Superleague Formula, quand football et automobile se mélangent

Imaginez des monoplaces aux couleurs du PSV Eindhoven, des Girondins de Bordeaux ou de Galatasaray. Improbable ? Et bien, cette idée folle n’est pas due à un excès de pinte. C’est le concept de base qui a amené à la Superleague Formula, entre 2008 et 2011.

Une vieille idée

L’histoire de ce projet commence en début d’année 2001. SMC Capital Investments, à la tête d’un consortium, est représenté par Colin Sullivan. Ce dernier présente un projet de formule de promotion dont les équipes seraient des clubs de foot, avec l’objectif d’attirer les fans de football et ceux d’automobile. Cela plut à l’ancien directeur général de la Football Association, Graham Kelly.

La base du championnat serait que toutes les équipes utilisent la même voiture, un moteur V10 Judd 4 litres et un châssis fabriqué par Dallara, pouvant développer 760 chevaux. Cette combinaison moteur/châssis se rapproche des monoplaces américaines de l’époque, tout en étant légèrement moins puissantes que des Formule 1.

Suite à une série de reports, le championnat qui devait commencer en 2002 ne voit finalement arriver la date de son premier Grand prix officiel qu’en 2003. Malheureusement, lui aussi sera annulé suite à un manque de financement. Abandon définitif ? Non, juste un faux départ.

La renaissance

Le directeur du projet Premier 1 Grand Prix, Robin Webb, fulmine et regrette que le championnat n’ait pas pu se dérouler mais il réussi néanmoins à récupérer le soutien de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) en 2005, après avoir fait parler ses liens avec certains clubs en amont. Le Groupe Sonangol, équivalent angolais de Total, sera le sponsor principal du championnat

L’idée d’une voiture unique pour toutes les équipes reste mais évolue, au revoir Dallara et bonjour à Panoz, qui construira le châssis et fera manufacturer un moteur aux américains de chez Menard. Ce dernier sera assez original, étant un V12, type de moteur qui n’a pas été vu en monoplace depuis 1995 et développant 750 chevaux. Ce choix du V12 est dû au bruit que fait ce type de moteur, très fort et très attirant. Cela donne des performances loin de celles des Formule 1 mais plus que respectable pour cette catégorie alternative qui ne s’adresse pas tant aux fans d’automobile qu’à ceux de football, souvent novices dans le sport automobile.

Règlement

Les différents clubs sont gérés par des écuries plus ou moins renommées en sport automobile, l’écurie allemande Zakspeed, qui a été en Formule 1 dans les années 1980, s’occupe par exemple du Beijing Guoan et du Borussia Dortmund, alors que les italiens de Fisichella Motor Sport, fondés par le pilote romain Giancarlo Fisichella, sont les gérants de l’AS Rome.

Au niveau des pilotes, il y’a du beau monde, on retrouve aussi bien des anciens de Formule 1 n’ayant pas mieux à faire tel que Robert Doornbos, Antônio Pizzonia ou Enrique Bernoldi que des futurs pilotes d’endurance comme Alessandro Pier Guidi, Davide Rigon ou Daniel Serra.

Le format sort de l’ordinaire : le weekend commence le samedi avec des essais et une séance de qualifications et le dimanche est animé par deux courses. Mais le format des qualifications est très particulier, avec deux groupes qui voient les quatre premiers de chaque partie de tableau avancer alors que les autres sont intercalés entre la neuvième et dernière place. La suite se déroule comme des quarts de finale d’une compétition de football, suivis de demi-finales et d’une finale. Les courses durent 45 minutes et la seconde voit la grille être inversée, la dernière voiture partant en tête et inversement. En 2009 et 2010, certains weekends de courses voient une troisième course de cinq tours pour désigner le grand vainqueur du weekend.

Une folie brève mais intense

La première saison, en 2008, voit le Beijing Guoan gagner le titre devant le PSV Eindhoven et l’AC Milan. Mais les Chinois quittent le championnat et la saison suivante voit Liverpool l’emporter devant Tottenham Hotspur et le FC Bâle. Après avoir remporté le premier titre avec Beijing, Davide Rigon remporte un second titre, avec Anderlecht cette fois-ci, deux points seulement devant Tottenham et le FC Bâle à nouveau.

Malheureusement, malgré le succès des deux premières saisons, ce qui a amené le championnat à passer de six à 12 courses, dont deux en Chine, le lien entre football et automobile reste lointain. En 2011 seuls six clubs sont encore là, les autres équipes représentant des pays, comme le faisait l’A1 Grand Prix, disparue en 2009 et née en parallèle de la Superleague Formula.

La saison 2011 est arrêtée après deux weekends seulement et l’Australie remporte donc l’ultime saison de la Superleague Formula.

Un projet trop original pour fonctionner ?

A la fin de la saison 2009, tout semblait aller pour le championnat, un jeu vidéo venait de sortir, plus de 100 000 personnes à travers 62 pays regardaient le championnat de manière régulière et Sonangol rendait le championnat financièrement intéressant pour les pilotes et les équipes. Mais pourtant, l’immense majorité des équipes avaient déjà déserté le championnat à la fin de la saison 2010 et lorsque le parrainage de Sonangol disparu, le championnat devint caduque.

Les clubs comprirent probablement que cette aventure, bien que sympathique, n’était pas assez rentable et qu’il valait mieux placer son argent ailleurs. C’était la fin de la Superleague Formula, quand l’automobile et le football tentèrent de coexister au sein d’une même entité.

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12 réflexions sur « Superleague Formula, quand football et automobile se mélangent »

  1. Waaa ! Je me souviens de ce truc !
    Ils devaient en parler dans un Girondins Mag… Ou un truc du genre. Une époque lointaine et révolue où mes Gigi se donnaient les moyens de jouer les premiers rôles
    Mais merci beaucoup pour le souvenir !

    Dommage que ça n’aie pas résisté à l’épreuve du temps. Entre 2008 et 2010, j’avais 12-14 ans. Je ne me souviens pas que ça ait été diffusé en clair en France (sur la TNT j’entends). Si ça avait été le cas, je suis sûr que j’aurais pu regarder un peu car j’aimais bien regarder la F1 sur TF1 (avec les exploits d’Alonso l’Asturien <3<3<3)
    Après qu'ils aient cessé de diffuser, j'ai totalement décroché de la discipline…

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    1. Soudainement, quand les mecs sont champions du monde, on les aime bien les mecs d’Oviedo!
      En passant à Oviedo, j’imaginais le petit Alonso écumant les pistes de kart de la région. Une jolie ville.

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  2. Jolie trouvaille dans les greniers de l’actualité, à ranger dans la catégorie « faut pas chercher à comprendre ». Ça me rappelle un article tout aussi WTF dans « Car and Driver », revue auto US, au début des années 90 : un comparatif entre Beretta (Chevrolet, V6 3.1 litres) et Beretta (92, 9 mm).

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  3. Merci pour l’article, je me rappelle d’Anderlecht à l’époque : alors au bord de l’indicible banqueroute financière sous la houlette dudit Herman Van Holsbeek (beau parleur / fossoyeur), sportivement c’état fébrile..et cependant voilà qu’ils en faisaient des tonnes en mobilisant leurs vieux relais de la presse, Anderlecht va faire vroum-vroum, club fermé des plus grrrrraaaands clubs européens.. C’était une façon d’exister, mais c’était aussi voire surtout un rien pathétique.. Ca me fait à Brel, tiens :

    Et que c’est pas fini
    Qui fait ses p’tites affaires
    Avec son p’tit chapeau
    Avec son p’tit manteau
    Avec sa p’tite auto
    Qu’aimerait bien avoir l’air
    Mais qu’a pas l’air du tout
    Faut pas jouer les riches
    Quand on n’a pas le sou

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    1. « plus de 100 000 personnes à travers 62 pays regardaient le championnat de manière régulière »

      C’était vraiment rentable, avec 100.000 suiveurs réguliers répartis en 62 pays?

      Je donnerais cher pour rencontrer le type qui parvint à vendre ce concept à ces clubs.. Ses interlocuteurs au sein desdits clubs : je vois bien le genre! Mais j’aimerais savoir si je suis dans le bon aussi pour le promoteur commercial du barnum.

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