Pelé, un trône pour l’éternité

A quoi ça tient, un statut de roi du football ? A trois Coupes du monde, à un millier de buts, à des hommages venus du monde entier ? A une opération marketing savamment orchestrée ? A l’absence de concurrent sérieux à la même époque ? Certainement un peu à tout cela à la fois. 

Un été, je peux choisir dans une librairie le livre de mon choix et mon dévolu tombe sur l’autobiographie de Pelé. Fan de foot bercé par les titres de l’OL au niveau national et par l’équipe de France de 1998 et 2000 au niveau international, je sais pourtant que les grandes stars du moment ne tiennent pas la comparaison avec Pelé. Il y aurait bien vaguement Maradona, mais entre la drogue et le dopage, sa cote est trop basse pour faire trembler le Roi. Mon grand-père me parle bien de Platini, mais c’est plus par patriotisme qu’autre chose, car il ne s’est jamais intéressé au foot.

C’est donc Pelé qui trône seul au sommet du football mondial et rien ne peut me faire changer d’avis. Je dévore son autobiographie, passionné par les anecdotes sportives qui parsèment le récit. Je ne vois de Pelé que les extraits qui ont déjà circulé en mondiovision, ce lob raté sur un demi-terrain ou encore ce but que Gordon Banks a arrêté. Et puis cette fameuse photo du Mondial 1970. Et c’est presque tout. La plupart des fans de football n’en ont pas vu beaucoup plus que moi, mais cela n’enlève rien au statut de roi qu’a obtenu Pelé. Un statut que personne ou presque ne remet en question. 

Au moment de sa disparition, j’ai un pincement au cœur pour un joueur que je n’ai pas vraiment vu jouer. Et je m’interroge sur ce qui a forgé son image de roi. 

Est-ce que ce n’est pas, finalement, la rareté des images ? En battant des records avant qu’Opta ne produise des lignes se statistiques à chaque match, Pelé a écrit sa légende. Une histoire digne d’un film, celle d’un gamin des favelas qui jouait au football avec des chaussettes et qui a rompu la malédiction du Maracanaço. Le storytelling est parfait et il est si bien ancré dans l’imaginaire collectif qu’il n’est pas près d’en sortir. 

Je ne veux pas la remettre en question. Mais alors que les vieilles gloires du football disparaissent peu à peu, il convient peut-être de se rappeler que leur histoire s’est en partie bâtie par la rareté des images. Et les stars d’aujourd’hui, dont chaque geste est disséqué plusieurs fois, ne pourront pas aussi bien écrire leur légende. 

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38 réflexions sur « Pelé, un trône pour l’éternité »

  1. Pour nourrir le débat : oui, les plus belles légendes sportives cohabitent mal avec la crudité des images. Mais, en référence aux textes de Bobbyschanno (Brésil – Tchécoslovaquie et Brésil-Uruguay), ce sont des actions filmées, vues et revues, qui nourrissent la légende Pelé, bien plus que ses matchs non filmés du début des années 60.
    Certains n’ont pas besoin de mystère pour être légendaires. Pelé est de ceux-là.

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    1. Je trouve justement qu’il y a tout de même certains mystères bien entretenus le concernant, à commencer par son total de buts marqués ou encore son plus beau but où il a dribblé la moitié d’une équipe y compris le gardien avec un coup du sombrero (de mémoire), ce que personne ne pourra attester: il n’y a pas d’image…

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      1. Non, Dip ! Pas toi, pas après tout ce que tu as fait.
        Je sais que tu es, comme moi, un enfant de la télé, mais il y a bien d’autres moyens d’attester un fait que par l’image (sous-entendue animée : la vidéo). Heureusement, d’ailleurs, sinon comment ferions-nous pour étudier l’histoire de l’humanité avant le XXe siècle ? Il y a eu des dizaines de milliers de témoins du gol de placa de Pelé, dont le point de vue vaut bien celui d’une caméra. L’image n’est pas moins trompeuse, manipulatrice et mensongère que les autres formes de point de vue. Pour nous en convaincre, revoyons « Blow up » (1966) d’Antonioni et « Blow out » (1981) de De Palma.

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      2. Ah désolé, concernant le foot (et depuis que je m’intéresse de près à son histoire et ses légendes) j’ai par expérience un principe: je ne crois plus qu’en ce que je vois.

        Il y a trop de racontards, de « légendes », bref de bullshit de la part de journalistes (même les plus sérieux) ou toutes autres sources écrites, surtout quand ça évoque les joueurs, leurs accomplissements, leurs style de jeu etc.
        Quand tu lis des écrits sur Valentino Mazzola par ex, le gars était superman: plus complet que Di Stéfano, plus buteur que Pelé, meilleur meneur de jeu que Maradona, meilleur défenseur que Nesta (j’exagère à peine). Les sources écrites et autres témoignages, je m’en méfie comme de la peste désormais.

        En ce sens, le football doit être l’un des plus grands bastions du révisionnisme.

        Sur SoFoot, dès le jour de sa mort, Chérif à réussi à faire de Pelé un leader de la cause noire: « Dans les années 1960 marquées par les indépendances en Afrique et par la lutte pour les droits civiques aux USA, Pelé s’est inscrit en premier dans la lignée des grands leaders noirs de la fraternité mondiale, en devancier de Martin Luther King, Bob Marley et Nelson Mandela »

        Moi je n’ai connu Pelé que comme leader de la causes des $ dans son compte en banque.

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      3. Ghemmour a écrit ça?? Punaise il est grave ce type.. J’y retournerais bien rien que pour ça, lol..sauf qu’il me semble qu’ils bloquèrent mon IP il y a un et demi (un internaute m’informa gentiment, il y a un an environ, que ces salopards affirmaient m’avoir envoyé un email selon quoi mon compte était à nouveau ouvert, quelle magnanimité, lol.. alors que c’était faux, jamais rien reçu! A dire vrai je m’en foutais comme de l’an 40, sauf que j’ai tout de même tenu sur leur forum technique à préciser qu’il n’en était rien et que c’était de toute façon superflu, leur demander aussi de supprimer mon compte par la même occasion..mais pas moyen : bloqué 🙂 )

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      4. Concernant les documents écrits, tu as bien raison de t’en méfier. Mais tu devrais aussi te méfier des images, des vidéos. C’était mon propos : il ne faut pas sanctifier les images et, au contraire, vouer aux gémonies les écrits. Les deux doivent être appréhendés avec distance et confiance, bref avec esprit critique.

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      5. Ah oui? Aller bloquer jusqu’à l’IP carrément?
        Mais tu leur as fait quoi? ^^

        Allez, pour le plaisir je te mets la suite: « Sorte de Moïse noir guidant son peuple vers la rédemption et la résilience, il s’est imposé bien involontairement, mais véritablement comme une figure tutélaire conscientisée de sa diaspora. Et tant pis pour les idiots qui n’ont jamais cessé de fustiger son apolitisme et son sourire « Uncle Ben’s » »

        https://www.sofoot.com/disparition-de-pele-le-roi-est-mort-vive-o-rei-504424.html

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      6. Une fois passée l’enflure du style, le « involontairement » est important.
        A son corps défendant, Pelé a été considéré comme une figure noire par de nombreuses personnes.
        Le « conscientisée » qui vient ensuite, et dont le sens m’échappe un peu (pourquoi pas « consciente » ?), est alors en trop et contradictoire avec le « involontairement ».

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      7. Bobby,

        Comme je le dis plus bas, je ne fais confiance qu’aux matchs qui sont pour moi des « images » brutes et non altérées.
        Les documentaires sportifs/biopics, on sait tous sur quels ressorts la très grande majorité d’eux sont construits. J’ai d’ailleurs le DVD de « Pelé Eterno » qui est un cas d’école d’hagiographie.

        J’ai conscience que mon parti pris est intégriste et me ferme la porte aux joueurs pré 50’s (par exemple) mais j’assume.
        Je te rassure, je me documente aussi par le biais d’écrits mais en y restant le plus distant possible. Le football, par essence, fait appel à nos émotions. Emotions et objectivité n’ont jamais fait bon ménage. Tout ce qui peut être écrit est forcément objectif dans la limite de la « maîtrise émotionnelle » des auteurs dont je mets pas en doute les bonnes intentions (pour la plupart).

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      8. Ca ne veut pas davantage dire charrette que les fantasmes de Ghemmour, mais les seuls noirs avec lesquels j’aie déjà échangé sur Pelé, en Belgique ou Afrique centrale donc, étaient unanimes pour dire en substance qu’il avait « trahi sa race » – ce qui ne me convainc pas davantage, à dire vrai.

        Dont, le racialisme n’est pas toujours où l’on croit, parce qu’il frayait surtout avec des blanches.

        Figure de « sa diaspora »…….. C’est quoi, la diaspora de Pelé?? Moi je n’y ai jamais guère vu qu’un type à portée universelle bien qu’il fît la promotion de..son (ça oui!) Brésil.

        Ghemmour fait ici, selon moi, de l’enculage de mouches iconographique sur du néant. Et c’est un spécialiste du genre.

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      9. D’accord sur toute la ligne Bota 🙂

        Pas compris cette histoire de diaspora non plus mais je ne suis pas un spécialiste de Pelé. Comme tu le dis Ghemmour pond du vent dans son style pompeux caractéristique (qui a malheureusement beaucoup d’adeptes).

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      10. Bota, c’est pour ça que le « involontairement » est important. Pelé s’est toujours vécu Brésilien plutôt que Noir, et il admirait bien plus Kennedy que Mohammed Ali. Il n’avait qu’une envie : c’était de transcender sa condition de pauvre et de Noir. Il le fit, à tous égards. Mais il n’empêche que beaucoup de personnes voulurent le rattacher au mouvement noir : les tournées du Santos en Afrique, le poème de Wade…
        L’erreur de l’auteur de l’article sur Sofoot est de ne pas questionner/critiquer ce point de vue. « Un Moïse noir »…

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      11. « Sa diaspora » me paraît franchement idiot.. De sa trace par exemple en Afrique centrale diasporée :

        Il me semble que l’à peu près tout d’africanité débarquée en terres brésiliennes venait d’Angola et du Kongo.. et je peux vous dire que 99,99% des gens là-bas n’ont que foutre de quelque prétendue dimension communautaire de Pelé (la réciproque était d’ailleurs peut-être vraie aussi), ce en dépit des fort artificielles (et politiques) tentatives de « recollage de morceaux » (type « returnees », etc.) opérées çà et là en Afrique centrale postcoloniale.

        Je vais relayer les propos d’un lointain camarade qui assista à ce match, car je lui en posai alors la question : quand par exemple Pelé et Santos furent en tournée à Kinshasa en..67 (NB : la zaïrianisation est entreprise en 65)??, il y eut une vague tentative de surfer sur l’événement pour vanter la force de l’homme noir local (dont procédèrent fort probablement les ancêtres de Pelé et de ses camarades)…….sauf que les locaux s’en foutèrent comme de l’an 40, ça ne prit pas. Idem d’ailleurs, et plus encore même (zaïrianisation alors en pleine bourre) pour Ali-Foreman 74 : il n’y eut guère que des exaltés d’outre-Atlantique et des blancs en manque de bons sentiments pour mordre au hameçon, ces gloubi-goulbas n’ont jamais eu d’impact sur les sociétés locales (tout ce qu’il y subsiste : c’est du désanchentement)………..

        Quant aux rapports de force intra-Brésil.. Il croit quoi, Ghemmour? Que tout qui y est coloré est sociétalement/politiquement uniforme? Son affirmation fait penser à une masse informe, et répondre à un fort biais racialiste : tu es coloré donc Pelé est ton gourou……. C’est quoi, ce truc?

        S’il y a un truc que je croie bien volontiers, c’est que Pelé fut probablement plus proche des élites que des favelas, le reste, ben….??

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      12. Je découvre ton commentaire, Bobby.

        Préciser que ce genre de considérations m’emmerde, cette manie à surconscientiser des figures sportives en y collant des grilles de lecture toutes personnelles…….. Au secours!

        Pas compliqué : il y a des milliers d’heures télévisuelles de Pelé, en représentation permanente El Rei.. Ghemmour a-t-il trouvé quoi que ce soit pour attester de ce qu’il affirme?

        Et même cet « involontairement »……… mais qu’est-ce qu’il en sait, vraiment?

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      13. ça y est, on a énervé Bota ^^

        Tout ce que je peux dire, de ma petite expérience de 19 ans du continent africain, c’est qu’instinctivement quand les gens faisaient référence à une idole, ils évoquaient plus naturellement Maradona que Pelé (loin de moi de raviver la sempiternelle guéguerre entre les 2, c’est simplement mon constat).

        Par exemple si tu faisais ton kéké à vouloir dribbler à tout va lors d’un match de quartier, on te rétorquait volontiers un: « Tu te prends pour Maradona ou quoi? », j’ai rarement (ou jamais) entendu un: « Tu te prends pour Pelé? »
        Même socialement, j’ai l’impression que les gens s’identifiaient plus à Maradona, sûrement que la position « seul contre le system » qu’il affichait à tout va y était pour quelque chose.

        C’est peut-être une histoire de génération, j’en sais rien. Pourtant mon père qui est né en 45, faisait lui aussi plus référence à Maradona qu’à Pelé, tout en affirmant péremtoirement: « Pelé c’est le Roi » 😀

        En tout cas, du temps où j’y étais, j’y ai pas vu Pelé comme étant la référence populaire du football là bas. Je dirai même le contraire, les gens d’une certaine éducation parlaient volontiers de Pelé (sans avoir forcément suivi de leurs yeux ses aventures), les footeux du dimanche ne juraient que par Diego. Et personne ne faisait référence à Pelé comme leader de la cause noire, jamais entendu ça.

        Maintenant que je vous ai dit ça, je prends conscience que j’ai l’air d’un vieux con. C’était il y a 22 ans, depuis les choses ont encore bien dû changer.

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      14. Bota, je t’avoue que le style de ce Ghemmour est tellement boursouflé qu’il est compliqué de comprendre ce qu’il veut dire. Je voulais simplement dire que Pelé fut considéré, par certains, dès les années 60 comme une figure noire. Ou qu’il fut utilisé comme tel. L’impression, néanmoins, que Ghemmour se rattache à ce courant et qu’il veut arrimer le Roi à une cause qui n’était pas la sienne. Comme tu l’expliques très bien.

        Trêve de palabres : Pierre veut bien nous faire une interview. J’ai ouvert un topic sur le forum, section « Les Amériques », pour recueillir vos questions. Il veut parler particulièrement des 4 étoiles uruguayennes.

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      15. Je ne suis certainement pas énervé sur Bobby! 🙂

        La trace de Pelé dans son probable berceau d’Afrique centrale (le reste du continent : je ne me prononce pas, mais hum) est pour ainsi dire nulle, archi-nulle. On en trouve certes çà et là d’apparents oripeaux, certains patronymes du football africain semblent par exemple pouvoir en attester : Pelé Mboyo, Abedi Pelé..mais ni plus ni moins qu’on y trouvera de gens prénommés ou postnommés « Beckenbauer », « Maldini » ou « Jean-Paul Gauthier » (prénom d’un footballeur africain de Belgique jadis.. allez Ghemmour, fais-nous un papier sur JP Gauthier, le héraut de la cause noire!)..

        J’en ai même connu dont le prénom était « bic rouge » voire…mes propres nom et prénom 🙂 , ça procède juste d’une décomplexée impulsion à temps T, bref rien (non plus, désolé Ghemmour) à voir avec quelque abracadabrante dimension de, je cite donc ce phénomène, « grand leader noir de la fraternité mondiale », « Moïse noir guidant son peuple vers la rédemption et la résilience », « figure tutélaire conscientisée de sa diaspora », pouillouille.. Toute cette logorrhée pour un missi dominici, revu et archi-rerevu en représentant de commerce du Brésil émergent/moderne, et dont je mets Ghemmour au défi d’établir qu’il se livrât ou fût jamais perçu autrement..sinon par des occidentaux trop irrémédiablement idéologisés, ça oui!

        Bref : Ghemmour gagnerait vraiment à arrêter la mescaline ou de prendre ses névroses pour des réalités.

        Jamais entendu de « Pelé » non plus sur les terrains ou dans la « rue », parmi la dizaine de pays équatoriaux connus en Afrique : ce qui y avait cours était aussi du Maradona chez les quadras (générationnellement fort marqué, oui), du Drogba, Essien, Totti.. Ah merde, Totti : un Moïse blanc, Ghemmour va devenir fou! (au basket vers mes 18-20 ans, mes équipiers caucasiens comme moi me surnommaient Rodman………….. Pourquoi des Ghemmour & Co ont-ils toujours besoin de tout « épidermiser »? Qu’ils s’intéressent un peu plus au jeu, par pitié…..)

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    2. Les images ne sont pas crues : c’est l’impression qu’elles donnent. Une fausse impression, un piège dans lequel il ne faut absolument pas tomber. C’est le principal écueil de ce type de document, que les propagandes savent si bien utiliser : « regardez ! c’est visible, donc c’est vrai. » Machiavel, peut-être le premier, avait déjà compris ce pouvoir suprême de l’oeil, qu’il était le sens le plus fort chez l’être humain, celui avec lequel il était le plus facile de manipuler le tout-venant. La Réforme catholique s’en inspira. Les images peuvent mentir, elles peuvent être manipulées, elles doivent être interprétées, questionnées, re-questionnées sans cesse, comme n’importe quel document.

      Pelé n’a peut-être pas besoin de mystère pour être légendaire, il n’empêche que son nimbe de mystère est bien agréable au moment de dérouler son légendaire. Son éloignement, son étrangeté créent une forme d’exotisme. Néanmoins, au contraire de ce que laisse entendre le texte et nonobstant une fois de plus le soi-disant sacro-saint pouvoir des images (animées), je suis convaincu que le même mystère et le même légendaire entourera (et entoure déjà) les vedettes d’aujourd’hui. Malgré le torrent d’images, de sons, d’informations qui nous affecte continuellement, le récit reste prédominant : comment agencer ce torrent, que faire de toutes ces informations, comment les lire, comment les comprendre ? Le récit, souvent fait par d’autres, nous le permet. Ce que certains, férus d’anglicismes, appellent le storytelling ou le narratif. C’est tout simplement le récit. Et peu importe sur quel type de document (toujours fragmentaire : quel être humain est capable d’appréhender l’entièreté du réel ?), de témoignage il s’appuie, c’est la force du récit qui structure et ordonne les faits, crée ou défait les mythes et les légendes.

      Bref, il y a des récits Pelé (dont un prédominant, structurant), mais il y a déjà des récits Mbappé ou Modric. Et il y aura des récits (peut-être différents, peut-être identiques) Mbappé ou Modric dans 20 ou 50 ans, dans 100 ans. Peu importe la quantité de documents disponible, toujours importe ce qu’on en fait. Peu importe les faits, toujours importe ce qu’on en fait. Un fait n’est pas brut, pas plus qu’une vidéo. Il doit être analysé, interprété, raconté. Et l’ensemble des faits, ainsi agencés, ainsi structurés, forme un légendaire.

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      1. Ce n’est pas tant la quantité d’images que la puissance du récit. Un récit Mbappé n’a pas la même force que le récit Pelé avec le petit cireur de chaussures qui bat l’Uruguay en 1950.
        C’est digne d’un scénario hollywoodien et Mbappé, Messi ou Cristiano Ronaldo ne tiennent pas la comparaison sur cet aspect.

        L’autre point qui « avantage » Pelé, c’est qu’à son époque il était au-dessus de tout le monde. Tandis que Messi et Cristiano Ronaldo se sont affrontés, tout comme il y a un duel Mbappé-Haaland.
        Donc on peut objectivement dire que Pelé était au-dessus, mais on ne peut ensuite pas le comparer à Maradona ou quiconque car on ne peut pas comparer dee joueurs issus d’époques différentes.

        C’est donc tout le paradoxe : on adore et on place au-dessus de tout un joueur que l’on n’a pas vu jouer, ou presque pas. Et je trouve ça plutôt amusant (sans penser que son statut de roi est usurpé).

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      2. « Ce n’est pas tant la quantité d’images que la puissance du récit. »
        Dans mes bras !

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    3. @Dip : sur Sofoot, si tu es dans le collimateur de certaines pleurnicheuses comme Mourignon et que tu n’es pas du genre à faire des bisous aux modos, ils peuvent te bloquer ton adresse IP sans autre forme de procès. Ils m’ont repéré de la sorte pour me bloquer définitivement lorsque j’ai voulu recréer un compte.

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  2. Quand j’ai cherché à son propos il y a quelques années, au-delà des images c’est la profusion des témoignages de ceux qui l’ont vu jouer disant à quel point il était au-dessus des autres qui m’avait marqué. Je me rappelle notamment de Menotti répondant à des journalistes qui voulaient le comparer à Messi ou Maradona, déclarer que Pelé est incomparable, qu’il est d’une autre planète. Et beaucoup d’argentins de ces générations relayaient le même genre témoignage, de Passarella à Bilardo, alors que je les imaginais plutôt défendre Maradona dans ce débat.

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    1. Aujourd’hui, il y a un avantage: la profusion des images (un point positif concernant le numérique). Rien ne nous empêche de regarder les matchs de Pelé et de Maradona pour se faire une opinion personnelle.

      On parle plus haut du pouvoir de manipulation des images, pour moi un match c’est ce qu’il y a de plus « objectif » possible comme support. C’est une capture de 90 mn de la carrière d’un joueur sans aucune altération des faits. Je ne vois pas mieux.

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      1. Un match est mis en scène. Les faits sont altérés.
        Le spectateur ni le téléspectateur ne peuvent tout voir, tout saisir : c’est une illusion.

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      2. Il est mis en scène de part la réalisation et les angles de prise des caméras, je suis d’accord. Encore qu’un match est beaucoup plus mis en scène aujourd’hui avec toutes les possibilités technologiques en live que dans les années 60.

        Tu en conviendras tout de même que c’est la source la plus objective possible (à part être dans les gradins): un match ne ment pas sur le niveau de jeu qu’affiche un joueur (quel que soit le parti pris de la réalisation). C’est tout ce qui m’importe.

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  3. Très joli article mais personnellement, je n’aime pas du tout la légende comme quoi Pelé est un joueur d’un autre temps avec peu de sources… Je pense qu’après Ali, aucun sportif des années 1960 n’a autant d’archives disponibles à son sujet.

    Si on voit nos stars modernes dans toutes les coutures (ad nauseam à mon avis) Pelé reste un joueur qui a été suffisamment documenté pour que les zones d’ombres que certains veulent faire exister n’ait plus de raisons d’être.

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    1. Sofoot s’était précisément tout un temps fait cette spécialité, assez nauséabonde, de le ringardiser à tout-va.

      Venant de la presse-marchande, c’est logique et à dire vrai une très vieille ficelle : faut faire de la place pour les idoles à temps T, or l’envergure de Pelé est si écrasante……

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    2. Je ne veux pas dire qu’on cache des zones d’ombre. Je m’amuse plutôt du paradoxe de l’adoration d’un joueur qu’on a pour la plupart d’entre nous pas ou peu vus. Bien peu de gens vont voir les matches entiers dans les archives.
      Pelé est le plus grand. Mais c’est la facilité avec laquelle cette affirmation s’installe qui me paraît intéressante.

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      1. Ses zones d’ombre sont de toute façon bien plus connues que celles de pas mal de stars contemporaines : parfois brutal sur pelouse, goût de l’argent..

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  4. J’arrive après le guerre mais je découvre avec stupéfaction votre citation de Ghemmour sur Pelé, leader de la cause noire.
    De sacrés exemples des méfaits des méconnaissances culturelles des journalistes. Analyser la place d’un noir au Brésil comme la place d’un noir aux USA ou en France, lier Pelé à un Africain? Je ne maitrise pas le Brésil comme Cebo mais les rapports de couleur de peau sont à des lieues de ceux aux USA (qui ont fini par devenir la norme mondiale), et même si sous l’influence américaine le Brésil a rejoint le mouvement, à l’époque de Pelé il est sur que les inégalités étaient avant tout économiques. Pelé se sentant bien plus proche des riches blancs que des pauvres noirs.
    En France (et en Europe) on voit les noirs (et arabes) à travers nos colonies, aux USA à travers des siècles d’esclavage et de ségregation, au Brésil c’est encore autre chose, le mélange est bien plus diffus (même si les blancs sont souvent au pouvoir) et j’ai l’impression que le syncrétisme est plus grand.
    Bref encore une belle connerie!

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      1. Là ils surfent sur la vague pour faire du clic, je ne vois pas d’autre explication (enfin, j’espère qu’ils ne sont pas convaincus de ce qu’ils avancent…)

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