Drapeau de corner de Ligue 1

Une saison pas comme les autres ?

Beaucoup parmi nous ont dû le lire ou l’entendre dans divers médias au cours des derniers mois de 2022. Énoncé avec autant de certitude que deux et deux font quatre : cette saison de Ligue 1 2022-2023 sera différente.
La faute à cette Coupe du monde coincée au milieu de l’hiver qui bouscule les rythmes habituels. Alors oui, c’est sur, ce sera comme avoir deux saisons différentes. Les dynamiques des clubs changeront plus que de raison, et à cause de cela, mieux vaut ne pas tirer de leçons de ce que l’on aura vu durant cette première moitié de saison.

Mais maintenant que l’on a joué une dizaine de journées de championnat depuis le retour du Qatar, quelle est la véracité de cette assertion ?

Les changements de dynamiques depuis le retour de Coupe du monde

Au premier abord, on peut effectivement observer quelques changements. Les implacables marches victorieuses de Lens et Rennes se sont arrêtées. Nice semble lancé dans une folle remontée. Et les Parisiens ont eu une difficile reprise des affaires domestiques.

Variation du nombre de points par match pris par chaque club entre les 10 matchs pré-Coupe du monde et les 10 matchs post-Coupe du monde

Pour observer plus précisément ces changements de dynamiques, comparons les moyennes de points par match en Ligue 1. Regardons donc pour chaque club ces moyennes sur les dix matchs avant et après la Coupe du monde au Qatar.

Du côté des changements positifs, on note que Reims, Nantes et Montpellier prennent en moyenne 0,8 point par match supplémentaire. Quelques progrès notables sont aussi en cours du côté des Olympiques, de Nice, et de Toulouse.
De même, les contre-coups évoqués plus haut sont visibles. Paris, Lens et Rennes ont ainsi perdu en moyenne 0,9 point par match. Lorient complète ce tableau des mauvais élèves avec sa perte de 0,7 point par match.

Très bien. Mais est-ce si différent des retours de trêve des précédentes saisons ? Après tout, chaque année il semble que certains clubs aient plus de mal que d’autres à se remettre des fêtes de la Nativité et de la bamboche du Nouvel An.

Par exemple, la saison passée la dinde a semblé particulièrement difficile à digérer du côté de Montpellier et Brest. Ainsi, si l’on jette un œil sur le même tableau pour la saison 2021-2022, on remarque aussi d’importants changements de dynamiques.

Changements des dynamiques depuis la saison 2016-2017

Le mieux semble alors d’additionner toutes ces variations par saison pour pouvoir comparer leur importance.
Pour la saison en cours, on arrive à une variation globale de 9,9 points par matchs pour les 20 clubs de Ligue 1.

Pour la saison précédente, on arrive à une variation cumulée de 7,6. Il semble alors bien que l’on puisse constater une variation plus importante que l’an passée. Mais se satisfaire d’une comparaison avec une simple saison ne serait pas suffisant pour clarifier ce mystère.

Penchons nous donc sur les cinq saisons précédentes complètes, évitant par là-même la saison Covid de 2019-2020.

Comme évoqué ci-dessus, la saison dernière avait une variation globale de 7,6.
Pour ce qui concerne la saison 2020-2021, la variation globale était de 11,2. Soit une variation supérieure à celle de la saison en cours. Ce qui tendrait à infirmer cette affirmation de saison si différente assénée au cours des derniers mois.
Pour la saison 2018-2019, la variation était de 6,5. Pour la saison 2017-2018, de 9,3. Et pour la saison 2016-2017 de 9,2. Cette théorie fumeuse tombe donc à l’eau.

En effet, sur les cinq saisons classiques de l’échantillon comparatif, on voit que la variabilité des dynamiques se situe dans une fourchettte 6,5 à 11,2. Par conséquent, la variabilité de la saison actuelle se conforme à cette fourchette habituelle. Par ailleurs, elle est très proche de celles des saisons 2016-2017 et 2017-2018.

Cette saison 2022-2023 de Ligue 1 n’est donc pas différente des autres du point du vue des changements de dynamiques des clubs.

La barre psychologique

Notons en passant qu’il semble se dégager un seuil de faiblesse de résultats à partir duquel toutes les équipes réagissent fortement lors de leur retour de trêve. On observe ainsi que chaque équipe ayant pris au plus 0,5 points par match avant la trêve, remonte sérieusement la pente dès son retour des fêtes.
Alors que ne semble pas nécessairement se dégager la même urgence dès lors que l’on atteint les 0,6 points par match. Une tranquillité d’esprit qui permit sans doute à Dijon de passer de bonnes fêtes de fin d’année 2018, pour bien mieux descendre quand arriva l’été 2019. Une trajectoire qu’Angers et Auxerre semblent aussi suivre cette saison.

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11 réflexions sur « Une saison pas comme les autres ? »

  1. Intéressant de faire cette analyse (avec des résultats surprenants). Merci. Je me demande s’il faut aussi prendre en compte le mercato d’hiver et, par exemple, diviser le nombre qui est en bas à droite de tes tableaux par le nombre de transferts de ce mercato. Si le résultat est un grand chiffre, alors cela montre que les mêmes équipes (avec peu de changements) ont connu de grosses différences. Dans le cas contraire, on pourrait dire que ce sont les transferts qui ont transformé les équipes. Une autre mesure (pour avoir une idée si beaucoup d’équipes contribuent à la moyenne ou pas) est le standard deviation https://en.m.wikipedia.org/wiki/Standard_deviation
    Et dire que j’aime lire P2F le soir pour reposer mon esprit de journées passées à regarder et analyser des données et des équations…

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  2. Quelle année catastrophique pour Angers… J’ai rien contre les autres clubs qui luttent pour le maintien mais j’aimerais voir Auxerre et Strasbourg se maintenir. Mais comme le souligne ton tableau, aucun club n’est dans une bonne dynamique.

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  3. J’aime bien les analyses de données dans le football. Le club de Liverpool a un département qui se consacre à cela. Il est dirigé par un physicien (qui a eu sa thèse à Cambridge). Brentford aussi. Le livre suivant peut t’intéresser si tu ne le connais pas déjà : Soccernomics de Simon Kuper et Stefan Szymanski. Sinon, en rapport à un autre sujet : merci encore pour les quizz sur les clubs français et étrangers (si je ne me trompe pas, c’est toi qui m’avait indiqué sur Sofoot ton site pour cela). Il y en a qui sont vraiment difficiles.

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      1. D’ailleurs, c’est vrai ça. Depuis le temps que vous vivez aux States, les Sindelar ou Triple G, vous avez du vous enticher d’une franchise sportive. Laquelle ?

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      2. Je ne suis pas un grand fan des sports US, mais si je devais choisir, cela serait Colorado Rockies pour le baseball, Colorado Avalanche pour le hockey (les deux pour le Colorado…), Denver Broncos pour le football américain (pour le Colorado et John Elway) et Indiana Pacers pour le basket (pour Regie Miller). Pour le (vrai) foot, c’et l’équipe féminine de North Carolina Courage. Les sports universitaires sont aussi interessants aux US Je vis dans une ville universitaire qui a 95000 habitants (sans compter les 30000 étudiants). Le stade de football américain de l’université a 76000 places et celui de basket a 20000 places, et il est quasiment impossible de trouver des places. Quand les équipes de l’université jouent, tout le monde porte ses couleurs dans la ville et aux alentours et les voitures sont couvertes de drapeaux.

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    1. Malheureusement je n’ai plus le temps d’en faire dernièrement. J’espère reprendre en cours d’année, d’autant que j’en ai plusieurs qui sont en cours d’élaboration. Merci pour le conseil de lecture, j’essaierai de le trouver.

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