Baník Ostrava : 100 ans, toujours mineur

Fondé le 8 septembre 1922, le club d’Ostrava a une histoire intimement liée à celle de sa région et des mines qui la creusaient jadis. Avec la fin de l’ère minière, le Baník Ostrava se modernise mais tente de garder un pied dans le charbon qui l’a vu naître.

Le 8 septembre 1922, 20 personnes signent dans l’arrière-salle d’un restaurant les documents nécessaires à la création d’un nouveau club de football à Ostrava. Deux clubs ont déjà vu le jour trois ans avant lui dans l’agglomération : le SK Slavoj Vítkovice en 1919 (futur FK Vítkovice qui, plus tard, éliminerait le PSG en Coupe des Coupes) et le SK Moravská Ostrava – Františkovo Údolí (rebaptisé TJ Slovan Ostrava depuis).

Oui mais voilà : ces deux autres clubs évoluent à Moravská Ostrava, littéralement « Ostrava morave ». La nouvelle entité, elle, se tient sur la rive silésienne de l’agglomération : Slezská Ostrava. Ce sera d’ailleurs le nom du nouveau club : Sporting Klub Slezská Ostrava, ou SK Slezská pour les intimes. Et puis, cette nouvelle organisation a été créée par des mineurs (ils sont 16 sur les 20 fondateurs), contrairement aux autres. D’ailleurs, on retrouve sur son blason un chevalement, cet édifice qui trône au-dessus des puits des mines de charbon. Un élément graphique qui marque une identité profonde. Car la Silésie, loin du duel habituel entre Bohême et Moravie, peine à exister dans l’inconscient tchèque (ou tchécoslovaque à l’époque). Elle a pourtant ses coutumes, son dialecte et, pendant de nombreuses années, ses mines.

Les débuts du SK Slezská Ostrava sont rendus compliqués par une absence totale de moyens. Né de l’imagination de quelques mineurs habitués à taquiner le cuir entre eux, le club n’a pas de sponsor majeur, ni surtout de terrain attitré ! Il passera ainsi la première saison de son existence à jouer à l’extérieur, louant les terrains de ses rivaux, notamment dans l’Ostrava morave. Un affront pour une entité qui veut représenter son quartier…

Cette situation n’empêche pas le nouveau club de grimper les échelons à toute vitesse : parti du cinquième niveau national, le SK Slezská signe deux montées consécutives dès ses débuts et demande à la mairie de l’Ostrava silésienne l’autorisation de construire un terrain digne de la troisième division tchécoslovaque. En quelques mois pendant l’année 1925, les mineurs du quartier et leurs voisins nivellent le terrain de leurs propres mains et installent le nécessaire à l’organisation d’un match de football. Le tout avec des dimensions inférieures à la taille réglementaire et, en guise de pelouse, un gravier qui sera remplacé quatre ans plus tard par de la cendre.

Le foyer du SK Slezská attendra cinq ans avant d’être équipé d’un mur d’enceinte, permettant au club de bénéficier de la recette des matches… quand les spectateurs ne sont pas trop nombreux à s’installer sur la colline voisine, d’où le terrain est bien visible. L’essentiel est ailleurs : bien que le vestiaire ne soit rien d’autre que la cuisine de la maison de l’un des fondateurs du club, le SK Slezská a enfin son chez lui, et les mineurs du coin avaient une entité en laquelle s’identifier. La victoire en troisième division lors de la saison 1933-1934 force les dirigeants du club à envisager un déménagement.

Une nouvelle demeure pour grandir

Un nouveau terrain est choisi, et ce sont de nouveau les habitants du quartier qui mettent la main à la pâte. Joueurs du club, mineurs du coin, fonctionnaires, supporters… tous participent bénévolement à abattre les arbres, à niveler le terrain et à – enfin – construire une tribune pour les spectateurs. D’autres sont peu à peu ajoutées au Stadion Stará střelnice (« stade de l’ancien champ de tir ») et lui permettent d’accueillir jusqu’à 33 000 personnes. Le stade, dont le revêtement est lui aussi en cendre, a vu le jour en quatre mois.

Les mines ne sont jamais loin du terrain

La nouvelle enceinte du club est même à la pointe de la technologie : le président du club a l’idée d’emprunter 30 réflecteurs à la centrale électrique pour organiser le premier match sous lumière artificielle de l’histoire de la Tchécoslovaquie. Ce stade fait entrer le SK Slezská dans la modernité, sans pour autant renier ses origines : le club reste implanté en Silésie, et l’on peut même voir derrière la tribune nord les téléphériques qui servent au transport du charbon à travers la ville.

Autant d’atouts qui ne peuvent qu’entraîner le club vers les sommets du football tchécoslovaque : en 1937, le SK Slezská Ostrava décroche la montée dans l’élite, titre de division moravo-silésienne en poche.

Mais malgré cela, le Stadion Stará střelnice a quelques défauts. Tout d’abord, le terrain sur lequel il a été construit est instable, et les fondations s’enfoncent peu à peu. Ensuite, il est immédiatement gorgé d’eau en cas de pluie et recouvert d’une flaque immense, qui contribue à l’affaissement d’un but par rapport à l’autre. Enfin, il n’est pas équipé d’une pelouse et, dans les années 1950, le Baník Ostrava est l’un des rares clubs tchécoslovaques à toujours jouer sur de la cendre.

Baník Ostrava ? Mais où est passé le SK Slezská Ostrava ? La Seconde guerre mondiale et le communisme sont passés par là, et avec eux le football tchécoslovaque s’est réorganisé à plusieurs reprises. Ostrava n’est plus qu’une seule ville depuis 1941, et le club a changé quatre fois de nom entre 1945 et 1952, pour devenir le DSO Baník Ostrava (DSO pour Dobrovolná sportovní organizace, soit « Organisation sportive bénévole »). Car les sportifs sont bénévoles et, dans leur grande majorité, il s’agit d’employés de l’entreprise minière de la région qui ont un emploi aménagé. Cette situation durera presque aussi longtemps que le communisme.

Bazaly et sa tribune principale

En 1959, le Baník Ostrava découvre son nouveau stade. C’est déjà le troisième, mais celui-ci a tout pour plaire. Il est tout près de l’emplacement du terrain initial, se situe en Silésie, et il propose jusqu’à 20 000 places assises (40 000 debout). Son nom ? Bazaly, en référence au basalt retiré du sol lors du creusement de la tribune principale.

C’est un fait rarissime : la tribune populaire du stade Bazaly ne repose sur aucun pilier. Elle est posée à même le flanc de colline, donnant au stade une allure unique. Une demeure au plus près du sol pour un club récemment baptisé « Baník » (« mineur »).

Un retour aux sources gagnant

Avec autant d’atouts de son côté, le Baník Ostrava écrit les plus belles pages de son histoire. Trois fois champion de Tchécoslovaquie (en 1976, 1980 et 1981) puis une fois champion de République tchèque (2004), le club silésien remporte également trois fois la Coupe de Tchécoslovaquie (1973, 1978, 1991) et cinq fois la Coupe de République tchèque (1973, 1978, 1979, 1991, 2005). Le tout agrémenté d’une demi-finale de Coupe des Coupes en 1979 et d’une victoire en Coupe Mitropa en 1989.

D’une décennie à une autre, différents joueurs marquent l’histoire du club. Rostislav Vojáček bat, entre 1970 et 1986, le record du nombre d’apparition sous le maillot blanc (381 matches) malgré une courte infidélité à Brno. Václav Daněk, lui, inscrit la bagatelle de 98 buts en 200 matches de championnat entre 1979 et 1989, le tout en ayant passé deux ans au Dukla Prague pour cause de service militaire.

A partir des années 1990, le Baník Ostrava forme des futurs cadres de la sélection tchèque : Tomáš Galásek, Marek Jankulovski ou encore Milan Baroš. Trois joueurs qui ont leur club dans la peau au point de revenir quelques années plus tard là où leur carrière a débuté (Baroš reviendra même trois fois en tout).

Milan Baroš en fin de carrière mais toujours buteur

Tout roule pour les Mineurs d’Ostrava, portés par des fans attachés à leur région. Car Ostrava souffre d’une mauvaise réputation. Elle a été le « cœur d’acier » de la Tchécoslovaquie communiste en raison de son importante industrie métallurgique (installée stratégiquement à deux pas des mines de charbon) et la pollution de son air, les manières un peu rustres des habitants locaux et leur étrange fierté pour une région criblée par les mines sont autant de raisons de les prendre de haut.

Dans la jeune République tchèque, Ostrava cherche à exister face à une Prague omnipotente, et les affrontements avec le Sparta (club le plus titré et le plus populaire du pays et donc ennemi par excellence) prennent une dimension homérique. Si les derbies locaux (Sparta contre Slavia à Prague et Baník Ostrava contre Opava en Silésie) restent les plus grosses rivalités, le duel Sparta-Baník devient rapidement l’un des plus gros événements pour les supporters et les joueurs des deux clubs.

Le Baník Ostrava, hélas, ne fait pas le poids financièrement et sa gestion laisse également à désirer. Les années 2010 sont celles des dettes. Incapable de remettre ses finances dans le vert, le club vend son stade Bazaly à la ville puis, son stade étant devenu vétuste faute d’investissements, se voit contraint de déménager à nouveau. En 2015, le Baník Ostrava quitte la Silésie et entre dans le stade de Vítkovice (du nom du quartier où il se trouve). En Moravie.

Un atterrissage difficile

L’affront est terrible pour les supporters. Eux qui ont grandi avec cette identité silésienne collée à la peau, voilà qu’ils doivent s’arracher à leur terre. Pire, leur club doit partager son stade avec le MFK Vítkovice, entité créée sur les cendres du FK Vítkovice qui a fait faillite entre-temps.

Pour les ultras, la coupe est pleine. Ils manifestent dans les rues de la ville et préparent une nouvelle bâche pour leurs matches à domicile : celle-ci indique qu’ils sont désormais sans domicile. Le club descend immédiatement en deuxième division et les ultras profitent du match « à l’extérieur » contre le MFK Vítkovice pour indiquer qu’ils considèrent le secteur visiteurs comme leur place réelle dans ce stade impersonnel doté d’une piste d’athlétisme (un stade pourtant chargé d’histoire, où le coureur Emil Zátopek a battu le record du 10 km et où Usain Bolt s’est fait remarquer plusieurs années de suite). Un nouveau foyer si mal-aimé que la page Wikipédia du Baník Ostrava indique que le stade de Vítkovice est le « stade d’asile » du club.

Si le nouveau stade est honni, il a tout de même bien été adopté

Et si un match amical contre le Celtic Glasgow a été organisé cet été pour fêter le centenaire des Mineurs d’Ostrava (qui sont vite remontés en première division et ont échoué aux portes d’une qualification européenne), c’est du côté silésien que les choses sérieuses ont eu lieu : un festival de deux jours organisé par le club dans l’enceinte du château de la ville, et un spectacle pyrotechnique des ultras dans et autour du stade Bazaly, qui sert aujourd’hui de terrain d’entraînement.

Aujourd’hui, la plupart des amateurs de football de la région se sont fait une raison. Mais des initiatives sont régulièrement mises en place pour préparer le terrain pour un retour du Baník en Silésie : soit en rénovant le stade Bazaly, soit en construisant un nouveau stade. Deux projets faramineux maintes fois évoqués mais jamais chiffrés, et qui ne verront probablement jamais le jour.

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47 réflexions sur « Baník Ostrava : 100 ans, toujours mineur »

  1. Merci pour cet article!

    Du mal à cerner ce coin du monde sur le plan identitaire, ça a tellement bougé.. car Moraves? Silésiens? Se sentent-ils à la rigueur plus proches des Polonais de Katowice que des Moraves de Brno? Y a des coins du monde comme ça.. Ca ne m’étonnerait pas tant que ça.

    Le stade en noir et blanc : j’adore.. Ca me fait vaguement penser à des photos de l’antre du Schalke, dans les années 30.. Le décor est tout de suite planté.

    Par contre le stade qu’ils se coltinent désormais est un peu tristounet.. Non loin, chez leurs cousins slovaques, je trouve extrêmement ingénieux ce que les dirigeants de Trnava ont fait, homogénéiser les volumes.. Brillant, et comme quoi on peut encore trouver des projets intéressants.

    Je reviens au Banik, un truc dont je suis quasi-certain : à mon avis, les supporters du Banik doivent ignorer qu’ils furent victimes de corruption durant la C3 84 – leur double-affrontement face à Anderlecht avait été acheté par le Président du Sporting VandenStock, ainsi qu’en témoignèrent les accablants enregistrements-audio que dispensèrent à la presse (..belge) les maîtres-chanteurs du Nottinghamgate!

    Mais, je l’ai souvent observé : les détails de cette affaire sont extrêmement mal connus. Même les plus illustres cocus, Nottingham Forest et ses supporters donc, du parcours européen du Sporting Anderlecht en 84 ignorent absolument tout de l’ampleur de l’affaire..laquelle fut de maîtresse façon étouffée après bien des couacs initiaux.

    Autre club tchécoslovaque qui fit les frais de la corruption institutionnelle d’Anderlecht à l’époque : Bohemians, saison 83..et je me permets (pas le moindre élément à ma connaissance..mais j’ai revu le match) d’avoir de gros doutes pour l’affrontement face à Moscou!

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    1. Ostrava est à cheval sur le Nord de la Moravie et le Sud se la Silésie, mais les gens se sentent Silésiens (et Moraves si nécessaire, par exemple quand ils croisent des habitants de Bohême).
      Les ultras du Baník sont jumelés avec ceux du GKS Katowice, ça permet aux hooligans de chaque club d’aller mettre le boxon chez le voisin en toute impunité ou presque.
      Le stade actuel n’est effectivement pas dingue, mais il appartient à la ville et il n’y avait pas d’autre solution étant donné la situation financière du Baník. Malgré tout, une fois dedans ce n’est pas si mal, même si évidemment il n’y a pas le charme de Bazaly, qui était tout simplement génial (mais vétuste et limite insalubre sur la fin).

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  2. Drôlement intéressant, merci !
    Comment la limite entre Moravie et Silésie se manifeste-t-elle ? Un cours d’eau ? Quel est son nom ?
    Historiquement, y avait-il une ville de chaque côté et elles se sont rejointes, comme pour Budapest ?
    Les liens sont-ils importants avec la Pologne voisine ?

    J’ai plein de questions, mais pas trop le temps maintenant…

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    1. A Ostrava ce sont deux rivières, elles se rejoignent au Nord de la ville. Quand on traverse la ville sur un axe Est-Ouest, on part de Silésie pour arriver en Silésie, mais on passe par la Moravie.
      Dans la vie de tous les jours ça n’a aucune importance, mais les supporters sont du genre à prendre ça très à cœur. D’autre part la mauvaise réputation de la ville incite les Ostraviens à insister sur l’aspect silésien par pur esprit de contradiction envers ceux qui résument la Tchéquie au binôme Bohême-Moravie.

      A Ostrava les liens avec la Pologne ne sont pas flagrants au premier abord, hormis le dialecte local qui se rapproche beaucoup du polonais. Par contre les villes et villages silésiens sont plus tournés vers la Pologne. Et beaucoup de frontaliers vont y faire leurs courses car quasiment tout y est moins cher.

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  3. Le Slavia a fait de chouettes parcours européens ces dernières années, avec 3 quarts. Ce qui n’était pas arrivé à club tchèque depuis un moment. Quelle est leur formule magique?
    Et puisque tu parles de Danek, un petite vidéo d’un match où il avait fait tres mal à la Roja. Un doublé lors de la qualif pour l’Euro 92.
    https://youtu.be/fapE8x3NmLs

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    1. La formule du Slavia c’était à la base un jeu léché en championnat. Le club a bien été aidé par son rachat par un consortium chinois alors qu’il était aux portes de la deuxième division.
      Une fois qu’ils sont revenus au top financièrement, ils ont travaillé intelligemment pour composer un effectif mélangeant talents tchèques et joueurs étrangers expérimentés.
      Et en plus de ça, ils ont mis beaucoup de cœur dans leurs prestations, ce qui leur a permis de briller au-delà des espérances.
      En parallèle ils restaient devant en championnat sans trop de soucis donc ils pouvaient dépenser plus d’énergie en coupe d’Europe.

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    1. Opava c’est un petit club régional, rien de bien dingue dans leur histoire.
      En revanche historiquement Opava était une ville riche, capitale de la Silésie tchèque (Beethoven y a séjourné quelque temps). Du coup Opava a toujours vu d’un mauvais œil le développement d’Ostrava, ville de bouseux pas sortis des mines, tandis qu’à Ostrava personne ne comprend que ces cons de bourgeois existent encore dans leur trou paumé.
      Footballistiquement le derby ne vaut pas grand-chose, en revanche c’est le boxon autour des stades (et parfois dedans).

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    1. L’antimilitarisme tchèque? Je laisse Modrobily réagir voire compléter : son article, je n’y ai passé que 2-3 mois au total..et puis ça a pu fort changer entre-temps (mais, ça : j’en doute fortement!)..mais moi ça m’avait marqué!

      Et c’est une piste fort possible, oui.

      Gros point commun avec « mon » pays d’ailleurs : coin du monde parmi les plus ravagés qui fussent à travers les âges, ça ne donne pas envie d’avoir des rêves de grandeur, donne pleine compréhension de l’absurdité de la chose – certains pays, a contrario, manquent manifestement d’expérience « carnée » de la guerre, hum..

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      1. Moi qui connais surtout les pays et les cultures par les livres, le supposé antimilitarisme tchèque m’évoque la figure du « brave soldat Chvéïk », qui est une sorte de héros national en Tchéquie. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une satire antimilitariste (entre autres).

        Cet antimilitarisme explique aussi, peut-être, le peu de vigueur de la résistance tchèque sous Heydrich (avec le fait que le Reichsprotektor ménageait une population dont les ressources et les industries étaient si précieuses pour le Reich). Manque de vigueur qui justifia l’opération Anthropoid…

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      2. Lol et snif.. Ton histoire me rappelle avoir jadis peu discrètement quitté un interminable colloque professionnel à Prague, du côté de l’opéra, pour courir acheter une marionnette de Hurvinek (je ne sais plus où ; par contre c’était une madeleine de Proust pour elle, dessin animé qui avait été un must dans tous les pays du Bloc Est)..puis courir plus vite encore jusqu’à la magnifique gare centrale de Prague (déjà une belle distance..), pour l’y offrir à ma compagne hongroise du moment, qui attendait son train pour partir dans la foulée en..Amérique.. Jamais couru aussi vite de toute ma vie, j’en serais incapable désormais..et à dire vrai je ne le ferais probablement plus 🙂

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      3. Opération anthropoïd? J’ignorais qu’elle se fût appelée comme ça, quel nom, lol..

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      4. Non, un con! J’ai niqué ma carrière académique pour cette magyar! (j’ai fini 4 mois plus tard par quitter mon poste de prof d’unif pour la rejoindre aux States, pourtant pas faute d’avoir été prévenu que c’était une grosse connerie)

        Où vis-tu aux Etats-Unis?

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      5. Ah oui, tu en avais touché un mot.. Georgie? Montagnes bleues? C’est le souvenir que j’en garde, j’ai bon?

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  4. encore de la belle ouvrage! super article sur des coins d’europe que je connais mal! en tous cas la photo vu vieux stade me fait penser à une vielle photo de GG avec la fumée des usines juste derrière!

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    1. Ostrava et Saint-Etienne ont beaucoup en commun.
      J’ai tendance à dire qu’Ostrava est la Saint-Etienne tchèque : passé minier, histoire pas forcément rose, population historiquement populaire, mauvaise image, et développement dans des domaines modernes qui portent peu à peu leurs fruits. Et puis le foot, évidemment.

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  5. Je réponds en vrac aux différents commentaires, je n’ai plus de bouton « répondre » sous chacun d’eux.

    – si le Dukla n’a pas de base populaire, c’est avant tout parce qu’il subit de plein fouet la concurrence du Sparta et du Slavia, les deux clubs les plus populaires du pays, mais aussi des Bohemians qui tirent leur épingle du jeu par leur côté atypique. Dans ce contexte c’est franchement difficile d’exister

    – je vis à Ostrava, tu viens quand tu veux (mais ramène des bières belges, je les préfère aux bières tchèques)

    – sur l’antimilitarisme tchèque, je ne vous rejoins pas tout à fait. Déjà, le « Brave soldat Chvéïk » est une oeuvre satyrique au sens large, qui s’attaque à tous les pouvoirs en place : militaire, mais aussi politique et religieux (il y a toute une partie où le soldat met des bâtons dans les roues d’un prêtre pour revendiquer son anticléricalisme). Je dirais que les Tchèques ont surtout tendance à ne pas vouloir être emmerdés et à vouloir rester peinards dans leur coin. Enfin, à propos de la résistance tchécoslovaque, je pense que l’apathie supposée est plutôt liée au fait que la Tchécoslovaquie s’est faite absorber puis démanteler par les nazis sans combattre (coucou Munich), et quand les nazis ont pris le contrôle de l’ensemble du pays cela devint bien plus compliqué de s’organiser (la résistance allemande a peu de coups d’éclat à son actif aussi quand on y pense). Et puis peut-être qu’on a tendance à beaucoup glorifier la résistance française et à exagérer un peu son impact, au moins par rapport aux résistants des autres pays.

    – et à propos du Spartak Trnava, honnêtement je n’en sais rien car je ne suis pas suffisamment le football slovaque, mais je dirais à pouf que c’est un club issu d’une petite ville, et que pour cette raison il n’a pas beaucoup de chances d’espérer grand-chose à long terme. En Tchéquie il y a un exemple similaire qui est Teplice, une ville au Nord de Prague qui a un stade superbe (visible depuis l’autoroute) où la sélection a joué à plusieurs reprises récemment. Mais la ville n’a pas beaucoup d’argent et le club n’a aucune chance de faire fructifier ses infrastructures (d’ailleurs l’affluence moyenne est en-dessous de 3000 spectateurs, dans un stade de 18000 places).

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    1. La résistance en France est clairement mythifiée et son impact surévalué par la plupart des mémoires entretenues. Elle fut loin d’être aussi vigoureuse qu’on peut le penser parfois.

      Mais la résistance dans tel pays ou tel pays ne dépend pas d’un prétendu caractère national, elle est affaire de circonstances. Et si la résistance tchèque tarde à s’organiser, si la résistance française est d’abord mal implantée et inefficace, si la résistance allemande au nazisme est quasi-inexistante, au contraire de la résistance polonaise qui est précoce et vigoureuse, c’est surtout en réaction aux méthodes de l’occupant/du régime politique. Globalement, les nazis traitèrent bien les Allemands, pas trop mal les Français et les Tchèques, très mal les Polonais.

      Les nazis perdirent la bataille de l’opinion en 41/42. Par leurs exactions sur les populations locales. Avant ça, le nazisme (et la collaboration dans les pays occupés) correspond à ce que la population attend. Ce que n’est que parce qu’il devient incapable de satisfaire les désirs et les besoins des Allemands que le vent de l’opinion tourne. Ce n’est que parce qu’ils massacrent les populations occupées, pillent leurs ressources et leurs productions, qu’il devient objet d’abomination.

      D’ailleurs, à partir de 42, la doctrine militaire change dans la guerre orientale. Les Allemands entrent en URSS et commencent d’y appliquer le Generalplan Ost, massacrant les juifs et les communistes, déportant des populations, en maltraitant d’autres. Résultat : alors que les Allemands avaient été accueillis en libérateurs par les Baltes, les Biélorusses ou les Ukrainiens en 41, la donne change rapidement : comprenant que le nazisme n’a rien à envier au stalinisme, ces mêmes populations commencent à résister. A partir de 42, stoppée par l’Armée rouge, harcelée sur ses arrières par une population de plus en plus résistante, la Wehrmacht change de doctrine : il faut un peu ménager les populations (en attendant d’en avoir fini avec les Soviétiques…).

      Bref, ce n’est pas du tout faire injure aux Tchèques que de dire que leur résistance fut faible jusqu’aux horreurs de Lidice (provoquées par Anthropoid, et c’était bien l’objectif du SOE). De la même manière que ce n’est pas glorifier les Polonais que de dire qu’ils furent précocement et vigoureusement résistants (même s’il y eut, évidemment, une paire de collabos et de salopards antisémites en Pologne, et pas juste un peu…). Si les Tchèques avaient été maltraités comme le furent les Polonais, ils se seraient sans doute organisés de la même manière que les Polonais. Et si les Polonais avaient été traités comme les Tchèques ou les Français, ils auraient sans doute aussi tardé à s’organiser.

      Concernant Chvéïk, je suis entièrement d’accord que c’est une oeuvre satirique au sens large : elle s’attaque à toutes les institutions de la Double Monarchie (armée, justice, police, Eglise, etc.).

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  6. Je connaissais rien de ce club. Il n’était pour moi que le nom d’un adversaire de coupes d’Europe dans le jeu vidéo de management auquel je jouais pré-adolescent. Il y avait Marek Jankulovski et René Bolf d’ailleurs dans leur effectif à l’époque. C’est d’ailleurs amusant de penser à tous les joueurs que j’essayais de recruter dans le jeu et dont j’ignore tout, comme Marek Citko, Harald Brattbakk ou Peter Hoekstra.

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  7. Super article, que je lis avec un peu de retard, mais qui me fait penser à une anecdote personnelle : quand je pense au Banik Ostrava, je pense à mon séjour de quelques jours à Prague en octobre 2017. Histoire de découvrir le football local, j’ai assisté à un match entre le Sparta et le Banik.

    Une expérience assez particulière. Je ne suis pas du tout le championnat tchèque, et je comprends encore moins la langue locale, mais j’ai quand même compris qu’il se passait un truc : les Ultras du Sparta ont passé les 20 premières minutes à déployer des banderoles, sans un chant. Puis à la 20e minute, ils se sont levés et ont quitté leur tribune… Sous les applaudissements du stade. J’imagine que les résultats du club étaient insatisfaisant (le Sparta était 5e du championnat à ce moment là) ?
    En revanche, les supporters du Banik étaient venus très nombreux n’ont cessé de chanter durant toute la rencontre. Donnant une impression que le Sparta jouait à l’extérieur… Bref, atmosphère très étrange.

    Etant Bordelais, j’étais ravi de me dire que j’aurais pu avoir des nouvelles de Rio Mavuba. Bon finalement, il n’aura pas joué. Mais il y avait plusieurs noms que je connaissais, un ensemble aussi entérocyte que surprenant : Ondrej Zahustel, Jonathan Biabiany, Georges Mandjeck, Mark Janko, Andrea Stramaccioni sur le banc…
    Et même… Milan Baros côté Banik ! Il a même marqué ! En revache, comment dire ?… Il a tout simplement passé son match à faire de la provoc. Un vrai comportement de petite p… Le clou du spectacle étant son remplacement dans le dernier quart d’heure, où il fera des signes « coucocu » à tout le stade … Lequel (pourtant peu bruyant sans les ultras du Sparta) aura immanquablement passé le match à l’insulter. Enfin… Je suppose que c’était des insultes. Je demande à un voisin, et il me dit en anglais que les chants veulent dire « gitan ». Je ne comprends pas trop le rapport, mais je manque de culture tchèque, donc…

    En revanche, au moment où j’arrive au stade, les joueurs sont à l’échauffement et j’aperçois une tête qui me dit quelque chose : c’est Tomas Rosicky ! J’ignorais complétement qu’il jouait à Prague à ce moment là. Je regarde sur Wikipédia, et je découvre qu’il n’a alors joué… que 3 matches en 8 mois pour le Sparta ! Je me sens alors extrêmement chanceux de voir un joueur aussi réputé sur le terrain.
    Et putain, je vais pas être déçu !

    Je vais être honnête, et je pèse mes mots : je crois que je n’ai jamais vu un joueur aussi dominant et au dessus des autres que Tomas Rosicky ce soir là ! (au stade du moins).
    C’était tout bonnement extraordinaire ! Tout y est passé : élégance balle au pied, contrôles orientés, passes lasers, déviations bien senties, du jeu juste, de la vista, … Même un tacle d’une grande maitrise coupant parfaitement une contre-attaque du Banik. Le « Petit Mozart » hein ? En voilà un surnom qui n’était pas usurpé !
    Il était impliqué sur toutes les actions du Sparta (y compris dans les trois buts de son équipe) et ses partenaires étaient perdus quand ils ne le trouvaient plus. Le Sparta gagnera 3-2 et n’est que très logiquement qu’il sera nommé Homme du Match et sera acclamé par le stade.

    Bref, j’ai vu Tomas Rosicky sur un terrain. Et c’était merveilleux, fantastique, éblouissant !
    Super souvenir en tout que ce Sparta – Banik 2017 !

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    1. Je découvre ton commentaire très tard mais pas grave.

      Baroš a effectivement toujours eu un comportement très désagréable (pour être poli), ça lui a valu une horrible réputation et je connais beaucoup de fans du Baník qui disent qu’ils l’auraient détesté s’il avait joué ailleurs. Les insultes de gypsie (Rom) sont assez logiques car il vient d’une famille de Roms. La communauté Rom est très mal vue en Tchéquie et discriminée, d’un autre côté les Roms qui essayent de s’intégrer à la société sont relativement rares et coupent bien souvent les ponts avec leur communauté une fois qu’ils sont intégrés.
      Rosický était de retour pour boucler sa carrière cette saison-là, il était déjà à moitié KO et quasiment incapable d’enchaîner les entraînements, alors les matches… Par contre côté talent c’est sûr que c’est une autre galaxie.

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