L’histoire du football dans l’empire ottoman (partie 2)

Le champ du prêtre

Les Anglais apportèrent l’objet de toutes les convoitises vers la capitale impériale à la fin du XIXe siècle. Les premières équipes y virent rapidement le jour, mais sont toujours l’apanage des étrangers.

Les premiers matchs entre Smyrne et Constantinople ont lieu dès 1897. Chaque année, le Smyrna FC s’imposera face au Moda FC. Peu de temps après sera créé le Cadi-Keuy F.C. (anglicisation du quartier de Kadıköy) par James Lafontaine et Horace Armitage. Dans ses rangs, un certain « Bobby », Füat Hüsnü Kayacan de son nom complet, définitivement happé par les filets du ballon rond. Ils ne le savaient pas encore, mais ils posèrent ainsi les jalons d’un sport qui allait irrémédiablement s’implanter dans cette Turquie aux multiples visages et générer une passion incandescente à travers tout le pays.

S’ensuivent le HMS Imogene F.C., créé en 1904 par le crew du navire anglais du même nom, et le Delpis F.C., émanation de la communauté grecque de Constantinople. Toutes ces équipes s’affrontaient sur le seul terrain disponible, du côté de Kadiköy, le Papazın çayırı, le « champ du prêtre » en français. Cette petite prairie était très prisée des expatriés constantinopolitains, qui prenaient le ferry depuis la rive européenne et venaient y passer leur dimanche pour piqueniquer et jouer au football. En 1908, les équipes locales louèrent le terrain pour 30 livres d’or ottomanes par an, avec pour ambition d’y construire leur propre enceinte. 3000 livres d’or plus tard, l’Union Field était sorti de terre. Ce terrain sera par la suite acheté par un membre du CHP, le Parti Républicain, qui finira par lui donner son nom. Ainsi s’érigea le Şükrü Saracoğlu Spor Kompleksi, l’actuel antre du Fenerbahçe.

James Lafontaine ne s’arrêta pas là. Avec son comparse Henry Spears, ils mirent sur pied la Constantinople Football League en 1904, regroupant les quatre équipes susmentionnées, dont la première édition est remportée par le HMS Imogen. Cadi-Keuyi s’adjugera les deux suivantes, avant de laisser la place à Moda.

Sur les clichés, de moustachus bonshommes posent fièrement et virilement à côté du Champion Shield de 1905-1906. Au milieu à droite, Füat Kayacan est le seul Turc dans cette équipe dominée par Anglais et Grecs. Tout cela est sur le point de changer…

La révolte des Jeunes Turcs (Jön Türklar, en VO) en 1908 forcera Abdülhamid II à restaurer une constitution qu’il avait abolie d’une main de fer. Sa contre-révolution sera vouée à l’échec et propulsera les Jeunes Turcs au pouvoir, où ils deviendront le Comité Union et Progrès.

Prenant l’Angleterre victorienne pour modèle, ils admiraient la pratique sportive et encouragèrent citoyens et communautés à ouvrir associations et clubs sportifs. Malgré leur nom et leur orientation politique, les Jeunes Turcs accueillaient en leur sein Arabes, Juifs, Albanais, Grecs, Arméniens… bref, tout le gotha des peuples encore sous domination ottomane. Ce projet ne sera finalement que lettre morte quelques années plus tard…

C’est ainsi que virent le jour, ou que sortirent de la clandestinité, le Balta-Liman (plus tard dissous en deux clubs, l’Araks et le Tork), le Marnmaraz, le Hay Vorsordats ou encore le Tsitsernak pour les Arméniens, le Strugglers pour les Grecs, ainsi que le Israelitischer Turnverein Konstantinopel (qui deviendra peu après le Maccabi SK) pour les Juifs.

Le 30 octobre 1905, une douzaine d’élèves d’un prestigieux lycée de Constantinople fondé en 1481 décidèrent de fonder un club de football. Hésitant sur le nom à donner à cette entité, ils suggérèrent de prendre pour nom celui de leur établissement, situé dans un quartier créé par les commerçants Génois à l’époque byzantine. Eux-mêmes s’étaient inspiré de cette tribu gauloise qui déferla dans les Balkans et l’Anatolie 300 ans avant Jésus-Christ, et qui donnera son nom à cette nouvelle entité, le Galatasaray.

Son premier président sera Ali Sami Yen, né Ali Sami Frashëri, fils d’un des plus grands auteurs albanais de l’époque. Parmi les autres membres fondateurs, le Bulgare Boris Nikolov, qui en sera le premier manager, capitaine et buteur, et qui verra son nom effacé de l’historiographie officielle lorsque débutèrent les terribles Guerres des Balkans en 1912. Effacés aussi les frères monténégrins Milije et Pavle Bakic, fils de consul et appelés sous les drapeaux lors de la Grande Guerre. Guerre dont ne réchappera Milije, tué près de Koçani en Macédoine…

Sur la rive asiatique, un trio formé de Ziya Songülen, Şevkipaşazade Ayetullah Bey et de l’officier Necip Okaner officialisaient dans le plus grand secret la naissance d’un nouveau club à Moda, un quartier de Kadıköy. Là encore, Constantinople et ses milliers de monuments sont source d’inspiration infinie. Byzantins, Ottomans, Génois et autres occupants ont parsemé la ville de joyaux à contempler de jour comme de nuit. En 1562, le sultan Soliman le Magnifique ordonna la création d’un phare sur le cap Kalamış, dans le district de Kadıköy. Dans la plus pure tradition de l’Ere des Tulipes, un jardin fleuri entoura le phare et ses environs, lui donnant ainsi le nom turc de Fenerbahçe. Les couleurs du Fener seraient d’ailleurs inspirées des pâquerettes poussant dans le coin.

Le club eut l’insigne – et triste – honneur de disputer le dernier match entre une équipe turque et une équipe non-turque sur le territoire. Peu avant le funeste Traité de Lausanne, le Fenerbahçe fut choisi pour représenter la Turquie face à une sélection de l’armée britannique, lors de la Harington Cup. Les deux buts de la victoire 2-1 furent marqués par Zeki Rıza Sporel, futur recordman de buts sous la tunique des Kanaryalar et auteur du premier but de l’histoire de la Turquie, lors d’un match face à la Roumanie le 26 octobre 1923.

Ceux qui allaient devenir les plus grands rivaux du football turc intégrèrent la Constantinople Football League à deux ans d’intervalle (Galatasaray en 1906-1907, Fenerbahçe en 1908-1909). Les Rouges et Or gravèrent leur nom dans le marbre à trois reprises, avant que les Bleus et Jaunes ne les imitent. Le premier match entre les deux équipes eut lieu le 17 janvier 1909 et verra le Gala l’emporter 2 à 0. Il faudra attendre le 4 janvier 1914 pour que le Fener prenne sa revanche 4-2. Si les confrontations sont encore marquées du sceau du sport, les incidents qui éclatèrent lors du match amical de 1934 mit définitivement le feu aux poudres et procéda à l’une des rivalités les plus houleuses du ballon rond. Un tacle mal maîtrisé dégoupilla le match et s’étendit aux gradins. Alors que l’intervention de la police semblait avoir calmé tout ce beau monde, le gardien du Fener Hüsamettin s’offrit un rush d’exception pour administrer un patator dans la tête de l’entraîneur du Gala, l’Anglais Sydney Puddefoot. Le match fut abandonné, 17 joueurs reçurent une amende, et certains furent suspendus pendant six mois.

Les supporters des deux camps le savent-ils ? En 1912, les présidents des deux clubs, Ali Sami Yen et Galip Kulaksızoğlu, se rencontrèrent dans l’idée de former une super-équipe turque composée des joueurs des deux clubs, afin de se confronter aux équipes non-turques. Le nom de Türkkülübü est même trouvé, ainsi que l’idée d’un maillot blanc serti du croissant et de l’étoile rouge. Le projet fut déposé à la section ottomane du Comité Olympique International le 23 août 1912. Las, les guerres des Balkans qui embraseront la région mettront un terme à ce projet d’union utopique… Depuis lors, coups bas, quolibets et haine non-rétractable conditionnent les rencontres entre aficionados des deux rives dans le Kıtalararası Derbi.

A l’entrée du Bosphore, là où transitèrent toutes les richesses du monde, le Bereket Gymnastics Club ouvre les yeux le 3 mars 1903. La pratique de la gymnastique étant moins sévèrement soupçonnée que le football, le proprio Fuat Balkan dota petit à petit le club de sections de lutte, de boxe, d’haltérophilie, d’escrime et d’athlétisme. Face à l’afflux sans cesse croissant de membres, ils déménagèrent à Ihlamur. Ils prirent bientôt le nom du quartier dans lequel se situait le club. Le Beşiktaş Ottoman Gymnastics Club était né. Intéressés par la bourgeonnante activité du ballon rond, des amis de Balkan se prirent au jeu. Ahmed Şerafettin et Refik Osman Top présidaient deux petits clubs locaux, le Valideçesme et le Basiret. Ils fusionnèrent les deux entités et les joueurs pour créer l’équipe du Beşiktaş Jimnastik Külübü en 1911. Le Circassien Mehmet Şamil Şhaplı fut élu président. Curieusement, le Beşiktaş n’entra dans la Istanbul Friday League (la descendante de la Constantinople Sunday League) qu’en 1923, dans un état turc fraîchement sorti de terre. Ils remportèrent la première édition, mais attendront 10 ans avant d’ajouter une nouvelle breloque à leur besace.

Refik Top et Ahmed Şerafettin restent d’ailleurs des personnages importants du football turc. Top – dont le nom veut étrangement dire ballon. Vous vous rappelez des frères Hamit et Halil Altintop ? Leur nom veut littéralement dire « Ballon d’Or » – Top, donc, jouera pour les trois grands clubs constantinopolitains, sera également coach, arbitre, journaliste sportif et le premier international turc du Beşiktaş, pour un match amical perdu en Russie en 1924. Şerafettin fut le capitaine et le manager du club, remportant le championnat. Il avait lancé le projet du nouveau stade mais décéda entre-temps. En son honneur, le Beşiktaş jouera dans le « Şeref Stadium » jusqu’en 1947. Une statue de Şeref Bey trône majestueusement dans le World Peace Park de Fulya, érigée en 2008. Les curieux se demandent encore qui est cet homme à l’allure altière, qui considère pensivement les passants venus chercher des volutes de calme dans Istanbul la titanesque.

Se demande-t-il ce qui se serait passé si les Grecs avaient définitivement pris le dessus sur les troupes turques à la bataille de Kütahya ? La Première Guerre mondiale avait mis le globe sens dessus-dessous. Ayant choisi le mauvais cheval, à savoir l’Axe, l’Empire ottoman fut impitoyablement désossé par les pays de l’Entente lors du Traité de Sèvres en 1919. Il perdit ses dernières possessions asiatiques et européennes, se recroquevillant sur Constantinople et l’Anatolie. Le pays fut mis sous tutelle entre Anglais, Grecs, Italiens et Français. Les Grecs reçurent la gouvernance de Smyrne pour une durée de quatre ans selon les termes du Traité de Sèvres, avec l’ambition de récupérer la Thrace orientale et l’Asie Mineure au bout de ce mandat. Echaudés par la Megali Idea ravivée par le Premier ministre de l’époque Eleftherios Venizelos, ils eurent les yeux plus gros que le ventre et commencèrent à progresser en Anatolie.

Le sang turc bouillonnait. Mustafa Kemal prendra la tête de la résistance turque, désormais basée à Ankara, et entreprendra de bouter les envahisseurs de Turquie. Que ne furent inhumaines les souffrances des hommes de ce temps. Turcs, Grecs, Arméniens, Juifs ou Levantins, tous connurent la cruauté, la faim, l’injustice, l’inhumanité et le malheur sans distinction. L’épouvantable Incendie de Smyrne en 1923 et le Traité de Lausanne qui s’ensuivit achèvera l’épuration culturelle de la Turquie, emboîtant le pas à ces entonnoirs monolithiques déferlant sur l’Europe. L’Empire ottoman expirait, après plus de 600 ans d’existence, et de ses cendres émergea la République de Turquie.

Plus d’un million et demi de chrétiens furent expulsés vers la Grèce. Parmi ces chrétiens se trouvaient de nombreux Arméniens, qui n’avaient comme point commun que leur religion. Dans l’autre sens, près de cinq cent mille musulmans (Bosniaques, Albanais, Serbes, Turcs, Kipçaks, Comans…) « émigrèrent » vers la Turquie. Des décisions iniques instaurées par les Grandes Puissances de l’époque, rasant d’un trait de stylo des siècles de cohabitation et d’entrelacs.

Tous les clubs de sport et de football appartenant à des communautés non-turques furent dissous. La realpolitik internationale et la turquisation imposée par Atatürk achèveront de dissoudre trois millénaires d’histoire commune dans un crépitement de flammes.

L’homme referma la boîte en carton. A côté de lui, son thé était désormais froid. La çayhane exhumait la vapeur des hommes transis de froid s’installant pour échapper à la bourrasque qui commençait à fouetter Istanbul. Le son de la radio avait fait place à une mauvaise retransmission télé d’un match obscur disputé dans des conditions dantesques. Personne ne semblait regarder ce spectacle factice dont même les joueurs semblaient se désintéresser. A travers la fenêtre, on distinguait les vendeurs de salep et de simit, serrant des cigarettes éteintes du bout de leurs mitaines rapiécées, rassemblés autour d’un poêle fumant, dans l’attente sans fin d’un client qui ne viendra jamais…

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42 réflexions sur « L’histoire du football dans l’empire ottoman (partie 2) »

  1. Très jolis articles sur un sujet peu exploré dans la footosphère occidentale. Le terme d' »Axe » s’applique toutefois à la deuxième guerre mondiale seulement. En août 1914, on parlait de la « Triplice » Allemagne – Autriche-Hongrie – Italie, puis des « Empires centraux » quand l’Italie a refusé d’honorer son engagement et s’est rangée aux côtés de la Triple Entente (« nous ») en 1915. L’Empire ottoman n’est, lui, entré en guerre qu’en octobre 1914.

    Pour le non-turcophone que je suis, quelle est la différence entre les i avec ou sans point ?

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    1. Merci pour la précision, je me suis emmélé les pinceaux 🙂

      Comme le dit Bobby, le i se lit en effet comme un i, tandis que le i sans point se lit comme un eu. Si tu veux une meilleure image, imagine qu’on te mette un coup de poing dans le ventre et le son qui s’ensuit ^^

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    1. Avec plaisir 🙂

      Lors de la restructuration de l’établissement en 1867, il y a eu en effet un tournant marqué vers le système français, ce qui fait que les étudiants sont en majorité francophones !

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  2. Merci encore Shakhtar.
    Je me demandais où je vais déjà vu le nom de Puddefoot. Une rapide recherche m’a mis sur les traces de Monsieur Schanno : dans son article sur la finale de coupe de Quevilly, il est question de Walter Puddefoot. A priori, pas de lien de parenté entre Sydney et Walter.
    Dans la bio de Syd sur footballenglandonline, le match entre le Gala et le Fener est évoqué, un joueur aurait même été suspendu à vie après les incidents selon un extrait de The Courier and Advertiser du 5 mars 1934.

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    1. Tu me poses une colle… Peut-être l’ancienneté de la gymnastique, corelée à l’exercice physique requis par les entraînements de l’armée ?

      Alors que le foot est purement vu comme un divertissement ?

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      1. Je vais préciser ;), sans doute pas été super clair.

        Pour les fin XIXème et début XXème siècles, il est en fait assez convenu (voire trop convenu?) que prévalut une opposition idéologique entre d’une part le football (perçu dans l’Empire allemand émergent comme un marqueur de l’impérialisme britannique), et d’autre part la gymnastique dont la pratique fût inversement encouragée par les élites prussiennes, comme une réponse du Deuxième Reich à ce fait culturel « football » jugé trop britannique et invasif.

        Bref je lis sous ta plume que « la pratique de la gymnastique éta(i)t moins sévèrement soupçonnée que le football », je garde par ailleurs à l’esprit l’amitié puis même l’alliance diplomatiques qui, même époque, avaient cours entre empires allemand et ottoman..et je me demande si cela fut d’une manière ou d’une autre corrélé?

        Faudrait voir par exemple si la gymnastique fut officiellement encouragée, des formateurs/instructeurs allemands peut-être, officiellement missionnés pour développer cette pratique..?? Vu la dimension martiale prêtée alors à cette pratique sportive (pas seulement en Allemagne), et l’envoi concomitant de conseillers allemands près l’armée ottomane..??

        J’ai cherché 20 secondes..rien trouvé évidemment ;), mais je vois qu’il existait aussi une école allemande à Istanbul : https://almanliseliler.org/files/6fedc99c-78a3-4c95-8f83-7a90ca5bf92c.pdf

        On parle toujours de l’institut français, Galatasaray……… Ben y avait les Allemands aussi, déjà et logique vu la place décisive occupée par l’espace turc et les Balkans dans la géopolitique allemande, et ce tout le..XXème siècle durant (Cf. plan Alpen-Adria) : un partenaire privilégié de l’Allemagne depuis son institutionnalisation à Versailles!

        Cela alla-t-il de pair avec la promotion d’un sport plutôt « allemand »? Cette école (ou un autre biais) participa-t-il de cet hypothétique projet? Je n’en sais rien, mais comme ça tu vois peut-être mieux les questions que ça me suscite.

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  3. En Turquie, j’ai toujours ete pro-Galatasaray. En souvenir du match face à Monaco en 89. Le Stade Louis II rempli à ras bord de turcs venus de toute l’Europe. Ambiance folle. Colak et Prekezi le kosovare…

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    1. Et ce maillot…
      D’ailleurs la première fois que suis allée en Turquie, c’était en 2004. On arrivait d’Istanbul en train et j’ignorais tout de la situation intérieure. Je veux retirer, genre 50 euros, et je me retrouve avec des millions de livre turque…
      Le pays venait de vivre une dévaluation record et un euro était l’équivalent d’un million 500 000 livre! Grosso modo..
      Je vous raconte pas l’embrouille pour faire la conversation au moindre achat.
      Y avait des pieces de 250 000 livres et je crois que j’ai payé mon maillot de Nihat 8 à 9 millions!
      J’aurais été millionnaire le temps de quelques jours…

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    2. J’apprécie le Gala et ses couleurs impériales, mais je confesse aimer le côté anar du Besiktas.

      De manière générale, j’aime bien les clubs en retrait de la polarisation binaire, comme le Sporting Portugal, le PAOK, l’Atletico, le Feyenoord… Y a un petit truc en plus ^^

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  4. Quel double-article majestueux !

    En amoureux de l’Empire Ottoman qui m’a toujours fasciné, ce fût une plongée absolument merveilleuse dans un univers qui semble si lointain mais aussi si proche.

    J’ai déjà hâte de lire tes prochaines perles car si elles s’avèrent toutes être aussi qualitatives, la qualité générale du site en sera grandement impactée !

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    1. Merci l’ami 🙂

      L’empire ottoman c’est fascinant, il faudrait même parler d’empireS, tant les époques les ont façonné.

      Cette période mentionnée dans l’article, c’était peut-être la seule opportunité de créer une super-puissance dans laquelle tous les peuples qui le composent aient le même statut. C’aurait pu être un paradis…

      Malheureusement, les affres de la politique internationale ont eu raison de cette utopie…

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      1. Un paradis multinational ? C’est notamment la position de Philip Mansel dans son histoire d’Istanbul.

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      2. Sans doute un paradis instable. Quand il faut se battre (et il le faut tôt ou tard, qu’on le veuille ou non), le nationalisme ou la religion sont plus efficace à la cohésion des armées. The Economist a là-dessus un excellent article (« How to forecast armies’ will to fight », 3 septembre 2020) qui cite des recherches faites par Artis, un bureau d’études américain qui travaille beaucoup pour le Pentagone. Artis avait identifié des unités kurdes ou de Daesh qui continuaient à combattre efficacement après avoir perdu 70% de leurs effectifs, loin au-delà de ce que les armées occidentales des deux guerres mondiales étaient capable de faire – et ce avec des populations ethniquement homogènes en général.

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  5. Le père du mouvement gymnique en Allemagne (copié dans toute l’Europe) est l’éducateur Friedrich-Ludwig Jahn.

    Après la défaite de Jena, fallait restaurer la virilité et le sentiment nationaliste.

    Le logotype de son organisation était une croix stylisée avec 4 F pour « Frisch, fromm, fröhlich, frei » c’est-à-dire : « frais, pieux, joyeux, libre ».

    L’actuel leader de la 3. Liga « Jahn Regensburg » porte son nom.

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    1. Beaucoup de clubs allemands (dont 1860 Munich et l’Eintracht Brunswick, entre autres) portent d’ailleurs à leur nom complet les initiales TSV pour Turn- und Sportverein, association de sport et de gymnastique (Turnen). Je ne sais pas pourquoi la gymnastique est ainsi séparée des autres sports, il sera intéressant d’approfondir la question.

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  6. Je reviendrai au football quand mon cerveau aura digéré tout ça!

    Mais quitte à évoquer le traité de Sèvres.. ==> De celui de Versailles, il semblerait bien que ce fût la partie française, sous l’impulsion d’un Clémenceau comme enragé, qui dicta ce ton si dur contre l’Allemagne..

    L’une des partie-prenantes au traité de Sèvres fut-elle particulièrement hargneuse, déterminée à saigner l’Empire ottoman? En d’autres termes et s’il y en eut un : quel fut le Clémenceau de Sèvres?

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    1. Un Clemenceau enragé qui dicta le traité de Versailles ? Tu es là trop sous l’influence des historiographies allemande et anglo-américaine.

      Qui était à l’origine des guerres de 70 et de 14, sinon le militarisme prussien ? Il fallait s’en prémunir. Et si Clemenceau avait encore été aux affaires en 36, Hitler aurait avalé son chapeau : la remilitarisation de la Rhénanie eut en effet tourné court…

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      1. Ah ah, un Lorrain ne saurait mentir sur ces thèmes.
        La thèse de l’Allemagne mise à genoux par le traité de Versailles est fort discutable, des historiens l’ont désormais démontré. Si l’Allemagne se pose en victime dans les années 20 alors que son territoire est intact ou presque et que les réparations ne couvrent qu’une faible part des préjudices occasionnés, que dire de la situation et des exigences assumées par la France vaincue en 1870 ?

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      2. Historiens allemands, anglo-saxons..et belges, on peut y retrouver ce discours aussi (désolé et ça ne veut pas dire charrette) 😉

        Je ne plains pas particulièrement les Allemands! (rayon sauver ses miches, que dire de 40-44, alors..), en 14-18 ils auront été une calamité existentielle pour mon pays, la France avait assurément de bonnes raisons de vouloir couper les couilles au militarisme teuton, les historiens anglo-saxons sont bien souvent des catins instrumentalisées..mais enfin : l’idée que les plus virulents à Versailles fussent les Français n’a quand même rien de si extravagant, si?? Je me demande même si tous les négociateurs n’en convinrent, ou plutôt si des propos en ce sens n’en furent rapportés pour toutes les parties (probablement chez des historiens anglo-saxons, certes), Wilson surtout était consterné??….?

        D’ailleurs vous n’objectez pas que Clémenceau fût ou non remonté : c ‘est ici tantôt l’absence de bien fondé de son attitude, tantôt la portée de Versailles, que vous contestez :op

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      3. Versailles fut l’oeuvre du Père la Victoire, oui ! Et les Français étaient les plus virulents, et pour cause ! Les premiers concernés… Le système de Clemenceau, basé sur l’affaiblissement irrémédiable de l’Allemagne, était bon mais requerrait des hommes à poigne, comme lui… Que pouvait-on faire avec des Chautemps, des Daladier ou des Laval ?

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      4. Il me semble que celle de 1870 est moins le résultat du militarisme prussien (et non allemand, le pays n’étant pas encore unifié) que d’une erreur stratégique de Napoléon III, inquiet de la victoire de la Prusse sur l’Autriche à Sadowa en 1866 et désireux de réduire tant qu’il le pouvait encore (du moins le croyait-il) un ambitieux rival qu’il avait sous-estimé…

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      5. @Alex, je ne conteste rien de l’action de Clémenceau, je module l’idée selon laquelle Versailles a fait de l’Allemagne une nation exsangue. Les réparations (non totalement honorées) sont moindres que celles payées par la France après 1870.

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      6. Ah oui, bien sûr mais ce n’était toujours pas mon propos (évidemment pas grave toutefois).

        Les Allemands et la question des réparations, au cours du XXème siècle.. Il en fut beaucoup question quand la société grecque fut dépecée, la Troïka, payer ses dettes jusqu’à la dernière goutte de fluide humain, tu parles.. Ordo-libéraux quand ça les arrange, les Allemands, lol.

        Je crois moi aussi que Clémenceau n’avait pas tort, et même que l’Allemagne a un sacré problème avec l’exercice du pouvoir quand elle est en position de force, un rapport à l’autre qui ne se conçoit qu’en termes de rapports de force et d’autorité.. Moindre mal s’ils avaient le bon goût de garder cela pour eux.

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      7. « Il me semble que celle de 1870 est moins le résultat du militarisme prussien (et non allemand, le pays n’étant pas encore unifié) que d’une erreur stratégique de Napoléon III, inquiet de la victoire de la Prusse sur l’Autriche à Sadowa en 1866 et désireux de réduire tant qu’il le pouvait encore (du moins le croyait-il) un ambitieux rival qu’il avait sous-estimé… »

        Non, mon ami, non. C’est ce qu’on crut longtemps, mais les recherches récentes, notamment en Allemagne, mettent largement en avant la responsabilité prussienne, et singulièrement celle de Bismarck. Bien avant celle de Napoléon III. La dépêche d’Ems, mon ami, la dépêche d’Ems… Ce n’était pas un quiproquo, un imbroglio, c’était une manoeuvre géniale de Bismarck afin de précipiter la guerre et ainsi réaliser l’union allemande. S’unir en affrontant un ennemi commun.

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      8. « Je crois moi aussi que Clémenceau n’avait pas tort, et même que l’Allemagne a un sacré problème avec l’exercice du pouvoir quand elle est en position de force, un rapport à l’autre qui ne se conçoit qu’en termes de rapports de force et d’autorité.. Moindre mal s’ils avaient le bon goût de garder cela pour eux. »

        Qu’ont fait les Alliés pour en finir une bonne fois pour toutes ? Dépecer la Prusse, la réduire à néant, et son caporalisme avec.

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