Le match de la honte

Le 13 mars 1997, le FC Barcelone affrontait le Di Bufala SC lors de la première Coupe intercontinentale de l’histoire du futsal. Un match qui reste dans les annales comme l’un des pires exemples possibles en termes d’esprit sportif.

En mars 1997, le futsal est en fête. Porto Alegre accueille la première édition de la Coupe intercontinentale, un trophée non officiel mais qui donne un coup de projecteur sur une discipline du football méconnue hors d’Espagne et d’Amérique latine. Huit équipes, issues d’Europe et d’Amérique, prennent part à cette nouvelle compétition.

Le groupe A comprend le CA Peñarol, l’un des meilleurs clubs uruguayens, le ZK Ford Genk, plusieurs fois champion de Belgique, le Di Bufala SC, récent champion des Etats-Unis, et le FC Barcelone, qui n’a rien de l’ogre du football à onze et compte à son palmarès une Coupe du Roi et une Coupe des vainqueurs de Coupes glanées en 1989.

Dans le groupe B se trouve l’Inter Ulbra, la section futsal de l’Internacional Porto Alegre, champion du Brésil en titre et grandissime favori de la compétition. Les Brésiliens doivent affronter Boca Juniors, la Universidad de Chile, ainsi que les Kanjers/Bunga Melati, champion des Pays-Bas en titre. Les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour les demi-finales.

Des calculs avant tout

Dans ce tournoi, l’Inter Ulbra fait figure d’épouvantail. C’est la meilleure équipe du monde et elle évolue à domicile. Autant d’éléments qui poussent les clubs du groupe A à viser la première place de leur groupe pour affronter les Brésiliens le plus tard possible. Mais voilà, les locaux ne sont pas infaillibles et, à la surprise générale, ils s’inclinent lors de leur deuxième match de poules face à Bunga Melati (7-5). Un score qui ne fait pas les affaires du groupe A, qui doit revoir ses calculs pour accéder à la finale de la compétition.

Car il sera effectivement question de calculs lors de la dernière journée du groupe A. Assurés de se qualifier pour les demi-finales, le FC Barcelone et le Di Bufala SC disputent un dernier match pour déterminer le premier du groupe. Mais au coup d’envoi, il est déjà confirmé que l’Inter Ulbra a terminé deuxième de son propre groupe.

L’objectif pour les Américains et les Catalans est clair : il faut perdre cette rencontre pour garantir ses chances d’aller jusqu’en finale. Et les joueurs des deux équipes s’en donneront à cœur joie pendant l’ensemble de la rencontre.

L’esprit sportif ? Connais pas…

Tirer à côté ? Trop facile. Jouer sans intensité ? Du pipi de chat. Non, pour s’assurer de perdre, rien ne vaut un bon gros but contre son camp des familles. C’est ce qui arrive en deuxième mi-temps. Le score est alors de 1-1 et il devient clair que seul un coup de pouce du destin fera basculer la rencontre. Aux grands maux les grands remèdes : deux passes en retrait, un gardien volontairement aux abonnés absents, et un but contre son camp gros comme une maison.

Mais comme une bonne action n’arrive jamais seule, les Catalans décident d’enfoncer le clou. Sur le coup d’envoi, une passe en retrait traverse la moitié du terrain, jusqu’au gardien qui, surprise ! rate son contrôle et concède un deuxième but en moins d’une minute.

L’intensité de la rencontre augmente enfin. Mais il n’est pas question d’attaquer le but adverse. Au contraire, les Américains tentent de copier les Catalans, mais le Barça se met à défendre le but de Di Bufala pour éviter de les voir recoller au score. Le gardien américain reçoit d’ailleurs deux cartons jaunes consécutifs pour avoir, à deux reprises, essayé de dégager directement dans son but. Un but alors gardé… par le gardien culé. Di Bufala s’impose finalement 3-1 et termine à la première place du groupe A.

Une justice malgré tout

La suite de la compétition ? Di Bufala se fait balayer par l’Inter Ulbra en demi-finale (11-0), comme attendu. Le Barça s’impose quant à lui contre Bunga Melati (7-5) et atteint la finale espérée. S’ils tiennent la dragée haute aux locaux pendant le temps réglementaire (2-2), les Catalans finissent par craquer en prolongation et s’incliner (4-2), laissant l’Inter Ulbra remporter « sa » Coupe internationale.

Champions du monde en avril, les Brésiliens remettront leur titre en jeu dès le mois d’octobre pour une deuxième édition organisée à Moscou, sous la forme de trois oppositions contre le MFK Dina Moscou. Battu aux tirs au but puis deux fois dans le temps réglementaire, l’Inter Ulbra laisse son statut de meilleure équipe du monde aux Russes.

Les Brésiliens retrouveront le trône mondial en 1999, puis la FIFA prendra la compétition sous son aile à partir de 2004. Le FC Barcelone a depuis remporté sept fois le championnat d’Espagne et quatre fois la Ligue des Champions, mais il n’est pas parvenu à retrouver les sommets mondiaux.

12 réflexions sur « Le match de la honte »

      1. Yep, merci..à tous deux!

        Par contre, je crois bien que c’est la première fois que je vois d’images d’un match de cet acabit?? C’est assez consternant……….surtout qu’ils s’autocongratulent ensuite??? Un côté sacrilège.

        Rien que cela justifie amplement cet écart vers le mini-foot (..ou futsal, ou.. – quand j’y jouais : mini-foot), merci à l’auteur.

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  1. Y a un épisode fameux de panier contre son camp au basket qui a changé les règles par la suite. En 62, je crois, le Real affronte Bologne. Les confrontations se jouaient en aller-retour. Fin de match à Bologne, égalité entre les deux équipes donc éventuelle prolongations. Sauf que le Real a deja plusieurs exclus pour faute et craint de prendre un bouillon dans le temps supplémentaire. Donc Ferrandiz, le coach du Real demande à ses joueurs de marquer contre leur camp pour ne perdre l’aller que de 2 points. Ce qu’ils font.
    Les Italiens ont beau essayer de contester le résultat, la FIBA ne peut rien et le Real gagnera le retour à Madrid d’une dizaine de points, passant ainsi au tour suivant.
    Par la suite, marquer sciemment contre son camp sera considéré comme une faute technique et le point est automatiquement annulé.

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    1. J’ai regardé des vidéos sur les tactiques en futsal et je suis tombé sur la chaîne d’un entraîneur brésilien. Et cet entraîneur a aussi des vidéos plus générales sur le futsal et entre autres une où il parlait de ce match.

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      1. @khia haha non mais je devais participer à un tournoi et j’ai voulu trouver des trucs pour mieux gérer certaines situations. Ca n’a servi à rien, on s’est fait dérouiller !

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      2. Haha. C’est dur le futsal. Faut avoir une sacrée belle technique pour s’amuser. Une des fois où j’ai été le plus ridicule, c’est en jouant au bonito, en salle. Tu peux jouer avec les murs, et je n’avais absolument pas les réflexes de penser à ça. Je me faisais avoir à chaque fois. Hehe

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