Ligue Europa Conférence – White horse final

Le 28 avril 1923, la finale de la Cup oppose Bolton Wanderers et West Ham. C’est la rencontre d’inauguration de Wembley, le roi George V est attendu en tribunes. Si Bolton entre dans sa plus belle décennie, les Hammers végètent en deuxième division et n’ont jamais dépassé le stade des quarts de finale auparavant. Les Wanderers sont clairement favoris, ayant chaque fois reussi à accéder au tour suivant grâce à un but de David Jack, l’enfant du pays, qui fera bientôt le bonheur de l’Arsenal d’Herbert Chapman. Le style de jeu offensif de West Ham contraste avec celui de ce Bolton minimaliste, ce qui lui vaut une belle cote d’amour chez les fans. Tout pour l’attaque, avec un brin de chance néanmoins puisqu’ils n’affrontent aucune équipe de l’élite pour accéder à Wembley !

David Jack, sous le maillot de Plymouth Argyle, avant de devenir le transfert le plus cher du monde en rejoignant Bolton.

Les travaux de Wembley, qui devait initialement ouvrir ses portes en 1924, sont terminés plus tôt que prévu. Après les dernières éditions jouées à Stamford Bridge, la Fédération anglaise, craignant une affluence décevante pour la finale, multiplie les actions pour promouvoir l’événement. Et ça marche ! Londres et ses différents quartiers prévoient massivement de venir découvrir l’enceinte de 125 000 personnes. Le matin du match, les journaux envisagent l’arrivée de 5 000 suiveurs de Bolton et « au moins 115 000 passionnés de Londres et d’autres régions du pays. » Il fait beau, les portes ouvrent trois heures et demie avant l’heure prévue du coup d’envoi…

L’ordre règne pendant les deux premières heures, les autorités décident de fermer l’accès au stade. Néanmoins, malgré les informations de fermeture relayées dans les stations de métro avoisinantes, le public ne cesse de se masser devant les portes. L’organisation se révèle alors chaotique. Aucune indication de placement, les niveaux inférieurs du stade se remplissant beaucoup plus rapidement que ceux des supérieurs, une affluence que la police n’est plus en capacité de gérer. Quelques minutes avant l’entrée des joueurs, les spectateurs à l’extérieur du stade foncent sur les barrières et rentrent par la force…

Effet domino, des milliers de fans se retrouvent donc sur le terrain ! Des estimations iront jusqu’à 250 000 personnes dans l’enceinte, voire plus selon la police, pour une fois pas avare dans ses décomptes ! Les routes menant à Wembley étant bloquées, l’équipe de Bolton fait les derniers kilomètres à pied. Selon une légende rapportée par le Times, l’arrivée de George V ramène le calme dans la cohue et soulève un vent patriotique où les nombreux God save the King poussent la populace à remettre de l’ordre et de la discipline dans ce joyeux bordel !

La police montée est appelée en renfort, ici débute le jour de gloire de George Scorey et de son cheval Billie. Billie va ordonner, va tracer de belles lignes droites dans cette marée humaine mais surtout prendre toute la lumière des clichés, et bien que gris, il devient pour l’éternité le White Horse, celui qui a permis la tenue de la rencontre ! Avec 45 minutes de retard et bien peu de blessés pour un regroupement aussi anarchique, la partie peut enfin débuter. David Jack ouvre le score dès la deuxième minute… Bolton soulèvera le trophée.

Le lendemain, la presse fustige l’organisation. « The Fiasco of the Cup final » titrera le East West Ham. La Chambre des Communes, soulagée de ne compter aucun décès dans l’affaire, rend hommage au calme conjoint de la police et du public, même si certains, comme son président Oswald Mosley, n’hésitent pas à qualifier les envahisseurs de stade de hooligans. Des tourniquets seront ajoutés, on augmentera le nombre de portes d’entrée et l’achat au préalable de billet deviendra obligatoire. On offre en remerciement au cavalier de Billie, George Scorey, la possibilité d’avoir des billets d’entrée gratuits pour toutes les finales suivantes de la Coupe mais, n’aimant pas le football, il ne viendra jamais…

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13 réflexions sur « Ligue Europa Conférence – White horse final »

  1. Merci Khia. David Jack à Plymouth, ça m’évoque 2 choses :
    – son partenaire Jack Leslie, appelé en équipe d’Angleterre dans un premier temps avant que la bienséance ne prenne le dessus : sa convocation est annulée en raison de sa couleur de peau (son père est Jamaïcain).
    – la tournée de Plymouth sur les bords du Rio de la Plata en 1924 à laquelle participe Leslie. Pour les Argentins, la visite de Plymouth est un événement considérable, peu importe que Plymouth soit un club mineur de seconde division. L’Argentine, avec des joueurs comme Tesoriere, Onzari ou Tarasconi, va s’imposer deux fois et perdre deux fois contre ces Anglais loin du top niveau dans leur pays. Mais les journalistes porteños vont se servir de ces résultats pour expliquer que les Argentins n’ont définitivement plus rien à apprendre des Anglais (Plymouth joue également contre l’Uruguay mais ces matchs sont peu significatifs, la Cekeste est privée des joueurs de Peñarol).

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      1. Alex
        Alors je viens de regarder. Jack a bien été deux fois détenteur du record mais pas consécutivement. Ils sont pas nombreux à l’avoir été deux fois. Maradona, Ronaldo le vrai et Alf Common!

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    1. Une tournée de Plymouth en Amérique du Sud??? En quelle division anglaise évoluaient-ils alors?

      Toujours eu un faible incompréhensible pour ce club – je n’y suis jamais allé, jamais même vu le moindre match.. Et toujours été intrigué par la taille de leur stade, dont la rénovation d’une tribune latérale, dernièrement, vaut le coup d’oeil, très sympa.

      Sinon, ma première réaction à la publication de cet article – merci – fut pour ces chevaux ; ça m’a rappelé les matchs au sommet en Belgique début 90’s, les pavés que les hooligans arrachaient à la chaussée pour les balances sur ces pauvres bêtes montées par des gendarmes.. J’éprouvais encore une fascination un peu morbide pour ces bandes, mais ce genre de scènes l’a calmée aussi sec.

      Je ne connaissais David Jack qu’à titre, je crois, de transfert-record lors de son passage de..Bolton à Arsenal, et donc non pas de Plymouth à Bolton comme légendé sous sa photo……… ==> Il a été deux fois consécutivement transfert-record en Angleterre?? Ou alors j’ai tout faux pour son mouvement vers Arsenal.

      Quoi qu’il en soit, je viens de vérifier : il devait avoir la trentaine en signant à Arsenal.. On ne jouait pas forcément bien vieux à l’époque, certaines blessures étaient davantage rédhibitoires.. Ca situe déjà un peu la valeur du joueur a priori.

      Je ne sais pas si le White Stadium a accueilli des finales de FA Cup.. Ca aurait claqué, pour le white horse (même s’il était gris).

      Oswald Mosley en était déjà là de son ascension?? Vachement précoce..

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  2. La première finale de FA Cup à Wembley, celle dite du White Horse.
    J’avais réalisé en mai, donc quelques jours trop tard, que nous avions manqué le centenaire.
    Ce n’est pas forcément là que j’attendais le Kia. Mais je lirai ça avec intérêt.
    Du point de vue anglais, l’événement a été abondamment traité. Et ses conséquences avec.
    Un point de vue intéressant, pourrait être de voir le traitement réservé par la presse (sportive et généraliste) française. La presse sportive, en particulier, étant alors toute pétrie d’anglomanie.

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