
« Un bon maçon
Ne rejette aucune pierre. »
(Proverbe néerlandais)
Le saviez-vous? Le dénommé Théo van Duivenbode, si méconnu soit-il hors des frontières néerlandaises, et en dépit du nombre absurdement modeste de ses sélections, y reste aujourd’hui encore tenu pour l’un des plus grands backs gauches de l’Histoire des Pays-Bas…
Barré à son poste de prédilection par meilleur ailier que lui (« Keizer était simplement plus fort que moi »), et bien qu’il dût évoluer à un poste qui n’était pas le sien, cet esthète hardi, doté d’un pied gauche erratiquement dévastateur, et reconnaissable entre mille par ses épaules voûtées et sa « course » sans rythme, serait même le troisième Ajacide le plus souvent titularisé de la seconde moitié des années 1960, derrière les incontournables Sjaak Swart et Bals.

En soi déjà remarquable, cet accomplissement gagnait pourtant à être apprécié à l’aune des amoncellements de stars opérés depuis l’arrivée de Michels en 1965, et même plus encore à considérer qu’avec son impérial concurrent de l’aile gauche, ou le bien nommé Klaas Nuninga, van Duivenbode serait malgré lui des ultimes représentants du style jusqu’alors dominant au sein de ce club longtemps frivole mais désormais ambitieux, où le goût historique d’un jeu porté sur la technicité, l’inspiration, le beau geste et le risque, cèderait bientôt aux plus froides équations du résultat, du physique, du système et de la soumission collective.
C’est donc depuis un poste qui n’était pas le sien, et malgré ce penchant coupable pour l’élégance et le ludisme (que Michels circonscrirait peu à peu, à mesure qu’il « apportait structure et discipline »), que van Duivenbode participa décisivement au gain de trois titres nationaux, d’une coupe des Pays-Bas, et même à l’accession d’Ajax à la première finale européenne de son Histoire, en 1969. Des accomplissements remarquables en somme, qu’eût d’ailleurs dû consacrer le choc face à l’AC Milan, programmé au soir du 28 mai sur la pelouse du Santiago Bernabeu. Et cependant cette finale, loin de l’inscrire dans l’éternité ajacide, et malgré la présomption de Michels ou le concours depuis plusieurs années du décisif mais sulfureux docteur Rolink en coulisses, serait irrésistiblement perdue sur le score sans appel de 4 buts à 1…

c’est jusqu’au printemps 1970 que Michels s’accrocha au pire au WM, et au mieux à un 4-2-4 dont la très relative transversalité ne tenait qu’aux mouvements dans la profondeur des Vasovic, Groot voire Cruyff. Cerveau défensif positionné derrière Hulshoff, et d’un profil jusqu’alors inconnu aux Pays-Bas, Vasovic était le relanceur et le patron de la première ligne. La seconde ligne, le plus souvent livrée à elle-même à la perte du cuir faute de soutien des ailes, consistait en un demi défensif (Muller ou Pronk) et en un relayeur chargé de porter le cuir vers l’avant (Groot ou Nuninga). En attaque, enfin, évoluaient quatre attaquants relativement libres : deux ailiers (Swart et Keizer) écartés de sorte d’étirer au maximum la défense adverse, un avant-centre (Cruyff puis Danielsson) et un second attaquant qui décrochait régulièrement (d’abord Groot voire Nuninga, puis Cruyff). Avec le temps, c’est-à-dire avec l’installation de Danielsson en pointe puis le repositionnement définitif du plus cérébral Groot comme médian : c’est toutefois Cruyff qui finirait par décrocher le plus. Et si la dynamique des mouvements de Keizer puis de Cruyff pouvait parfois donner l’illusion d’un 4-3-3, la structure exigée par Michels restait pourtant bel et bien, et en toutes circonstances, celle d’un 4-2-4 (la montée du moindre arrière, par exemple, était compensée non pas par coulissement d’un autre défenseur, mais par le décrochage d’un médian), où le ballon ne circulait pour l’essentiel que par long-ball ou au gré des combinaisons courtes d’entre Cruyff, Keizer et Swart.
Ce n’était pourtant pas faute que, la veille du match, et instruite sans doute par les doutes lancinants de son imprudent mari, la très classieuse Yvonne eût intimé à tous, dans les trop confiantes colonnes du Limburgsch Dagblad, de « veiller à ce qu’on puisse encore faire la fête mercredi soir ». Mais le mal, à dire vrai, avait été bien plus profond qu’à une vulgaire et assez caricaturale question de suffisance hollandaise :
« J’ai toujours été poli, mais je tiens quand même à apporter une précision », ajouterait d’ailleurs van Duivenbode quelques jours plus tard. « En finale, plusieurs joueurs n’étaient pas d’accord avec la tactique de Michels. Et j’étais l’un d’eux. Le scénario d’une rencontre, c’est une chose sur papier. Mais dans la pratique, il advient bien souvent que les événements ne se déroulent pas tout à fait comme on l’avait escompté. »
En l’occurrence, « le plan de Michels entendait que nous menions 1-0 en moins de dix minutes. Tout était prévu en ce sens, de sorte que les Italiens dussent abandonner leur style de jeu préféré, le catenaccio, et se résoudre à un style offensif qu’ils ne maîtrisaient pas. Mais ce que n’avait pas prévu Michels, c’est que nous puissions être menés 2-0 en moins de quarante minutes. » Et le problème est que Michels n’avait pas de plan B.
De toute façon peu enclin à se remettre en question, et pour tout dire arcbouté depuis sa nomination sur le leste WM qu’avait laissé Buckingham, voire sur un 4-2-4 dénué de pressing ou de piège du hors-jeu, que sclérosait si besoin son obsession du marquage individuel et de la ligne à quatre, c’est bien plutôt le prétendu déficit athlétique de son équipe que Michels tiendrait fallacieusement à épingler, de sorte de se dédouaner et du naufrage tactique subi à Madrid, et de l’embarrassante saison vierge qu’il venait de vivre aux Pays-Bas face au 4-3-3 de Ben Peeters.
Accommodante, la direction d’Ajax lui livrerait bientôt la tête de l’esthète Nuninga, puis même celle du trop frêle avant-centre Danielsson, pourtant combien précieux en demi face à Benfica… Un an plus tard, à l’été 1970 et toujours pas rassasié en dépit d’un doublé aussi miraculeux que suspicieux en compétitions domestiques (éliminé à la régulière en 1/8èmes de finale de la Coupe, le club avait été repêché de manière opaque par la Fédération) : il obtiendrait cette fois qu’Ajax se débarrasse enfin du fluet défenseur Ton Pronk et, surtout, de l’élégant et impérieux demi-défensif Bennie Muller.

Pour autant, et bien que ces frêles figures ne fussent de longue date plus vraiment en odeur de sainteté, ce n’est par le licenciement d’aucun d’entre eux que l’ancien professeur de gymnastique avait entrepris de reformater l’Ajax à son image : trois jours à peine après le désastre madrilène, et amorçant cette vague de déballages publics qui auraient raison de moitié de son équipe, ce furent en effet sur les prétendues carences physiques, et probablement plus encore sur la langue d’évidence trop pendue, de l’imprudent van Duivenbode que Rinus Michels avait tout d’abord tenu à s’acharner.
Certes, le laboratoire ajacide avait-il préparé son successeur…mais l’oukase de Michels était-il le bon? Quoique nanti d’à peine quatre sélections, van Duivenbode retrouvait déjà chaussure à son pied, le 6 juin 1969, et deviendrait bientôt le premier joueur d’Ajax à remporter une Coupe d’Europe – fût-ce sous les couleurs de l’ennemi honni de Feyenoord…
Aggiornamento
Beaucoup, à sa place, se seraient posé de questions. Mais Michels n’était pas homme à se formaliser de considérations sportives, qui se purgeait surtout d’une forte tête en se débarrassant de cet éphèbe doué mais assertif, animé en toutes circonstances d’une irrépressible correction (qui lui fut reprochée), et que l’esprit alerte porterait plus tard à de très hautes responsabilités. En somme, et au plus grand soulagement de Michels : avec le départ du très réflexif et scrupuleux van Duivenbode, c’est aussi toute forme d’esprit critique qui pour de bon déguerpissait, hors d’un vestiaire où ne subsistaient plus que de bons petits soldats ou yuppies prêts à tout pour de l’argent, et qu’à défaut de comprendre Michels pouvait enfin remodeler, en s’appuyant sur l’expertise jusqu’alors contrariée du Docteur Rolink pour les fortifier.

Au rythme des succès bientôt glanés, le sulfureux Rolink gagnerait d’ailleurs de pouvoir exiger, un jour, la tête aussi du trop humain physiologiste Salo Müller, puis même celle de l’entraîneur roumain Kovacs, tous deux coupables de faiblesse voire de pusillanimité. Mais en ce mois de juin 1969 : le ton n’était encore qu’au développement effréné de la cellule psychologique, à la liquidation des artistes (une exception : Keizer, proche pour quelques années encore de l’omnipotent Cruyff), aux déchaînements hormonaux et aux muscles pour de bon débridés…
En somme, sous la férule de son très martial « Général », Ajax s’ouvrait pour de bon à une nouvelle ère : technocratique, scientiste, autoritaire et invasive…mais en rien encore aboutie sur le plan du système ni de la tactique. A ce dernier détail près, en somme : Ajax s’ouvrait enfin au football moderne, structurellement dérivé de la gestion d’entreprise. Michels salivait, on allait voir ce qu’on allait voir…et, effectivement : l’on vit.

(à suivre…)

Franchement vous êtes top ; avoir spontanément pensé à remplacer le « …/4 » par un « …/5 », alors que je ne l’avais pas même sollicité (sinon donc de m’accorder finalement 5 parties – pas du luxe pour aborder la question du football total)…… : c’est sympa, merci!
Et cela fait donc aujourd’hui très exactement 33 ans que disparaissait ce géant du football mondial.
Vi. Prendre un petit coup de vieux de bon matin, ça fait plaisir.
Feu mon pere, pas particulierement emotionnel et impermeable comme moi à l’idolatrie, doit à l’officialisation de la mort de Happel l’un de ses rares commentaires footballistiques qui fussent etrangers au terrain, ca lui avait vraiment fait bizarre.. C’est peu dire que le passage (pourtant mitigé) de Happel par son Standard l’avait marqué, voire?? C’est que mon pere allait au stade dès la fin des 60’s, il n’a pas raté grand-chose de Happel, en a meme vu plus d’une fois les equipes live (Feyenoord, Bruges, Standard)..et son admiration, pourtant toujours comptée, etait palpable.
Trop jeune à l’epoque, il m’a fallu plus de temps pour comprendre pourquoi!
Bref : moi aussi, je me rappelle bien de l’annonce de la mort de Happel il y a 33 ans..
Me souviens (enfin, des bribes), que mon père nous avait emmenés voir quelques matchs du FC Tirol. L’équipe jouait parfois des matchs amicaux dans la région. Je sais qu’on a croisé Happel, parce que mon père me l’a dit et que mon frère s’en rappelle.
D’une nature superficielle, les tignasses de Pezzey et Gorosito ont davantage retenu mon attention.
Qui reconnaîtra ces joueurs, pénétrant sur la pelouse?
Le moins connu d’entre eux est, de tous, le seul auquel j’aie pour l’heure consacré un plein article en ces pages.
Je ne reconnais que Keizer, je ne connais rien au foot néerlandais eh eh. Doit y avoir Vasovic devant lui.
van Duivenbode..Vasovic, yep..Keizer, yep.. et, et..
Pour sûr, après eux il y a : Swart, Gerrie Mühren (que je trouve très surestimé, on en a fait des tonnes pour sa jongle à la con face au Real, mais en vrai, bof), Suurendonk et Hulshoff.
Au-delà : visages trop troubles pour moi.
Et c’est au gregario Suurendonk que je m’étais jadis intéressé : https://www.pinte2foot.com/article/voir-naples-et-puis-sourire
« Qui reconnaîtra ces joueurs, pénétrant sur la pelouse? »
Pas vu ta question à temps mais c’est pas difficile tant cette équipe est célèbre:
Bals (hors champs et caché mais on voit un bout de son maillot au début), Van Duivenbode, Vasovic, Keizer, Swart, Suurbier (plutôt que Mühren), Suurendonck, Hulshoff, Muller et Groot (flou). Me manque le 11e larron.
Oui, Muller : bien vu, ça ne peut être que lui! Et Groot c’est fort possible, hautement probable même.
Tu es sûr pour Suurbier? Il ressemble vraiment fort à l’aîné des Mühren, je trouve (auquel cas : saison 68-69). Ce visage en couteau?? Tu sais de quel match il s’agit? (je n’ai jamais su l’identifier)
Dans un 4-2-4, ça ferait Bals – van Duivenbode, Vasovic, Hulshoff, (Suurbier..voire Suurendonk??) – Muller, (Groot?…voire Mühren, voire??) – Keizer, (Suurendonk? Autre??), (Groot?), Swart
En attaque qu’est surtout probable que manque le 11ème, mais je ne vois personne qui ressemble de près ou de loin à Danielsson, Cruyff ou Nuninga.
Je ne saurais te dire de quel match il s’agit, et je suis à peu près certain que c’est Suurbier (la coiffure, le regard, les lèvres, le menton…) plutôt que G. Mühren.
Il manque en effet quelqu’un en attaque qu’on ne voit pas sur la photo, ça doit être Danielsson qui était l’avant-centre (Nuninga et Cruijff étants des attaquants plus reculés dans le 4-2-4. Etant donné que Groot est là, je suppose qu’à cette époque il jouait ce rôle aux côtés d’un avant-centre, s’il était bien aligné en attaque).
4-2-4:
Bals ©
Suurbier – Hulshoff – Vasovic – Van Duivenbode
Muller – Suurendonk
Swart – Danielsson ? – Groot – Keizer
On peut aussi intervertir Suurendonk et Groot vu que Michels avait la manie de le faire jouer n’importe où et que plus tard dans la saison Groot était au milieu (donc ça dépend de quand la photo a été prise).
Sinon tu trouves Pronk « fluet »? ^^
Je l’ai plutôt vu dans un style de bulldozer avec le physique qui allait bien (1m83-86 / 80 kg mini) 😀
Pronk? C’est Michels qui le déclara! Et il le disait déjà avant la finale de 69 en fait, cette défaite lui a vraiment servi de prétexte. Je vais essayer de te retrouver la phrase et la date exactes. Le fait qu’il voulait du muscle, des robocops. Depuis le début.
Danielsson en pointe est fort probable, avec Cruyff décrochant. Mais jusqu’à l’arrivée de Danielsson : c’était Cruyff en pointe et Groot ou Nuninga en deuxième attaquant.
Oui, la présence de Suurendonk dans ce 11 brouille les pistes vu qu’il pouvait jouer partout, compliqué.
Je penche pour la saison 68-69. Si c’est avant cela : je m’incline pour Suurbier, car alors Mühren n’était pas là 🙂
De mémoire Mühren joue très peu en 68-69, les probabilités parlent pour toi. Perso, croyant le reconnaître : je misais sur Suurendonk back droit (il était le premier suppléant de Suurbier), Mühren avec Muller au milieu et Groot en second attaquant.
Mais Groot ne joue déjà quasi plus jamais devant en 68-69.. ==> Coiffure mise de côté, les probabilités inclinent davantage en ton sens.
Voilà, Pronk en fait il y a deux épisodes :
Il le trouva trop léger dès la saison 67-68 (officiellement un « manque d’impact physique »), année à laquelle il installe de plus en plus le plus robuste Hulshoff dans l’axe défensif. Il y a même une période de disgrâce manifeste mais, heureusement pour lui et assez vite, c’est très vite son milieu que Michels décide également de muscler!
D’ailleurs Hulshoff lui-même, qui était fort bavard, résuma comme suit l’affaire, l’évolution du logiciel ajacide : il fallait être « plus dur, méchant, tacler si nécessaire »
Donc il ressort Pronk (qui avait du bagage technique, et était reconnu pour son intelligence tactique) de son placard pour prendre la place de Bennie Muller (qui depuis plusieurs années était çà et là en conflit avec la direction, autant dire que ce fut un jeu d’enfant de l’éjecter). L’idée était que la ligne médiane deviendrait plus robuste et « défensive » avec Pronk qu’avec Muller – ce qui se défend tout-à-fait, car l’autre élément du binôme était l’ancien attaquant et trentenaire Groot, qui de surcroit devait relayer entre la défense et l’attaque..et concernant Muller c’était un joueur doué mais aspiré vers l’avant, peu voire du tout discipliné, typique de l’ancien logos ajacide.. ==> A décharge de Michels, en faisant fi de ses positions tactiques, il était effectivement douteux qu’il aurait pu gagner grand-chose en Europe avec un duo médian Muller-Groot.
Mais après la finale face à Milan, c’est aussi le cas de Pronkk qui est désormais bon. Et c’est alors le marathonien fou Nico Rijnders (dont on va évidemment reparler) qui reprend son rôle, dans ce qui deviendra pour de bon un 4-3-3. Et on entre avec lui dans une intensité physique qui commence à tenir du grand-guignol.
Concernant Pronkk, Nuninga et van Duivenbode, toujours officiellement : c’est le manque de jeu dur, d’agressivité et de répondant physique que Michels blâma. Il voulait plus de physique, de méchanceté (le mot n’est pas de moi) et d’intensité.
Concernant van Duivenbode toutefois, et qui fut aggravant dans son cas : issu d’un milieu modeste mais tête très bien faite, bien sur les épaules et tempérament qui ne s’en laissait pas compter. Il fut dirigeant d’Ajax mais, avant/concomitamment de cela, il fit aussi voire surtout une brillante carrière dans le secteur des assurances, individu supérieurement intelligent dans le vestiaire ajacide. Et d’une correction irréprochable. Un empêcheur de tourner en rond, et puisque Michels ne voulait pas qu’on lui tienne tête.. (une exception car pas le choix : Cruyff, car il fallait composer avec tout ce qui gravitait autour) ==> Son compte fut bon.
Merci pour ces précisions détaillées.
Je ne saurais dire si Michels fait preuve de mauvaise foi intellectuelle en avançant ces arguments ou si c’était avéré. Impossible de s’en faire une idée au vu du manque de matériau disponible (les matchs).
Me basant seulement sur la finale face à Milan, j’avais trouvé Pronk présent dans son rôle de sentinelle « physique » dans un milieu à 2 où il ne fallait pas compter sur Groot pour les tâches défensives et où la faillite était plutôt d’ordre tactique (et par conséquent relevant de la responsabilité de Michels).
En extrapolant, c’est sûr que Pronk ne semblait pas être une petite p*** dans l’attitude tel qu’un Neeskens et/ou un marathonien à la Rijnders (ne pas oublier qu’il était un défenseur central plutôt qu’un milieu).
Donc si c’était la nouvelle philosophie à adopter, des mecs comme lui ou Van Duivenbode n’allaient clairement pas faire l’affaire.
Globalement, l’Ajax 70-73 est imbuvable en terme d’attitude, avec en chefs de file les Neeskens, Cruijff, Suurbier, Krol…
Il n’y avait pas que le fait d’être chargés comme des mules, sans doute que les deux vont de pair 😀
Eh là!
Je n’avais pas vu ta réponse, Dip.
Je te donne raison sur tout : Pronk était évidemment un beau bébé pour l’époque, mais pas encore assez et, surtout, doté de trop peu de vice et d’agressivité pour Michels, qui le jugeait trop délicat dans l’attitude et dans le jeu.. ==> Le concernant, c’est explicitement cela que Michels avait dans le collimateur.
van Duivendode, c’est cela aussi.. + un trop-plein d’initiatives (ailier gauche de formation, VDB était naturellement porté vers l’avant, avait du mal à le réprimer……… or Michels ne voulait pas de cela!!!!, j’insiste à l’attention de qui croirait encore ces fadaises selon lesquelles on doit à Michels les backs offensifs, etc. : il n’en voulait initialement pas, ou alors sacrément cornaqués!).. + sa sortie médiatique au lendemain de la défaite 4-1 au Bernabeu, qui en faisait un dangereux « trublion », subversif.. ==> Son compte était bon…………….et fit aussitôt le bonheur de Happel, pour trois fois rien (j’ai en tête un transfert d’environ 120.000 florins, ce qui même pour les Pays-Bas de l’époque était peanuts)
Muller : conflit contractuel constant, je t’aime moi non plus, naviguait entre demande d’augmentation ou qu’on consentît à son départ………..qui en somme soulagea le Président van Praag.
Ce que Michels avait à l’esprit quant à l’attitude opportune sur pelouse est très clair, il l’a toujours martelé. Je rappelle son évangile, qu’on ne cite curieusement jamais dans son entièreté :
« (le joueur d’Ajax) doit être capable de se transformer en une créature primitive. Un soldat du front ne peut pas se permettre d’agir comme une personne pensante normale. Il doit être capable d’abandonner sa personnalité et d’oublier qui il est et ce qu’il fait. Sinon, il deviendra un désastre. Le football de haut niveau, c’est comme la guerre. Quiconque reste trop propre est perdu.»
C’est en ce sens qu’il transforma Ajax, de club bohême porté sur la technique, le risque et la fantaisie, vers un logiciel que je trouve moi aussi pour le moins détestable, et surfait.
Mais les faiseurs d’opinion sont passés par là, la novlangue……………. ==> Son dogme de la brutalité est devenu.. »romantisme », on a fermé les yeux sur le dopage (léthal..), et in fine la masse (public-cible explicite : les natifs de 50-60, qui ensuite écriraient ad nauseam cette histoire) est tombée dans le panneau car ils portaient des cheveux longs…….. ==> On a les idoles qu’on mérite.
Au final, on va le voir : le cas van Duivenbode a évidemment fait..deux heureux, on peut parler de win-win.
Et il va sans dire qu’il n’avait pas le niveau de son remplaçant Kroll, mais..
Merci Alex, la désacralisation de Rinus est en marche eh eh.
Domination tactique de Rocco certes mais avec l’aide de Pierino Prati dont ce fut le jour de gloire. Rocco disait de lui qu’il ne savait pas jouer mais il savait marquer. Trop de blessures ont gâché la suite de sa carrière.
Domination tactique, et comment…… Michels etait un veau!
Avec lui, et de 67 à 70 : c’est aux memes maux la meme absence de remedes (on y vient), ce type etait un politicien et un gestionnaire, mais absolument pas un penseur du jeu.
Je connaissais Alan Ball, Andriy Bal mais pas l’incontournable Bals !
Barré par Pieters Graafland (dont on va reparler) puis van Beveren en équipe nationale, mais pour le reste l’une des grandes valeurs sûres à son poste pour le football NL des 60’s.
Jusqu’à son départ (remplacé par Heinz Stuy « Croquette » qui n’était pas plus fort que lui), et n’était la figure-culte de Swart : c’est le joueur le plus utilisé d’Ajax. Devant donc ce très estimable van Duivenbode qu’à peu près tout le monde a fini par oublier………….alors que, pendant une bonne grosse année : c’est peu dire que les dirigeants Ajax se mordirent les doigts de l’avoir laissé filer.
Je me trompe peut-être mais tu parles rarement d’Hulshoff. Il était moins actif en coulisses ?
Oh, j’y reviendrai en mars. Ce n’était pas un leader, par contre c’est à lui, en retombant il y a 20 ans sur une archive d’époque où il exprimait ses inquiétudes, que je dois d’avoir eu la puce à l’oreille quant au système institutionnel de dopage sévissant alors à l’Ajax – et qui fut l’élément-clé de ses succès.
D’ailleur, tu le placerais où dans la hiérarchie des centraux néerlandais ? Perso, j’aime bien. Grosse présence physique et bonne frappe. Je viens de voir qu’il ne joue que 2 ans en sélection et j’étais persuadé qu’il était présent en 74. Je tombe des nues.
Eh, y avait du beau monde.. Rijsbergen, Israel et Mansveld (super joueur!!!) dont je vais reparler, Strik que j’aime beaucoup…. Pas choquant.
Dans l’axe et à gauche c’etait la bouteille à encre et il y avait des equilibres vaille que vaille à respecter, de surcroit en composant avec l’influence mafieuse du clan Cruyff-Coster.
Ca m’amuse depuis longtemps de voir la mediasphere francaise (pas seulement..) s’enflammer surtout pour le « flanc » droit des NL 70’s, Suurbier-Neeskens-Rep, alors que c’etait pourtant et de loin ce qu’il y avait intrinsequement de moins bon….
Rijsbergen, il m’avait épaté en matant les rencontres. Très fort, oui.
J’avoue que Krol – van Hanegen – Rensenbrink…
J’ai vu des flancs gauche plus dégueulasse que ça !
Hanegem*
Un Breitner aurait pu s’immiscer là-dedans, mais sinon lui?? C’est à l’echelle mondiale des 70’s que je vois tres difficilement aussi bien, 3 monstres de leur temps.
Van Hanegem me parait plutot snobé en France, auquel cas : quelle erreur!!!!
A droite par contre : pas mauvais..mais rien non plus de tout le tralalas qu’on en a fait, ce n’est pas pour rien si Neeskens et Suurbier furent si zélés pour faire le sale job off-ground de Cruyff : leur carriere et leur posterité auraient été tout autres sans cela. Et sinon peut-etre Rep, faute de mieux : aucun n’aurait eu sa place en equipe de Belgique.
Blokhine-Rensenbrink (même si Oleg est plutôt lié à la seconde moitié de la decennie 70), ça se vaut, à part ça, je suis d’accord avec ton constat.
Breitner devant en tant que latéral, et peut-être même au milieu ?
Hulshoff devait être titulaire à la CM 74, il s’est blessé avant le tournoi (si ma mémoire est bonne, d’où le repositionnement de Haan en Libéro).
Contrairement à vous, Rijsbergen ne m’a jamais impressionné, moyen comme la quasi intégralité des centraux bataves que j’ai pu voir au fil des décennies.
Israel il était fini en 74.
Yep, Israel commence à avoir du mal à suivre en 74.
Hulshoff blessé pour 74? Tu me l’apprends (et tu peux enlever tes précautions : il semblerait bien que tu aies raison), j’ignorais totalement, merci!
Rijsbergen, à l’aune des problèmes chroniques, jadis, de ce pays à sortir des stoppeurs de classe mondiale : c’était pas si mal.
Perso, au marquage et pour l’époque : c’est Pleun Strik mon préféré……….mais encore un délicat, qui privilégiait l’anticipation, très propre sur lui…… ==> Allo, Michels?? Il était tout de même dans le noyau pour 74 je crois (la flemme de vérifier).
Je peux évidemment concevoir qu’il faille l’un ou l’autre grands gabarits voire intimidateurs dans une équipe, avec du répondant..mais dans le logiciel de Michels, il n’y en avait que pour ça, physique et brutalité.
Tu évoques Vic Buckingham, prédécesseur de Michels sur le banc de l’Ajax puis sur celui du Barça. On lit parfois qu’il a participé lui aussi à l’émergence du football total en lançant Cruyff, qu’il a posé les bases du jeu adopté plus tard par Michels à l’Ajax et au Barça. Que faut il en penser ? Je n’ai pas l’impression que Buckingham ait revendiqué quoi que ce soit en la matière, non ?
Au Barça, il empêche Di Stéfano de faire le doublé en 1971 avec Valence en gagnant la Copa mais il ne réalise pas de miracles. Et il n’a rien révolutionné même s’il a amélioré la préparation physique et adapté ses équipes à l’adversité. Michels ne fera pas mieux au cours de ses deux premières années au Barça et il ne gagnera la Liga qu’après la venue de Cruyff (en 6 saisons, 1 Liga et 1 Copa, c’est maigre).
Le travail m’appelle, en soirée.
Mais déjà dire que je n’ai pas souvenir non plus d’un Buckingham revendiquant ou affirmant quoi que ce soit de tel en la matière.
Michels au Barca? J’ai l’impression qu’on peut reprendre pour lui, dans les grandes lignes, ce que tu y prêtes d’apports limités à Buckingham ; à la rigueur la Masia, et encore.. Attention avec les NL, avec Ajax du moins : très forts pour vendre leur camelote, tisser des espèces de romans nationaux.. A les écouter, ils ont même inventé le piège du hors-jeu et Michels en était le digne héritier, le perpétuateur d’une longue tradition…………………..alors qu’il refusa que ses joueurs l’appliquent jusqu’en 1970, bref..
Michels à l’origine de la Masia ?
Il me semble que l’homme ayant posé les bases s’appelle Laureano Ruiz, un ancien du Racing Santander ayant la réputation de bien faire jouer ses équipes. Il vient au Barça au début des 70es s’occuper des jeunes et propose des exercices combinant technique et physique à une époque où le Barça essaye de produire des bestiaux pour rivaliser avec Allemands et Néerlandais. Je n’ai pas en tête que ce soit Michels qui l’ait fait venir ou qui ait orienté ses travaux, mais je peux me tromper.
Ruiz s’occupe de la Masia quand le centre est créé, à la fin de la décennie, après le départ de Michels.
Bon, la Masia, c’est formidable de nos jours mais avant les années 2000, personne ne s’extasie dessus. C’est un centre de formation comme un autre, non ?
Tu preches un convaincu, à dessein que j’exprimais de doutes 😉 Par contre je crois bien avoir toujours ignoré le nom de ce monsieur??, gracias.
Pour la doxa, attention : c’est Michels (il me semble meme que wiki notamment l’affirme??)..et parfois meme Cruyff, c’est fou 🙂
Garder à l’esprit le roman cruyffiste : rien avant, tout apres..
La premier produit vendeur de la Masia, c’est Guadiola, non ? A l’époque Cruyff évidemment.
Dans le très binaire 4-2-4 ajacide, qui avec le WM fit chez eux autorité jusqu’en 1970, Michels était ob-sé-dé par la persistance, en toutes circonstances, de sa ligne arrière à 4.
D’ailleurs, pour ce 4 arrière, le problème n’était pas tant de rappliquer en défense : cela, ils le faisaient très vite et plutôt bien (quoique compulsivement trop..bas..), nein.. Le problème, c’est qu’ils auraient pu s’épargner bien des sprints et tracas défensifs si le sieur Michels avait eu le feeling et la science nécessaires pour adopter et inculquer à ses joueurs le piège du hors-jeu (auquel il préféra donc renoncer)! Mais cette forme d’intelligence-là : il ne l’avait pas.
L’autre grand problème, bien sûr et je l’expose ici : c’est que l’équipe ne pratiquait/n’évoluait pas d’un bloc, avec ce 4 offensif qui restait aux avants-postes, un demi tout au plus qui s’essayait à faire l’effort nécessaire pour apporter un éventuel soutien mais surtout pour relayer………….et encore : du moins tant qu’il en trouvât l’énergie! Groot était un joueur formidable mais, à plus de 30 ans passés si j’ai bon souvenir, il avait bien du mérite!
J’ai pris ici des séquences d’un et d’un seul match car, de 1) il est fameux, les oreilles de Michels sifflèrent fameusement à l’époque! (mais il eut la malice de sauver sa peau en réorientant les griefs), et, de 2) de sorte qu’on ne puisse m’accuser de vues sélectives, d’avoir été picorer à gauche et à droite ce qu’il y avait de pire, pas du tout : sur les 5 premières années de Michels à Ajax, c’est assez absolu de retrouver son équipe à ce point coupée en deux à la perte du cuir!
En championnat des Pays-Bas, compétition fort concentrée/élitiste qui a rarement brillé par sa densité : ça passe…….mais laisser du temps et de l’espace à de vrais bons joueurs de football, éh..
Durant ces années-là, les individualités sont plutôt à Ajax qu’à Feyenoord, les investissements aussi (le seul gros transfert de la seconde moitié des 60’s, du côté de Feyenoord : c’est Rinus Israel, transfert-record même..mais sinon lui….) ; l’équilibre tactique, par contre : à Rotterdam!
Ben Peeters ne fit rien d’extraordinaire pour reprendre le dessus sur Ajax : 3 médians pour dominer le coeur du jeu, de l’esprit de corps………. ==> Ce fut suffisant pour dominer durablement les millionnaires ajacides..et c’était incontestablement pour la pomme de Michels.