La Coupe Gambardella souffle ses 70 bougies cette année. Ce trophée prestigieux, ainsi nommé en l’honneur de l’ancien président de la Fédération, Emmanuel Gambardella, mort en 1953, est un patchwork d’épopées et de naufrages sans cesse renouvelés qui mériterait assurément l’intégralité d’un ouvrage ! A défaut de ce travail titanesque, nous vous proposons humblement quelques courtes vignettes, quelques bouts de chemins et d’espoirs qui font le sel de cette compétition. Ce sont les 30 glorieuses. 30 comme le nombre de clubs différents à l’avoir remportée. Bonne lecture !
Au nom de Bernard

Comme son grand rival stéphanois, l’OL a une histoire dense en Gambardella. Et ne pouvant en être autrement, elle débute lors de finales acharnées face aux Verts… En 1971, les Lyonnais ont encore en travers de la gorge la douloureuse défaite aux pénaltys de la saison précédente. Taquin, son attaquant vedette, Bernard Lacombe toise un Jacques Santini, qu’il côtoie quotidiennement au bataillon de Joinville, et lui balance : « Regarde bien la Coupe, parce que ce soir elle sera dans notre vestiaire ! » Michel Maillard et Lacombe se chargent de la basse besogne, OL-Saint-Etienne, un partout, balle au centre… Mais c’est véritablement sous la direction de Jean-Michel Aulas que la formation lyonnaise prend son envol. La décennie 1990 est brillante, l’OL survole l’édition 1994 grâce aux Giuly, Bardon et Fiorèse, avant de s’adjuger celle de 1997 aux dépens de Montpellier. La génération Bréchet-Malbranque offrant à la Capitale des Gaules son troisième trophée, à l’issue d’une séance homérique de tirs au but où son attaquant Cyrille Clavel aura officié dans la cage !
Devenus une référence continentale, les Lyonnais vont animer la compétition du siècle naissant. Le plus souvent par leur solidité et leur maîtrise, parfois par une nonchalance fautive frisant l’arrogance. Que les générations 2005 et 2006 n’aient pas été couronnées, alors qu’elles comprenaient des Benzema, Ben Arfa, Rémy ou Mounier, relève du mystère. Surtout lorsqu’apparaît sur la feuille de stats, un 6-2 en faveur de Toulousains inconnus… La défaite en finale en 2015, face au Sochaux de Marcus Thuram, digérée, un Aulas radieux a le plaisir de voir ses Gones soulever la quatrième Gambardella en 2022 avant de se retirer. Le plus beau des cadeaux d’adieu pour son président et des marchepieds pour les Mamadou Sarr, Mohamed El Arouche et consorts…
En rouge et noir !

J’exilerai ma peur. J’irai plus haut que ces montagnes de douleur… J’ignore si Jeanne Mas a pensé au Stade Rennais en composant cette chanson mais s’il existe une compétition où les Bretons ne craignent personne, c’est bien la Gambardella. En 1973, l’équipe dirigée par Fredo Garel élimine en match aller-retour l’AS Monaco et s’attend à affronter Nîmes, un des cadors de son temps. La surprise est donc grande de voir s’imposer la modeste AS Brestoise et la Fédération, embarrassée par ce fest-noz improvisé, décide que la finale aura lieu à Quimper ! La région se passionne aussitôt pour ce duel et l’affluence est de 9 000 spectateurs, surpassant largement les prévisions les plus optimistes des organisateurs. Rennes domine les débats mais Brest égalise en fin de rencontre et il faut toute la maestria d’un Pierrick Hiard, lors de la séance de tirs au but, pour que les Rouge et Noir remportent le trophée. Parmi ses coéquipiers, quelques noms fameux, celui de Jean-Luc Arribart ou celui d’un membre d’une famille qui va marquer positivement le club, Christian Gourcuff.
30 ans plus tard, les Gourcuff sont à nouveau mis à l’honneur, sous les traits de Yohann. Le Stade Rennais plane littéralement sur l’édition 2003, étrillant au passage l’OL en demi-finale, avant d’en claquer quatre aux pauvres Strasbourgeois en finale. En y regardant de plus près, Landry Chauvin a certainement sous ses ordres l’effectif junior le plus complet de l’histoire du club (Gourcuff, Briand, Faty, Bourillon, N’Guéma ou Mvuemba). Cinq ans plus tard, si le groupe est moins clinquant, malgré la présence des M’Vila et Yacine Brahimi, le résultat en finale est identique. Bordeaux en prend trois dans le buffet, le gardien rennais Florent Petit n’aura pas encaissé un seul pion lors des phases éliminatoires… Récemment, le 24 mai 2025, Rennes s’est offert un quatrième titre, en autant de finales, beau pourcentage ! Un pourcentage flatteur à consolider en échange d’une trêve de douceur…
Un label

Étonnamment, le FC Nantes, longtemps considéré comme la locomotive de la formation à la française, n’a pas le palmarès le plus étoffé en Gambardella. Mais ne boudons pas notre plaisir, il y a largement de quoi alimenter cette rubrique ! En 1974, des Canaris offensifs remportent, en l’espace d’une semaine les challenges cadets et juniors, grâce à la patte d’un certain Jean-Claude Suaudeau. Les Tusseau, Pécout, Baronchelli, Sahnoun ou encore Van Straelen se défont, non sans mal, du Nancy d’Olivier Rouyer, avant de réitérer leur exploit l’année suivante face au Sochaux de Joël Bats et Bernard Genghini. 11 ans plus tard, l’affiche de la finale est sacrément alléchante. Nantes et ses deux futurs champions du Monde, Desailly et Deschamps face à Auxerre de Charbonnier et Basile Boli, redescendu de catégorie pour l’occasion, et en lever de rideau de la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe 1986 entre l’Atletico Madrid et le Dynamo Kiev, s’il vous plaît ! Si le score demeure vierge de toute réalisation, la séance de tirs au but est épique et c’est le troisième gardien de France 1998 qui s’en tire le mieux, s’offrant ainsi sa deuxième Gambardella personnelle.
En 1996, Raynald Denoueix peut se targuer d’avoir un effectif profond, lui permettant de franchir tous les obstacles. Landreau n’a toujours pas concédé un seul but en séries éliminatoires, Gilet et Piocelle annihilent les incursions adverses tandis que le gaucher Monterrubio distille les caviars qui feront sa renommée. Làs, ils sont pris au piège par le dispositif défensif mis en place par Mama Ouattara et ne trouvent pas la force de répondre au but montpelliérain de Bakayoko… Cette troisième Gambardella, espérée depuis 27 ans, ce sont les sbires de Serge Le Dizet qui vont l’obtenir. Cette génération 2002 n’a pas la classe de ses devancières et, mis à part Emerse Faé, peu auront une carrière aboutie mais elle a du cœur et une discipline collective qui coupe littéralement la chique des Niçois. Un an après le sacre des pros, tout semble sourire aux Nantais. Ce n’est plus le cas en 2009… L’équipe A vient de descendre pour la deuxième fois en trois saisons et les juniors, dirigés par Stéphane Moreau, n’ont pas de crack identifié. La position de finaliste de la Gambardella est inespérée mais l’avenir n’augure rien de bon…
Scapulaire de rien…

La victoire en Gambardella de Bordeaux, en 1976, ne déclenche visiblement pas les passions en Aquitaine. On retrouve aisément sur le net, la photo de son ultime adversaire, Viry-Châtillon, sa deuxième finale après celle de 1969, mais celle du vainqueur girondin demeure invisible… Les anecdotes sur l’épopée ne sont pas non plus légion. Si un Bernard Blanquart admet des lacunes systémiques en termes de formation à l’époque et se souvient avec douleur de la rudesse des pros à leurs encontres, René Galice ou Didier Couécou en tête, reconstituer le onze titulaire s’apparente à un parcours du combattant. Des noms piochés ça et là, grâce aux sources inestimables de Préservons Lescure !, les Michel Le Blayo, Jean-Marc Furlan, Alain Gilet ou Gilles Eyquem, mais guère plus… Étrange qu’un club attaché à sa tradition comme Bordeaux n’ait pas plus développé ce pan important de son histoire…
En 2008, l’équipe entraînée par le coach Philippe Lucas lui ressemble trait pour trait. Accrocheuse et travailleuse, elle surmonte les obstacles cannois et havrais et entre sur la pelouse du Stade de France avec de réelles ambitions. Elle feront rapidement pschitt… Submergés par les vagues rennaises, les Krychowiak, Obertan et Henri Saivet boivent la tasse d’une houle sans commune mesure avec celle rencontrée à Arcachon… Cinq ans plus tard, quelques heures avant que les pros ne battent Evian Thonon Gailard en finale de la Coupe, les crocs d’Enzo Crivelli et de Gaëtan Laborde s’aiguisent sur les flancs des Sedanais ! Une soirée à marquer d’une pierre blanche pour les Girondins, certainement la dernière, bien éloignée de leur marasme actuel…
Elle est à toi cette chanson…

N’ayons pas peur des mots, l’INF Vichy est à la formation, ce qu’est Gergovie à la gloire de la France, oui monsieur ! En 1972, l’Institut, impulsé par la Fédération, accueille sa première promotion (neuf jeunes ayant réussi les différentes sélections) dans un ensemble chapeauté par la main de fer de Pierre Pibarot, épaulé par Pierre Barlaguet, Joaquim Francisco Filho, Gérard Banide et Philippe Troussier. L’effet est immédiat, l’INF remporte par deux fois le championnat de National, les résultats en Gambardela sont excellents. En 1978, Vichy atteint sa première finale face au jeune PSG et domine sans coup férir les Lemoult et Franck Tanasi. Alain Couriol signe un doublé tandis que l’infatigable Alain Fiard touche pour la première fois un trophée qu’il gagnera par la suite en tant que coach.
L’INF n’attendra pas longtemps avant de vivre des émotions similaires. En 1980, c’est au tour des Pascal Olmeta, Albert Cartier, Philippe Thys ou Jean-Luc Le Magueresse d’obtenir le précieux trophée aux dépens de Metz. Si la promotion de Jean-Pierre Papin et Didier Tholot échoue dans sa quête, celle de Guillaume Warmuz s’octroie la finale 1988, sur un clean sheet du futur rempart de Bollaert. Une troisième Gambardella en forme de pot de départ. Déplacé dans le cadre moins spartiate de Clairefontaine quelques semaines plus tard, l’épicentre de la formation tricolore ne peut que se sentir redevable de l’expérience vichyste. Car comme le soulignait Pierre Pibarot, « l’INF ne cherche pas à briller, mais à construire quelque chose de solide. Les titres viennent en supplément. L’important étant de former des footballeurs complets sur les terrains et dans la vie. »
Le poids d’une ville

On le sait. Il n’est jamais facile pour un Marseillais de s’imposer au sein de l’OM. Pour un Samir Nasri, combien d’itinéraires anonymes, de rêves coincés dans l’antichambre… Il est pourtant une époque où le club fut porté à bout de bras par ses Minots, ces gamins ayant remporté la première Gambardella en 1979. Nés en Algérie, comme Marc Levy ou Marc Pascal, ou fils de la Canebière, tels Christian Caminiti, José Anigo ou Jean-Charles de Bono, une bande de flibustiers dépouillant sans vergogne des Lensois égarés sur la rive. Qui ne n’attendaient certainement pas à être si nombreux à prendre du galon mais aux grands maux, les grands remèdes… A la suite d’une saison 1980 épouvantable, l’OM descend, n’a plus de liquidités, les professionnels se font la malle un à un… C’est à ce moment précis que les héros de 1979 refont surface. Ils sont tous là, les Lopez, Caminiti, Anigo, Francini, De Bono, De Falco, Pascal, Lapinta et Castellani. Tous unis dans le même désir de sauver l’étendard de leur ville. La suite est connue, elle est un des piliers de la mythologie de ce club à part…
Après des décennies d’éclipse, Marseille revient en finale de Gambardella en 2017. Les apprentis de Olivier Jannuzzi s’extirpent avec difficulté des étapes nantaise et lensoise, le peuple phocéen se prend d’affection pour les Boubacar Kamara, Lucas Perrin ou Housseine Zakouani, croyant déceler l’éclosion des héritiers de 1979. Mauvaise intuition, le duel du soleil est remporté par Montpellier. Ce n’est que lors de la saison dernière que l’OM retrouvera enfin la lumière… Nancy s’incline lourdement 4-1, malgré les absences d’Enzo Sternal, Darryl Bakola et Yanis Sellami retenus pour l’Euro U17. Une victoire qui fit du bien à l’égo des fans marseillais, en manque criant d’idoles locales. A Keyliane Abdallah, Mathis Clément ou Gaël Lafont désormais de suivre ou non les traces de Samir. また合いましょう…
Vraiment sympa de remettre à l’honneur des joueurs oublies, dont certains que j’ai vu jouer au stade (comme Alain Ollier, excellent joueur de D2 par exemple).
Un mot sur Pierrick Hiard, bon gardien mais le fait qu’il ait une sélection prouve à quel point l’EdF était pauvre à ce poste au début des 80es avant l’avènement de Bats. Il était à peine plus grand qu’Ettori et n’avait absolument pas l’envergure d’un international. Je ne me souviens plus des circonstances mais il doit probablement sa sélection à ses perfs avec Bastia vainqueur de Coupe.
Hiard a gagné deux fois les Étoiles de France Football, récompensant la meilleure moyenne sur une saison. En 80 et 82 avec Bastia. Me souviens vaguement de lui en fin de carrière avec Rennes.
Je lui trouve des similitudes avec Teddy Richert plus récemment.
Ah Teddy, j’ai vu ses débuts au Tef. Champion de d2 avec nous. Une chouette carrière et une belle mentalité.
Z’ont de sacrées têtes de vainqueurs les gars de la photo à la une. Avec de tels guerriers, tu m’étonnes que le foot français se soit fait marcher dessus durant des décennies eh eh
Haha. C’est le club Alouette de Limoges en 1965.
Ah ouais, l’Alouette de Limoges, pas vraiment des rapaces eh eh
Malbranque était un joueur sympa. Technique. Pas un cador mais de l’activité et de la vivacité.
Et puis, comment ne pas citer mon préféré du sacré nantais en 2001, avec Carrière, Olivier Monterrubio. Le petit mec de Gaillac. Vraiment une belle patte gauche. Malheureusement, les deux seront de la descente en d2 du RC Lens en 2008.
Si je comprends bien, l’INF n’etait pas vraiment un club, et cependant autorisé à s’aligner en Gambardella..voire en??
Je ne comprends pas tres bien : un sport-etudes à caractere national, c’est ca? Ses joueurs passaient toute la saison à Vichy, y etaient « casernés »? Outre en Gambardella : ils etaient alignes dans quelle competition?
Ils jouaient également au niveau national, la 3eme division. L’INF a d’ailleurs 2 titres de National.
Déjà dit mais Baronchelli était un superbe joueur. Fait parti des belles redécouvertes offertes par Footballia.