Où le doyen de notre rédaction, seul représentant des boomers chers (dans tous les sens du terme) à un certain ex-Premier ministre, nous offre une cargaison de souvenirs de foot (mais pas seulement) des années 1956-1972.
Souvenirs, souvenirs
Vous revenez dans ma vie
Illuminant l’avenirLorsque mon ciel est trop gris
On dit que le temps vous emporte
Et pourtant ça, j’en suis certain,Souvenirs, souvenirs
Vous resterez mes copains
Paroles françaises de Fernand Bonifay – Musique de Cy Coben
1
Je me souviens que longtemps je me suis couché de bonne heure. A peine enfoui sous les draps, je me faisais mon « cinéma ». Je me « projetais » des images de films imaginaires : des histoires de mille et une nuits, de chevalerie, de mousquetaires, de corsaires, de péplums (bien que je ne connusse pas encore ce mot), de tuniques bleues, de shérifs, de cow-boys et d’Indiens. Je dépassais rarement une ou deux scènes, car je m’endormais avant. Il n’était pas encore question de rock ni de foot.
2
Je me souviens qu’en ce temps-là, la vie n’était pas plus belle et le soleil pas moins brûlant qu’aujourd’hui. Les feuilles mortes se ramassaient à la pelle, l’important n’était pas encore les trois points mais les deux, et la « routourne » n’avait pas encore tourné.
3
Je me souviens qu’au mitan des fifties, le football était très eurocentré.
4
Je me souviens de la valse des présidents du Conseil sous la IVe République. Du pain bénit pour les chansonniers, dont c’était un peu l’âge d’or. Une émission hebdomadaire, patronnée par une célèbre marque d’apéritif, sur Radio-Luxembourg – qui ne s’appelait pas encore RTL – leur était même consacrée. Émission qui se terminait toujours par ces mots : « Et nous fermons les portes du Martini Club, bonsoir mesdames, bonsoir mesdemoiselles, et bonsoir messieurs. »
5
Je me souviens que nous avions passé, ma mère, des tantes, des cousines, et moi, des grandes vacances chez les grands-parents, dans un village de Seine-et-Marne. Comme cela se faisait beaucoup à cette époque dans les campagnes, les cinémas itinérants venaient apporter la crème du 7e art dans les coins les plus reculés de l’Hexagone, comme la fois où ils avaient programmé ce chef-d’œuvre impérissable qu’est Mon frangin du Sénégal, avec Raymond Bussières (en vedette, ça pique !), Annette Poivre, Paulette Dubost (elle comptait des admirateurs parmi les intellectuels depuis qu’elle avait tourné avec Renoir), Noël Roquevert, et Louis de Funès (à son époque des horribles grimaces qui ne faisaient pas rire), une de ces comédies comme le cinéma français en produisait à la chaîne. Pressentant la crétinerie rien qu’au titre, peu de grandes personnes s’y risquèrent. On préférait se grouper autour du poste de radio pour écouter des émissions dramatiques ou de divertissement, ou bien entendre le grand-père parler du Tour de France et de Louison Bobet. Dommage qu’il ne parlât jamais de football, même pas de Reims, ou des clubs parisiens – les grands clubs les plus proches. A l’âge de 20 ans, le grand-père Jean-Baptiste avait quitté Porto-Vecchio – pas vraiment réputé pour être une place forte du foot en ce début de XXe siècle – pour s’engager dans la Garde républicaine de Paris. A ce titre, il échappa à la mobilisation pendant la Grande Guerre, et il fut l’un des rares de son régiment à survivre à la grippe espagnole. Vers 50 ans, il était déjà à la retraite.

6
Je me souviens avoir fait mon apprentissage du foot grâce aux aventures de Kick Wilstra le super avant-centre, qui paraissaient dans la bande dessinée Olympic – on disait « illustré » pour les fascicules – un des fleurons des éditions Artima, qui rencontrèrent un succès considérable dans les années 50 jusqu’aux débuts des années 60. Les histoires de Wilstra étaient parfois édifiantes mais les matchs très bien scénarisés et superbement dessinés. Olympic comprenait également l’Indien Suarez, le boxeur argentin reconverti en coach humaniste (histoires intéressantes mais au graphisme plus incertain). Wilstra fut l’indestructible avant-centre de la grande équipe des Malton Rovers, avec laquelle il remporta la Cup avant de signer au Titan de Milan. Avec la sélection des Pays-Bas, à la Coupe du monde, il perdit contre le Brésil lors du match décisif du groupe final à quatre, après avoir pourtant mené 4 buts à 2. Le Brésil revint au score et comme un nul lui suffisait, il fut champion du monde. L’Uruguay et l’Espagne terminèrent aux troisième et quatrième places.

7
Je me souviens de Guy Van Sam et Guy Sénac, joueurs du Racing, des rugbymen Guy Boniface et Guy Camberabero, de Guy Périllat, le skieur, de Guy Kédia, la voix du sport à Radio-Luxembourg, des chanteurs Guy Béart, Guy Mardel, Guy Bontempelli, et Guy Marchand – qui nous soûlait avec sa Passionata – des acteurs Guy Tréjan, Guy Decomble, Guy Bedos, Guy Pierrault, Guy Delorme – le méchant des films de cape et d’épée à la Hunebelle ou Borderie, qui finissait toujours embroché par Jean Marais ou Gérard Barray) – et évidemment de l’inénarrable Guy Lux.

8
Je me souviens que Just Fontaine, avant d’être le plus éphémère sélectionneur de l’histoire des Bleus (2 matchs pour 2 défaites) et l’entraîneur de la montée du Paris Saint-Germain, s’était reconverti, avec plus ou moins de talent, dans la chanson tiédasse, pour ne pas dire niaiseuse, et dans la réclame. Ainsi, pendant les mi-temps au Parc des Princes, les spectateurs avaient le plaisir d’entendre sa voix enregistrée débiter d’une voix monotone des publicités dont les derniers mots du dernier message, ressemblaient à quelque chose comme ça : « Pour ripoliner, Ri-po-lin ». Et évidemment le public goguenard, qui connaissait bien son Fontaine, de scander en même temps que lui : « RI-PO-LIN».
9
Je me souviens des grandes voix du football qui nous tenaient en haleine : Jean Quittard pour la RTF, Fernand Choisel pour Europe n°1, Jacques de Ryswick pour Radio-Luxembourg. Quittard décédera malheureusement en décembre 1962. La finale Real Madrid-Benfica Lisbonne aura été son dernier match au micro.

10
Je me souviens du match Stade français-Nîmes, le dimanche 20 mai 1962, au Parc des Princes. (1)
Le football français avait déjà commencé sa longue traversée du désert. En ces temps-là, une courte défaite des Bleus était jugée encourageante voire prometteuse, un nul salué comme un exploit retentissant et une victoire considérée comme un quasi-miracle.
Preuve que c’était devenu presque un sujet de société, à la sortie du match, eut lieu un micro-trottoir d’une station de radio sur le thème Qu’est-ce qui manque au football français ? La plupart des quidams interrogés insistèrent sur le déficit physique des footballeurs français.
Fait unique, il s’était écoulé trois semaines depuis l’avant-dernière journée. Entre-temps s’étaient jouées la finale de la Coupe de France, la rencontre Italie-France en amical, et la finale de C1 Real Madrid-Benfica Lisbonne.
Les Verts avaient remporté la Coupe de France au détriment du FC Nancy, mais descendaient en Deuxième division.
Le match Italie-France à Florence, était organisé pour fêter, en quelque sorte, la brillante « non-qualification » à la Coupe du monde. Ce fut la seule sélection de Michel Hidalgo – et encore, une seule mi-temps – et il y fut d’ailleurs transparent. Champions du monde des débuts de match, les Tricolores ouvrirent le score, mais comme d’habitude s’effondrèrent en seconde période.
A cause du sacro-saint journal télévisé de 20 heures – dont le rédacteur en chef n’était autre que le ministre de l’Information lui-même –, comme la finale Real-Benfica commence à 19 h 30, la RTF zappe carrément la première mi-temps, nous privant ainsi de cinq buts dont le triplé de Puskás.
Un festival de boulets de canon, et Di Stéfano à genoux frappant de rage le terrain de ses poings suite au penalty accordé à Eusébio, sont les images qui resteront dans la mémoire des téléspectateurs. À suivre…
11
Je me souviens que mon cousin Patrick me parlait souvent, avec enthousiasme, des inters – le poste qui avait alors le plus d’aura : Sivori, Puskás, Théo, Douis, ou autres Ujlaki. Il m’avait survendu un Racing-Lyon tout pété, un 30 décembre au Parc. Tu vas voir Ujlaki, Milutinovic, Van Sam et Heutte, m’avait-il promis. En fait d’Ujlaki, on n’a rien vu du tout, puisqu’il était absent. En revanche, la pelouse était à moitié enneigée, le match était à chier, on a entendu les réclames de Fontaine à la mi-temps, et on s’est gelé les miches. Pour l’anecdote, Vic Nurenberg avait ouvert le score – sans autre forme de procès d’ailleurs – et quand l’Ivoirien Tokpa eut égalisé, mon cousin devint complètement fou, comme si le Racing avait remporté la Coupe d’Europe des clubs champions. Lyon avait fini cinquième, le Racing à une peu glorieuse dixième place, et Marseille était redescendu aussi vite qu’il était monté.

12
Je me souviens que le public invitait souvent, mais respectueusement, l’arbitre à aller faire un tour aux gogues et autres lieux d’aisance (comme disait le regretté Thierry Roland).
13
Je me souviens de l’interview d’Helenio Herrera par Robert Chapatte dans l’émission Les coulisses de l’exploit, réalisée à Milan avant le premier de ses scudetti. « Il Mago » avait pour l’occasion revêtu son plus beau costard, celui de Frank Nitti, sorti tout droit d’un épisode des Incorruptibles.


14
Je me souviens d’avoir vu, aux Coulisses de l’exploit, José Meiffret, un type complètement fondu qui pédalait à 200 km/h sur un vélo en profitant de l’aspiration d’un bolide de course.

15
Je me souviens que la TV, sentant bien la chose, avait diffusé le match FC Santos-Vasco de Gama au Maracana, dans l’espoir d’assister au 1000e but de Pelé (à moins que ce ne fût en différé). Ce qui arriva grâce à un penalty très « généreux ». L’interruption qui s’en suivit pour célébrer l’événement dura plus de 20 minutes. On était plus proche du cirque – institution que je respecte et admire par ailleurs – qu’autre chose.

16
Je me souviens que Roger Rivière – le plus extraordinaire rouleur du monde selon les spécialistes – était recordman de l’heure. Il allait gagner le Tour haut la main, mais une terrible chute l’en priva, laissant le peu populaire Nencini remporter injustement la grande boucle sans avoir remporté la moindre étape. Rivière ne se remit jamais de ses malheurs et mourut à 40 ans. Il allait rejoindre dans le cœur des Français les Kopa, Bobet, et Mimoun. Quels duels épiques nous aurions vécu entre lui et Anquetil ! Mais celui-ci n’aura jamais de vrai rival à sa mesure. Il était déjà proche de la retraite à l’avènement du jeune Merckx, et Poulidor était un bien trop piètre stratège pour pouvoir contester la supériorité de Maître Jacques.

17
Je me souviens que Brigitte Bardot, en mini-short, avait donné le coup d’envoi d’un Santos contre une entente OM-Saint-Étienne où Salif Keita avait fait jeu égal avec Pelé.

18
Je me souviens qu’à une certaine époque, les gardiens de but – qu’on appelait simplement goals ou portiers, mais jamais goalkeepers –, même ceux d’un niveau moyen, bloquaient quasi systématiquement les ballons et parfois sans gants, les gants de l’époque n’ayant rien à voir avec les espèces de battoirs d’aujourd’hui.
19
Je me souviens de la finale du Tournoi de Paris qui opposa le FC Santos à Benfica, le champion d’Europe en titre. Comme tous les téléspectateurs, je fus émerveillé et marqué à jamais par le ballet incessant des artistes brésiliens et du trio magique Pelé-Pepe-Coutinho. Le tout jeune Eusébio montra toute l’étendue de son talent et inscrivit un triplé. Le public du Parc des Princes, ivre de bonheur, n’en pouvait plus d’applaudir.

20
Je me souviens de Stade français-Nîmes (2)
Au soir de la pénultième journée de Première Division, la France du foot et accessoirement celle du général de Gaulle, retient son souffle. Les positions sont les suivantes : Nîmes 47 points, Racing 46, Reims 46. C’est l’effervescence dans les médias spécialisés. Tout va se jouer lors de la dernière journée : Nîmes vient jouer le Stade à Paris, le Racing va à Monaco, et Reims reçoit Strasbourg. Il faut une victoire à Nîmes pour ne pas être dépendant des autres résultats.
Depuis la création de la Division nationale, afin de départager les éventuels ex æquo, est appliqué le goal-average, le vrai, c’est-à-dire, non pas la différence de buts, mais le quotient buts marqués sur buts encaissés.
21
Je me souviens du dessin de Jacques Faizant à la une du Figaro, au lendemain de la déroute des athlètes français aux Jeux de Rome : 5 médailles, aucune en or. À ce jour le pire bilan tricolore de l’histoire.

22
Je me souviens de Jacky Bouquet, surnommé « L’ange blond » par Roger Couderc. Le seul joueur qui a participé aux 6 premières victoires du XV de France dans le Tournoi des Cinq Nations. Ses 6 victoires (dont 4 d’affilée) font de lui le co-recordman avec Blanco, Sella, et Berbizier, mais eux ont plusieurs Grands Chelems à leur actif.
Centre ou ouvreur, il était tellement fort qu’il fut sélectionné alors qu’il évoluait en Division 2. Les sélectionneurs le préféraient même à André Boniface. Les deux furent quand même quelquefois associés au centre, ou parfois Bouquet à l’ouverture et Boniface au centre. Le buste droit, le port altier, des placages dévastateurs, des cadrages débordements venus d’ailleurs, comme lors du fameux France-Afrique du Sud où il dépose et met dans le vent sept Springboks, c’était ça Bouquet ! À l’âge de 29 ans seulement et après 9 saisons consécutives, il perdit pour de bon la faveur des sélectionneurs.

23
Je me souviens des Musicorama d’Europe n°1, présentés par Robert Marcy (décédé il y a peu à l’âge de 104 ans). On pouvait y entendre tous les galas et tours de chants – principalement de l’Olympia – des vedettes françaises et étrangères de passage comme Ray Charles, Cliff Richard et les Shadows, Amália Rodrigues, Oum Khalsoum, et Gene Vincent – que je découvrais – à l’Alhambra en 1963, la première (quelconque) apparition des Beatles partageant l’affiche avec Trini Lopez et Sylvie Vartan (affiche très improbable), et le tout dernier tour de chant d’Edith Piaf, celui de trop tant c’était pathétique. Il ne contenait aucune grande chanson. Les spectateurs applaudissaient presque par politesse, pour l’ensemble de son œuvre, comme on dit. Marcy, qui fut au cours de sa longue carrière acteur, auteur-compositeur-interprète, comédien de doublage et de pièces radiophoniques, n’avait pas son pareil pour magnifier les artistes qu’il présentait.

24
Je me souviens qu’en finale de la 1967 Coupe de France Lyon-Sochaux, le Lyonnais Hector Maison balança d’un grand coup de botte le ballon dans les tribunes, qui atterrit sur les genoux… du général de Gaulle. Celui-ci, de ses bras puissants, effectua une splendide remise en jeu.

25
Je me souviens que Jean-Jacques Marcel jouait souvent en débardeur, que Fleury Di Nallo suivait un régime alimentaire très strict, et que le Nîmois Paul Chillan avait souvent des problèmes de transit.
26
Je me souviens qu’une fois, Marc Molitor, l’avant-centre de l’OGC Nice, avait décliné la sélection, sous prétexte qu’il avait piscine.
27
Je me souviens qu’aussitôt après la finale Real-Benfica, avait été programmé le magazine littéraire Lecture pour tous, au cours duquel Cyril Hanouna, l’officiel « Monsieur culture » de la RTF – imposé par le pouvoir en place – recevait tour à tour : l’essayiste Nabilla Benattia pour sa dernière œuvre tant attendue : Non, mais allô quoi ! ; le sulfureux et épicurien historien Robert Channeau – dont la conduite pour le moins ambiguë sous l’Occupation continuait de diviser l’opinion – pour son ouvrage Onanisme et nazisme chez les enseignants du secondaire, aux éditions du Roman crépusculaire ; un jeune philosophe dont on parlait beaucoup, Alain Finkielkraut, pour son dernier opus : Taisez-vous pauvre conne ! ; le trublion de la gauche libertaire et prolétaire Pascal Praud pour son brûlot : Mais à la fin, c’est insupportable, on ne peut plus rien dire ! ; et la star du porno soft belge, Alex Willam, pour son autobiographie : Quoi mes boules, qu’est-ce qu’elles ont mes boules ?
Comme on peut l’imaginer, l’émission fit scandale et aucun des participants ne fut réinvité.
28
Je me souviens de la mort de Nasser (le vrai) et de l’hystérie qui s’empara de la foule lors de ses funérailles au Caire. Hystérie qui ne fut égalée que par celle des funérailles d’Oum Khalsoum.
29
Je me souviens qu’Yvon Douis avait mis un terme à sa carrière internationale quelques jours seulement avant le France-Yougoslavie décisif pour la qualification à la Coupe du monde 1966. Ce qui permit au jeune Philippe Gondet de faire des débuts tonitruants en marquant le but qui envoyait les Bleus en Angleterre. Tenions-nous là enfin notre nouveau Fontaine ?

À suivre…

Tueur, bravo!
Il s’est fait désirer celui-là..mais on déguste, vivement la suite.
C’est marrant, on a l’impression de s’en souvenir aussi après cette lecture…
Tokpa mériterait un papier.
(Un peu de respect pour le grand Noël Rocquevert, que diable !)
Je me suis gourre j’ai écrit Topka
T’es dur. Tokpa est certainement un des premiers attaquants d’Afrique de l’ouest à s’imposer en ligue 1. A un degré moindre qu’Eugène N’Jo Léa mais quand même… Au niveau d’un Keita Barrou à Nice.
Y cassait rien ton Tokpa.
Je ne me laisserai pas entraîner sur le chemin des vaines polémiques !
Quand lui-ai-je manqué de respect ?
Ah ! Ah ! Nan mais quel escroc : oser plagier Perec ! L’immense Perec…
Plagié personne. Tout le monde a le droit de raconter ses souvenirs. Pérec n’a pas les droits d’auteur de la formule » Je me souviens « . C’est même lui qui a plagié un certain Joe Brainard auteur de » I remember » en 1970. Mais d’après les critiques, le texte de Brainard est nettement moins bien.
J’avais vu à la télé le spectacle de Sami Frey, qui, tout en pédalant sur un vélo pendant plus d’une heure, récitait les « Je me souviens ».
Voleur !
Qui, Pérec ?
Marie-José Pérec et Georges Perec.
Te souviens-tu, l’ancêtre, de la petite Lucy qui batifolait dans les hautes herbes de la vallée du Rift ?
Non, mais je me souviens que l’assassinat du Duc de Guise, ça avait fait toute une histoire.
On remarque quand même que le minishort de BB a plus impressionné tes neurones que le football de Pelé… Cochon, va !
Y aura combien de parties, comme ça ?
Trois. Il y a en tout 68 « Je me souviens ». Mon premier brouillon en comportait plus de 120.
En tout cas, c’est sympa à lire.
Je t’ai mis un petit pouce vers le haut, vieux schnock !
Et tu parles meilleur de Paulette Dubost, effectivement égérie de la Nouvelle Vague. Il faut reconnaître qu’elle est délicieuse dans La règle du jeu…
Bien gentille Paulette, mais c’est non plus…Emerson Hope !
Si tu commences à nous parler de tes ex…
Mais combien de navets, genre « Mon frangin du Sénégal », par ailleurs ?
Je n’en ai pas lu tant que ça, des Perec : seulement 4. Et jamais la célèbre Disparition…
Georges Perec, Un homme qui dort, 1967 : « Tu es assis et tu ne veux qu’attendre, attendre seulement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à attendre. »
Publié en 1967, ce troisième roman de Georges Perec s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. Retraçant la quête d’indifférence d’un étudiant en proie à la solitude urbaine, il décrit par le menu un processus de retrait du monde. Fluide et poétique, l’écriture de Perec rend le texte très agréable à lire alors que – sur ce récit désenchanté – plane le parfum de l’existentialisme.
Dans un premier temps, l’expérience du jeune homme conduit à l’affirmation de l’inanité de l’existence humaine vécue comme une contrainte sociale, comme la concrétisation d’un catalogue, comme une succession d’étapes obligées : « Ce n’est pas que tu détestes les hommes, pourquoi les détesterais-tu ? Pourquoi te détesterais-tu ? Si seulement cette appartenance à l’espèce humaine ne s’accompagnait pas de cet insupportable vacarme, si seulement ces quelques pas dérisoires franchis dans le règne animal ne devaient pas se payer de cette perpétuelle indigestion de mots, de projets, de grands départs ! Mais c’est trop cher pour des pouces opposables, pour une station debout, pour l’imparfaite rotation de la tête sur les épaules : cette chaudière, cette fournaise, ce gril qu’est la vie, ces milliards de sommations, d’incitations, de mises en garde, d’exaltations, de désespoirs, ce bain de contraintes qui n’en finit jamais, cette éternelle machine à produire, à broyer, à engloutir, à triompher des embûches, à recommencer encore et sans cesse, cette douce terreur qui veut régir chaque jour, chaque heure de ta mince existence ! Tu n’as guère vécu, et pourtant, tout est déjà dit, déjà fini. Tu n’as que vingt-cinq ans, mais ta route est déjà toute tracée. Les rôles sont prêts, les étiquettes : du pot de ta première enfance au fauteuil roulant de tes vieux jours, tous les sièges sont là et attendent leur tour. Tes aventures sont si bien décrites que la révolte la plus violente ne ferait sourciller personne. […] Tout est déjà prêt pour ta mort : le boulet qui t’emportera est depuis longtemps fondu, les pleureuses sont déjà désignées pour suivre ton cercueil. […] Non. Tu préfères être la pièce manquante du puzzle. Tu retires du jeu tes billes et tes épingles. Tu ne mets aucune chance de ton côté, aucun œuf dans nul panier. Tu mets la charrue devant les bœufs, tu jettes le manche après la cognée, tu vends la peau de l’ours, tu manges ton blé en herbe, tu bois ton fonds, tu mets la clé sous la porte, tu t’en vas sans te retourner. Tu n’écouteras plus les bons conseils. Tu ne demanderas pas de remèdes. Tu passeras ton chemin, tu regarderas les arbres, l’eau, les pierres, le ciel, ton visage, les nuages, les plafonds, le vide. »
Mais cette révolte n’aboutit finalement à rien, cette fuite du jeune homme loin de son essence, cette volonté de se libérer des contraintes se solde par un échec : « Tu n’as rien appris, sinon que la solitude n’apprend rien, que l’indifférence n’apprend rien : c’était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger ; qu’entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot : tu n’as jamais fait qu’errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomètres des façades, des devantures, des parcs et des quais. L’indifférence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu’importe ! Faire ou ne pas faire une partie de billard électrique, quelqu’un, de toute façon, glissera une pièce de vingt centimes dans la fente de l’appareil. Tu peux croire qu’à manger chaque jour le même repas tu accomplis un geste décisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralité ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colère. […] Le monde n’a pas bougé et tu n’as pas changé. L’indifférence ne t’a pas rendu différent. »
Je connais George Pérec
C’est le mec qui a écrit W, ou le souvenir d’enfance
J’avais étudié ça en Maths Spé 1998
Bernard Queysanne, Un homme qui dort, 1974 : Une magnifique adaptation.
Adaptation du roman du même nom, Un homme qui dort est un superbe poème visuel et sonore. Les images (en N&B) et les sons minimalistes d’un Paris insolite sont une invitation à la contemplation, à la rêverie, à la fuite en dehors du monde. Les musiques grinçantes renforcent ce sentiment hypnotique. Et puis il y a la diction fascinante de Ludmila Mikaël, lisant à merveille le texte de Perec – comme possédée. Une promenade dans Paris, en soi et hors de soi, une exhortation à la réflexion, à la philosophie, à la méditation. Un grand film !
Georges Perec, Espèces d’espaces, 1974 : « L’espace est un doute ».
Ce « journal d’un usager de l’espace » est une collection de pensées, d’impressions, de souvenirs sur les lieux que l’on peuple, que l’on habite (la page, l’appartement, la rue, la ville, le monde…), ou, au contraire, qui sont invivables, inhabitables (camps de concentration nazis…). Puisque « vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner » et que « l’espace fond comme le sable coule entre les doigts », il faut « essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes. » Ce travail de remémoration, de ressouvenir – si important chez Perec – passe évidemment par l’écriture.
Mais une écriture du quotidien, une poésie du banal, de ce qui paraît insignifiant, et certainement pas une pompeuse littérature de l’étrange et du miraculeux : « malgré soi, on ne note que l’insolite, le particulier, le misérablement exceptionnel : c’est le contraire qu’il faudrait faire. » En effet, « rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir. » C’est pourquoi il faut prendre le temps d’observer, de scruter ce qui semble vulgaire, de décrire ce qui semble évident. Il faut « se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le plus commun, le plus terne » sur « une feuille de papier, une page de carnet, un feuillet d’agenda ou n’importe quel autre support de fortune (un ticket de métro, une marge de journal, un paquet de cigarettes, le dos d’une enveloppe, etc.). »
Et alors, que verra-t-on ? Par exemple, que ce qui semble évident ne l’est peut-être pas, que « l’espace semble être, ou plus apprivoisé, ou plus inoffensif, que le temps » et qu’à ce titre il méritait bien qu’on lui consacre un petit ouvrage : « on rencontre partout des gens qui ont des montres, et très rarement des gens qui ont des boussoles. On a toujours besoin de savoir l’heure (et qui sait encore la déduire de la position du soleil ?) mais on ne se demande jamais où l’on est. On croit le savoir : on est chez soi, on est à son bureau, on est dans le métro, on est dans la rue. »
Beau et profond, le texte de Georges Perec se lit d’une traite tant il est passionnant et foisonnant. Jouant avec les mots et les idées, questionnant l’évidence et le quotidien, l’écrivain nous rappelle finalement que « parcourir le monde, le sillonner en tous sens, ce ne sera jamais qu’en connaître quelques ares, quelques arpents : minuscules incursions dans des vestiges désincarnés, frissons d’aventure, quêtes improbables figées dans un brouillard doucereux dont quelques détails nous resteront en mémoire : au-delà de ces gares et de ces routes, et des pistes scintillantes des aéroports, et de ces bandes étroites de terrains qu’un train de nuit lancé à grande vitesse illumine un court instant, au-delà des panoramas trop longtemps attendus et trop tard découverts, et des entassements de pierres et des entassements d’œuvres d’art, ce seront peut-être trois enfants courant sur une route toute blanche, ou bien une petite maison à la sortie d’Avignon, avec une porte de bois à claire-voie jadis peinte en vert, la découpe en silhouettes des arbres au sommet d’une colline des environs de Sarrebrück, quatre obèses hilares à la terrasse d’un café dans les faubourgs de Naples, la grand rue de Brionne, dans l’Eure, deux jours avant Noël, vers six heures du soir, la fraîcheur d’une galerie ouverte dans le souk de Sfax, un minuscule barrage en travers d’un loch écossais, une route en lacet près de Corvol-l’Orgueilleux… Et avec eux, irréductible, immédiat et tangible, le sentiment de la concrétude du monde : quelque chose de clair, de plus proche de nous : le monde, non plus comme un parcours sans cesse à refaire, non pas comme une course sans fin, un défi sans cesse à relever, non pas comme le seul prétexte d’une accumulation désespérante, ni comme illusion d’une conquête, mais comme retrouvaille d’un sens, perception d’une écriture terrestre, d’une géographie dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs. »
Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, 1975 : « Les souvenirs sont des morceaux de vie arrachés au vide. »
« Je n’ai pas de souvenirs d’enfance », confie Georges Perec. Alors il part à la recherche de son passé, fouille les photos et les documents, fait émerger les souvenirs, les ressasse pour les reconstituer. Il déterre même une fiction écrite à douze ans, qui est une nette évocation des camps de concentration nazis.
Admirablement écrit et construit, ce double récit est une très belle œuvre sur la déshumanisation imposée par les utopies totalitaires, sur la force des souvenirs et sur l’importance des non-dits – car c’est dans ce qu’il n’écrit pas que Perec est le plus frappant. Au final, que retenir de ce récit ? Peut-être que – s’agissant des parents de Perec – « l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie. »
Georges Perec, Je me souviens, 1978 : Tendresse, humour et perspicacité.
Procédé original, invitation à la nostalgie, cette collection de souvenirs forme une mémoire collective des années 1940-1960. Pouvant se lire d’une traite comme un poème – et occupant alors moins d’une heure –, ce bref livre peut aussi se déguster par petites touches.
Morceaux choisis :
– « Je me souviens que Jean Gabin, avant la guerre, devait, par contrat, mourir à la fin de chaque film » (souvenir 117).
– « Je me souviens que l’avenue de New York s’appelait l’avenue de Tokyo » (souvenir 147).
– « Je me souviens que le lendemain de la mort de Gide, Mauriac reçut ce télégramme : « Enfer n’existe pas. Peux te dissiper. Stop. Gide » » (souvenir 179).
– « Je me souviens que Johnny Halliday est passé en vedette américaine à Bobino avant Raymond Devos (je crois même avoir dit quelque chose du genre de : « si ce type fait carrière, je veux bien être pendu… ») » (souvenir 181).
– « Je me souviens que quand Sophie, Pierre et Charles faisaient la course, c’était Sophie qui gagnait, car Charles traînait, Pierre freinait, alors que Sophie démarrait » (souvenir 207).
– « Je me souviens de quelques footballeurs : Ben Barek, Marche et Jonquet et, plus tard, Just Fontaine » (souvenir 233).
– « Je me souviens de Jean Yanne à R.T.L. et de ses inoubliables calembours : Tire ailleurs, c’est mes galets !, Ce sont d’avides et bêtes abbés ! Neuf acteurs sonnent toujours deux fois ! L’abbé irrité sort de la douche des enfants ! etc. » (souvenir 449).
On dirait du Fred Astaire.
Ahahah
Oui, le pseudo-intellectuel et authentique cuistre mentionné par le vieux dans sa collection de (faux) souvenirs, c’est moi.
Et l’historien Robert Channeau, tu l’as connu ?
Bien sûr, il avait publié une bio de Guitry aux éditions de l’élan. Il y faisait une défense et illustration de l’attitude de môa pendant les années sombres, c’était édifiant…
Oui, tu nous le « Rebatet » souvent d’ailleurs !
Arrête donc de fouiller les Décombres !
J’avais consacré (oui, j’aime parler de moi) un texte à José Meiffret : https://www.pinte2foot.com/article/lhomme-qui-pedalait-a-200-km-h
Me disais bien que j avais vu ça ici!
Ou, mais moi je l’ai vu en direct.
Le truc marrant avec le 1000e but de Pelé c’est qu’après coup ils ont réalisé que ce n’était pas le vrai 1000e et qu’il en avait marqué 3 de plus.
Les maths au Brésil, à cette époque…
Depuis, ils ont renforcé le cursus et sorti 3 médailles de Fields !
Que d’émotions…
Après 3 ans à nous faire mariner, notre ainé délivre enfin son premier texte.
Et c’est un très beau texte avec de très belles photos! Hâte de lire la suite.
J’ai juste un doute sur le point 27!
En tout cas beaucoup de Benfica dans ses souvenirs.
Tout ce que je raconte est authentique, même le 27 !😂
Y a encore du Real-Benfica dans la suite.
Années 60, Benfica c’est incontournable… Avec l’Inter.
Ah voilà !!!!
Mytho ! Tout le monde sait qu’une existence ne suffirait pas à vivre tout ça.
T’as pas dû t’ennuyer, on devine une vie d’aventures. Fred est un clone d’Eddie Constantine-Lemmy Caution. Cigarettes, whisky et p’tites pépées en version chewing-gum, grenadine et pépé Jean-Baptiste.
J’aimais bien Eddie Constantine, comme acteur et comme chanteur aussi. J’ai oublié d’en parler.
C’est le Las Vegas-sur-Marne de feu Guy Marchand, ma parole !
Soleil et café.
Tiens, le texte tant attendu!
Pas de réaction d’Alex sur le 27 ?
Il récupère de son couscous menthe merguez d’hier.
A propos de couscous, des nouvelles de VanBaston ?
Surtout que tu lui a enlevé le e final, encore un hommage à Perec?
M’enfin : je fus le premier à réagir, entre deux dossiers!
(j’aurai tout le temps dans une semaine)
J’ai évidemment ri aux subjonctifs imparfaits, mitan et eurocentré 😉
J’ai oublié de placer « tropisme ».
Et « goalkeepers »
Les années 50 sont la plus belle décennie du foot, suis d’accord. Et même dans les autres sports, cyclisme, boxe, y a match.
Les » années Wilstra » ?!
Une décennie que je n’ai pas connu mais que j’aurais aimé vivre. L’apogée de mon Stade évidemment et le mondial 58.
En vélo, je suis d’accord pour dire que c’est l’âge d’or également. L’immédiat après guerre est marqué par le duel de campionissimi sans qu’aucune autre nation ne soit en mesure de leur contester. Des pays épargnés par la guerre comme la Suisse ont été les premiers à leur opposer une résistance avec Koblet et Kubler. La France a mis quelques années a proposé une nouvelle génération compétitive. Mais avec l’avènement de Bobet, puis de Bahamontès et de Gaul.
D’autres grands champions qui en un autre temps auraient eu un tout autre palmarès (Ockers, Magni, Schotte, Geminiani, Rivière). Le tout se concluant par l’avènement d’Anquetil.
Les courses d’un jour n’étaient pas en reste avec les deux Rik. Van Looy chassant Van Steenbergen, deux des plus grands classicmen de l’histoire et là encore tant d’histoires à raconter (comme la trahison de Renaix où le modeste Beheyt prive Van Looy d’un titre mondial qui ne pouvait lui échapper).
On tient assurément la plus grande densité de champions de l’histoire. des duels épiques, une mythologie du sport jamais connu avant guerre (ni après d’ailleurs, les rivaux du cannibale et du blaireau n’atteindront jamais ce niveau), le tout dans un contexte où le cyclisme est le sport n°1 en Belgique, en France, en Italie (pour l’Espagne je ne sais pas, qu’en penses tu?).
En Espagne, je ne sais pas mais il y a des mecs très importants, oui. Bahamontes donnera des idées sur le Tour aux futurs grimpeurs ibériques et Miguel Poblet est assurément l’un des meilleurs cyclistes espagnols de l’histoire. Très grosse empreinte sur le Giro.
Je ne penses pas que le cyclisme ait été le sport préféré en Espagne à une époque mais n’ayant pas énormément de chasseurs de classiques dans son histoire, le Tour a rapidement été une étape importante de l’année. Sûrement plus que pour les Italiens.
Je pense également. L’isolement li& franquisme à une époque où on a créé l’Europe du cyclisme a joué également.
(parti trop vite)
La Vuelta a longtemps souffert d’un certain désaveu du gratin international, de même que les autres grandes courses (Clasica san Sebastian, tour de Catalogne). Delgado et Indurain qui marquent le renouveau après 30 ans de vache maigre, leur objectif c’est le Tour. La Vuelta, Indurain il l’a jamais couru dès lors qu’il devient le boss (alors qu’il double avec le Giro par exemple). Et ça semble pas lui manquer à son palmarès.
Même pour Bahamontes. Qui n’a d’ailleurs jamais gagné la Vuelta. Dès les années 60, il est absent de l’épreuve alors qu’il continue d’être une référence sur le Tour. Ocaña a peut-être une histoire plus forte sur la compétition espagnole mais son graal demeurera le Tour. Julio Jimenez brillait surtout en montagne quand à Fuente, il ne vient sur le Tour que très rarement.
Ocana avait gardé la nationalité espagnole mais d’un point de vue cycliste c’est plus un coureur « français » (formé en France, vit dans le Gers, équipe française, etc…).
Je ne pensais que Kick Wilstra avait une telle diffusion en France. Suis à peu près certain qu’il n’a jamais franchi les Pyrénées. Évidemment un mixte des légendes Kick Smit, Faas Wilkes en Abe Lenstra.
D’ailleurs Alex, tu peux nous parler de Kick Smit…
En France, ses aventures n’ont paru que de 58 à 60.
Y avait peut-être un footballeur espagnol héros d’une BD ?
Je l’ignore. Je sais que Mortadel y Filémon, qui sont des sortes de détectives mediocres à qui il arrive toujours les pires mésaventures, ont eu des séries consacrées au foot, en particulier pour le Mondial 82.
Le Footichiste – Mortadel et Filemon au Mundial 1982 https://share.google/UqsylADosfTzSg0NW
Je ne connaissais pas ce site. C’est très pop. C’est pas mal.
Du Kick Wilstra : sûrement découvert en apprenant le néerlandais. Mais à part ça????? C’est surtout une affaire de néerlandophones, pour ainsi dire (plus?) personne ne connaît cela en Wallonie je crois.
Kick Smit mérite plus qu’un commentaire, parmi mes figures préférées aux Pays-Bas. Grand ami d’ailleurs de Rijvers (un autre que j’aime bien, comme tu sais), individus faits du même bois.. J’essaierai de rendre honneur à ce gr en même temps que feu son club, ça va venir.
* « (…) à ce grand monsieur du foot NL »
(j’ai glissé, chef)
Guy Kedia, d’origine géorgienne. Me souviens de débat sur les grands meneurs de l’histoire où il réussissait toujours à placer Kipiani.
Tu m’étonnes !
Comme Roustan, qui s’arrangeat pour placer à tout bout de champ, Platini et Maradona.
T’as vu Milutinovic, la classe !
Connais pas Jacky Bouquet…
Rugbyx !
Haha. Pourtant, j’aime beaucoup la génération fin des 50-debut 60 des Bleus mais je suis passé à côté. Un copain avait interviewé Lucien Mias il y quelques années.
A la fin du texte, il y aura des pistes de lectures.
Sur le Discord, j’avais mis le lien de France-Afrique du Sud 1961 en intégral, mais personne n’a daigné regarder.
Il n’était ni Béarnais, ni Basque, ni Landais… donc un Denis Lalanne et les les journaleux de Midol ne le soutenaient pas face aux Boniface qui avaient tout pour plaire à la presse qui faisait l’opinion. Avoir eu tant de sélections dans ces conditions est remarquable.
« Les journaleux de Midol » haha !
Journal dans lequel a voulu rentrer Alphabet !
Connais-tu le Toulousain Jean Salut ?
Oui. Figure du TOEC, qui était la deuxième locomotive du rugby toulousain. Club qui a sorti Rives, Richard Astre, Élie Cester… J’étais allé voir une rencontre du TOEC quand un copain, qui avait été formé à Narbonne, y jouait. On avait bien rigolé face à ce rugby de tranchées.
Salut Fred !
On l’a vu que 2 saisons dans le Tournoi. Vraiment des connards les sélectionneurs.
Pour une des rare fois où l’on peut te prendre en défaut sur de la culture sportive !
Et l’ailier Jean-François Gourdon, tu connais ?
Gourdon, ce sont les grandes heures du Stade Bagnerais avec Bertrane et Aguirre. Deux finales où débutait le jeune Cigagna, si important dans l’histoire du Stade. Il était également prof de sport au lycée Bellevue. J’avais des copains qui l’avaient. Mon frangin a eu Patrice Estanguet, le frère de Tony, dans ce même lycée.
Très grand jugador. Un physique à la Kirwan.
Et ceci est le 150ème commentaire.
Merci beaucoup.
Un pouce levé pour le .23
La suite, vite vite !!
Y aura moins de foot, mais plus de déconnade dans la suite.
Yvon Douis… J’ai une naturelle affection pour ce joueur sans vraiment connaître ses qualités. Lille, les premiers titres monegasques. Milieu technique, non ? Et Theo ?
Ah l’évènement, enfin un article de Fredo .
Et il se prend pour une vedette, ah il est comme un coq en pâte à P2F, il s’assoit dans un canapé rouge le dimanche tranquille comme chez Drucker, à raconter ses souvenirs .
Quel escroc.
🙂
Quel tendre article!
Précieuse collection de souvenirs .
Je l’ai lu deux fois ,on croirai la vivre cette époque qui te fut bénie.
Hâte de lire la suite, toute une vie …
Bravissimo chapeau!
411VM ou la bienveillance, l’empathie, la tendresse même !
Lui au moins ne me traiterait pas de plagiaire, mais de poète, de barde, de chantre !
L’anti-bobby quoi !
Chacun son style, le vieux !
A condition d’en avoir un, bien sûr.
Le style c’est l’homme !
C’est Flaubert qui a dit ça ?
Non.
Un article tout en Slices Of Life
En tranches de vie
Remarquable, c’est ça qu’on aime
Enfin, j’ai envie de dire
Du coup qui sont les derniers de la classe maintenant, niveau articles ?
Dip n’a toujours pas fini sa trilogie sur Maradona
Perso, je suis large haha
En effet, je suis toujours dans l’expectative du 2ème épisode des maradonneries…
La 1ere partie était chouette!
Salut Fred ! Merci pour tes souvenirs, très chouette à lire.
Hâte de lire le point où tu nous racontes ton mariage avec Brigitte Bardot.
Non, moi, et tu le découvriras dans la suite, c’était avec Mylène Demongeot.
Modiano fait aussi une grosse fixette sur la Demongeot…
Il me semble bien l’avoir entendu évoquer Demongeot chez Pivot.
Jeanne Moreau et Miles – Claudia Cardinale et Enio…. Une autre élévation 😉
Raymond Bussières en vedette me marque plus que le reste et je serais preneur des 120 souvenirs 🙂
Quel talent de commercial ce Frédo, le gars nous tient en haleine trois ans avant de sortir son premier article, il nous le tease pendant deux mois. Si bien qu’une fois sorti, celui-ci va battre tous les records de commentaires, de lecture, de pouces bleus…
D’ailleurs son dernier point va être « je me souviens quand je suis devenu l’auteur le plus populaire de P2F »
Merci Fred. Texte très agréable.
Puisque le vieux schnock évoque Gondet et le match contre la Yougoslavie qualificatif pour la WC66 : https://www.pinte2foot.com/article/des-vertus-de-lautogestion-la-france-a-la-world-cup-1966
La World Cup 66, quelle histoire ça aussi !
Tu l’as vue ?
Le match d’ouverture Uruguay-England, les 3 matchs pourris de l’EDF, le quart RFA-URSS, les demies, les 2 finales. C’est tout ce que nous a proposé l’ORTF.
C’était déjà pas si mal.
Les matchs avaient lieu à la même heure , je crois bien, ceci explique cela.
Bah, le match d’ouverture, les 4 derniers matchs, tous les matchs de l’équipe de France, un quart, c’est bien.
Y a pas que le foot dans la vie, hein !
Et c’était Zitrone qui commentait le RFA-URSS. Il était tout excité dès que Yachine effectuait une parade.
“ RFA-URSS 1966 : retour à Stalingrad”, P2F, 24 août 2023 🙂
Ah Leon Zitrone
Quel grand présentateur de télévision
Cela me fait directement penser à son duo avec Guy Lux (j’ignorais qu’il avait commenté du foot)
Je viens de le relire, c’est formidable.
La saga Fred astaire.
J espère que tu seras interviewé par Alpha pour expliquer tout ça.
Et j espère un souvenir à Book-Off
Il est pas encore intervenu, ggg non plus.
Tiens, dans le genre, j’ai fait ceux-ci pour un concours de nouvelles en 2015 : format Perec imposé, thème au choix, une page maxi.
Je me souviens des wagons verts d’avant les Corail, des épais fauteuils rouges et de la moquette de salon des premières.
Je me souviens que pour avoir l’interurbain il fallait faire le 15 ou le 16, selon les départements, et attendre la tonalité. Au moins, ça marchait à peu près partout maintenant.
Je me souviens de Sepp Maier écœurant la Pologne à lui tout seul dans le match le plus humide de toute l’histoire de la Coupe du Monde.
Je me souviens du chasseur de Michel Delpech avec son fusil dans les mains.
Je me souviens que la ligne 14 du métro, c’était encore Porte de Vanves – Invalides et les bonnes vieilles rames Sprague.
Je me souviens d’Alain Poher, discret détenteur par intérim de la foudre atomique.
Je me souviens de l’horloge de l’ORTF à 19 heures 40 et à 20 heures : vingt secondes pour régler sa montre au son d’un morceau de musique classique qui ne rigolait pas.
Je me souviens de J.P.R. Williams, magnifique arrière des flamboyants Gallois bourreaux (une fois de plus…) du XV de France.
Je me souviens de la GS Birotor, en avant toute sur la fausse route du futur.
Je me souviens des quarante-deux morts du coup de grisou de Liévin, de ce malheur d’un autre siècle de familles espérant le miracle devant un puits de mine.
Je me souviens de la mutinerie sur le France, petite et honteuse comme une scène de ménage en pleine messe. Il n’a plus jamais navigué sous pavillon français… et c’est un peu notre espoir qui est parti avec lui.
Je me souviens de 1974, l’année où les Français ont compris que les Trente Glorieuses étaient vraiment finies.
@g-g-g : te souviens tu que, plutôt que de trop intellectualiser, et d’hésiter, j’avais inciter notre Fred, à raconter sa vie ?
Comment vas tu, par ailleurs ?
T’enflamme pas, il en reste 40 à paraître !
j’ai l’impression d’être dans un podcast de Jean Noel Jeanneney invitant Jean Rochefort… c’est assez délicieux
100!
104.
N’est on pas sur un record de commentaires sur un article P2F ?
On l’a éclaté : c’était le but.
Purée ! le vieux, tout le monde est là à lui polir le chinois…
Chuis jaloux !
Il a la classe américaine, c’est comme çà
Bravo, Fredo, on l’a fait !
T’as écrit un article et on a établi un nouveau record de commentaires sur notre modeste (mais beau) site.
Longue vie à Fredo, longue vie à P2F.
On continue d’écrire l’Histoire !
Xixon et Alphabet ne sont pas encore venus.
Le v’là ton message, tu vas pouvoir te gargariser de ça papi
Au temps pour moi RFA-URSSL en 66 est une demie, pas un quart. Le quart télévisé c’était URSS-Hongrie.
Raison pour laquelle c’était les matchs de la Sbornaia qui étaient privilégiés ?
Sans doute que pour l’ORTF, URSS-Hongrie (qui avait humilié le Brésil) était une affiche plus sexy que Angleterre-Argentine, Allemagne-Uruguay ou Portugal-Corée.
Dommage qu’au lieu de se farcir les purgeasses des Bleus, on ait pas assister à Brésil-Hongrie (dernier match international de Garrincha et sa seule défaite).
Je voulais citer aussi Rik Van Loy, Dédé Darrigade, Jean Stablinski et Henri Anglade, sans oublier Pierre Trentin et Daniel Morelon.
Daniel Modolo et Pierre Trentin
Dede Darrigade, je l’ai vu pour les 100 ans du maillot jaune à Pau. Aux côtés d’Eddy, Hinault, Lemond, Contador, Kelly, Zabel et de Poulidor. Certain que je ne me retrouverai plus jamais en face de tant de légendes du sport…
Waouh!
130ème !!!
Ce match de Santos avec Bardot au coup d’envoi est disponible sur Youtube pour ceux qui ont du temps à perdre.
Comme le disent les 327.624 commentaires précédents, merci pour ces souvenirs. Vivement la suite !
Je me demandais si ça n’appelait pas une réponse pour que les autres pinteux de ce bar (fort accueillant, comme il se doit) partagent à leur tour leurs souvenirs. Ça ferait un beau kaléidoscope avec plein d’anecdotes, d’obsessions, de périodes plus ou moins différentes. En tout cas, moi, j’attends de lire les autres
Lance toi Red ! Parmi les rédacteurs historiques, on commence à plutôt bien se connaître. Donc ça radote sévère ! Moi, en particulier… hehe
Vivement jeudi et samedi !
Le nombre de commentaires est bloqué à 150 depuis une semaine, alors qu’il y en a eu depuis. C’est normal ?