Top 10 Partizan Belgrade (Deuxième partie)

Deuxième partie de ce top 10, retrouvez les places 10 à 6 ici.

Numéro 5 : Miloš Milutinović

Le Sterne bleu. C’est ainsi que l’on surnommait le longiligne blondinet Miloš Milutinović. Orphelin de père, Miloš se relève au Championnat d’Europe junior 1951, organisé à Cannes. Son pays est sacré et Gabriel Hanot ne tarit pas d’éloges sur ce délicieux technicien. « Souvenez-vous de ce nom ! Milutinovic est diaboliquement doué. Ne vous étonnez pas lorsqu’il mènera l’attaque de l’équipe yougoslave A dans un an. »
Milutinović est désormais l’objet d’une guerre sans pitié entre le Partizan et l’Etoile rouge. Ce dernier n’hésitant pas à simuler un kidnapping pour l’obliger à signer chez eux ! Mais Miloš a donné sa parole au Partizan et formera un trio mémorable avec Branko Zebec et son héros de jeunesse, Stjepan Bobek. Marquant un quadruplé face au LOSC dès son second match !
Il débute en sélection en 1953 face aux Gallois de John Charles et anéantira les espoirs de Remetter lors du Mondial suisse, échouant par la suite en quart face aux Allemands. Miloš est devenu une référence continentale et inscrit un doublé historique face au Sporting lors du premier match européen de l’histoire. Faisant l’objet d’une cour effrénée de la part de Santiago Bernabéu après un récital à Belgrade. Mais pas du duo possible entre Miloš et la saeta rubia selon Tito et Franco.
Miloš est un des visages de Belgrade. Un look impeccablement soigné qui attirent les regards et les conquêtes. Une idylle jusqu’au quart du mondial 1958, qu’il joue contraint et forcé face à l’Allemagne, bien qu’épuisé et fiévreux. Malade, le Partizan se détourne cruellement de Miloš le tuberculeux qui semble perdu pour le football. Oubliant ses 231 buts pour l’institution et opérant en sous-main à sa détention d’un mois en prison pour avoir osé signer à l’OFK Belgrade !

Sa résurrection, Miloš la devra à son ancien bourreau, l’Allemagne. Le président du Bayern Munich, Roland Endler, prend en charge la convalescence du Serbe en échange du plaisir de voir le Sterne bleu évoluer sous les couleurs bavaroises. Promesse tenue même si Miloš n’est plus qu’une fraction du joueur qu’il fût. Un passage court mais suffisamment marquant pour le jeune Beckenbauer qui ne cachera jamais son admiration pour le Meister Miloš.
Apres la veine attente d’une offre concrète de l’Inter, Miloš formera par la suite un duo de charme au Racing aux côtés du caractériel Ujlaki, perdant le titre 1962 à la dernière journée au goal-average. Miloš séduit les parisiens les plus sceptiques car « ce n’est pas un footballeur mais un artiste, un ange bleu venu ravir Paris » selon Jean Corney.
Viendront ensuite le Stade Français et une fin romantique et passionnée à l’OFK en compagnie de son ami Šekularac. Quelques expériences en tant que coach dont une au chevet de la sélection yougoslave en route pour le mondial mexicain 1986. Mais les Bulgares et Platini briseront les rêves de retrouvailles avec son frère Bora.
Miloš, une étoile chérie, fiancée répudiée parfois, qui décrivit ainsi, à des badauds parisiens, la sorcellerie de ses dribbles. « Je dribble comme je marche. Comme je respire… Parfois, je me sens comme un oiseau. J’ai l’impression de voler. »

Numéro 4 : Velibor Vasović

Il y a des joueurs lisses, ne faisant pas de vagues et faisant parler d’eux uniquement pour l’aspect sportif de leurs carrières. Et puis il y a Velibor Vasović.

Membre des bébés du Partizan formés par Florijan Matekalo, il fait ses débuts professionnels avec le Partizan en 1958, alors qu’il n’a que 18 ans, il devient titulaire l’année suivante, devenant un titulaire indiscutable des Crno-beli pendant quatre saisons durant lesquelles il remporte le titre à trois reprises.

Mais le premier moment controversé de la carrière de Vasović arrive durant l’été 1963. Son oncle étant membre du conseil des dirigeants du Partizan, le club s’attend à qu’il prolonge sans inquiétude. Le club préfère donc privilégier la prolongation de Fahrudin Jusufi. Vasović prends très mal ce geste et décide donc de rejoindre l’Etoile rouge, alors que la rivalité entre les deux clubs est déjà bouillante. Il empoche également cinq millions de dinars yougoslaves, suffisamment pour s’acheter deux Mercedes.

Sa première partie de saison avec l’Etoile rouge est brillante, il forme un trio défensif resté fameux à Belgrade : Melić-Čop-Vasović !

Mais arrivé à la mi-saison, les dirigeants du Partizan lui proposent un retour avec un gros salaire à la clé, Velibor accepte mais les dirigeants de l’Etoile rouge refuse et le punissent en ne le faisant pas jouer. Velibor Vasović se retrouve alors dans une situation des plus absurdes : il est payé par l’Etoile rouge, s’entraîne avec le Partizan et ne joue avec personne !

Cette réputation de mercenaire s’accentuera plus tard quand il deviendra le premier coach à entraîner le Partizan et l’Etoile rouge !

Revenu au Partizan pour la saison 1964-1965, il redevient immédiatement titulaire et gagne à nouveau le titre, le cinquième consécutif avec celui remporté sous les couleurs de l’Etoile rouge, devenant l’unique joueur de l’histoire à avoir été cinq fois champion de Yougoslavie de manière consécutive !

La saison 1965/1966 permet à Vasović de se faire connaître en Europe grâce au parcours du Partizan cette saison là, Velibor commencera son dernier défi, qui l’amènera à Amsterdam, rejoignant une équipe de l’Ajax en construction et terminant sa carrière en soulevant le plus beau des trophées européens à la suite de la victoire de l’Ajax, dont il est capitaine, contre le Panathinaïkós en finale de la Coupe des clubs champions européens 1971.

Numéro 3 : Milan Galić

Vladimir Petrović disait qu’il était le plus doué de tous. Au dessus d’un Džajić. Des paroles pas anodines, venant d’une légende célébrée de l’Etoile rouge. Pour être clair, Milan Galić est l’astre le plus lumineux du plus grand Partizan de l’histoire.
Milan est un enfant de l’assistance. Traîné d’orphelinat en orphelinat, après avoir perdu jeune ses parents et vu ses frères aînés s’enfuir dans le maquis des Partisans de Tito.
De cette enfance douloureuse, Milan tirera une volonté farouche et un enthousiasme qui ne le quitteront jamais. Refusé par l’Etoile rouge, le polyvalent Galić frappe à la porte du Partizan et partage les dernières heures glorieuses de Bobek. Comme un passage de témoin…
Il incorpore presque aussitôt la sélection, marquant dès la 27e seconde face à la Bulgarie pour sa première cape ! Une histoire d’amour qui durera sept ans et fera de lui le dauphin des buteurs en sélection derrière un certain Bobek. Toujours…
Galić est un attaquant agile et agressif qui se déplace sur tout le front de l’attaque. Un technicien qui évoluait avec aisance en numéro 10 distributeur à l’occasion. Il crève l’écran en 1960, en bourreau d’un pauvre Georges Lamia au Parc des Princes, avant d’ouvrir le score face à la bande de Netto en finale de l’Euro. Son dixième match consécutif avec au moins un but. Aux J.O. romains 1960, il pimentera sa médaille d’or d’un but et d’une expulsion face aux Danois en finale ! Rien ne semble hors de portée pour le rapace Milan.
Galić marche à peine sur ses 23 ans qu’il est déjà le taulier indiscutable du Partizan aux quatre titres en cinq ans. Un phare pour les Plavi, à qui il offre le scalp de la Colombie et de l’Uruguay en 1962, avant de mystifier Schnellinger d’un petit pont et servir sur un plateau d’argent le but de la qualification à Radakovic. Le plus grand mondial yougoslave de l’après-guerre porte le sceau de Galić.
En 1966, Milan, en plein service militaire, regarde en spectateur l’épopée des Crno-beli jusqu’à finale, ne participant qu’au match face au Real Madrid. Il est vaincu mais peut désormais quitter le pays. Les portes de la Liga et de la Serie A étant hermétiquement fermées aux étrangers, il rejoint l’escadron liégeois du président Petit. Galić aura marqué 165 buts pour le Partizan.

Milan se lie d’amitié avec la ville, avec Claessen et Nicolay. Combine avec Takač ou Kostedde pour le bonheur de Rouches qui dominent la scène nationale et font chavirer le Real d’Amancio au Bernabéu. Des blessures, un titre de Pichichi belge grâce aux offrandes de Van Moer et deux titres pour Milan le magnifique. Et tant de souvenirs… Car comme le souligne le luxembourgeois Louis Pilot, « il était le plus doué. Galić avait une classe folle, et même si le Standard avait la cote sur la scène internationale grâce à ses exploits en Coupe d’Europe, je me suis souvent demandé ce que la star du Partizan venait faire chez nous. Il était taillé pour les grands club italiens ou espagnols. »

Numéro 2 : Dragan Mance

3 septembre 1985. Le jour où la mort s’est abattue sur un jeune homme qui n’avait pas encore 23 ans.

Dragan Mance n’a pas le palmarès des plus grandes légendes, un championnat de Yougoslavie en 1983 uniquement, ni même la carrière internationale dense et réussie d’autres immenses joueurs, quatre capes pour aucun but. Mais Dragan Mance était un joueur aimé, adoré même, par tout les Grobari.

Aucun joueur yougoslave, ni avant, ni après, n’a vu son transfert être annulé car les supporters de l’équipe sont allés occuper les bureaux de direction afin de forcer les dirigeants à empêcher le transfert.

Avant même son tragique décès, il était déjà un chouchou parmi les Grobari. D’où cet amour venait-il ?

Peut-être de ce doublé contre le Dinamo Zagreb, quand les Croates étaient en tête du championnat devant le Partizan. Potentiellement, ce but décisif dans le derby contre l’Etoile rouge. Ou alors ce doublé en fin de saison contre l’Etoile rouge à nouveau, assurant quasiment le neuvième titre de champion pour les Crno-beli, le premier depuis cinq ans.

Tous les Serbes, quelque soit leur club de cœur, connaissent le but de Dragan Mance contre Queens Park Rangers en Coupe de l’UEFA. Malgré cette frappe somptueuse, les Anglais s’imposent 6-2 à Highbury. Pour beaucoup, le Partizan n’a aucune chance. Et qui d’autre que Mance pour ouvrir le score et montrer la voie à une historique victoire 4-0 ?

Mais plus que les buts, de simples stats, l’amour entre les Grobari et Dragan Mance se trouvaient dans des gestes simples. Les célébrations du joueur dans la tribune sud, sautant par dessus les panneaux publicitaires pour célébrer un amour partagé par tout les supporters.

Les mêmes supporters qui encore aujourd’hui chantent « Tu es parti Dragan, la tristesse demeure… Je t’aimerai toujours, Grobari de la tribune sud… »

Numéro 1 : Stjepan Bobek

Il est des records qui ne seront jamais battus. Les 100 points de Wilt Chamberlain, le 800 mètres de Jarmila Kratochvílová. Ou le record de buts pour la Yougoslavie de Stjepan Bobek.
Né en 1923 à Zagreb, Bobek, dit Stef, était si mature, si doué, qu’il joua, en falsifiant ses papiers, dans l’équipe senior du ŠK Zagreb à l’âge de 15 ans ! Son talent lui octroie certains privilèges pendant la guerre. Il est envoyé en Autriche, visiblement pour échapper à la mobilisation. Protégé, il officie par la suite en tant qu’employé pénitentiaire à son retour en Croatie. Avant qu’un transfert judicieux au Građanski Zagreb, sous la demande expresse de Márton Bukovi, ne lui évite le baroud d’honneur suicidaire des Oustachis de Ante Palević. Bukovi, l’homme qui forgea par la suite Nándor Hidegkuti.
Les fondateurs du Partizan sont ambitieux et convie Bobek, membre du corps de défense nationale, à les rejoindre dès 1945. Stejpan est ravi. « J’ai dû abandonner beaucoup de choses pour le football, mais grâce à mon talent, j’ai eu l’opportunité de vivre comme un roi et de découvrir le monde. Cela n’a pas de prix. »
Illés Spitz, le coach de Bobek pendant la majorité de sa carrière, perçoit en lui, un capitaine de route à la palette plus large que celle du simple artificier. La liberté de mouvement est totale et Bobek, aussi bien en tant qu’avant-centre que milieu offensif, multiplie les grandes prestations. Enroulées des deux pieds ou talonnade, ses spécialités, comblent le public. Bobek intègre la première sélection d’après-guerre face à la Tchécoslovaquie.

Bobek s’impose comme le héros de la nation, encensé pour son attitude chevaleresque sur le terrain et ses nombreux faits d’armes. Le but inaugural du Partizan dans le Derby Eternel. Un octuplé face à Niš pour le premier sacre des Crno-beli. La dépouille de défenses aux abois lors d’une tournée anglaise.
Belgrade se divise définitivement en deux, entre les adorateurs de Bobek et ceux de Rajko Mitić de l’Etoile rouge. Des rivaux sportifs mais amis dans la vie qui vont, en compagnie de la star du Hajduk, Bernard Vukas, incarner la virtuosité balkanique à l’étranger. Le trio cède en finale 1948 à Londres face au futur GreNoLi. Malmène le Mexique et la Suisse au Brésil deux ans plus tard. Pour à nouveau voir s’évanouir la gloire des lauriers olympiques à Helsinki face à la bande de Puskás. Puskás qui avouera s’être inspiré du jeu de Bobek.
Pas de couronnement pour cette génération dorée mais la reconnaissance éternelle du Maréchal Tito pour avoir cloué le bec aux Soviétiques de Staline dans une confrontation légendaire et hautement symbolique en Finlande. Bobek jouera 44 matchs consécutifs avec les Plavi

Avec le Partizan, malgré l’émergence de Zabec et Milutinović, Bobek ne domine plus la scène nationale. Il n’est plus question que de coupes ou de trophées individuels mais l’essentiel est ailleurs. Il est restera, aux yeux de ses compatriotes de l’époque, celui qui incarnait la singularité et l’esprit frondeur de cette jeune nation face au Bloc de Varsovie. Ce football autant aimé et fantasmé pour ses prouesses que ses faiblesses, jusqu’à la disparition définitive de son « idéal fédéraliste ». Bobek le Croate, mythe de Belgrade…
Bobek aura scoré 413 fois pour le Partizan. Un autre record inatteignable.

En collaboration avec l’ami Alpha !

50 réflexions sur « Top 10 Partizan Belgrade (Deuxième partie) »

  1. Merci les gars, super top avec la « surprise » Mance. Exercice difficile que de faire des choix mais qu’est ce qui vous a conduit à écarter Antić ou Belin au profit de Curko par exemple ?
    Quant à Bobek, il est indépassable. Lors des JO 1948, il marque à chaque rencontre et notamment lors de la défaite en finale contre la Suède du trio GreNoLi.
    En 1952 en Finlande, il est plus discret et réussit « l’exploit » de ne pas scorer face à l’Inde lors de la victoire 10-1 ! Il est évidemment du match au scénario invraisemblable contre l’URSS mais échoue encore dans la quête du titre olympique.

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    1. Pour etre honnête, aucun des deux m’a vraiment été dans la course. Antic manque d’exposition internationale. Une seule sélection. Quand à Belin, Jusufi ou meme Nenad, nous paraissaient plus marquant.
      Jusufi, c’est 3 sélections dans un onze mondial pour World Soccer. On peut toujours questionner la valeur de ces sélections mais l’ayant réalisé avec deux clubs, ça prouve la régularité de sa carrière.
      Et il prend la relève de Belin.
      A la limite, on aurait pu inclure Bjekovic et surtout Momcilo Vukotic qui, à part une saison à Bordeaux, a fait l’intégralité de sa carrière au Partizan. Une figure incontestable du club.

      Cebolinha se demandait si Milosevic ou Mijatovic passeraient le cut mais Savo est prolifique après la disparition de la Yougoslavie. Donc un niveau plus faible. Et Peja n’a pas suffisamment joué pendant la période fédéraliste.
      A mes yeux, le meilleur Peja est à Valence.

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    2. D’ailleurs, par rapport au match URSS Yougoslavie de 1952, la tension etait telle qu’après l’élimination, le pouvoir soviétique mît fin à la section foot du CDKA, l’ancêtre du CSKA. L’equipe soviétique étant majoritairement composée de ses membres.

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  2. Stjepan Bobek qui est resté pendant très très longtemps le meilleur buteur de l’histoire de la Yougoslavie / Serbie-Monténégro / Serbie (38 buts) avant d’être dépassé récemment par Aleksandar Mitrovic.

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    1. J’ai du mal à considérer la continuité. Bobek, c’est la Yougoslavie. Mitrovic, la Serbie seule désormais, apres avoir ete liée au Monténégro. Pour moi, ce sont deux histoires différentes.
      Je trouve mesquin que la Serbie s’arroge l’héritage yougoslave. Que fait on des Oblak, Pancev, Susic, Vukas?

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      1. Bah après d’un point de vue sportif, la Serbie est considérée par la FIFA et l’UEFA comme étant la successeure de la Yougoslavie puis de la RF Yougoslavie, c’est pour cela qu’on y trouve parmi les records des joueurs comme Milan Galic et Predrag Mijatovic.

        C’est peu ou prou la même chose avec l’URSS et la Russie.

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      2. Je sais mais je trouve ça injustifié. Difficile de considérer le titre mondial de basket 90 comme uniquement serbe. Kukoc, Petrovic, Radja, Vrankovic, Zdovc….
        Idem pour le titre olympique de 88 soviétique. Sabonis, Kurtinaitis, Marcuilionis, Volkov…

        Je crois que le seul palmarès soviétique qui soit véritablement russe est le palmarès en hockey. Les mecs étaient quasiment tous russes. Mais pour les autres sports…
        L’Euro 1960 à la rigueur. Il me semble que l’effectif est essentiellement russe.

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      3. Rôôôô.. Je me suis justement revisionné les deux finales victorieuses du Pop84/Jugoplastika hier PM en essayant de surmonter une espèce de grippe, qu’est-ce que j’en étais fan de cette équipe..

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  3. J’ai appris pas mal de trucs, merci !

    Je vais me focaliser sur Galic car je connais pas mal de monde qui l’a vu live voire côtoyé. Ce sera raccord avec ce qu’en déclara son équipier Pilot, bref : confirmer que Galic était effectivement au-dessus de la mêlée.

    Succinctement :

    Ses stats sont impressionnantes et cependant biaisées : sa place de prédilection était inter gauche mais, pour les besoins de la nation, il paya régulièrement sa polyvalence en étant positionné sur l’aile gauche.

    Registre maîtrise technique + vitesse d’exécution, il avait me disait-on une génération d’avance sur ses contemporains, joueur plus que moderne. Le Standard dut attendre bon 10-12 ans pour retrouver un joueur conjuguant à ce point et avec excellence maestria technique et vitesse d’exécution : le génialissime Tahamata..à ceci près que Galic était plus polyvalent que le Molluquois, et était en sus doté d’une frappe absolument monumentale, pas mal de buts inscrits pleine lucarne ou ras des poteaux depuis les 30 mètres, ce qui était loin d’être commun à l’époque.

    Rappel : à l’instar de son contemporain Arnesen ou de Cruyff une génération plus tôt, Tahamata avait été l’objet à Ajax d’injections diverses pour développer sa puissance, sa musculature.. et rappeler, donc, que Galic est un joueur qui entreprit sa carrière 20 ans avant Tahamata!, pour situer encore la modernité du bonhomme.

    (je ne sais plus si l’article l’évoque, boulot oblige, mais Galic était un intellect brillant aussi : études de droit qui dit-on furent remarquables, juriste reconnu pour la fédération yougoslave.. un type absolument accompli)

    Comment un joueur pareil, car il émargeait alors vraiment à la crème du football mondial, a-t-il pu se retrouver au Standard, club plutôt désargenté? La réponse tient au savoir-faire hors-normes du patron exécutif, alors, du Standard : Roger Petit, mué en homme d’affaires polyglotte après sa carrière, était aussi voire surtout le genre d’hommes à inspirer confiance, un roc. C’est par exemple par sa personnalité qu’il parvint à attirer et garder Happel (auquel furent aussitôt mais vainement proposés des contrats trois fois plus intéressants : Anderlecht, Juve..).

    Le Standard était alors un club omnisports, très performant d’ailleurs en basket (loin même d’y être ridicules en Coupes d’Europe).. En basket, même époque : Petit réalisa le tour de force d’attirer Korac!

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    1. Attention que je ne suis pas un afficionado dudit Roger Petit : c’était à bien des égards une crapule!

      Mais une crapule qui inspirait confiance, lol.

      Tout ça me rappelle une histoire qui n’a apparemment rien à voir (trop long à expliquer comment j’y aboutis), mais bref : j’ai passé pendant des années l’essentiel de mes soirées à Kinshasa avec un vieil Anversois, passionné de sport (à près de 80 balais, il courait encore 3 kilomètres le matin puis rebelote avant de se coucher).

      Lui-même s’y était attiré pas mal d’emmerdes à vouloir développer (pro deo et sans rien en attendre, juste par amour du sport et pour occuper la jeunesse congolaise) le basket à Kinshasa, constructions sur fonds propres de centres sportifs, playgrounds..

      Malheureusement, dès que tu sors de l’argent là-bas, de surcroît en mode philanthropique/idéaliste : le moindre dépositaire de l’autorité publique va t’accoler une image de bisounours..taillable à merci!, il préféra donc arrêter les frais, bref.

      Avant de partir au Congo, son propre père était parvenu à monter (et faire monter jusqu’en D1 belge) une équipe de quartier, qu’il faisait jouer dans l’un de ses entrepôts le weekend venu ; c’était complètement artisanal et à fonds perdus..

      Ces entrepôts stockaient normalement des feuillards (je crois qu’on dit ça comme ça) de verre, c’est dans le négoce du verre qu’il avait fait fortune en Belgique, avant d’exporter son savoir-faire au Congo, affaire que mon camarade parvint donc à faire survivre en dépit des vicissitudes invraisemblables de l’Histoire (re-bref).

      Mais comment son paternel avait-il fait fortune dans le verre?

      A compter de l’été 39, et sans rien connaître à ce type de produit, il contracta des dettes énormes, hypothéqua même tout ce qu’il possédait..et acheta jusqu’en mai 40 le moindre lot de verre qu’il pouvait trouver..puis stocka ces centaines de tonnes chez un fermier du côté de Turnhout, bled alors absolument perdu près de la frontière NL..

      La guerre s’invita alors en Belgique, ainsi qu’il l’avait attendue.. Bombardements, production en berne (car mobilisation de l’outil de production et de la main-d’oeuvre).. Les prix s’envolèrent, de premières pénuries..toujours plus marquées, évidemment.. et le paternel attendait, attendait..

      A l’automne, son père était soudain l’ultime Belge à posséder encore des stocks de verre, et entreprit d’écouler ses stocks secrets au compte-gouttes, au prix fort et jusqu’à la libération..

      (Pas mal de dirigeants du foot belge post-war avaient fait fortune de la sorte..ce qui était un moindre mal par rapport aux pratiques de certains de leurs pairs..)

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      1. Aucune idée!

        Je m’étais dit que j’en poserais question à certain Fernand Rossius, une grande figure du basket liégeois avec qui je m’entendais très bien, et qui côtoya Korac.. mais dont j’apprends la mort à l’instant en voulant vérifier son adresse, un épisode que j’ai raté quand j’étais en brousse, ppfff..

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      2. Bota
        Je ne sais pas si Korac et Willy Steveniers ont joué ensemble au Standard. J ai l’impression qu’ils se sont croisés.

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      3. Comme équipiers, je ne sais pas.

        Dommage que je n’entrevoie aucun prétexte-football pour parler du trrrrrèèèès rock’n roll basketteur belge du siècle Steveniers, personnage hors-normes..

        Je me souviens t’avoir parlé de l’histoire extraordinaire de son club de copains, le Zazico.. mais le plus fort dans sa carrière, c’est de considérer que c’était vraiment une espèce de gamin des rues, bagarreur, alcoolique, quasi-analphabète..

        Et qu’au final on a là un type qui figure dans le panthéon européen, qui à 21 ans aurait pu jouer aux USA, qui (quoique voyou désoeuvré) fut engagé à ses 15 ans comme, euh.. « coursier » par le milieu diamantaire anversois (!!! – faut voir le caractère ultra-sécuritaire et « entre-soi » de la communauté et du quartier juif/diamantaire anversois !!!) après avoir cassé la gueule de deux loubards qui avaient voulu démolir un gamin trop ostensiblement juif (sauce Rabbi Jacob)………..

        Ou voir sa tête (c’est comme si Rod Steward avait la coiffure d’Yvette Horner), et s’imaginer que ça doit faire 40 ans que cet indécrottable va-nu-pieds file le parfait et improbable amour avec l’espèce de princesse, totalement sublime non moins qu’extraordinairement cultivée et select, de la communauté juive anversoise.. Bref : une vie de roman!

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      4. Bota
        On peut toujours divaguer… Je l’ai bien fait avec Joe Frazier! Je viens de voir qu’au RC Mechelen avait joué Teofilio Cruz. Cruz est un des plus grands joueurs de Puerto Rico. Le 1er à avoir fait 5 olympiades. Et Hall of Fame de la Fiba en meme temps que Bill Russell et Nick Galis s’il vous plait!

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      5. Y a déjà tellement de trucs que j’aimerais écrire sur le foot si j’étais rentier..

        Sans compter que, des mecs comme Steveniers, c’est juste trop facile – voire : qu’y « apporter »?

        Surtout et réflexion faite, je n’ai pas l’impression que ce soient des sujets si formidables : passé le côté WTF ça manque souvent très vite de profondeur, de corrélation historique et/ou d’ambigüité, de zones d’ombre.. La vie d’un George Best me laisse par exemple complètement froid, zéro attrait.

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  4. 264 matchs en 14 ans de carrière pour Milutinović, c’est effectivement peu.
    Mon cousin m’avait traîné au Parc pour un Racing-Lyon le dimanche 30 décembre 1962. Il m’avait dit: « on va voir Milutinović et Ujlaki, tu vas kiffer (il a dû dire un autre mot) », ce dernier était l’une de ses idoles avec Puskás, Sivori, Piantoni, Douis et Théo dont il me parlait souvent (les inters c’était son truc). En fait j’ai rien vu du tout, Ujlaki étant absent. Mais Milutinović était bien là. Sinon, en plus de se geler les miches, le match disputé sur une pelouse à moitié enneigée fut tout pourri, Nurenberg ouvrant le score pour l’OL, Heutte égalisant pour le Racing en fin de match déclanchant l’enthousiasme de mon cousin. On aurait cru que le Racing venait de remporter le championnat.

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    1. Je viens de regarder:
      Reims, le Racing et Nice descendent à l’issue de la saison 63-64 et le Stade français en 66-67.
      Vraiment la fin d’une époque. D’un match au Parc tous les dimanche on passait à zéro. Sale temps pour les Parigots et banlieusards. On comprend mieux l’urgence à créer un nouveau club à Paris.

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      1. « Sale temps pour les Parigots et banlieusards. »

        Sale temps pour la billetterie, surtout…

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  5. Galic n’avait pas joué depuis 6 mois quand il a été rappelé pour la finale de 66 que j’ai vue à la télé, entouré d’une majorité d’ouvriers espagnols de Simca à Poissy. Je vous raconte pas l’ambiance lors des buts d’Amancio puis de Serena. J’ai cru que les chaises allaient voler dans la salle !

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      1. Et pas sûr qu’ils soient tous encore de ce monde pour avoir véçu l’ère 2014-2022.

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  6. De quoi Mance est-il mort ? Korac est mort dans un accident de voiture comme Petrovic ?
    En 68 la mort du rugbyman Guy Boniface dans un accident de voiture avait choqué le monde du sport.
    Y a un XV belge ?

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    1. Dragan Mance meurt d’un accident de voiture en partant à l’entrainement, pour l’anecdote, lorsque son décès est appris, Šoškić, alors adjoint au Partizan, dit « Les gars, l’entraînement est terminé. » en larmes. Tous les joueurs avaient compris immédiatement et Vladimir Vermezović, qui était le meilleur ami de Mance, est parti voir ce qui restait de son ami.

      30.000 personnes sont à Belgrade pour ses funérailles et depuis quelques années, l’une des rues adjacentes au Stadion Partizana porte son nom.

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      1. Oui, mais est-il passé par l’Admira? Je ne trouve pas de traces de lui en 42.

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      2. Ecoute, il me semble bien que les textes en parlaient. Mais comme j’efface tous mes brouillons et les sources à chaque fois… Vais essayer de retrouver ça. Ce que j’ai bien en tete par contre, c’est des citations de Bobek expliquant que le foot lui a permis d’éviter le front. Vais chercher…

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      3. Qu’il soit passé par l’Autriche, je n’en doute pas, mais par l’Admira, le doute m’habite.

        Il n’apparaît pas dans l’effectif en championnat pour les saisons 41/42 et 42/43 (d’ailleurs, l’Admira est relégué en 43). Et je n’ai rien vu non plus en Tschammer Pokal ou en amical.

        Vais essayer de trouver sa trace.

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      4. Bon, j’ai retrouvé le nom de son protecteur. Le major Marjan Matančić.
        Apres pour retrouver des infos en cyrillique, c’est pas de la tarte!

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      5. Qwa ?! Bobek a joué pour des nazis ?
        Je réclame qu’il soit destitué de sa première place et voué aux gémonies.
        Instamment.

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      6. Bobby
        Bobek a quelques matchs pour la Croatie pendant la guerre. Dont un à Padova face aux Italiens en 1943.

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      7. Mon Dieu ! quelle horreur…
        En plus à Padoue, là où nos armées subirent une atroce défaite en 1525.
        Où notre bon roi fut fait prisonnier… Le château de « Madrid » s’en souvient !

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      8. Nan, pas de trace de Bobek.

        J’essayé de faire rapidement le tour de tous les clubs viennois (et autres même) en championnat national, d’Allemagne, Tschammer Pokal ou amical et je n’ai rien vu. Il y a des trous dans les données parfois, mais on a quand même le nom des buteurs, et pas de Bobek. Il n’a pas fait semblant de se planquer en Autriche!

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      9. « C’est pas Pavie plutôt? »

        Bien sûr !
        Vingt dieux, j’ai confondu Padova et Pavia…
        Meurs, intrépide abruti !

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      1. Ce que je pense, c’est que si l’on creuse un peu toutes ces histoires d’infos non sourcées, on finira par tomber toujours sur le même personnage avec quelques variantes: bobbyshannic, bobbyschannov, bobbyschannoski…

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      2. Et moi, je m’efforce toujours de documenter mes affirmations.
        C’est la base du métier !

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      3. Ça aurait pu être dans un livre de Umberto Eco ou Thomas Pynchon (très surfait au passage). Quelqu’un, ou un groupe dont les membres ne se connaîtraient pas, qui s’amuserait à falsifier des bios, inventer de faux joueurs ou que sais-je encore.

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  7. Ca, ça a sa place ici : https://scontent.flgg1-1.fna.fbcdn.net/v/t31.18172-8/23334097_10213138234323073_6100155467900250965_o.jpg?stp=dst-jpg_p843x403&_nc_cat=105&ccb=1-7&_nc_sid=825194&_nc_ohc=O1-TUT0ty3wAX8NE7Lw&_nc_ht=scontent.flgg1-1.fna&oh=00_AfA4yzaHDS4CiJwQdEVDFAPAAbQK1RVXyG2qiU6ZDZbL4g&oe=640EDE79

    Milan Galic dans ses oeuvres, donc : pleine course, il vient de lober/ »sombreroser » un défenseur du FC Liège……..et conclut en lobant le gardien de la tête.

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