ÍF Fuglafjørður, à qui perd gagne

Vivre une saison catastrophique sans être relégué au niveau inférieur ? Des Féringiens l’ont fait sans même attendre que le covid-19 interrompe une saison.

Le Ítróttafelag Fuglafjarðar (à prononcer « Foulafiara » si le robot de Google Traduction a raison) n’est pas un club comme les autres, et pas seulement parce qu’il est impossible à écrire sans copier-coller. Situé dans le village de Fuglafjørður (littéralement « le fjord des oiseaux »), le club a remporté la dernière édition de 1. deild, la deuxième division locale.

Ce n’est pas le seul titre de l’histoire du club. Champion des Iles Féroé en 1979, il a également remporté la coupe à six reprises. Son titre en 1. deild est son cinquième à ce niveau. Ses belles performances dans les années 2010 lui ont permis de disputer la coupe d’Europe à trois reprises. Le club féroïen a malheureusement été éliminé de Ligue Europa dès le premier tour de qualification à chaque fois et compte un bilan d’un match nul pour cinq défaites au niveau continental.

Mais l’ÍF Fuglafjørður (littéralement « club sportif du fjord des oiseaux », apparemment) a surtout vécu une saison 2019 catastrophique. Tout juste promu en Betrideildin, le plus haut niveau local, le club a traversé la saison comme un fantôme, ne récoltant que six points en 27 journées ! Une victoire lors de la septième journée, trois matchs nuls, et une pelletée de défaites d’avril à octobre. Pas de quoi attirer grand-monde dans ce stade champêtre coincé entre une montagne et le bord d’un fjord.

Un championnat qui a de la réserve

Avec un si petit total de points et 81 buts encaissés (tout pile trois par match), le club a forcément été relégué en 1. deild… Eh bien non ! C’est là que le miracle intervient. Tout catastrophique qu’il soit, le bilan du club en première division ne l’envoie pas au niveau inférieur. Pourtant, le neuvième du classement était loin devant avec ses 18 points.

L’ÍF Fuglafjørður a bénéficié d’une spécificité féroïenne pour se maintenir au plus haut niveau : le manque de clubs professionnels dans l’archipel et l’omniprésence de leurs équipes réserves. En deuxième division (1. deild), on comptait lors de la saison 2022 cinq réserves de clubs professionnels sur les 10 du championnat. En 2019, elles étaient sept sur 10 !

Aux Iles Féroé, la règle est formelle : les réserves d’équipes professionnelles n’ont pas le droit d’évoluer en première division. Si une réserve venait à remporter le championnat de deuxième division, c’est le deuxième du classement qui serait promu. Simple, non ?

En 2019, c’est la réserve du KÍ Klaksvík qui a remporté la 1. deild. Deuxième du classement ? La réserve du Víkingur Gøta. Troisième ? La réserve du NSÍ Runavík. Le 07 Vestur, quatrième à 13 points du leader, n’a pas été autorisé à monter en Betrideildin. Et voilà comment l’ÍF Fuglafjørður a pu se maintenir après une saison catastrophique.

Un destin qui ne perd rien pour attendre

S’il y avait une justice dans le football, l’ÍF Fuglafjørður aurait été relégué la saison suivante. Mais en 2020, dans un championnat aux dates décalées par le covid-19 (mais pas annulé car l’archipel n’a presque pas été touché par la pandémie), l’ÍF Fuglafjørður a réalisé une saison tout à fait correcte et a terminé à la sixième place du classement. Le Skála ÍF, lui, n’a pris que sept points et est directement descendu. Du haut de ses 10 points, l’Argja Bóltfelag a disputé un barrage de relégation-promotion (nouvellement créé) et a été relégué lui aussi.

Ce n’est qu’en 2021 que la roue a tourné pour l’ÍF Fuglafjørður. Bien que le Tvøroyrar Bóltfelag ait fait encore pire (trois points sur l’ensemble de la saison, aucune victoire et 95 buts encaissés en 27 rencontres), le club du fjord des oiseaux s’est retrouvé avant-dernier et a dû disputer un barrage. Et c’est l’Argja Bóltfelag qui a fait son retour parmi l’élite.

De nouveau promu en Betrideildin, l’ÍF Fuglafjørður serait bien inspiré de ne pas compter sur les équipes B de 1. deild pour ne pas revivre une saison aussi paradoxale.

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13 réflexions sur « ÍF Fuglafjørður, à qui perd gagne »

  1. Merci Modro. Le cas de réserves ayant gagné la d2 s’est deja produit en Espagne. En 84, la Castilla finit première devant la réserve de l’Athletic! Alors que l’équipe une des Basques gagne son dernier titre.

    Pour moi, les Îles Feroé resteront liés au
    miracle de Landskrona. Premier match officiel des Feroé face à l’Autriche au lendemain du mondial italien. Et victoire 1 à 0 sur une énorme prestation de son gardien qui portait un bonnet!

    Images! Désolé Polster…
    https://youtu.be/AnbZHNS4O1k

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    1. Ah oui cette victoire en éliminatoires de l’Euro 92 ! Avec Jens Knudsen et son fameux bonnet qui allait devenir sa marque de reconnaissance 😉

      D’ailleurs, ce non-match de l’Autriche était annonciateur de leur calvaire à venir pour ces qualifications, terminant avant-dernière à égalité de points (3) avec les Îles Féroé.

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    2. Pour moi aussi, cette victoire sur l’Autriche reste marquée au fer rouge, inoubliable ; ç’avait fait un tel ramdam à l’époque..

      Pour xy raisons, les Feroe sont un vivier à bonnes histoires : petit pays, population ramassée.. On a vite fait d’y multiplier les casquettes : champion de tchic ou tchac, politicien, plus grand avocat du pays, pêcheur de morue..et/ou champion d’échecs?

      Ben justement, un personnage que me fit découvrir un camarade que Khiadia doit désormais situer (l’ami de Ghiggia 😉 )..et que vous évoquez en fait sans soupçonner peut-être, que.. Torkil Nielsen, donc, celui-là même qui inscrivit ce but historique face à l’Autriche : champion d’échecs des îles Féroé à trois reprises.. 3 participations, à ce titre, aux championnats du monde durant les 80’s.. En 90, on parle du footballeur cette fois : il marque donc ce but décisif face à l’Autriche.. Ses deux fils évoluèrent (et évoluent toujours, je crois) parmi l’élite footballistique du pays. Accessoirement, l’un des deux est maire au civil! Ils sont par ailleurs et respectivement classés N°2 et 3 nationaux au ranking féringien d’échecs, et figurent tous deux parmi le top 3000 mondial (ce qui, l’air de rien, est vraiment pas mal du tout).

      Mais le top je trouve, et si je me rappelle bien (très vieux échanges) : ce fameux match contre l’Autriche avait été disputé sur terrain neutre, en Suède. L’épouse de Nielsen devait accoucher d’une fille. Le match avait lieu le mercredi, elle accoucha deux jours plus tôt (Torkil était déjà en Suède). A son retour triomphal au pays, il fila bien évidemment à l’hôpital, où bien sûr toutes les caméras du pays étaient braquées sur la petite Sunnrid et les heureux parents.. et, à en croire toujours ce camarade qui y vit : cela fit tout bonnement la une du journal télévisé, bref : une vie pour le moins bien remplie, lol.

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      1. Lol, y a même une vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=0RfqFAPWc3I

        Résumons l’affaire : cette petite était encore dans le ventre de sa mère, que son père était alors un champion national d’échecs………et quand elle en fut sortie 2-3 jours plus tard : il était entre-temps devenu, pour l’éternité, le héros national en football, incroyable..

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  2. C’est sympa de voir des articles comme ça ! On peut aussi souligner les énormes progrès de la sélection féroïenne depuis une dizaine d’années, atteignant même la 76ème place du classement FIFA en octobre 2016. Tout comme leur bon parcours en Ligue C des Nations où ils terminent 3èmes avec 8 points dans un groupe composé de la Turquie, du Luxembourg (un pays également en grosse progression) et la Lituanie. Le boulot de Lars Olsen, l’ancien capitaine danois vainqueur de l’Euro 92, qui a été le sélectionneur des Féroé pendant 8 ans puis actuellement de Hakan Ericson sont également à souligner. Avec ce dernier, les Îles Féroé ont disputé 28 matchs pour 8 victoires, 7 nuls et 13 défaites, ce qui est une remarquable amélioration compte-tenu du faible réservoir de joueurs dont il dispose.

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