Paul le poulpe pendant la Coupe du Monde 2010

Mieux que Paul le poulpe : le Ballon d’Or

Si les nominations au Ballon d’Or permettent de mesurer assez efficacement la santé du football d’une nation, peut-on anticiper les performances d’une sélection nationale par le prisme de ces nominations ? Et bien peut-être.

Évidemment, l’échantillon statistique est faible, et l’on peut facilement tomber sur une anomalie qui biaise l’analyse, mais si l’on regarde de plus près, on peut remarquer quelque chose d’intéressant.

Généralement, le pays qui réalise la meilleure performance lors d’une Coupe du monde est celui qui a eu le plus de nominations au Ballon d’Or pendant les trois saisons précédentes. Par exemple, aucun pays n’a eu plus de nominations cumulées au Ballon d’Or que l’Italie en 2003, 2004 et 2005. Et c’est l’Italie qui gagna la Coupe du monde en 2006.

Des Italiens pas nommés pour le Ballon d’Or en 2003, 2004 et 2005, mais qui fêtèrent la victoire de 2006 grâce à leurs compatriotes qui le furent

Et quand ce ne fut pas le cas, le meilleur fut toujours parmi les trois pays ayant cumulés le plus de nominations sur cette période de trois années antérieures.

Ceci commence à se vérifier dès la coupe du monde 1970, peut-être à cause de l’arrivée des diffusions télévisuelles permettant aux votants une appréciation plus fine que celle qu’ils avaient en se basant sur les comptes-rendus écrits. Quoi qu’il en soit, ce schéma semble se répéter.

Regardons les chiffres en détail, en n’oubliant pas qu’avant 1995 le Ballon d’Or était une récompense pour les joueurs européens. Nous prenons donc en compte pour les Coupes du monde de cette période, non pas le vainqueur, mais le meilleur pays européen. Voici donc la position de la meilleure équipe de chaque Coupe du monde dans le classement des nominations des trois années précédentes :

Ère meilleur européen

  • 1970 : Italie finaliste (1re)
  • 1974 : Allemagne (1re)
  • 1978 : Pays-Bas finaliste (2e)
  • 1982 : Italie (3e)
  • 1986 : Allemagne finaliste (1re)
  • 1990 : Allemagne (1re)
  • 1994 : Italie finaliste (1re)

Ère meilleur mondial

  • 1998 : France (3e)
  • 2002 : Brésil (2e)
  • 2006 : Italie (1re)
  • 2010 : Espagne (1re)
  • 2014 : Allemagne (2e)
  • 2018 : France (1re)

Et pour la prochaine Coupe du monde ? Les leaders sont la France, suivie des Pays-Bas et de l’Angleterre à égalité. Tout espoir est permis. 

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29 réflexions sur « Mieux que Paul le poulpe : le Ballon d’Or »

    1. La Belgique pourra plus encore regretter de ne lui avoir pas confié les Diables de ces 10 dernières années, ce ne serait pas pour me déplaire.

      Quand on repense au lobbying qu’il fit à l’époque..

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      1. Quel pays a le plus influencé l’autre, au niveau coaching, entre la Belgique et les Pays Bas?
        J’ai pas suffisamment de connaissances sur le sujet mais un de mes premiers souvenirs concerne le Fc Malines Aad de Mos.
        Sacrée colonie néerlandaise! Et quelle histoire, pour se faire littéralement absorbé par Anderlecht.
        Rutjes, Emmers, Versavel, Bosman, Albert…
        Bizarre qu’ils aient pas chopé aussi Wilmots.

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      2. Wilmots? Supporter du Standard depuis l’enfance, il tenait à y jouer..et puis surtout pas du tout le style mauve (le board anderlechtois venait de connaître l’épisode malheureux du guère compatible Néerlandais John Van Loen, que le public mauve avait – euphémisme – très peu apprécié).

        Les coachs? Il y eut un effet de mode certain dans les 70’s (FC Bruges par exemple : 4 NL dans les 70’s..+ Happel!), les clubs belges se tournèrent soudain vers des techniciens issus du championnat NL..mais probablement avec certaines arrières-pensées, pharmacie.. Ce ne fut pas toujours fructueux, catastrophique même au Standard.

        En termes d’influence? Tactiquement rien de bien neuf, surtout que Goethals avait déjà défini le schéma dominant au gré des 60’s : hors-jeu à outrance, primat à la prudence et à un jeu de transition.. Par contre Bruges et Anderlecht y gagnèrent incontestablement en épaisseur physique.

        Dans mes souvenirs l’Antwerp ne suivit pas ce mouvement..et connut l’une de ses plus belles décennies.

        De Mos? J’adorai son FC Malines, mais ce type était un nid à problèmes, personnage manipulateur et malsain.

        A ce registre, l’évolution de Haan fut intéressante : pomme pourrie du temps de sa carrière-joueur..puis plus rien à redire passé entraîneur (dont les équipes étaient flamboyantes, énormément de panache), un gentleman même.

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      3. Et réciproquement, je ne vois pas trop non plus quelle influence mettre sur le tapis.

        Preud’Homme et Gerets (tous deux entraîneurs de l’année?) y sont tenus en très haute estime..et je me rappelle aussi de VanderEycken, ce type qu’en Belgique il est assez entendu (ça me dépasse..) de devoir détester..lequel VDE, donc, accomplit comme bien souvent d’authentiques miracles à Twente, club alors au bord de la banqueroute..mais qu’il mena en finale de Coupe, assit confortablement en milieu de classement.. Ils lui doivent une fière chandelle.

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      4. Mûre réflexion..et ces moult techniciens NL n’apportèrent décidément rien au jeu : Anderlecht continua à évoluer avec 3, 4 meneurs de jeu (aux Pays-Bas, le profil du playmaker tendait au contraire à disparaître au profit de celui du relayeur).. pour le Standard ce fut « non merci et au revoir » (leur unique entraîneur batave des 70’s fut Cor Van der Hart, assistant de Michels durant la WC74..et alcoolique et ingérable au dernier degré).. l’Antwerp j’ai vérifié : ils ne tentèrent pas l’expérience – ce qui leur réussit franchement.

        La seule influence notable, outre pour l’aspect athlétique à Bruges et Anderlecht : c’est le FC Bruges..sauf qu’en l’espèce, ladite influence dans le jeu fut l’oeuvre de l’..autrichien Happel (auquel serait d’ailleurs moins erroné de créditer le football dit « total » aux Pays-Bas).

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      1. On ne l’a pas « encore » ^^
        Avec tout les sous qu’on engrangera lors de la prochaine campagne de dons, Sebek nous bricolera cette option !

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  1. Je ne suis fan ni du BO, ni des stats..et cependant, Cebolinha, il est incontestable que tu aies levé un lièvre.

    Et bravo donc pour la lecture entre les lignes, fallait le trouver..et à quoi je vois mal quoi qu’apporter 🙂

    Un truc peut-être : le BO procède de la presse-marchande, droitarde, fric et buzz, créer l’événement, rendement.. C’est déjà une vieille histoire, les marchands du temple dominèrent le discours sportif dès la seconde moitié des 60’s au moins.

    Concernant le BO, je mets ici de côté ses (bien réelles) fonctions et instrumentalisations géopolitiques du passé car, dans ses modalités d’attribution, c’est désormais le marché pur qui donne le ton – une logique à l’oeuvre, là aussi, depuis la seconde moitié des 60’s au moins (les Best, Cruyff, Beckenbauer..), et omnipotente depuis la chute du Mur ; en somme le « système » (je n’aime pas le mot, car ledit système procède beaucoup par reproduction) cherche si possible à promouvoir :

    Un produit bien différencié..

    A fortiori rock-star, « rebelle » (ce qui, a contrario, était un repoussoir jusqu’aux 60’s incluses)..

    (il y a le pouvoir corruptif des sponsors aussi, des équipementiers)

    Et un max de rendement enfin!, les votants projetant leur culture de l’entreprise et du résultat (qu’eux-mêmes subissent et alimentent dans l’exercice de leur métier)..dont le symbole le plus fort est possiblement le culte contemporain de la stat (bien souvent le seul outil cognitif, la béquille même, de ces « spécialistes »..) : rendement paramétré, mesurable et comparable (NB, horreur glauque : l’IFFHS s’est employée à définir, pour l’éternité, les dream teams, best ever & Co de l’Histoire du football mondial en s’appuyant sur une base..exclusivement statistique………….. ==> Ca, c’est la fin de tout!).

    A ces égards, il est peut-être assez logique que l’Allemagne (dont la production-joueurs est pourtant, globalement, très « standard » – rares sont les surdoués à y avoir émergé) ait dominé les nominations, et que dire des les Pays-Bas avec leur focus (délibéré, pensé et défini dès les 50’s) mis sur les profils offensifs (je traduis le fond de pensée NL : bankable), efficaces..et de surcroît chevelus dans les années 70, 80 (Gullit..), leur propension aussi à se prendre tous pour le mâle-alpha du groupe.. Eux, nonobstant çà et là l’un ou l’autre trous d’air qualitatifs : ils cochent toutes les cases!

    (Aparté : on aime d’ailleurs à moquer (y a de quoi) les extravagances capillaires ou épidermiques des stars post-modernes..mais ne pas sous-estimer, au-delà du caractère kéké, que ce puisse être « travaillé », cellule de com : une façon de se différencier et d’exister comme produit)

    La France même a fini par se ranger à ce paradigme (efficacité froide dans le jeu, standardisation du footballeur-produit, look..), à se renier à certains égards..et à truster, industriellement elle aussi, nominations et podiums.

    Mais retour au culte très entrepreneurial de l’efficacité pure, car bref.. Pour moi (l’effet de?) corrélation est là : le BO valorise (essentiellement) des profils tournés vers l’efficacité..laquelle efficacité rejaillit peut-être tout bêtement aussi, sur les performances de leurs pays respectifs – c’est-à-dire des pays (pas tous!) qui ont adopté pour eux-mêmes ce dogme de la sacro-sainte, utilitariste et froide efficacité..laquelle est souvent payante, il faut bien le lui concéder.

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    1. *des profils tournés vers l’efficacité..et vers certaine obéissance aussi, certaine docilité………

      Je crois qu’il faudra encore attendre looooongtemps, avant de voir un vrai subversif sur un podium de BO..

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      1. Je serais vraiment casse-couilles à ergoter sur Schuster..car c’est assez bien vu je crois ! Mais juste pour la forme : j’ignore qui de Schuster ou de sa femme était le/la plus borderline, quel couple! 😉

        Ton contre-exemple me parait d’autant plus approprié que c’est à lui que j’aurais donné le BO80..mais Rummenigge avait l’appareil étatique Bayern FC derrière lui, ça aide.

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      2. Et je regrette infiniment qu’un Maradona ne fût éligible.. un type qui hurlait a la corruption des instances, s’offrait notoirement (y en avait d’autres..).. Sacrée équation pour le si conformiste/conformisant BO!..mais Maradona ne serait peut-être pas resté Maradona..

        Je suis très attaché aux feux figures ultra-dominantes, postwar, des scènes belge et NL, Coppens et Lenstra.. Tous deux étaient à contre-courant, violemment même chez l’anar de droite Coppens, de ce genre de barnums – d’ailleurs Coppens le paya.

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      3. Même en mettant de côté des convictions politiques, je ne vois pas trop quel joueur à un profil grande gueule à notre époque. J’ai l’impression qu’ils sont tous sous la coupe de communicants effrayés par la pression économique et la pression morale des réseaux sociaux.

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      4. Oui, c’est assez dingue, complètement anesthésiés.. mais un peu beaucoup à l’image du reste, sans doute.

        Même des égotrips / soap-opéras genre FC Hollywood : y a plus, ou plutôt ça ne sort plus.. On leur a coupé les couilles.

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      5. Nous avons les mêmes goûts.

        J’ajoute Flohe, Netzer et Overath..mais on a vite fait le tour des artistes de haut-vol, côté football allemand..

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  2. Sindelar
    Si j’ai une fibre colchonera, c’est bien pour Schuster. Tu dois connaître l’histoire mais il a une saison sans match en 86-87. Pas à cause d’une blessure mais parcequ’il avait quitté le Sanchez Pizjuan, en pleine finale de c1. Mécontent decson remplacement et avant les exploits du Duckadam.
    Résultat, un an au placard.

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