Le Ballon mort

La cérémonie du 69e Ballon d’or se tiendra demain à Paris. Le théâtre du Châtelet accueillera le microcosme du football, un abrégé de ceux qui vivent de ce sport, joueurs et joueuses, entraineurs, dirigeants, agents, sous les regards pétillants d’une myriade de journalistes. Pinte2foot a évidemment reçu son accréditation pour cette grand-messe mais personne ne s’y rendra malgré les pique-assiettes et les piliers de bar qui pullulent au sein de la rédaction. Voici pourquoi.

En juin dernier, David Doucet, dans lepoint.fr, titrait « Pour sauver le football, supprimons le Ballon d’or ». Nous ne pouvons qu’adhérer à la percutante dialectique de l’auteur et souscrire à sa démonstration, notamment à ses arguments sur la NBA-isation du football et l’envahissante présence médiatique de ce trophée individuel. Mais nous ne le suivons pas quand il sous-entend que « le Ballon d’or, c’était mieux avant ». C’était différent mais certainement pas mieux. Faut-il rappeler que France Football, cette vieille entremetteuse, a réussi l’exploit de décerner son premier prix en 1956 à Stanley Matthews, 41 ans. Un geste chevaleresque récompensant la carrière d’un formidable ailier sans palmarès ? Que nenni, une putasserie destinée à flatter les Britishs qui avaient snobé la première édition de la Coupe des clubs champions européens au grand dam de L’Equipe – propriétaire de France Football – dont une poignée de journalistes fut à l’origine de l’épreuve.    

Nous pourrions cracher sur les palmarès, ricaner quant à l’impartialité des jurys d’autrefois, ironiser sur les règles d’éligibilité ayant laissé sur le carreau quelques-unes des icônes de ce jeu et nous dire que tout cela a été corrigé dans un souci de transparence et d’universalisme grâce à de judicieuses évolutions. Le Ballon d’or réunit désormais le monde entier autour de valeurs sportives communes, en témoignent de merveilleuses initiatives comme la création d’un Ballon d’or féminin, l’éclatante démonstration que les joueuses sont les égales des joueurs quand il s’agit de se mettre en quatre pour glaner une encombrante orfèvrerie d’apparat.

Nabilla logiquement invitée à la cérémonie des Ballons d’or.

Mais non, nous ne parvenons pas à nous enthousiasmer. Pas plus aujourd’hui qu’hier. Le Ballon d’or nous ennuie depuis toujours. Désormais, il pollue tout, assis sur des statistiques de plus en plus présentes et organisé comme un feuilleton médiatique dont l’aboutissement est une cérémonie malaisante pour les vainqueurs, les vaincus et les spectateurs.

La beauté des statistiques

« Les statistiques, c’est comme les minijupes : ça donne des idées, mais ça cache l’essentiel », prétendait-on autrefois avec un rire gras, quand le foot était un sport réservé aux hommes. Dieu merci, tout a changé : les femmes sont admises dans le sérail et les statistiques sont les marqueurs incontestables de la valeur d’un joueur ou d’une joueuse. Les statistiques et la data, soyons précis. Des entreprises spécialisées dénombrent, recensent, énumèrent et régurgitent des pourcentages, des probabilités, des agrégats à un public friand de chiffres et de records. Qui n’aimerait pas connaître, par exemple, le nom du joueur détenant le plus grand nombre de matchs joués en Ligue 1 contre une même équipe avec 100% de victoires sur les 70 dernières saisons[1] ? Personne, évidemment.

En accord avec son temps, la course au Ballon d’or se nourrit de ces statistiques, ne serait-ce que pour faciliter l’analyse comparative et in fine éclairer le vote des jurés, notamment ceux issus de pays à faible culture footballistique comme la Chine dont le représentant a jeté l’an passé son dévolu sur Rodrygo (l’a-t-il confondu avec Rodri ?). Sur le site lequipe.fr, les nominés sont présentés sous forme de profils. Par profil, il faut comprendre statistiques. Par exemple, pour Mbappé, outre quelques images fugaces de ses réalisations, on apprend qu’il s’agit de sa 8e nomination à seulement 26 ans et qu’il a joué 65 matchs la saison dernière pour 46 buts et 7 passes décisives. Hakimi ? 63 matchs, 13 buts, 15 passes décisives. Salah ? 57 matchs, 37 buts, 24 passes décisives etc… Vous aurez remarqué qu’il manque le nombre de followers Instagram, une information que les organisateurs feraient bien de prendre en considération à l’avenir pour renforcer la crédibilité de leur compétition.

Implacable, incontestable, une brillante démonstration statistique de la supériorité de Rodri sur Vinicius en 2024.

Foin des statistiques ! D’ailleurs, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise avec l’accomplissement de footballeurs dont la valeur ne se mesure pas en buts, comme le démontre la désignation de Rodri l’an passé et comme le sera peut-être le sacre d’un joueur du Paris Saint-Germain demain. Il faut remercier Luis Enrique et ce PSG d’avoir rappelé aux férus de nombres que le football est un sport collectif où la géométrie importe plus que l’arithmétique. L’an passé, en août 2024, la presse française raillait l’Asturien quand il s’était aventuré sur le terrain des mathématiques après le départ de Mbappé : « si quelqu’un marque 40 buts, on ne lui fermera certainement pas les portes, mais si je m’appuie sur mon expérience, il vaut mieux avoir quatre joueurs qui marquent 12 buts. Ça fera 48 buts et c’est mieux que 40 ». A la veille de la finale européenne de mai dernier, plus personne ne se gaussait et Sandrine Morel écrivait dans Le Monde que « l’homme a transformé le club parisien, passé d’une addition de stars internationales, cherchant souvent à briller individuellement, à une véritable équipe, soudée, où chacun travaille pour le collectif ». Récompenser un individu reviendrait à nier la réalité de ce PSG osmotique, où les qualités des uns et des autres s’interpénètrent jusqu’à fusionner afin de proposer un des shows les plus excitants vus ces dernières saisons. 

Ce n’est malheureusement pas l’avis des joueurs eux-mêmes. « Ous-mane, Ballon d’or, Ous-mane, Ballon d’or ». Le lobbying en faveur de Dembélé a débuté dès le sacre européen des Parisiens à l’initiative du capitaine Marquinhos. Puis le doute a surgi, insidieux : est-ce Ousmane qu’il faut récompenser ou Vitinha, vainqueur de l’UEFA Nations League avec le Portugal ? Et que dire de la saison de l’insatiable Achraf Hakimi ?  Voilà un grave dilemme car il faut redouter la dilution des votes au profit de Lamine Yamal ou Kylian Mbappé. « Rappelez-vous 2018 » énoncent les analystes de plateaux TV à la mémoire infaillible en laissant un blanc de quelques secondes qui ajoute à la dramatique de l’instant. Puis ils exposent savamment, « Luka Modrić a soufflé la victoire aux champions du monde Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Raphaël Varane faute d’unité derrière un candidat unique français, Didier Deschamps étant resté neutre ». Le mois dernier, Enrique a également refusé de se mouiller en s’abritant derrière son crédo selon lequel « gagner des trophées collectifs, c’est la première chose ». L’inquiétude point dans les rédactions, le doute ronge les esprits les plus optimistes. Ils remarquent d’ailleurs que lors des trois finales du PSG, Champions League, Coupe du monde des clubs et Supercoupe d’Europe, Ousmane n’a pas réussi à inscrire le moindre but. Des actions décisives, oui, mais pas de but sachant que la mettre au fond rapporte plus que faire une passe, ce qui n’a pas fini d’étonner les souteneurs de tout poil.

Pollutions diurne et nocturne

Le Ballon d’or est une série sans fin. A chaque saison succède une autre saison. Et comme dans les séries Netflix, les scénaristes vont crescendo dans la dramaturgie du récit, comme s’ils voulaient tester les limites des spectateurs. La saison 2025 du Ballon d’or a débuté dès la fin de l’année dernière avec les premières supputations des sphères médiatiques française et madrilène : avec son coup de blues et la révélation de son goût pour les escort-girls suédoises, Mbappé a-t-il déjà perdu le Ballon d’or ? Puis vint son triplé face à Manchester City en barrages de Champions League : Mbappé candidat au Ballon d’or ? Le Real Madrid éliminé par Arsenal : un coup dur pour Mbappé dans la course au Ballon d’or ? Puis le triomphe du PSG a réorienté les faveurs des journalistes français sur Dembélé avec le soutien du capitaine de l’Equipe de France, ce dernier se sachant hors-jeu cette année encore. Mais le mérite-t-il plus que Yamal ? La victoire de la Roja sur les Bleus en juin a-t-elle donné un avantage décisif au teenager barcelonais dont on ignore s’il apprécie les putes nordiques mais que l’on sait amateur de nains ? Et la Coupe du monde des clubs ? Et la Supercoupe d’Europe ? La fin du feuilleton s’achèvera dans le mois suivant la cérémonie, avec des dizaines d’interviews toutes plus exclusives les unes que les autres, l’analyse détaillée des votes de ces facétieux jurés de pays exotiques à l’origine de providentielles polémiques. Il sera alors temps d’ouvrir une nouvelle saison, attendue avec la même fébrilité que la suite de Only Murders in the Building sur Disney+.

Deux chroniqueurs de Pinte2foot débattent sur le plateau de L’Equipe du soir. A gauche, Khiadiatouline soutient avec mauvaise foi Yamal. A droite, Bobbyschanno, un peu fatigué, défend les chances de Dembélé.

En France, le quotidien sportif du matin, les fils d’information en continu et les émissions sur le football du type « café du commerce » exploitent le filon à longueur d’année. Que le Groupe Amaury, propriétaire de L’Equipe et France Football, parasite ses journaux ou ses talk-shows d’informations le plus souvent insignifiantes n’a rien d’étonnant puisque cela valorise sa créature. Mais cela va trop loin, c’est beaucoup trop intrusif. Regarder vers 23h30 les chroniqueurs de « L’Equipe du soir » se tripoter sur le Ballon d’or à chaque émission ou presque, c’est l’assurance d’une pollution nocturne encore moins noble que le péché d’Onan. Dans un article paru le 10 août dernier sur lequipe.fr, Hugo Delom traduisait le sentiment général en parlant d’« overdose d’articles sur le sujet » sans que cela ne change quoi que ce soit à la stratégie de ses employeurs.

Le phénomène s’étend malheureusement à tous les mass-médias et dans de nombreux pays puisque partout ou presque, le consommateur répond présent. A Barcelone, Mundo Deportivo, organe de propagande du Barça, ne cesse de clamer les mérites de Yamal. A Madrid, Marca soutient Mbappé après avoir fait la promotion par le passé de Vinicius, Benzema, Modrić, Ronaldo… En Egypte, sans trop y croire, la presse sportive martèle les mérites de Mohamed Salah qui pourrait être le premier joueur arabe africain à toucher le graal. Derrière ces stratégies de communication se cachent de multiples intérêts, y compris géopolitiques, n’ayant qu’un lointain rapport avec le football mais qui justifient d’occuper l’espace médiatique pour éviter que d’autres ne s’y engouffrent.

Mortelle cérémonie

« Si a 50 ans on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie » s’exclamait le publicitaire Jacques Séguéla en justifiant le goût pour le bling-bling de Nicolas Sarkozy. Nous n’affirmerons pas qu’un joueur de 35 ans n’ayant pas reçu le Ballon d’or a raté sa carrière, bien que pour certains des postulants la question se pose. Rappelons-nous la détresse de Franck Ribéry regardant Ronaldo soulever le Ballon d’or 2013. Peut-être la dégustation et la digestion d’une côte de bœuf recouverte de feuilles d’or, métaphore du Ballon d’or qu’il n’avait pu porter à sa bouche pour l’embrasser, l’avaient-elles aidé à évacuer le traumatisme ?

Rolex, Hublot ou Patek au poignet, les footballeurs ayant réussi leur vie se rendront solennellement au Théâtre du Châtelet où, on le leur a garanti, ils n’auront pas à se farcir Hamlet. Tous ceux qui comptent seront là. Sauf si Florentino Pérez, qui ne badine pas avec le Ballon d’or, n’a pas rapatrié tout le monde à Madrid après un coup de sang toujours regrettable à son âge. Grâce à un dispositif exceptionnel mobilisant les différents médias de L’Equipe, les téléspectateurs assisteront à l’apparition des invités sur le tapis rouge, plus élégants les uns que les autres dans leurs costumes sur mesure. Les joueuses seront au diapason, porteuses de robes de soirée sophistiquées révélant des mollets étonnamment graciles.

Le vainqueur du Trophée Kopa 2021.

La cérémonie débutera enfin et le calvaire avec. Tout sera empesé, rien ne sera spontané. Les affèteries de mise en scène créeront une atmosphère artificielle, les blagues ne fonctionneront pas, la plupart des présents ne les comprendront pas. Les hommages rivaliseront de lourdeur, les intervenants n’auront rien à dire, l’ennui s’installera insidieusement et les plans sur la salle confirmeront qu’il ne s’agit pas d’une impression de téléspectateur. Nous souhaiterons secrètement qu’un jardinier ou un magasinier cégétiste monte sur scène pour se plaindre de ses conditions de travail et trouble l’implacable ordonnancement de la soirée, mais cela n’arrive qu’aux César ou aux Molière ces choses-là. Il faudra encore bailler en attendant que soient décernés le Trophée Kopa pour les moins de 21 ans, le Prix Sócrates récompensant l’engagement social d’un footballeur, le Trophée Yachine pour les gardiens et le Trophée Gerd Müller pour les buteurs. Et enfin, pour ceux qui n’auront pas rendu les armes, tomberont les verdicts des Ballons d’or féminin et masculin. L’instant le plus cruel, le plus intéressant, durant lequel les caméras scruteront en gros plan les réactions des finalistes à l’énoncé du podium. Las, jusqu’en 2023, les impétrants connaissaient à l’avance le résultat et faisaient bonne figure. L’an passé, l’organisation avait souhaité conserver le suspense mais Vinicius était à Madrid sur ordre de Florentino. Dommage car nous l’aurions bien imaginé criant à l’injustice, s’embrouillant avec le maître de cérémonie et provoquant un scandale justifiant son expulsion manu militari de la salle.

Demain soir, ceux qui assisteront malgré tout à la retransmission n’ont désormais plus d’excuses : il s’agira encore une fois d’un sommet de balourdise. Qu’il est loin le temps où le protocole se limitait à la remise de ce funeste et déjà fort discutable prix sur une pelouse, juste avant une rencontre de football.


[1] Il s’agit de Florent Balmont contre l’AC Ajaccio avec 11 victoires.

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31 réflexions sur « Le Ballon mort »

  1. « Les statistiques, c’est comme les minijupes : ça donne des idées, mais ça cache l’essentiel »

    J’ai lu cette phrase avec la voix de notre illustre Jean-Marie Bigard, allez comprendre pourquoi.

    Concernant Yamal et les nains, s’il a besoin de conseils, le Crazy Gang de Wimbledon aura sûrement de bons conseils à lui fournir.

    Khadia… T’es dispo pour un verre ? J’aime ta chevelure blonde comme les blés 🥵

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  2. Perso, le Ballon d’or m’intéressait jusqu’en 2007 et celui de Kaka. Après… Les résultats incohérents ne datent pas d’aujourd’hui mais ce qui me dérange, au delà du choix d’une individualité dans un sport collectif, c’est le dédain vis à vis de certains pays. On aura, comme chaque année, les moqueries concernant les votes du Bouthan ou du Lesotho, alors qu’aujourd’hui un journaliste de ces pays connaît mieux les performances des stars qu’un electeur bulgare ou suédois dans les années 60. Forcément, il ne voyait que dalle.

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    1. Il faut aussi se rappeler de ce qu’est le Ballon d’or : une création journalistique en Europe occidentale dans les années 50.

      Le récit sportif isole des champions au sein d’un ensemble, pour magnifier leur geste. De la même manière que Homère isole des héros qui mènent des combats individuels au sein d’un ensemble collectif. C’est à ce prix que le lecteur ou le suiveur peut s’identifier. Et ce d’autant plus dans une société qui a érigé l’individu au rang de valeur primordiale. Bref, ce sera toujours plus efficace de distinguer un individu exceptionnel que tout un collectif. Ce sera plus marquant, plus identificatoire.

      Quant à penser que nous sommes mieux informés aujourd’hui grâce aux images, je ne suis pas sûr : elles sont autant trompeuses et partielles que les récits, les palmarès et les statistiques déjà disponibles à l’époque.

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      1. Tu crois ? Même si les récits actuels continuent à mettre en avant tel ou joueur selon la mode, un observateur a la possibilité de se faire sa propre opinion, en suivant l’intégralité d’une saison. A lui ou non d’être neutre.
        C’est d’ailleurs un des aspects qui rendent la critique plus facile. Qui pouvait critiquer les performances de Sivori en 61, mise à part ceux qui avaient la chance de le voir sur le terrain ? Et tu connais mon amour pour les récits, même édulcorés.
        Non, ce qui me gêne, c’est le discours paternaliste des « cadors du foot », qui dénigrent constamment les choix des pays à l’histoire plus modeste.

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      2. Suis pas sûr qu’on se fasse réellement notre propre opinion.
        Je te rejoins évidemment sur le mépris pour les prétendus sans-grade : insupportable.

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  3. Argumentaire très juste de notre imperator! Seul bémol, balancer les images de Khia et Bobby ce n’est pas très sympa!!!

    Alors si je rejoins Verano sur tous les points developpés, je rajouterais qu’il est cependant intéressant d’étudier les résultats du ballon d’or car il montre très bien comment se répartissent les forces , sportives et politiques, du foot européen voire mondiale.

    D’ailleurs cela me rappelle deux articles très intéressants publiés ici:

    https://www.pinte2foot.com/article/ballon-dor-barometre-du-niveau-des-pays
    https://www.pinte2foot.com/article/ballon-dor-limportant-cest-de-participer

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  4. Comme mon autre commentaire est en modération je rajoute juste que voir Dembele ballon d’or c’est vraiment pas fou.
    J’aurais bien aimé qu’ils le donnent à Hakimi, quitte à le donner à quelqu’un du PSG autant être innovant!

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  5. Le Ballon d’or est un des éléments centraux du charivari qui anime la galaxie foot… Je vous rejoins : une « pollution nocturne encore moins noble que le péché d’Onan ». Aussi, je ne suivrais pas la cérémonie de demain (Faudrait organiser une contre cérémonie pour décerner le BO à Florent Balmont ! Animée par JP Zadi ! ). Un cérémonial qui a récompensé qu’un seul Africain en 70 ans… De la même manière, les cérémonies du Goncourt, des Oscars, etc sont toutes critiquables à bien des égards.

    Mais naïvement, j’aime aussi l’idée d’une grande famille qui se réunit pour féliciter ses plus beaux membres. Chaque groupe a besoin de rituels pour exister. Ces dernières années le ballon d’or a aussi récompensé le foot avec les nominations de Benzé, de Modric et de Rodri. Et on peut se réjouir également de ce « PSG osmotique » qui sera mis en lumière demain… Bravo enfin pour le « Prix Sócrates ». Donc je suis un peu « en même temps » sur ce coup là 😉

    Avec l’avènement du duopole Messi / CR7 (le dernier ballon d’or post Messi / CR7 est Kaka) conjugué aux stats et aux réseaux, le public d’aujourd’hui est définitivement accro aux distinctions individuelles. Lors de la finale de LDC, mon neveu me parlait sans cesse de l’importance de ce match pour Dembouze…. . Moi « Regarde, c’est l’équipe, c’est ça le foot »…. Faut accepter d’être incompris.

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    1. [ Donc je suis un peu « en même temps » sur ce coup là ]
      Pareil.
      Au risque de passer pour un ballondorix, je ne trouve pas ce prix absolument inutile. Il représente l’avantage de marquer une époque, une saison, une équipe, toutes ces choses concentrées sur un nom, généralement un attaquant.
      Ça commence avec Stanley Mathews : il représente le foot d’après guerre et condense, à lui seul, l’imagerie de l’idole qui aura fait briller les yeux de millions de jeunes fans, qui ne le connaissaient probablement qu’à travers des articles de magazines, des posters, et des récapitulatifs radiophoniques.
      L’extraordinaire Di Stephano, le Reims de Kopa, la Hongrie de Puskas, des noms qui chantent :
      Masopust, Yachine, Eusebio, le Manchester des sixties (grosse histoire) mêlant Anglais, Écossais, Nord-Irlandais… la Hollande hippie-pip de Cruyff, la RFA qui gagne toujours à la fin (selon la formule du double lauréat Lineker), etc.
      Je suppose que cette magie opère pour chaque génération. C’est un biais efficace par lequel s’intéresser à l’histoire du foot, un prisme accessible simplement et qui résume chaque époque. Dans mon cas, j’ai trouvé ça utile de développer quand je m’y suis penché. Émergence des rockstars, des cheveux longs et des pattes d’ef, Guerre Froide, URSS, Mur de Berlin, Yougoslavie… arrêt Bosman et espace Shengen. Tout ça ! C’est plus que du foot. C’est éminemment politique.

      Alors, forcément ce n’est pas parfait. On sort une individualité d’un collectif, rétrogradé au rôle de figuration. À première vue. Et puis il y a des incohérences parfois. On n’est pas d’accord sur tel ou tel nom, on débat, on est parfois déçu ou circonspect. C’est le jeu, ce n’est pas si grave, ça en vaut la chandelle. Sammer 96 et Cannavaro 2006 rappellent certaines choses malgré tout. CR7 et Messi qui trustent 12 ou 13 BO (au bout d’un moment, trop c’est trop, on arrête de compter…), parfois au désavantage d’autres noms qui pouvaient apparaître (Blabla Buffon, Sneijder, Ribery, Lewandowski -à mon avis le plus désavantagé de tous), et l’histoire aurait été de rayonner davantage grâce à un partage équitable qui semblait être le mot d’ordre initial . Un peu dommage pour un mec comme Zidane d’en n’avoir qu’un seul, aussi, en comparaison… Un peu dommage de n’avoir décerné le prix qu’à des européens pendant 40 ans, ce qui n’empêche pas non plus que Pelé, Garrincha et Maradona soient des légendes par ailleurs… Décerner (ou ne pas décerner en 2020) idiotement, c’est aussi du grain à moudre pour les détracteurs. Tant pis. Et « en même temps », durant cette période hégémonique « cristiano-messiesque », Modric, Benzema et Rodri en gagne un chacun, mérité individuellement, et en forme d’arbre qui cache la forêt, c’est aussi toutes leurs équipes derrière eux qui sont récompensées, en filigrane.

      Le futur fan de foot de 2060, quand il va lire la liste, il va se dire « attends, c’est qui ce Lionel Messi, Wouah énorme !!! ».
      Bah oui. Waouh Lionel Messi, quoi. Énorme faut bien le dire. Quels extra-terrestres ils ont été avec Cristiano Ronaldo. Le Ballon d’Or est là pour rappeler à quel point, même si ça peut s’avérer écœurant pour les contemporains critiques.

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      1. C’est très juste ! le palmarès du BO donne aussi une photo + ou – fidèle de l’époque, c’est un indicateur parmi d’autres, et une porte d’entrée, oui…
        Gary n’a pas gagné le ballon d’or, même s’il aurait pu y prétendre en 86 (c’est Belanov qui profite de la saison folle de Kiev)
        Sammer 96. Ah ce bon vieux « baron rouge », je l’ai admiré celui là, en blanc et en jaune, quelle saison !

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      2. « Gary n’a pas gagné le ballon d’or, même s’il aurait pu y prétendre en 86 »

        Gary ? Lineker ??
        Ha mais oui, bon sang de bonsoir, j’ai confondu avec Kevin Keegan ! pff^^

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  6. Des tonalités mi-crepusculaires mi-fornicatoires qui vont bien avec le barnum que c’est devenu.

    D’autres l’ont dit : ça a toujours été une farce. Mais cette surenchere permanente de/pour baltringues.. C’est de la branlette.

    Prix Socrates? Lol.. Je porterais plainte, à la place de ses descendants….et de Khiadia aussi 😉

    Yamal et les nains? Je n’ai pas la reference!

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    1. Je vais d’autant plus préciser ce pourquoi l’existence de ce Prix Socrates me fait sourire, que j’apprécie les commentaires toujours bienveillants de Belodedici, vraiment l’un des derniers avec qui j’aie envie d’être d’un chouia désagréable!, bref et entre quat’zyeux, donc : hors de question, cher Belodedici, de laisser accroire que je te raille là-dessus (d’autant moins que je n’avais encore lu ton commentaire)!!!

      Et cependant : les indignations de l’UEFA (désormais co-organisatrice du barnum) sont à telle géométrie variable…………… L’actualité se suffit à elle-même : les doubles-standards de l’UEFA sont devenus tels, comme un roi mis à nu, qu’ils me rendent ce type de consécration pour de bon (c’était déjà le cas avant..) inaudible.

      De surcroît, je viens de jeter un oeil au palmarès (tout frais d’ailleurs, ça remonte à tout casser à 2022) : on est dans du « micro-« , rien qui puisse vraiment changer ainsi.. Il y a les petites rivières qui font les grands fleuves, certes, c’est estimable, super..mais je ne peux m’empêcher d’y voir quelque cinquième roue du carrosse supposée nous convaincre de l’auto-responsabilisation sociétale de l’UEFA………laquelle me semble surtout s’acheter ici ces éléments même de respectabilité et de conscience qu’elle reste toutefois absolument incapable d’afficher concernant la pire infâmie à ce jour épongée par ce siècle, bref..

      Et alors, surtout, j’ai un regret par rapport à ce prix : qu’il fût institué si tard…………et donc que la fondation Messi, à son pinacle médiatique (et parmi d’autres??), ne fût en mesure de le remporter………………car ce se serait avéré d’un collector, vu les polémiques qui suivirent, lol..

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      1. Aucun souci très cher, soyez un peu désagréable et n’hésitez pas à souligner ma candeur. Je serai toujours gagnant au final si vous faîtes évoluer mon point de vue. L’échange n’est jamais une confrontation.

        Par contre, si vous pouvez employer un langage contemporain cela faciliterait ma compréhension… 😉 Par exemple, je t’ai déjà vu écrire « impresario » (qui écrit encore ce genre mots en 2025 ?). Bref

        Le prix Socrates, j’avoue ne pas avoir creusé la question et je me doute que c’est une sorte de « RSE waching ». J’ai vu que Hermoso l’a eu. Ça c’est vraiment chouette et il y a beaucoup de travail à réaliser de ce côté-là.

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      2. Oui, j’aime bien ce qui est suranné. En tout cas plus que tout le bullshit / neologismes contemporains, qui consistent le plus souvent à designer la meme chose qu’avant quoique avec plus d’hypocrisie.

        Et sinon je craignais juste d’avoir été malgré moi desagreable, c’est peu dire que je n’escompte rien de positif de ce genre de structure ni barnum, une multinationale parmi d’autres et qui vend son produit, tous les managers globalisés sont du meme moule desormais, tiens : ils n’ont pas de prix specifique à l' »action » ecologique?? Genre saluer le club qui aura mis le plus de panneaux solaires? (..tout en veillant bien sûr à stimuler toujours plus la consommation du produit)

        Ca ne saurait tarder.

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  7. le ballon d’or, comme cela a été dit, a été et est toujours pour le football européen, c’est sa vocation historique. Son histoire, ses gagnants, son mode de vote, etc, c’était à l’image de l’euro-foot. Evidemment, il y a toujours eu des polémiques selon les années, mais ça se tenait, ça faisait sens. Mais ce qu’est devenu le ballon d’or depuis des années, depuis au moins deux décennies, n’a suivi que ce que le football est devenu. Tout a été réadapté – du mode de vote à la cérémonie – pour satisfaire la marchandisation de produits, non plus le sportif.

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  8. Grâce à Verano, j’ai su qu’il y avait la remise du Ballon d’Or hier et ce matin j’ai donc zieuté le vainqueur : Ousmane Dembélé.

    Son sacre me paraît assez logique, dans la mesure où il est le leader d’attaque de l’équipe qui a gagné le trophée le plus important de la saison.

    Le jeune ailier du Barça, peut-être plus talentueux, aura le temps d’en remporter d’autres. Dembélé, c’était peut-être sa dernière chance.

    Maintenant, c’est amusant parce qu’il devient ainsi absolument incontournable en équipe nationale alors qu’il n’est pas le leader de cette équipe : duel d’egos avec Mbappé, casse-tête pour Deschamps ?

    Habituellement, le Ballon d’Or est le leader en club et en équipe nationale, là ce n’est pas le cas. Qu’est-ce que ça va donner ? Le consensus et la cohabitation sont-ils possibles en équipe de France ?

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