Tanabata – L’amour est bleu (2/6)

Aujourd’hui, nous poursuivons notre périple dans la « Cité des arbres » et le Tôhoku, en partant cette fois à la découverte de l’histoire, ou plutôt « des » histoires du football féminin à Sendai. Des histoires d’équipes vaillantes mais fauchées en plein vol par les aléas des événements.

Dans les catégories féminines de football, le Japon s’est petit à petit au cours du XXe siècle hissé à la table des plus grands. En grattant un historique titre de championnes du monde en 2011 au nez à la barbe des Américaines, puis atteignant de nouveau la finale quatre ans plus tard, les Nadeshiko Japan sont devenues des actrices incontournables du football féminin. De plus en plus de joueuses nippones viennent garnir les meilleurs effectifs européens et américains, le championnat local est depuis deux ans entièrement professionnel, et le niveau de jeu affiché par les Japonaises a impressionné lors du dernier Mondial 2023. Tous ces éléments montrent qu’en ce qui concerne les catégories féminines, le Japon se porte footballistiquement très bien. Tout cela, l’archipel le doit à l’émergence de pôles d’attractions et de formations que l’on trouve dans la plupart des grandes villes : à Tôkyô avec le NTV Beleza (la branche féminine des Tôkyô Verdy), les Urawa Reds Diamonds à Saitama, le INAC Leonessa à Kobe dans la région du Kansai, … Et Sendai, pour le Tôhoku, ne fait pas exception. Mais le football féminin à Sendai à cette particularité qu’il se résume à des mariages d’amour sincères… Et à des divorces tragiques.

Et la lumière fût !

Le premier véritable club de football féminin dans la préfecture de Miyagi (dont Sendai est la capitale) vient, comme toujours, d’une initiative d’une grande entreprise. Ici, il s’agit de YKK, un des leaders mondiaux dans la production d’accessoires d’attaches (fermetures éclaires, rivets, sangles, etc…). Cette équipe est basée dans la ville d’Ôsaki, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Sendai, porte donc le doux nom de YKK Tohoku Women’s Soccer Club Flappers. « Flapper » en anglais dans le texte signifiant « garçons manqués ». Ce club dispute quelques tournois régionaux pendant trois ans, avant d’intégrer le championnat national en 2000. Un championnat encore essentiellement amateur et qui n’en est qu’à ses balbutiements. Il se déroule à cette époque en deux phases distinctes : une régionale, et une nationale. Pour l’équipe des YKK Flappers, les résultats sont plutôt décents : elles vont même jusqu’à remporter leur ligue régionale en 2003, puis atteignant la cinquième place au national. Seulement, c’est justement en 2003, alors que la Coupe du monde disputée sur le territoire nippon vient de se terminer, que l’entreprise mère YKK commence à perdre de l’intérêt pour le football et le développement d’une équipe.

En 2004, YKK vend les droits de son club au fournisseur d’électricité Tôkyô Electric Power Company, plus connue sous le nom de TEPCO. Comme son nom l’indique, cette entreprise alliemnte en énergie la métropole de Tôkyô, mais aussi une bonne partie du reste du territoire, dont le sud de la région du Tôhoku. Possédant de nombreuses infrastructures, y compris des centrales nucléaires (dont celle de Fukushima Dai-ichi), TEPCO est à ce moment le plus grand fournisseur d’électricité privé au monde. Après le rachat de l’équipe des Flappers, TEPCO décide de relocaliser le club au sud de la préfecture de Miyagi, plus précisément entre les villes de Nahara et Hirono, dans la préfecture de Fukushima, à 30 kilomètres de la centrale nucléaire.

Toutes les joueuses du TEPCO Mareeze, à l’image de la gardienne Ayako Masuda, travaillent le matin dans les bureaux de TEPCO et s’entraînent le soir au J-Village.

Ici, se trouve un immense complexe sportif entièrement financé par la firme : le J-Village. Celui-ci comprend pas moins de huit terrains de football, un gymnase, une piscine, un terrain synthétique couvert un stade de 5000 places. Résolument moderne pour l’époque, le J-Village a accueilli plusieurs équipes de football professionnelles japonaises venues y faire des stages de préparation au bord de l’océan Pacifique, y compris les sélections nationales masculines et féminines. Et surtout, lors de la Coupe du monde 2002, l’équipe d’Argentine y a établit son camp de base pour sa courte (et malheureuse) aventure en terres asiatiques. Autant dire que TEPCO a mis les moyens à disposition de son nouveau jouet, pour lequel il organise un concours public dans la région afin de trouver un nom pour cette nouvelle équipe et l’enraciner localement : les TEPCO Mareeze viennent au monde, adoptent le bleu comme couleur principale afin de rappeler la proximité avec la mer, et composent leur effectif avec des joueuses toutes employées à mi-temps au sein de l’entreprise mère.

Les TEPCO Mareeze prêtes à affronter les Urawa Red Diamonds.

Très vite, le succès populaire est au rendez-vous. Pour sa première saison au sein de la Nadeshiko League, le nom du championnat féminin japonais, les Mareeze attirent les spectateurs : une affluence de près de 4000 spectateurs en moyenne, avec un pic à 8000 personnes atteint lors d’un match contre les Urawa Red Diamonds. Si la saison 2006 est catastrophique sur le plan des résultats et aboutissent à une descente en deuxième division, l’équipe de TEPCO se remet vite dans le droit chemin et remonte immédiatement la saison suivante. A partir de 2008, les Mareeze s’établissent comme une valeur sûre du championnat et finissent sur le podium en 2009 et 2010. Certes, le club est encore loin des deux mastodontes de la Nadeshiko League que sont les Urawa Red Diamonds et le NTV Beleza, mais les Mareeze nourrissent de plus en plus d’ambition. Et l’on commence même au sein de la direction sportif à autonomiser d’avantage le club et à recruter des joueuses non issues des salariées de TEPCO, les Mareeze étant alors le seul véritable club-entreprise au sein de la ligue.

Sans club d’importance jusqu’alors, les fans de football de la préfecture de Fukushima se prennent vite d’une affection sincère pour les TEPCO Mareeze

Les filles des étoiles

Alors que le TEPCO Mareeze est en stage de préparation plus au sud afin d’entamer la saison 2011 dans les meilleures conditions, la destin du club va basculer en une journée : le Grand tremblement de terre du 11 mars 2011 et le tsunami qui s’en suit provoquent des dégâts considérables dans tout le Tôhoku, et notamment à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, dont TEPCO est alors propriétaire. L’équipe des Mareeze perd tout : Le J-Village est grandement endommagé et sert alors de dépôt de véhicules et de matériel de décontamination visant à gérer l’accident nucléaire en cours, rendant alors le complexe de fait inutilisable pour une équipe de football. Les joueuses perdent leur emploi et sont contraintes au chômage technique, forcées de rester chez elles si elles le peuvent (certaines seront quelques temps dans des centres d’évacuation). Mais l’équipe perd surtout sa maison mère, qui doit gérer rien de moins qu’un accident nucléaire. La gestion désastreuse de cette situation par TEPCO aboutit à une chute financière sans précédent pour l’entreprise. Le 11 avril 2011, TEPCO annonce la suspension temporaire des activités de l’équipe de Mareeze, laquelle déclare alors forfait pour l’ensemble de la saison 2011.

Un mois après la catastrophe, les terrains du J-Village sont encore occupés par les équipes de décontamination.

La quasi-totalité des joueuses composant l’effectif est alors transféré « temporairement », voire définitivement, dans d’autres équipes. Par exemple, la talentueuse latérale gauche Aya Sameshima, qui travaillait à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, suit le conseil de son entraîneur et part tenter sa chance aux Etats-Unis. L’équipe des Boston Breakers est intéressée et lui fait passer un essai. Sameshima convainc et signe son contrat quelques semaines plus tard, puis effectue ses début le 12 juin, devenant alors la toute première joueuse des TEPCO Mareeze à signer un contrat professionnel dans une autre équipe. Peu de temps après, sélectionnée en équipe nationale, elle s’envole pour l’Allemagne afin de jouer la Coupe du monde. Titulaire indiscutable tout au long du tournoi, elle contribue dans son couloir gauche à la victoire finale des Nadeshiko Japan contre les Etats-Unis. Seule joueuse des Mareeze présente dans l’équipe, elle devient alors plus que n’importe qui d’autre le symbole de la résilience par le sport du Pays du Soleil levant. Après cinq matches disputés sous les couleurs de Boston, Sameshima rejoint la France et Montpellier en septembre 2011 pour poursuivre sa carrière professionnelle. Elle sera la latérale gauche emblématique de la sélection nippone pendant toute la décennie.

Quatre mois après avoir vécu au plus près la catastrophe du 11 mars 2011, Aya Sameshima est championne du monde.

Mais si les Nadeshiko gagnent et redonnent du baume au cœur au pays, on ne peut pas en dire autant de TEPCO. Dans la tourmente, le géant privé de l’électricité et sous le feu des critiques et la désapprobation des marchés financiers. Sa cote en bourse s’écroule. En juin, la direction de l’entreprise communique sur l’avenir de son équipe de football : malgré sa volonté de s’établir durablement dans le football, et malgré la popularité de son équipe dans la préfecture de Fukushima, TEPCO annonce avec regrets la dissolution des Mareeze. La fédération japonaise recherche un éventuel remplaçant pour occuper la place laissée vacante. Dans la mesure du possible, elle souhaiterait que le nouvel hôte soit un club établit en J. League, le championnat japonais masculin. Si le Kawasaki Frontale se montre dans un premier temps intéressé, la chose bascule lorsque le Vegalta Sendai annonce le 13 octobre son intention de créer une section féminine. Face à la portée du symbole, la fédération se montre rapidement enthousiaste face au projet. Ainsi, dès le mois de novembre, toutes les parties confirment la création de l’équipe du Vegalta Sendai Ladies. Arrachée de Fukushima par les événements du 11 mars 2011, le football féminin aura trouvé un moyen de rester dans le Tôhoku, au sein de l’entité qui incarne l’espoir de la région.

Un an après avoir été séparées par le séisme, les joueuses Mareeze sont de nouveau réunies… Sous les couleurs du Vegalta Sendai.

Pour composer son effectif, le Vegalta Sendai ne va pas chercher bien loin et recrute la quasi-totalité des anciennes joueuses du TEPCO Mareeze. L’essentiel reprennent avec enthousiasme l’aventure du football, bien que l’essentiel d’entre elles doit rester sous le statut amateur et continuer de travailler à mi-temps. Seules l’internationale U-20 Haruna Kawashima et Aya Sameshima, rapatriée de Montpellier à la fin de la saison 2011-2012 en France, disposent d’un contrat professionnel. Juridiquement parlant, il ne s’agit pas d’un rachat ou d’un transfert des droits du club précédent : le TEPCO Mareeze a été dissous et le Vegalta Sendai Ladies est une entité nouvellement créée. Il n’y a donc officiellement pas de lien direct entre les Mareeze et le Vegalta. Néanmoins, le Vegalta Sendai version femmes commence la saison 2012 avec 20 joueuses, dont 18 faisaient partie des TEPCO Mareeze en mars 2011. Pour cette raison, le Vegalta Sendai Ladies est unanimement considéré comme le successeur spirituel des TEPCO Mareeze.

Toutefois, en tant que « nouveau » club, le Vegalta doit repartir de zéro. Ou plus exactement, commencer son histoire avec une saison 2012 en deuxième division, l’antichambre de la Nadeshiko League : la bien nommé Challenge League. Mais de défi, il n’y en aura point vraiment. Avec un effectif composé de joueuses qui finissaient troisième de première division deux ans auparavant, avec en prime une championne du monde arrivée en cours de saison (Sameshima), le Vegalta Ladies va rouler sur la Challenge League : 22 matches, 20 victoires, deux matches nuls et aucune défaite au compteur. Aussitôt arrivé, aussitôt parmi l’élite. La première saison en 2013 montre quelques signes de satisfactions avec une cinquième place obtenue sur 10 équipes. Même si du retard a été pris sur les deux gros que sont Urawa et le NTV Beleza, auxquels on doit rajouter le INAC Kôbe Leonesa (champion de 2011 à 2013), Sendai se réaffirme comme une des valeurs sûres du football féminin nippon.

Ancienne joueuse de Mareeze, Haruka Hamada reviendra « à la maison » en 2014 et deviendra au fil des années la capitaine emblématique du club.

En 2014, la Nadeshiko League adopte un nouveau format, proche de ce qui se fait avec les play-offs en Belgique : les six premiers de la saison régulière s’affrontent ensuite dans un mini-championnat pour désigner le champion, et les quatre derniers s’affrontent dans un autre mini-championnat pour désigner les relégués en division inférieur. Cette année là, le Vegalta termine à une décevante septième place et ne peut prétendre lutter pour le titre. La saison d’après en 2015 est bien meilleure : troisième lors de la saison régulière, et deuxième lors du mini-championnat, à quatre points du champion NTV Beleza. En 2016, la Nadeshiko League en finit avec ce format saugrenu et revient à une formule simple deux confrontations aller-retour. Solide quatrième en 2016 et en 2017, le Vegalta Ladies ne parvient pas à se mettre au niveau dans la course pour le titre, et doit se contenter de regarder le NTV Beleza surclasser le championnat, puis Kôbe et Urawa truster les places d’honneur.

Jusque là équipe solide de la ligue, le projet de croissance du Vegalta Ladies prend du plomb dans l’aile en 2018. Après un début de saison catastrophique (une seule victoire en neuf rencontres) entraînant la démission du coach Kazuo Echigo, une première dans l’histoire de la double entité Mareeze-Vegalta. A l’ultime journée de championnat, le Vegalta Ladies est avant-dernier et devra potentiellement jouer un match de barrage de relégation. Heureusement, une victoire contre le JEF United Chiba lui permet de se sauver. Mais il termine à une huitième place aussi surprenante que décevante. En 2019, malgré les renforts des Américaines Jordan Marada et Millene Cabral, les performances restent en deçà des attentes : septième place, avec pour seule satisfaction de voir l’une des joueuses, Nana Ichise, participer au mondial avec l’équipe du Japon. De fait, la position de Sendai dans la hiérarchie de la ligue semble avoir baissé. Mais comme en 2011, un événement d’une ampleur inouïe va bouleverser le destin du club.

Jordan Marada et Millene Cabral ne sont pas les premières étrangères à rejoindre le Vegalta : la Brésilienne Giovâna et la gardienne américaine Britney Cameron ont rejoint l’équipe il y a deux ans.
L’effectif est de moins en moins en lien avec TEPCO.

La toux des grands projets

Contrairement à l’Europe, la vie ne s’est pas arrêtée en raison de la pandémie de covid-19. Le Japon n’a connu aucun confinement, ni même d’explosion des cas graves, grâce entre autre à la discipline de la population vis-à-vis des gestes barrières et à une stricte fermeture des frontières de l’archipel. Mais si les compétitions sportives peuvent suivre leur cours, la Fédération japonaise de football prend une mesure radicale afin de freiner l’éventuelle expansion du virus : pour la saison 2020 et jusqu’à nouvel ordre, les matches de football devront se jouer sans spectateurs dans les stades. Le club du Vegalta Sendai se retrouve alors privé de revenus financiers importants liés à la billetterie et à la consommation dans le Yurtec Stadium. Et entre alors dans un cercle vicieux. La section féminine devient un poids de plus en plus lourd à porter. D’autant qu’au même moment, le football féminin japonais est sur le point d’entrer dans une nouvelle ère.

En septembre 2019, la Japan Football Association, la fédération, annonce le lancement d’un projet piloté par Norio Sasaki, l’ancien sélectionneur des Nadeshiko Japan entre 2008 et 2016 : un tout nouveau championnat sera créé, un championnat entièrement professionnalisé, contrairement à l’actuelle Nadeshiko League encore en bonne partie amateure. Tout au long de l’année 2020, malgré les perturbations engendrés par la pandémie, le projet se structure avec le concours des principales forces du football féminin nippon. Le 3 juin, la finalisation est faite : le nouveau championnat portera le nom de Women Empowerment League, ou tout simplement « WE League ». La première édition commencera en automne 2021 et se terminera au début de l’été 2022, suivant un cycle similaire à ce qui se fait en Europe (contrairement aux hommes, dont les saisons se déroulent sur une année civile). Il s’agira de facto de la première division féminine du Japon. La Nadeshiko League continuera d’exister, mais sera vidée d’une bonne partie de ses équipes, sera considérée comme la Division 2, et ne donnera pas nécessairement accès à la WE League. Cette dernière sera en effet une ligue fermée, sans promotions ni relégations. La première édition se tiendra avec 11 équipes qui ont vu leur dossier d’intégration validé. La WE League a vocation à réaliser des expansions, mais dispose de critères fixes qu’un club doit remplir afin de pourvoir accéder au championnat.

Le nouveau championnat féminin japonais commence avec 11 équipes :
Albirex Niigata ; MyNavi Sendai ; Urawa Red Diamonds : Sanfrecce Hiroshima ; INAC Kôbe Leonesa
NTV Beleza ; AC Nagano Parceiro : JEF United Chiba ; Nojima Stella Kanagawa ; Ômiya Ardija ; Elfen Saitama

Parmi ces critères, on trouve l’obligation de jouer dans un stade « fixe » disposant d’au moins 5000 places, une obligation d’avoir au moins 50% de l’organigramme composé de femmes, d’avoir un nombre minimal de joueuses sous contrat à temps plein, etc… Et également d’avoir une situation financière relativement saine. C’est là où le bas blesse pour le Vegalta. Contrairement au NTV Beleza (soutenu par le groupe audiovisuel Nippon TV) ou aux Urawa Reds Diamonds (propriété du constructeur automobile Mitsubishi), le Vegalta est une entité privée indépendante, détenue à moitié par la préfecture de Miyagi et la ville de Sendai, et par d’autres actionnaires plus minoritaires. De fait, il n’y a pas de mécène prêt à grandement soutenir le club sur le long terme. Pour cette raison, dès 2017, la branche féminine s’est associée à l’entreprise de consulting MyNavi, qui devient alors le principal sponsor de l’équipe. Néanmoins, cela reste insuffisant pour concilier l’ambition d’intégrer les grands de la WE League et les difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19. Le 1er septembre 2020, la mort dans l’âme, le Président du club Shuitsu Kikuchi annonce la cession de l’intégralité des droits de l’équipe Vegalta Ladies à l’entreprise MyNavi :

« Avec le lancement de la WE League en 2021, le football féminin fait un premier pas vers une nouvelle étape. Mais la situation de notre club nous met dans l’impossibilité de pouvoir diriger l’équipe à l’avenir.  Nous avons eu de longues discussions avec MyNavi, et nous sommes convaincus qu’ils hériteront de la passion et de l’amour que notre club a mis pour cette équipe. Pour la poursuite de son développement, nous avons décidé de confier notre équipe à une entreprise fiable et compétente. Tout avait commencé avec la reprise du club de TEPCO Mareese, dissout à la suite du Grand tremblement de terre du Tôhoku en 2011. Et maintenant, nous passons le relais à MyNavi. Mais les activités de l’équipe resteront à Sendai. Et nous demandons à tous nos supporters et tous ceux se sentent liés au feu Vegalta Sendai Ladies de bien vouloir continuer à soutenir l’équipe dans cette nouvelle aventure. »

A l’issue de l’année 2020, la branche féminine du Vegalta Sendai devient le club de MyNavi Sendai.

La séparation entre le Vegalta et son équipe féminine est en effet un petit déchirement pour une petite partie des supporters, lesquels avaient noué, comme jadis ceux du TEPCO Mareeze dans la préfecture de Fukushima, un lien d’amour réel et sincère pour cette équipe, malgré son palmarès vierge. En moyenne, ce furent près de 2000 personnes qui venaient voir les filles au Yurtec stadium, partagé avec les homologues masculins. Avec parfois des pics à près de 8000 spectateurs lors des grosses affiches, soit des affluences excellentes pour du football féminin au Japon. Mais certains supporters n’accepteront pas le changement et l’équipe féminine perd une partie du soutien de la ville. Mais c’est donc avec une nouvelle identité que le désormais club de MyNavi Sendai Ladies abordera la première saison de WE League de son histoire. Le nouveau propriétaire, bien qu’ayant apposé son nom directement, cherche toutefois à maintenir les liens avec le passé : sur le logo, on retrouve l’emblème de la ville de Sendai, ainsi que les étoiles Vega et Altaïr, marquant la continuité avec le Vegalta (auxquels on ajoute une troisième étoile en plus gros indiquant le renouveau du club). Et surtout, la couleur principale adoptée est le bleu ciel, celle de l’entreprise mère, mais surtout celle des TEPCO Mareeze.

Nouveau championnat, nouvelle identité : le MyNavi Sendai est né !

Les deux premières saisons en WE League se ponctuent à une cinquième et quatrième places au classement. Soit un résultat honorable, mais encore très loin des mastodontes que sont Kôbe, Urawa et le NTV Beleza. Qu’importe, le MyNavi Sendai est désormais solidement ancré dans la première partie de tableau est a retrouvé sa place de valeur sûre du football féminin japonais. Bien que les meilleurs centre de formations se trouvent justement chez les trois gros, la concurrence au sein des ces effectifs peut vite s’avérer très rude. Ainsi, Sendai tend à devenir une place de choix pour gagner du temps de jeu. C’est le choix qu’à par exemple fait Hinata Miyazawa, grande révélation nippone lors du Mondial 2023 (cinq buts inscrits), qui a passé deux saison sous les couleurs de MyNavi et vient tout juste de signer au Liverpool FC. Outre Aya Sameshima (qui a quitté le club en 2014), l’équipe a vu passé plusieurs joueuses de talent, comme les internationales japonaises Emi Nakajima (90 sélections), Michi Goto (sept sélections), Nana Ichise (19 sélections) ou encore Fûka Nagano (23 sélections, présente au dernier mondial et également joueuse de Liverpool). Par ailleurs, le club tente d’internationaliser son effectif, suivant ainsi la politique de la WE League, laquelle subventionne une partie des salaires des joueuses étrangères. Ainsi en 2022 arrive l’internationale monténégrine Slađana Bulatović pour une saison. Puis la Thaïlandaise Janista Jinantuya, l’internationale camerounaise Aurelle Awona, et deux Espagnoles passées par les sélections U19, Carla Bautista et Paula Guerrero. Bien qu’une partie des supporters de Vegalta soit encore réticente à venir encourager les Bleues, l’équipe de MyNavi a semble-t-il trouvé son public, et est présente sur les publicités en ville au même titre que le Vegalta version homme ou l’équipe de baseball des Rakuten Golden Eagles. Et si le début de saison 2023-2024 est pour l’instant très compliqué (quatre défaites en autant de matches), il est légitime de penser que cette fois, l’étoile des Mareeze et du Vegalta sont prêtes à briller pour longtemps dans le ciel de Sendai.

Hinata Miyazawa, la nouvelle étoile montante du football japonais, a explosé sous les couleurs de MyNavi Sendai

Xixon

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22 réflexions sur « Tanabata – L’amour est bleu (2/6) »

  1. Excellent
    Je suis jamais allé au Japon, mais vu de n’importe où ailleurs, j’ai l’impression, que la Japonaise est fantasmée comme disciplinée, voire soumise
    J’imagine que tout n’est pas si blanc, ou noir, ni gris

    Merci pour l’article

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    1. Pour le coup, c’est plutôt jaune 🙂

      Y’a effectivement ce fantasme qui traine en occident, mais qui est assez éloigné de la réalité en effet.
      Sans rentrer dans les détails, dans les foyers japonais, en général la femme est celle qui gère le foyer. De fond en comble. De la gestion de l’argent à l’éducation de l’enfant, etc…

      On en est à un degré de pouvoir que beaucoup d’hommes japonais ont « peur » de leur épouse (c’est ce qu’on montré plusieurs sondages).
      Donc « soumise » la Japonaise… Moi je suis pas sûr ^^

      De plus, et un étranger qui se met en couple avec une Japonaise s’en rend compte rapidement, la communication est souvent difficile. Et pas seulement à cause de la langue. Souvent, la Japonaise ne va pas dire ce qui ne va pas ou lui déplait dans la relation. Elle plutôt attendre le moment « opportun » pour tout balancer, façon réquisitoire.
      Donc « disciplinée » la Japonaise ? Je suis pas sûr non plus xD

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  2. « Flapper » réfère spécifiquement aux femmes des années 1920 qui s’emparaient des codes masculins : cheveux et tenues courts, autonomie dans la vie quotidienne fraîchement acquise grâce à l’automobile, liberté sexuelle assumée. Née aux USA, cette mode a rapidement gagné l’Europe ; en France, on parlait de « garçonnes ». Elle commençait déjà à s’estomper quand la crise de 1929 lui a porté un coup fatal. Le terme générique pour un garçon manqué aux USA est « tomboy ».

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  3. Meme si je comprends l’intérêt pour les joueuses de porter la tunique de clubs européens prestigieux, je trouve un peu triste que les grandes écuries masculines aient avalé les équipes féminines. Je me souviens que Toulouse avait une équipe dominante au début des années 2000. Plusieurs fois championne de France, le TOAC, désormais sous le giron du Tefece. Idem pour Juvisy… Soyaux n’est plus en d1 par exemple.
    Quand on voit que le Real a créé sa section féminine en 2020, on va, comme chez les garcons, vers l’uniformité à outrance. Umea ou Potsdam, championnes d’Europe, c’est fini…

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      1. Je suis avec Xixon là-dessus, c’est gagnant-gagnant. Les joueuses peuvent prendre un appui mental sur la tradition du club (on n’enfile pas le maillot du Real pour le défendre sur le terrain dans quelque sport que ce soit sans émotion…), et les clubs ont des client(e)s supplémentaires pour leurs maillots.

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      2. De mon coté, je trouve ça hyper opportuniste. Attendre 2020, comme dans le cas du Real, pour créer sa section féminine, s’est surfer sur la mode. On est pas dans l’investissement depuis des années de l’OL.

        J’ai du mal également avec l’implantation basket du Bayern qui a désormais une place garantie en Euroleague que son histoire ne merite pas. Évidemment que pour la ligue, c’est plus intéressant d’avoir le mastodonte bavarois que la Cibona ou la Jugoplastika.
        Les clubs Allemands de basket qui tiennent le haut du pavé depuis 30 ans sont Alba Berlin et Bamberg. Voire le Bayer Leverkusen qui était le club phare des 90′. Ça s’est des clubs de basket!
        Et encore l’Allemagne est un petit de basket. L’Euroleague travaille depuis longtemps sur la création d’un club puissant à Londres. Voire au Qatar…

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      3. Leverkusen, j’allais le dire : avec Henning Harnisch! Peut-être leur joueur le plus doué à l’époque (je laisse le cas Schrempf de côté).

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      4. Henning Harnisch et son bandeau! Membre important du titre surprise à l’Eurobasket 93. Avec le tronc Christian Welp qui met le lancer décisif.

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      5. Je jouais avec exactement le même bandeau (et le même genre de chevelure) à l’époque, achtung!

        Un titre complètement improbable……. On parle tout le temps en eurofoot de la Grèce 2004, mais ce sacre allemand en basket en 1993???

        Schrempf mis à part (qui de toute façon n’était même pas de cet Euro 1993), leur noyau était qualitativement du même niveau que celui des Belges même époque : 2-3 joueurs qui avaient vraiment le niveau continental (Harnisch, Welp et Koch)..et basta, le reste n’était vraiment pas terrible. D’ailleurs, hormis justement pour cet Euro : c’était dans mes souvenirs toujours hyper-équilibré et tendu entre ces deux nations ou leurs clubs-phares, niveau vraiment kif-kif.

        Et cependant….. Incroyable, toujours pas pigé comment ils ont réussi leur coup.

        En finale face à une Russie pas vraiment sensass (le niveau du tournoi est bof-bof), y a en toute fin de match l’une ou l’autre décisions arbitrales bizarres, des Russes qui perdent complètement les pédales aussi (offensivement, ils deviennent consternants)………. Les Russes, bon..

        La demi j’aimerais la revoir, car là j’ai vraiment l’impression que les Grecs ont loupé le coche.

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      6. Sinon je ne sais pas comment c’est aujourd’hui, plus trop le temps de regarder du sport à la télé ni aux stades, mais les refereeings pouvaient vraiment être bizarres en compétitions européennes, pas toujours beaucoup mieux qu’en football………

        Cette ultime séquence de la finale de C1 96 par exemple, LE contre de Vrankovic, lol : https://youtu.be/Royr7gSYFDU?t=4876

        Ceci dit, pour une fois que c’était au détriment du Barca…….

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      7. Le parallèle est judicieux. L’Allemagne était un modeste de la scène continentale avant 93, elle ne fera rien par la suite. A noter que la jeune Lituanie n’était pas présente, idem pour la Serbie.
        Les Allemands sont par contre coachés par un cador, Svetislav Pešić. Svetislav Pešić faisait parti, en tant que joueur du Bosna Sarajevo Sarajevo champion d’Europe. Avec Delibasic dont j’ai parlé en debut d’année. Et sera par la suite champion d’Europe et du Mondr avec la Yougoslavie de Bodiroga.
        Il vient d’obtenir l’argent au dernier mondial avec la Serbie, 30 ans après le titre continental allemand. C’était sa finale. Il vit depuis des décennies en Allemagne et son fils a joué avec cette sélection.

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      8. Le contre de Vrankovic avec le Pana… Une grosse arnaque mais ça a offert un titre européen à Dominique Wilkins et Yannakis!

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  4. @khia
    Je ne me suis pas du tout intéressé au basket local. Je suppose que les grosses entreprises y ont aussi investit vu le côté américanisant de ce sport.
    Mais je ne sais pas grand chose… A part qu’à Sendai, l’équipe s’appelle les Sendai 89ers, et joue en Ligue B

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