Ezequiel González , Canaille des villes, Canailles des champs !

Les (nouveaux) suiveurs du football parlent de Javier Pastore qui a vu sa carrière gâchée par des blessures et ainsi ne pas réaliser tout son potentiel. Mais avant El Flaco, il y avait Ezequiel González. Un énième numéro 10 argentin, passé par Rosario Central, qui avait un avenir tout tracé. Mais ses blessures, son amour pour sa ville et son envie de jouer pour Edgardo Bauza en auront décidé autrement.

Les matchs amicaux sont faits pour se remettre en jambes, (re)créer des automatismes, passer en revue l’effectif et donner leur chance à des jeunes joueurs. Voire désormais, générer des profits lors de tournées dans des pays qui souhaitent s’acheter une conscience. Mais rares sont ces moments où des carrières prennent fins, ou presque… Celle de Ezequiel González s’est malheureusement terminée un 5 août 2006 sur la pelouse de l’Atromitos Athènes. Fichus ligaments croisés !

Mais qui es-tu, Ezequiel González ? Ezequiel « Equi » González est né et a grandi à Rosario, le 10 juillet 1980. Rosario, cette ville de football, divisée entre des « Lépreux » et des « Canailles ». Et dans cette ville de football, Equi, lui a choisi. Il sera une Canaille pour la vie. A 17 ans, il fait ses débuts avec Rosario Central où Miguel Ángel Russo lui donne sa chance un soir de décembre 1997. Un an après, Edgardo Bauza fait de lui la pièce maîtresse du jeu des Canallas. Numéro 10 sur le dos, il régale ses coéquipiers, souvent associé à un autre meneur de jeu, Iván Moreno ou Fabianesi. Rosario Central étonne et termine à la deuxième place du tournoi Apertura 1999 et atteint les demi-finales de la Copa Libertadores 2001. Ses bonnes performances attirent forcément l’oeil des grands clubs européens, et c’est la Fiorentina, alors orpheline dans l’entre jeu de Rui Costa, vendu au Milan AC, qui l’achète pour cinq millions de dollars à l’été 2001. Malheureusement la Viola est en pleine crise financière et la saison 2001-2002 est un fiasco. Ezequiel González tente de surnager tant bien que mal. Le club est à la dérive, les salaires ne tombent pas toujours à l’heure et les mauvais résultats s’enchaînent. Avec seulement cinq victoires et 22 points, les Toscans sont relégués sportivement en Serie B, pour finalement déposer le bilan et repartir en Serie C2.

Le contrat de Ezequiel González est rompu et le joueur repart en Argentine, à Boca Juniors pour remplacer Juan Román Riquelme où il remporte la Copa Libertadores 2003. N’entrant pas dans les plans de Carlos Bianchi, il revient à Rosario et forme un carré magique avec Mariano Messera, Vitamina Sánchez et Mariano Herron. Le club pratique un football spectaculaire sous les ordres de Miguel Ángel Russo et les résultats suivent. Rosario termine quatrième et se qualifie pour la Copa Sudamericana 2003 et la Copa Libertadores 2004. Toutefois son retour sera de courte durée, son contrat prend fin le 31 décembre 2004. Libre, il s’engage lors du mercato hivernal, avec les Grecs du Panathinaïkos. Il remporte cette saison-là le Championnat et la Coupe de Grèce, premier doublé depuis 1995. En 11 rencontres avec le club athénien, il plante à cinq reprises et émerveille le jeu des Trifýlli par ses gestes techniques et son jeu à risque. Numéro 40, puis le 9 dans le dos, porteur du brassard de capitaine par moment, il permet à son club de faire bonne figure en Ligue des Champions, notamment contre Arsenal où son but fut classé parmi les 60 plus beaux de la compétition en 2014.

Malheureusement, l’Olympiakos domine toujours le championnat et malgré des renforts de poids (Igor Biscan, Anthony Seric, Flávio Conceição, Mikael Nilsson…) le Pana n’y arrive pas… La pré-saison 2006 sonne d’entrée le glas de la saison des Athéniens : match de préparation, rupture des ligaments croisés pour Equi, neuf mois d’arrêt et un Panathinaïkos largué à 17 points de son ennemi juré, une nouvelle fois champion. La suite ? Ezequiel González tarde à revenir et son style de jeu si explosif est derrière lui. Le Panathinaïkos le laisse partir libre, après avoir fait revenir Georgios Karagounis


Il décide alors de retourner à 28 ans, pour une troisième fois, à Rosario. Avec les Canailles, le brassard autour du bras, la saison 2008-2009 est éprouvante. Une avant-dernière place lors de l’Apertura 2008 et une dixième place lors de la Clausura 2009. Le championnat argentin de l’époque est un sacré bordel, avec un système de points pour la descente, les Canailles doivent jouer leur survie contre Belgrano lors des barrages. Une victoire à l’extérieur (1-0) puis un nul lors du retour (1-1) permettent au club de Rosario de rester en première division. Ses bonnes performances attirent à nouveau les convoitises et c’est au Brésil, sous les couleurs de Fluminense qu’on le retrouve pour 12 petites rencontres et un but inscrit. Malgré un faible de temps de jeu, cette saison sera ponctuée par une victoire en championnat. Cependant, le club brésilien décide de ne pas le conserver et il s’engage en 2011 avec le Liga Deportiva Universitaria de Quito, club équatorien, engagé en Copa Libertadores et en Copa Sudamericana et entrainé par Edgardo Bauza, son mentor. Titulaire comme meneur de jeu, il permet à LDU de sortir première des poules en Copa Libertadores mais se fait éliminer par Vélez Sarsfield en huitièmes de finale. En Copa Sudamericana, le parcours est tout autre ! Le club se hisse jusqu’en finale, en prenant leur revanche sur Vélez Sarsfield, avec un match aller ponctué par le récital de González, deux passes décisives à la clef. En finale, les Chiliens du Club Universidad de Chile ne font qu’une bouchée des Equatoriens (1-0 puis 3-0). Cette double confrontation sera la dernière fois que l’on verra Ezequiel González sur un terrain de foot. Pressenti à Rosario, il préfère terminer sa carrière de joueur. Les blessures auront eu raison de lui…

Un temps recruteur pour le Panathinaïkos, Ezequiel González décide alors de se consacrer à sa production agricole. González possède deux établissements : un à Maciel (près de Rosario) et un autre à Esquina (Corrientes) où il a développé différentes productions : des céréales (soja et maïs), du bœuf et du porc, ainsi que de l’eucalyptus forestier. Et pour l’anecdote, il fabrique trois variétés saucissons : El Cherú (le nom de l’entreprise), le Prasinoi (« vert » en grec) et le Fiore. A travers les noms de ces saucissons, on se doute que le football et le Rosario Central ne sont pas bien loin. Equi suit toujours les matchs des Canallas avec ses enfants, y assiste régulièrement. Au fond de lui-même, peut-être désire-t-il devenir directeur technique de son club de cœur ?

Equi pour Pinte de Foot !

22 réflexions sur « Ezequiel González , Canaille des villes, Canailles des champs ! »

  1. Merci Equi.
    González rejoint Quito trop tardivement, c’est en 2008 qu’il fallait y être aux côtés de Bauza pour ce titre inattendu en Libertadores contre Fluminense en finale (avec Thiago Silva, déjà là).

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    1. C’était Bauza le coach de la LDU? J’y connais pas grand-chose au foot équatorien mais j’aime le Barcelona Guayaquil. Deux finales de Libertadores. En 90 avec Brindisi en coach et le copain d’Ajde, Marcelo Trobbiani. Un beau joueur Trobbiani.

      Et celle de 98, avec le narco Anthony De Avila. J’étais persuadé qu’un autre copain d’Ajde était présent, Marco Etcheverry mais ce dernier fait des passages en 97 et 99. Raté !

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  2. Merci Equi pour ce portrait d’un joueur dont je n’avais jamais entendu parler !

    Selon toi, si il avait fait un autre choix pour son départ en Europe qu’une Fio exsangue, aurait-il pu s’imposer durablement sur le Vieux Continent ?

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      1. D’ailleurs peu de temps avant le passage de l’argentin au Pana ils avaient eu une belle période avec ce quart contre le Barça (où ils finissent devant Porto dans la deuxième phase de poule et surtout devant Arsenal, Schalke et Mallorca en première phase, pendant que le rival Olympiakos se faisait taper sans gloire par Lille de Bakari) puis un quart de C3 ou le Porto de Mourinho allait se venger et aller au bout.

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      2. J’aime le Pana depuis 1996. Il a été l’homme du doublé dès son arrivée en 2004. Suivre l’AM Sud avant internet pour un français, hormis les sélectionnés lors des CdM, c’était compliqué.

        Par contre, il m’a fait aimer Rosario.

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    1. Sur une île quasi-déserte ce Warzycha-là, côté polonais à l’époque…… Il avait un homonyme à Everton, qui fut plutôt bon un an ou deux, mais bon : le moindre continental faisait son trou en Angleterre à l’époque, c’était open-bar..

      La levée de joueurs suivante, disons : encore pire……… J’étais en Pologne pour la WC 2002, quelle tristesse leur noyau.. Ca faisait mal au coeur, l’enthousiasme polonais autour de leur sélection c’est quelque chose!!!, mais alors le niveau de jeu, à l’époque.. Heureusement qu’ils avaient le saut à ski pour se remonter le moral.

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    2. Donc c’est l’épopée jusqu’en demi-finale de c1 96 qui t’a fait fan du Pana? Le Pana avait d’ailleurs gagné l’aller à Amsterdam. Merci Equi. Toi qui aimes le foot grec, y a un texte qui va en parler le 16…

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      1. Heureusement qu’il n’y a pas de caméras, lol……. : je viens de mettre ma gueule sur mon portable 😉 😉 ……..mais, comme mon compatriote Laboureur dans le brouillard : je n’y vois rien du tout!

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      2. Hehe. Ce n’est pas le fameux trèfle du Pana mais l’écusson espagnol de l’époque. Le gardien du Pana avait échangé son maillot avec Iribar, qui était son idole, lors d’un amical, et a joué toute la campagne européenne avec le maillot de la Roja. Dont la finale à Wembley face à l’Ajax.

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  3. Un beau rappel! Merci pour Equi, Equi!
    J’avais suivi son arrivé à la Fio en remplacement de Rui Costa, mais comme tu le dis justement cette saison était trop chaotique pour qu’un joueur comme lui, découvrant la série A puisse s’épanouir. Il aurait du signer dans un club portugais, souvent un bon tremplin pour ce genre de milieu argentin. Un autre Gonzalez , du même âge (6 mois d’écart) aura eu une plus belle carrière finalement (pour un talent du même niveau).

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  4. C’est typiquement le genre même de nom de joueur qui me dit un truc, que j’ai dû lire voire voir un jour…….mais qu’à part ça, ben??? C’est très énervant :), mais merci d’autant (et bienvenue!) à l’auteur.

    « Enième numéro 10 argentin », éhéh.. C’est vrai et je me demande toujours comment interpréter ça? Ils en produisaient toujours, certes..mais nous, bof.. ==> Cela joua-t-il dans l’imaginaire médiatique puis collectif? Aurait-on surdimensionné à l’époque le fait culturel « 10 argentins », à mesure de nos tarissements en la matière? Et/ou d’aucuns surfèrent-ils sur quelque ficelle médiatique nouveau-MAradona (à moindre échelle, vous connûtes de cela aussi avec l’après-Zidane, les Meriem & ?? – confusément souvenir qu’il y en eut l’un ou l’autre encore, mais??).

    Enfin, et si je peux mettre ces deux peuples d’accord pour me jeter conjointement des cailloux :), c’est tout de même incroyable, parfois, l’asymétrie d’entre moyens imputés dans leurs clubs, et « résultats » globalement glanés par ces deux footballs en coupes d’Europe…

    Les Turcs surtout, ils reviennent bien en CE mais, éh : c’est un minimum! En droits-tv, de tête c’est top 6 européen, je crois??? Ca fait longtemps que leurs résultats ne sont pas en phase avec les moyens investis – et les grands clubs grecs aussi, me semble-t-il??

    Bon.. Y a pas que l’argent, ceci dit..

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    1. Quand dans un pays, tu as encre un système avec un 10, donc oui tu en crées à la pelle. L’Europe, il n’y a plus se mec qui joue en marchant entre les lignes. Les 10 d’un 4231 par exemple, ça fait la navette entre un deuxième attaquant et un troisième milieu. Ce n’est plus le mec qui marche et qui distribue.

      Paredes jouait 10 avec Boca avant de finir 6. Pareil avec Ricky Gonzalez. Lucho est descendu d’un cran. D’Alessandro a fini par jouer ailier….

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