pouvoir partir et pas trop pour atterrir sans être traîné au fond de la nacelle sur des centaines de mètres. J’avais eu de la chance côté météo mais j’ai une connaissance pour qui le vol a été reporté à plusieurs reprises.

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      2. Vais regarder ça, en plus c’est top Amboise pour des gosses, merci!

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  3. Superbe Bobby. On peut toujours voir à Athènes, le Stade panathénaïque, rénové pour les J.O de 1896.
    Et sinon, quelqu’un pour m’expliquer la dévalorisation du sabre vis à vis du fleuret ou de l’épée? La différence des montants des prix sur l’affiche, selon les épreuves, est impressionnante.

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    1. Sport de bourrin, le sabre, non ? Alors que le fleuret et l’épée sont plus distingués. Et, sans être spécialiste, il me semble qu’il existe une grande tradition pour ces deux armes en France, peut être un peu moins pour le sabre.

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    1. Oui, et je pense avoir déjà cité son nom ailleurs. Probablement lorsque j’avais évoqué les débuts du football viennois et le fait que d’anciens joueurs comme Max Leuthe ou Willy Schmieger avaient contribué à le rendre populaire dans les médias.

      Je n’ai pas lu son livre de 55 (Soccer Revolution, c’est bien ça?), et je n’ai vu passer que des extraits sur le Wunderteam, je crois. D’après ce que j’en sais, le Willy jouit d’une belle réputation. On le considère parfois comme l’un des pères du journalisme sportif.

      Avant le journalisme, il a été un sportif accompli. Gardien au Wiener Amateur (une sélection), international de water-polo, entre autres. A aussi eu une expérience d’entraîneur en Suède.

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  4. Bobby, s’il n’est pas trop tard concernant l’interview que tu sais, et concernant quelque fil conducteur depuis 24 à 50 : aura-t-il un mot peut-être sur Ernesto Figoli, en quoi il fut éventuellement important?

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    1. Nous ne sommes pas entrés tant que ça dans le détail.
      Mais Pierre évoque bien le passage des années 20 aux années 50 et le « rôle » des entraîneurs uruguayens sur la période.
      Comme je le pressentais, en évoquant le fait qu’à l’époque ce sont les capitaines qui s’occupent de la tactique et non les entraîneurs (à de très rares exceptions près), les sélectionneurs/entraîneurs uruguayens ne tinrent qu’un rôle mineur dans les triomphes du football uruguayen. Mais Pierre le dit beaucoup mieux et beaucoup plus précisément que moi.
      Y a vraiment des passages formidables dans l’interview… Je ne te dis que ça !
      RDV le 19 janvier. Ici même.

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      1. Je ne doute pas un instant que ça va être formidable!

        J’avais encore plein de questions (par exemple : l’état d’esprit d’un Buero, ce qui anima la fédération uruguayenne pour porter à bien 1930 malgré les contingences diverses et variées), mais bon : cru comprendre que c’était déjà plus que costaud ses réponses.. 🙂

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    1. Non, c’était la mère d’un élève.
      En rentrant, le soir, je dis à mon ex-femme : « Tain ! la meuf, c’est le portrait craché de Zira. »
      Quelques semaines ou mois plus tard, à la libraire, mon ex-femme vient me chercher dans un rayon et me dit : « J’ai vu Zira. »
      Moi : « Hein ? »
      Elle : « La mère de ton élève. »
      Moi : « Comment tu peux savoir, tu l’as jamais vu ? »
      Elle : « Mais elle ressemble tellement à Zira que ça peut être qu’elle. »
      Moi : « Montre-la moi. »
      Et, effectivement, nous parlions de la même personne. La meuf ressemblait tellement à Zira (mais c’en était INCROYABLE ! STUPEFIANT ! BOULEVERSIFIANT !) que deux personnes, sans s’être conciliées, la reconnurent comme telle sans hésiter.

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  5. Cela peut sembler incroyable vu ma jeunesse, mais en 1900, mes grand-pères paternel et maternel avaient déjà respectivement 20 et 17 ans. Mais je doute fort qu’ils aient assisté à quelques épreuves, le premier peut-être encore dans sa Nièvre et le second n’avait pas encore quitté sa Corse natale pour s’engager dans la Garde républicaine de Paris (retraite à 50 ans).
    Aucun des deux n’avait fait la guerre de 14-18 et n’en avait rien à secouer du football.

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      1. Et pour faire mon connaisseur, quelques producteurs du coin ne peuvent plus commercialiser leur production sous l’appellation Vouvray alors que leurs vignes sont sur le territoire de l’appellation. La raison ? Ils vinifient dans une commune qui n’est pas sur l’appellation. Exemple : Jacky Blot qui fait des Montlouis formidables (chers) et des Vins de France qui ne sont rien d’autres que des Vouvray n’en ayant plus le nom. Ceux de Blot ou Chidaine sont tops.

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      2. Moelleux, c’est mon rituel au retour du boulot : 2 moëlleux..ou de temps en temps une bière fruitée.

        Puis la bouteille de rouge (souvent du pinot noir, bon pour la santé, ça) avec Madame.

        Ce soir c’était un « Vincent Carême », aucune idée de ce que ça vaut pour un puriste : je prends ce que je trouve quand je vais ravitailler ma cave à Givet, en veillant toutefois à changer à chaque fois de maison.

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      3. Montlouis c’est noté! J’habite à proximité de deux vignobles, tous deux à 500 mètres à peine de chez moi.. et cependant je n’y connais pas grand-chose, un peu frustrant…. Tout conseil toujours bienvenu dès lors.

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      4. Le moelleux je ne peux pas… En plus dans le Val de Loire, il y a tellement de bons vins. Un Cravant les Coteaux ou un Ligré 😋

        Début 2022, j’avais emmené ma compagne découvrir Vouvray, Amboise, le centre ville de Tours (haaaa ma jeunesse de lycée place Plumereau) et une dégustation de Vouvray et Montlouis. On était même repartis avec un Vouvray pétillant de 20 ans d’âge !

        Dans 10 jours, on ira visiter Chinon ainsi que les alentours, la demeure de Rabelais à Seuilly etc… Elle ne connaît pas la Touraine, c’est une Normande du pays de Caux. D’ailleurs je pense lui faire ma demande à la forteresse royale de Chinon, vous en pensez quoi ?

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      5. J’en dis que je ferais ça à Loches, mais je ne suis pas un grand romantique.

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  6. Il est décidément riche, cet article.

    Bon.. Je l’avais déjà lu! Mais il y a une question que je n’avais posée : « dépopulation »?? Je cite : « En cette dernière année du XIXe siècle, les « exercices physiques » devaient aussi, dans une démarche hygiéniste et paternaliste typique, détourner les ouvriers des cafés : « La question de l’éducation physique étant intimement liée aux deux plus gros problèmes de ce temps : l’alcoolisme et la dépopulation, les Pouvoirs publics agiraient sagement en se préoccupant de la diriger dans des voies rationnelles » (rapport officiel). »

    L’Occident ne faisait déjà pas assez de bébés, c’est ça?

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    1. L’Occident, non. La France, oui.

      Au début du XIXe siècle, la France est plus peuplée que les Etats allemands. Mais, alors que la fécondité des Françaises se contracte, celle des Allemandes se maintient à un niveau très élevée. Résultat : à la fin du XIXe siècle, l’Allemagne est désormais plus peuplée que la France. Pas pour rien que, pendant ce siècle, les Allemands furent nombreux à émigrer (notamment vers les Amériques).

      La France ne perd pas encore de la population (les auteurs du rapport sont alarmistes), mais elle a perdu son avantage démographique qui lui avait permis de dominer l’Europe au XVIIIe siècle. Si Louis XIV et Napoléon Ier ont pu faire tant de conquêtes et gagner tant de guerres, c’est surtout parce qu’ils alignaient plus de soldats que leurs adversaires. Comme le dit Napoléon à la bataille d’Eylau, devant le spectacle des cadavres : « Une nuit de Paris réparera tout ça. » Les Françaises sont là pour fournir en chair à canon nos grands généraux !

      Désormais, c’est l’Allemagne qui prend l’avantage. Et si elle domine la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle en Europe, c’est avant tout parce qu’elle dispose d’un réservoir humain conséquent. Les Allemandes sont là pour fournir de la chair à canon à Moltke, à Ludendorff, à Hitler.

      Or, quel est le grand enjeu pour la République en 1900 ? La revanche. « Pensons-y toujours, n’en parlons jamais », disait Gambetta. Alors, personne ne le dit ouvertement mais tout le monde comprend : les Françaises fournissent moins de futurs soldats que les Allemandes. Comment voulez-vous, avec ça, que nos grands généraux puissent prendre leur revanche sur l’Allemagne ?

      Le sport doit donc être une propédeutique à la conception, en forgeant des corps sains et robustes, prêts à engrosser et prêts à enfanter. Nous en reparlerons le 18 avril, spécialement des corps féminins, à propos de mon texte sur Violette Morris.

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