Il était un stade, une fois (bonus)

Un Roi, trois régions, trois communautés institutionnelles, six gouvernements, dix provinces, 54 ministres et secrétaires d’Etat, 60 sénateurs, 300 fromages, 382 députés, 398 conseillers provinciaux, 541 jours sans gouvernement, 1 600 bières, 1 800 clubs de football, plus de 13 000 conseillers communaux, plus de 425 000 footballeurs officiellement référencés, 160 ans de football…

Et à raison de quelque 700 millions d’euros pour faire tourner chaque année cette démocratie boiteuse d’à peine 11 millions d’habitants, et de droits-tv annuels huit fois moindres qu’en France : évidemment bien peu dans les caisses des clubs ou de l’Etat pour subvenir aux structures stadiales du ci-devant Royaume de Belgique, conséquemment datées et d’autant singulièrement conservées dans leur jus (ou ce qu’il en reste), pour le plus grand bonheur des amateurs de football-vintage.

Tantôt bancal, anachronique, absurde, surréaliste… et quelques fois même tout simplement beau, aux antipodes des arènes post-modernes de la consommation : c’est ce paradis du groundhopping, car de la vétusté, de la résilience et du bricolage, que nous vous proposons cette fois de découvrir, du Nord au Sud et d’Ouest en Est. De Flandre en Wallonie et depuis la Mer du Nord jusqu’aux Ardennes belges.

Au menu aujourd’hui : des stades perdus pour le foot… mais pas forcément pour tout le monde.

1. Sidmar Post 4 Stadium

Que soit envisagé un séjour en Flandre, et certain réflexe pavlovien suggèrera sans doute, à l’étranger de passage, de ne guère sortir des clous dessinés par les canaux de Bruges, voire par les plus sémillants quoique inaccessibles diamants anversois…

Paysage typique de Gand, depuis le pont Saint-Michel.

Pour d’aucuns, mais déjà bien plus sporadiquement : les suffrages se porteront à la rigueur vers la pourtant dispensable côte belge. Tandis que vers Ypres, assurément : Canadiens et Australiens se persuaderont, quant à eux, que leurs peuples savent tout de la guerre en s’y frottant en rangs d’oignons aux boyaux de la mort, cratères et impalpables reliquats du gaz moutarde, y éprouvés par quelque arrière grand-oncle il y a désormais plus d’un siècle.

Pour sûr, aucun n’aura la riche idée d’un détour par Furnes, par Malines ou par Lierre. Mais plus regrettable encore, d’entre tous ces oiseaux de passage, et parmi les groundhoppers même, si souvent bien tuyautés : qui donc aurait la divine intuition d’un séjour prolongé à Gand, peut-être la plus belle, et raisonnablement la plus étonnante des destinations flamandes ?

Qui verra Gand et son célèbre Gravensteen, ou son bien moins connu Château de Gérard le Diable ? Qui verra l’extraordinaire Agneau mystique, pieusement conservé en sa cathédrale Saint-Bavon ? L’alignement formidable des tours du beffroi et de l’église Saint-Nicolas ? Les quais éternellement fleuris du Graslei et du Korenlei ? L’écluse fortifiée du Rabot ? Et qui goûtera ses merveilles culinaires, trop souvent réduites au Waterzooi ?

Ou encore, mais cette fois pour les matières qui nous concernent : qui connut jadis, car c’est aujourd’hui à l’imparfait qu’il revient d’en parler, l’enfer tubulaire dudit Sidmar Post 4 Stadium, du nom de ce stade légendaire sis en sa zone portuaire, jadis adossé aux collines de minerai, et que des années durant le groupe Arcelor daigna concéder parmi ses usines à l’émérite club local du FC Sint-Kruis-Winkel, désormais orphelin de ce stade qui faisait sa singularité ?

Prévisiblement sacrifié sur l’autel du développement du port maritime et de ses usines sidérurgiques, comme jadis celles-ci digérèrent à Liège ledit stade international du Pont d’Ougrée, avant d’être à leur tour démantelées au profit de sites dotés d’une façade maritime, ce stade d’un bleu cobalt se savait condamné ; ce n’était notoirement qu’une question de temps…mais pour une fois, dans ce pays épouvantablement et inutilement compliqué : l’on eût souhaité que décideurs politiques, puis démolisseurs et ferrailleurs, fussent moins encore que d’habitude efficaces. Et qu’ils prissent, comme de coutume, leur temps plus qu’il ne fût vraiment nécessaire.

Las : c’est tout le contraire qui se sera produit, et serait-ce là le privilège des multinationales du secteur privé ? En une poignée de jours, il ne restait déjà plus rien, du poétique bric-à-brac du Sidmar Post 4 Stadium

Arrachage des buts, à fins des fonderies voisines, dans l’enceinte désormais perdue du FC Sint-Kruis-Winkel.

Et voilà donc un site pour de bon perdu pour le football, un de plus. En l’espèce provisoirement gagné à l’industrie – du moins jusqu’à la prochaine lubie stratégique dont accoucheront l’une ou l’autre sauteries, à Bruxelles ou à Davos.

Perspectives de survie : 0/5, donc. En ne désespérant cependant pas que joueurs et dirigeants du FC Sint-Kruis-Winkel, relogés non loin en une enceinte désormais des plus fonctionnelles mais aussi des plus banales, auront pensé à emporter ces curieux lettrages qui, au port de Gand-Zelzate, crénelèrent longuement l’une de leurs tribunes, au plus vif amusement des touristes stadiaux accourus pour elles des quatre coins du monde.

2. Le Vivier d’Oie

Ce stade au nom étrange ne dira probablement rien à quiconque. Et il est vrai que c’est à peine encore si les Belges ont gardé conscience, dans le très select et secret quartier dit « du Prince d’Orange », aux portes de la forêt de Soignes et à un jet de pierre d’un ancien palais de Mobutu, de cette petite tribune aux ravissantes rambardes de bois – tout à la fois dernier relief et principal constituant du stade de football d’autrefois… Et cependant : quelle tribune ! Et quelle Histoire !

Dissimulée désormais par la végétation, sur la droite…et cependant toujours bel et bien là : à l’emplacement suggéré sur la photo plus haut, aisément distinguable juste avant les courts de tennis, à mi-distance et trahie par son élégant fronton blanc (depuis lors disparu).

C’est que, plus d’un siècle avant d’être enfin classée à l’inventaire du patrimoine bruxellois, et de l’être sans doute un jour sur les listes non moins du patrimoine belge voire de l’humanité, cette élégante tribune de 1 000 places avait-elle été la toute première du continent qui fût construite en béton – une architecture audacieuse et fondatrice pour l’époque, mais qui aura subi les inévitables assauts du temps. Si bien que cette structure émérite, si elle tient certes encore vaillamment debout, d’être désormais et par précaution interdite d’accès au public.

Cette incontestable doyenne du béton, il est vrai, est vieille désormais de plus de 120 ans – ce qui, tous types de tribunes confondus, en fait d’ailleurs probablement la détentrice du record absolu sur le continent. Elle qui, dès le 1er mai 1904, accueillerait par ailleurs ce que d’aucuns tiennent brin hâtivement pour première rencontre internationale de l’Histoire de la FIFA – en vérité, la première rencontre officielle qui opposât deux nations continentales : un certain Belgique-France, classique des classiques alors sur le continent, et conclu sur le score de 3 buts partout.

Prise depuis la tribune du Vivier d’Oie, à la remontée sur pelouse des onze joueurs belges, cette photo semble bel et bien être l’unique qui subsiste de cette rencontre fondatrice du 1er mai 1904.

Ce fut alors seulement, dans la foulée de cette rencontre décisive du destin des footballs européens puis mondiaux, que se tiendrait le 21 mai à Paris une réunion restée dans les mémoires comme le Congrès inaugural de la FIFA, impulsée par cette rencontre qui avait vu les délégués nationaux dépasser enfin le stade des échanges épistolaires, et que couronnerait quatre jours plus tard une rencontre de prestige remportée à Paris par l’Union Saint-Gilloise sur l’équipe nationale française.

Un an encore, et Belges et Français se retrouvaient enfin au Vivier d’Oie, pour une victoire sur le score de 7-0 pour la Belgique. Quatorze ans et quelques matchs de plus, et c’est encore à l’occasion d’un Belgique-France de derrière les fagots, que le Vivier d’Oie écrirait une dernière fois l’Histoire mondiale du jeu : en 1919 en effet, et alors que se multipliaient les boycotts d’après-guerre, lesquels menaçaient jusqu’à l’existence de la FIFA, ce stade et cette tribune abriteraient la première rencontre officielle de l’après 1914-1918, relançant d’autant la complexe et délicate ingénierie du football mondial naissant, et bientôt de ses premières compétitions.

Structure de béton, et rambardes en branches de bois grossier, peintes aujourd’hui encore aux couleurs du sépulcral Royal Racing Club de Bruxelles. C’est probablement depuis cet escalier, en tous points d’origine, que fut saisi le précédent cliché, illustratif de la rencontre historique du 1er mai 1904.

En définitive, ce sont sept matchs des Diables Rouges que ce stade certes unique, mais moins fondateur que catalyseur, aura de 1904 à 1919 abrités, depuis celui « par lequel tout commença », ainsi que tiendrait à l’affirmer France Football, à celui qui marquerait la renaissance du football des nations sur le Vieux Continent.

La tribune, au tout début du XXe siècle.

Puis, peu à peu, la pratique du ballon rond y passerait au second plan, progressivement reléguée par l’évolution du public, par le développement subséquent du tennis et du hockey sur gazon, et à mesure du déclin de la section football de son prestigieux club-hôte du Royal Racing Club de Bruxelles.

Pour de bon déclassé déjà au lendemain de la Première Guerre mondiale, ce club fondateur du championnat de Belgique, mais qu’évinçaient désormais en ses terres les succès des plus élitistes de ses sections sportives, chercherait alors un impossible rebond dans la démesure du stade voisin des Trois Tilleuls, qui permettait certes d’accueillir 40 000 spectateurs, mais qui ne ferait hélas le plein qu’à l’occasion de son inauguration, face au Grande Torino.

La belle tribune du Vivier d’Oie quant à elle, quoique initialement conçue pour les joutes de football et ce faisant préservée du spectaculaire développement des stades dévolus à ce sport premier, deviendrait à compter de 1948 l’antre exclusive des sections hockey et tennis du Racing. Classée depuis 2010, elle fêtera cette années ses 120 années d’existence, lesquelles l’ont tout au plus dépouillée de son fronton blanc, et en font l’ultime et superbe témoin des tribunes de football continentales du début du XXe siècle.

Perspectives de survie, en dépit de l’impérieuse rénovation qu’elle réclame : 5/5. Le site, pour rappel, est intégralement protégé.

3. Boitsfort

Ce chapitre lui aussi, dans la foulée de ceux déjà consacrés aux Trois Tilleuls et au Vivier d’Oie, épousera encore les pas nomades du prestigieux Royal Racing Club de Bruxelles, et de son plus humble homonyme du Royal Racing Club Boitsfortoise – car rappelez-vous…

Les Trois Tilleuls, à un kilomètre à peine de Boitsfort.

Le Racing Club de Bruxelles, d’abord : ce club co-fondateur de l’Union Belge et du Championnat de Belgique, dont il remporterait un titre sur deux durant ses treize premières saisons disputées, et vainqueur encore en 1912 de la première Coupe de Belgique de l’Histoire.

Soit ce club, donc, résident du susmentionné et fondamental Vivier d’Oie, depuis son ouverture en 1902 jusqu’en l’an 1948, qui pour son plus grand malheur migrerait bravachement vers les 40 000 places voisines des « Trois Tilleuls », quittées six ans plus tard pour le Stade du Heysel, avant de disparaître pour de bon en 1963, au terme d’un inextricable jeu de passe-passe impliquant deux autres clubs du grand Sud bruxellois, qui sous couvert de prétendue fusion le dissoudraient pour de bon…

Et puis, d’un destin plus coriace quoique plus modeste : le Royal Racing Club Boitsfortoise : club voisin au destin inverse, né d’une fusion survenue en septembre 1926 entre ledit Carloo Football Club de Uccle et l’Union Sportive Boitsfortoise, et résident depuis 1960 du susmentionné Stade des Trois Tilleuls, après qu’il y eut enfin répondu aux suppliques des autorités l’administrant, longuement et désespérément en quête d’un occupant quel qu’il fût, pourvu qu’il justifiât de sa présence l’investissement funeste consenti pour cet archaïque et mal né éléphant blanc.

A ce stade point encore trop complexe du récit, le lecteur attentif l’aura peut-être compris : le mégalomaniaque Stade des Trois Tilleuls, que gagnait déjà sa résolue végétalisation, resta donc absolument vierge de toute occupation depuis le départ du Racing Club de Bruxelles pour son catafalque du Heysel, en 1954, jusqu’en l’an 1960 qui verrait enfin s’y installer, et pour de bon, le Royal Racing Club Boitsfortoise.

Les installations au début du XXème siècle, sur le territoire de la commune de Uccle. Au premier plan : « la pelouse ».

C’est que, échaudé par le loyer initialement exigé pour les Trois Tilleuls, et par le funeste destin y-gagné par son illustre homonyme, c’est à un kilomètre à peine en direction du Sud-ouest que le plus prosaïque Racing Boitsfortoise conduirait d’abord ses pas, à savoir : vers des installations sportives moins onéreuses quoique plus prestigieuses encore et qui, à l’instar du Stade Mariën de l’Union Saint-Gilloise, pour rappel sis sur le territoire communal de Forest, porteraient non pas le nom de cette Uccle si cossue les abritant, mais bien plutôt celui, pour tout dire plus opportun, du village voisin de Boitsfort…

Et pour cause : c’est à deux pas de ladite gare « de Boitsfort », obsession commune aux plus ambitieux projets du Roi bâtisseur Léopold II, que cet… hippodrome avait été construit, à son initiative et de sorte d’offrir un divertissement supplémentaire à la bourgeoisie émergente de Bruxelles.

Le tunnel creusé sous la piste, menant depuis l’entrée de l’hippodrome jusqu’à ladite « pelouse ».

Comme il se doit pour tout projet royal, initié en 1875 sur le modèle de l’hippodrome d’Ostende, ses plans avaient été si rapidement approuvés que la construction de la grande tribune royale, réservée au beau linge de Bruxelles, prendrait fin dès l’été 1878. Quant à l’amateur de courses qui n’appartînt pas à ce fringuant entre-soi, il lui restait loisible d’assister aux courses depuis la vaste pelouse que ceignait la piste, à laquelle lui était possible d’accéder via un tunnel (toujours existant aujourd’hui), et qui un jour constituerait la planche de salut de ces superbes mais par trop élitistes installations.

Le succès serait tel, et à ce point immédiat, qu’une seconde tribune serait construite au tournant du siècle, ainsi qu’une place de pesée et une tour dévolue aux annonceurs. En 1920, enfin, un portail d’entrée monumental était également ajouté. L’attrait des courses se poursuivant dans l’entre-deux-guerres, de premiers travaux de rénovation seraient même entrepris pendant le second conflit mondial, qui débutèrent en 1942 pour n’être achevés que neuf ans plus tard.

Las : l’intérêt pour les courses de chevaux s’effondra si spectaculairement à compter de la Libération que, à l’instar de ce qui avait concomitamment cours au stade voisin des Trois Tilleuls, déserté alors par le Racing Club de Bruxelles, de nouvelles solutions durent être recherchées dès 1954 pour justifier l’occupation des lieux.

La deuxième tribune, achevée en 1900.

Et c’est donc à cette époque, tandis que les Coppens et Anoul prenaient le train les conduisant vers la Coupe du Monde en Suisse, que le Racing Club de Boitsfortoise décida d’évoluer pour quelque temps en ce stade, après avoir habilement joué de la cour aussi féroce que désespérée qu’avaient entreprise pour lui les dirigeants respectifs du second hippodrome, et du deuxième plus vaste stade du pays.

Nul ne sait vraiment combien de temps dura l’idylle, dont est douteux qu’elle dura pleinement de 1954 à 1960. Certes le passé garde-t-il trace, mais confusément, d’un implacable tarissement des courses, peu à peu supplantées par le jeu à 11, et ce au bénéfice tant du Racing Club de Boitsfortoise, que de l’un ou l’autre cercles plus officieux. Puis, ironie de l’Histoire : ledit Royal Racing Club de Boitsfortoise de fusionner à son tour, avant de déménager pour de bon au stade jadis dédaigné des Trois Tilleuls, où ne subsistait plus que la section d’athlétisme du club jadis omnisports du Racing Club de Bruxelles. Parallèlement, en 1987, était disputée à Boitsfort la dernière course de chevaux – plongeant l’hippodrome, désormais veuf de son club de football depuis plus de vingt ans, dans une périlleuse et croyait-on irrésolue désolation.

L’hippodrome de Boistfort : premier du genre à Bruxelles et lieu des ébats footballistiques du Royal Racing Club Boitsfortoise, au mitan des années 1950.

Fort heureusement, le site serait l’objet de superbes rénovations, initiées il y a 10 ans, et est désormais ouvert au public pour différents événements et spectacles, tandis que le Racing Club Boitsfortoise, a contrario, rejoignait à son tour le Racing Club de Bruxelles parmi les milliers de cercles et de lits faits et défaits, au gré de ces fusions et faillites si caractéristiques du combien bricoleur et résilient football belge.

La tribune principale, datée de 1878 et devant laquelle s’étend « la pelouse », théâtre des joutes jadis du Royal Racing Club Boitsfortoise.

Et ainsi donc, fusionné en juillet 1991 avec un faux « Racing Club Brussels », lui-même fruit de l’union deux ans plus tôt de ce club faussement reparu avec le SK Watermaal : le « Racing Club Boitsfortoise » deviendrait-il dont officiellement « Royal Racing Club de Boitsfort », puis même « RRC de Boitsfort » à compter de 2004 – date à laquelle serait entreprise, concomitamment, l’éternelle, nostalgique et impossible renaissance d’un dit « RRC de Bruxelles 1891 », comme en un témoignage de plus de ce deuil à jamais refusé au plus prestigieux phénix des hôtes de ces bois.

Perspectives de survie de ce stade, si fugace fût jadis son affectation aux choses du football (mais, après tant de recyclages : qui oserait encore jurer de ce que peut advenir du passé?), pour rappel désormais protégé : 5/5.

4. Le Berg van Termunt

L’arrière-pays bruxellois toujours, et aux confins encore de son vaste poumon vert de la forêt de Soignes. En cet endroit longtemps chéri des amoureux du football belge qui, par deux fois, suscita malgré lui qu’on le crût condamné, qu’à la pérennité duquel beaucoup n’osèrent plus même croire… et dont d’aucuns, assurément, ne voient désormais plus trop ce qui en faisait jadis l’impérieuse nécessité… Mais nous vous laisserons d’apprécier : nous sommes à Tervueren, à deux pas des extraordinaires mais décriées collections du Musée royal de l’Afrique centrale sans lequel, toutefois et à l’instar de tant de stades et de tribunes par le passé, bien peu des cultures aujourd’hui exposées eût survécu aux caprices du temps, de l’expansion économique, et du sacro-saint rouleau compresseur de la modernité.

Le Musée de l’Afrique, aux allures de Château de Sans-Souci.

Et c’est donc dans cette commune plus iconoclaste car moins « Sans-Souci » qu’il n’y paraît, empreinte encore de l’oeuvre hors-normes mais chroniquement barbouillée de l’encombrant monarque Léopold II, que vient de rouvrir le stade jadis combien aimé, et désormais non moins décrié par les puristes, dudit Berg van Termunt, après plus de deux ans de travaux régulièrement retardés par des considérations financières, par un incendie criminel survenu au plus fort de l’hiver puis enfin, et ironiquement, par d’incessantes pluies au parfum de moussons, qui des mois durant rendirent la pelouse impraticable, dans la foulée de l’inauguration de ces nouvelles installations aussi prestement vouées à retourner à la poussière qu’elles n’étaient péniblement sorties de terre.

A gauche : la tribune antique, proverbialement truffée de trous. A droite : les bâtiments non moins vétustes, aux allures de gargotes brabançonnes et qui faisaient respectivement office de cafétéria et de vestiaire.

L’Echevin des Sports Jan Trappeniers ne s’en cache d’ailleurs pas : « La rénovation du site sportif s’est avérée plus coûteuse que prévu. L’investissement aura été lourd, mais c’est un investissement dans une vie communautaire chaleureuse, par le biais d’infrastructures désormais au top de l’exigence écologique. »

Ledit Berg van Termunt, en l’espèce, est le port d’attache du football local depuis des décennies. Même après la fusion survenue en 2007 entre les clubs du KNS Tervuren et du VW Duisburg, tant l’équipe A que certaines équipes de jeunes continuèrent-elles à disputer leurs rencontres sur ce site, au caractère longuement désuet et ironique. Et cependant, ainsi que l’expliquerait le Président Tom Verlinden : « Le site de Berg van Termunt était devenu trop vétuste, indigne du football provincial. (…) Nous avions tellement honte de recevoir d’autres équipes dans des vestiaires délabrés, sans compter que les coûts énergétiques étaient extrêmement élevés en raison de la mauvaise isolation. Il fallait faire quelque chose. »

A 15 kilomètres à peine du Stade Constant Vanden Stock, qui vit la naissance et la propagation des loges et business-seats à l’échelle du continent : les « biesnes siet » du stade jadis si bucolique, si frondeur et si atypique du désormais dénaturé Berg van Termunt.

Alors, oui : sans doute fallait-il faire quelque chose. Mais fallut-il vraiment que ce fût si radical ? Et trois millions d’euros pour un tel résultat, au désormais si glacial parfum d’entresoi ? La violence bien sûr est inacceptable, et cependant : tout est-il absolument incompréhensible, du coup de sang qui en décembre 2023 présida à ce début d’incendie ? Nous laissons à chacun d’apprécier le résultat, au gré de ce reportage de la télévision locale.

Sur la gauche, désormais masqués par la végétation et les grillages : feus les « biesnes siet » du Berg van Termunt, inaccessibles et condamnés.

Perspectives de survie ? Les colères premières passées, désormais essuyées : 5/5, assurément… mais à quoi bon ? Sans compter que ce n’est pas le musée voisin, voué lui aussi aux gémonies, désormais honteux et déclassé, qui pourra être secourable pour les « biesnes siet » les plus plus cools jamais vus sur la planète-football.

Et ce stade, me direz-vous : mais réflexion faite, c’est donc qu’il n’est pas perdu pour le football ?

La pelouse est encore là, c’est vrai. Et l’on y court toujours à 22 autour d’un ballon. Et cependant y a-t-il peut-être lieu d’interroger de quel football il est ici encore question – d’interroger ce qui fut ici gagné mais aussi, et à l’instar de ce qui eut également cours au Sidmar Post 4 Stadium : d’interroger aussi ce qui aura été perdu.

5. Le Mijnstadion

Et si, ainsi qu’il en est de plus en plus question, et conformément à ce sens de l’Histoire vers lequel l’Union Européenne semble de plus en plus s’employer à légiférer : et si donc, tel que l’indique l’adoption récente d’un règlement communautaire sur les matières premières critiques, l’on se décidait enfin à rouvrir des mines en Europe ?

1975. La vedette du Beringen FC Zenon Ziembicki, mineur de fond treize ans durant dans l’exploitation voisine du charbonnage de Beringen.

Et si, par la même occasion, cette nécessaire reprise de l’exploitation des sous-sols européens devait participer de la reprise, dans l’un des plus beaux stades du Royaume, des activités footballistiques de l’un de ses clubs les plus unanimement aimés ?

Voilà l’histoire, tout bonnement inimaginable il y a cinq ans encore, que nous allons pourtant vous narrer – et qui, quoique réservée pour l’heure à ses exclusives parties-prenantes, semble gagner chaque jour en consistance…

Et direction Beringen, donc : l’une des 23 « Bonnes Villes » jadis de la Principauté de Liège, aujourd’hui gros bourg campinois sis dans le Nord sablonneux de la Province néerlandophone du Limbourg, à mi-chemin de Liège et d’Anvers, et qui quatre ans durant accueillerait logiquement le damné Wilfried Van Moer, au gré de ses blessures et de ses errances d’entre terres électives liégeoises et arrière-pays anversois de son enfance, de la perdition lui trop hâtivement prêtée et enfin de la renaissance, décisive du destin du football belge, qu’au contact des mineurs de fond de Beringen il aboutirait, tel un Rocky claudiquant et tonsuré qui, humblement, reprît goût à son art en se replongeant dans ses fondamentaux.

Ouvert trois ans à peine après l’ouverture du charbonnage, le Stade de la Mine date d’une époque où la ville, à défaut de l’intégralité de ses habitants, deviendrait soudainement riche grâce à l’exploitation minière dans la région, rendue ici particulièrement périlleuse tant la houille, contrairement aux gisements wallons du sillon Sambre-et-Meuse, n’affleure absolument nulle part en Campine. Et cependant, loin d’être épuisé ni moins encore d’intimider ses courageux habitants, le gisement de Beringen serait-il exploité jusqu’en 1989, il y a 35 ans à peine. Pas même deux générations.

En tous points intact depuis son inauguration en 1925, bien que sa capacité fût comme partout réduite de plus de moitié, le stade peut désormais accueillir quelque 10 000 personnes. 

Mais s’il lui arrive aujourd’hui encore d’héberger chroniquement des rencontres de football, cela fait toutefois vingt ans déjà que l’on n’y voit décidément plus rien des rencontres de son club pourtant combien mythique du Beringen FC, ni moins encore des plus modestes et furtifs ébats du cercle voisin de Heusden-Zolder, qui deux ans durant lui y succéda, ni plus même désormais la moindre de ces manifestations qui, sous l’égide de la fédération belge, virent çà et là se tenir entre ses harmonieuses tribunes et ses pourtours sans âge des rencontres de jeunes et des cycles de formation pour arbitres ou pour entraîneurs car, non, décidément : de ce football-là, il n’est résolument plus jamais question, dans l’antique et remarquable Mijnstadion. Et le football qui y a cours, désormais, de n’être plus qu’américain. Puisqu’à l’ombre toujours de la cathédrale minière Saint-Théodard, ce sont dorénavant lesdits Limburg Shotguns qui y défendent l’honneur de la région, dans le cadre balbutiant mais acharné du championnat belgo-néerlandais de la discipline.

S’il est heureux, bien sûr, que de jeunes hommes vigoureux et de sémillantes pom-pom-girls d’ascendance polonaise oeuvrent à ce que ce stade, décidément magnifique, ne devienne un jour quelque espèce de mausolée gémissant, d’aucuns pourtant ne parviennent à se résoudre au sort qui, jadis, avait été réservé à l’ancien et bienaimé club-résident du Beringen FC, qui en 1964 avait jusqu’aux ultimes journées tenu la dragée haute au grand Sporting Anderlecht de Sinibaldi, qui en 1976 puis 1981 se maintint par miracule au gré des suspensions administratives de clubs confondus de corruption, mais dont en 2002 l’on chassa le rejeton dit du KVK Beringen en périphérie de la ville, comme l’on fît du témoignage honteux d’une époque révolue – ou que l’on voulût révolue à jamais.

Mais c’était sans compter sur l’initiative d’un noyau dur porté par le dénommé Anthony Battello, camionneur de 28 ans, et plus encore supporter acharné de son état :

« Je suis pleinement engagé dans la création du club. Je suis né en 1995, je n’ai donc pas connu l’âge d’or de Beringen. Mais j’ai entendu de nombreuses histoires, qui m’ont été rapportées par des membres des familles qui travaillaient dans les mines. Si bien que, bien des années plus tard, il faut le dire : le Beringen FC est toujours en vie. »

« Avec les bonnes personnes autour de moi, nous devrions parvenir à rendre vie au Beeringen FC – avec un double « e », nous y tenons, à cela aussi. Je suis déjà parvenu à rassembler un nombre conséquent de supporters de l’époque – je les appelle « le vieux noyau dur » – , et ils sont tous disposés à mettre la main à la pâte pour aboutir ce projet. J’ai pu trouver de premiers sponsors aussi, et sur internet nous avons ouvert une page de sorte d’y récolter des dons. L’intention est de commencer avec une équipe A et une équipe réserve. A ce stade, nous n’avons qu’un regret : il ne sera malheureusement pas possible d’y associer des équipes de jeunes, du moins pas dans un premier temps.»

Le stade, harmonieusement logé entre la cathédrale minière, les terrils et les dévotions à Sainte-Barbe.

Aussi, le club de football du Beeringen FC va-t-il être relancé ? Si cela ne dépendait que d’Anthony Battello et de son noyau dur, la réponse serait incontestablement oui. Mais quid du port d’attache ? Battello poursuit : « Il est tout à fait possible de louer le Mijnstadion à la journée, je l’ai déjà fait une fois avec des amis, pour les besoins d’un match d’entraînement. Bien sûr, je n’ignore pas qu’il existe une certaine opposition à la location systématique du stade, mais qui n’essaie rien n’a rien. De toute façon il faut que ça marche, car sans le Mijnstadion ce ne serait pas pareil. Et je compte bien que nous réussirons, pour cet été ! A l’occasion du centième anniversaire. »

Le champ politique, pour sa part, est beaucoup plus prudent : « Nous n’y sommes pas opposés », répond ainsi sagement le conseiller aux Sports Tijs Lemmens, « mais ce n’est pas forcément si simple que cela pourrait en avoir l’air. Ce qui est certain, c’est que nous comptons bien donner sa chance à cette initiative de relance du Beringen FC, mais avant cela il faut examiner ensemble ce qui est réalisable et ce qui ne l’est pas. En sus du football américain voire du hockey, que les choses soient bien claires : rien n’interdit évidemment que des rencontres de football puissent être jouées sur le terrain A du Mijnstadion. Mais le fait est qu’il ne reste de place pour les matchs de compétition que le dimanche, et il va sans dire que nous n’allons pas chasser les clubs qui étaient là avant pour céder la place à un nouveau. »

Anthony et ses amis nostalgiques parviendront-ils à ressusciter ce club d’entre les morts, et à rendre au Mijnstadion son caractère premier d’enceinte de football ? Voilà une perspective de survie qui nous réjouit, et sur laquelle nous promettons de revenir cet été si, par bonheur, ce magnifique projet devait aboutir pour les cent ans de la naissance de ce club vénérable, cultissime… et pour tout dire toujours bien vivant, à juger de l’amour et de l’engagement inconsidérés qu’il suscite, combatif tel un Van Moer, parmi sa communauté et au-delà.

6. De Motten

Terre illustre où prospèrent les vergers, cette ville charmante blottie parmi ses murailles romaines et médiévales égrène les records depuis plus de 2 000 ans : plus vieille cité de Belgique, siège du plus grand massacre essuyé par les légions de César durant sa Guerre des Gaules, probable première ville d’Europe de l’Ouest qui se convertît au christianisme, siège du plus vieil évêché des Plats Pays…

Stade « De Motten », années 1980. Se détachant sur la droite, du seul côté de la pelouse qui ne fût doté de tribune : la tour de la Basilique Notre-Dame, inscrite depuis 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO. A gauche : la tribune Ouest (seule qui subsiste désormais).

Avec tels faits d’armes et bien qu’elle soit de taille modeste, il n’est guère étonnant que la « Bonne Ville » de Tongres, ainsi que l’on nommait jadis les villes libres du Pays de Liège, ait hébergé aussi le plus grand buteur de l’Histoire lors des trois années constitutives, de 1969 à 1972, de son exclusive expérience comme entraîneur hors les pelouses tchécoslovaques.

Du temps donc où ledit KSK Tongeren, alors actif en division 4, fut repris en mains par la légende mondiale Josef Bican, sous la direction duquel il glana aussitôt deux sacres successifs qui le porteraient jusqu’à l’antichambre de l’élite du football belge, l’équipe dit « des Eburons » évoluait encore au stade De Motten, antre verdoyante sise sur une île insoupçonnable, que d’ailleurs ne séparait visuellement plus même de la vieille ville le cours absurdement voûté de la rivière.

A l’Est : la tribune principale, détruite en 2017 en prélude à la rénovation du stade et du parc. A l’arrière-plan, sur la gauche : le clocher de l’église du béguinage de Tongres, inscrit lui aussi au patrimoine mondial de l’UNESCO, depuis 1998 et distant d’une centaine de mètres à peine à vol d’oiseau.

Particulièrement bucolique bien qu’il fût situé à moins de cinq minutes à pied de la Grand-Place, ce stade comportait alors trois tribunes, de styles totalement distincts et dont les angles laissés vides permettaient vers le Sud, l’Est et l’Ouest, d’apprécier les charmes du parc environnant.

A l’Ouest, seule structure qui fût épargnée dans le cadre d’un projet urbanistique abondamment (et à juste titre) primé : une tribune d’un seul tenant, dominée par les tons beige, blanc et bleu, et siège des activités désormais strictement athlétiques de ce stade.

Vers l’Est : la tribune principale, exemplative des tribunes dites en forme de boîte à chocolats, et dernière pour l’heure qui fût ôtée aux attraits classiques de ce stade.

Au Sud : la grandiose tribune de type Elascon, construite dans les années 1970.

Au Sud, enfin, se dressa jusqu’en 2004 l’une des plus belles tribunes de type « Elascon » jamais bâties dans le Bénélux – autant dire, à juger de l’aire de répartition de ces étranges et douteuses formations stadiales : l’une des plus belles qui fussent jamais construites à l’échelle mondiale.

Bientôt, qu’en restera-t-il ?

A dire vrai, il n’en subsistera bientôt plus rien : l’Elascon, nous l’écrivions, a disparu en 2004 ; la boîte à chocolats en 2017…et l’ultime qui reste devrait, elle aussi, être démantelée dans le courant de cette année.

Et cependant, parmi les dizaines d’installations sportives aménagées pour le grand public, toutes gracieusement mises à sa disposition, au détour tantôt d’une rivière ou d’une plaine de jeux, tantôt d’un court de tennis ou d’un jardin anglais, tantôt d’un bowl pour les skaters ou d’un plan d’eau où pécher et faire du pédalo : des pelouses à n’en plus finir, absolument planes… et même là-bas des buts, et un marquage au sol, discrets mais bien réels, présents…et gorgés de joueurs. Perspectives de survie du football, en ce havre du sport et du bien-être ? 5/5 : il n’a jamais été aussi vivant qu’aujourd’hui.

In memoriam – Ont récemment rejoint, ou vont rejoindre, les grands anciens de Rocourt, du Klokke ou de la multirécidiviste Union Royale de Namur :

La belle et étrange tribune, au curieux caractère de pagode chinoise, de feu le RRC Wetteren-Kwatrecht, tous deux disparus dans la seconde moitié des années 2010.
Officiellement menacé de destruction depuis 2021, pour de bon perdu pour le football, et pour l’heure en sursis au motif des activités du cercle local d’athlétisme : le stade Jules Matthijs de Zottegem, avec sa spectaculaire tribune de type « Elascon ».
Stade dit du Schalk, à Willebroek. Typique des années 1980, bâti pour la division 1, et symptomatique surtout des ambitions irraisonnées de ce club historiquement abonné aux divisions inférieures. Livré aux vandales des décennies durant, sa méthodique destruction fut finalement entreprise à compter de 2018.

Crédits photographiques :

Karel Hemerijckx

Michaël Höller

Raymond Lemmens

Stéphane Lievens

Marco Magielse

Martijn Mureau

Sandra Ruhe

W. B. Tukker

Alexandre Willamme

27 réflexions sur « Il était un stade, une fois (bonus) »

  1. Gand est très joli. Me souviens bien du pont St Michel et des alentours. Mais on s’était pris une pluie diluvienne dans le tronche. On avait pas vraiment pu en profiter. Hehe

    J’ai vu La Gantoise face aux Girondins. Et les Belges avaient une attaque sympathique avec le recul. David le Canadien du LOSC et Yaremchuk l’attaquant actuel de Valence.

    0
    0
    1. Ville beaucoup plus hétéroclite (et vivante!) que Bruges, dont l’à peu près tout suggère qu’elle fut figée dans son jus d’il y a sept siècles, à mesure de l’ensablement du bras de mer qui l’alimentait……… Gand, au contraire, n’a jamais cessé d’évoluer, ça se voit. Et cependant, oui, Gand est vraiment belle : des châteaux, des clochers, des canaux, des maisons à redans si typiques…….. ==> Tout y est sans le côté Disneyland d’un Amsterdam par exemple : patine bien plus incontestable, « plan » de la ville des plus irréguliers.. ==> Ville charmante mais déroutante sur tous les plans (assez compliqué de s’y retrouver, lol).

      Gand, du temps de Charles Quint (où il naquit), ce ne fut pas de petite bière, hein : je crois même que ce fut un temps la deuxième ville la plus peuplée d’Occident, derrière Paris?? Puis l’épicentre du commerce mondial se déplaça vers Anvers..

      0
      0
      1. Je préfère largement Gand que Bruges, étant allé aux deux un bon nombre de fois je partage ton point de vue Alex. Gand est plus dynamique et moins figée (et moins touristique) que Bruges. Même étais aux lesdites, et célèbres, fêtes de Gand, pas incroyable mais sympa.

        0
        0
  2. Dans ton paragraphe sur le Vivier d’Oie, tu parles du hockey sur gazon, la Belgique a actuellement de superbes résultats. Argent à Rio et surtout l’or à Tokyo chez les hommes. C’est une histoire de tradition ou de l’apparition d’une grande génération?
    J’avais discuté une fois avec un Pakistanais qui m’avait affirmé que son grand-père avait été champion olympique de hockey sur gazon à Rome en 1960. J’ignore si c’était vrai mais il était tellement intense que j’ai envie de la croire. Hehe

    0
    0
    1. La tradition est incontestable. Mais les résultats actuels procèdent surtout d’un plan très rigoureux de développement, avec des objectifs et moyens quantifiables……. ==> Pas l’ombre d’un romantisme là-dedans, ils venaient de très loin……et ça a payé, moins qu’on puisse dire.

      0
      0
    2. Le Vivier d’Oie………… J’ai habité pendant 5 semaines environ pas trop loin de là, 20-30 minutes à pied. Et j’eus donc l’occasion d’y aller, voir cette merveille..

      Je ne sais ce qui est le plus extraordinaire avec cette tribune?? La grande Histoire, fondamentale du développement mondial du football, dont elle fut l’actrice? Ses lignes épurées, fluides (..et ces rambardes!!!)..? Le fait qu’elle soit parvenue jusqu’à nous, en dépit de plus de 120 ans dans les pattes, et de tant de vicissitudes traversées par ce pays (deux occupations, « génocide » urbanistique des années 60 subi par des villes telles Bruxelles, Liège..)???

      Le fait est là, le miracle : cette merveille est toujours là.

      0
      0
      1. Dans un style différent, cela me rappelle des souvenirs de matchs sur le terrain de foot sur l’Ile Arrault, là où se trouve l’hippodrome d’Orleans, au bord de la Loire.

        0
        0
    1. C’étaient des amateurs. Et à l’époque en Belgique ça ne rigolait pas : amateurisme total, tous ces joueurs avaient un véritable travail sur le côté, à temps plein. Bref, à juger de leurs contraintes (beaucoup moins d’entraînements, de fraîcheur physique, d’encadrement……et tactiquement, même : c’était totalement archaïque) : un immense exploit.

      Le groupe était par ailleurs castard : Angleterre, Suisse, Italie.. Et il y eut des absences notables, Verano avait évoqué le cas de la vedette Lemberechts, qui préféra accompagner ses équipiers lors d’une tournée en Italie.. Vu les circonstances, ce fut un tour de force d’y prendre un point.

      Et cependant : des regrets? Les éléments de réponse seraient peu ou prou les mêmes : n’avoir pu disputer que deux rencontres ; un tournoi d’emblée compromis par cet amateurisme auquel Petit et Goethals mettraient douzaine d’années plus tard un terme ; les absences..

      Y avait-il moyen de faire mieux? La Belgique se qualifia, méritoirement, devant une Suède qui à l’époque ne subit d’autres défaites que face à la Grande Hongrie des Puskas & Co.. C’était vraiment une Suède en pleine bourre : 3ème de WC50, 2ème en 58, aux JO aussi il me semble que ce fut costaud.. ==> Grande Suède! Mais à l’époque Coppens marchait sur l’eau, un ovni…………. Il existe des coupures de la presse française et NL, qui en firent d’ailleurs le meilleur attaquant du tournoi suisse de 54 ; les Italiens furent plus laudatifs encore, tout le monde se l’arracha (Barca, Naples, Fiorentina..)……… ==> Dans de meilleures circonstances, mieux encadré : c’eût pu être son tournoi, bref s’il en fut un qui pouvait avoir de regrets..??

      0
      0
    1. Il y a un peu de tout à l’oeuvre : des trucs gravitant autour de, allez, la nébuleuse Black Lives Matter, ce genre de cadeaux insidieux d’outre-Atlantique, instigués par des officines et de petites mains dûment formées en ce sens, histoire surtout de foutre le souk parmi nos vieilles sociétés européennes, vieilles méthodes déjà éprouvées à la fin du XIXème siècle.. L’un ou l’autre aventuriers/escrocs aussi, de courageux belgo-congolais ou congolais tout court établis en Belgique, souvent des types auxquels l’on accorda jadis l’asyle politique, indécrottables bons à rien et qui essaient de se faire mousser / lancer en politique (..communautariste.., bravo les gars..) par ce genre de polémiques, Cf. Tintin au Congo et toutes ces positions absurdes que..les Congolais du Congo méprisent, eux!…………. Bref : il y a ce genre de clowns (désolé, mais..)……..

      Et puis, à côté de ces zouaves : il y a un travail de fond remarquable, d’une transparence absolue (je pourrais parler pendant des heures des..centaines d’heures de films d’archives que la Belgique a ressorti des limbes il y a une dizaine d’années, nettoyées puis numérisées, et dont elle a ensuite fait don au Congo : une base de travail sans complaisance et extraordinaire pour les historiens!!!, unanimement saluée à l’époque pour ses qualité et exhaustivité documentaires, un matos hors-normes), qui voit au quotidien scientifiques des deux bords de la Méditerranée travailler avec intelligence à l’identification des oeuvres, à leur retour à chaque fois que c’est possible (faut voir l’état du musée national du Congo à Kinshasa…..), bref : il y a les polémiques à la con, contagieuses quoique rarement portées par des lumières……….et à côté de ça un partenariat de fond sérieux, dont nul ne parle évidemment jamais, car moins vendeur……….voire surtout parce qu’il est moins destructeur/diviseur, éh?

      1
      0
    1. Pas du tout versé en foot US, mais il est manifeste que l’associé NL a manqué de fiabilité. Et j’ai quand même l’impression que le problème vient souvent d’eux dans ces histoires de Bénéligues etc : des volte-faces à gogo..

      Contrairement à la Belgique, tous sujets confondus : ils ne se conçoivent jamais autrement que comme une grande nation qui compte, vieux fond impérialiste dominant.. Peut-être faudra-t-il vraiment qu’ils soient dans une mouise noire pour se faire pour de bon à ces idées/projets de compétitions communes? Le fait, pour l’heure et quel que soit le sport, est qu’ils changent constamment de position.

      0
      0
      1. En football, ils ne furent jamais autant partants que quand ils furent dans le 36ème dessous…….

        Maintenant que ça va mieux : silenzio stampa, la ligne est coupée.. Là, en foot US : il y eut soudain toute une floppée de leurs clubs qui se désistèrent, de conserve…… En foot féminin aussi il y eut à dire.. C’est vraiment pas des cadeaux.

        0
        0
    1. Oui oui, Bican a entraîné Tongres pendant quelques années ; d’ailleurs mon père l’y a vu à l’époque. Et avec beaucoup de succès (et en bénéficiant de solides moyens, il faut le dire aussi). Le championnat de Belgique était alors très vibrant, on lâchait les chevaux, le passage progressif au professionnalisme plein, tournant 60’s-70’s, fit que pas mal de petits clubs tentèrent de se placer, mirent le paquet pour tenter de se faire une place dans cette nouvelle donne…. C’étaient comme une séance d’essais, obtenir une bonne place pour le vrai départ ensuite. Ce Tongres fut alors l’un de ces petits clubs, sortis de nulle part et assez vite y retournés.

      Verano verra de quoi je vais parler : je n’ai pas d’autre explication à la présence de vedettes sud-américaines dans le club d’Audenaerde (petite ville certes charmante, mais pour ce qui était du foot???).

      0
      0
      1. Ah oui, je me souviens de mon interrogation à propos de Conigliaro, international argentin, vainqueur de la Libertadores et de l’Intercontinental avec Estudiantes qui avait atterri à Audenarde.

        0
        0
      2. Je n’en ai toujours pas le fin mot, hein, mais Audenaerde à l’époque, c’est aussi les dénommés Oswaldo Diaz (un Brésilien, j’en sais pas plus), l’international portugais Ernesto Figuereido (Sporting Portugal, il est de la finale victorieuse de C2 64), Ari de Azevedo (encore un Brésilien, lui venait apparemment du FC Sao Paulo), Roberto Saporiti (champion d’Argentine avec Independiente 10 ans plus tôt)..

        Je viens de consulter Wikipedia : pas du tout à jour concernant ces bonhommes. Or je suis formel, et pour cause : une floppée de photos sous les yeux avec ces lascars, sous le maillot d’Audenaerde, club évoluant alors en..D3..belge. Je t’en envoie une en off, avec Oswaldo Diaz et Figuereido.

        Mais bon, non loin : Waregem fut bien à deux doigts de s’offrir Cruyff fin 70’s. Ou Happel à Harelbeke, club alors de D2, toujours dans le même coin.. C’était un peu le western.

        0
        0
      3. Ne pas croire pour autant que les clubs belges croulassent alors sous le fric, nein : paradis fiscal pour les footballeurs étrangers, tout au long des 70’s. Ils ne payaient quasiment pas d’impôt, pour ça que tant de joueurs NL traversèrent la frontière.

        Début 80’s : c’est fini, imposés comme les autres (quelle injustice ç’avait été, d’ailleurs)..et le flux de bons/super-joueurs étrangers se tarit aussitôt.

        0
        0
      4. J’ai longtemps pensé aborder le stade de Oudenaerde, jolie ville et le stade a des attraits, l’une des tribunes est vraiment intéressante..et je gardais à l’esprit ces histoires improbable de (bons voire très bons!) joueurs sud-américains dans ce club de D3 belge..mais finalement zappé car, en dépit des informations que j’avais pu collecter : toujours pas le fin mot!

        0
        0
    2. D’ailleurs, c’est con : j’avais prévu de mettre l’une ou l’autre photos de Bican, durée ses années à Tongres……..et puis j’ai oublié, à la bourre, bah : j’y consacrerai alors un article à part entière, pas grave.

      0
      0
    3. D’ailleurs, c’est con : j’avais prévu de mettre l’une ou l’autre photos de Bican, durant ses années à Tongres……..et puis j’ai oublié, à la bourre, bah : j’y consacrerai alors un article à part entière, pas grave.

      0
      0
    4. C’est pas fini!, j’ai gardé le plus fort pour la fin : une leçon de choses historiques que je me dois de vous rapporter, le genre même de bug dans la matrice historiographique qui fait enrager les cuistres, les ignares trop sûrs d’eux – autant dire que j’adore ce sujet-là, on en reparle dans deux semaines.

      1
      0
  3. Ah, précision : je ne suis pas le type qu’on voit dans le « Biesnes siet », hein!!!

    Mais vu que je trouvais qu’il avait une bonne bouille…….. ==> Qu’il me pardonne : je n’ai pas sollicité son autorisation!

    0
    0

Laisser un commentaire