Norwich City FC a abandonné son stade, the Nest, en 1935. Entre 1908 et 1935, Norwich City FC a joué sur ce terrain. Un nom particulièrement adapté aux surnoms des joueurs, les Canaries. Le nid était un lieu singulier, même selon les normes non contraignantes du début du XXème siècle. Il était situé là où un terrain de football n’a vraiment rien à faire, dans une carrière de craie désaffectée autrefois connue sous le nom de Hole Rump. Il devint rapidement dans un état déplorable. Cela ne voulait pas dire qu’il n’avait pas de caractère, au contraire, et qu’il n’avait pas ce charme unique des stades atypiques qui favorisent l’ambiance et l’effervescence. Mais il est clair qu’il était une anomalie architecturale. L’espace entourant le terrain était inégal. Les tribunes furent érigées sans uniformité, au gré des espaces disponibles entre l’aire de jeu et les maisons mitoyennes. Pour faire face aux besoins en capacité, chaque m2 disponible fut utilisé. Une partie du terrain était longée par un mur de soutènement en béton armé haut de 15 mètres. Ce mur avait été élevé pour soutenir une falaise, en haut de laquelle était positionnée une tribune précaire. Et dangereuse. Comme le mur qui fut très vite renforcé par des croix de saint André et des tirants d’ancrage. Ce décor contribuait à l’effarement des visiteurs mais aussi aux questions récurrentes des locaux sur la sécurité de cet ouvrage. Parmi les anecdotes savoureuses, il y a en a une dont chacun à Norwich a entendu parler. En 1920, une partie du terrain, constituée principalement de craie, a cédé, laissant un trou béant de plusieurs m2. Il fut renforcé par des traverses de chemin de fer et la pelouse fut replantée.

En 1922 se déroula un incident qui aurait pu être catastrophique. Un garde-corps au-dessus de la falaise céda, envoyant des dizaines de fans plusieurs mètres plus bas sur le terrain. Ce fut un miracle qu’il n’y ait pas de blessés graves, ni de morts.
Non seulement vétuste et insécure, the Nest devint trop exigu. Le club de Norwich City surfait sportivement dans les années 1930. Après la promotion dans l’ancienne deuxième division en 1934, les affluences ne cessaient d’augmenter. En février 1935, lors du cinquième tour de la FA Cup, the Nest enregistra une affluence record de 25007 spectateurs pour la défaite contre Sheffield Wednesday. Une affluence incroyable, inconsidérée, dans un tel stade. À la suite de ce match, il apparut à tous que les spectateurs furent ce jour-là mis en danger. Même si la Football Association, la fédération anglaise, n’a jamais été réputée pour prendre ses responsabilités, elle envoya alors un courrier aux dirigeants ordonnant des mesures pour assurer la sécurité dans le stade.

Les dirigeants de Norwich furent confrontés à un dilemme. Adapter the Nest s’avérant impossible, il fallait soit le reconstruire, soit l’abandonner et trouver un nouveau site pour une construction neuve. Dans le dernier match de la saison, les Canaries accueillirent Swansea Town. A ce moment-là, les joueurs ne savaient pas où ils joueraient la saison suivante mais chacun voulait être celui qui marquerait pour cet éventuel dernier match au Nest.
L’ancien Président du club, John Pyke, encore au conseil d’administration du club, fut le leader du mouvement de ceux qui ont tout fait pour les Canaries restent au Nest. Il missionna même l’architecte renommé Archibald Leach, célèbre pour son travail notamment à Ibrox Park et Villa Park, pour redessiner The Nest. Des plans furent établis, présentant une capacité de 40 mille et 45 mille places. Un des arguments était aussi le coût estimé moins important d’une reconstruction sur site. Cependant, Pike fut mis en minorité lors d’un conseil d’administration début 1935 et la décision fut prise de construire un nouveau stade à Carrow Road. Dès le 31 mai 1935, le permis de construire fut déposé pour un stade de 35 mille places extensibles à 40 mille, et accordé quelques jours plus tard avec une célérité tout à fait exceptionnelle des services de la Ville. Courant juin, les terrassements commencèrent, de même que la démolition des tribunes de the Nest dont les gravats furent immédiatement utilisés à Carrow Road.

A peine 81 jours plus tard, ce qui reste un exemple extraordinaire en termes de gestion de projet et de conduite de chantier, le stade était prêt et ouvert à temps pour accueillir le premier match de la saison, le 31 août 1935 contre West Ham United, pour une victoire 4 à 3 devant 39779 fans. Ce délai hallucinant pour construire un tel équipement fut rendu possible par une mobilisation sans faille de toute une ville, de toute une région. La première phase ouverte en 1935 consistait en une tribune couverte avec places assises et trois autres terrasses en butte de terre. Peu de changements ont été apportés au stade jusque dans les années 1960, seules plusieurs petites améliorations ont été faites qui consistaient principalement en l’extension de la couverture. Carrow Road a enregistré sa plus forte affluence en 1963, lorsque 43984 supporters ont assisté un match de FA Cup entre Norwich City FC et Leicester City. Au début des années 1980, deux tribunes été reconstruites, mais en raison de mesures de sécurité et pour un plus grand confort d’accueil, la capacité globale du stade a été réduite à 28 mille places assises. Au début des années 1990, Carrow Road a été transformé en stade 100% places assises, ce qui a impliqué la construction de la nouvelle tribune The Barclay. Une dizaine d’années plus tard, en 2003, la tribune Sud a été détruite et remplacée par la nouvelle flambante Jarrold Stand. Cette tribune a été agrandie dès 2005 en la reliant à la Peterborough stand. Des projets d’agrandissement sont en cours mais sont conditionnés par la remontée du club en premier League.

Robert le Bruce pour Pinte de Foot.

Merci Robert ! Norwich, connais très peu. Il me semble qu’ils avaient sorti le Bayern dans les années 90..
Et sinon, j’ai changé de téléphone. J’ai besoin du lien discord. Merci
https://discord.gg/nJG67Rw3
Je suppose que c’est ça.
Merci
C’est un stade-culte et il y a de quoi, quel bric-à-brac.
J’ignorais que la construction de Carrow Rd avait été si rapide, quelque chose qu’on lit d’ailleurs assez souvent pour les stades britanniques de cette époque-là, et qui est valable pour ma Belgique aussi. Un prosaïsme qui avait aussi pour lui que ces stades étaient généralement assez vite amortis.
@Khiadia, je me rappelle avoir vu au moins une des deux manches live à la télé. Rien d’extravagant côté Norwich, sinon un tout bon duo d’attaquants – Sutton surtout marchait sur l’eau à l’époque, pour moi un incontournable du foot britannique dans les années 90. Le back gauche gallois Bowen était costaud également, Ian Crook était un tout bon aussi..et peut-être encore l’un ou l’autre, mais globalement le reste n’était individuellement pas d’une envergure folle.
La surprise fut retentissante, ceci dit : c’était pas un grand cru côté Bayern.
Et cependant je crois bien que c’est la première fois que je vécus, consciemment, cette vieille spécificité du foot anglais de jadis : des joueurs individuellement pas d’un niveau fou-fou……………mais qui parvenaient régulièrement à mettre des clubs inversement plus puissants et fortunés à l’amende, rien que pour ça ce Norwich valait le coup d’oeil.
Sutton aurait mérité de disputer l’Euro 96 !
Sa doublette avec Alan Shearer était « so british » mais terriblement efficace.
Il fallait bien cela pour faire oublier la laideur des maillots de Blackburn, celle du du stade et …ces nuages qui pleurent. Un duo aussi percutant que Yorke et Cole à Man U.
P2F consacre donc un papier aux stades des canaries anglais et français.. The Nest and Saupin.
Où peut-on lire pareille littérature footballistique? NPA !
Messieurs, poursuivez votre travail de transmission.
C’est précieux.