Top 50 Racing Club de Lens (6/6)

Sixième partie : 5-1

Saison 1997-1998

5. Tony Vairelles Attaquant, 1995-1999 et janvier-juin 2003

Le chouchou de Bollaert. Extrêmement apprécié pour sa simplicité, sa gentillesse et sa disponibilité auprès des fans, Vairelles est certainement le joueur le plus aimé des 25 dernières années. Un mec simple, attaché au clan familial. Vairelles c’est le footballeur auquel les supporteurs aiment s’identifier, avenant et proche d’eux. Avant d’arborer sa coupe mulet légendaire dans le Nord, Vairelles débute à Nancy là où il est né. Il arrive à Lens auréolé d’un titre de meilleur joueur de D2. Sa première année à Lens est une réussite. Double buteur lors de son premier « derby du Nord » victorieux en début de saison, il donne un coup de fouet à l’attaque lensoise et s’avère être le joueur décisif dont le club a besoin. Lens finit cinquième et est européen.

Vairelles avec la Coupe de la Ligue

Ailier rapide et puissant, il multiplie les débordements sur son côté, fait admirer sa technique. Joueur généreux qui ne comptait pas ses efforts et n’oubliait pas ses replacements défensifs, physique – pas le genre à se laisser tomber facilement – et qui n’hésitait pas aller au contact ; l’attaquant aux longs cheveux blonds devient vite populaire à Lens et la coqueluche de Bollaert. Tonygoal est blessé en partie la saison suivante, malgré un bon début de saison, le club dégringole et doit lutter pour le maintien. Vairelles signera son retour par des très bonnes prestations pour maintenir Lens à flots dans la dernière partie du Championnat et assurer le maintien. Vairelles est un combatif et déstabilisateur des défenses usées par ses assauts, comme le souligne Daniel Leclercq dans son livre : « Il a un cœur gros comme ça. C’est agréable d’avoir un garçon qui ne calcule pas ses efforts, qui use, qui use, qui use et qui en fait profiter toute l’équipe. »

Son apothéose, il l’obtient la saison suivante. Pourtant sa première partie de saison n’est pas si excellente que ça, mais il explose tout sur la seconde partie. Inarrêtable dans la dernière ligne droite comme toute l’équipe, Tony emmène le Racing sur le toit de la France, au point que des voix s’élèvent pour qu’il aille en équipe de France. Même Raymond Kopa fait du lobbying pour lui en suggérant publiquement à Jacquet de le prendre. Il avait sa place dans les 22 champions du monde au vu de sa saison et de sa forme, mais aucun Lensois ne sera dans la liste. Bollaert scandera son nom lors de France-Paraguay, en le rêvant sauveur des Bleus chez lui à Lens. Vairelles sera appelé la saison suivante en sélection, mais les places sont chères. L’équipe vient d’être sacrée championne du monde, elle tourne très bien et ne laisse pas d’espace aux nouveaux venus. Il finira avec huit sélections et un but.

Sa dernière saison à Lens est marquée par la découverte de la Ligue des Champions. Vairelles se signale par un excellent match contre Arsenal et buteur pour arracher le nul. Au retour, après un match de haute volée de sa part et un magnifique combat sur le terrain où les équipes se sont rendu coup pour coup, il sera injustement expulsé après une simulation de Lee Dixon qui le privera du match décisif contre le Dynamo Kiev. Les clubs européens s’intéressent à lui durant la saison, mais il débarque finalement à Lyon – après que les supporteurs le convinrent de ne pas signer au PSG. Il s’en va sur une Coupe de la Ligue gagnée et comme une idole à Lens, avec une cote de sympathie phénoménale. La suite ne sera jamais aussi bonne, avec un retour à Lens anecdotique. Sa fin de carrière est erratique, avant de réapparaître ces dernières années dans les rubriques faits divers et justice.

4. Stanislas Dembicki « Stanis » Attaquant, 1936-1949

Stefan Dembicki dit « Stanis » est la première vedette de l’ère professionnelle et le premier joueur qui incarne le lien naissant entre le peuple de la mine et les joueurs du club. Il naît en 1913 en Allemagne dans une famille de migrants polonais installée dans la région minière de la Ruhr. Sa famille arrive en France au début des années 1920 comme nombre de ses compatriotes suite aux accords d’immigration franco-polonais. En 1926, il est embauché comme apprenti-mineur par la Compagnie des mines de Courrières, ville voisine de Lens. Il est recruté par le Racing en 1934 pour ses talents sportifs et immédiatement affecté à la « surface » comme électricien, métier beaucoup moins exigeant physiquement que ceux du « fond ». Comme plusieurs joueurs du RC Lens d’origine polonaise, il héritera rapidement d’un surnom francisé : ce sera Stanis.

Véritable machine à buts, Dembicki gagne rapidement les cœurs des supporteurs, et devient l’idole des mineurs. De plus, c’est un avant-centre robuste, combatif et puissant (« briseur de filet » car on rapporte que sa frappe surpuissante peut trouer les filets), il prolonge sur le terrain l’image de la mine (résistance physique, endurance, force) de par son physique et ses qualités athlétiques. Le joueur restera dans les livres d’histoire pour son record incroyable, celui d’avoir marqué 16 buts lors d’un même match contre le club nordiste d’Auby-Asturies en 16e de finale de la Coupe de France 1942-1943 (pour une victoire 32-0 de Lens). Stanis participera aux premiers succès de l’ère professionnelle du RCL dans les années 1930, avec le titre de champion de D2 en 1937 qui offre la première montée au plus haut échelon national.

Puis vint la guerre, sa carrière est interrompue. Stanis est fait prisonnier, puis libéré et revient à Lens pour remporter le championnat de la « zone Nord » en 1943 dont il finit meilleur buteur avec 43 pions (une compétition qui ne sera pas reconnue). Alors que Lens joue en D2, il est toujours là pour porter le club qui se hisse jusqu’en finale de la Coupe de France 1948, éliminant des clubs de D1 comme Saint-Étienne, Rennes, le Stade Français, puis Colmar (D2) en demi-finale. Stanis est toujours l’avant-centre de référence, entouré de ses vieux compères d’avant-guerre Siklo, Ourdouillié ou le robuste arrière hispano-marocain Elias Melul, mais aussi des nouvelles figures d’après-guerre comme le très solide Stanislas Golinski en défense, le gardien de but Georges Duffuler, ou Maryan Jędrzejczak dit « Marresch » au milieu de terrain (plus de 300 matchs avec Lens de 1946 à 1956) et Jean Mankowski. En finale, Lens est opposé au Lille OSC. Le rival nordiste s’impose 3 à 2 dans les dernières minutes, Stanis inscrira un doublé qui ne suffira pas.

En 1949, il mettra un terme à sa carrière avec un nouveau titre de champion de D2. Stanis fut l’homme d’un seul club. Officiellement, Dembicki n’est pas crédité du record de buts sous le maillot lensois, même si Stanis a marqué 182 buts en 244 matchs selon un décompte non officiel (d’aucuns avancent plus de 200 buts). Après sa carrière sportive, il continuera d’être un fidèle du RCL en vivant toujours au milieu des siens, puisqu’il tiendra un bar-tabac dans un coron, fréquenté par les supporteurs.

3. Daniel Leclercq Milieu, 1974-1983

A Lens, il y a eu deux Leclercq : le grand blond et le druide. Le joueur débute sa carrière à l’US Valenciennes-Anzin, lui qui est né à quelques encablures. Puis jeune espoir, il traverse le pays pour jouer à l’OM. Il est rapatrié par le RC Lens en 1974. Il s’impose tout de suite et sa chevelure blonde rayonne au milieu. Leclercq est à l’origine un milieu offensif talentueux, chef d’orchestre du jeu. Le « géant blond » a une très bonne conservation de balle, joueur simple qui distribue et varie le jeu avec sa patte gauche de qualité : longues transversales qui arrivent dans les pieds, ouvertures, jeu court, passes précises. Seule sa lenteur lui fait défaut, ce manque de vitesse qui l’empêchera de viser plus haut pour les observateurs de l’époque. Pourtant Leclercq sera sollicité par de grands clubs, dont le Valence CF entraîné par Di Stefano.

Finale de la Coupe de France 1975 contre les Verts

Leclercq est un pilier de l’équipe lensoise dont les moments marquants sont : finale de Coupe de France dès sa première saison au club ; la place de vice-champion de France 1977 après une saison époustouflante individuellement (il obtient l’étoile d’or France Football du meilleur joueur français devant Michel Platini) ; l’exploit en Coupe de l’UEFA contre la Lazio de Rome. Son entraîneur de l’époque, Sowinski, le fait reculer sur le terrain, du milieu à la défense, en libéro. Il excelle à ce poste, son jeu long sert les offensives lensoises et la presse le compare au Kaiser Beckenbauer. Daniel n’hésite pas à sortir de sa zone, à remonter le terrain balle au pied. Malgré la descente en D2, Leclercq reste fidèle. Il sera l’un des hommes forts de la remontée (12 buts en 29 matchs pour le libéro), en plus d’être un guide pour encadrer les jeunes de l’équipe.

De nouveau en D1, il continuera à réaliser des saisons pleines en défense centrale, avec une demi-finale de Coupe de France 1981 perdu contre Bastia. En 1982-1983, Lens réalise une très bonne saison et se hisse à la quatrième place, mais il a perdu sa place en cours de saison au profit d’une charnière Flak-Sénac et ne joue que la moitié des matchs. Ce sera sa dernière saison à Lens (332 matchs et 31 buts au total) et il retourne à Valenciennes, son club de cœur.

Juste après sa carrière, il tient le bistrot en face de Nungesser, et entraîne des clubs amateurs du coin. Il ne se doute pas qu’il aura également une belle carrière d’entraîneur, aussi bien à Valenciennes qu’à Lens, ses deux amours. Après diverses fonctions d’entraîneur des jeunes à l’équipe réserve, Leclercq devient adjoint de Roger Lemerre au cours de la saison 1996-1997 avec pour mission de maintenir le club. Objectif atteint, Lemerre rejoint Jacquet à la tête des Bleus et le Druide est nommé entraîneur principal. Sa carrière d’entraîneur sera à l’image du joueur, et surtout de l’homme qu’il est. Leclercq amène le RC Lens à son premier titre de champion de France après une saison merveilleuse, où Lens est sacrée avec la manière pratiquant un football offensif (co-meilleure attaque avec 55 buts dans une D1 défensive à l’époque).

C’est toute la philosophie de jeu du Druide qu’il tente d’appliquer, avec succès, à l’équipe de 1998 : pratiquer un football simple, rapide dans les transmissions, de la vitesse dans les phases d’exécution, généreux dans les efforts et de la combativité sur le terrain. Toujours aller de l’avant plutôt que de conserver un résultat, jouer avec panache. Une équipe résolument offensive qui s’appuie sur une défense solide et expérimentée. Mais c’est aussi un entraîneur exigeant et travailleur, pour lui et son groupe. Dans les vestiaires, il est respecté par tous les joueurs pour sa droiture, son autorité, intransigeant sur certains principes. C’est un personnage d’une grande humilité, parfois caractériel, sans frimes, loin des projecteurs, à la fois attachant et discret. Respecté par tous ses anciens joueurs, c’est une figure du football nordiste, et une partie du club Sang et Or qui s’est éteinte en 2019.

2. Maryan Wisniewski Attaquant, 1953-1963

Le prodige Sang et Or. Maryan Wisniewski est incontestablement le meilleur joueur qui a évolué au club en termes de talent pur. Au club durant 10 saisons, il a connu une ascension fulgurante : signature au RC Lens à 16 ans, début professionnel à 16 ans et demi, première sélection nationale à 18 ans (record de précocité d’après-guerre jusqu’à Eduardo Camavinga), titulaire chez les Bleus et troisième de la Coupe du monde en 1958… Wisniewski brûle les étapes de par son immense talent. Le natif de Calonne-Ricouart, une commune minière, rejoint l’US Auchel alors entraîné par Élie Fruchart. Ce gardien de but entraîneur-joueur, qui avait déjà repéré Jean Vincent avant lui, puis Robert Budzinski après, sera entraîneur du RC Lens quelques années plus tard retrouvant Maryan à l’occasion. Le très jeune Wisniewski joue sous une fausse licence à 11 ans (il en fallait 13 pour jouer avec l’équipe des Jeunes), puis à 15 ans il évolue déjà avec les seniors du club.

A 16 ans, il rejoint le RC Lens, le club qu’il supporte. Il a pour habitude de se rendre au stade Bollaert en vélo pour encourager l’équipe fanion du bassin minier. Issu d’une famille de mineurs, Wisniewski est très vite encensé pour son immense talent et ses prouesses techniques. Ailier droit, vif et rapide, excellent dribbleur, il enchaîne les débordements sur son aile et les passes décisives, tout en démontrant son sens du but. Après une première saison en pro, il devient déjà le leader technique et offensif de l’équipe : 14 buts en 26 matchs lors de sa deuxième saison (1954-1955), puis 13 buts en 33 matchs la suivante, et son meilleur total 17 buts en 33 matchs au cours de la saison 1956-1957. Trois saisons consécutives durant lesquelles le jeune Maryan éclabousse le football français de son talent. Le phénomène porte le club sur le podium trois fois consécutivement : troisième en 1955, deux fois vice-champion de France en 1956 et 1957.

Malgré une génération talentueuse, le RC Lens n’obtient aucun titre, le grand regret du club et de Maryan. Après une saison 1957-1958 bien en deçà des attentes, aussi bien individuellement que collectivement, Maryan s’envole pour la Suède afin de disputer la Coupe du monde. Wisniewski n’est encore qu’« un espoir » qui vient de remporter la Coupe Gambardella 1958 quelques jours plus tôt en redescendant de catégorie pour jouer la finale. Il est aussi encore officiellement en service militaire, lui le champion du monde militaire 1957 en Argentine, une compétition durant laquelle la France a écrasé la concurrence. Toutefois, la France aborde ce tournoi sans confiance, ni repères. Mais, elle réalise un festival offensif au mois de juin. Emmenée par Kopa, Fontaine, Vincent, Piantoni et donc Wisniewski, elle inscrit 23 buts en six matches.

Titularisé sur le côté droit, Wisniewski participe activement au festival offensif, il inscrit deux buts : d’abord lors du premier match contre le Paraguay, puis il ouvre le score juste avant la mi-temps en quart de finale contre l’Irlande du Nord. De plus, il délivre plusieurs passes décisives pour Fontaine, participant activement à son record inégalé de 13 buts dans une seule édition. Wisniewski, Kopa et Vincent, « les enfants du bassin minier » portent haut les couleurs de l’équipe de France. Malheureusement, ce trio n’aura jamais existé au RC Lens, cela aurait été une toute autre histoire… Le Stade de Reims lui de son côté en rêvait aussi, faisant tout pour faire venir Maryan. Mais Wisniewski a toujours refusé, lié et retenu par le club.

Maryan avec les Bleus

Il sera également sélectionné à l’Euro 1960, mais c’est un échec, avec plusieurs forfaits de joueurs majeurs comme Kopa. Au total il marquera 12 buts en 33 sélections avec le maillot de l’Équipe de France. Sous le maillot lensois, il devient le meilleur buteur officiel de l’histoire en première division avec 93 buts à égalité avec son camarade Oudjani. Au total, c’est 107 buts en 317 matchs. En 1963 après une mauvaise saison du club frôlant la relégation, Lens le vend – contre sa volonté – en Italie à la Sampdoria, pour renflouer les caisses. Wisniewski ne reviendra jamais à Bollaert en tant que joueur, ou pour une fonction au sein du club. Il aurait fait trop d’ombre aux autres, d’après certains. Il restera une idole à Bollaert, marquant les générations suivantes tant il fut un phénomène sur le terrain.

1. Eric Sikora Défenseur, 1985-2004

Quand on entend le nom de Sikora, on pense RC Lens forcément. Sikora, c’est fidélité et longévité au Racing Club de Lens. Il est né à Courrières dans le bassin minier, formé au club et ayant fait toute sa carrière sous un seul maillot, la tunique Sang et Or, record historique d’apparitions pour le club avec 587 matchs. Eric Sikora l’homme d’un seul club, qui a tout connu, les exploits et les titres des plus belles années du club. Cap’tain Sikora mérite tout naturellement la première place. Arrière latéral droit du onze lensois pendant près de 20 ans, Sikora débute en D1 sous les ordres de Marx après que Sowinski l’ait recommandé à son ami entraîneur du club, lui qui avait vu passer Eric chez les jeunes et en réserve. Durant ses premières saisons d’apprentissage du haut niveau, Sikora connaît l’Europe et s’impose dès sa deuxième saison pour ne plus quitter son côté droit pendant une quinzaine d’années.

Mais à la fin des années 1980, l’équipe décline, perd ses meilleurs joueurs et file droit en deuxième division. Le club veut remonter tout de suite, mais les résultats ne suivent pas sur le terrain. Sikora ne voulant pas s’éterniser en D2, Gervais Martel qui a repris le club en 1988 le convainc de rester. Le défenseur sera un homme de base de la reconstruction du club : retour en D1, stabilisation, et retour aux places européennes, en compagnie des valeurs sûres : son acolyte de toujours Wallemme, mais aussi Magnier, Warmuz, Déhu, Laigle, Adjovi-Boco, Arsène, etc. Lors de la saison 1996-1997 il se blesse à l’automne et met un terme à sa saison. L’équipe est frappée par les blessures, lutte pour le maintien. On connaît la suite. Sikora enchaîne trois saisons fantastiques : le titre de champion de France, la découverte de la Ligue des Champions et la victoire historique à Wembley, la victoire en Coupe de la Ligue, le parcours fantastique en Coupe de l’UEFA 1999-2000.

C’est simple, Lens a tout gagné avec Sikora. Siko est synonyme de régularité, apprécié pour son calme, son professionnalisme et son sérieux. Il est fort dans les duels, un bon pied droit (qualité de centre, quelques buts et passes décisives depuis ses coups francs tirés) et n’hésite pas à enchaîner les montées sur son flanc. Il ne loupe que très peu de matchs et se blesse rarement. Plutôt timide, il n’est pas le leader naturel, celui qui remet les choses en places, il laisse à son compère Wallemme d’endosser ce rôle, de recadrer les troupes. Cela n’empêche pas les entraîneurs successifs de s’appuyer sur son expérience, de sa symbolique d’homme du club et garant de ses valeurs. Pourtant à l’été 1998, il est tout près de signer à Liverpool où Houllier vient d’être nommé. Il est alors le meilleur arrière droit du football français, mais ne participera pas à la Coupe du monde 1998, difficile de se faire une place au dernier moment, Jacquet ayant déjà en tête son groupe.

Le déclin de Siko commence à partir de 2001-2002, mis en concurrence avec Ferdinand Coly notamment. Joël Muller n’en fait plus le titulaire du poste. Sikora et Lens perdent le titre à la dernière journée, après avoir occupé la place de leader pendant 28 journées. Ses derniers grands moments au club. Derrière, il ne joue quasiment plus durant ses deux dernières saisons, qui sont le chant du cygne de Siko, le « dernier des Mohicans » au club. Après une première fausse retraite à l’issue de la saison 2002-2003, il rempile un an de plus pour jouer son dernier match en février 2004. Le Cap’tain peut saluer le peuple lensois pour son dernier match à Bollaert, lui qui l’élira, sans surprise, meilleur joueur de l’histoire du club à l’occasion du centenaire en 2006. Légende absolue.

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22 réflexions sur « Top 50 Racing Club de Lens (6/6) »

  1. Splendide Top 5.
    La première fois qu’on m’a parlé de l’incroyable record de Stanis (ça remonte à tellement loin), je me suis demandé comment c’était possible.
    Daniel Leclercq est certainement le plus grand joueur lensois que j’ai vu en live. J’adorais son allure et ses passes de son pied gauche magique, d’une longueur invraisemblable qui attérissaient toujours dans les pieds de ses partenaires. Qu’il n’ait jamais été international est profondément injuste. Comme à d’autres on lui reprochait sa lenteur.
    Wisnieski, grand joueur, auquel Il a malheureusement manqué un palmarès pour devenir une star du même niveau que ses coéquipiers rémois de 58.
    Des tops de ce genre, on en redemande mais avec moins d’espace entre les dizaines.

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      1. Je suis content mais je n’ai pas rouspéter pour l’avoir. Pas trop le genre de la maison !

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  2. Splendide, le mot est bien choisi. On peut y ajouter quelques petits détails :

    Wisniewski a eu le malheur de vivre la traversée du désert des Bleus dans les années 60. Il a longtemps traîné une casserole « à la Ginola » : avoir fait une mauvaise remise en touche pendant le barrage France-Bulgarie (déjà !) en QCM 1962, laquelle a atterri droit dans les pieds bulgares et a déclenché l’action qui a mené au but de Yakimov (le seul du match) qui a scellé l’élimination des Bleus. Il a fallu un match éblouissant en 1963 contre l’Angleterre (5-2) au Parc en Coupe d’Europe des Nations pour laver l’affront – et encore, en partie seulement.

    Même au poste de libero, Daniel Leclercq se laissait un peu facilement prendre de vitesse. Contre Magdebourg en C3 au tour suivant la victoire sur la Lazio, il s’était ainsi fait piéger sur le deuxième but (score final 0-4) par un de ces attaquants est-allemands à la pointe de vitesse explosive (pas Sparwasser… peut-être Hoffmann ?) qui faisaient la force de l’équipe. Il n’avait pas eu d’autre choix que de placer un tacle par derrière qui avait valu penalty et lui aurait valu un rouge direct aujourd’hui.

    Il me semble que dans l’équipe d’Auby-Asturies atomisée par Stanis figurait un réfugié de la guerre d’Espagne atterri dans le Nord au gré des assignations préfectorales. Un certain Xixon.

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    1. Jolie référence, triple g. Il y a avait en effet pas mal de réfugiés espagnols dans le Nord de la France à l’époque ce qui me donne l’occasion de poster à nouveau un texte concernant un dénommé Arbiza.

      Hiver 1939-1940, la Guerre Civile est finie et l’état franquiste impose son joug sur l’Espagne, appuyant les premiers pas de son long règne sur un système répressif impitoyable que subit une population encore hébétée par le conflit. Pour accueillir les prisonniers du régime, les zones carcérales créées dès 1937 grâce à l’expertise des forces allemandes hébergent ce qu’on appelle pudiquement le Batallón de Trabajadores, ni plus ni moins que des condamnés aux travaux forcés dans des camps de concentration où les conditions de vie sont extrêmes quand les prisonniers ne sont pas purement et simplement exécutés. Près de Burgos, el Campo Miranda de Ebro « accueille » des combattants républicains et toute sorte d’indésirables, des criminels de droit commun, des homosexuels, des étrangers chassés par l’invasion nazie, Polonais, Tchèques et Autrichiens dans un premier temps. Parmi cette population hétéroclite se trouve un homme accusé de desertion. Son nom ? Marcial Arbiza Arruti.
      Oui, Arbiza fuit l’Espagne à l’été 1936, n’imaginant pas prendre part à un conflit qui le dépasse. C’est un jeune ingénieur basque profondément religieux, marié et père de famille, formé à l’Institut des Arts et Métiers de Bruxelles. Il évolue dans les équipes inférieures du Real Unión, le club d’Irún racheté récemment par le clan d’Unai Emery. Alors il franchit la frontière avec femme et enfants, direction le Nord de la France, Hautmont près de Maubeuge, ses forges et ses aciéries, immenses fonderies se nourrissant de main d’œuvre française, belge, polonaise, italienne et espagnole pour l’essentiel. Comme ses compatriotes Aguire et Nueva, Arbiza travaille à l’usine tout en jouant en troisième division avec l’AS Hautmont, petite équipe venant d’accéder au professionnalisme.
      Le club obtient sa promotion en seconde division et l’avant-centre basque y contribue largement à tel point qu’il dispute quelques matches de gala avec des sélections de la Ligue du Nord aux côtés de Julien Darui, Jean Snella, Siklo, Henri Hiltl, les stars de l’Olympique Lillois, du RC Lens, de Fives ou des clubs roubaisiens, le Racing et l’Excelsior d’un certain Helenio Herrera. L’Excelsior le recrute juste avant que n’éclate la guerre. Tant pis pour la 1ère division, il anticipe la débâcle et rentre au Pays-Basque où il espère poursuivre sa carrière de footballeur avec le Real Unión en Segunda. Il ne participe qu’à quelques rencontres avant son arrestation et son enfermement dans la sinistre enceinte de Miranda de Ebro.
      Des dirigeants du Deportivo Alavés apprennent sa situation et parviennent à l’extraire du camp de travail courant 1940, d’abord sous forme d’autorisations de sortie pour l’entraînement et les matches, puis définitivement. Alavés évolue en Tercera et grâce à Arbiza, qui se fait désormais appeler Arruti pour éviter que ne coure le bruit qu’un prisonnier de Miranda bénéficie d’un statut particulier, le club accède à l’échelon supérieur au printemps 1941. Buteur hors normes, il score 58 fois en 17 rencontres seulement.
      Avec de telles performances, Arruti se fait remarquer. Si Arbiza a dû renoncer à la D1 française, Arruti découvre la Liga avec le Real Madrid aux côtés du vieux Quincoces, venu lui aussi d’Alavés dix ans plus tôt. Son statut est encore flou, il n’est pas officiellement délivré par l’armée des accusations de désertion et certains adversaires du Real s’opposent en vain à sa participation aux matches de Liga. Il évolue deux saisons avec les Merengues, deux années jalonnées de sérieuses blessures, son corps affaibli par les mois d’emprisonnement supportant mal les chocs et les coups des défenseurs. Il y démontre malgré tout son immense talent de goleador, 17 réalisations en 19 matches.
      Sa fin de carrière a lieu chez lui, au Pays Basque, avec la Real Sociedad puis Irún, déclinant rapidement, usé prématurément au point de refuser une nouvelle offre de Roubaix en 1947. Marcial Arbiza Arruti retrouve alors l’anonymat, ni icône du franquisme, ni héros de la résistance, un homme comme tant d’autres en somme.

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    2. Cette histoire m’a fait me demander d’où venaient les Asturies dans le nom du club. Recherche faite, il n’y a pas de lien avec la guerre d’Espagne mais avec le quartier des Asturies, lequel doit son nom à l’importante usine de production de zinc qui l’a fait naître et à la « Compagnie royale des Asturies », une entreprise à capitaux espagnols qui a construit l’usine en 1853. Auby est une banlieue de Douai. On en apprend tous les jours à discuter foot sur p2f !

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      1. Les couleurs du Racing, elles, font reference a l’Espagne lorsque l’Artois etait sous occupation de la monarchie espagnole.

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  3. J’ai beaucoup aimé ce top dans son ensemble.
    Et maintenant qu’il est fini, je peux avouer un truc : en tant que supporter lyonnais je n’ai pas pu m’empêcher de sourire à chaque mention de la saison 2001-2002…

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    1. Ca me fait pas rire 🙂
      Avant le match, je le sentais pas du tout. La dynamique et la confiance etait cote lyonnais.. Lens a perdu trop de points sur les matchs precedent, un vieux 0-0 contre Troyes notamment nous avait couté cher.

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      1. Objectivement c’était la meilleure fin de saison de l’histoire du championnat. Jouer une finale après 33 journées, c’est génial en termes de suspense.

        Après c’est pas de bol pour Lens, mais effectivement vous aviez laissé filer le titre bien avant ce match. Et ce soir-là c’était écrit, les planètes étaient alignées pour l’OL.

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      2. L’equipe lyonnaise était objectivement meilleure. Laigle avait fêté son but, ce qui est agréable quand on regarde les simagrées actuelles. Entre les fans qui exigent le  » pseudo » respect des institutions et les joueurs qui calculent le moindre geste. Célébrations, se cacher la bouche…

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  4. Magnifique travail. Merci Ajde.
    Elle est tres belle l’affiche de la finale de la Coupe de Pologne 1948!

    Wisniewski restera le dernier français en Série A jusqu’à Platini!

    Et Siko premier, une évidence. Travailleur, combattant, exemplaire. On ne pouvait qu’aimer ce mec. Après, passer devant des Angloma ou par la suite Thuram, c’était compliqué.

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  5. Merci beaucoup Ajde, bel exercice au cours duquel on sent tout ton amour pour ce club et ta tendresse pour ceux qui l’ont fait.
    A propos de Wisniewski, on mentionne souvent son échec à la Sampdoria mais je pense qu’il faut le nuancer pour deux raisons.
    D’abord parce qu’il évolue au sein d’une équipe faiblarde. Les débuts de Wisniewski sont prometteurs (notamment contre Messine pour l’ouverture de la saison en Serie A 1963) mais la suite est sans grande saveur. Quasi systématiquement titularisé par l’ancienne idole autrichienne blucerchiata Ernst Ocwirk, il pèse peu sur le jeu et les résultats dans une équipe fragile où émerge le très jeune stoppeur Francesco Morini mais privé pour cause de retraite de l’oriundo Tito Cucchiaroni et du taulier Azeglio Vicini, futur sélectionneur de la Nazionale. La Samp se sauve à l’issue d’un barrage contre Modena auquel ne participe même pas Wisniewski, déjà décidé à revenir en France.
    La seconde raison est médicale : dans cette Samp des années 50 et 60, le dopage fait des ravages et dans les années suivant leur retraite, les maladies rares dont Charcot, emportent plusieurs joueurs de manière prématurée. En ne restant qu’une saison à Gênes, Maryan aura échappé aux pratiques médicamenteuses excessives de la Serie A des sixties (rappelons que Bologna est sacré en 1964 malgré une affaire de dopage touchant la moitié de l’équipe, que le Genoa dont Meroni fuient un contrôle antidopage, que l’Inter de HH n’est pas propre…).

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  6. Merci camarades.
    j espere que cela vous a plu.. et que ce n’etait pas trop barbant..
    Pas facile de faire un top, toujours un biais subjectif propre a chacun, mais c’etait plaisant a faire.. et enfin ce top a pu être publié quelque part !
    bravo à tous pour faire tourner ce site.

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  7. Pour l’Histoire.
    10 mars 1906, catastrophe de Courrieres. Plus grande catastrophe miniere de France et d’Europe, plus de 1.000 morts.
    Le RC Lens rend hommage chaque année (pour les 100 ans en 2006 il y a vait eu un hommage magnifique et emouvant de Bollaert).
    Et Siko est né a Courrieres.

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  8. Anecdote sur les supporters lensois:
    Une année j’étais parti voir Lens-psg ( époque Pascal Nouma au PSG pour situer ) et je me suis retrouvé seul en plein Lens , entouré de supporters lensois .. et ..ils m’ont invité à boire des verres avec eux dans un pub local
    J’avais trouvé ça extraordinaire

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  9. Je lis pourquoi..mais n’aurais jamais soupçonné que Sikora fût à ce point important??

    Leclercq, pas connu le joueur.. Oui, être lent devenait rédhibitoire, le jeu s’accélérait – inutile de dire par quels miracles.

    Sur la photo, devant ce cortège d’honneur tiré par un tracteur, où on le voit à l’étage (..de la mairie, j’imagine?) : à quoi pense Leclercq? Il n’est pas dans la joie, l’excès.. Ce n’est qu’un instantané dans une journée de fête mais, précisément : j’aime cet instantané et ce visage, il y a là une profondeur patente, qui dépasse la joie égotique, individuelle.

    J’avais trouvé regrettable, pour lui!, son passage en Belgique, au secours d’un club attachant mais devenu ingérable (..car le patron..), il méritait d’évidence autre chose, valait mieux que cela. Et né à Trith-Saint-Léger, donc.. Ca me rappelle des souvenirs, ça, bossé quelques années avec LME, un bazar pas possible…….. C’était compliqué! 🙂 Désormais, je penserai non plus à LME mais à Leclercq en passant par là, sur la route de votre façade atlantique.

    Autre chose que, certes on ne peut ignorer mais que je ne soupçonnais à ce point soutenu : la consanguinité Lens-mines……. C’est que, il y a de ces histoires parmi ces portraits, mazette.. Je reste marqué par le « rejet » de ce joueur trop esthète, qui ne rentrait pas dans les canons et valeurs prolos du club – voire escomptés par le public de ce club? Ca va loin!

    Et bref : tout lu et apprécié, appris énormément.. Que demande le peuple? Danke!

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