Match Retour, petit match mais grand documentaire

Les Roumains le nomment Eternul derby, le derby éternel en français. Il est l’un des matchs les plus chauds d’Europe, entre deux équipes créées de toutes pièces pour être rivales. Ce derby, c’est Steaua Bucarest-Dinamo Bucarest.

A la suite du coup d’état du Parti communiste roumain, le 6 mars 1945, le Royaume de Roumanie devient un état communiste. Le royaume deviendra la République populaire roumaine le 30 décembre 1947 lorsque le roi Michel 1er sera contraint d’abdiquer. La République populaire devient République socialiste de Roumanie a partir du 28 juin 1965, et ce jusqu’à la fuite de Nicolae Ceaușescu le 22 décembre 1989.

Le 7 juin 1947, le Ministre de la Défense, Mihai Lascăr, signe un décret officialisant la fondation du club omnisport Clubul Sportiv al Armatei Steaua, dont la branche footballistique deviendra le CSA Steaua București.

L’histoire de la fondation du Dinamo Bucarest est un peu différente. Le 14 mai 1948, le ministre des Affaires intérieures, Teohari Georgescu, fait fusionner deux clubs : l’Unirea Tricolor București, récemment rentrée dans le giron du ministère, avec le Ciocanul București, ancien club juif du pays, pour former le Fotbal Club Dinamo București.

La rivalité entre les deux équipes est autant sportive, entre les deux clubs les plus titrés du pays, que politique. Les Dinamovişti accusent le Steaua d’avoir les faveurs du couple Ceaușescu à l’époque où leur fils, Valentin, était a la tête du club. La principale accusation faite au Dinamo est que le club était favorisé par les arbitres, grâce a la pression mise sur eux par la Securitate, la police politique du pays, dirigée par le ministère des Affaires intérieures.

C’est au milieu de ce contexte que se déroule le match entre les deux équipes, le 3 décembre 1988, arbitré par Adrian Porumboiu, père de Corneliu Porumboiu, réalisateur du film d’aujourd’hui.

Synopsis :

Corneliu Porumboiu et son père, Adrian, regardent un match de football : celui entre le Steaua et le Dinamo, arbitré par Adrian en 1988. Leurs commentaires accompagnent en temps réel les images d’époque du film.

Le film est conceptuel, le match étant, ironiquement, peu intéressant, finissant en 0-0. Le véritable intérêt du film se trouve dans les commentaires, paradoxe temporel à eux seuls, entre Porumboiu père et fils, bourré d’humour pince-sans-rire et de silences parlants, disant tout sur leur relation tout en laissant le spectateur imaginer les détails.

Match Retour est un film qui ne plaira pas a tout le monde mais qui est un objet fascinant pour quiconque s’intéresse un tant soit peu à l’histoire de la Roumanie, aux régimes communistes des pays de l’Est ou au football, le match faisant s’affronter les joueurs de la génération dorée du football roumain, les Gheorghe Hagi, Dan Petrescu ou Bogdan Stelea, qui montreront leurs talents au monde entier durant la Coupe du monde 1994.

25 réflexions sur « Match Retour, petit match mais grand documentaire »

      1. Que tu es suspicieux… On ne peut plus marquer 13 buts lors des 4 derniers matchs de son championnat? Laisse toi envahir par la singularité de cet exploit.

        0
        0
      2. Berti
        Merci! Point de vue intéressant. J’attends les arguments de Polster hehe
        Et c’était encore pire que dans mes souvenirs. 20 buts en 6 matchs!

        0
        0
      1. C’est clair qu’entre les catholiques et les communistes, on peut légitimement se demander lesquels furent les plus gros escrocs…

        0
        0
    1. Camataru, un nom de triste mémoire pour les supporters des Girondins des années 80. Avant d’atterrir au Dinamo, il avait passé douze ans à l’Universitatea Craiova. Il était sur le terrain en huitièmes de C3 1982-83 contre les Girondins. Aux tours précédents, ceux-ci avaient réussi deux fameux exploits : un 5-0 au retour contre Carl Zeiss Iéna, finaliste de la C2 une grosse année auparavant, après le 1-3 de l’aller, puis une remontada contre Hajduk Split digne des Verts de la grande époque : 1-4, 4-0. Craiova, personne ne les connaissait (rideau de fer, tout ça…), et ils avaient été une très mauvaise surprise. Un tout petit 1-0 à l’aller à Lescure et un 0-2 a.p. bien mérité en Roumanie après un match passé dans le camp bordelais. Craiova, avec Camataru, était allé jusqu’en demi-finales et avait été éliminé par Benfica sans perdre (0-0, 1-1).

      0
      0
  1. Bel article sur le foot roumain

    Est il vrai que le plus grand joueur du Dynamo Bucarest, est, comme le prétend sa page wikipedia, Ilie Balaci ?
    (Pour moi cela me rappelle l’Olympique Casablancais, débuts 90)

    0
    0
    1. Plus grand joueur du Dinamo certainement pas, mais de l’Universitatea Craiova, ça se discute pour le coup.

      Pour la plus grande légende du Dinamo, je pencherais plutôt vers Florea Dumitrache ou Dudu Georgescu.

      1
      0
      1. Ahah le gars de la progra était pointu !
        Il a essayé d appâter des lycéens avec du foot.

        0
        0
      2. Ouais mais en tout cas ça a fait un bide, on était 4 dans la salle, et j’étais le seul jeune 🙂

        0
        0
  2. D’autres souvenirs sur le Dinamo me sont revenus après avoir commenté sur Camataru. L’équipe de 1983-85 était de très bon niveau en C1. En 1983-84, elle avait sorti Hambourg, champion en titre, en huitièmes : un 3-0 bien propre à l’aller qui avait surpris tout le monde et un 2-3 au retour au Volksparkstsdion qui cache une remontada presque réussie. À 3-0 pour le HSV, Dieter Schatzschneider qui venait de prendre la succession de Hrubesch sous le maillot numéro 9 avait eu une balle de 4-0, avec le but grand ouvert devant lui, et l’avait mise à côté. Vérification faire, Dinamo était allé jusqu’en demi-finales, éliminé par Liverpool.

    L’année suivante, « mes » Girondins étaient tombés sur eux en huitièmes de C1. Le film ressemblait tellement à celui de Craiova deux ans plus tôt qu’on craignait le pire : 1-0 à l’aller à Lescure, 0-1 après le temps réglementaire au retour à Bucarest. Mais ce Bordeaux 1984-85, peut-être le plus grand de tous, avait égalisé en prolongation et s’était qualifié. La suite fut un quart rocambolesque contre Dniepropetrovsk qu’il faudrait le talent de Khidiatoulin pour raconter, puis une demie de légende face à la Juve. Ce Dinamo-là, en tout cas, c’était du lourd.

    0
    0
    1. Camataru, un des plus gros bides du foot belge à l’époque, et les excuses qu’il avançait ne tenaient pas la route, bref il y avait unanimité alors pour dire qu’il n’y avait pas que son Soulier d’Or européen qui fût probablement trafiqué.. puis dans la foulée il réussit l’une ou l’autre belles saisons à Heerenveen.

      0
      0

Laisser un commentaire