Lectures de foot (épisode 8)

Vincent Duluc, Dictionnaire amoureux de la Coupe du monde, Plon, 2022, 26€

Pour tout vous dire, j’ai entamé la lecture de ce Dictionnaire en me remémorant un entretien que Vincent Duluc avait accordé au journal La Nouvelle République en août 2022. Il y exposait son rapport à l’histoire du foot et ses regrets quant à la perception que les Français en ont. « Appliquée au foot, je n’ai pas vraiment de nostalgie. J’ai de la mémoire, j’ai une culture du foot dont je regrette d’ailleurs qu’elle soit si mal partagée (…) La culture française du foot remonte beaucoup à la Coupe du monde 1998 avec une vraie confusion entre culture du foot et culture de la victoire. »

Est-ce que ce dictionnaire amoureux concourt à nourrir la culture foot des Français ? Disons que si tel est le cas, c’est sans prétention, à petites touches, sans doute pour ne pas rebuter les béotiens et séduire le plus grand nombre. D’ailleurs, les premières lettres de l’alphabet peuvent inquiéter quant à l’objectif recherché : était-il nécessaire de remettre une pièce dans le jukebox (des mots d’apaisement suivis d’une vacherie) quant à la brouille d’Aimé Jacquet avec le journal L’Equipe, et Duluc en particulier ? Faire figurer les 45 Français champions du monde, même quand il n’y a rien à dire sur certains, était-ce bien utile ? Surtout quand on lit que Vincent Candela a joué à l’Inter, un manque de rigueur qui se répète ici ou là. Mais il y a pire, comme les imprécisions quant à l’origine des quatre étoiles uruguayennes ou son admiration de Cruyff et des Pays-Bas de son adolescence lui faisant écrire que Rinus Michels est l’inventeur du football total, une énormité que Pinte de Foot ne peut excuser !

Se livrer à un tel exercice d’écriture nécessite d’effectuer des choix et Duluc les assume : un prisme très français mais après tout, c’est aux francophones que s’adresse le dictionnaire, une tendresse pour les Britanniques malgré la minceur de leur palmarès en Coupe du monde (il trouve le moyen de parler de Best, aucune participation, mais dont on sait qu’il est un des biographes posthumes…), une surpondération des épreuves les plus récentes, celles qu’il a suivies en tant qu’envoyé spécial et notamment 2010 dont il est manifestement revenu traumatisé. 

Voilà pour ce qui est discutable car pour le reste, ce bouquin se lit sans déplaisir. Duluc use des figures de styles qui singularisent son écriture, des formules malignes où alternent des compliments aussitôt amoindris d’un reproche et des critiques adoucies par une circonstance atténuante, comme s’il refusait de totalement livrer ses sentiments. 

Pour ce qui est de la grande Histoire de la Coupe du monde, il fait le job, remettant Rimet et Delaunay à leurs places respectives. Il prend le temps de parler de Barreau, Pozzo et quelques autres, des acteurs majeurs des années 1930-1940 mais conscient que ces personnages ne sont pas les plus vendeurs, il n’en abuse pas. A l’inverse, grâce aux relations privilégiées qu’il a nouées avec des joueurs ou des entraîneurs quand il travaillait au Progrès puis à L’Equipe, il nous nourrit abondamment d’anecdotes et d’événements méconnus attachés à l’équipe de France. Ce n’est pas vraiment ce qu’on imagine d’un journaliste revendiquant un savoir historique mais après tout, nous sommes tous friands de petits potins. Duluc nous livre les coulisses et les petites affaires que les communicants entourant les Bleus ont su étouffer lors de leur survenance et qui, avec le recul, sont des clés de compréhension d’épisodes heureux ou désastreux de l’équipe de France.

Quand il s’attache aux principaux protagonistes des Coupes du monde, il trouve souvent le mot juste pour dire ce qu’a été leur œuvre. Leurs exploits sont le prétexte à une digression sur leur caractère ou leur après-carrière, leurs difficultés, leurs failles. Ce sont ces lignes qui révèlent la véritable tendresse que Duluc éprouve pour les footballeurs. Il suffit de lire ce qu’il écrit sur Pelé ou Raymond Kopa pour s’en convaincre. A propos de ce dernier, il se souvient l’avoir vu dans le hall d’un supermarché des Yvelines, dédicaçant et vendant sa biographie, vieillard solitaire assis derrière une petite table de camping et il en a manifestement conçu de la peine. J’habite à quelques kilomètres du village où vit Duluc et ce samedi-là, je suis passé dans ce grand magasin, j’ai acheté le bouquin que Kopa m’a préalablement dédicacé alors que la plupart des badauds se demandaient qui était ce petit vieux. J’ai moi-même vécu cet instant avec une tristesse que Duluc restitue avec une grande justesse, rappelant si nécessaire qu’il est un formidable conteur quand il s’extrait du journalisme tutioriste qu’impose l’appartenance à un média mainstream tel que L’Equipe

Note : 3,5 / 5

Manuel Vázquez Montalbán, Hors jeu, Ch. Bourgois, 1991 (El Delantero centro fue asesinado al atardecer), 4€ d’occasion 

Publié pour la première fois en France en 1991, Hors jeu est un roman daté me direz-vous. Et vous aurez tort : ce neuvième opus, sur les 17 mettant en scène le détective Pepe Carvalho imaginé par Manuel Vázquez Montalbán (oublions l’ultime et peu convaincante tentative de Carlos Zenón en 2020), pourrait être une histoire contemporaine. 

Été 1988, le FC Barcelone recrute au prix fort Jack Mortimer, buteur anglais supposé être le maillon manquant d’un club en quête de résultats. A partir de ce moment, la direction blaugrana reçoit de mystérieuses et poétiques lettres annonçant l’assassinat de l’avant-centre. Au même moment, Palacín, un ancien goleador du Barça dont la carrière a été brisée par une grave blessure, revient dans une ville en pleine transformation dans la perspective des Jeux olympiques de 1992. On ne sait ce qu’il cherche en prenant une licence amateur avec un club historique (le Centellas, pionnier en matière de football féminin au début des seventies). Au bord de la liquidation, le stade du Centellas est l’objet de la convoitise des promoteurs immobiliers à qui l’on a confié la ville, une occasion pour l’auteur de livrer ses peurs urbanistiques : « Un gigantesque bulldozer à tête d’insecte de cauchemar transformait définitivement l’archéologie de la misère en archéologie livresque, on démolirait les maisons et les vieux, les drogués, les dealers, les radasses, les Nègres et les Arabes seraient bien obligés de s’enfuir devant la pelle mécanique et d’emporter leur misère quelque part, peut-être en banlieue, là où la ville perd son nom et ne répond plus de ses désastres. »

Engagé par le directeur des Relations publiques du Barça pour enquêter sur l’origine des lettres de menaces, Pepe Carvalho pénètre dans l’univers du club blaugrana. En faisant abstraction de quelques erreurs (Nobby Stiles est associé à Tottenham) ou des termes footballistiques que le traducteur ne connaît manifestement pas, l’univers du Barça et de la Liga des années 80 est justement restitué, de la violence des défenseurs-bouchers et des supporters fanatisés jusqu’au rôle éminemment politique du président blaugrana dont on pressent qu’il ressemble à Josep Luís Núñez.

Mais alors en quoi un roman de 1988 est-il encore d’actualité ? Parce que Vázquez Montalbán saisit l’évolution d’un sport dont les enjeux le dépassent largement et qu’il devine les vagues de transferts vers la péninsule arabique que nous avons observées récemment.

Encore un coup des Arabes, chef.

Quels Arabes ?

Les cheiks arabes. Ils raflent tous les bons footballeurs et les emmènent dans les villes du désert où ils montent des équipes invincibles à coups de millions.

La proximité de Convergència i Unió (ancien parti autonomiste de Jordi Pujol, majoritaire au Parlement de Catalogne) avec le Barça n’est pas occultée et l’affairisme politique du président Basté de Linyola n’est pas sans rappeler celui pratiqué par ceux qui se succèdent aux commandes du club blaugrana depuis toujours.

Manuel Vázquez Montalbán porte évidemment un regard cynique sur cet univers, se moquant des tactiques équationnelles du coach du Barça comme de celles simplissimes (une histoire de cojones) de celui du Centellas. Quant aux joueurs, il ne leur épargne rien : 

Vous avez vu ce Butragueño ? On dirait un orphelin… Et l’autre, Lineker… un rigolo… Quant au bouseux qui vient de signer, Mortimer, les assassins qui rôdent sur nos terrains vont le caresser à coups de crampons et lui faire perdre l’envie d’enfiler ses chaussures.

Les histoires croisées de Mortimer et Palacín finissent par se rejoindre mais comme toujours chez Vázquez Montalbán, l’intrigue est un prétexte. Ce qui l’intéresse, c’est Barcelone, une ville en pleine mutation dont l’essor favorise l’avidité dénuée de morale des puissants d’une part, les bas instincts des exclus du « miracle barcelonais » d’autre part. En mettant en scène ses personnages historiques (Charo, Biscuter, Fuster, Bromure), des marginaux ou des pestiférés trouvant en Pepe une compagnie frustrante, mais une compagnie, il exprime ses visions pessimistes, celles d’un opposant au franquisme ayant perdu ses repères. La dictature a au moins ça de bon, on sait qu’il faut la combattre alors que la démocratie, dont la virginité se fissure au gré des scandales des années 1980 impliquant le PSOE, n’est qu’une illusion entretenant « le mythe de l’homme libre dans la cité libre. »

Un des meilleurs Pepe Carvalho, sans aucun doute.

Note : 4,5 / 5

31 réflexions sur « Lectures de foot (épisode 8) »

  1. « une énormité que Pinte de Foot ne peut excuser ! », lol..

    « j’ai une culture du foot dont je regrette d’ailleurs qu’elle soit si mal partagée »………… Bon.. Déjà on est toujours le con d’un autre! Et puis ce côté incompris.. Sa phrase est à contextualiser peut-être, mais..

    Et quand bien même, qu’importe : pendant des décennies c’est vers la France que l’Europe (a minima l’Europe!) lorgna en matière de regard penché sur le jeu, de discours-foot, de pensée-foot…..et ce fut souvent remarquable!!! ; la France du foot ne fut, loin s’en faut, pas du tout ce désert culturel dont Duluc semble (je n’ai pas lu le bouquin) s’imaginer en oasis esseulé. Et d’oasis, d’ailleurs : je pense que vous en eûtes de plus honnêtes que lui, voire surtout de plus éclairés (dans ce que tu rapportes des mantras de Duluc : je retrouve bonne part des contagieuses métastases historiquement plantées par ce qu’eut de pire à proposer certaine médiasphère-foot hexagonale).

    Que 98 ait fait du tort, ça oui, je peux l’entendre (c’était difficile de ne pas l’entendre, quel bazar)………….mais la soupe dans laquelle il ne peut cracher n’y fut assurément, là non plus, pour rien..

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    1. Le mot culture peut englober références historiques, intérêt de la sphère dite intellectuelle, penseurs du jeu (au sens tactique), culte des anciens… Si la France a eu jusqu’aux années 1980-90 des journalistes ayant une vraie réflexion sur le jeu (dans un style très académique, froid, sans poésie), cela s’est éteint avec leur fin de carrière. Comme cela correspond à la période où émerge Duluc, on peut en effet considérer qu’il a participé à l’instauration de la médiocrité actuelle, modulo sa qualité d’écriture.

      Duluc n’a rien d’un aventurier, même dans les débats sur l’Equipe du Soir (j’ai regardé ça à un moment), il ne prend aucune position qui ne soit celle de la majorité. Je pense qu’il ne s’est pas remis de sa fâcherie avec Jacquet. Et quand tu vas dans le sens du vent, tu ne participes pas à élever le niveau.

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      1. Du coup, si c’est pas Rinus Michels, je ne sais toujours pas qui a inventé le football total. Duluc et Roustan ont bien des défauts mais eux au moins s’intéressent à l’histoire du foot contrairement à leurs jeunes confrères incultes. Même les quinquas ne cherchent pas à appronfondir la période pré-platinienne et pré-maradonienne. Au moins au début de L’Equipe du soir, il y avait des « old timers » comme Patrick Le Moine et Thierry Bretagne qui étaient toujours intéressants à écouter.

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      2. Purée, tu ne lis pas les textes d’Alex et Alphabet !?
        J’aimais bien Thierry Bretagne, passionné de basket, drôle avec un regard distant sur le foot qui le rendait intéressant.

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      3. My bad, un an que je laisse en jachère un triptyque Michels-..Happel, comme ça tu vois quel fut le père véritable dudit football-total..NL (une tradition parmi d’autres, d’ailleurs antérieures)……

        C’est archi-documenté, aucune équivoque possible. Je développerai.

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      4. Si, je vous ai lu attentivement, voire religieusement, mais un peu noyé dans vos explications et intimidé par votre culture, j’avoue que je n’ai pas tout emmagasiné. A la longue, trop de savoir tue le savoir.
        En plus de Lemoine et Bretagne, Thierry Marchand était pas mal, aussi.

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      5. Tu devrais faire des fiches, noter ce qu’Alex, Bobby (quand il reviendra) ou les autres nous livrent comme infos et les relire avant de t’endormir 😉

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      6. « Duluc et Roustan ont bien des défauts mais eux au moins s’intéressent à l’histoire du foot contrairement à leurs jeunes confrères incultes. »

        Je reviens là-dessus.. Est-ce vraiment s’intéresser à l’Histoire du foot, que d’en réciter et entretenir mécaniquement les vieilles fables rances, sans jamais chercher à aller plus loin, voire à corriger le tir?

        Et sinon du style à un discours qui probablement en manquait (ce style académique longtemps dominant, que décrit Verano) : qu’aura-t-il au final apporté? Rien.

        Je ne sais s’il y a de l’aigreur dans son livre..mais on pourrait le croire et, à sa place, je pourrais surtout concevoir d’en avoir..car être talentueux pour, au final, se contenter de cela? Un pharisien?

        Bah : ça lui appartient.

        Ce qui m’intrigue, Verano : que trouve-t-on à dire (si l’on en trouve le temps, déjà..), quand l’on se retrouve dans de telles circonstances devant un monument tel Kopa?

        Vos stars du passé, on ne les croisait jamais au café? au bar-PMU? C’était d’un banal en Belgique, mais quid par chez vous jadis?

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      7. Kopa ne donnait pas envie de lui parler, je ne sais dire s’il s’ennuyait ou s’il était en colère de ne pas vendre assez de bouquins. Je me souviens avoir ânonné que mon père m’avait beaucoup parlé de lui et de 1958 (ce qui est partiellement vrai, mon vieux préférait Fontaine), une banalité entendue mille fois à laquelle il avait à peine répondu.
        J’avais vu quelques mois auparavant au même endroit Poulidor. Quel contraste. Poulidor donnait envie d’aller vers lui, tout le monde le reconnaissait, il parlait aisément même s’il laissait une distance avec son interlocuteur, une forme de prudence paysanne sans doute.

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      8. Je n’ai quasiment jamais croisé de footeux. Des rugbymen à Toulouse, par contre…
        En Espagne, j’en ai croisé quelques-uns à Chipiona, où habite ma famille. Une station balnéaire océanique assez prisée par les Sevillans. Dont une qui était très drôle.
        Le matin, je mate la une de Marca. « Reyes, la tuile! ». Reyes s’était blessé à l’entraînement et semblait selon Marca au bout du rouleau. Et qui vois je le soir même, dans mon bled, à 500 bornes de Madrid? L’ami Reyes complètement bourré avec ses béquilles! Il draguait toutes les nanas qui passaient, c’était assez pathétique. Une franche rigolade avec mon frangin.

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      9. @Verano82 : Kopa était réputé pour être dur de caractère. A sa décharge, il a vécu un drame personnel qui l’a marqué en tant qu’homme.

        Ca figurera parmi les points que je vais développer dans l’article que je suis en train de préparer (sur la nuit du football français)

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      10. Bon, en gros, pour voir d’anciennes gloires : en Belgique il fallait aller au café..et chez vous au supermarché!

        Kopa fait en soi bien peu penser à un gai luron, en tout cas il est toujours sérieux et grave sur les photos. Alors, ce genre de séance… Ca doit être pénible, non? Seuls artistes dont j’aie sollicité signature (et fin des fins obtenu un dessin), parce qu’on m’y poussait , Didier Daeninkcx (très sympa!) et son parfait contraire, ce jour-là du moins, Tardi……….. Qu’est-ce qu’il était bougon, lol!!! Et cependant : fendu d’un dessin extraordinaire dans la bédé que je venais d’acheter.

        Mais manifestement fallait pas l’emmerder : c’était complètement superflu! 🙂

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    2. Duluc, c’est pour moi un gros NON!!!

      « J’ai une culture du foot dont je regrette d’ailleurs qu’elle soit si mal partagée ». C’est bien une phrase d’un journaliste de L’Equipe ça, avec toute la condescendance du type convaincu d’inculquer la culture foot au peuple ignare, alors que sur ce site il y a pas mal de gens qui lui metteraient la misère.
      Et au passage, si la culture foot est si mal partagée, le quotidien qui a un quasi-monopole et qui s’est appliqué à enterrer tous ses concurrents – par des moyens parfois illégaux – y est pour quelque chose…

      Duluc n’a jamais digéré 98, parce que L’Equipe s’est retrouvé complètement discréditée, et de façon totalement méritée au vu des torrents de merde que s’était mangé Aimé Jacquet : si les critiques sur le jeu avant la Coupe du Monde pouvaient s’entendre (et encore, j’y reviendrai plus bas), les attaques sur « le paysan », « l’incompétent » ou « le brave type qui émét des soupirs » étaient vraiment bas de plafond!!!

      Et même sur le jeu, encore aujourd’hui, Duluc brille par son manque total de réflexion et d’analyse. L’Equipe reprochait à Jacquet son jeu ennuyeux et trop défensif mais c’est occulter l’énorme déveine qu’a connu Jacquet avec ses attaquants tout au long de son mandat :
      – JPP vieillissant qui enchainait les blessures au Bayern
      – Canto suspendu 9 mois après son agression, puis qui ne voulait pas jouer avant-centre
      – Loko miné par un drame familial (la perte de son enfant)
      – Guivarc’h qui se pète lors du premier match
      – Dugarry qui se claque lors du second

      Dès lors, il est tout naturel que Jacquet se soit appuyé sur sa valeur sûre : son bloc défensif. Ce n’est pas la seule façon de gagner une Coupe du Monde, mais c’était celle qui était la mieux adaptée aux Bleus, compte-tenu des forces en présence.
      Et dans le lot, il y a de sacrées trouvailles : Thuram latéral droit (alors qu’il n’y avait jamais joué), Petit rappelé en milieu défensif après des débuts très moyens en latéral, des dépassements de fonction réguliers (Blanc, Liza et Thuram buteurs), la confiance accordée aux tout jeunes Henry et Trézéguet, et bien sûr les clés de l’animation offensive confiées à son duo Zidane-Djorkaeff. Et au final 15 buts marqués!!!

      Et Duluc oublie aussi que derrière la Coupe du Monde, les Bleus avec l’ossature de 1998 gagnent un Euro 2000 de très haut niveau, peut-être la meilleure compétition de l’histoire des sélections tant le plateau était dense.

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      1. Ah ah, tu as choisi ton camp ! Pour ma part, je refuse d’idolâtrer Jacquet au prétexte qu’il est champion du monde. Cette équipe n’avait pas grand chose de séduisant et sa propension à dire qu’il avait tout prévu ne me convainc pas du tout. La victoire ne donne pas forcément raison de mon point de vue.

        Là où je te rejoins, c’est sur le traitement médiatique de Jacquet, notamment les attaques personnelles sur ses origines, son accent forézien, inadmissibles. L’Equipe n’a pas été le seul média à le critiquer durement, loin de là,. Les Guignols ne l’ont pas épargné, avec un mépris de classe odieux. Mais s’il a boycotté L’Equipe, il ne l’a pas fait avec Canal+. S’il s’était indigné de la même manière selon les médias (mais Canal lui proposait un beau contrat de consultant…), il aurait été plus crédible dans sa posture d’homme outragé.

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      2. @Verano82 : nulle idôlatrerie, mais on l’a appelé pour une mission – et encore, il n’était censé être qu’intérimaire – et il l’a parfaitement remplie.

        Au-delà du résultat, il y a un contexte. Quand il reprend l’équipe, elle est encore traumatisée par le naufrage d’automne 93. Individuellement il y avait de bons joueurs, mais le groupe était à construire.

        Dès le début de son mandat, Jacquet parvient à trouver une bonne assise défensive, dès lors c’est logique qu’il s’appuie sur cette force.
        Je ne pense pas que Jacquet soit un coach plus défensif qu’un autre, mais comme expliqué plus haut, il a dû composer tout au long de son mandat avec des attaquants blessés, suspendus, en méforme, ou qui n’ont pas su s’imposer au niveau international. Seul Djorkaeff a réussi à tirer son épingle du jeu en devenant l’homme providentiel de l’équipe.
        Au final, il emmène à la Coupe du Monde deux jeunes joueurs de moins de 20 ans (Henry et Trézéguet), preuve que Jacquet n’était pas si frileux que ça et pouvait être audacieux dans ses choix, mais c’est aussi le signe qu’on manquait vraiment d’attaquants expérimentés à cette époque.

        Pouvait-il faire mieux? Peut-être, mais avec quels joueurs devant? Dans le fond, je pense que la presse lui a reproché – sans que ce soit exprimé de façon explicite – l’éviction de Cantona, de la même façon qu’il a été reproché à DD d’écarter Benzema 20 ans après.
        Or, si Cantona a raté le train de l’Euro 96, puis de la Coupe du Monde 98, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Car Jacquet en avait fait son capitaine et son homme de base en 1994, malgré des performances sur le terrain à des années-lumières de ce qu’il produisait chez les Red Devils. Mais il y a eu cette agression, puis son refus catégorique de jouer avant-centre alors qur Jacquet n’avait pas fermé la porte à un retour en Bleu. Dommage…

        Sur le côté séduisant, je ne suis pas non plus forcément d’accord. 15 buts marqués en 7 matchs, ça reste un total respectable. Cette équipe m’a procuré de fortes émotions, notamment dans les matchs couperets où ça s’est joué à un poil de c*l (et en effet, tout n’a pas été maitrisé, il y a eu un facteur réussite) Et les leaders de 1998, quel charisme!!! Lloris, Griezmann, Mbappe Varane & co font pâle figure à côté… (oui c’est complètement subjectif)

        Parmi les nations championnes du monde, France 98 ne fait absolument pas tâche. A côté, on a quand même eu l’Italie fasciste de 34-38, l’Allemagne dopée de 1954, l’Angleterre 1966 et l’Argentine 1978 (sur fond de dictature sanglante) en mode arbitrage maison, Maradona, la main de Dieu et la coke, l’Allemagne réunifiée qui gagne sur un pénalty bidon, le Brésil ultra-défensif qui reposait sur Romario-Bebeto, et même l’Espagne tikitaka qui gagnait à coups de 1-0… Non franchement, on n’a pas à rougir de cette comparaison.

        Je ne mets pas les Guignols sur un même plan que l’Equipe, de par le caractère satirique de l’émission, et parce qu’ils caricaturaient toutes les personnalités de ce bas monde. On n’est pas dans le même registre que l’Equipe qui en avait fait l’homme à abattre…

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      3. Conan,
        Si tu as besoin de renseignements ou d’anecdotes pour ton article sur « La nuit du football français », tu peux toujours me trouver, en messages privés, sur le discord.

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      4. Conan, je ne les partage pas tous même si tes arguments sont recevables. Mais tu ne mentionnes pas un point : dans les deux ans de matchs préparatoires à la CM, l’équipe était affreuse à voir jouer, terriblement ennuyeuse (sans même mentionner le fait qu’il instaurait définitivement l’ère du tout physique, bien aidé par les vétérinaires italiens qui soignaient nos pur-sang).

        Au delà de la malhonnêteté de certains journalistes, des propos lamentables d’autres et de la bassesse de Duluc 25 ans après, il y avait sur le fond un doute légitime quant au fait qu’il soit l’homme de la situation tant on s’est fait suer avant la CM (depuis on s’est habitué, l’inesthétisme est estampillé made in France !). L’histoire lui a donné raison, il nous a expliqué qu’il avait tout maîtrisé, on devrait s’incliner en effet. Mais je n’y parviens pas eh eh

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  2. Quand tu parles de ton anecdote sur Kopa, je me souviens d’un retour en avion, avec une bande de fans de rugby juste devant moi au moment du débarquement. Ça parlait fort et ça se jouait clairement spécialiste. Et là qui vois je me depasser? Philippe Sella! On se regarde, il voit bien que je l’ai reconnu mais je l’emmerde pas. Ils passent également devant le groupe qui le toise. Aucun ne le reconnaît! Un des plus grands centres de l’histoire du Rugby venait de croiser leur chemin, aucune réaction! Quelle rigolade pour des spécialistes. Ses mecs étaient tous plus vieux que moi donc l’argument de l’âge ne marchait pas…

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  3. Fred, est ce que tu as fait attention à la couverture du bouquin de Vázquez Montalbán ? Sur la photo, tout en haut, le tableau – horloge avec la photo du stade Bernabéu et l’écusson du Real, c’est un must des supporters merengue, non ? Tu as le même dans ta cuisine ?

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  4. Duluc, caractéristique de cette petite bourgeoisie qui croit lui échoir le droit d’éduquer le pégu…
    Les pires.
    En témoigne le torchon pour lequel il gribouille.
    Demi-sachant, influenceur, copineur, les qualités pour faire carrière..

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  5. N’était-ce pas Vazquez-Montalban qui disait qu’il ne voudrait jamais voir le Real Madrid en D2 parce que le superclasico lui manquerait trop ?

    Sinon, Duluc, ni pour, ni contre, j’ai toujours trouvé son style assez incolore, et un quart de siècle après je n’ai toujours pas compris que l’Equipe (journal que je révère, ce qui ne veut pas dire qu’il soit parfait) ait titré ce « et on joue à treize ? » quand Aimé Jacquet avait annoncé sa présélection. .

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    1. Je ne sais pas si MVM a prononcé cette phrase mais c’est possible. Il considérait que le clásico servait d’exutoire aux rivalités internes au pays et avait évité une nouvelle guerre civile.

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