SC Fribourg, marabouté par le sorcier de la Forêt Noire

Saison dernière 

Une bonne saison pour les Breisgauer qui finissent une nouvelle fois européens après avoir longtemps espéré la Ligue des Champions. L’appétit venant en mangeant, les fines bouches faisaient presque la tête en fin de championnat.

Parti fort sur les matchs aller, Fribourg pointait cet hiver lors de la trêve Coupe du monde à la seconde place du classement derrière le FC Bayern, devant avec quatre points d’avance. Le SCF est également sorti premier de son groupe de Ligue Europa avant de se faire sortir en quarts de finale par une équipe de la Juventus plus mature et plus expérimentée (1-0 à Turin puis 1-1 à Fribourg).

Fribourg a passé cette saison de Bundesliga dans les équipes de tête mais a semblé caler lors des confrontations directes face aux prétendants aux premières places lors des confrontations directes : face au Bayern (2 défaites 5-0 et 0-1), face à Dortmund (2 défaites, 1-3 et 5-1), face au RB Leipzig  (2 défaites, 3-1 et 0-1) et face à l’Union Berlin (une victoire 4-1 et une défaite 2-4), le bilan sans appel est de une victoire, sept défaites, 11 buts pour, 23 buts contre. Marquant ainsi les limites d’un effectif qui aujourd’hui n’est pas vraiment taillé pour se mêler sérieusement à la lutte pour les premières places.

Parmi les résultats peu ordinaires, un 6-0 encaissé à Wolfsbourg atteste que l’équipe est aussi capable de passer au travers alors qu’Augsbourg (0-4), Schalke (4-0) et Leverkusen (2-3) ont bien mordu la poussière.

Si une saison est longue, celle de Fribourg a basculé en deux semaines. Retour sur ces quelques jours.

Première semaine du mois de mai, la demi-finale de Pokal perdue à domicile face au RB Leipzig le mardi : une gifle, une claque, une beigne en fait, de celle qui vous marque au fer rouge de Taureaux imbibés de Red Bull (1-5). Non seulement, cette cuisante défaite vous empêche de jouer une seconde finale de Pokal consécutive mais pendant trois jours, elle vous met sous pression puisque la rencontre de Buli pour se remettre directement en selle proposait dès le samedi 15h30 la réception de ce même RB Leipzig à l’Europa Park Stadion dans un remake express à forts enjeux : le quatrième accueillant le cinquième, une qualification à la lucrative Ligue des Champions en toile de fond.

Ce moment rare où toute votre saison peut basculer, du bon comme du mauvais côté. Surtout qu’il vous faut rejouer le même adversaire qui vient de vous humilier devant l’Allemagne du football et qui est, de plus, votre concurrent direct. Bref, rêve ou cauchemar, le réveil du dimanche promettait…

Et la saison bascula du mauvais côté puisque le RB Leipzig s’imposa de nouveau pour la seconde fois de la semaine sur la pelouse de l’Europa Park Stadion (0-1).

Puis la semaine suivante, Fribourg mordait de nouveau la poussière : cette fois-ci, face à l’Union Berlin qui au bénéfice d’une belle victoire (4-2) prenait trois points d’avance au classement à deux journées de la fin.

Pour découvrir, la Ligue des Champions à Fribourg, il faudra encore attendre encore un peu. Au minimum une saison et dans le meilleur des cas.

Effectif 

Adepte de la flexibilité, Christian Streich est passé au gré des adversaires rencontrés dans plusieurs configurations, principalement en 4-2-3-1 (formation qui avait ses préférences en début de saison), 4-3-3, 4-2-2-2 voir le 4-4-2 (qui ressemble à un 4-2-4 avec ballon) . Cette année encore, il dispose d’un effectif suffisamment structuré pour lui offrir des options différenciées dans sa composition tactique. Mais sans exclusive car avec la réputation de sorcier qui est aujourd’hui la sienne, cet entraîneur souvent démonstratif sur la ligne de touche a apporté de subtiles variations tactiques confirmant qu’il était bien un maître dans l’art de préparer son équipe. Une des mutations les plus intéressantes (car elle rend le jeu proposé plus séduisant) est le passage à trois défenseurs en cours de match (parfois Günter monte d’un cran alors que la latéral droit intègre la défense centrale, ce qui nous donne alors un 3-4-3) avec un travail défensif accru du deuxième attaquant. Et sur les matchs amicaux de l’été, on peut penser que l’on devrait revoir plus souvent une défense à trois (ou à cinq en intégrant les latéraux – tout est question de positionnement et animation) alignée en début de match.

En fin tacticien qui sait distiller de l’incertitude, Streich devrait donc changer régulièrement ses animations autant pour s’adapter à l’adversaire que pour tenir compte de la forme de ses joueurs. Revue d’un effectif marqué par une grande stabilité.

Seule nouveauté majeure de l’intersaison, le poste de gardien de but. Flekken parti en Premier League, le nouveau titulaire devrait être le jeune Noah Atubolu pur produit de l’académie et grand espoir allemand au poste. Pour assurer ses arrières, ce qui est mieux lorsqu’on parle du poste de gardien, le club a fait revenir de Stuttgart Florian Müller en numéro deux (il avait déjà été prêté à Fribourg lorsqu’il appartenait à Mayence) et a prolongé en mars le contrat avec Benjamin Uphoff, troisième gardien. Le trio de gardiens a une hiérarchie claire et semble consistant, Müller qui a une vraie expérience de titulaire en Bundesliga ayant encore une marge de progression.

La défense est organisée autour de son commandant en chef Matthias Ginter (29 ans, ), qui pour son retour dans son club a sorti une saison taille patron (34 matchs, 4 buts, 1 passe). Sous côté, cet international (50 sélections, 2 buts) est un très bon défenseur qui pour moi a largement sa place dans les meilleurs clubs au Monde. Il est l’incontournable de la charnière centrale. Toujours dans l’axe, Philipp Lienhart (27 ans, 29 matchs, 1 but) est un excellent complément doté d’un redoutable jeu de tête, le possible départ cet été de l’Autrichien serait une vraie perte. Pour le moment, il est toujours là. Le fidèle Manuel Gulde (32 ans, 15 matchs, 1 but) était jusqu’à présent le troisième axial de la rotation, Keven Schlotterbeck de retour d’un prêt réussi à Bochum et le prometteur Kenneth Schmidt (21 ans, 5 matchs) issu de l’académie venant densifier les solutions alternatives. Je pense que Schmidt devrait au fil de la saison prendre du galon pour finir comme premier remplaçant en défense centrale.

Sur les côtés, Christian Günter (30 ans), brassard au bras de capitaine, est toujours un latéral gauche très porté sur l’offensive, capable de faire parler la poudre avec son pied gauche (30 matchs,1 but, 5 passes décisives). Pas tout à fait aussi incontournable que par le passé, il a achevé la fin de saison dernière en tirant la langue : rentré moins saignant au retour du Qatar, il s’est assis sur le banc des remplaçants du club pour la première fois depuis 2017 et n’a pas été convoqué en équipe nationale allemande en juin échappant ainsi au naufrage collectif. C’est donc revanchard qu’il a attaqué la préparation. Pas de chance, il s’est fracturé l’avant-bras et court depuis pour être prêt au coup d’envoi de la nouvelle saison. Et comme le garçon est un solide, il devrait être déjà de retour pour le coup d’envoi de la saison. Jordy Makengo, doublure du poste de latéral gauche et qui sort d’une saison en 3.Liga encourageante avec Fribourg II, n’aura donc et dans le meilleur des cas que des miettes.

De l’autre côté, à droite, le Français Kiliann Sildillia, 21 ans et formé à Metz, a été la découverte de la saison (27 matchs, 2 passes). Il a occupé le poste toute la première partie de saison. Et plutôt de manière très intéressante. Avant de devoir partager le temps de jeu avec Lukas Kübler (30 ans, 22 matchs), plus expérimenté et plus adroit (2 buts). Kübler semble partir devant pour ce début de saison. En cas d’éventuelle absence de Günter, Kübler passe à gauche et Sildillia joue à droite.

Au milieu de terrain, on retrouve deux hommes de base avec un profil de travailleur des plus classiques : la solide paire composée des droitiers Maximilian Eggestein axe droit (26 ans, 31 matchs, 1 but, 2 passes)-Nicolas Höffler axe gauche (33 ans, 32 matchs, 1 passe) et chargée de cadenasser l’axe du terrain, particulièrement à la perte du ballon. Dans ce double pivot pas très versé dans le jeu créatif, et dans une logique de poste pour poste, Yannik Keitel (23 ans, 22 matchs, 1 passe) est le remplaçant naturel issu de l’académie et qui est resté au club fermement décidé à s’imposer. Pas gagné car la mise en place d’un match amical contre Strasbourg (Höffler est suspendu pour le début de championnat a laissé entrevoir l’émergence de Merlin Röhl (21 ans, 3 matchs, 1 passe) aligné avec les titulaires. Son profil différent laisse deviner qu’il va apporter une concurrence nouvelle en milieu de terrain.

Le jeu offensif est plutôt produit depuis les ailes. A gauche, on retrouve l’indispensable Italien Vincenzo Grifo (30 ans, 33 matchs, 15 buts, 5 passes) alors que l’excellent Japonais Ritsu Doan (25 ans, 33 matchs, 5 buts, 4 passes) occupe le côté droit. Le Hongrois Roland Sallai (26 ans, 19 matchs, 1 but, 3 passes), talentueux mais qui a semblé avoir quelques petits problèmes avec la vie collective aurait des envies de départ surtout après une saison tronquée par deux blessures, le Ghanéen Kyereh Daniel-Kofi (27 ans, 12 matchs, 2 buts), recrue venue des divisions inférieures faisait des débuts prometteurs la saison dernière avant d’y laisser un genou (toujours out), et Noah Weisshaupt (21 ans, 18 matchs, 1 passe) jeune pousse de l’académie sont sensés prendre le relais au besoin.

En attaque, le titulaire est Michael Gregoritsch. Arrivé l’été dernier, l’Autrichien de 29 ans (45 sélections, 9 buts) a inscrit 10 buts, délivré 4 passes décisives en disputant 29 rencontres. Peut-être la révélation de la saison passée, tout simplement parce que je ne l’attendais pas à ce niveau de jeu pour être tout à fait honnête. Sa meilleure saison datait un peu (2017-18, Augsbourg, 13 buts en 33 matchs). Surtout, il restait sur trois derniers bilans décevants : 19 buts, 76 matchs, Augsbourg et Schalke en prêt. Et tout le talent de la direction sportive de Fribourg est d’avoir identifié chez ce joueur au gabarit imposant (1,93m, 87 kg) le potentiel pour s’intégrer parfaitement et rapidement au dispositif tactique de l’équipe. On y verra aussi la patte du sorcier capable de faire progresser un joueur même déjà expérimenté. Le deuxième attaquant est le jovial Lucas Höler (29 ans, 26 matchs, 5 buts, 2 passes). A Fribourg depuis six saisons avant d’avoir joué uniquement en Reginaliiga, 3 Liga et 2.Buli, il a grimpé les échelons avec le club et arrive toujours à se montrer utile au collectif. Le jeune Adamu (22 ans) a été recruté cet été au RB Salzbourg pour 9,5 M€ et devient le plus gros transfert d’un club qui n’a pas pour habitude de jeter l’argent par les fenêtres. Avec une adaptation d’autant plus facilitée par la présence au club de Gregoritsch son partenaire de sélection, l’international autrichien devrait donc logiquement, une fois l’intégralité de ses moyens récupérés (il a été de nouveau contrarié pendant sa préparation par un bobo au genou), apporter de la verticalité et de la vitesse. Dans un premier temps dans un rôle de joker avant de postuler à une place de titulaire au sein de cette attaque. A noter justement que le supersub Petersen a raccroché en prenant sa retraite. En inscrivant un dernier but en sorti du banc pour son dernier match devant son public, l’attaquant est définitivement entré dans le cœur des supporters et d’un club qu’il a contribué à hisser à ce niveau.

Un joueur 

En actant le départ de Mark Flekken, son excellent gardien hollandais pour Brentford en Premier League, Fribourg décide d’introniser un nouveau gardien titulaire de ses cages et fait un choix fort en direction d’un enfant du club.

Né en 2002 à Fribourg d’un père nigérian et d’une mère allemande, Noah Atubolu est arrivé à l’école de football du SC Fribourg en 2015 en provenance du Sportfreunde Eintracht Freiburg et a traversé toutes les équipes de jeunes du club à partir des U14.  Avec le transfert de Flekken qui gardait si bien les buts de l’équipe première depuis cinq années au cours desquelles il est devenu membre de la sélection des Pays-Bas, le jeune gardien international des U21 allemand s’apprête à passer à une étape importante de sa jeune carrière en étant promu numéro un.

Formé à l’académie locale puis gardien de l’équipe II qui évolue en 3.Liga (56 matchs) en passant par la Regionalliga Südwest (25 matchs), ce fribourgeois pur sucre qui a fait toutes ses classes dans le club de sa ville n’a jamais joué en Bundesliga. Solide gaillard d’1m90 pour 96 kg, il a déjà évolué en équipe première à trois occasions : une fois en Europa League à Bakou et deux fois en Pokal. Avec une préparation mentale depuis ses 17 ans pour compléter ses belles qualités athlétiques, le passage de relais a été programmé par les dirigeants du club, Flekken adoubant au passage Atubolu en reconnaissant le talent précoce du jeune successeur.

Un potentiel qui n’est pas passé inaperçu en à la Fédération Allemagne de Football (DFB) puisque le jeune homme est la figure proue d’une génération de gardiens, où figurent également Christian Früchtl (Austria Vienna) et Nico Mantl (Aalborg BK), pour remplacer à terme les Neuer, ter Stegen et autre Trapp dans le but allemand. Quand on connaît la réputation de l’école allemande de gardien de but, on peut se dire que ce n’est pas forcément un cadeau de formuler sitôt de telle comparaison. La campagne catastrophique des U21 lors de l’Euro de cet été a-t-elle d’ailleurs contrarié le jeune gardien au point d’éroder sa confiance ? La pression de succéder à Flekken, qui est depuis deux saisons probablement le gardien le plus régulier de Bundesliga (encore 13 clean sheets cette année, leader), dans sa ville natale ne va-t-elle pas être trop forte ? En renouvelant son contrat au milieu de l’été, Fribourg croit en lui et s’y tient.

On surveillera donc avec bienveillance le jeune Noah sans oublier que cette opportunité qui lui est donnée illustre aussi la volonté affirmée et revendiquée du SCF d’avancer dans la hiérarchie du football allemand en s’appuyant d’abord sur son école de football et non pas sur des recrutements extérieurs. Un club qui a intégré que le succès ne se décrète pas et que l’erreur fait partie intégrante de l’apprentissage. Comme un acte politique.

Une promesse 

Merlin Rohl est un joueur particulier et c’est le SC Fribourg qui a su le récupérer pour son effectif.

Originaire de la région de Postdam, le jeune milieu de terrain du SV Babelsberg 03 joue en amateur suffisamment bien pour participer à l’âge de 16 ans à des tests à plus de 500 kilomètres de chez lui. Repéré et signé par le club de 3.Liga d’Ingolstadt, il brûle les étapes U17, U19 puis équipe première. Ce milieu de terrain passe alors professionnel l’année suivante en 2020 avec un contrat de trois ans et finit la saison avec à la clef une accession au bout de ses 21 matchs, 1 but et 1 passe. Et pour ne rien gâcher au conte de fées, il découvre la sélection dans l’équipe nationale allemande U19. Pas mal pour un jeune qui n’a pas fait de centre de formation. La saison suivante en 2.Buli, il est un indiscutable titulaire de 20 ans qui confirme avec 26 matchs, 1 but, 2 passes.

A l’intersaison 2022, Ingolsatdt retrouve la 3.Liga et le jeune Merlin enchante son monde l’espace des quatre premiers matchs de la saison (2 buts, 1 passe). Les cadors se pressent. Si Gladbach est intéressé, c’est le malin Fribourg qui remporte la mise en posant sur la table une somme coquette, comprise entre 2 et 3 millions d’euros.

Une première saison à découvrir la cour des grands (3 bouts de matchs, 53 minutes jouées, le temps d’une passe décisive), à intégrer le style de jeu fribourgeois avec la réserve (12 matchs, 2 passes, 3.Liga), à prendre du muscle et à encaisser la charge physique d’un club européen, et le voilà cet été testé avec l’équipe des titulaires comme une possible option au milieu de terrain en l’absence du taulier Hofler suspendu. A priori milieu défensif ou relayeur, il apporte une palette technique et tactique différente des autres postulants tout en étant très complémentaire dans un double pivot composé d’un autre coéquipier plus physique, plus défensif.

Je suis tombé par hasard sur ce joueur lors de la saison 2020-2021, sa première à Ingolstadt. Et sur la pelouse, je ne voyais que lui. C’est un milieu qui a les deux pieds, technique, voit vite et donne l’impression que le football est facile. Polyvalent, et avec aujourd’hui plus d’épaisseur physique pour encaisser les duels (il mesure 1m91 pour 78 kg), je le crois capable d’être une vraie révélation en milieu axial. Et comme j’aime les paris, celui-ci est un des plus intéressants à faire sur la saison tout club confondu.

Avec un coach comme Streich expert dans l’art de développer les belles promesses, ce garçon au parcours singulier a le talent pour jouer en Bundesliga, faire basculer certains matchs et s’y imposer.

Une recrue

A 22 ans, Junior Adamu est arrivé cet été du RB Salzbourg moyennant une indemnité de 9,5 millions d’euros, devenant ainsi le transfert (hors bonus) le plus coûteux du club. D’ailleurs comme à son habitude le club n’a pas communiqué sur la durée du contrat et un chiffre de 6 M€ de transfert est avancé sur transfertmarkt. J’ai tendance à ne pas m’inquiéter pour le SCF qui n’a pas pour habitude de surpayer un joueur et encore moins de se tromper quand il s’agit de son vrai seul recrutement du mercato.

Sorti du moule Red Bull, cet attaquant d’1m84, droitier et né au Nigéria, est rapide, fort en transition et habitué au style intensif. Capable de jouer au centre qui est son poste de prédilection et sur les deux ailes (avec une préférence pour le côté droit quand même), il est déjà international autrichien (6 sélections). Ses partenaires de sélection nationale, Lienhart et Gregoritsch, peuvent donc lui faciliter ses premiers pas à l’étranger.

Passé par la Suisse en prêt et Liefering, club satellite la galaxie Red Bull, son parcours l’a amené à jouer la Ligue des Champions avec Salzbourg (12 matchs, 2 buts, 1 passe) où il a inscrit la saison dernière 14 buts et délivré 6 passes décisives en 40 apparitions. Des statistiques qui laissent penser qu’il devrait pouvoir apporter sa pierre au collectif fribourgeois.

Entre les mains d’un Streich à la fibre formatrice intacte, Adamu a fait un choix raisonné en terme de carrière au sein d’un club qui continue de grandir.

Toutefois, un point de vigilance sur la solidité de son genou car Adamu a semble-t-il joué blessé en Autriche et sa blessure actuelle (rotule) n’en serait que la récurrence.

L’œil de Rwano

Club sympathique et discret, le niveau d’exigence attendue des performances de Fribourg va en augmentant de saison en saison avec son statut d’équipe jouant l’Europe et capable de titiller le podium.

Car ce club travaille bien, a une ligne de conduite raisonnée et raisonnable et surtout s’y tient.

L’effectif dispose de deux excellents joueurs (Ginter et Grifo), est aussi bien structuré qu’équilibré et s’appuie sur un centre de formation qui a fourni cet été le plus gros contingent à la sélection allemande des U21 (4 membres). L’argent est rigoureusement dépensé. Le stade est récent. Et le club va disputer pour la seconde année consécutive la Ligue Europa. Avec Christian Streich et son staff, Fribourg fait le choix de la continuité, un choix qui pour le moment s’avère payant.

L’ensemble des clignotants sont au vert. Pourtant, cette saison s’annonce, pour moi, certainement plus compliquée que la précédente. Compliquée ne veut pas dire moins accomplie.

Déjà, la préparation, de l’aveu même de son coach, a été contrariée par les blessures et n’a pas distillé la dynamique positive et entraînante que l’on attend de ce type d’exercice. Et comme, dans la perspective de jouer en même temps les deux compétitions domestiques et l’Europe, je trouve l’effectif un peu court sur certains postes, on surveillera l’infirmerie et le retour effectif des absents de la préparation. Tout en espérant que Lienhart et Sallai, qui ne sont pas les joueurs plus connus mais des éléments ô combien importants, ne quittent pas le club dans la dernière ligne droite du mercato. Enfin, durant la préparation, une certaine fragilité sur coups de pied arrêtés a été constatées.

Justement côté effectif, si le départ du gardien Flekken qui était une valeur sûre est compensé par la promotion de l’espoir du club Atubolu, je regrette que la direction n’ait pas fait l’effort sur un milieu créatif et/ou un attaquant plus premium. Pour passer un cap et ne plus être dépendant de l’efficacité du seul Grifo. Car le danger vient quasi uniquement des côtés et des coups de pied arrêtés. Apporter de la variété et diversifier les sources de danger (buts et passes) reposent en l’état actuel sur trop peu de joueurs. La moindre grosse tuile pour un de ceux-ci pourrait prendre des proportions très conséquentes. En étant très critique, on pourrait penser que le noyau dur du groupe actuel (qui est là depuis des années et qui est à la base de cette belle aventure collective) montre ses limites pour s’inviter réellement maintenant à la lutte pour le podium. Pour tirer le groupe vers le haut, Streich mise sur la jeune garde du club et attend davantage des meilleurs éléments de son académie (Atubulu, Schmidt, Keitel, Weisshaupt), à eux de s’imposer pour bonifier le collectif.

Je reste malgré tout confiant car cet effectif, qui a peu bougé, a des automatismes qui lui assurent normalement un cadre collectif maîtrisé. Cette stabilité peut aussi s’expliquer par le fait que les joueurs présents au club revendiquent leur qualité de vie individuelle et collective. Pas un facteur d’explication habituel mais pourtant très puissant. Pour passer un pallier, il faudrait que plusieurs éléments offensifs sur-performent en même temps, ce qui reste envisageable avec les Grifo, Doan et autre Sallai.

Le club garde le cap de sa stratégie, ce qui est très respectable et certainement le plus raisonnable sur une approche long-termiste. Même si au regard du départ imprévu et subi de Noah Darvish (16 ans), un des grands talents de son Académie, pour le Barça, Fribourg serait bien inspiré de bétonner contractuellement ses meilleurs jeunes pour conforter son modèle économique.

11 réflexions sur « SC Fribourg, marabouté par le sorcier de la Forêt Noire »

  1. Ginter, tout bon joueur en effet. Tant mieux pour Freiburg!, mais tel profil à tel âge dans tel club : ca détonne! Il est originaire du coin? Ou alors c’est madame et elle décide?

    En tout cas ça me plait bien, s’il pouvait y en avoir plus..

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  2. Gregerl Jr., plus jeune buteur de l’histoire du championnat d’Autriche, garçon sympathique, mais dont on ne sait pas toujours à quoi il sert sur un terrain, huhu. Une petite propension à rater l’immanquable aussi. Faut pas être fragile du palpitant avec lui.

    Lienhart, un ancien grand espoir du foot autrichien, passé par le Real, et qui confirme depuis quelques années qu’il a quelque talent. Si Danso ne se reprend pas après son début de saison difficile, c’est vraisemblablement le Lienhart, qui sera associé à Alaba lors de l’Euro ( en cas devqualification, bien sûr).

    Le Adamu a quelques qualités aussi, mais comme les auteurs l’évoquent, les doutes subsistent sur ses pépins physiques. Un profil d’attaquant assez courant chez la maison RB, qui s’il est en forme devrait être bien utile à Freiburg et a l’EN, qui manque de ce type de joueur. À noter qu’il a petite soeur qui fréquente aussi les sélevtions nationales ce jeunes.

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      1. Vi, j’avais vu ton message sur SF. Le Lask s’est bien installé en haut du championnat, derrière le RB et le Sturm, depuis quelques temps, profitant des errements des clubs viennois. Z’ont un nouveau stade aussi (l’autre club local, le BW, promu cette année a aussi reçu un nouvel écrin). Se sont qualifiés avec Kühbauer, mais ils ont changé l’entraîneur, pour prendre Sageder, passé par la filière RB. Et visiblement, ils sont dans l’idée de suivre l’exemple du Sturm : s’inspirer des principes de jeux du RB et recruter malin.

        Y a plusieurs joueurs français (Pintor, Letard, Taoui) ou passé par la France (Koné) dans l’effectif. Pas tous retenus en CE. Un effectif assez hétéroclite avec quelques joueurs autrichiens comme Zulj, Horvath, Flecker, Goiginger, Lawal, Havel… Pas mal de joueurs africains aussi.

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      2. Ça a l’air compliqué du côté du Rapid et de l’Austria… C’est deja arrivé qu’aucun de ces deux clubs ne jouent les premiers rôles?

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      3. Tournant 60-70, on a vu Innsbruck et Linz dominer. Celui 90-00, c’etait le Sturm et Innsbruck.

        Le championnat d’Autriche n’est pas le plus attractif et les clubs sont en plus contraints par la règle 50+1. La plupart des mouvements de joueurs concernent des jeunes de moins de 22 ans. À ce jeu, le Sturm et son DS, Andreas Schicker, ont tiré leur épingle. Un jeu qui est presque une caricature de celui du RB et pas mal de bons coups.

        À Vienne, ça galère. L’Austria a des soucis financiers et s’est même vu refuser l’octroi de la licence en 1ère instance. Leur formation est un peu en panne et l’équipe réserve a été reléguée en 3ème division. Cependant, le club a récupéré Jürgen Werner, l’un des principaux artisans du renouveau du Lask. Il a purgé une suspension pour avoir un peu confondu le rôle de DS avec celui d’agent. Le gars a montré qu’il savait recruter malin.

        Côté Rapid, comment dire? Très frustrant, mais il y a de l’espoir. Après le naufrage de Vaduz, le club s’est payé une nouvelle crise, qui a débouché sur la nomination d’un nouveau directoire. La principale compétence du président est d’être un proche du parti socialiste local (comme le précédent), mais passons. Longtemps en retard dans ses infrastructures, le club a enfin des installations de bon niveau. La formation s’est aussi améliorée depuis plusieurs années. Le problème, c’est qu’au niveau sportif, les responsables du club (d’anciens joueurs historiques) ne se distinguent pas particulièrement par leurs compétences… Le choix de Stefan Kulovits comme entraîneur de la réserve est une bonne illustration. Ses résultats ont été catastrophiques et la réserve a été reléguée en D3, alors que la participation à la D2 était un élément important dans le développement des jeunes pousses. Et Kulovits continue de sévir…

        Côté positif, l’équipe a réalisé quelques matchs de qualité depuis le début de saison. Et c’était inattendu, vu que c’est Barisic qui est revenu sur le banc après son passage en DS. Il y a franchement du mieux dans le jeu et les supporters ont été parfois enthousiasmés (avec plus d’expérience, le Rapid aurait du éliminé la Fio). Enfin, du positif toutefois obscurci par trop de points abandonnés à domicile (une mauvaise habitude) face à des adversaires réputés plus faibles. Enthousiasmés aussi par la recrue, Matthias Seidl (recalé par le RB chez les jeunes et révélé au BW Linz), qui a déjà tapé dans l’oeil de Rangnick. Autres satisfactions, les jeunes formés au club. Dans les buts, Niklas Hedl semble parti pour réaliser une belle carrière et être le futur gardien de l’EN. En défense, Leopold Querfeld (l’héritier du Café Landtmann au passage) figure proabablement sur les tablettes de nombreux clubs. Les deux sont déjà appelés chez les A. Autre grand espoir et titulaire, le milieu Sattlberger. D’autres jeunes joueurs du club semblent prometteurs et on espère que si l’équipe parvient enfin à proposer un jeu de qualité, ils vont avoir leur chance. Baljicz est un petit mileu très doué techniquement et en attaque Zivkovic est considéré comme un grand espoir européen dans sa catégorie d’âge. Malheureusement, avec ces années d’errance, il y a toujours des talents qui se perdent. On pense à Demir, mais voir le petit Tepecik, excellent technicien, partir en Turquie il y a peu, est aussi frustrant. Triste de ne pas l’avoir vu au plus haut niveau en Autriche.

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  3. Merci Rwano! J’ai pas énormément de souvenirs liés à Fribourg. Le premier est certainement Rodolfo Esteban Cardoso, un milieu de qualité qui fit les beaux jours du club dans les années 90. Assez technique me semble-t-il. Et une vie allemande par la suite au sein d’Hambourg.

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    1. Mon seul souvenir tient au stade (à l’écart de la ville, cadre déjà très « Schwarzwald »), mais les joueurs??? Il est certain que j’y ai vu jouer Joachim Löw, mais a part ça.. Incapable d’en citer le moindre nom!, je me rappelle juste qu’il y avait un joueur noir – probablement ce Sané que Khiadia évoqua dans « Afrikanische Qualität ».

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  4. Concernant le poste de gardien de but, je trouve ça assez inquiétant pour l’Allemagne de voir que les 2 autres portiers lors de l’Euro 2023 U-21 évoluent dans les championnats danois et autrichien. À titre de comparaison, en 2009, lors de l’Euro U-21, les gardiens étaient Neuer (Schalke 04), Fromlowitz (Hanovre) et Sippel (Kaiserslautern).

    Au même âge, Ter Stegen et Trapp, mentionnés dans l’article, évoluaient respectivement à Mönchengladbach et Kaiserslautern. Il semblerait que l’avenir en Bundesliga soit bouché pour bon nombre de jeunes portiers allemands, obligés dès lors de jouer dans des championnats un à deux crans en-dessous…

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  5. Nils Petersen a pris sa retraite. Grand attaquant du club pendant des années (avec un petit détour décevant au Bayern). Ce club me fait penser à l’AJA Auxerre de la belle époque : club à l’ambiance familiale, focus sur les jeunes et le beau jeu, stabilité des dirigeants et de l’entraîneur…

    Freiburg est une très jolie ville, ensoleillée (avec beaucoup d’humidité durant l’été), jeune et animée.

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