Petit guide des clubs de football à Prague

Vous aimez le football mais ne savez pas comment vous orienter parmi les clubs de Prague ? Suivez notre guide pour choisir le club de votre cœur.

Les mastodontes

Sparta Prague
Vous n’avez pas cherché bien loin : vous avez choisi le club qui a le plus gros palmarès et qui est le plus populaire du pays. Cela vous donne deux arguments imparables pour expliquer que votre club préféré est le meilleur. Et pourquoi pas, après tout ? Avec ses 38 victoires en championnat, le Sparta a de quoi regarder les autres de haut. Et puis, c’est le club des ouvriers, un club populaire par excellence. Pas forcément le plus élégant, mais prêt à mettre la semelle en avant si nécessaire.

Slavia Prague
Vous, au contraire, vous aimez l’élite et vous tenez à ce que cela se sache. Mouiller le maillot, oui, le salir en glissant dans la boue, très peu pour vous. L’élégance vous colle à la peau et il vous est indispensable de vous différencier de votre plus grand rival. La classe, cela vous connaît. La victoire aussi, d’ailleurs : 21 titres de champion, ce n’est pas rien. Et si quelqu’un vous reproche votre appartenance à l’élite, rappelez-lui que votre club a été brimé pendant toute la période communiste pour lui prouver que vous aussi, vous savez ce que souffrir signifie.

Les clubs alternatifs

Dukla Prague
Vous êtes probablement militaire et/ou nostalgique de la période communiste. Si le Dukla a remporté ses titres, c’est avant tout car il appartenait à l’Armée tchécoslovaque. Depuis que la démocratie a repris ses droits dans le pays, ce n’est pas trop ça. Mais vous souhaitez avant tout revivre les exploits d’un club qui a fait trembler les équipes d’Europe et remporté 11 fois le championnat.

Bohemians Prague
Un nom étranger, un kangourou sur le blason… ce club aime se faire remarquer, tout comme vous. Avec leur ambiance atypique dans leur petit stade au cœur de la ville, les Bohemians avaient tout pour vous plaire. Ils n’ont pas les armes pour viser un titre de nos jours, mais la victoire est-elle la seule chose à apprécier dans le football ? Vous êtes certain que non et vous admirez ceux qui suivent une troisième voie, en dehors des choix qui vous sont imposés. Un peu comme ce diable d’Antonín Panenka qui a choisi de placer son tir au but en plein milieu.

Viktoria Žižkov
Vous êtes un vrai Pragois et vous tenez à ce que cela se sache. Vous faites partie du peuple et vous tenez, là aussi, à ce que ce cela se sache. Pour vous, la victoire dans le football n’est pas aussi importante que l’esprit de corps. Vivre sa passion et faire vivre son quartier, voilà qui est fait pour vous. Vous ne voulez surtout pas renier vos origines et ignorez les sirènes des grands clubs. Vous aussi, vous avez souffert sous le régime communiste, et cela a eu pour seul résultat de renforcer votre amour pour les choses simples.

Les clubs atypiques

Admira Prague, Loko Vltavín, Motorlet Prague, Slavoj Vyšehrad…
Vous n’aimez pas autant le football que l’odeur de la bière et de la saucisse à toute heure de la journée. Pour vous, une journée est réussie si vous pouvez l’agrémenter d’une dose de houblon et de viande de qualité discutable. C’est encore préférable si vous avez la chance d’assister à un match à 10 heures du matin, comme tant de rencontres de divisions inférieures. Pour vous, le football, c’est la convivialité avant tout. Peu importe ce qui se passe sur le terrain.

DFC Prague
Vous adorez vous plonger dans les archives et trouver des liens entre sport et politique à travers l’histoire. Vous ne jurez que par les récits atypiques et, là, vous êtes servi. Voici un club créé par la communauté juive allemande de Prague, champion de Tchécoslovaquie et finaliste du premier championnat d’Allemagne de l’histoire. Tandis que ses membres juifs perdaient le droit de jouer à partir de 1939, le club refusa de rejoindre le mouvement de Henlein pour défendre les intérêts des Sudètes et fut dissous.

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24 réflexions sur « Petit guide des clubs de football à Prague »

  1. Le stade du Sparta, je me rappelle l’avoir vu, il n’est (ou n’était??) vraiment pas bien grand. Près de l’ancienne statue de Staline – que je n’ai jamais vue.

    Celui du Slavia : je ne m’étais même jamais demandé où il était, en l’espèce beaucoup plus périphérique. Marrant que ce fût lui, ledit plus élitiste des deux clubs.

    Les autres ne me disent rien ou plus rien?? Viktoria Žižkov, ce doit être non loin de cette tour hideuse..que les Praguois détestent il me semble?? Ce furoncle est toujours là?

    Le Slavoj Vyšehrad, quand même : je me rappelle d’une pelouse de foot dans ce quartier (très intéressant et peu couru!). C’est dans ce coin-là, la fameuse défenestration de Prague, non? Et y a pas aussi ce fameux cimetière où a été enterré Bican?

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    1. Oui, le stade du Sparta est près du métronome qui a remplacé la statue de Staline. Et il doit faire dans les 19000 places si ma mémoire est bonne. Il a un certain charme une fois dedans.

      Le stade du Slavia est plus loin du centre mais toujours en pleine ville. Prague est sacrément étendue.

      Le Viktoria Žižkov a son stade pas loin de la gare centrale, à l’Est. La tour hideuse est dans le même quartier mais encore plus loin. Les Tchèques sont plutôt ok avec la tour et encore plus avec les statues atroces de bébés qui y ont été ajoutées, je ne comprends pas comment ils font.

      Il faudrait que je vérifie pour la défenestration (vérifier laquelle, il y en a eu 3 !). Mais Vyšehrad c’est bien le quartier autour de la cathédrale. Un lieu bourré d’histoire, super joli, avec 90% de touristes en moins. Et où se trouvent beaucoup de personnalités historiques enterrées.

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      1. Alors là je vais mourir moins con! Car je ne comprenais plus rien mais, en lisant entre tes lignes et recherchant où j’étais allé sur une carte : je pige mes méprises!

        J’aime bien Vysehrad, chouette quartier, peu de touristes..J’y suis donc allé quelques fois, et cependant : ce n’est pas encore le quartier de Vysehrad là où je pensais, non : « nouvelle-ville »! Grosso modo entre Stare mesto et Vysehrad!

        Et en fait de bâtiment où eût lieu « la défenestration » (tu me mets la puce à l’oreille), j’ignorais que c’était une spécialité tchèque et qu’il y en eût plusieurs!!!

        Le bâtiment en question, c’est l’hôtel de ville de la nouvelle-ville, apparemment ils appellent ça « novomestska radnice ». J’avais adoré tomber sur ce superbe bâtiment, totalement inattendu, en me rendant justement à Vysehrad. Et par ailleurs, sur l’une de ses façades : il y avait une inscription expliquant que c’est là qu’avait eu lieu la célèbre « défenestration de Prague »……….mais en l’espèce pas la seule que je connaissais, contexte guerre de 30 ans donc, nein : une autre bien antérieure, du temps de Jan Hus!

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      2. Par nostalgie, je viens de passer 10 bonnes minutes à Prague via..Google Maps, lol.. Quel panard cette ville, j’adorais.

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      3. La tour Zizkov, à mon premier passage vers 1990 : vraiment rejetée par tous! Mais c’était peu après la chute du Mur, éh..??

        Je continue à vérifier : bien à Vysehrad qu’il y a ce fameux cimetière, avec la tombe de Bican.. J’avais en tête de consacrer un article à cela, les tombes de footballeurs c’est pas plus con que la tombe de je ne sais quel chanteur ou poète au Père Lachaise.

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      4. Ah, l’ami Alpha avait illustré son portrait sur Dragan Mance d’une photo de sa tombe. Sur le top du Partizan.

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  2. Je me demandais comment un club praguois avait pu disputer le championnat d’Allemagne. J’imaginais quelque chose en lien avec les Sudètes, mais non, rien à voir. Wikipedia indique que le DFC Prague est vice champion d’Allemagne en 1903, avant la création de la FIFA et les règles imposant aux clubs de n’être affiliés qu’à une fédération.

    Et autre question à laquelle je n’ai pas de réponse : que signifie Admira dans l’univers du foot d’Europe centrale ? D’où vient ce terme ?

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    1. Le DFC Prague a joué le championnat d’Allemagne car ils se revendiquaient Allemands. Tu m’étonnes que la FIFA a voulu cadrer le truc.

      Concernant Admira, j’ai cherché pour toi : l’Admira Prague tire son nom de l’Admira Vienne/Admira Wacker, tout simplement parce que le club autrichien était plutôt performant à l’époque et a servi de modèle. Concernant l’origine du nom en Autriche, c’est parce que parmi les fondateurs se trouvait un type qui était revenu des Etats-Unis par un bateau nommé Admira. Pourquoi ce bateau s’appellait comme ça, là, aucune idée 🙂

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      1. Un peu comme le Hertha à Berlin – c’est la tradition dominante pour en expliquer le nom du moins : un bateau, là aussi.

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    1. M’en parle pas, c’était l’horreur. Le ballon ne roulait pas, l’herbe était toujours trop verte ou pas assez, les buts étaient de travers et surtout personne ne savait à qui graisser la patte avant les matchs. Heureusement que la FIFA est venue mettre un peu d’ordre dans tout ça.

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      1. Leurs prélèvements, juste nécessaires à faire fonctionner l association à but non lucratif, me paraîssent tout à fait justifiés.
        On a toujours tendance à oublier d où on vient, et chercher la petite bête.
        Alors qu ils sont dévoués corps et âme au beau jeu.
        La passion chevillée au corps.

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  3. Quelques moments sympas du foot de club à Prague. Le parcours en c1 1992, après avoir éliminé l’OM. Deuxième derrière le Barça. Un dernier quart quoi. Avec Nemecek. Le Slavia 96 de Poborski et Smicer.

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    1. Après malgré son poids, aucune finale européenne pour les Tchèques. Même à l’époque communiste. Pour une nation sportive, c’est assez étonnant. Je mets de côté le Slovan evidemment.

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      1. Les Tchèques ont la lose dans le sang, je ne vois pas d’autre explication 🙂 En tout cas en foot, quand ils ont une bonne génération et une bonne équipe, ils se font toujours bouffer par plus efficaces qu’eux.

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  4. Et cette démarcation sociologique entre le Sparta et le Slavia est toujours présente ? Ce qui est certain, c’est que le Slavia a pratiquement disparu des palmarès après-guerre. Alors qu’il était un des clubs les plus puissants d’Europe.

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    1. Non, sociologiquement il n’y a plus vraiment de différence. Comme ailleurs, la passion pour le Sparta ou le Slavia se transmet à travers les générations et les différences se gomment.
      En revanche sous le communisme, le Sparta était privilégié en tant que club du peuple et soutenu par le régime. Le Slavia, lui, s’est fait spolier, en particulier dans les années 50-60. Son nom a dû être changé, le club s’est retrouvé quasi sans ressources et a longtemps végété en deuxième division… En même temps, un club qui rassemblait l’élite intellectuelle… ils filaient forcément du mauvais coton.

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    1. Le Dukla c’est la cible de toutes les blagues équivalentes à celle de l’ambiance à Louis-II en France. D’ailleurs, comme ils ont très peu de supporters, ils ont du mal à garder leurs jeunes joueurs. Et par là je n’entends pas les jeunes professionnels, mais tout simplement les gamins qui entrent au centre de formation. Tous veulent jouer pour le Slavia ou le Sparta et le Dukla, malgré des installations de bonne qualité, galère à garder ses jeunes.

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    2. Le vainqueur du DFC Prague en finale du championnat d’Allemagne 1903, le premier de l’histoire ? Le VfB Leipzig, ancêtre du Lokomotive qui fit tant de misères aux Girondins dans les années 80 et éphémère club de Didier Six (1990-92) après la réunification.

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    3. Le Dukla, c’est une belle page d’histoire européenne du RC Strasbourg au deuxième tour de C1 1979-80. Défait 1-0 à Prague à l’aller, le Racing de Gilbert Gress s’impose à l’arrache à quatre minutes des tirs au but (2-0 a.p.) après un joli combat. Les compos :

      Strasbourg : Dropsy – Marx, Novi, Jodar, Domenech – Specht, Decastel, Piasecki – Wagner, Tanter (C. Bianchi, 60e), Deutschmann (Bracci, 82e).

      Dukla : Netolicka – Macela, Rott, Samek, Fiala – Pelc (puis Kriz), Foks, Berger, Stambachr – Gajdusek, Vizek (puis Mikulicka). Manque les accents sur mon clavier US, désolé modro. Pas de Nehoda, je ne me souviens pas pourquoi.

      Buts: 1-0 Piasecki (67e), 2-0 Decastel (116e).

      Le match n’était pas télévisé mais nous avait offert de belles émotions via le multiplex de France Inter. C’était le même soir que le légendaire ASSE-PSV et ses 3 buts en 5 minutes pour un 6-0 final. À une époque où c’était presque toujours la cata en Europe, ç’avait été une belle soirée !

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  5. Bohemians avait (et a peut être toujours) les seuls ultras revendiqués antifa de tous les pays de l’ancien bloc de l’est, alors que la norme est plutôt l’extrême opposé.

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  6. Modro, est ce que le Sparta et Slavia ont un quartier d’origine à Prague, ou lié à une institution en particulier par leur origine ? Ou c’est global à l’échelle de la ville ?

    Bel article sur la géographie du foot à l’échelle d’une ville. Ce genre de format est top, instructif. Et ça me rappelle mon passage à Prague, il y a une bonne douzaine d’années , des noms de lieux qui me reviennent à la lecture.

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