Un siècle de défense : les années 1930 (première partie)

A l’occasion de cette troisième saison, la rédaction a décidé de se lancer dans un défi ô combien périlleux, classer les plus prestigieux défenseurs de chaque décennie. Des années 1920 à celles de 2010 ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez donc les portraits des plus fameux assassins silencieux, des ténors du tacle glissé ou de la poussette dans le dos… Une façon de mettre en lumière cette confrérie trop souvent oubliée. Des choix cornéliens émanant d’une intense réflexion collective qui demeurera aussi imparfaite que notre tendresse pour l’histoire de ce sport est grande… Bonne lecture !

10) Etienne Mattler

Fallut-il une preuve que P2F est un site de franchouillards, que la présence d’Etienne Mattler à la dixième place de ce top en est une suffisante. On trouverait sans peine une douzaine de défenseurs qui, dans la décennie 1930, mériteraient ici leur place plutôt que le Lion de Belfort.

Né dans le 90, décédé dans le 90, Etienne Mattler incarne « une certaine idée de la France ». On ne répétera jamais assez combien ce département-croupion, ce résidu du Haut-Rhin, incarna pendant des décennies la résistance française face à l’Allemagne. Avant le footballeur, il y eut un colonel surnommé le Lion de Belfort : Aristide Denfert-Rochereau, qui organisa la résistance de la citadelle pendant la guerre de 1870-1871. Lorsque l’armistice fut signé en 1871, Belfort tenait toujours, isolat en terre conquise. Lorsque, quelques mois après, la paix fut négociée, les Français – et leur négociateur en chef Adolphe Thiers – insistèrent pour que l’arrondissement de Belfort resta français quand tout le reste de l’Alsace devenait allemande. Ainsi fut fait. La symbolique était belle, la symbolique était forte : Belfort l’inexpugnable restait française. Denfert-Rochereau fut un héros, dont la statue – sculptée par Bartholdi à Belfort et à Paris – rappelait les exploits.

Mattler ou Denfert ?

Bref, Mattler le Belfortain – dans la France de la IIIe République – devint le Lion de Belfort. Le bloc de grès rose, d’un mètre quatre-vingt, que l’adversaire ne parvient ni à déplacer, ni à renverser… peut-être à contourner. Mattler le résistant, l’authentique, celui qui fut torturé et se réfugia en Suisse. Mattler le patriote qui, après les insultes racistes encaissées par Ben Barek, chanta la Marseillaise dans une taverne napolitaine un soir de 1938. Légendes, que tout cela ? Racontars ? Peut-être, mais qui s’en soucie, qui ira vérifier ? Il faut au supporteur, comme au patriote, un imaginaire nourri, une imagerie telle celle qu’on offre aux tout petits pour les bercer, les rassurer, les conforter.

Mattler, donc, mythe de la France du football. Un mythe qui participa à trois Coupes du monde – pour des résultats médiocres : trois défaites (contre l’Argentine, l’Autriche et l’Italie), deux victoires (contre le Mexique et la Belgique). Un mythe du FC Sochaux, aussi, tant il incarna la période dorée du club jaune et bleu : deux championnats (1935, 1938), une Coupe (1937).

9) Ernesto Mascheroni

1984 fut une mauvaise année. Non parce qu’elle fut celle de ma naissance, non plus pour quelque fumeux raccourci orwellien, mais parce qu’elle fut celle du décès d’Ernesto Mascheroni. Ernesto qui ? me direz-vous. Ernesto Mascheroni. C’était alors le dernier survivant du sacre uruguayen de 1930, le dernier vainqueur vivant de la première Coupe du monde.

Un type taillé d’un bloc qui, dès le plus jeune âge, impressionnait déjà sur les pelouses de son pays natal. A l’été 1930, il n’avait pas encore 23 ans et jouait pour le modeste Olimpia de Montevideo lorsqu’il fut choisi pour faire partie du groupe chargé de remporter le trophée suprême. Il était là pour faire le nombre, la paire centrale était formée du légendaire José Nasazzi et de Domingo Tejera. A l’époque, les remplacements étaient interdits.

Ce fut donc depuis la tribune, sans doute, que Mascheroni assista à la victoire des siens contre le Pérou (1-0). Un fait, cependant, ne lui avait pas échappé : au début du match, Tejera s’était blessé. C’était la chance de sa vie et Mascheroni la saisit à pleines mains. Trois jours plus tard, il était aux côtés du capitaine Nasazzi pour le match contre la Roumanie. Une victoire sans coup férir (4-0).

La place de titulaire, Mascheroni ne la lâcha plus. Les Uruguayens ne firent qu’une bouchée des Yougoslaves (6-1), puis triomphèrent des Argentins en finale (4-2). Mascheroni était champion du monde. Un nouveau statut, qui lui valut aussi sec un transfert dans le prestigieux club de Peñarol.

Mascheroni en belle compagnie.

Faut-il dire les qualités de Mascheroni ? La suite de sa carrière s’en charge. En 1934, l’homme aux origines italiennes, l’oriundo, rejoignit l’Ambrosiana-Inter de Meazza. Il s’y imposa immédiatement. Mieux même, l’année d’après il fit sa place dans la défense des champions du monde. Rien que ça ! On le savait habitué à pousser les meubles et à changer son destin, mais il y allait un peu fort. La grande histoire se chargea de le ramener sur terre.

L’Italie entra en guerre en Ethiopie en 1935. Les oriundi, comme les autres Italiens, devaient servir sous les drapeaux. Mascheroni prit alors ses cliques et ses claques et rentra en Uruguay. A Peñarol, à nouveau, sous le beau maillot jaune et noir. Il y glana quelques titres, disputa une Copa América (qui ne disait pas encore son nom) et prit sa retraite sportive en 1940. La suite, vous la connaissez…

8) Eraldo Monzeglio

Le 11 mai 1930, à Budapest, Eraldo Monzeglio entra pour la première fois sur le terrain avec le maillot de l’Italie sur les épaules. Le match était décisif dans l’attribution de la première Coupe internationale, puisqu’au moment du coup d’envoi l’Italie était au coude à coude avec la Hongrie (9 points), à peine dépassée par la Tchécoslovaquie et l’Autriche (10 points). Or il ne restait qu’un match à jouer : le vainqueur serait donc champion d’Europe centrale.

Avant le match, le sélectionneur italien Vittorio Pozzo avait usé d’une méthode singulière pour motiver ses joueurs. Lui-même ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il avait choisi d’emmener les jeunes hommes visiter les champs de bataille où leurs compatriotes s’étaient battus contre les soldats de l’empire austro-hongrois une dizaine d’années plus tôt. Est-ce à cause de cela qu’ils corrigèrent de si brillante façon les footballeurs hongrois ? Toujours est-il que la victoire était là (5-0) et le prestigieux titre international avec. Eraldo Monzeglio commençait d’une façon remarquable son aventure avec les Azzurri.

Né dans le Piémont en 1906, l’élégant Monzeglio avait rejoint les rangs du grand Bologna FC à 20 ans. Bologne était alors un fief fasciste et lui, l’ami personnel du Duce, s’y épanouit. Champion d’Italie en 1929, il remporta encore deux Coupes Mitropa (1932 et 1934) avec les Rossoblu, avant de filer à la Roma où il termina en 1939 sa carrière de joueur.

Monzeglio, derrière l’épaule gauche de son Duce, et la famille Mussolini en mars 1944.

Mais c’est en équipe d’Italie que Monzeglio écrivit sa légende avec le plus de vigueur. Auréolé d’une superbe victoire pour sa première sélection, le Piémontais continua sur sa lancée : une deuxième Coupe internationale tomba dans l’escarcelle de l’Italie en 1935, après une deuxième place en 1932, mais ce fut surtout deux Coupes du monde que Vittorio Pozzo et ses hommes remportèrent.

En 1934, Monzeglio fut de tous les matchs importants : les deux contre l’Espagne en quart-de-finale (1-1 puis 1-0), celui contre l’Autriche en demi-finale (1-0), enfin celui contre la Tchécoslovaquie en finale (2-1). Défenseur intraitable, Monzeglio incarnait à merveille le caractère implacable de la Méthode de Pozzo. La préparation militaire voulue par le sélectionneur insufflait à son équipe une énergie décuplée, une hargne qui en faisait un rouleau compresseur que rien ne semblait pouvoir arrêter. Et si cela devait passer par le sacrifice d’un des hommes, celui-ci serait sacrifié. Ce fut le cas de Monzeglio quatre ans plus tard.

Toujours aussi indispensable, Monzeglio participa le 14 novembre 1934 à la bataille d’Highbury, où les champions du monde défièrent les Anglais (2-3). Il fut ensuite de la plupart des matchs de l’équipe d’Italie jusqu’à la Coupe du monde en France. Pour son entrée en lice, l’Italie était opposée à la modeste Norvège. Contre toute attente, il lui fallut recourir aux prolongations pour vaincre (2-1). Eraldo Monzeglio, le vieux soldat, fit alors les frais de cette contre-performance : il céda sa place à Alberto Foni pour les matchs suivants. Ce fut son dernier match avec l’Italie, le trente-cinquième.

7) Paul Janes

Lorsque les footballeurs allemands et danois pénétrèrent sur la pelouse du stade Hermann Göring de Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne) le 16 mai 1937, ils ne savaient pas encore que leur rencontre donnerait naissance à un mythe. La partie fut à sens unique et, en dépit des exploits du gardien de but Svend Jensen, le XI allemand dirigé par Sepp Herberger l’emporta 8-0. Parmi les joueurs sur le pré, Otto Siffling – auteur d’un quintuplé –, Fritz Szepan ou encore Andreas Kupfer. Et puis une paire de centraux formée de Reinhold Münzenberg et de Paul Janes. Le Breslau-Elf était né.

Après la victoire contre le Danemark, l’Allemagne enchaîna une série de huit matchs sans défaite avec – en point d’orgue – une retentissante victoire 5-0 contre la Suède. L’équipe du Reich était prête pour la Coupe du monde en France, mais un événement politique bouleversa la mécanique huilée de Herberger : l’Anschluss.

A partir du printemps 1938, le pouvoir nazi obligea en effet le sélectionneur national à intégrer cinq joueurs autrichiens à son XI de départ. La belle horlogerie se grippa, en témoigna la déroute footballistique subie devant l’Angleterre à Berlin le 14 mai (3-6). Il n’empêche : l’Allemagne était un des favoris de la compétition. Elle tomba – et Janes avec elle – face au verrou suisse de Karl Rappan (1-1 puis 2-4). Une ironie, quand on sait les inclinaisons idéologiques de Rappan.

Après la Coupe du monde, pour célébrer ses 75 ans d’existence, la FA organisa un match entre l’Angleterre et une sélection des meilleurs joueurs européens. Parmi le XI aligné par le sélectionneur champion du monde Vittorio Pozzo, les deux demi-ailes allemands Kitzinger et Kupfer. Le duo d’arrières aurait dû être composé de Minelli et Janes, mais les deux étaient sortis blessés du tournoi mondial. Ils furent donc remplacés par les Italiens Foni et Rava.

Paul Janes, était un des meilleurs défenseurs européens des années 1930. Défenseur taiseux autant qu’élégant, rugueux autant que talentueux, Janes fut l’homme d’un club : le Fortuna Düsseldorf, qu’il conduisit à l’unique titre de champion de son histoire (en 1933, victoire 3-0 contre Schalke 04 en finale). Après la guerre, il en devint l’entraîneur et – aujourd’hui – un stade annexe du club porte son nom. Bref, Janes c’est le Fortuna et le Fortuna c’est Janes.

Inauguration du stade en 1990, en présence de la famille de Paul Janes décédé en 1987.

En équipe d’Allemagne, Paul Janes fut des Coupes du monde 1934 et 1938. En Italie, l’Allemagne surprit tout le monde en parvenant à décrocher une troisième place. En France, l’Allemagne surprit tout le monde en tombant dès le premier tour. C’était ainsi : les Allemands n’étaient jamais là où on les attendait. Janes continua d’empiler les sélections jusqu’en 1942 : au total, il porta à 71 reprises la tunique nationale. Paul Janes mourut le 12 juin 1987 à… Düsseldorf.

6) Severino Minelli

Le nom de Severino Minelli est indissociable de celui de Karl Rappan. Lorsque le Viennois décida de transformer les habitudes tactiques du football suisse, en créant une sorte d’hybride entre le Scheiberspiel et le WM, il avait besoin d’un homme de base : ce fut Severino Minelli. Le rugueux défenseur devint ainsi le verrouilleur – le défenseur en retrait, un peu voltigeur – de ce que la presse d’époque appelait déjà « le verrou suisse ».

Minelli et Rappan.

Homme de combat, toujours à la limite, trouvant à chaque fois soit le ballon soit le joueur adverse, Minelli fut un défenseur de grande classe. Assurément, et tous ses contemporains s’accordent sur ce point, il fut l’un des meilleurs défenseurs européens des années 1930. Capitaine de la Nati, il participa aux Coupes du monde 1934 et 1938. A chaque fois, l’équipe nationale suisse s’inclina face au futur finaliste.

En 1934, alors que la Suisse ne pratiquait pas encore le verrou, elle tomba vaillamment en quart de finale face aux brillants Tchécoslovaques de Planicka, Nejedly et Puc (2-3). Ce fut l’année d’après qu’eut lieu la rencontre décisive entre les deux hommes : le Grasshopper, où jouait déjà Minelli, embaucha Rappan sur le banc. A la tête du Servette FC, où il avait terminé sa carrière de joueur, l’Autrichien avait déjà mis en œuvre ses idées. Convaincu des lacunes techniques des footballeurs suisses, mais assuré de leurs qualités de discipline, il avait façonné son verrou. Jusqu’à lui donner sa plénitude sous les couleurs bleu et blanc du Grasshopper.

Avec Minelli et Rappan, les championnats et les coupes de Suisse s’accumulèrent dans l’armoire à trophées du club zurichois. Nommé à la tête de l’équipe nationale, Rappan y importa son système, le bichonna et lui donna son plus bel éclat à l’occasion d’une mémorable double confrontation contre l’équipe d’Allemagne en huitième de finale de la Coupe du monde 1938. Le 4 juin, au Parc des Princes, les petits Suisses tinrent tête à la puissante armada du Reich qui avait incorporé les footballeurs autrichiens (1-1). Il fallut rejouer.

Le 9 juin, dans le même stade, la Suisse vint à bout de son puissant voisin (4-2). Blessé au genou lors du premier match, Minelli tint cependant sa place. Il lui fallut néanmoins déclarer forfait pour le quart de finale face à la Hongrie de Sarosi et Kohut. Privé de son homme de base, la Nati fut incapable de rivaliser et subit sans sourciller la domination magyare (0-2).

Après cet exploit retentissant, Minelli et Rappan continuèrent leur chemin ensemble jusqu’à la retraite sportive du défenseur. Fort de 80 sélections, Minelli fut pendant longtemps le footballeur le plus capé de l’équipe nationale suisse. Il est décédé en 1994.

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45 réflexions sur « Un siècle de défense : les années 1930 (première partie) »

  1. Mattler, dans le top 10 c’est largement mérité, sans chauvinisme aucun.
    « Le voltigeur », « Le vérouilleur », j’aime bien ses expressions.
    Ça me fait irrésistiblement penser à la chanson « Le dénicheur ».

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    1. Je rappelle que, dans un réflexe patriotique aussi grandiose que saugrenu, j’ai placé Mattler à la première place de mon top personnel. Sans cela, le Sochalien n’aurait jamais été à la dixième position du top final.
      Quant au vocabulaire employé dans le portrait consacré à Minelli, le terme « verrouilleur » est d’époque. Celui de « voltigeur », en revanche, je crois bien qu’il est issu de mon fertile cerveau. A moins que je ne l’ai pêché ailleurs… Va savoir ce qu’il se passe dans ma petite caboche !

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      1. Il est très réussi, le passage sur Mattler, merci.

        Lirai les autres plus tard.

        Argentine 30, Autriche 34, Italie 38. Rien qu’à ces noms : ce fut joué de malchance. Et défaits certes, mais parfois avec les honneurs, dit-on. Ou des circonstances atténuantes.

        On ne peut évidemment dire, au regard de ces résultats bruts, que ce fut souverain. Mais était-ce vraiment si médiocre?

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      2. Au temps pour moi Mattler était surnommé « Le balayeur » et non « Le nettoyeur ».

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      1. Mattler est le meilleur défenseur français des années 1930. Aucun doute là-dessus. Après…

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      1. C’est variable, je crois bien : le syndicaliste Mairesse pour la Coupe du monde en Italie, l’Uruguay Cazenave quatre ans plus tard…

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    1. Celle de la place Denfert, à Paris, là où il y a l’entrée des catacombes, n’en est qu’une réplique amputée, je crois, d’un tiers de la taille. A vérifier.
      Celle de Belfort, l’originale, est impressionnante, sur le chemin menant à la citadelle, surplombant la petite cité, en grès rose des Vosges (du local !). Elle garde la France de l’invasion venant de l’est…

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  2. J’ai vu la semaine passée les highlights de Peñarol-Botafogo en Libertadores au Centenario. Visuellement, en se référant à la photo sous l’article consacré à Mascheroni, le stade n’a pratiquement pas changé depuis 1930. Quelles autres grandes enceintes de l’avant seconde guerre mondiale sont encore représentatives de ce qu’elles furent à leur origine ? Le stade olympique de Berlin pourrait entrer dans cette catégorie s’il n’avait été couvert. Le Dall’Ara ou l’Artemio Franchi peut-être, même si les pistes d’athlétisme ont disparu. D’autres sans doute.

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    1. Oui, c’est aussi l’idée première qui me vient à chaque fois que j’en vois une photo. Un monument.

      Je ne sais plus, à un moment tout se mélange, mais : ne fut-il un temps doté de « douves »? Des fossés noyés pour séparer les tribunes de la pelouse? Je confonds probablement avec l’un ou l’autre stades du delta.

      N’étaient ses toitures, De Kuip est resté fort similaire à ce qu’il fut à son inauguration dans les 30’s.

      C’est à Bologne ou à Florence, qu’était projetée la construction d’une toiture??

      A peu de choses près, le stade olympique d’Amsterdam a, non pas conservé, mais..retrouvé sa configuration d’origine, vieille de près d’un siècle.

      Sinon, le stade olympique de Stockholm est resté dans son jus pendant un siècle et sa rénovation fut des plus respectueuses ; celui-là aussi a pour moi valeur de monument.

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      1. De ce que j’ai lu, le Centenario a été agrandi pour la Copa 56, un 3e rang de tribune ayant été ajouté à celles n’en comptant que 2 (il ne reste qu’une tribune à 2 étages) et rénové pour le Mundialito 80 avec notamment un nouveau tableau d’affichage. Hormis ça et les différentes versions de pylônes pour l’éclairage, vraiment pas grand chose de notable par rapport à 1930.
        Les fosses ont manifestement avant tout une fonction de drainage, le stade ayant été construit sur une zone marécageuse.

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  3. D’Orwell, mon bouquin préféré est certainement Dans la dèche à Paris et à Londres. J’ai le souvenir d’un changement radical d’écriture dans le récit. Assez lumineux et drôle pour la période parisienne, une misère innommable pour Londres. Mais mes souvenirs me font peut-être défauts.

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    1. Ai beaucoup aimé aussi. Je crois me souvenir que c’était un des livres préférés de Bukowski.

      George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres, 1933 :  »Le sujet de ce livre, c’est la misère. »
      A la fois documentaire militant et témoignage passionnant, le livre de George Orwell nous emmène des immondes cuisines des restaurants parisiens aux sordides asiles de nuit londoniens de la fin des années 1920. Cette odyssée dans le monde des plongeurs et des vagabonds, des monts-de-piété, de la faim et de l’ivresse quotidiennes, des escroqueries, du mépris, des débrouilles et des combines, des spoliations, marque l’écrivain britannique qui découvre alors les conditions de vie et de travail déshumanisantes des laissés-pour-compte des grandes villes.
      Courte mais intense, teintée d’humour, emplie de personnages truculents et attachants, cette traversée modifie en profondeur et à jamais celui qui en a fait l’expérience.

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      1. Merci Bobby. Le monde des plongeurs, c’est bien ça. Je ne sais pas si le regard d’étranger d’Orwell à Paris donne une coloration plus enjouée à la misère que celle qu’il donne de Londres mais je me souviens m’être dit qu’il valait mieux être à la dèche à Paname qu’aux bords de la Tamise.

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    2. D’Orwell, j’avais aussi beaucoup aimé l’Hommage à la Catalogne où, entre autres, il compare les tours de la Sagrada Familia à… des bouteilles de vin d’Alsace ! C’est fort bien vu. Cette construction est d’ailleurs une mocheté dont l’horreur ne rivalise qu’avec la tour Eiffel…

      George Orwell, Hommage à la Catalogne, 1938 : « Nous avions respiré l’air de l’égalité. »
      De ce témoignage presque sur le vif émergent d’abord des descriptions saisissantes : celles de Barcelone en décembre 1936 et avril 1937, ou encore celle du front d’Aragon au début de l’hiver 1937, et bien sûr celle du « régime de terreur » de juin 1937 qui présida à la contre-révolution communiste et à la liquidation du POUM.
      Il s’y dévoile tantôt la désorganisation et les pénuries, tantôt l’ennui et l’inaction, tantôt l’exaltation et la nervosité. On perçoit ainsi « l’odeur caractéristique de la guerre : […] une odeur d’excréments et de denrées avariées. »
      Mais c’est aussi le dégoût qui surgit. En effet, avec sincérité et une bonne dose de clairvoyance, Orwell révèle la labilité du discours communiste et les manipulations et persécutions dont se rendirent coupables les sbires de Staline : « Je pense qu’il est impossible que personne ait pu passer plus de quelques semaines en Espagne sans être désillusionné. »
      Cependant, pour l’écrivain britannique, la confiance dans le peuple espagnol et dans la classe ouvrière demeure : « Je n’ai pas un amour particulier pour « l’ouvrier » tel que se le représente l’esprit bourgeois du communiste, mais quand je vois un véritable ouvrier en chair et en os en conflit avec son ennemi naturel, l’agent de police, je n’ai pas besoin de me demander de quel côté je suis. »

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      1. Ah, je ne la trouve pas moche Sagrada Familia. Le problème est la présence des grues.

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    3. Mais La ferme des animaux reste probablement son chef-d’oeuvre.

      George Orwell, La ferme des animaux, 1945 : « Il y avait des moments où moins de chiffres et plus à manger leur serait mieux allé. »
      La fable de George Orwell, publiée en 1945, est d’abord une violente, une grinçante dénonciation du stalinisme. En particulier, le romancier anglais met en garde le lecteur contre la falsification du réel.
      Gorgé d’humour, le récit nous fait souvent éclater de rire, bien ce que rire soit parfois aigre, surtout devant les dons de casuiste de Brille-Babil !
      Mais Orwell ne se contente pas de dénoncer ce qui est (ou fut) et contre lequel nous ne pouvons plus grand-chose. Ainsi, au-delà de la critique du stalinisme, il faut voir dans la fable un appel à la vigilance, à la lutte pour éviter que le pouvoir et les richesses ne soient contrôlés par une oligarchie, pour empêcher que toute révolution ne soit finalement gattopardienne. C’est à nous de lutter pour plus d’égalité et il n’y a rien à attendre d’une prétendue élite se proclamant progressiste ou libératrice.
      Ainsi, c’est la passivité, la naïveté, voire la sottise des autres animaux qui sont autant cause de leurs malheurs que le comportement injuste des cochons. En effet, après le soulèvement populaire et véritablement spontané, ils laissèrent les cochons idéologues confisquer le lait tandis qu’eux s’occupaient de la récolte de foin. Tout le reste en découle !

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      1. Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le guépard, 1958 : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »
        Véritablement immergé dans l’histoire, Le guépard est plus qu’un roman historique : c’est un roman classique, qu’on croirait tout droit sorti du XIXe siècle. Publié peu avant le centenaire du Risorgimento, il montre notamment que le rattachement du Mezzogiorno fut peut-être plus opportuniste – voire contraint – qu’enthousiaste.
        Mais surtout, Giuseppe Tomasi di Lampedusa décrit la fin d’un monde, l’achèvement précipité de la lente déliquescence de l’aristocratie sicilienne, encroûtée comme les éternels, immuables, misérables et revêches paysages et paysans de l’île.
        Avec tendresse et nostalgie pour cet Ancien Régime disparu – et dont ses ancêtres furent partie prenante –, la langue riche et foisonnante, le style flamboyant de l’auteur nous entraînent et nous captivent. Un grand roman, universel et intemporel.

        Luchino Visconti, Le guépard, 1963 : Il gattopardo.
        En adaptant le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Luchino Visconti redonne vie à un monde éteint ; il recrée une civilisation disparue et la préserve sur la pellicule. Pour l’éternité.
        Le luxe des détails est en effet confondant : costumes, décors, objets, paysages… C’est la vieille Sicile aristocratique – alors sur le point de disparaître – qui renaît sous nos yeux. Les tableaux composés par le maître italien sont superbes et répondent à une esthétique classique et raffinée.
        Mélancolique et pessimiste, le film poursuit les réflexions du roman sur le Risorgimento, l’avènement de la bourgeoisie du Nord de l’Italie et la décadence de la noblesse du Mezzogiorno. Montrant le passage d’un monde ancien à un monde nouveau, Il gattopardo marque aussi un point d’équilibre dans la carrière artistique de Visconti et constitue une transition entre deux périodes stylistiques du metteur en scène.
        Porté par la belle musique de Nino Rota, le film s’incarne enfin dans la trilogie constituée par ses interprètes : le couple formé par Alain Delon et Claudia Cardinale est d’une beauté solaire, d’une vigueur endiablée et d’une sensualité magnifique, alors que Burt Lancaster – orné d’une moustache, de favoris et de sourcils broussailleux – est authentiquement le prince de Salina, le guépard.

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      1. Je parle de son inclusion dans ce classement, pas du texte . Ce tex est bien écrit et finalement atteint son objectif: faire diversion par rapport au propos initial. Car, pour ce qui est des meilleurs défenseurs des années 1930, le constat semble sans appel pour Mattler: il est là pour amuser la galerie haha

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  4. Je l’avais mentionné sur la décennie précédente, Mascheroni avait profité de la blessure de Domingo Tejera, titulaire au 1er match, pour jouer les matchs suivants du Mondial 1930. Signe que les défenseurs uruguayens, relativement interchangeables au côté de Nasazzi, pouvez se remplacer l’un et l’autre sans que la qualité collective et défensive n’en soit altéré.

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  5. Reinhold Münzenberg, je l’avais dans une liste très élargie. Tu fais le constat que l’alliance des forces allemandes et autrichiennes a finalement été préjudiciable aux deux. Paul Janes, premier nom vintage qui a attiré mon attention. De quoi postuler à un groupe de 23 historique ?

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    1. C’est la thèse généralement retenue pour expliquer la défaite de la toute-puissante Allemagne. Je crois que ce fut notamment un argument développé par Herberger. Mais les résultats sont un peu moins bons dès avant l’inclusion des Autrichiens. En tout cas, leur ajout n’améliora pas les choses…

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    1. Tu l’as classé 3e, le Suisse.
      Un joueur que personne n’a cité, c’est le Roumain Rüdolf Burger qui est sélectionné pour les 3 Coupes du monde des années 1930. Et j’ai longtemps hésité à retenir le Norvégien Niels Eriksen, médaille de bronze aux JO 1936 et un de ceux qui donna beaucoup de fil à retordre aux Italiens à Marseille en 1938.

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  6. Je dis peut-être une bêtise mais ça doit être
    Heinz Hermann qui bat le record de Minelli en sélection. Heinz Hermann, pas vraiment verni à l’international, est un joueur primordial du foot helvétique. Aussi à l’aise en défense Centrale qu’au milieu, il créera une grosse polémique en quittant le Grasshoppers pour le Neuchâtel de Gress. Plus de 110 sélections, 5 fois meilleur joueur du pays, 6 titres avec deux clubs. Un gros morceau.

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  7. Mascheroni, je connaissais..de nom!

    Janes : pas mieux..

    J’ai hésité……….et ne pas avoir donné le moindre point à Minelli sera probablement mon non-choix le plus regrettable rétrospectivement..mais je ne connaissais qu’un peu, éh..

    ==> Merci donc!

    Concernant Monzeglio, Verano s’était fendu de ceci, que je viens de relire et trouve toujours aussi estimable : https://www.pinte2foot.com/article/le-conformiste

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