par Moteur…
26 juin 1990, Vérone. Dans une Coupe du monde pauvre en buts, Espagnols et Yougoslaves s’affrontent dans ce qui va rester comme l’un des plus beaux matchs de la compétition. Un mois après s’être déjà rencontrés en amical, les deux équipes se retrouvent en huitièmes de finale du plus important des tournois.
Après une brillante qualification, les matchs de préparation s’avèrent être catastrophiques pour les hommes d’Ivica Osim. La première des deux rencontres, face à la Roja, se termine sur le score de 1-0 en faveur des visiteurs à la faveur d’un but signé Butragueño. Pire, huit jours plus tard, la défaite 2-0 face aux champions d’Europe en titre néerlandais passe au second plan après que le stade Maksimir ait hué l’hymne et l’équipe yougoslaves.
La dernière victoire date déjà d’octobre 1989, face aux modestes Chypriotes, et la population elle-même semble ne plus s’identifier au pays. Un petit nombre de supporters yougoslaves, majoritairement bosniens, font néanmoins le déplacement jusque dans la Botte afin de soutenir l’équipe nationale.
Avec la RFA, la Colombie, et les Émirats arabes unis, le groupe semble à la portée des Plavi, d’autant plus que les quatre meilleurs troisièmes peuvent se qualifier. Si les Émiratis semblent être des victimes expiatoires, il faudra batailler face aux Colombiens, la RFA étant favorite.
En ouverture, le choc face aux futurs champions du monde ne laisse pas de doute. La Mannschaft est un ton au-dessus et le score de 4 buts à 1 reflète bien la différence de niveau entre les deux formations. La victoire 1-0 contre les Cafeteros assure quasiment un billet en huitièmes de finale, billet confirmé par le succès 4-1 face au Petit Poucet du groupe. Voilà maintenant que le destin fait se recroiser Roja et Plavi avec pour objectif une place parmi les huit meilleures équipes du monde.
Action !
On joue la 78e minute de jeu et le score est toujours nul et vierge quand, sur une relance partie des pieds du gardien Tomislav Ivković, le capitaine yougoslave Zlatko Vujović réussit à percer l’aile droite espagnole, gagne son duel face à Manuel Sanchís, se retourne et centre. Le cuir atterrit sur la tête de Srečko Katanec qui dévie vers Dragan Stojković. Le ballon est flottant et deux choix s’offrent au futur Marseillais. La reprise de volée semble s’imposer mais Piksi choisit la difficulté et feinte Martín Vazquez d’un somptueux contrôle. Débarrassé du Madrilène, Stojković peut calmement ajuster Andoni Zubizarreta et célébrer.
Alors que ce but aurait pu être celui de la qualification, la Roja égalise cinq minutes plus tard grâce à Salinas. Le match part donc en prolongation et, alors que l’Espagne a les meilleures occasions, une faute bête de Roberto à la 92e minute offre un coup franc à 25 mètres à Stojković. La position est parfaite pour le meneur de jeu qui voit sa frappe passer au-dessus du mur avant de redescendre et tromper Zubizarreta. Le score ne bougera plus pour le restant du match, la Yougoslavie est en quarts de finale.
C’est là que s’arrêtera le parcours des Plavi, éliminés aux tirs aux buts par l’Albiceleste de Maradona et d’un Sergio Goycoechea qui commence à écrire sa légende. Le succès sur l’Espagne aura été l’ultime victoire de la Yougoslavie fédérative dans une grande compétition. Les guerres qui vont mettre le pays à feu et à sang durant une décennie vont priver l’équipe nationale, pourtant à son sommet, d’un Euro 92 à sa portée avant que la Yougoslavie, sous sa nouvelle identité serbo-monténégrine, ne fasse son retour à partir de la Coupe du monde 1998. Cette nouvelle mouture ne durera que huit ans avant que Serbie et Monténégro ne se séparent également, mettant officiellement fin à la Yougoslavie dans toutes ses formes.
Coupe du monde 1990, huitièmes de finale
Mardi 26 juin 1990, 17h, Vérone, Stadio Marcantonio Bentegodi
Espagne-Yougoslavie : 1-2
Espagne (4-4-2) : 1 Zubizarreta – 2 Chendo, 5 Sanchís, 4 Andrinua (3 Jiménez, 49e), 14 Gorriz – 21 Míchel, 15 Roberto, 6 Vázquez, 11 Villaroya – 9 Butragueno (cap.) (18 Paz, 79e), 19 Salinas . Entraîneur : Suárez.
Yougoslavie (4-4-2): 1 Ivković– 5 Hadžibegić, 6 Jozić, 3 Spasić, 7 Brnović – 16 Šabanadžović, 10 Stojković, 8 Sušić, 13 Katanec (4 Vulić, 79e) – 9 Pančev (19 Savićević, 55e ), 11 Vujović (cap.). Entraîneur : Osim.
35 500 spectateurs. Arbitre : Aron Schmidhuber (Allemagne).
Buts : 0-1 Stojković (78e ), 1-1 Salinas (83e), 1-2 Stojković (92e).
Avertissements : Roberto (92e), Chendo (112e) pour l’Espagne, Katanec (7e), Vujović (59e), Vulić (97e) pour la Yougoslavie.
1990, Coupe du monde bien tristounette, parcours du Cameroun mis à part. Cet Espagne-Yougoslavie ne m’avait pas particulièrement marqué. J’ai des souvenirs bien plus nets (et bien meilleurs) de RFA-Pays-Bas, et surtout des commentaires d’Andrés Cantor sur Univisión !
Cette Roja n’avait rien de folichon, hormis la Quinta, les joueurs étaient des seconds couteaux. Villarroya par exemple, Rafa Paz, ça ne faisait pas rêver…
Malgré cela, avec un schéma en 5-3-2 (Villarroya était latéral et non milieu), Suárez avait trouvé un équilibre et avait posé énormément de problèmes à Osim. Mais Dragan rodait !
Rafa Paz, Jimenez, c’était la base sevillane de cette Roja. Époque Dassaev et surtout Toni Polster. Qui avait mis, genre 33 buts en championnat. Uniquement battu par Hugo Sanchez et ses 38 buts qui égalait le record de Zarra.
Dans les qualifs, el Buitre joue surtout en attaque avec Manolo de l’Atletico.
Spasić, un des transferts étonnants du Real de l’époque. D’ailleurs, ça s’est pas bien passé.
Un paquet de mecs passés par la France dont Zoran Vulic que j’aimais bien à Mallorca avec Zaki et Nadal. A Nantes par la suite évidemment.
La Qunta, sans Pardeza, n’a vécu que 2 compétitions ensemble. En 86, Sanchis et Vazquez étant absents. Des résultats moyens aussi bien à l’Euro 88 qu’au mondial suivant. Après la catastrophique qualification pour l’Euro 92, ils disparaîtront définitivement des plans de Clemente. Alors qu’ils ne sont pas si vieux.
Dragan à Marseille. Quelle malchance… Je revois encore sa gueule dépitée lors du sacre de l’Etoile Rouge à Bari…
J’avais lu que la coupe du monde 1990 avait été un tournant dans le changement de règles de la FIFA, notamment concernant la passe en retrait au gardien. Récemment, je me suis amusé à regarder plusieurs matchs de ce mondial et… Mon Dieu, y a vraiment eu de ces purges ! Égypte-Irlande par exemple, non mais les Égyptiens qui ont passé la moitié du temps à faire des passes en retrait à leur gardien et en face, des Irlandais vaillants mais limités offensivement.
Irlande-Roumanie aussi, qu’est-ce que je me suis fait chier devant ; ça sentait l’absence d’ambition offensive (et les Irish qui arrivent jusqu’en quarts sans gagner de match dans le temps réglementaire et en inscrivant seulement 2 buts en 5 matchs).
À l’opposé, y a eu quelques matchs sympas comme RFA-Yougoslavie, Cameroun-Angleterre et Belgique-Uruguay.
J’aimerais bien le ressenti de ceux qui ont regardé les matchs à l’époque, en 1990, vous avez eu quel ressenti ?
Que la WC90 ait eu un impact sur la passe au gardien : c’est ce qu’on dit souvent en effet, mais..??
J’invite à revoir la finale de l’Euro 92 : l’antijeu dont y abusent les Danois, singulièrement Schmeichel et ses défenseurs, n’avait absolument rien à envier à celui vu en Italie deux ans plus tôt, à bien des égards c’était pire même…… Je ne serais pas étonné que les Danois y aient gâché/gagné au bas mot 10 minutes de match! Je ne suis guère susceptible de germanophilie en football, mais dans mes souvenirs c’était écoeurant.
D’ailleurs, il me semble que la sanctionnabilité de la passe délibérée en retrait survient..dans le mois s’écoulant entre fin dudit Euro 92 et début des JO de Barcelone.
Et en 90, ça faisait quelque temps que l’un ou l’autre footballs, en général du Sud dirais-je, « ‘s’illustraient » régulièrement de la sorte….. Alors certes, oui : le tournoi italien s’inscrivit incontestablement dans cette « dynamique », le recours à cette pratique y fut parfois durement critiqué (NB : ça faisait des..décennies que la presse belge stigmatisait ce genre de comportements)..mais qu’il fallût encore deux ans pour réformer, de surcroît dans l’immédiate foulée de cette peu ragoûtante prestation danoise en finale, ben..??
J’ignore combien de temps il faut pour initier tel processus??, c’était sans doute déjà dans les cartons, le fait est que la presse en discutait régulièrement, on savait que ça allait tomber un jour..mais que cela tombât juste après les papasses compulsives en retrait à Schmeichel : probablement pas un hasard non plus.
De manière générale, je m’étonne que cet antijeu danois en finale de 92 ne soit jamais nulle part évoqué.
J’aime bien le Danemark, j’ai appris leur langue, y ai étudié. Société d’un niveau et d’un équilibre vraiment très appréciables! Mais cette espèce de mansuétude dans les médias, concernant leur football……………..
Dans les 80’s il y a çà et là pas mal de brutalité à l’oeuvre dans cette équipe!, et en amont de cette brutalité, hum..?? « Secret » de polichinelles : les Danois passés par Ajax y furent « augmentés », cures diverses et variées.. Je crois inutile de faire un dessin. Et cependant, l’on ne trouvera jamais nulle part l’ombre d’une critique les concernant. Ni pour leurs vitaminées et énergiques 80’s, ni pour ce sacre certes sympathique mais flatté et fort cynique en 92.
Et je trouve surtout des plus désolants la différence de traitement entre Danemark 92 et Grèce 2004.. Comme si le Danemark avait régalé sur pelouse à l’époque???
N’était une espèce de délit de faciès : je pige pas.
Quelques images ici de l’antijeu caractérisé des Danois en 92 : https://www.youtube.com/watch?v=SX2HcvMkOiA
Ceux de mes compatriotes (pas si nombreux / surtout montés en épingle par les ficelles sensationnalistes d’un Sofoutre) qui hurlèrent à l’antijeu contre vous, en 2018, feraient bien de revoir ce classique!
Tu vois Alex, j’avais pas ce souvenir du Danemark 92. Bon, j’ai jamais revu les matchs et j’avais 12 ans à l’époque. Mais j’en garde un souvenir positif. Peut-être du fait de la surprise.
Pour moi, ils auraient mérité plus que le nul face aux Anglais, sont dominés par les Suedois. Et par la suite, j’avais vraiment apprécié leurs performances face aux Français, Bataves et Allemands. La demi-finale en particulier.
Grosse activité de Polvsen, la blessure douloureuse d’Anderson face à Van Basten…
Mais faudrait sûrement si pencher à nouveau…
C’est en finale qu’ils exagèrent, le reste ça va mais c’est un football très réaliste et sans grandes fioritures, on voit bien que l’aîné des Laudrup n’est plus là pour apporter la lumière.
J’aimais bien Povlsen. Andersen, j’en avais été fan sous le maillot d’Anderlecht, super joueur. Je n’aurais jamais cru que les Danois se relèveraient de sa très grave blessure.
Flemming Povlsen, passé par la Castilla du Real. J’ignore comment…
Ça me fait penser à l’histoire insolite de Thomas Christiansen dans les années 90. Le mere de Christiansen est espagnol et refusa qu’il rejoigne les jeunes du Real. Par contre, elle accepta les propositions du Barça. Bien que jouant avec le Barça B, en deuxième division, il fut appelé par Clemente pour jouer avec la Roja face au Mexique! Il ne s’imposera jamais en Espagne mais sera quand même meilleur buteur du championnat allemand avec Bochum.
*espagnole…
Povlsen est aussi passé par Cologne au début de la chute du Effzeh de l’étage des grands clubs, vers le milieu des années 80. Pas un souvenir impérissable.
Irlande 90 était horrible, vraiment pas grand-chose à en sauver et ils auront été pour beaucoup dans la mauvaise réputation de ce tournoi..qui comporta tout de même sa part de bons moments (Allemagne au premier tour, Angleterre au second, Italie, Belgique.. il y eut des équipes joueuses!).
Ce qui est navrant avec l’Irlande c’est que leur effectif était vraiment pas mal du tout, ce n’est pas comme s’ils faisaient avec les moyens du bord, ni même s’ils composaient avec un vivier-joueurs de 3 millions d’Irlandais (« irlandisés » à gogo dans cette équipe..).. J’aime bien Jacky Charlton mais là..
J’ai vu tous les matchs retransmis sur Univisión : à 8 h et 11 h 30 heure Pacifique, en fin d’année universitaire avec les examens derrière nous, il y avait largement la place 🙂 Mes souvenirs d’ensemble :
– Beaucoup de purges, effectivement… mais comme nous étions une bonne dizaine dans le salon muni de la seule antenne satellite de la résidence (les matchs n’étaient diffusés ni en hertzien, ni sur le câble), on papotait en attendant, et ça passait.
– Quelques matchs intéressants sur le coup mais qui n’ont pas laissé un souvenir impérissable, RFA-Yougoslavie, les demi-finales, et même la finale tombant dans cette catégorie,
– Quatre grands moments : Cameroun-Argentine, Cameroun-Angleterre, Brésil-Argentine (le hold-up du siècle), et RFA-Pays-Bas pour son intensité extrême, sa belle qualité de jeu, et la polarisation bon enfant qu’il y avait dans la salle (eh oui, je n’étais pas le seul pro-allemand ce jour-là…)
Pauvre au total.
Je me rappelle du passage belge de Ivkovic, encore un international YU qui ne fit pas fureur dans la cage d’un club belge.
Le reste, que dire? Parmi ceux vus live, cela reste l’un de mes buts préférés en WC. J’adore quand un joueur fait tout..ce que n’aurait fait aucun de ses semblables (en l’espèce, normalement : la volée).
Mais Stojkovic n’était pas comme tout le monde!
Ivkovic avait gagné une bagnole en pariant avec Maradona qu’il lui arrêterait un penalty. Lors d’un Sporting-Naples. Maradona ne paria rien par contre lors du Yougoslavie-Argentine mais rata à nouveau son peno face à Ivkovic.
Stojkovic, pas comme les autres..
Même devenu entraîneur, ben.. : https://www.youtube.com/watch?v=tcYPxrKB6ck
Mais le mieux ce fut encore sa réaction (je t’aime, Dragan)!
Sa réaction après-match est ici, ké tueur le mec : https://www.youtube.com/watch?v=1QUINdfStzc
Je me souviens de lui à l’Euro 84, ainsi que de Stojic qui avait perdu sa place à son profit après le match contre la Belgique. Après la génération dorée des années 1970 (Maric, Petrovic, Curkovic…), et après Beara avant elle, je me suis dit que le niveau des gardiens yougoslaves était tombée anormalement bas.
Stojic, encore un gardien yougo qui passa à l’époque par la Belgique.
Pas d’un niveau extravagant mais correct. D’ailleurs c’est peut-être lui qui aura laissé la meilleure impression parmi les Ivkovic, Stojanovic, Svilar, Milojevic.. Tous internationaux des 80’s – début 90’s, tous passés par la Belgique à leur « prime »..mais aucun vraiment convainquant.
Le premier (et dernier) gardien « yougo » vraiment dominant que j’aie vu en Belgique, ben je crois bien que ç’aura été Runje en fait??
Bon gardien, certes, mais pas aussi dominant que ceux des années 70 que j’ai cités et qui étaient de véritables monstres. Pas le Top mondial d’après Jürgen Croy (il nous a cité Hellström, Zoff, et Mazurkiewicz dans son itw, en plus de lui-même comme nous l’avions avancé), mais à peu près au niveau d’un Maier ou d’un Rudakov, donc juste au-dessous. On ne peut pas dire ça de Runje, ni d’ailleurs de quelque gardien de l’ex-Yougloslavie que ce soit depuis les années 1980. Grandeur et décadence…
J’avais oublié le Slovène Jan Oblak au moment de proférer mon jugement sévère sur les gardiens récents de l’ex-Yougoslavie. Mea culpa.