Semaine européenne : focus sur les clubs de Bundesliga encore engagés

Si le football allemand de club n’attire pas les lumières comme peut le faire la puissance financière de la Premier League, la Bundesliga reste compétitive. Le championnat allemand attend de ses représentants encore en lice d’éventuels coups d’éclats sur la scène européenne pour mettre en valeur ses charmes. Tour d’horizon des forces allemandes en présence avant la reprise des compétitions européennes et pronostics.

Ligue des Champions

Quatre équipes allemandes sont en lice dans ces huitièmes de finale de Ligue des Champions, saison 2022-2023.

Paris Saint-Germain – Bayern Munich

Affiche de stressés.

Le club est empêtré dans des polémiques plus ou moins saignantes : accident de Neuer, gag du recrutement de son remplaçant, départ de l’entraîneur des gardiens, interview du skieur, riposte des dirigeants, repos en mode Fashion Week pour le Beau Serge, melonite aiguë de Sané ou les atermoiements de l’insaisissable Pavard.

Leader de Buli avant d’affronter mardi 14 février le PSG au Parc, le Bayern est peu dominant depuis la reprise par rapport à ses canons habituels mais semble en phase ascendante. Touchés par des blessures longues durées (Neuer, Hernandez, Mazraoui, Mané), les Bavarois ont vu Yann Sommer (gardien international suisse), João Cancelo (arrière droit de Manchester City) et Daley Blind (défenseur, en provenance de l’Ajax) arriver au mercato hivernal, pour le seul départ de Marcel Sabitzer, en prêt à Manchester United.

Depuis trois matchs (deux de Buli et un de Pokal), le jeu offensif retrouve de l’allant, avec une capacité à vite projeter une cavalerie légère (Gnabry, Sané, Coman) qui pourrait contrarier le jeu offensif des latéraux parisiens (surtout avec les éventuelles absences de Messi et Mbappé), avec un facteur X capable de fulgurances balle au pied (Musiala) et avec deux leaders chevronnés qui devraient (bien) occuper la charnière centrale du PSG (les supporters des Roten sont en droit d’espérer que le tribun Kim joue pour une soirée Meetic, normal me direz-vous pour un soir de Saint-Valentin). Un PSG au complet derrière, discipliné, agressif dans le bon terme, solidaire et prêt à galoper doit être capable de réaliser ce que les défenses du RB Leipzig, Cologne et Francfort ont réalisé fin janvier en limitant l’ogre bavarois à un but. Parce que la défense munichoise n’est pas en ce moment le point fort de l’équipe. Wolfsbourg a montré qu’un jeu de percussions aussi bien axiales que sur les côtés mettaient à mal le bloc défensif. De Ligt pourrait être un maillon faible (à moins que Pavard ne soit titularisé à sa place aux côtés d’Upamecano). Surtout le milieu de terrain est moins rayonnant et protège donc moins sa défense, attention la paire Kimmich-Goretzka est capable de sortir une masterclass pour une rencontre de gala comme celle-ci. Dans le poker menteur déjà à l’œuvre, je penche pour un Rekordmeister organisé en 4-2-3-1.

Si le Bayern n’est pas dans la meilleure forme de sa saison, le PSG semble encore plus mal en point. Un match tendu, entre deux formations habituées à dominer leur championnat domestique et qui cette année connaissent un réel sursaut concurrentiel. Sans compter l’agitation en coulisses. Cet affrontement réunit tous les ingrédients pour donner vie à une belle dramaturgie car, à la fin, un des colosses est vraiment aux pieds d’argile.

Pronostic : 1-3

RB Leipzig – Manchester City

Rencard de nouveaux riches.

Cinquième à sept points du leader bavarois, le RB Leipzig patine depuis deux matchs de championnat (nul à Cologne et surtout défaite à domicile face à l’Union Berlin). La blessure d’Olmo coïncide avec ce coup de moins bien. En l’état actuel des forces disponibles, Szoboslaï est le seul vrai danger de cette équipe, heureusement Nkunku revient pour varier les menaces offensives (peut-être pour le match retour, pas avant). Le bloc défensif, tant derrière qu’au milieu, est de qualité sans et avec le ballon. Gvardiol aura à cœur d’exposer les talents entrevus au Qatar face à Haaland de retour en Allemagne.

Si Pep arrête les compositions artistiques et aligne par exemple le 3-2-4-1 entrevu dimanche face à Aston Villa, les Anglais gagneront, sinon le nul est jouable.

Pronostic : 1-3

Borussia Dortmund – Chelsea

Aubameyang et Pulisic aiment ça.

Assez peu convaincant dans le jeu avant la coupure du Mondial, Dortmund a franchi plusieurs paliers pour monter aujourd’hui sur la troisième marche du podium de Buli, à trois points de la plus haute.

C’est l’équipe très en forme du moment en Allemagne : en 2023 que des victoires (cinq en Buli et une en Pokal). Avec (parfois) ou sans (souvent) la manière, ce Borussia sait gagner ses matchs. Kobbel est un gardien qui rapporte des points, la défense est le probable point faible de l’équipe mais apporte très souvent offensivement (têtes sur coups de pied arrêtés, frappes, passes décisives), le milieu a trouvé son équilibre autour de son maître atout Bellingham, joyau à tout faire de cette équipe, et l’attaque commence à bien carburer (tous les attaquants marquent, et dans des registres différents). Julian Brandt est celui qui sur cette année 2023 amène ce petit plus qui permet la bascule du bon côté.

Chelsea s’est fait remarquer par l’usage compulsif que son propriétaire américain fait de sa carte bleue ces derniers mercatos : on parle ici de plus de 600 millions d’euros depuis la prise de contrôle du club. Le coach Graham Potter, arrivé en cours de saison en provenance du séduisant Brighton, n’arrive pas à trouver la bonne formule et squatte à la neuvième place du classement, à 20 points tout rond du voisin londonien d’Arsenal. La moindre contre-performance dans ces confrontations surmédiatisées pourrait lui être fatale.

Avec ou sans la manière, Dortmund au complet gagne. Comme en Buli. Le doute subsiste plutôt sur sa capacité à préserver ses cages vierges.

Pronostic : 3-1

Eintracht Francfort – Napoli

Kolo Muani – Osimhen, duel de buteurs ?

Défait 3-0 à Cologne, l’actuel sixième à huit points du Bayern n’a pas préparé son échéance européenne de la meilleure des façons. C’est une équipe solide dans toutes ses lignes, avec Kolo Muani en leader offensif (neuf buts et 10 passes en 19 matchs). Ce collectif a-t-il encore la qualité suffisante en réserve pour hausser son niveau de jeu et défendre pleinement ses chances ?

Le Napoli domine la Série A tant au niveau du jeu que des points, avec un bilan comptable de haute facture : 16 victoires, deux matchs nuls, une défaite, une différence de buts de +39 et 16 points d’avance sur l’Inter, seconde.

Difficile d’imaginer Osimhen ne pas faire trembler au moins une fois les filets de Trapp.

Vrai test pour mesurer la probabilité de voir Francfort lutter jusqu’au bout pour le titre de champion de Bundesliga : sur une série de six victoires consécutives en championnat, ce Napoli offre de nombreuses garanties et je pense qu’il est actuellement supérieur au Bayern du moment.

Ça devrait galoper.

Pronostic : 1-2

Ligue Europa

Alors que le SC Fribourg, sorti premier de sa phase de poules, est directement qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa, Union Berlin et Bayer Leverkusen disputent cette semaine le match aller des barrages de cette compétition où le niveau s’élève sérieusement.

Il n’y a plus de représentant du football allemand encore qualifié en Ligue Europa Conférence.

Ajax Amsterdam – Union Berlin

Beau deuxième de Bundesliga, l’Union effectue la meilleure saison de son histoire après avoir notamment occupé pour la première fois la place de leader et ce pendant plusieurs journées consécutives.

Les Berlinois du quartier populaire de Köpenick proposent un football fait de rigueur défensive, solide, sans grande fioriture, avec une abnégation de chaque instant, une énergie incroyable, beaucoup de courses, des efforts permanents, une solidarité éprouvée et une envie collective commune. Pas le plus beau football pratiqué outre-Rhin mais certainement la plus belle aventure collective de la saison en cours. L’entraîneur suisse Urs Fischer mène son groupe de main de maître, avec une direction au diapason notamment dans sa gestion comptable habile des derniers mercatos. Les recrues s’intègrent vite et bien dans un groupe qui ne compte aucune star. La défense est remarquable notamment le socle composé des axiaux Knoche, Diogo Leite et Doekhi, les latéraux prennent vraiment bien les couloirs. Au milieu, multiples combinaisons interchangeables d’où ressortent Khedira et Haberer. Devant, l’attaque est plutôt en réussite avec Becker en figure de proue.

Pas du football champagne mais de campagne dans un stade forestier où les pintes coulent de plaisir.

Beau symbole que la confrontation contre l’Ajax Amsterdam, dépositaire iconique d’un football total ambitieux. Reversés de la Ligue des Champions, les Bataves ne vivent pas une grande cuvée pour le moment. Ces difficultés sportives ont entraîné le licenciement du coach allemand Alfred Schreuder, remplacé par un ancien de la maison John Heitinga. Depuis la reprise post Mondial, les Hollandais sont invaincus (cinq victoires, quatre matchs nuls) et restent sur trois victoires consécutives en Eredivisie où ils occupent la troisième place à trois points du leader Feyenoord. Ils évoluent dans un 4-3-3 inamovible. Une charnière Timber-Alvarez, un milieu d’internationaux hollandais et une attaque où Tadic est toujours présent pendant que Kudus s’affirme en joueur frisson.

Probable opposition de styles avec une maîtrise technique attendue des Amstellodamois contre des Berlinois disciplinés, travailleurs et excellents en transition et sur coups de pied arrêtés. De celle qui donne généralement les plus beaux matchs.

Le rêve va continuer pour l’Union, qui est capable de passer. Avec l’enthousiasme et l’envie qui portent les Eisernen, l’Ajax peut être contrariée même à domicile.

Pronostic : 2-2

Bayer Leverkusen – AS Monaco

Décevants par rapport aux fortes ambitions estivales, les Allemands vont mieux depuis l’arrivée de Xabi Alonso sur le banc. Huitième à seize points du premier, le Werkself revient de très loin, plus précisément de la dix-septième place (une victoire, un nul, quatre défaites) au soir la sixième journée. Plus séduisant et efficace dans un 3-4-3 faisant la part belle aux joueurs de couloir que dans le 4-3-3 pourtant très proche dans l’esprit, le Bayer a vu Wirtz, joyau du milieu de terrain, revenir d’une longue blessure au genou. Avec ce maestro à la baguette, les artistes nombreux de cet effectif devraient enfin pouvoir s’accorder.

Troisième à sept points du PSG, l’AS Monaco a trouvé la bonne carburation. Dans un 4-4-2 à plat où les côtés sont très sollicités, l’aile gauche animée par la paire Caio Henrique-Golovine est le réel point fort de cette équipe bien équilibrée autour d’une colonne vertébrale charpentée : Disasi-Maripan en défense, le duo Fofana-Camara pour ratisser et perforer et un duo d’attaque à choisir entre Ben Yedder, Embolo et la pépite Ben Seghir. Avec une série de trois victoires consécutive en Ligue 1, le moral est au beau fixe suite à la victoire sur le PSG, sur un score (3-1) qui masque pourtant mal l’écart ressenti entre les deux équipes alignées ce samedi.

Ce Monaco-là sera difficile à manœuvrer pour Leverkusen, qui voit dans cette compétition la possibilité de s’aérer des turpitudes domestiques. Quelle que soit l’option prise par Xabi Alonso dans son animation, le côté droit allemand avec le très bon Frimpong croisera l’excellent flanc gauche asémiste. Un des points chauds et show de la soirée.

Un match avec des buts, Monaco sur sa forme du moment est favori, Leverkusen n’ayant enfin rien à perdre n’en est que plus dangereux.

Pronostic : 1-2

Rwano Breizh pour Pinte de Foot

21 réflexions sur « Semaine européenne : focus sur les clubs de Bundesliga encore engagés »

  1. Un autre amateur de foot allemand sur p2f ! Großartig ! Assez d’accord sur les pronos sauf pour Leverkusen-Monaco. Le Werkself va nettement mieux, comme tu le dis, et j’ai des doutes récurrents sur la solidité défensive de Monaco. En particulier, Nübel fait un peu trop de boulettes pour un gardien que l’on présente (et qui se voit lui-même) comme le successeur de Neuer dans le but de la Mannschaft. Je ne serais pas surpris par un 2-0 pour le Bayer.

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  2. Cool, de l’actu avec du fond !
    Je ne sais pas si le Napoli va jouer à fond la C1. Certes, ils ont 15 points d’avance en Serie A mais dimanche dernier contre la Cremonese, Spalletti a fait jouer Osimhen 90 minutes (et Kvarat est sorti à 5 minutes de la fin) alors que le match était plié à l’heure de jeu. La priorité est clairement le championnat avec la volonté de plier le game au plus vite. Je ne serais pas surpris de voir débuter le fils Simeone en C1.

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  3. En 79/80, l’Allemagne a fait de la défunte coupe de l’UEFA une annexe de la Bundesliga.
    4 équipes allemandes en demi-finales : E. Frankfurt v Bayern München et B. Mönchengladbach v. VfB Suttgart

    Aucun pays n’a jamais réalisé ça !

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  4. Belle représentation allemande en c1.
    La victoire de Francfort l’année dernière était une sacrée surprise et c’est agréable de voir un autre club allemand que le Bayern performer en Europe.
    Un nouveau champion en Bundesliga serait appréciable.
    Merci pour l’article !

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    1. Milieu offensif axial. Droitier. Très technique, dynamique, accélérateur de jeu, à l’aise en percussion et bon passeur, travaillant beaucoup à la perte du ballon, altruiste, bonne frappe de balle et donc efficace (buts & passes). Peut dépanner sur un côté et doit pouvoir occuper tous les postes du milieu (en double pivot, avec un 6 physique) au besoin. Un joueur rare. De ceux qui justifient de payer son billet au stade.
      Entre sa lecture de jeu et son sens des espaces dont ses déplacements entre les lignes ( bref, une intelligence de jeu très élevée chez un joueur si jeune), je le préfère en meneur de jeu. Plutôt haut sur le terrain, derrière l’attaquant.
      International A, Allemagne.
      A voir s’il revient à minimum au niveau qui était le sien avant sa blessure (LCA genou gauche).
      Si c’est le cas, et je l’espère, les clubs argentés le chasseront.
      Un petit bémol, formé à Cologne, il est parti pour presque rien à Leverkussen, mettant à mal les usages de non-agression entre voisins au sujet des jeunes pousses. Vingt kilomètres signifiants.

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    1. Je ne connais que son expérience sur le banc de Leverkusen. Passé par la Castilla (U13 en 2018-2019) et la réserve de la Real Sociedad (2019-2022), c’est sa première expérience d’entraîneur principal chez les grands.

      Lors de sa prise de fonction, Xabi Alonso a indiqué préférer évoluer avec une formation flexible en 4-2-3-1, avec la possibilité de passer en match à 3 axiaux derrière et des latéraux très présents soit dans le système de pression soit dans la possession de balle. Il revendique un jeu intense, du contrôle, jouant un bon football tout en étant actif avec le ballon.

      En ce moment au Bayer, il oscille entre deux systèmes principaux : un 343 et un 433 (avec des ajustements en cours de match).
      Ses animations font, comme prévu, la part belle aux joueurs de côté, particulièrement avec le hollandais Frimpong qui est un droitier appelé à évoluer dans un club plus huppé peut-être dès le prochain mercato (Man U était intéressé). Il a su relancé certains joueurs (le très technique Amiri notamment) et fait davantage tourner depuis 2-3 matchs de Buli. Sur ces derniers matchs, il cherche le bon système et les joueurs adéquats. Je dirai qu’il est encore en phase expérimentale, n’ayant pas forcément eu les joueurs espérés cet hiver. Sa prochaine intersaison sera éclairante sur ses ambitions.

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      1. Merci Rwano Breizh. Vais surveiller un peu plus Wirtz et les performances d’Alonso. J’espère que le Bayer sera titré un jour. Ça ne serait que justice par rapport à ce que le club a pu amener au foot allemand depuis 30 ans.

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  5. Le duopole politique Bayern-Dortmund ayant fatalement abouti à un monopole sportif bavarois, j’ai perdu tout intérêt pour le foot allemand depuis..les 80’s probablement??, championnat pour ma part et désormais totalement sclérosé, dénaturé même.

    L’affaire Kirsch y a causé un mal incommensurable ; 2-3 épiphénomènes par-ci par-là peuvent laisser croire à quelque possible renouvellement, mais sur la longue durée et avec cette prétendument vertueuse règle du 50+1 qui ne contribue guère qu’à figer les positions (dont acquises jadis par des moyens peu fairplay)..

    Mais bienvenue à l’auteur, c’est bien le principal!

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      1. avec la Pep’s roulette, toujours délicat de se projeter
        on dira que je m’en suis sorti avec la chance du débutant…qu’il est bon parfois de rajeunir

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