Cristiano Ronaldo, le Casanova dont l’armure est rouillée

L’entretien de Cristiano Ronaldo au cours duquel il s’en prend à son entraîneur, ses jeunes coéquipiers, son club n’est rien d’autre qu’un cri de désespoir. Il faut aider Cristiano !

Cristiano Ronaldo est-il la réincarnation de Giacomo Casanova, le Casanova grotesque de Federico Fellini[1] ? Petits garçons immatures, vaniteux et susceptibles, amoureux de leur image, séducteurs avides de possession, collectionneurs obsédés par les trophées, ils se ressemblent.

Depuis trop longtemps déjà, Ronaldo refuse d’accepter les effets du temps qui passe. Il se voit en éternel Casanova, l’autoproclamé Chevalier de Seingalt. Des années durant, il a cavalé à travers l’Europe, accumulant les succès et les performances partout où il passait. Les spectateurs et les portraitistes se sont pressés pour admirer ses prouesses comme les voyeurs venaient au spectacle se délecter des saillies de Casanova. Le regarder enfiler les buts sans faillir ressemblait à une obscénité, étalon insatiable niant l’inéluctable crépuscule de son œuvre.

Les sentiments de ses partenaires, Casanova s’en désintéressait, simples objets de chair au service d’une compétition frénétique. Finalement, au temps de sa splendeur, que ressentait Ronaldo pour ses coéquipiers lors de ses célébrations solitaires ? Etaient-ils les supplétifs anonymes d’un monstre dont les orgies de buts, actes quasi mécaniques, n’étaient que les armes d’un défi perpétuel contre le temps ?

Alors que le Chevalier Ronaldo paraît souffrir d’un amour excessif de lui-même, son nombrilisme ne s’applique qu’à son reflet car, au fond de lui, il ne s’aime pas, c’est évident. Personne ne le lui a fait remarquer, personne ne l’aide à ouvrir les yeux ? S’il avait rencontré un véritable coach, un des thérapeutes que les entreprises sollicitent pour aider le développement personnel de leurs collaborateurs, il aurait compris qu’il ne s’aime pas. Au lieu de quoi, il n’a côtoyé que des êtres cupides, flattant sa vanité, incapables de l’aider dans une quête de vérité sur lui-même. Alors qu’ils assouvissaient tous ses désirs capricieux, ils lui tournent le dos en ricanant maintenant qu’il ne les fascine plus.

Avez-vous lu Le chevalier à l’armure rouillée imaginé par Robert Fisher ? Comme le héros de ce petit livre, Ronaldo est aveuglé par sa propre image, un champion admirable sublimé par la perfection de son corps d’athlète, ignorant qui il est vraiment. Ses cheveux, son teint, ses muscles, ses buts, ses trophées, ce sont ses obsessions, n’aimant plus et ne voulant plus être aimé que par cette représentation de lui-même. Pourtant, s’il était plus attentif, il se rendrait compte que le poids des ans pèse chaque jour un peu plus, tout doucement, insidieusement, tel le chevalier constatant que l’éclat de son armure finit par subir l’œuvre pernicieuse de la corrosion, ce qu’essaie de lui faire comprendre maladroitement Erik ten Hag.

Ce besoin de brillance est son ennemi, il masque ses propres carences, cette difficulté à montrer ses émotions à ceux qui l’entourent. Prendre conscience de ses propres insuffisances émotionnelles et affectives pour être une personne meilleure, c’est le chemin à emprunter pour qu’il découvre l’estime de lui-même. S’il y parvient, il pourra affronter sa fin de carrière sans les angoisses de la déchéance physique et de l’oubli, loin des hantises du pathétique vieillard imaginé par Federico Fellini, conscient qu’il y a autre chose dans la vie que les froides et superficielles cérémonies à sa gloire.

Qu’il ne s’inquiète pas, plus tard, lorsque le temps aura affadi ses traits et enveloppé sa silhouette, le récit de ses exploits en fera une légende. Et pourtant, les plus anciens témoins l’affirmeront : ni chimère, ni fable, tout comme Casanova, amant prolifique du XVIIIe siècle, Ronaldo a bien existé, buteur priapique du XXIe siècle. Alors, si vous croisez Cristiano, s’il vous plait, dites-lui de lire O Cavaleiro da Armadura Enferrujada, 13,90 Euros à la FNAC de l’aéroport de Lisbonne.


[1] Il Casanova di Federico Fellini, film de 1976 avec Donald Sutherland dans le rôle de Casanova.

11

22 réflexions sur « Cristiano Ronaldo, le Casanova dont l’armure est rouillée »

    1. Semblerait que le départ ait été négocié « d’un commun accord ». Ce qui signifie que le joueur a dû empocher, en guide d’indemnités de départ, une bonne partie (au moins la moitié, je pense) des salaires qu’il aurait perçus s’il était allé au bout de son contrat.

      Il a la Coupe du monde pour convaincre les clubs européens qu’il n’est pas fini. Sinon, aimablement et symboliquement, le Sporting peut lui tendre les bras. Ou ce sera les Etats-Unis ou le Moyen-Orient. Et si, après la Coupe du monde, il ne quittait pas le Qatar ?

      0
      0
  1. « Le chevalier à l’armure rouillée »

    Rien à voir, je le sais bien..mais j’ai le nom d’Italo Calvino qui me tourne en boucle dans le crâne à lecture de ce titre de roman ou de nouvelle (je ne connais pas cette histoire que tu cites).

    0
    0
    1. Petit bouquin utilisé par les coaches pour corriger les erreurs de jeunes managers qui cherchent à être aimés pour ce qu’ils renvoient en termes d’image avant d’être respectés pour ce qu’ils font (résumé simpliste évidemment). Ca peut faire penser au Chevalier inexistant ou au Baron perché de Calvino, je confirme, dans un style très différent.

      0
      0
      1. Ah ! flûte, j’imaginais plus Verano en consul de quelque Etat latino-américain qu’en lifecoach pour cadres dépressifs…
        Je le voyais bien dans un fauteuil club, au coin du feu, la moustache luisante et un barreau de chaise aux lèvres, à raconter des belles histoires aux accortes secrétaires du consulat…
        Tant pis !

        1
        0
      2. Eh eh, j’aurais bien aimé être psy ou coach, tendance gelstaltiste ! Ou vice-consul à Asunción époque Stroessner of course, faut que ça soit rigolo 😉

        0
        0
      3. Ça existe, des cadres pas dépressifs?

        J’ai vu (et subi..) hier qu’on faisait désormais des séances de yoga lors de colloques, une idée pour maître Yogi Verano (trop charnel dans l’écriture pour n’être que lifecoach).

        0
        0
  2. Dans ma prédiction de l’été 2020, Jupiter descendait de son ciel pour rejoindre Mourinho à Rome… Avec 18 mois de retard, en bon méditerranéen, le présage serait-il enfin: en passe de se réaliser ?
    L’atmosphère semble en effet favorable, le public pourrait être tout à fait satisfait de cette augure et l’adopterait sans doute avec plaisir… Quant aux planètes pour conclure, elles paraissent plutôt alignées : Mars hélas mécontent de son armée actuelle… Saturne, insatiable à souhait, ne serait certainement pas contre cette spécialité portugaise, ce dessert sucré, cette cerise ou que sais-je… Apollon pour terminer, est ici en Italie… toujours prêt à pointer le bout de son char lorsqu’il s’agit de proposer une aurore douce, clémente… aux couleurs chaudes bien sûr et aux nuances délicates…

    Le café qui accompagnait ce commentaire vient de disparaître dans mon estomac, laissant ainsi dans son marc, au fond de la tasse… tout le nécessaire pour lire l’avenir ! Ce dernier se promenera vous l’aurez compris, dans des ruelles étroites, au parfum de patrimoine et parfaites pour toutes personnes devenant tristement l’ombre d’elle-même, désireuses de se séparer de cette sorte de spectre sombre, rampant, qui leur colle au corps et qu’on appelle communément: le passé ! Des rues rouges et orangées, où les pavés se pavanent et représentent justement: la gloire des ancêtres et le culte de leur héritage ! Multiples places remplies de statues, palais à perte de vue et palmarès pratiquement vierge, le domaine est idéal pour accepter le crépuscule d’une carrière tout en s’installant, paisiblement… au Panthéon du football.

    Pantheon du football? Temple, Colisée ou peu importe… Il y a quoiqu’il en soit toujours en façade de cette Basilique éternelle: le balcon du Pape… Un petit peu plus haut, plus proche du Paradis: on trouve le clochet de la plus grande cathédrale locale: « Francesco Totti »… Entre les deux alors, on imaginerait facilement une espèce de grenier, pile ce qu’il faut pour préserver précieusement toute notre panoplie de passionné: albums souvenirs, posters mémorables et autres maillots indémodables… Et enfin un coffre de pirates, renfermant les inestimables trésors de ce sport et dans lequel, évidemment… une place peut absolument être faite pour l’un des derniers diamants bruts du foot: Cristiano Ronaldo.

    3
    0
  3. pareil que Bobby je te voyais plus en éminence grise d’un micro état d’Amerique centrale (Belize) ou même sous Peron avec une prédisposition à être l’oreille d’ Evita ^^
    je ne prends exemple que de personnage du 20 éme parce que les grands personnages de la 2eme moitié du 19éme siècle sont de méchants libéraux qui ne doivent guère plaire à notre sieur Verano mais peut être préfère t il être associé à Bolivar San Martin ou Mitré plus enclisn a fumer le cigare avec un bon cognac!! (je me fais de ses films^^)

    en tous cas c’est original de traiter un article sur CR7 en le posant en victime, mais peut être est ce la cas de tous les artistes ou les sportifs de très haut niveau ils produisent ou réussissent car ils ne s’aiment pas… en tous cas chapeau c’est le 1er article sur cr7 que je lis en entiers depuis un moment

    1
    0
      1. C’est Rui qui évoquait sur Discord des interviews anciennes au cours desquelles toute la fragilité du bonhomme sautait aux yeux. En cause, le lien au père, impossible à réparer avec la mort de ce dernier.

        2
        0
  4. Alléluia ! J’ai enfin réussi à me reconnecter à ce putain de site!!! Voilà je suis content vous en avez rien à foutre hein bande de cons????

    Juste pour vous dire que je voulais toujours avec autant de plaisir tous autant que vous êtes même si j’ai mes petits chouchous(verano se fait rattraper)

    Bon par contre j’ai toujours pas d’intérêt pour l’espace commentaire… et ça je crois que c’est bon signe pour vous… je vais sur pinte de foot pour me Culturer… et sur so foot pour les commentaires… on est pas bien là!!?

    Bisous les pintades !!!!

    2
    0
      1. Et ouais mais vos anecdotes qui sentent la grand-mère j’ai rien à y dire!!!

        Parce que j’ai pas votre culture… Mais si j’ai bien compris le principe du machin le plus important c’est pas les commentaires c’est les clics… et je clique tous les jours!!!

        0
        0
  5. 5 Coupes du Monde consécutives où il inscrit au moins un but, que dire..

    Et a priori, il doit avoir disputé plus de la moitié des rencontres livrées par le Portugal en phase finale de Coupe du monde, non? Largement, même..

    C’est quand même assez phénoménal comme empreinte.

    1
    0

Laisser un commentaire