Portugal 2002 – Le sabordage de la « Geração de Ouro »

Ce vendredi 2 décembre 2022, le Portugal rencontre la Corée du Sud pour le compte de la 3e journée du Groupe H de la Coupe du monde 2022. Un adversaire pas banal pour la Seleção das Quinas : rencontrer une équipe portugaise en Coupe du monde semble renfermer quelque chose de particulier. Les deux confrontations avec la Corée du Nord ont par deux fois donné lieu à des rencontres mémorables faisant entrer le Portugal dans la légende du plus grand des tournois. En revanche, la seule opposition aux cousins du Sud de la péninsule aura eu une issue dramatique… La rencontre de ce jour, ayant lieu 20 ans plus tard en terres qataries, est l’occasion de se remémorer du désastreux parcours de la sélection portugaise lors de la Coupe du Monde disputée en Corée du Sud.

Pendant longtemps, l’histoire d’amour entre le Portugal et la Coupe du Monde fut celle d’un « Je t’aime, moi non plus ». Les joueurs de talent ayant eu l’occasion de revêtir la tenue rouge et verte de la Seleção n’ont pas manqué. Mais en dehors d’une belle demi-finale obtenue en 1966 par les exploits de sa panthère noire du Mozambique Eusébio, et d’une participation anecdotique sur le plan sportif en 1986 mais marquée par des scandales de primes, le Portugal a trop souvent déçu. En fait, lorsqu’ils arrivent en Extrême-Orient, les Lusitaniens n’en sont qu’à leur troisième participation seulement en 17 éditons de Coupe du monde. Et alors que cette fois-ci, se pensant porté par sa « Geração de Ouro » (Génération dorée), le Portugal se voyait faire un grand tournoi, il va se planter dans les grandes largeurs… Une fois de plus…

Nourrir des ambitions de grandeur

Le Portugal est une nation maritime, à l’histoire marquée par les Grands explorateurs du monde. En 2002, tel des héritiers de Vasco da Gama, de Bartolomeu Dias, ou Fernand de Magellan, la Seleção du Portugal espère mettre le cap sur Cipango. Cipango étant le premier nom donné par Marco Polo à cette terre située à l’extrême orient du continent asiatique, mais inconnue des Européens jusqu’à ce que les Portugais la découvrent au milieu du XVIe siècle. Ce qui était alors nommé « Cipango » deviendra « Japon » dans les langues européennes une fois l’existence de cet archipel confirmée. De cette première rencontre avec les Européens, le pays du Soleil levant en gardera des traces durables : de l’introduction du christianisme à la gastronomie, l’emblématique plat Tempura étant une adaptation des Peixinhos da horta portugais.

Mais avant de se rendre vers l’ancien Cipango, le Portugal doit fait escale en Corée du Sud puisque pour son retour en Coupe du monde, il est tombé dans le Groupe D avec les Etats-Unis, la Pologne et l’hôte coréen. Or, si ce groupe n’est pas le plus simple de la compétition, le Portugal fait à priori figure de favori pour la première place.

Et pour cause, la Seleção das Quinas, une fois n’est pas coutume, avance vers ce tournoi avec de sérieuses ambitions : une génération de joueurs particulièrement talentueux a émergé dans les années 90. Et la liste du sélectionneur António Oliveira est alors l’une des plus prometteuses qu’ait jamais présenté le Portugal dans un tournoi international : Vítor Baía, Jorge Costa, Abel Xavier, Fernando Couto, Paulo Sousa, Paulo Bento, … La sélection parait déjà très forte sur le plan défensif. Mais c’est vraiment du côté de l’attaque que les étoiles s’alignent : Rui Costa, João Pinto, Sergio Conceição, Nuno Gomes, Pedro Miguel Pauleta. Et surtout, le Ballon d’Or 2000, l’un des meilleurs joueurs de sa génération, ancien capitaine du FC Barcelone honni pour être passé chez l’ennemi du Real Madrid, l’ailier Luís Figo.

Avant le match contre les Etats-Unis à Suwon (5 Juin 2002) Vítor Baía ; Fernando Couto (Cap.) ; Pauleta ; Beto ; Jorge Costa ; Rui Costa ; Sergio Conceição ; Rui Jorge ; Petit ; João Pinto ; Luís Figo

Un effectif talentueux, expérimenté et habitué aux grandes rencontres, la plupart étant titulaires indiscutables dans bon nombres de grands clubs européens de l’époque.  Mais qui ne débarque pas en Corée sans une certaine pression : la presse internationale n’a pas manqué de préciser qu’il s’agissait peut-être pour cette génération dorée de l’opportunité de la dernière chance après tant de rendez-vous manqués. Et ce, alors qu’elle était promise à un avenir glorieux après ses deux victoires lors des championnats du monde juniors de 1989 et de 1991. Dix ans plus tard, aucun titre n’est venu enrichir le palmarès de la sélection A, jusque là toujours vierge.

Le temps presse donc pour ces joueurs dont beaucoup ont déjà passé la trentaine et qui disputent, aussi étonnant que cela puisse paraître, leur première Coupe du monde après avoir manqué celles de 1994 et 1998. D’autant plus que le prochain championnat d’Europe des Nations, en 2004, se déroulera au Portugal. Alors il n’y a plus de temps à perdre !

Mais si elle n’a aucune référence au niveau mondial depuis longtemps, la Seleção en a à l’échelle européenne. Après un Euro 96 de bon augure (éliminés en quart de finale par le futur finaliste tchèque), les Portugais sortent d’un excellent Euro 2000 (éliminé en demi-finale par la France au terme d’une bataille épique) et d’une phase de qualification très convaincante : invaincu au terme des 10 matches de groupe et une première place bien méritée devant l’Irlande, et surtout l’ogre néerlandais. Un ogre que les Lusitaniens vont d’abord terrasser 0-2 à Rotterdam, avant de les achever en mars 2001 : après avoir été menés 2-0, Figo et ses partenaires parviendront à égaliser dans les 10 dernières minutes de jeu. Un match qui s’annonçait fondateur et révélateur des nouvelles qualités mentales des Portugais.

Rui Costa face à Edgar Davids, lors du match de qualification pour la Coupe du Monde 2002, le score sera de 2 à 2 (28 mars 2001)

Nuno Gomes explique pour l’émission Chegámos lá, Chmbada : « En 2002, l’équipe était vraiment la base de ce qui était le championnat d’Europe 2000, avec deux années d’expérience supplémentaires. » Le talent, l’expérience, et le mental fraîchement acquis. Trois ingrédients qui sont censé mener le Portugal vers les sommets en Asie. Pourtant, c’est ce dernier ingrédient, habituel point faible des Lusitaniens, qui va se révéler défaillant.

TROU D’AIR

Dans une volonté d’accentuer le symbolisme, la sélection portugaise décide d’entamer sa campagne asiatique par quelques jours de préparation dans son ancienne colonie chinoise de Macao, rétrocédée à la République populaire de Chine deux ans et demi plus tôt après 442 années d’administration lusitanienne. L’intention avouée étant de préparer le groupe au climat humide de l’été asiatique. Est-ce que l’atmosphère des casinos de la Las Vegas asiatique a eu des conséquences non désirées ? Toujours est-il qu’il s’en suit une préparation très physique qui va laisser des traces dans les corps et dans les têtes.

Le journaliste Rui Dias observe : « Mauvaise préparation, mauvais choix de lieu pour faire le stage. C’était l’échec total d’un plan qui supposait que c’étaient les conditions que nous allions trouver en Corée du Sud. C’était censé être le plan parfait. Mais cela a complétement raté le coche ! Disons que le climat que l’on a trouvé en Corée du Sud était un climat tout à fait normal, contrairement à celui de Macao. Les joueurs l’ont quitté dans un état bien pire qu’à leur arrivée. »

Cette préparation sera d’ailleurs marquée par plusieurs signes de mauvais augure. D’abord, le milieu du Marítimo Fuchal Daniel Kenedy sera exclu de la sélection suite à un contrôle positif au Furosémide, alors considéré comme produit dopant. Déjà tourmentée, la visite à Macao sera ponctuée par un match amical contre le nouveau maître des lieux, l’équipe de Chine. Un match âpre et difficile disputé sous une chaleur étouffante, et dans lequel Rui Costa va rater un pénalty, tel un prémisse de sa Coupe du Monde ratée. La Seleçao va tout de même s’imposer à l’usure en deuxième période sur le score de 2-0, dans un match qui rappellerait bien le France – Corée du Sud du 26 mai 2002.

Handicapé par une blessure à la cheville depuis février 2002, le Ballon d’Or 2000 Luís Figo n’est pas au meilleur de sa forme lors du stage de préparation à Macao.

Car à l’instar des Français, le Portugal est lui aussi inquiet pour sa star mondiale : lors d’un match de Ligue des Champions entre le Real Madrid et le FC Porto, Luís Figo se blesse à la cheville suite à un contact avec Deco (peut-être source de leur future inimitié quand le Brésilien de naissance intégrera la sélection portugaise). Une blessure qui va considérablement gêner le Ballon d’Or 2000 jusqu’à la fin de saison, comme en atteste sa piètre performance lors de la finale de la Ligue des Champions contre Leverkusen. Pendant le séjour à Macao, Figo interroge et participe avec parcimonie aux entraînements, sa cheville étant encore fortement gonflée.

Ainsi, alors qu’il aurait dû arriver avec un capital confiance bien élevé, c’est finalement en plus petite forme que prévue et avec pas mal de doutes en tête que le Portugal entame sa Coupe du monde à Suwon contre les Etats-Unis. Mais des doutes, les Américains n’en ont guère, et vont surprendre leur adversaire et le monde entier. Dès la 3e minute de jeu, suite à un corner, Vítor Baía repousse une tête de McBride, mais John O’Brien est le premier à suivre pour marquer. Cueillis à froid, les Portugais entrent dans un hallucinant passage à vide.

John O’Brien ouvrant le score suite à un corner repoussé par Vítor Baía.

Deux minutes après l’ouverture du score, Vítor Baía repousse maladroitement un coup-franc sur Landon Donovan. Surpris, l’attaquant américain ne peut reprendre efficacement le ballon et le deuxième but est évité miraculeusement. La défense portugaise est d’une fébrilité et d’une passivité consternante. Lâches dans le marquage et systématiquement à la traîne, ils perdent pratiquement tous les duels. La relance par les défenseurs est mauvaise, pas très aidés par un milieu aux abonnés absents, et beaucoup de ballons sont trop facilement interceptés par les Américains. Imitant son compère Fernando Couto deux minutes plus tôt, Jorge Costa se rend coupable d’une mauvaise relance terminant dans les pieds adverses. S’en suit un centre de Donovan que le joueur de Porto dévie du crâne, trompant Vítor Baía et terminant dans le but portugais. S’il y a certes beaucoup de réussite sur ce deuxième but, il n’en sera rien sur le troisième arrivant cinq minutes plus tard. McBride, d’une tête plongeante, reprend superbement un centre de Saneh et illustre la passivité de l’équipe du Portugal.

3-0 après 35 minutes de jeu, c’est la consternation dans le camp lusitanien. Les Américains sont largement supérieurs physiquement et tactiquement. Tout l’inverse d’une Seleção apathique, désorganisée en tout point, et semblant cruellement manquer de jus. Et si la réduction de l’écart arrivant rapidement par Beto peut laisser penser à une seconde mi-temps de folie, il n’en sera rien. Durant toute la deuxième partie de la rencontre, les Portugais vont se montrer incapables d’accélérer le rythme et à maintenir une pression forte dans le camp US. Même lorsque Jeff Agoos donne un coup de main en marquant contre son camp à la 70e minute, il ne se passe rien. Il n’y a aucun coup de boost qui pourrait permettre aux Portugais d’y croire. Pas une situation dangereuse crée pendant toutes les 20 dernières minutes du match. Dans les faits, le score de 3-2 est presque flatteur pour les hommes d’António Oliveira et c’est sur une défaite logique que le Portugal entame sa compétition.

Transparent durant toute la rencontre, Luís Figo est lucide : « C’est un coup dur pour toute l’équipe. Nous étions surpris d’être menés 3-0 et ne savions pas comment réagir. Le match était mauvais, le résultat était mauvais, tout était mauvais. Nous avons commis des erreurs que l’on ne doit pas faire à ce niveau. Ce n’est pas le jeu physique des Américains qui a fait la différence mais nos propres erreurs. » En effet, la presse locale et internationale souligne à quel point les Américains ont dominé la rencontre physiquement, mais regrette surtout la passivité avec laquelle les Portugais ont traversé la rencontre.

Brian McBride célébrant le troisième but américain au milieu du défense lusitanienne passive et désabusée par la tournure cauchemardesque que prennent les événements

DOUCHE FROIDE ET MENTAL DANS LES ABYSSES

Touché de plein fouet par cette entrée en lice catastrophique, c’est boitillant que le Portugal aborde son deuxième match contre la Pologne. « Boitillant »… littéralement. Car le sélectionneur António Oliveira a trouvé le moyen de se tordre la cheville en descendant du bus et devra continuer à coacher son équipe béquilles à la main pour le reste de sa compétition. Le navire portugais tangue d’autant plus que l’équipage montre quelques signes de paranoïa à l’approche de la rencontre lorsque c’est M. Hugh Dallas qui est annoncé pour arbitrer la rencontre, avec M. Igor Sramka à la touche.

Ces deux arbitres étaient en effet présents lors de la demi-finale héroïque de l’Euro 2000 contre la France. Igor Sramka étant l’arbitre assistant ayant signalé le pénalty pour une main d’Abel Xavier, tandis que Hugh Dallas était le quatrième arbitre. Les deux hommes avaient violemment été pris à partie par les Portugais, notamment Abel Xavier, Nuno Gomes et Paulo Bento. Un comportement qui vaudra un rapport très salé de la part de l’arbitre écossais et qui aboutira à de lourdes suspensions. Ainsi, le camp lusitanien a vivement critiqué la désignation de la FIFA et exprimé ses craintes quant à la neutralité des hommes en noir. « Ce en quoi, bien entendu, ils ont tort », affirme sans broncher Thierry Roland au micro de TF1, mais qui symbolise néanmoins la fébrilité dans laquelle se trouve désormais la sélection portugaise.

Le malheureux sélectionneur du Portugal António Oliveira se foulera la cheville en descendant du bus quelques jours après la déroute contre les Etats-Unis

Elle va cela dit se rassurer très vite. Pedro Pauleta confirme sa très bonne année avec les Girondins de Bordeaux (22 buts en D1, meilleur buteur de la saison avec Djibril Cissé) et ouvre le score dès la 13e minute après avoir mis dans le vent Tomasz Hajto. Le Portugal se rend ainsi les choses très faciles en obligeant la Pologne à faire le jeu dans ce match joué à Jeonju sous un véritable déluge que seule la mousson coréenne peut produire. Très faible et en manque total de créativité, la Pologne s’expose aux contres létaux des Portugais. Pauleta signe un triplé tandis que Rui Costa porte le score à 4-0 en fin de match.

Néanmoins, si sur le plan de la confiance, les choses peuvent aller un peu mieux, le Portugal se retrouve dans une situation très délicate au moment d’affronter l’hôte Sud-coréen à Incheon. Leur adversaire, ainsi que les Etats-Unis, sont en tête avec 4 points tandis que les Lusitaniens n’en ont que 3. Une victoire s’impose donc pour Luís Figo et ses partenaires. Le défi est de taille face à un adversaire coriace qui lui, joue pour gagner. Légèrement maîtres du ballon au début du match, les Portugais ne cherchent pas pour autant à diminuer l’incroyable intensité avec laquelle se jouent les 20 premières minutes. Cela va très vite de part et d’autre et c’est une rencontre très équilibré qui s’amorce sur un rythme incroyable et très spectaculaire

Mais les Portugais finissent petit à petit par perdre de plus en plus de duels. A l’image de Luís Figo, qui a beau s’y reprendre à trois, quatre, cinq fois, il ne gagne aucun de ses un-contre-un face à Song Chong-gug. Ca en devient presque pathétique pour la star du Real Madrid, humilié par un inconnu de 23 ans jouant à Busan. De plus en plus agacés par la vivacité et la suppériorité de leurs adversaires, les hommes d’António Oliveira deviennent nerveux… Jusqu’au dégoupillage de João Pinto, auteur d’un véritable attentat sur Park Ji-sung. Tacle deux pieds décollés par derrière, le fantasque attaquant du Sporting manque de peu de casser la jambe du futur joueur du PSV Eindhoven.

Face à un tel geste, l’arbitre argentin M. Angel Sánchez n’a d’autre choix que de sortir le carton rouge et expulse logiquement le Portugais. Cependant, João Pinto s’approche fou de rage l’arbitre avant d’en être séparé par ses coéquipiers. M. Sánchez le regarde s’éloigner hébété, les yeux et la bouche grands ouverts. Il semble choqué par quelque chose… Et pour cause, L’arbitre expliquera après la rencontre : « Joao Pinto m’a donné un coup de poing à l’estomac, du côté gauche, juste en dessous des côtes. » Si le joueur portugais est déjà connu pour son mauvais caractère, il dépasse ici clairement les bornes en frappant un arbitre en Coupe du monde. Si l’on continue sur les déclarations de l’arbitre argentin, le fautif se serait rendu dans son vestiaire après le match accompagné de Luís Figo et d’Eusébio afin de s’excuser. M. Sánchez fera tout de même un rapport de l’incident et la FIFA suspendra João Pinto pour quatre matches fermes de toute compétition.

Désormais réduits à 10, la situation n’est toutefois pas si désespérée pour les Portugais. Ils savent qu’alors qu’on joue depuis 30 minutes, les Etats-Unis sont menés 2-0 par la Pologne. Ils savent donc qu’ils se retrouvent désormais avec le même nombre de points que leurs homologues américains, mais devant eux à la faveur d’une différence de but nettement favorable. Le rythme du match retombera ainsi nettement jusqu’à la mi-temps : les Coréens sachant également que les choses restaient ainsi, ils seraient premiers de leur groupe, et les Portugais deuxièmes. Tout le monde est content. En dehors d’une situation très dangereuse pour Pauleta, les Portugais ne veulent plus prendre le moindre risque. Si l’on en croit le défenseur coréen Lee Young-pyo, Luis Figo aurait pour sa part suggéré à ses adversaires de « jouer le nul » à la mi-temps du match. « Sur le moment, je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire, aussi n’ai-je pas réagi », a ajouté Lee, expliquant qu’il n’était pas au courant de l’évolution de l’autre match du groupe.

Cela dit, cette manœuvre pas très honorable de la part des Portugais ne pas affecter les Coréens plus que ça. Sans doute ayant à cœur de faire honneur à leur pays devant leur public, les hommes de Guus Hiddink se montrent bien plus entreprenants en deuxième mi-temps, retrouvant leur vivacité du début de match et mettant en grande peine leurs adversaires. Jusqu’à la faute de trop pour Beto, déjà averti, et qui récolte un deuxième carton jaune pour une faute évidente sur Lee Young-pyo. Là encore, l’expulsion est méritée. António Oliveira est complètement désabusé sur le banc de touche, mais il n’aura même pas le temps de réajuster son équipe pour tenir le nul : quelques minutes plus, Park Ji-sung amorti de la poitrine un long centre dans la surface de réparation, élimine Sergio Conceição d’un petit jongle, et d’une volée du gauche envoie le ballon entre les jambes de Vítor Baía. Ironie du sort, la Corée du Sud ouvre le score alors qu’au même moment, la Pologne inscrivait un troisième but contre les Etats-Unis, confortant alors la position du Portugal. Un Portugal qui se retrouve alors derrière les Etats-Unis au classement du Groupe D.

Pour une accumulation de fautes, Beto prend un deuxième carton jaune et est à son tour expulsé

Au naufrage mental s’ajoute il est vrai la malchance pour la Seleção. Alors qu’ils doivent désormais tenter le tout pour le tout et accomplir un miracle à 9 contre 11, dans le dernier quart d’heure, les Portugais ont de multiples opportunités pour égaliser et obtenir une qualification désormais inespérée. D’abord, un coup franc de Figo effleure le poteau d’un Lee Won-jae battu. Puis Nuno Gomes, surement surpris de se trouver aussi esseulé dans la surface de réparation, s’affole et rate un but tout fait en manquant sa reprise de volée. Une volée que va lui réussir Sergio Conceição, mais qui s’écrasera sur le poteau… C’était la dernière chance. Le Portugal est défait 1 à 0 et éliminé dès le premier tour de la Coupe du Monde 2002

Park Ji-sung sonne le glas du Portugal et inscrit l’un des plus beau but du tournoi, envoyant ainsi son pays en 8e de finale pour la première fois de son histoire

« Que há-de guiar-te à vitória ! »

Un scénario dramatique parachève ce qui aura finalement été un vrai fiasco pour la « Geração de Ouro ». Malgré des résultats prometteurs depuis deux ans, le football portugais et retombé dans ses travers habituels. Le mental, la capacité à garder son sang-froid, toutes ces choses importantes au niveau mais qui a longtemps fait défaut à cette Seleção das Quinhas. Ironie du sort, il faudra que le Portugal s’en remettre à l’homme fort de l’autre Seleção. Celle du Brésil, celle de Luiz Felipe Scolari, qui décrochera quelques semaines plus la Penta, la cinquième étoile pour les Sud-américains. Face à l’Euro à la maison qui se profile, la Fédération portugaise choisira de sacrifier une partie de l’orgueil national et de s’en remettre à un sélectionneur étranger.

On ne le soupçonne pas encore en 2002, mais cet échec en Asie sonnera le glas de cette « Génération dorée », qui n’aura donc rien gagné avec les A. Pas même réussi à atteindre la moindre finale. Pas même réussi à franchir une seule fois le premier tour d’un Mondial. Et en 2004, alors que le Portugal réalisait alors son meilleur résultat, le football portugais était passé à autre chose. Malgré la présence de quelques uns de ses derniers représentants dans le groupe qui ira perdre en finale contre la Grèce, La « Geração de Ouro » fut remplacée au fur et à mesure de l’Euro 2004, par celle du Porto triomphant de José Mourinho : Fernando Couto par Ricardo Carvalho ; Jorge Costa par Jorge Andrade ; Rui Jorge par Nuno Valente ; Petit par Maniche ; Rui Costa par Deco ; João Pinto par Cristiano Ronaldo ; Sergio Conceição par Simão, … Seul Luís Figo sera en mesure d’assurer la transition et de permettre la passation de pouvoir.

Finalement, la « Geração de Ouro » des années 1990 sera pas celles des explorateurs trouvant les nouvelles voies pour, selon les paroles de l’hymne nationale, « Montrer de nouveau la splendeur du Portugal» Ils n’en seront que les pionniers, ceux qui auront échoué mais qui doivent servir de référence dans ce qu’il ne faut pas faire. Ils ne seront que « la voix des illustres aïeux qui vous guident vers la victoire. »

Luís Figo manque de peu le cadre sur coup-franc et l’égalisation qui aurait pu qualifier le Portugal. La star du Real Madrid sera passé à côté de son Mondial.
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Xixon

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15 réflexions sur « Portugal 2002 – Le sabordage de la « Geração de Ouro » »

  1. Merci el Guaje.
    Juste une compil du super joueur qu’était Antonio Oliveira, le coach du Portugal 2002. Un symbole du Porto qui s’affirme dans la fin des 70′. Comme Fernando Gomes. Et après un passage raté au Betis, un genial dynamiteur du Sporting de Jordao et Manuel Fernandes. 3 fois joueur portugais de l’année.
    https://youtu.be/D0-zVvMFRxA

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  2. Rui Costa, Figo, Paulo Sousa (même s’il était en bout de course), c’était quand même extraordinaire en termes de joueurs de ballon. En revanche, il y avait quelques éléments qui n’avaient pas de cervelle et qui pétaient un câble à la moindre contrariété (Conceição ou évidemment João Pinto eh eh). J’ai la sensation que le seleção actuelle est plus sereine même s’il faut toujours se méfier de Pepe 😉

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  3. Je me rappelle du tacle immonde de Joao Pinto et de son attitude scandaleuse lorsqu’il se fait expulser. Mentalement, il n’était tellement plus dans le match que ça en devenait grotesque. D’ailleurs, il n’avait même pas 31 ans ce jour-là face à la Corée et ce fut son dernier match sous le maillot portugais.

    Il est aussi important de noter, comme tu le précises, qu’avant 2002, le Portugal ne se qualifiait que très rarement pour une coupe du monde. Maintenant, nous sommes habitués à les voir à chaque édition mais ce ne fut pas toujours le cas, loin de là 😉

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  4. Avoir uniquement deux mondiaux au XXeme siècle pour un pays comme le Portugal est une anomalie. Meme si les places étaient plus chères à l’époque. Leur échec à ne serait ce que choper un barrage au moment des qualifications pour le mondial 98 a été une grosse déception. Surtout apres l’euro 96 prometteur.

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  5. Trop de mauvais souvenir, j’aurais du mal à développer. Ce mondial on y croyait fort au début mais finalement tout était vérolé dans la préparation. Ce qui explique surement la défaillance de toutes les meilleures équipes lors de cette coupe du monde chère à Xixon. Des staffs qui n’avaient pas su gérer le climat, le décalage et qui ont été un peu trop sur de leur fait. Dommage en 2002 il y avait des équipes magnifiques et même si Xixon aime défendre cette édition, je serais éternellement déçu de ne pas avoir des équipes d’Argentine, Portugal, France ou Italie au niveau. Depuis il y a eu des CDM moins intéressantes mais je persiste à croire que celle-ci aurait pu être mémorable.

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      1. Il y a entre autres des nuls en Arménie et en Irlande du Nord mais surtout, l’expulsion de Rui Costa face à l’Allemagne alors que le Portugal menait 1-0…

        Le sélectionneur portugais veut remplacer Rui Costa, l’arbitre trouve qu’il met trop de temps à sortir du terrain, il l’expulse et les Allemands égalisent derrière. Le Portugal ne rattrapera jamais le retard sur les 2 premiers et finit 3ème, à un point de l’Ukraine, barragiste.

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      2. *Rui Costa avait déjà été averti et prend un second avertissement, pour la précision

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