De l’Irlande, on admire la beauté des paysages, la chaleur humaine des habitants, la richesse des traditions, la beauté des mélodies, et la magie des légendes. On est curieux devant ces sports centenaires que sont le foot gaélique et le hurling. On connaît même sa fête nationale, la Saint-Patrick, que le monde entier aime célébrer. Mais que sait-on vraiment de son histoire ? L’Irlande porte en elle les traces d’un passé tourmenté, marqué par les batailles, les invasions, et les soulèvements. Mais l’histoire ne s’efface jamais vraiment. Elle survit dans les noms des villes, dans la ferveur de ses habitants et… dans les symboles des clubs de football.
Dans cette série, chaque club du championnat irlandais nous plongera au cœur d’un épisode de ce récit mouvementé. Et parce qu’en Irlande, la mémoire se transmet en musique, chaque étape sera accompagnée d’une mélodie, un écho aux joies et aux blessures d’un peuple qui n’a jamais cessé de chanter ni de se battre.
J’ai des petits problèmes dans ma plantation
À l’aube du XVIᵉ siècle, l’Irlande demeure une terre insoumise. Si l’autorité du roi d’Angleterre y est théoriquement reconnue depuis l’invasion normande du XIIᵉ siècle, en pratique, elle se limite aux environs immédiats de Dublin, dans « The Pale ». Les Anglais règnent dans cette enclave par le biais des Comtes de Kildare. Au-delà de cette région, l’île reste dominée par les clans gaéliques et les familles anglo-normandes, converties depuis longtemps aux coutumes et à la langue irlandaises.
En 1494, Henry VII, premier roi Tudor, tente une reprise en main décisive. Il impose la Poynings’ Law, votée à Drogheda. Cette loi historique stipule que le Parlement d’Irlande ne pourra désormais ni se réunir ni légiférer sans l’approbation expresse du souverain anglais. Le contrôle politique de l’île devient ainsi un enjeu majeur de la monarchie anglaise, même si, dans les faits, son influence reste ténue en dehors du Pale.
La situation bascule véritablement sous le règne d’Henry VIII. En 1534, Thomas Fitzgerald, comte de Kildare normalement favorable à la cause anglaise, a acquis beaucoup de puissance et se voit bien seul maître à bord ; il entame une rébellion et se soulève contre la couronne anglaise. Sa révolte sera balayée par Henry VIII qui va veiller dans la foulée à renforcer la domination anglaise sur l’île : en 1541, il se proclame Roi d’Irlande par l’Acte de la Couronne d’Irlande. Cette décision ouvre une ère de centralisation : le roi va inviter les seigneurs irlandais à se soumettre et ainsi recevoir de nouveau leurs terres accompagnées d’un titre de noblesse, abandonnant par la même occasion leur droit coutumier pour adopter les usages anglais, la langue et, en théorie, la religion protestante (politique du surrender and regrant). De plus, en conflit ouvert avec le pape, il va proclamer l’indépendance de l’Église d’Angleterre dont il deviendra le chef. Il va ainsi vouloir créer une Église irlandaise anglicane et non catholique, entamant ainsi les persécutions contre les fidèles de Saint Patrick.
Dès lors, l’Irlande devient un laboratoire de colonisation où va être mis en place à partir des années 1550 une immigration anglaise appelée « plantations », qui consiste à confisquer les terres rebelles pour les attribuer à des colons fidèles venus d’Angleterre et d’Écosse. La plantation du Munster débute après l’écrasement brutal des rébellions de Desmond dans la région (1569–1573 et 1579–1583). Mais ces premières tentatives restent chaotiques : nombreux sont les colons qui, découragés, abandonnent leurs concessions isolées. Tout change après la Guerre de Neuf Ans (1593–1603). La défaite de Hugh O’Neill et de ses alliés gaéliques en Ulster provoque la Fuite des Comtes (Flight of the Earls) : après la défaite de Kinsale en 1601 (où les Espagnols, leurs alliés, débarquent au mauvais endroit), les chefs gaéliques sont contraints de fuir en 1607 vers Rome pour chercher un soutien militaire qui n’arrivera jamais.

Cromwell et l’horreur
L’exil des comtes facilite la confiscation des terres par la couronne, permettant une colonisation massive de l’Irlande par des colons protestants anglais, écossais, et gallois. En 1609, la plantation d’Ulster se met en marche et devient très vite le plus gros succès du « programme de plantation » : des milliers de protestants écossais et anglais investissent les terres fertiles du Nord, fondant une véritable communauté anglophone et protestante à la culture totalement distincte des Irlandais d’Ulster. C’est ce bouleversement démographique qui enracine les fractures confessionnelles et sociales qui hantent encore la région aujourd’hui.
La réussite de ces plantations va permettre à l’Angleterre d’asseoir sa domination sur l’île, notamment au niveau politique puisque diverses lois sont votées pour discriminer contre les catholiques. Ceux-ci vont être interdits dans l’armée et se verront refuser tout poste dans la fonction publique. En 1615, les circonscriptions du parlement irlandais sont modifiées de manière à ce que les protestants forment la majorité de 108 contre 102 dans tout vote à la Chambre des communes irlandaises.
Le rejet perpétuel du catholicisme irlandais et la confiscation abusive des terres vont faire naître un ressentiment et une haine de l’envahisseur dans les cœurs de la population irlandaise qui ne va pas plier sans lutter. La rébellion de 1641 éclate et dégénère en guerre ouverte, des civils protestants sont massacrés en Ulster. Alors que la monarchie anglaise sombre dans la guerre civile, aucune troupe anglaise n’est disponible pour réprimer le soulèvement, et les rebelles prennent le contrôle de la majeure partie d’une Irlande qui rêve déjà d’autonomie. La majorité catholique gouverne brièvement le pays sous le nom de Confederate Ireland (Irlande confédérée) entre 1642 et 1649, pendant les guerres des Trois Royaumes en Grande-Bretagne et en Irlande. Le régime confédéré s’allie avec Charles Ier et les royalistes anglais, bien qu’ils ne signent un traité formel avec eux qu’en 1649. Si les royalistes avaient remporté la guerre civile anglaise, le résultat aurait pu être une Irlande autonome sous domination catholique. Mais leur espoir s’effondre en 1649, lorsque Oliver Cromwell débarque avec son armée puritaine.
C’est encore Drogheda, théâtre séculaire de l’asservissement législatif, qui devient le creuset de l’horreur. En septembre, après un siège brutal, Cromwell ordonne le massacre systématique de la garnison et des habitants. Les témoignages évoquent des églises incendiées, des prêtres éventrés sur les marches des autels, des femmes et des enfants taillés en pièces dans les rues. Dans une lettre glaciale adressée au Parlement, Cromwell justifie son carnage comme une œuvre divine :
« A righteous judgment of God upon these barbarous wretches. »
(« Un juste châtiment de Dieu sur ces misérables barbares. »)
L’Irlande catholique est alors méthodiquement spoliée : ses terres confisquées, ses habitants relégués vers les contrées ingrates de l’Ouest ou vendus comme esclaves dans les plantations des Antilles. En guise de punition pour la rébellion, presque toutes les terres appartenant aux catholiques irlandais sont confisquées et attribuées aux colons britanniques. Les rares propriétaires terriens catholiques restants sont déportés au Connacht (« To hell or to Connaught »). De plus, les catholiques sont interdits d’entrée au Parlement irlandais, interdits de vivre dans les villes ou d’épouser des protestants. On estime qu’un tiers de la population irlandaise (entre 400 000 et 600 000 personnes) mourra dans ces guerres, soit lors des combats, soit à cause de la famine et de la peste qui les accompagnent. La conquête cromwellienne laissera donc des souvenirs amers — et c’est un euphémisme — dans la culture populaire irlandaise.

Le rêve jacobite
Après la mort de Cromwell, l’Irlande connaît un court répit avec la restauration monarchique. Mais le sort du pays bascule à nouveau lors de la Glorieuse Révolution anglaise de 1688, qui voit le roi catholique Jacques II d’Écosse (James II of Scotland) détrôné par sa propre fille Marie et son époux le protestant Guillaume d’Orange, appelé sur le trône par le parlement britannique souhaitant le retour d’un protestant au pouvoir. Fidèle à Jacques II, l’Irlande devient le dernier bastion catholique du royaume britannique. Les forces jacobites irlandaises, soutenues par Louis XIV, se dressent contre les troupes orangistes dans ce qui deviendra la Guerre des Deux Rois (1689–1691).
Le point culminant de ce conflit est la bataille de la Boyne qui se déroule en 1690 dans la région de Drogheda, où Jacques II est battu par Guillaume III et doit se résoudre à fuir en France. L’Irlande, désormais gouvernée par une minorité protestante anglophone, subit un processus de marginalisation sociale, religieuse, et linguistique. Le gaélique est relégué au rang de langue des paysans ; l’Église catholique est pourchassée et réduite à la clandestinité.

Mais au cœur de cette oppression, l’idéal jacobite de restituer une monarchie anglaise catholique via les descendants de James II continue de vivre comme une flamme sacrée. Les poètes irlandais, les bardes, et les érudits perpétuent l’espoir d’un retour du « roi légitime » à travers des poèmes codés et des chansons allégoriques. L’Irlande est alors souvent personnifiée comme une femme en deuil — l’Éire chérie, pleurant son roi absent, attendant l’heure de sa résurrection. C’est dans ce climat de persécution permanente que surgit Charles Edward Stuart, dit Bonnie Prince Charlie, petit-fils de Jacques II. En 1745, il débarque en Écosse, décidé à reconquérir le trône au nom des Stuart, et constitue un nouvel espoir pour les Irlandais. Beau, jeune, et romantique, il devient rapidement une figure de légende. Son appel rallie les clans des Highlands écossaises, fervents jacobites. Mais le 16 avril 1746, sur les landes battues par le vent de Culloden, près d’Inverness, les troupes de Bonnie Prince Charlie sont écrasées. C’est la fin du rêve jacobite.

Un célèbre poème écrit à l’époque par Seán Clárach Mac Dónaill et adapté depuis en chanson retrace ces événements. « Mo Ghile Mear« , dont le titre signifie « Mon valeureux chéri » ou « Mon héros bien-aimé », est chantée du point de vue d’une femme (souvent personnifiée comme l’Irlande elle-même, en tant que figure féminine), qui déplore l’absence d’un jeune héros bien-aimé, parti ou perdu. Le « ghile mear » représente Bonnie Prince Charlie, symbole de l’espoir perdu d’indépendance et de liberté.
Nombre de ces événements tragiques, empreints de violence et de mémoire, trouvent un écho particulier dans la ville de Drogheda, théâtre des sombres exactions de Cromwell ; c’est pourquoi je vais vous parler aujourd’hui du Drogheda United Football Club.
Drogheda United AFC
En 1919, Drogheda est une ville ouvrière, tournée vers le textile et les chantiers navals. C’est cette année-là, dans une Irlande encore coloniale, divisée et bouleversée par les remous de la guerre d’indépendance, que naît le premier embryon de ce qui deviendra le Drogheda United Football Club. Il s’appelle d’abord Drogheda United AFC, et il ne s’agit que d’une équipe de jeunes évoluant dans la Dundalk and District League, un championnat régional aux terrains souvent aussi cahoteux que leur époque. Très vite après sa fondation, le club originel intègre la Leinster Senior League, un championnat plus relevé qui lui permet de se mesurer à des formations d’expérience et d’ambition. À l’image de nombreuses équipes de cette époque, le club vit une existence nomade, déménageant de terrain en terrain, de Magdalene Park aux Showgrounds, avant de trouver refuge — et enfin une stabilité — à United Park en 1927, une enceinte qu’il ne quittera plus jamais.
C’est dans cette phase fondatrice qu’apparaît l’une des premières grandes figures du club : Dessie Fagan. Né en 1916, il dispute son premier match en 1932 et restera fidèle au maillot pendant 22 saisons, inscrivant son nom sur plus de 1 000 feuilles de match. Avec lui, Drogheda remporte notamment une Leinster Junior Cup et deux FAI Junior Cups.
Un autre nom émerge à cette époque : Tom Munster, qui rejoint l’équipe en 1938 accompagné de son frère Sean. Si Sean fait parler son talent sur le terrain, Tom, lui, laissera une trace bien différente. Il deviendra trésorier du club pendant 23 ans, veillant à l’équilibre financier avec une dévotion qui forçait le respect. Dans une interview accordée à l’Irish Independent en 2009, il plaisantait : « Chaque fois qu’une question d’argent surgissait, les autres disaient : “Ah, vois ça avec Tom” ou “donne ça à Tom”. » Il évoquait même une anecdote savoureuse à propos d’un cheval gagnant nommé Ask Tom, victorieux à Liverpool. Reste à savoir s’il avait misé dessus…

(Rang arrière de gauche à droite) : Joe Carroll, Frank Byrne, Pat Callan, John Callan, Frank Taaffe, Tom Lynch, et Bakser O’Brien (entraîneur) ;
(Devant) : Sean Moore, John Crummie, Jimmy Carroll, Jim Kelly, et Dessie Fagan
L’autre Drogheda

En 1962, à la surprise générale, un nouveau club est fondé sous le nom de Drogheda F.C. Profitant d’une expansion de la League of Ireland qui passe alors à douze clubs, il accède à l’élite pour la saison 1963-64, reléguant le club rival Drogheda United à un rôle secondaire, toujours cantonné à la Leinster League. Le baptême du feu de Drogheda F.C. dans la compétition nationale est contrasté. Après une première défaite spectaculaire (4-3) en Dublin City Cup face au voisin Dundalk, les débuts sont laborieux. Les victoires tardent à venir et les tribunes sonnent creux. Pourtant, sous l’impulsion de l’attaquant nord-irlandais Dan McCaffrey, couronné champion avec Drumcondra trois ans plus tôt, l’équipe retrouve progressivement un peu d’allant. Et le public suit. Le match nul 5-5 contre les champions en titre Shamrock Rovers, à l’extérieur, est l’un des grands moments de cette saison inaugurale.


De 1966 à 1970, Drogheda accueille Ray Keogh, premier joueur de couleur du championnat. Ceux qui l’ont vu évoluer saluent un technicien racé, spécialiste du dribble, précis dans ses passes, efficace sur coup de pied arrêté. S’il évolue le plus souvent en ailier droit “à l’ancienne”, Keogh est en réalité un joueur caméléon, capable d’occuper tous les postes de la fameuse “ligne de cinq attaquants”. Sa petite taille — même selon les standards de l’époque — ne l’empêche pas d’évoluer parfois comme avant-centre, et plus tard, comme libéro lorsqu’il endossera le rôle de joueur-entraîneur.
Sa couleur de peau suscite peu de commentaires, même si certains articles le désignent comme le « joueur de couleur » ou « l’attaquant nigérian Ray Keogh ». Quelques surnoms douteux circulent — “Darky Keogh”, ou “Blessed Martin”, en référence à saint Martin de Porrès, moine péruvien métis — mais Keogh n’en demeure pas moins un précurseur discret mais essentiel. Vers la fin de sa carrière, il croise sur sa route un tout jeune Paul McGrath, alors âgé de 18 ans, bien avant que sa carrière ne décolle. Tous deux, Dublinois noirs, vont contribuer à transformer la perception de l’identité irlandaise, à une époque où être Irlandais semble encore indissociable de notions comme blanc et catholique, niant ainsi le pluralisme — certes étouffé et invisible — qui a pourtant toujours existé dans la société irlandaise.


Petit à petit, le Lourdes Stadium se remplit, établissant même un record d’affluence en 1966-67 lors du “Louth Derby” face à Dundalk. Le match est marqué par la présence de deux anciens de Dundalk dans les rangs de Drogheda : l’iconique Jimmy Hasty et Leo O’Reilly. Leur présence ne pourra malheureusement empêcher la défaite 1-3.


La saison suivante marque un tournant : Arthur Fitzsimons, 26 fois international irlandais et icône de Middlesbrough, prend les rênes en tant qu’entraîneur-joueur. Avant cela, il a connu une nouvelle bizarrerie irlandaise en Libye, où, sur recommandation d’un ancien coéquipier, il entraîne l’équipe nationale. Installé avec sa famille sur la côte nord-africaine, il songe à prolonger son contrat lorsqu’éclate la guerre des Six Jours en 1967, plongeant le pays dans le chaos. Tandis que sa famille est évacuée vers Malte, lui reste pour récupérer leurs économies. À son retour, l’offre de Drogheda lui offre un retour bien senti au pays. Il dirigera l’équipe pendant 18 mois.

Marche en avant , fusion et naissance du Drogheda United Football Club
En 1969, un autre grand nom du football irlandais prend la relève : Mick Meagan. En plus d’être sélectionneur de l’équipe nationale irlandaise — et premier entraîneur à disposer d’une totale autonomie dans le choix de ses joueurs — il devient entraîneur-joueur de Drogheda. Il est auréolé de 17 capes en équipe nationale et d’un titre de champion d’Angleterre avec Everton en 1962-1963.


Sous sa houlette, le club ne retrouve pas les 5e et 6e places des saisons précédentes, mais atteint une performance historique en Coupe d’Irlande (FAI Cup) durant la saison 1970-1971. Cette année-là, alors que le club sombre au classement, la direction décide de miser sur la Coupe. Meagan part alors à Halifax, dans le Yorkshire, où il avait brièvement évolué en 1968-1969, dans l’espoir d’y recruter quelques joueurs. Il revient avec quatre renforts, dont Dave Shawcross, ancien joueur de Manchester City dont la carrière prometteuse a été freinée par une grave blessure.
Malgré tout, son talent éclate à Drogheda, où il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs joueurs ayant porté le maillot du club. Grâce à lui, Drogheda accède à la finale de la FAI Cup face à Limerick. Après un match nul 0-0, le replay organisé à Dalymount Park devant 15 000 spectateurs tourne court : Drogheda s’incline lourdement 3-0.


En 1973, c’est John Cowan, ancien international nord-irlandais (1 sélection), qui arrive à son tour en tant qu’entraîneur-joueur. Il ne vient pas seul : trois des meilleurs éléments du championnat nord-irlandais — Martin Donnelly, George O’Halloran et Gerry Brammell — le suivent pour renforcer une équipe en pleine mutation. C’est en 1975 que Drogheda United prend véritablement forme. Dans une volonté de redonner de l’élan au football local, les deux clubs de la ville fusionnent pour créer le Drogheda United FC que nous connaissons aujourd’hui. Le club s’installe à United Park, une fois les travaux de rénovation terminés en 1979. Le club aura comme logo un croissant et une étoile, des emblèmes de la ville qui remontent au XIIe siècle, quand le roi Richard Cœur de Lion attribua à Drogheda l’étoile et le croissant comme armoiries afin de commémorer sa conquête de Chypre et célébrer ainsi ses victoires contre l’Empire byzantin. Les couleurs choisies sont le bordeaux et le bleu (Claret and Blue), qui s’inspireraient selon la légende de maillots envoyés par le club anglais de West Ham, suite à une lettre de Tom Munster adressée à l’entraîneur londonien Ron Greenwood. D’autres sources attribuent ce choix chromatique au Trinity College de Dublin, dont les équipes sportives évoluaient en rouge et bleu…

Le renouveau du club est également symbolisé par l’arrivée de Jimmy McAlinden, figure du football nord-irlandais, plusieurs fois international avec les deux sélections irlandaises entre 1937 et 1948. Sous sa direction, et porté par un Martin Donnelly étincelant, Drogheda termine 6e du championnat et atteint une nouvelle finale de FAI Cup en 1975-76. Mais, comme en 1971, le club s’incline, cette fois 1-0 face aux Bohemians.



Cette saison est également marquée par une rencontre inoubliable : un déplacement pour affronter le Cork Celtic de… George Best. Plus de 20 000 spectateurs assistent à ce choc. Ce jour-là, c’est le petit mais redoutable latéral Christy « Junior » Campbell qui hérite de la mission périlleuse de contenir la légende nord-irlandaise. Il s’en sort admirablement et Drogheda l’emporte 2-0.

Les progrès en championnat
Les trois saisons suivantes voient les « Drogs » réaliser leurs meilleures performances en championnat, terminant systématiquement à la 3e place. Ce succès repose sur les bases solides posées par McAlinden, l’influence de Donnelly, mais aussi sur l’éclosion de deux talents locaux : Jerome Clarke et Cathal Muckian. Ce dernier inscrit 21 buts en une saison, ce qui lui vaut une sélection en équipe nationale irlandaise en 1978 pour un match amical contre la Pologne. Il y retrouve son coéquipier Clarke, attaquant fidèle au club depuis 1966, qui fait une entrée remarquée en remplaçant… Johnny Giles lui-même. C’est malgré tout une défaite 3-0 contre une Pologne en pleine préparation pour la Coupe du monde en Argentine.

Mais pour Clarke, le plus beau reste à venir. Une semaine plus tard, il est sélectionné dans le « XI de la League of Ireland », une équipe réunissant les meilleurs joueurs du championnat pour un match de prestige. Cette fois, l’adversaire est redoutable : l’équipe d’Argentine, déjà peuplée de stars comme Ossie Ardiles, Ricardo Villa, René Houseman, Daniel Passarella, Alberto Tarantini et Leopoldo Luque. Le jeune Diego Maradona, encore adolescent, entre en cours de jeu. Malgré une défaite 3-1, les Irlandais impressionnent, et Synan Braddish — futur entraîneur-joueur de Drogheda entre 1988 et 1990 — inscrit même un but. Clarke, quant à lui, parvient à contenir Maradona avec une défense aussi rigoureuse qu’admirable.

Première européenne, premier trophée et déclin
Malheureusement, cette décennie dorée se referme sur une tragédie. En 1979, l’entraîneur emblématique Jimmy McAlinden décède subitement d’une crise cardiaque, laissant derrière lui un club en plein essor. C’est Willie Roche qui lui succède, se contentant d’achever l’œuvre entamée en menant Drogheda à une troisième médaille de bronze consécutive en championnat. Mais l’élan s’essouffle : incapable de confirmer la saison suivante, Roche est démis de ses fonctions. S’ensuit une valse d’entraîneurs, marquant le début d’un lent déclin. Drogheda glisse progressivement dans les bas-fonds du classement, et l’anonymat guette. Les départs s’accumulent : Muckian file chez les rivaux de Dundalk tandis que Donnelly tente sa chance outre-Atlantique, poursuivant sa carrière aux États-Unis.


C’est finalement Ray Treacy, ancien international irlandais, qui parvient à redonner des couleurs au club. Lors de la saison 1982-1983, il mène Drogheda à une exceptionnelle deuxième place — la meilleure performance de son histoire à ce moment-là. Un exploit qui ouvre les portes de l’Europe : pour la première fois, les « Drogs » décrochent leur ticket pour la Coupe de l’UEFA 1983-1984. Au premier tour, le tirage les oppose à un géant : Tottenham Hotspur. Le match aller, disputé sous une pluie diluvienne le mercredi 14 septembre 1983, tourne rapidement à la démonstration. Le terrain, transformé en bourbier, n’empêche pas les Spurs de dérouler leur jeu avec une facilité déconcertante. Les Irlandais, valeureux, opposent une résistance courageuse, mais s’inclinent lourdement 6-0. Les tribunes, que l’on espérait pleines (près de 10 000 spectateurs étaient attendus), ne comptent finalement que 4 000 âmes trempées. Le coup est dur pour les finances du club. Et le score, cruel, déclenche une avalanche de critiques dans la presse irlandaise. Pour certains, c’est une honte nationale. Et pourtant, deux semaines plus tard à Londres, Drogheda fait taire les sarcasmes. Dans l’antre de White Hart Lane, les Boynesiders jouent les premières minutes avec panache, osant attaquer, refusant de se contenter d’un rôle de figurant. Face à eux, une armada anglaise expérimentée : Mark Falco, Graham Roberts, Alan Brazil, Chris Hughton, et surtout Glenn Hoddle, chef d’orchestre élégant et impitoyable. Le score final, 8-0, est sans appel. Mais derrière l’humiliation comptable se cache un respect inattendu. Le président de Tottenham salue publiquement le courage des Irlandais : « Au moins, votre équipe est venue pour jouer », dit-il, en contraste avec d’autres clubs européens venus uniquement défendre.


Ce match incarne, malgré tout, la fin d’un cycle pour Drogheda United. Ray Treacy, artisan de la qualification européenne, a quitté le club plus tôt dans la saison. Il est remplacé par Anthony Macken, ancien international (1 sélection), qui hérite d’un effectif en pleine transition. Des figures emblématiques, comme Damien Byrne, Mick Neville ou Stephen Craig, quittent également le navire. Et, comble de l’ironie, la télévision nationale RTÉ ne conserve aucune archive vidéo du match aller face à Tottenham — mémoire envolée…
Pourtant, malgré cette période de bouleversements, Macken signe un exploit historique en 1983-1984 : il offre à Drogheda United le tout premier trophée de son histoire en remportant la Coupe de la Ligue, grâce à une victoire 3-1 sur Athlone Town. Hélas, la joie sera de courte durée. La saison suivante voit l’introduction de la First Division, instaurant un système de promotion et relégation. Drogheda est relégué dès la première année, entamant une longue période d’instabilité. Ce sont alors les années d’ascenseur : le club navigue entre première et deuxième division, incapable de s’ancrer durablement parmi l’élite du football irlandais.
Le divin chauve, Paul Doolin
L’année 2003 marque un tournant décisif dans l’histoire de Drogheda United : le club retrouve la League of Ireland, avec Paul Doolin à sa tête. Visionnaire, ce dernier comprend qu’aucune ascension durable ne peut se faire sans une rupture franche avec le passé. Si Drogheda veut s’installer durablement au sommet et prétendre aux trophées, il faut en finir avec l’amateurisme : le club doit franchir le pas du professionnalisme total. Sous son impulsion, l’équipe amorce une transformation en profondeur. Les méthodes d’entraînement évoluent, la tactique se raffine, la préparation physique se renforce — tout change, et tout s’élève.

Les premiers résultats ne tardent pas à confirmer l’audace du projet. En 2005, Drogheda remporte pour la première fois de son histoire la FAI Cup, s’imposant 2-0 face à Cork City dans l’enceinte mythique de Lansdowne Road. Un parcours sans faute, où les « Drogs » prennent leur revanche sur leurs bourreaux du passé, Limerick et les Bohemians, balayant les fantômes de 1971 et 1975. Et qui d’autre que Declan O’Brien pour inscrire le but décisif ? Présent au club depuis 2001, l’attaquant incarne cette génération dorée. Avec 76 réalisations, il deviendra le meilleur buteur de l’histoire du club, figure centrale de ce chapitre glorieux.


Portés par cet élan, Drogheda enchaîne les succès. En 2006 et 2007, le club décroche deux Setanta Cups consécutives, une compétition qui réunit les meilleures équipes de la République d’Irlande et d’Irlande du Nord. Le triomphe en FAI Cup ouvre également les portes de l’Europe : 23 ans après leur première apparition continentale, les Boynesiders accèdent aux tours préliminaires de la Coupe UEFA. Opposés à l’HJK Helsinki, les Irlandais livrent une prestation aboutie : un nul solide en Finlande, suivi d’un succès convaincant 3-1 à domicile. Drogheda remporte ainsi le premier match européen de son histoire.

Au deuxième tour, une autre escale scandinave les attend : les Norvégiens de l’IK Start. Battus 1-0 à l’extérieur, les Drogs arrachent une victoire identique au retour. S’ensuit une interminable séance de tirs au but, haletante, irrespirable : 10-11. Drogheda s’incline au bout du suspense. Ironie cruelle, Graham Gartland — malheureux héros — est le seul joueur à tirer deux fois, et à manquer deux fois. À ce jour, il reste le seul dans l’histoire de la compétition à avoir connu pareille mésaventure.


Mais c’est en 2007 que Drogheda United grave à jamais son nom dans le marbre du football irlandais. L’équipe réalise une saison magistrale, ne concédant que trois défaites et survolant le championnat. Les Drogs sont sacrés champions avec sept points d’avance, scellant leur triomphe lors d’un succès 2-1 face à Cork City. Le but de la victoire est inscrit par l’Anglais Guy Bates, unique réalisation de sa saison… mais suffisante pour entrer à jamais dans la légende du club.


Ce sacre ouvre les portes des tours préliminaires de la Ligue des Champions — une première dans l’histoire du club. Et le rêve continue. Opposés aux Estoniens du Levadia Tallinn, les Irlandais s’imposent lors des deux manches : 2-1 à l’aller, 1-0 au retour, sur un but signé… Graham Gartland. Rédemption pour celui qui, entre 2006 et 2009, deviendra le joueur le plus capé en compétition européenne sous les couleurs de Drogheda, avec 12 matches et 3 buts.

Le tour suivant s’annonce plus périlleux : l’adversaire s’appelle Dynamo Kiev. À l’aller, disputé à Dalymount Park, Drogheda égalise après avoir été mené mais cède dans les dernières minutes (1-2), au terme d’une prestation héroïque. Le retour en Ukraine commence mal : Kiev ouvre le score dès la 13e minute. Pourtant, les Irlandais n’abandonnent pas. Juste avant la pause, Declan O’Brien obtient un penalty que Shane Robinson transforme avec sang-froid (1-1, 41e) : tout redevient possible. La seconde mi-temps est une bataille de chaque instant. Drogheda presse, harcèle, ne lâche rien. Mais à la 72e minute, un penalty sifflé pour le Dynamo refroidit les espoirs (2-1). Pourtant, à la 88e, sur une ultime poussée, c’est encore Gartland qui fait trembler les filets et égalise : 2-2. Il reste alors quelques minutes pour faire chavirer l’histoire. Et Drogheda passe tout près du miracle. Adam Hughes, seul devant le but vide, expédie sa volée dans la nuit de Kyiv.

Dans les dernières secondes, Robinson tente une frappe splendide… qui s’écrase sur le poteau. Fin du match. Score cumulé : 4-3 pour le Dynamo. Drogheda est éliminé. À un souffle de l’exploit, à une poignée de centimètres d’une nuit historique.


Après la gloire vient la chute
Mais les rêves ont parfois la fragilité d’un fil de soie. À peine les exploits européens de 2007 et 2008 sont-ils gravés dans les mémoires que la chute se profile à l’horizon. L’année 2008 marque un brutal retour sur terre : miné par une gestion financière hasardeuse et les lourdes exigences du statut professionnel, Drogheda United vacille. Les comptes plongent dans le rouge, les dettes s’accumulent, et le club se retrouve au bord du précipice. La mise sous administration judiciaire devient inévitable. L’existence même du club est menacée mais c’est sans compter sur les supporters qui, loin d’abandonner leur club de cœur, se dressent en rempart contre la disparition. Ils fondent le Claret & Blue Club, une association destinée à financer et soutenir le club. Les bénévoles affluent, les efforts s’organisent, une nouvelle direction se met en place. Drogheda survit — de justesse. Dernier budget du championnat, l’équipe lutte pour exister. En 2010, non pas grâce à ses résultats, mais à la faillite du Sporting Fingal, le club parvient à conserver sa place en League of Ireland. Un sursis plus qu’un salut.
À l’aube de la saison 2011, Drogheda est redevenu un club semi-professionnel, avec une mission : ne pas sombrer. Mick Cooke en prend les rênes, héritant d’un groupe affaibli, aux ambitions modestes. Les débuts sont chaotiques, mais un événement va changer la dynamique : une victoire 2-1 dans le derby contre Dundalk. Ce succès galvanise l’équipe, qui parvient à se maintenir. En 2012, l’espoir renaît : les Drogs remportent la League Cup, leur premier trophée depuis cinq ans. L’année suivante, ils atteignent la finale de la FAI Cup dans un scénario digne d’un film. Face aux Sligo Rovers, Drogheda mène 1-0 apres le premier quart d’heure. Mais le sort s’acharne : Sligo égalise à la 78e, puis prend l’avantage à la 85e. L’Aviva Stadium retient son souffle. À la 90e minute + 2, Brennan surgit pour égaliser et rallumer la flamme. L’euphorie envahit les rangs des Drogs … mais trop brièvement. Sur l’engagement, Sligo contre-attaque et marque à nouveau. Défaite 2-3. Cruel épilogue, mais pas vain : cette campagne ouvre à Drogheda les portes de l’Europa League. Opposés au géant suédois Malmö, les Drogs livrent une prestation à l’image de leurs campagnes européennes passées : un nul valeureux à domicile et une défaite 2-0 en Suède. Pas d’exploit, mais aucun ridicule. L’âme du club est intacte.

La parenthèse enchantée se referme. Mick Cooke quitte le navire en 2013 et, sans lui, Drogheda s’enlise. En 2015, le couperet tombe : relégation en First Division. Le club échoue année après année à remonter, malgré quelques campagnes prometteuses. Il faudra attendre le 27 octobre 2020 pour que la lumière réapparaisse enfin. Ce jour-là, Drogheda est sacré champion de deuxième division et retrouve la League of Ireland après cinq longues saisons d’exil.
Une ascension inattendue
Quand débute la saison 2021, peu d’observateurs imaginent Drogheda capable de jouer autre chose que le maintien. Mais sous la houlette de Tim Clancy, jeune entraîneur à la vision claire, l’équipe va déjouer tous les pronostics. Clancy bâtit un groupe solide, mêlant jeunes talents et vieux briscards comme Gary Deegan, Dane Massey, Dinny Corcoran ou Ronan Murray. Autour d’eux gravitent des éléments prometteurs comme Darragh Markey et Daniel O’Reilly. Les résultats s’enchaînent : quatre victoires d’entrée, dont un 3-1 contre Saint Patrick’s Athletic, propulsent les Drogs vers le haut du classement. Le 20 août, ils battent Dundalk 2-1 sur son terrain, un exploit qu’ils n’avaient plus réalisé depuis neuf ans. Malgré un léger essoufflement en fin de saison, Drogheda termine à une brillante 7e place, avec 44 points : le maintien est assuré.
En 2022, Clancy quitte le club pour Saint Patrick’s Athletic. Son ancien adjoint, Kevin Doherty, reprend le flambeau. Malgré les départs de cadres comme Killian Phillips ou James Brown, le club tient bon. Chaque match est une bataille pour le maintien, mais l’équipe ne rompt pas et une nouvelle fois, Drogheda domine Dundalk. Le maintien est acquis en octobre après une victoire 1-0 contre Bohemians.
Puis vient 2024. Et avec elle, l’un des plus grands chapitres de l’histoire du club. Le 10 novembre, au mythique Aviva Stadium de Dublin, Drogheda United dispute sa cinquième finale de FAI Cup. L’adversaire : Derry City. Le décor : 38 723 spectateurs, un record. Le scénario : légendaire pour le club. Andrew Quinn ouvre le score à la 37e, puis Douglas James-Taylor transforme un penalty à la 58e. Score final : 2-0. Drogheda est sacré pour la deuxième fois de son histoire, devenant le premier club semi-professionnel à remporter le trophée depuis deux décennies.


Cette victoire les qualifie pour les tours préliminaires de la Ligue Europa Conférence 2025-2026 (le championnat irlandais se disputant sur une année civile). Mais avant de rêver d’Europe, il faut assurer l’essentiel : le maintien. Drogheda le fait en remportant les barrages face à Bray Wanderers (3-1), scellant une saison historique à plus d’un titre.
Pour cette saison 2025, Drogheda United a retrouvé un statut entièrement professionnel. Le club, porté par la dynamique née de son triomphe en Coupe, réalise un début de championnat remarquable. À l’heure où ces lignes sont écrites, les Drogs occupent la deuxième place de Premier Division, à six points des Shamrock Rovers. Le rêve d’un deuxième titre de champion, vingt ans après le premier, flotte dans l’air du comté de Louth. Le combat s’annonce rude, mais l’espoir est là. Drogheda n’a jamais été aussi vivant et aussi ambitieux. Attention toutefois à ne pas se rebrûler les ailes.

Super ballade au goût de saga, merci grand chef !
J’en finis à l’instant!, je ne connaissais pas du tout ce club (la ville, oui et pour les raisons exposées dans ta longue introduction)..et je me demande quel aura été, au final, le plus grand exploit d’un club irlandais en Coupes d’Europe?
J’ai envie de dire la première victoire à l’extérieur en coupe d’Europe pour un club irlandais. Dundalk qui va s’imposer à Zurich 1-2 en 1963, avec un goal d’Hasty, j’en parle dans l’article à son sujet. https://youtu.be/AgJUhK7pDZ0?feature=shared
(Ils ont aussi passé le tour 1 de C1 79-80 en s’imposant à la maison contre les Ecossais d’hibernians et tiendront même un nul contre les rangers au tour d’après. Ils seront pas ridicules non plus en phase de groupe d’Europa league en 2016)
Sinon il y a eu le nul du Milan AC à Athlone town en 1975 (0-0). https://youtu.be/_vXnVZC1J5Y?feature=shared
Faut voir la photo des joueurs Italiens qui sortent de leur bus dans un champ de boue.
Il y a eu aussi le nul de Cork City face au Bayern en 92 1-1. Quel goal, quelle frappe de Barry ! https://youtu.be/qMjsDNJAn2U?feature=shared
Et la défaite de Limerick 1-2 dans les derniers instants contre le Real en 81-82. https://youtu.be/tLoG9eTZSm4?feature=shared
Dans l’histoire récente sans aucun doute ce sont les Shamrock Rovers qui deviennent les premiers à disputer une phase éliminatoire de coupe d’Europe en conférence league cette année. Ils perdent en 1/16e face à Molde aux pénis en ayant été gagner l’aller la bas 0-1 ! (But du jeune Noonan, j’en parle dans la partie sur les rovers)
Aux pénos 😅*
Les voisins de Dundalk ont fait poules d’europa league en 2016. 4 points après deux matches contre Alkmaar et Maccabi Tel Aviv, moins de chance après. Rovers ont été les premiers par contre en 2011 après un gros match en barrage contre le Partizan, 0 points en poule ensuite dans un groupe avec Tottenham et Kazan.
La C4 est parfaite pour les clubs Irlandais qui peuvent plus facilement se qualifier et même être un tant soi peu compétitifs, comme Rovers cette année.
Merci Robinson ! Tu supportes un club en particulier en Irlande ?
Khiadiatoulin,
Pas vraiment non. Quand j’étais sur Cork il y’a une dizaine d’années, je les supportais (facile ils étaient au top à cette époque).
Maintenant sur Dublin je penche entre Bohs et Shelbourne. Pareil un peu bizarre vu qu’ils sont grand rivaux, mais mon premier appart ici il ya une vingtaine d’années était à vingt mètres de Tolka Park et ca reste le club le plus proche de chez moi actuellement. Pour Bohs, c’est plutot parce que c’est un club qui était déjà bien établi dans les 1890s et vu que le sport Irlandais au 19ème siècle est un peu mon dada, j’ai été amené à étudier un peu ses origines. Donc forcément un peu d’affinité. Bien sur en C4, je supporte Rovers, l’arch-rival de Bohs et Shelbourne. Ensuite, comment ne pas avoir de sympathie pour St Pat’s, un club de quartier qui mine de rien a eu Brian Kerr et maintenant Stephen Kenny comme coaches.
Voilà, mon coeur balance comme une girouette, mais c’est surtout d’avoir une ligue serrée qui est sympa. Et meme si je regarde d’un air détaché, on sent un vrai vent en poupe pour la LoI depuis une petite dizaine d’années. Et ca, c’est cool, surtout pour ceux qui ont vécu la mauvaise période de la fin des années 2000 (grosso modo entre Dublin City FC qui dépose le bilan en 2006 et Monaghan United en 2012). Stade et Mayo va peut etre etre amené à en parler, mais la LoI s’est vu un peu trop belle au début des 2000s, en plein pendant le Celtic Tiger, avec des clubs qui sont devenus professionels, avec des gros contrats et des ambitions. Mais ils n’avait pas les reins assez solides (ce que l’article souligne avec Drogheda) et le potentiel économique de la LoI reste très limité.
NB pour rebondir sur l’article. Je me souviens du match contre le Dynamo à Dalymount. Je rentrais du boulot et le bus que je prenais à l’époque passais par Phibsboro. Je connaissais pas grand chose au foot Irlandais à l’époque et avait du me renseigner ensuite pour savoir qui étaient ces fans avec un maillot claret and blue. Ce souvenir m’est bien resté en tete, aussi parce que c’est a ce moment que j’ai découvert qu’il y avait un stade qui accueillait le Dynamo Kiev a 500m de chez moi. Je l’avais jamais remarqué parce que l’entrée principale est coincée au bout d’une petite ruelle entre deux rangées de maisons. Ce meme stade qui a vu jouer Platini et accueilli jusqu’a 40,000 personnes dans sa splendeur. Voici le lien google map pour donner une idée, street view permet de voir ladite ruelle.
https://www.google.com/maps/@53.361219,-6.2751751,18z?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDUyOC4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D
Deuxième NB: gros boulot Stade et Mayo! Vivement la suite.
Il est marrant le parking de ce stade, on dirait presque un drive-in : tu te gares, sors les binouzes……..et tu peux regarder le match depuis le bord du terrain, pépère..
Merci Robinson pour tes précieux retour ! Si je peux y aller de mon club préféré j’avoue ne pas être insensible au St Patrick’s et … aux Boh’s pour l’histoire.
À la fin de cette série de 10 et avant d’aborder les clubs disparus où relégués dans les divisions inférieures je compte justement faire une article sur le renouveau de la LOI, j’y aborderai sans doute la crise des 2000.
Je ne connais pas bien le sport irlandais du 19e. J’imagine que c’est surtout les sport gaéliques ?! Tu es plutôt hurling ou foot gaélique ?
Le GAA n’a commencé ses activités (athlétisme surtout au départ mais aussi modernisation du hurling et création du Gaelic football) qu’en 1885. Ce que l’on voit au début du 19ème siecle, c’est le monde des sports traditionels tel qu’on le voit en Angleterre et – je suppose – en France aussi. Des jeux/sports avec des règles orales, pas d’organisation, et surtout un ancrage local. Le football (un terme générique) est important mais aussi des courses à pied, des combats (boxe, lutte, coqs et chiens) qui sont commun au reste de l’Europe. Deux sports – hurling et handball (une sorte de pelote basque sans chistera) sont aussi très populaires et plus typiquement Irlandais. Courses de chevaux et chasse à courre se developpent aussi rapidement parmi l’élite et adoptent des attributs du sport moderne: clubs, organisation nationale, règles unifiées. Quand ces évolutions atteignent les classes moyennes et populaires à partir du milieu du 19ème en Irlande, alors on voit le développement du cricket comme sport collectif principal dans les 1860s, ainsi que l’athlétisme et le rugby qui lui reste marqué classe moyenne. Le développement économique des 1870s et 80s permet aux classes populaires d’avoir le temps et les moyens de joindre des clubs de sport et l’on aperçoit alors le rapide développement du soccer à Belfast et Dublin. Parallèlement, la politicisation de la société permet la revitalisation du hurling – et la création d’un nouveau code de football – à travers le GAA (1884). Cette organisation devient rapidement la principale organisation sportive de l’île, épousant les affinités culturelles et politiques de la majorité de la population et le reste aujourd’hui.
Un match de hurling joué à haut niveau et âprement disputé est incroyable à voir. Le foot gaélique est bien moins spectaculaire mais à l’avantage de proposer des compétitions plus indécises.
J’ignorais que la GAA avait été créé si « tard ».
J’ignorais aussi totalement que le cricket avait été un jour populaire en Irlande ! J’aimerai avoir un jour l’occasion de voir un match de hurling, en général dans les films et documentaires sur l’Irlande début 20e on voit beaucoup les classes populaires en jouer comme si c’était vraiment le sport numéro 1 !
(digression touristique : c’est très bien, le Donegal!, ne pas hésiter)
Petite belgitude entre nous, les supporters des drogs sont amis avec ceux de Saint-trond ! Pas rare de voir des drapeaux trudonnaires dans le kop des Claret and blue, un des plus chaud d’Irlande.
pourquoi ça pousse pas… Enfoiré, tu m’as mis cette chanson dans la tête ! hehe
dès que j’entends plantation je l’ai en tête 🥲
C’est du côté du Comté de Sligo que l’Invincible armada perdra le plus gros de ses navires en 1588. Il y aurait des descendants de ces naufragés en Irlande.
Connaissais pas Ray Keogh
Très belle carrière en Irlande, il finira entraîneur joueur à succès avant un club de Leinster League , Tullamore town, avec lequel il gagnera une intermediate cup (coupe prestigieuse réservée aux divisions inférieures)
Tu parles du Cork de Best mais Seeler fera également une unique apparition sous ce maillot en 78. J’ignore comment…
Yes, j’en parlerai dans la partie sur Cork ! Toujours dans cette décennie 70 ou la ligue irlandaise attirait des stars quelques matchs pour gagner en visibilité et renflouer les caisses le temps de 2-3 matchs. Dans le cas de Seeler c’est via Adidas qu’il va se retrouver la , ce n’était censé être qu’un match d’exhibition mais adidas n’avait rien compris. Ce fût bien un match de championnat classique donc il fut crédité officiellement d’une apparition. Il marquera deux goals pour son unique match !
Merci encore l’ami pour ce cours magistral !