Mundial 1982 : trois hommes dans la cage

Un maillot rouge frappé du coq de la FFF et du numéro 1, pendu à un cintre-point d’interrogation, crayonné à l’arrache sur fond vert gazon. La une de L’Équipe Magazine, en ce printemps 1982, cristallise les passions : bâclée et infantile pour Jacques Goddet, le légendaire directeur du journal, sublime de synthèse et de simplicité pour de nombreux commentateurs. On en oublierait presque qu’elle appuie là où ça fait mal dans l’univers de l’équipe de France. Alors que le sélectionneur Michel Hidalgo se prépare à annoncer sa liste des 22 pour la Coupe du monde, l’incertitude règne à l’un des postes les plus sensibles. Quelle sera la hiérarchie des gardiens, et qui seront d’ailleurs les trois heureux élus ?

Depuis la Coupe du monde 1978, les essais se sont succédé dans la cage tricolore sans qu’une solution ne s’impose. La vérité est qu’à cette période, la France ne possède pas de gardien de classe internationale. Il y a certes une dizaine de bons spécialistes en Division 1, mais dès que le niveau s’élève, en Coupe d’Europe ou en équipe nationale, leurs lacunes apparaissent. Chez les Bleus, depuis la retraite forcée de Georges Carnus(1), on n’a que trop rarement vu les gardiens faire des arrêts décisifs. Là où les grandes équipes, Brésil excepté, alignent toutes des poids lourds au sommet d’une hiérarchie bien définie, Michel Hidalgo cherche des repères après une année 1981 qui a bouleversé les certitudes. La liste des prétendants est longue, chacun avec ses forces et ses faiblesses. En ce 8 juillet, jour anniversaire de l’immortelle demi-finale de Séville, revenons en arrière pour un état des lieux à l’annonce de la liste des sélectionnés, le 16 mai 1982.

Dominique Baratelli : le revenant

Présent à la Coupe du monde 1978, le successeur de Carnus dans le but tricolore a connu une éclipse après le Mundial argentin et son transfert de Nice vers un tout jeune Paris-Saint-Germain qui squatte encore les fonds du classement. La décision s’avère pourtant judicieuse : porté par l’ascension du PSG, Doumé retrouve l’équipe de France en février 1982 à l’occasion d’une victoire historique sur l’Italie (2-0, la première depuis 1920 !). On retrouve les qualités connues de ce gardien plutôt petit (1,77 m), pas forcément impérial sur les ballons aériens, mais excellent sur sa ligne et en un contre un. On lui découvre aussi un talent de « tueur de penalties » dont il fait étalage en arrêtant quatre tirs au but sur cinq en demi-finale de la Coupe de France 1982 face à Tours, puis un autre en finale face à Saint-Étienne pour donner son premier titre au PSG. À l’annonce de la liste, il est le plus capé des prétendants (21 sélections, à une époque où le record en Bleu au poste est de 36) et l’un des choix les plus probables. À 34 ans, avec plus de 500 matchs de Division 1 au compteur, son expérience parle pour lui.

Joël Bats : l’héritier

La question n’est pas de savoir si Joël Bats connaîtra un jour l’équipe de France, mais quand. À 25 ans, l’ancien rival d’Albert Rust à Sochaux s’est épanoui à Auxerre où il progresse sans arrêt. D’un gabarit honnête au poste pour l’époque (1,80 m), il est devenu un gardien très complet, plus à l’aise dans les airs que beaucoup, régulier, solide mentalement, pilier de l’équipe de France espoirs. Il n’a pas encore été capé chez les A mais représente sans aucun doute l’avenir pour l’Euro 84 qui pointe à l’horizon. Deux des trois places pour l’Espagne sont déjà probablement prises, mais certains se demandent si Michel Hidalgo ne va pas rééditer le “coup” du Mundial 1978 en le prenant comme troisième gardien “pour apprendre”, comme il l’avait fait avec un Dominique Dropsy qui attendait lui aussi sa première cape.

Philippe Bergeroo : le silencieux

Un peu comme Baratelli, cet ancien grand espoir revient vers le sommet en 1982 après un passage à vide. Après un début de carrière prometteur à Bordeaux, il s’est retrouvé un peu contre son gré en 1978 dans le semi-anonymat d’un LOSC abonné au milieu du tableau. Il y a cependant attiré l’attention de Michel Hidalgo par deux saisons de premier ordre, au point qu’il a fêté sa première sélection en amical contre l’URSS en mai 1980, à 26 ans. Avec son 1,91 m, il est relativement à l’aise dans les airs et montre une belle présence en un contre un, même s’il est perfectible dans ses prises de balle et manque à peu près complètement d’expérience internationale. Lui non plus ne semble pas en mesure de détrôner les deux titulaires de la saison 1981-1982 mais est tout à fait envisageable comme numéro 3.

Jean-Paul Bertrand-Demanes : l’oublié

Numéro 3 ou 4 dans la hiérarchie des Bleus dès 1973, 11 sélections, titulaire à la Coupe du monde 1978, “JPBD” fait partie des meubles du football français mais a disparu des écrans de la sélection depuis le Mundial et sa sortie sur civière au Monumental de Buenos Aires. Il a pourtant corrigé ses défauts dans les prises de balle et sur les tirs à ras de terre, il fait correctement le job en Coupe d’Europe avec Nantes, et il continue de toiser tous ses collègues de Division 1 du haut de son 1,92 m. Bien qu’au faîte de ses moyens à 30 ans, il est cependant l’homme du passé dans une certaine mesure, Michel Hidalgo ayant tourné la page en installant Dropsy dans la cage après l’Argentine. Surtout, il a connu un énorme trou en 1980-1981, relégué sur le banc des Canaris pour la première fois de sa carrière après une très mauvaise série. Il a certes reconquis sa place et fait une bonne saison 1981-1982, mais les doutes subsistent. Il y a aussi une embrouille avec un célèbre journaliste, révélée il y a peu (2), qui a pu influencer Michel Hidalgo. À l’approche de l’annonce de la liste fatidique, personne ne voit sérieusement “le Grand” sauter in extremis dans le wagon.

Jean Castaneda : le météore

Un an auparavant, il vivait dans l’anonymat son rôle de doublure du monstre Ivan Curkovic qui ne lui laissait que des miettes de match dans la cage des grands Verts. Le voilà maintenant l’un des deux “probables” dans la liste des gardiens pour l’Espagne. Tout est allé très vite : il remplace un Curko en baisse de forme en août 1980, la hype médiatique s’emballe après un bon début de saison, il débute en Bleu en amical en février 1981, et le voilà numéro 1 de Michel Hidalgo l’été même. 23 ans, 1,88 m, et une belle souplesse qui lui vaut le surnom d’”El Gato” : pas de doute, la France tient enfin le grand gardien qu’elle attendait. La défaite en Irlande en QCM 1982, où le jeune premier révèle de grosses carences sur les balles aériennes, et un hiver moins convaincant en club jettent le doute et bouleversent les certitudes dans le but tricolore. Il sera de l’aventure espagnole, certes, mais la lutte pour la place de titulaire s’est ouverte d’un coup.

Dominique Dropsy : le sortant

À 30 ans et 17 sélections, l’ex-titulaire de l’après-Mundial 1978 cherche son second souffle après un coup de mou. Avec Strasbourg, retombé bien loin des sommets du titre de 1979, il ne joue plus l’Europe et n’a guère l’occasion de briller. Dans des ligues nationales encore verrouillées par des quotas d’étrangers, et vu que tous les poids lourds de l’Hexagone sont déjà pourvus au poste, pas moyen de se relancer par un transfert. En équipe nationale, Dropsy a perdu la confiance de Michel Hidalgo après une saison 1980-1981 où il a cessé d’être décisif. Il demeure pourtant le plus complet des candidats sur le plan technique, avec son 1,83 m et un jeu sans grande faiblesse – sauf peut-être dans les airs, comme tous les gardiens français de l’époque. Nombreux sont ceux qui pensent que sa chance est passée, ou bien qu’un ancien numéro 1 s’accommoderait mal d’être numéro 2 ou 3. Toutefois, vu l’absence d’une hiérarchie claire, certains se demandent si Hidalgo ne va pas faire du neuf avec du vieux.

Jean-Luc Ettori : l’outsider

À 26 ans, et sans en avoir l’air, Jean-Luc Ettori est loin d’être un inconnu chez les Bleus. Révélé par une fracassante saison 1977-1978 où il a délogé Yves Chauveau de la cage d’un Monaco sacré champion à la surprise générale, il compense sa petite taille (1,74 m) par de formidables réflexes sur sa ligne et de grosses prestations en un contre un. Il a connu sa première sélection en amical contre la Grèce en février 1980 (5-1), puis a fait partie des listes de Michel Hidalgo le reste de l’année avant de céder le pas à Dropsy et Castaneda. Mais il a aussi une certaine expérience européenne en club et revient très fort à la faveur d’une excellente saison 1981-1982, à l’issue de laquelle il a d’ailleurs remporté son deuxième titre de champion. Pour le dernier match de préparation avant la Coupe du monde face à la Bulgarie (0-0), 48 heures avant la publication de la liste des 22, c’est d’ailleurs lui qu’Hidalgo a titularisé pour sa deuxième cape : un signe fort qu’il a de bonnes chances d’être le troisième élu.

Pierrick Hiard : le fantasque

Dans un bon jour, le dernier rempart de Bastia est injouable. Mais il faut aussi mentionner les moins bons pour tracer un portrait fidèle de ce gardien complet, talentueux, athlétique pour son 1,80 m, dont l’inconstance est le seul vrai défaut. Arrivé avec fracas à 23 ans sur la scène nationale lors de l’épopée européenne des Bastiais en 1977-1978, Hiard a suivi la trajectoire descendante de son club avant de revenir au premier plan en remportant la Coupe de France en 1981. Dans la foulée, il a fait ses débuts en Bleu lors d’un match difficile de QCM en Belgique (0-2) où il n’a ni démérité, ni impressionné. Le reste de sa saison a été solide et c’est lui que la presse met le plus souvent en balance avec Ettori pour la troisième place dans le wagon pour l’Espagne. Hiard n’est pas dans le groupe pour le match de préparation contre la Bulgarie, mais pour une bonne raison : il jouait une demi-finale de Coupe de France trois jours plus tôt. Michel Hidalgo a ainsi pu observer ses deux meilleurs numéros 3 potentiels en situation, et l’incertitude est totale au moment où il entre en conférence de presse pour l’annonce de la liste.

André Rey : le disparu

Le train est passé pour le grand malchanceux de la Coupe du monde 1978. Après avoir pris la place de titulaire à Dominique Baratelli, ce grand gaillard (1,87 m) était le numéro 1 désigné en Argentine mais a dû déclarer forfait, poignet cassé à l’entraînement un mois avant le départ. On l’a revu deux fois en Bleu par la suite (la dernière face aux USA en mai 1979) avant qu’un long coup de mou en club (Nice, en pleine dégringolade) ne l’éloigne pour de bon de l’équipe de France. Au printemps 1982, à 34 ans, il vient de signer à Mulhouse, nouvellement promu en Division 1, mais n’est plus du tout dans la conversation.

Richard Ruffier : le jeunot

Les yeux fixés sur la comète Jean Castaneda, les observateurs du ballon rond national ont à peine eu un coup d’œil pour un autre petit jeune qui monte. À 23 ans, le Nîmois Richard Ruffier (aucun lien de parenté avec le Stéphane des années 2010) vient d’aligner quelques belles saisons qui lui ont valu une série de capes en équipe de France Espoirs, en concurrence avec Joël Bats. Son jeu ne présente pas de grosse faiblesse et il est dans la moyenne du poste dans les grandes ligues européennes avec son 1,84 m. Au printemps 1982, Claude Bez est d’ailleurs venu le chercher pour remplacer le très quelconque Delachet dans la cage des Girondins après que l’expérience Pantelic a échoué. Michel Hidalgo l’a aussi appelé pour la première fois dans le groupe pour le match contre la Bulgarie car hormis Ettori, les principaux prétendants au Mundial (Baratelli, Castaneda, Hiard) sont retenus par les demi-finales de la Coupe de France. Une très grosse cote tout de même, d’autant plus qu’Hidalgo ne l’a pas fait entrer en jeu pour le tester.

Albert Rust : le discret

L’épopée du FC Sochaux en Coupe de l’UEFA 1980-1981, avec un huitième de finale épique sur la neige face à l’Eintracht Francfort et une demi-finale perdue de peu face à l’AZ 67 Alkmaar, a mis en évidence l’ancien concurrent de Joël Bats dans la cage sochalienne. À 28 ans, ce frisouillé d’1,82 m n’aime pas épater la galerie par des plongeons spectaculaires mais rassure sa défense par sa sûreté, sa grande constance, et un jeu au pied inhabituellement bon au poste pour l’époque. Sochaux vient de se qualifier pour l’UEFA pour la deuxième fois au printemps 1982 et nombreux sont ceux qui pensent que l’heure de Rust en Bleu pourrait bien être venue. En conférence de presse, Michel Hidalgo n’a jamais nié avoir pensé à lui, sans que rien ne se concrétise. Son absence dans le groupe contre la Bulgarie sonne toutefois comme une fin de non-recevoir. Le tournoi des JO de Los Angeles, qui va pour la première fois s’ouvrir aux professionnels de tous âges qui n’ont joué ni en qualifications, ni en phase finale de Coupe du monde, pèse également dans l’affaire. Rust est l’un des rares bons gardiens encore sélectionnables et la FFF tient sans doute à le garder en réserve de la République. Si la presse le mentionne dans le cercle des “possibles” pour le Mundial, c’est presque pour la forme.

Jean-Pierre Tempet : l’infortuné

À 27 ans, ce taiseux aussi costaud (1,87 m) que talentueux a déjà connu plus que sa part de tuiles. Grand espoir du RC Lens, il se fait exploser le genou en match en 1973 et passe deux ans sans jouer. Il s’installe ensuite dans la cage lensoise en 1976 et est de l’épopée européenne du Racing fin 1977 : le 6-0 contre la Lazio, mais aussi le 0-2 à l’aller et le 0-4 à Magdebourg au tour suivant. Ensuite vient l’accident industriel des Sang et Or, relégués en D2 en 1978 malgré une équipe taillée pour jouer l’Europe. Tempet part alors pour le Laval de Michel Le Milinaire qui étonne tout son monde en finissant 5ème de Division 1 en 1981-1982, appuyé sur son très solide portier. On l’a déjà vu deux fois en équipe de France A’, alors, qui sait, pourquoi pas chez les A ? Comme Rust, Tempet privilégie l’efficacité au spectacle. Contrairement à lui, le Lavallois n’a pas d’expérience internationale récente et n’a pas eu l’exposition médiatique offerte par la Coupe d’Europe. Son nom revient certes dans la conversation pour l’Espagne, mais sans grande probabilité.

Le verdict, première partie : le tournoi

La suite appartient à l’histoire : 1 Baratelli, 21 Castaneda, 22 Ettori, le mémorable coup de colère de Doumé au stage de préparation à Font-Romeu, la titularisation d’Ettori à la surprise générale, une série de cagades du Monégasque qui ont fait oublier sa prestation acceptable à Séville (excepté peut-être l’action du 3-3 et les tirs au but), et une entrée catastrophique de Castaneda dans le tournoi (fautif sur deux des trois buts) en match pour la troisième place contre la Pologne. “Et si Baratelli…” a longtemps tourné en boucle dans les discussions avant que 1984 repousse 1982 à l’arrière-plan puis que 1998 le relègue pour de bon aux pages sépia des archives. À l’analyse des tirs au but, la question est fondée, mais il n’y a pas de réponse nette.

Trois des six tirs ouest-allemands (Breitner, deuxième, Littbarski, quatrième, et Rummenigge, cinquième) sont imparables même pour un gardien parti du bon côté. Pour les trois autres, il faut aller dans le détail. À la charge d’Ettori, il a certes choisi des côtés différents pendant la série, mais de manière assez prévisible : droite-gauche-droite-gauche-droite-droite. Le premier tir au but allemand (Kaltz) et le sixième (Hrubesch, celui de la qualification), tous deux marqués, semblent médiocres au premier abord. Le ralenti montre cependant qu’Ettori a déjà choisi son côté un peu avant les frappes. Kaltz, grand tireur de penalties, et Hrubesch, buteur de classe mondiale, l’ont sans doute vu et ont probablement ajusté leurs tirs au dernier moment. Ils les ont d’ailleurs placés exactement au même endroit, à contrepied, loin du poteau par sécurité : la marque d’un plan B soigneusement répété à l’entraînement. À la décharge du Monégasque, il a arrêté le tir (mal placé) de Stielike, et rien ne dit qu’un autre gardien aurait choisi le même côté que lui. Tout bien pesé, le doute est suffisant pour empêcher d’affirmer que Séville se serait fini différemment avec un autre qu’Ettori dans la cage.

Le verdict, deuxième partie : les hommes

Aucun des trois gardiens du Mundial 1982 n’a passé l’année en Bleu. Dominique Baratelli, déjà proche de la retraite, ne s’est jamais vraiment réconcilié avec Michel Hidalgo, et la relève le poussait de toute façon vers la sortie après l’Espagne. Jean Castaneda, après une dernière sélection en amical contre la Hongrie en novembre 1982, a disparu des écrans à mesure que Saint-Étienne, miné par l’affaire de la caisse noire, s’enfonçait sur le terrain et en coulisses. On ne l’a plus revu au niveau international sauf une fois en club, avec l’OM, pour encaisser un fameux but de la main de Vata. Jean-Luc Ettori, très critiqué après la Coupe du monde, a quitté les Bleus pour de bon deux mois plus tard après une nouvelle prestation fantomatique face à la Pologne en amical (0-4). Il a continué avec Monaco jusqu’en 1994, atteignant notamment la finale de la C2 en 1992, et a été jusqu’en 2013 le recordman de présence en Ligue 1 avec 602 matchs.

Trois des prétendants ont connu un beau succès par la suite. Joël Bats, bien sûr, a mis fin au débat (50 sélections, record au poste à l’époque), a remporté l’Euro 84, et a peut-être réalisé le meilleur match d’un gardien des Bleus au XXème siècle face au Brésil un certain 21 juin 1986 à Guadalajara, même s’il a cruellement plombé son équipe d’une Arconada en demi-finale trois jours plus tard. Albert Rust a acquis un palmarès unique dans l’histoire du football français : champion d’Europe (en 1984, sans avoir joué), champion olympique (à Los Angeles la même année, titulaire de bout en bout), et troisième de la Coupe du monde (en 1986, avec sa seule sélection A en match de classement contre la Belgique). Philippe Bergeroo aussi était de l’Euro 84 et de la Coupe du monde 1986, qu’il a tous deux vécus sans jouer.

Les vieux lions en course pour 1982, Bertrand-Demanes et Dropsy, ne sont jamais revenus en équipe de France. Bertrand-Demanes a continué à Nantes à un bon niveau jusqu’à sa retraite en 1987, décrochant notamment un dernier titre de champion en 1983 avec l’une des deux plus belles équipes de l’histoire du FCN. Dropsy a signé à Bordeaux en 1984 et a lui aussi fait une belle fin de carrière avec deux titres de champion, deux Coupes de France (dont un doublé en 1987 pour son avant-dernière saison), et deux demi-finales européennes.

Des trois autres prétendants (Rey était hors course depuis longtemps), deux n’ont pas confirmé et un n’est jamais arrivé. Pierrick Hiard, retombé dans son inconstance, n’a retrouvé ni son niveau de 1981, ni les honneurs de la sélection. Après son départ de Bastia pour Rennes en 1983, il est resté un très honnête portier de Division 1 (et parfois de D2) jusqu’à sa retraite en 1991. Jean-Pierre Tempet, poursuivi par l’infortune jusqu’au bout, est arrivé à son meilleur niveau un an trop tard pour le Mundial et un an trop tôt pour l’Euro 84. Il s’est imposé dans le but tricolore pendant la saison 1982-1983 mais a rapidement dû céder les gants à un irrésistible Joël Bats. “Et si Tempet…” n’a jamais eu les faveurs des uchronistes de Séville, et pourtant… Lui aussi a baissé de pied en même temps que le RC Lens, où il était revenu, et a fini sa carrière sans bruit en 1990 après des choix sportifs (Mulhouse, Valenciennes) pas forcément inspirés. Richard Ruffier, enfin, n’a connu qu’un succès sans lendemain. Après un début de saison 1982-1983 prometteur avec les Girondins, il a perdu sa place pendant l’hiver, n’a pas réussi à la reprendre face à un Delachet soudain transformé, a quitté Bordeaux à l’arrivée de Dropsy, et a terminé sa carrière professionnelle en 1988, à 30 ans seulement, dans l’anonymat de la Division 2. Déjà la roue avait tourné en équipe de France, où Joël Bats avait passé la main à Bruno Martini. Plus tard, à l’heure où Ettori serait le dernier des protagonistes de 1982 à raccrocher les gants, un espoir pétri de talent viendrait tout juste d’honorer sa première sélection. Il s’appelait Fabien Barthez.

  1. Poussé vers la sortie par le nouveau sélectionneur Stefan Kovacs à son arrivée à l’été 1973, puis contraint à l’arrêt de sa carrière en 1974, à 34 ans, suite à un grave accident de la route.
  2. https://www.sofoot.com/articles/jean-paul-bertrand-demanes-se-battre-contre-le-cancer-cest-une-oeuvre-collective-france-nantes

33 réflexions sur « Mundial 1982 : trois hommes dans la cage »

  1. Ma sélection pour 82. Par ordre de preference. Bats, Baratelli, Ettori… J’ai toujours bien aime Jean-Luc. Il nous faisait toujours un petit signe quand on gueulait après lui avant les matchs.

    Castaneda, j’ai vu récemment pour la première fois le match Irlande France. Quelle cata… Du coté irlandais jouait Michael Robinson qui fit très mal aux français ce soir là. Une belle carrière qui finira à Osasuna. Pour le debut d’une nouvelle vie…
    Robinson, c’est l’équivalent de George Eddy pour la France. Il va bosser pendant des années pour Canal Plus Espagne. Avec son émission Informe Robinson et son accent terrible en espagnol, comme Eddy en français. J’ai mis longtemps à découvrir que ce mec avait eu une belle carrière internationale.

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    1. J’étais devant ma TV pour cet Irlande-France, c’était un mercredi après-midi en diurne (pas d’éclairage à Lansdowne Road) et sans lycée. Après le but splendide de Bellone, j’en ai déversé, des insultes sur Castaneda et la défense ! (Cette remise dans l’axe sur le troisième but irlandais, je m’en souviens encore 42 ans après, c’est tout dire !) À signaler aussi la belle parade de McDonagh en toute fin de match face à Platini qui avait le 3-3 au bout du pied.

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      1. Tes insultes ne furent probablement rien encore, comparées au durable courroux que les Irlandais cultivent pour ces éliminatoires-là!

        A les en croire : 3 matchs vérolés par l’arbitrage, délibérément privés de WC.. Dans l’absolu, je suis toujours tenté de prêter oreille à ce genre de récriminations (pas les cas avérés qui manquent), donc j’ai jadis revu les matchs en question (2 face aux Belges, 1 face à la France)………..et je ne comprends toujours pas pourquoi ils s’excitèrent autant??? Probablement parce qu’ils tutoyèrent la qualification (longtemps en position de qualifiés), avaient une équipe plus solide que lors de la main de Thierry Henry…. Les regrets sont compréhensibles, mais telle virulence.. Il fut même reproché aux Belges d’avoir laissé pisser (ce qui était probablement vrai) leur dernier match aux Pays-Bas alors que, me semble-t-il, ce fut sans incidence sur l’élimination finale de l’Eire.

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      2. Ah, j’ai revu cette nuit le match Belgique-Irlande! Lequel garde en Irlande quelque caractère de « main de Thierry Henry » avant l’heure.

        Les deux actions incriminées étaient un but irlandais annulé, et le but belge accordé.

        But irlandais : il n’y a rien à redire de l’action irlandaise………..si ce n’est que, en se déplaçant vers le petit rectangle, à la..tombée manifeste du cuir!! (qu’est-ce que c’est que ça pour un arbitre????), l’arbitre donc fait une obstruction sur le défenseur belge commis au buteur, et prit donc le parti logique d’annuler le but. Bref : frustration complètement légitime pour les Irlandais (dont rien ne dit toutefois que le joueur fût sinon arrivé premier à la réception du cuir)..mais si l’arbitre n’avait pas annulé, c’est alors et incontestablement la Belgique qui aurait été lésée, bref : comment se mettre tout seul dans les emmerdes, « bravo » Monsieur l’arbitre..

        Le but belge : je trouve le coup-franc douteux, pas mal de bonne volonté à plonger côté belge.. La situation ensuite est confuse mais, de deux choses l’une : soit le ref accorde le but aux Belges..soit il doit leur accorder un péno.

        Aujourd’hui encore : les Irlandais sont très remontés là-dessus!

        Contre la France : je ne me rappelle plus de quel match en particulier il s’agissait..mais ils étaient colère aussi!

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  2. J’étais un grand fan de Bergeroo en 1982, j’aurais bien voulu le voir en numéro 3. Tout le monde disait que Bats était un peu jeune et je suivais cet avis – mais en 1984, il n’y avait plus photo avec qui que ce soit. Le grand malchanceux de ces années-là, c’est Tempet. Dans le genre uchronie, on peut imaginer qu’il n’ait pas dû passer deux ans loins des terrains après sa blessure au genou en 1973. On peut parfaitement supposer qu’avec cette expérience supplémentaire (il progressait sans arrêt ces années-là), il aurait permis à Lens de gratter le point qui aurait sauvé le Racing de la relégation en 1978 (à la différence de buts face à Lyon…), il y serait resté, et serait arrivé chez les Bleus un ou deux ans plus tôt. Il aurait peut-être bien fait taire tout le monde avant Bats car il n’avait pas de gros point faible et était meilleur dans les airs que la moyenne en France. Je sens venir une « aile du papillon 1973 2.0 » un de ces prochains mois…

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  3. Je ne sais plus quel joueur ou entraîneur étranger disait que la France de 1982 aurait pu être prétendante au titre si elle avait eu un gardien de but autre que Ettori. Je crois que c’était un Allemand ou un Anglais qui avait tenu ces propos.

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    1. A mon avis, la France 82 fait un tournoi moins abouti qu’en 86. Leur premier tour est poussif, entre la défaite face aux Anglais et la tête d’Amoros qui sauve la qualification face aux Tchèques. Ils se réveillent au second mais en étant bien aidé par la composition du groupe. Irlande du Nord et une Autriche moins fringante qu’en 78. Je pense que dans l’esprit des organisateurs, c’est l’Espagne qui devait se trouver dans ce groupe et non l’Ulster.
      Bon, vu le niveau de la Roja, la France serait certainement passée mais le match aurait valu le coup d’oeil. Quelques semelles à prevoir!

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      1. Pareil. Et puis Genghini – magnifique joueur, pas ça le problème – était peut-être un peu léger à la récupération ; le supplément de densité et d’impact d’un Fernandez n’était sans doute pas de trop pour affronter des cadors.

        Ca + la question ci-abordée du gardien, + probablement un vrai tueur devant, + l’époque qui n’était pas tendre.. : rétrospectivement, je trouve que ça faisait beaucoup (trop?) pour que cette équipe, qui certes montait en puissance, puisse vraiment prétendre au sacre.

        Toute considération esthétique mise de côté, l’Angleterre me semblait beaucoup mieux armée par exemple, et prêter intrinsèquement à davantage de regrets. Ou même la Belgique (pour qui, après la tragicomédie-Lozano, le psychodrame-Pfaff fut tout bonnement fatal). Deux nations mieux armées en début de tournoi.

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      2. C’est vrai que l’Angleterre présente un effectif d’une qualité rare. A tous les postes. Keegan est blessé la majorité du tournoi, non?

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      3. Si je ne dis pas de conneries : et Keegan, et Brooking étaient loin d’être à 100%. Les deux stars, ça fait beaucoup.

        Et dans le match décisif contre l’Espagne, à vérifier mais : ils montent (??) tous deux au jeu..et ratent des buts tout faits.

        L’Angleterre avait des arguments formidables mais, ça fait l’unanimité chez eux : beaucoup trop prudents durant tout ce tournoi..et donc 1 seul but encaissé, pas la moindre défaite, pas bien souvent mis en difficulté..et cependant passés à côté de la montre en or. C’est aussi le début de la controverse Hoddle, lequel défraya malgré lui la chronique anglaise durant toutes les 80’s : que faire de ce formidable mais atypique joueur?

        Sous le cagnard espagnol, dans des rencontres pas toujours jouées à du 100 à l’heure : il aurait pu faire merveille, pourtant..

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      4. Le France-Espagne du dernier jour du deuxième tour aurait effectivement été décisif. Vu les décisins arbitrales bizarres en faveur de la Roja au premier tour, il est permis de penser qu’un péno discutable aurait mis fin à l’aventure des Bleus.

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      5. @Khiadiatoulin : n’oublions pas non plus que les Bleus n’avaient aucune certitude en arrivant en Espagne. On s’était qualifié à l’arrachée dans un groupe très costaud et hormis la belle victoire contre Italie en février 82, la préparation n’avait pas été terrible : deux défaites contre le Pérou (0-1) et le Pays de Galles (0-1) et le 0-0 face à la Bulgarie.

        C’est peut-être d’ailleurs sur ces 3 matchs là que Hidalgo fait son choix de gardien. Baratelli et Castaneda ne sont pas clairs du tout sur les buts qu’ils encaissent contre le Pérou et le Pays de Galles, là où Ettori fait un clean sheet contre les bulgares. Oui, peut-être que la décision se fait là.

        Mais finalement, notre parcours tient à peu de choses en 1982. On passe encore par un trou de souris au premier tour, et on a un c*l bordé de nouilles en récupérant l’Autriche et l’Irlande du Nord au second… imaginez qu’à côté il y a du Italie/Brésil/Argentine, du Allemagne/Angleterre/Espagne, et du Pologne/Belgique/URSS!!!

        Le tournoi est moins abouti, moins maitrisé qu’en 1986 et en 1984, assurément. Mais quelle demi-finale!!!

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      1. Ah Belfast et ses fresques. Des quartiers ennemis uniquement séparés par une rue. C’est assez impressionnant…

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      2. « For God and Ulster » est la devise de l’UVF, l’une des milices unionistes qui ont donné la réplique à l’IRA pendant les « Troubles », classée organisation terroriste par le FBI. Tout est dit.

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    2. C’est Stanley Matthews, la vedette anglaise des années 30/40/50, qui avait déclaré ceci :
      « Je me demandais pourquoi Hidalgo faisait jouer Ettori. Après avoir vu Castaneda, j’ai la réponse à ma question ».

      Violent mais réaliste quant au niveau de nos gardiens de l’époque, trop irréguliers pour le niveau international.

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  4. Dans les années 80, j’aimais bien Michel Ettore au FC Metz. Grand et sobre, je le trouvais régulier, un peu comme les gardiens italiens, peu aventureux mais sécurisant.
    Sinon, quitte à prendre un petit gardien, Hidalgo aurait pu sélectionner Jean-Michel Moutier. Plus gros qu’Ettori, il prenait plus de place dans les buts eh eh

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    1. Je me souviens de lui. Grand, calme, et rassurant, à la manière d’un André Rey (lui aussi passé par Metz), mais quand même un ton en-dessous du niveau international. On avait vu ses limites contre le Barça.

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  5. Castaneda c’est aussi l’image de la double confrontation entre l OM et le benfica en 1990
    Il ne devait pas jouer et il a dû remplacer le goal titulaire blessé ( de mémoire Huard )
    Il a eu des crises d’angoisse et de panique rien qu’à l’idée de jouer et stressait à chaque ballon qui arrivait vers lui à l’entraînement
    Le staff marseillais a fait des séances que pour lui et engager un psy

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    1. J’en profite : je ne sais toujours pas quoi penser de la fameuse main de Vata……. L’arbitre belge Van Langenhove avait certes çà et là pour réputation au pays de pouvoir être trop conciliant (mais il était loin d’être le pire à ce registre! – les arbitres belges corrompus ne manquaient pas) avec Anderlecht, mais pour le reste sa réputation était vraiment favorable : arbitre de qualité, tenu pour fiable et probe, sans chichis…… C’était vraiment le mec au-dessus du moindre véritable soupçon, je ne lui connais en tout cas pas d’autre couac/litige digne de ce nom, bref???

      Le juge de touche avait-il signalé quoi que ce soit? Ceci dit, la colère française était parfaitement légitime, car quelle (absence de) décision en effet…

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      1. @Alexandre Willamme : heureusement, je n’avais que 5 ans en 1990, sinon pas sûr que ma télé aurait survécu. Même aujourd’hui on en parle encore de cette foutue main, il y a un peu de Séville 82 dans notre double confrontation contre le Benfica… d’ailleurs Amoros et Tigana ont eu le « privilège » de vivre les deux!!!

        En ce qui concerne Van Langenhove, je pense qu’il est de bonne foi sur le fait qu’il ne voit pas la main. Par contre, lorsqu’il déclare des années après que sous prétexte qu’il ne l’a pas vue, le but est valable, là c’est du foutage de gueule. Il aurait quand même pu au moins assumer et reconnaitre qu’il s’était planté. Même si dans l’absolu, c’est surtout à Vata que j’en veux!!!

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      2. Ah, ça n’a peut-être jamais percolé en France (apparemment non?), mais Van Langenhove a maintes fois reconnu en Belgique n’avoir pas assuré sur ce but. Je le lisais il y a peu encore dans un débat sur la VAR, il assume..désormais! (ce ne fut peut-être pas toujours le cas, tu as raison vu comme ça) quoique en déplorant avoir été livré à lui-même sur cette non-décision.

        Pour sa part mais après-match, c’est à Tapie que lui en voulait – coupable selon cet arbitre d’avoir décontextualisé une pratique tout-à-fait courante (paiement/défraiement des arbitres, par les officiels de l’UEFA, en francs suisses dans des enveloppes) pour pouvoir le salir, prétexter qu’il avait un compte en Suisse.. C’était bidon mais crédible, sur le coup Tapie fut un brin vicieux mais bon, sur le coup de la colère et vu son tempérament..

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      3. Ah, je crois comprendre pourquoi tu dis ça.. cette vidéo?

        https://www.youtube.com/watch?v=eLGKQgQFwnk

        Elle est vraiment étonnante (et te donne raison!) car récente..or, je lisais encore il y a 3-4 semaines chez mon dentiste un maga sportif belge de 2021 (même époque à peu de choses près, donc), dans lequel son propos était moins disculpabilisant, bref??? Je dois y retourner dans les 2-3 semaines, je lui emprunterai ce vieux numéro pour en retranscrire le contenu ici.

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    2. @berti.fox : DD racontait que Tapie avait tendu à Castaneda un journal avec une Une « On compte sur toi »… des gouttes tombaient du visage de Casta.

      L’OM avait essayé d’autres solutions. On avait pris Rosseaux de Laval en joker après la blessure de Guégette, mais il n’était pas qualifié pour la C1. Warmuz était un peu jeune et en plus blessé à une épaule. Du coup, pas d’autres choix que de sortir Castaneda de sa retraite.

      Ceci dit, en toute franchise, Casta a fait le taf sur la double confrontation, même si on le sentait fébrile, il a plutôt été bon. Le but de Lima à l’aller n’est pas pour lui, Di Meco et Waddle sont devancés de la tête sur le corner, et DD est mal placé au premier poteau. Quant au match retour, le but se passe de commentaires…

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  6. Dans la famille le patriache des matriaches était pro Baratelli.
    Sur la séance de tirs au but de mémoire je ne trouvais pas si extraordinaire les tirs allemands selon moi un gardien se doit d’arrêter des buts qui semblent être tout fait. C’est que n’avait pas fait Ettori.
    Pour autant je trouve qu’il aurait mérité une seconde chance à la fin des année 80 et début 90. Il avait un talent incoryable à ce moment là de sa carrière. Mais Platoche n’en voulait pas, puis Lama a tué le game.

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      1. Je suis amateur mais pas dépendantde cette équipe qui provoque plus de déceptions que de joies. Pourtant je prends d’autres équipes de substitions pour oublier cela. MAis j’arrive pas à prendre une équipe de gagnant comme les merengues pour avoir le plaisir de fêter une victoire entièrement.
        Je place Baratelli avant Domingo car il est resté plus longtemps et représente une ressemblance dans les déceptions que peut apporter ce club.

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