Top 10 – Bologna Football Club 1909 (Seconde partie)

Avec sept titres de champion, le Bologna FC n’est devancé que par la Juventus, l’Inter, le Milan et le Genoa (ci-dessus, l’entraîneur Fulvio Bernardini porté en triomphe lors du dernier scudetto rossoblù, en 1964). Cela valait bien un Top Pinte de foot au sein duquel vous ne trouverez pas Roberto Baggio, bande de footix !

Numéro 5 – Helmut Haller

Helmut Haller est reparti avec le ballon de la finale du Mondial 1966, celui du but fantôme de Hurst… Etrange relique pour une personnalité à part, que ses amis de Bologne surnommaient affectueusement le Napolitain de Bavière ! Haller, chauffeur-routier à Augsbourg, avant que le football ne devienne plus qu’un passe-temps, était un épicurien, à la recherche constante du bon mot ou de la bonne table. Sur un terrain, il alliait vitesse et technique, caractère et précision. Et une vision du jeu à nulle autre pareille, brillamment définie ainsi par ses propres soins : « Ne m’appelle pas. Je te vois et je te donne le ballon. »

Au lendemain du Mondial chilien, Renato Dall’Ara fait le voyage en Allemagne pour débaucher Haller et, visiblement ravi de son acquisition, n’hésite pas à tacler la concurrence en clamant à qui veut l’entendre que Sivori n’avait que le pied gauche alors qu’Helmut, lui, se servait des deux! Pendant six saisons, Haller va transfigurer son équipe et régaler le public de Bologne et ses coéquipiers, Pascutti en particulier, de ses lumineuses improvisations. Le Danois Nielsen également, même si l’entente n’était pas au beau fixe entre les deux. Ce que ne manquait jamais d’évoquer sa femme, la volcanique Waltraud, aux journalistes jugés trop partisans.

L’emprise de Bologne sur les terrains en cette saison 1964 est avant tout celle de la géniale association Bulgarelli-Haller. Il suffit de voir la piteuse partition de Nielsen lors de son départ pour l’Inter… Une vie douce, comme au Paradis selon les mots de l’époque, faîte d’exploits et de bonne chair, contrariée par Hurst et Eusebio en 1966 certes, mais qui va prendre un tournant diététique lors du transfert d’Haller à la Juventus en 1968.

Dans une ligue fermée désormais aux joyaux venus de l’étranger, Haller est l’objet de toutes les convoitises. Le problème est qu’il est dodu comme un loukoum… Turin n’a rien de Bologne la frivole. Heriberto Herrera ne le lâche pas d’une semelle pendant des mois, lui adjoint une programmation physique qui n’est pas loin de dégoûter le joyeux trentenaire. Mais ce régime sec porte ses fruits… Bon soldat, Haller est désormais placé sur l’aile droite, joue un troisième Mondial, où il ne cédera que face à sa deuxième patrie, et remporte la Serie A en 1972. Néanmoins les vieux démons ne sont jamais loin avec Helmut… Au lendemain d’une défaite européenne face à Wolverhampton, Helmut désobéit au coach Vycpalek et est retrouvé, guilleret dans une boite de nuit, une coupe de Champagne à la main. Boniperti, implacable, l’exclut du groupe pour le derby face au Toro, Haller quitte la Botte quelques mois plus tard. Fin d’une belle aventure de 11 ans pour Haller. Lui qui était parfois trop latin pour ses propres dirigeants…

Numéro 4 – Michele Andreolo

L’Uruguay a oublié Miguel Angel Andriolo. Peut-être parce qu’il est devenu Michele Andreolo en Italie. Ou parce qu’il n’était ni très beau, ni très élégant. On le surnommait El Chivo, « le Bouc ». De petite taille, replet et le menton en galoche, il n’épousait pas les canons de l’italianité entretenue par les propagandistes fascistes mais c’est bien en Italie qu’il a pu accéder au statut de héros de la nation.

Campanien d’origine, Andreolo naît dans une province uruguayenne de l’intérieur et s’aguerrit dans les rangs du modeste Libertad FC de Dolores. Des émissaires du Club Nacional s’intéressent à ce joueur de 20 ans que l’on dit infatigable et il rejoint Montevideo à partir de 1932, au début de l’ère professionnelle. Durant ses trois saisons avec les Tricolores, il s’offre deux championnats (notamment celui de 1934 dont un match contre Peñarol est légendaire pour la résistance du Nacional à 9 contre 11) et évolue avec quelques-uns des plus fameux demi-dieux de la Celeste, José Nasazzi, Pedro Cea, El Manco Castro, Héctor Scarone et Pedro Petrone, de retour d’Italie. Lui-même appelé à participer à la Copa América 1935[1] organisée par le Pérou, Andreolo est le suppléant de Lorenzo Fernández, El Gallego ou encore El Patrón de la cancha, un dur parmi les durs et une véritable idole uruguayenne. Il assiste depuis le bord du terrain à l’ultime triomphe de la génération ayant régné sur le monde depuis 1924 et n’a pas l’occasion d’incarner la relève puisqu’il quitte sa terre natale dans les mois suivants.

Andreolo débarque en Italie durant l’été 1935, probablement grâce à son compatriote Francisco Fedullo. Joueur des Rossoblù depuis 1930, il a reçu pour mission de ses dirigeants de dénicher un joueur susceptible de remplacer Francesco Occhiuzzi et perpétuer la filière des Oriundi uruguayens. Aidé par la présence de Fedullo et Sansone (un autre Oriundo de talent), Andreolo s’impose immédiatement comme le patron de l’entrejeu, une sorte de Luisito Monti[2] uruguayen, à peine moins de classe et beaucoup plus de correction. Excellent pour bloquer les attaques adverses, il s’exprime comme l’ordonnanceur des actions offensives, alternant jeu long et jeu court, le tout soutenu par une frappe puissante et une détente étonnante pour sa taille et son relatif embonpoint, conséquence d’un amour immodéré pour la vie nocturne.

Ce Bologna peut encore compter sur Angelo Schiavo à la pointe de l’attaque, entouré du duo d’intérieurs italo-uruguayens Sansone-Fedullo et de l’ailier gauche Carlo Reguzzoni dont l’exquise technique est souvent vantée. Champions en 1936, les Rossoblù récidivent en 1937, 1939 et 1941 avec l’apport d’Amedeo Biavati sur le flanc droit. L’avant-centre des deux derniers scudetti est Ettore Puricelli, un autre Oriundo venu d’Uruguay au jeu de tête ravageur et surnommé Testina d’oro.

Vittorio Pozzo constate très rapidement qu’il tient là le successeur de Monti et l’appelle en sélection à partir de 1936. Lors de la Coupe du monde 1938, Michelone Andreolo débute péniblement contre la Norvège mais se ressaisit face à la France. Puis contre le Brésil et la Hongrie, en finale, il donne sa pleine mesure. A l’heure du bilan, de nombreux journalistes attribuent le sacre de la Nazionale à l’excellence de sa défense et sa vitesse dans les phases offensives, Andreolo représentant une synthèse de ces atouts, puissant au duel et précis dans ses relances vers les ailiers, Biavati et Colaussi.

Après-guerre, vieillissant, il évolue jusqu’à ce que ses jambes ne puissent plus le porter, jetant ses derniers feux en Serie A au Napoli entraîné par son ami et ex-équipier Raffaele Sansone. Ses tentatives de reconversion dans le coaching sont peu concluantes et il disparaît assez vite de la sphère médiatique. En difficulté financière, la Fédération italienne lui tend la main et lui confie un poste dans l’encadrement des équipes de jeunes. Il meurt à Potenza en 1981, manifestement sans le sou. Mais l’année précédente, il aura eu l’honneur d’être parmi le onze italien all-time constitué par la Gazzetta dello Sport[3].


[1] Sur le site officiel de l’Asociación Uruguaya de Fútbol (AUF), Miguel Andriolo est référencé et est supposé avoir disputé une rencontre de la Copa América 1937. Il s’agit d’une confusion avec son frère Raymundo car à cette date, Miguel Angel Andriolo est devenu Michele Andreolo et joue déjà pour l’Italie.

[2] Luis Monti, vice-champion du monde 1930 avec l’Argentine et champion 1934 avec l’Italie, célèbre pour sa brutalité.

[3] Le onze idéal constitué par la Gazzetta dello Sport en 1980 : Aldo Olivieri – Virginio Rosetta, Giacinto Facchetti, Pietro Serantoni, Armando Picchi – Michele Andreolo, Gianni Rivera, Amedeo Biavati – Giuseppe Meazza, Silvio Piola, Luigi Riva.

Numéro 3 – Amedeo Biavati

Il poeta del doppio passo, l’inventeur du passement de jambes pour ses contemporains. Amedeo Biavati était l’idole d’enfance de Pasolini qui sut déceler, sous ce crâne dégarni, l’âme d’un artiste aux improvisations qui le dépassaient parfois… Biavati est un enfant de Bologne et rien ne le prédestinait à occuper le devant de la scène. Ses débuts, en 1933, à 18 ans, sont bons, doublé face à Casale, suivis une semaine plus tard d’un autre face à l’AC Milan mais pas de quoi passer devant les tauliers, Sansone et Maini. Prêté une saison à Catane, son avenir en Émilie-Romagne semble bouché, il est cantonné à l’équipe réserve, jusqu’à l’institution décisive du coach Árpád Weisz de le placer en ailier droit. Un Weisz qui finira ses jours à Auschwitz…

Collé à sa bande droite, l’homme aux pieds plats va soudainement faire l’étalage de ses qualités de vitesse et de dribbles, ainsi qu’un infini sens du tempo dont profiteront allègrement les buteurs Reguzzoni et Puricelli. Il gagne le premier de ses quatre championnats avec Bologne en 1936 et est naturellement convié au Mondial 1938 en France par Vittorio Pozzo. Il obtient sa première cape internationale face à la France, en quart de finale, remplaçant Pasinati, pour ne plus quitter le onze titulaire en route vers un second titre mondial consécutif. Le grand Silvio Piola n’aura de cesse de souligner le rôle de dynamiteur de Biavati, essentiel au succès transalpin.

Amedeo devient une star, l’objet de louanges journalistiques, comme celles de Gianni Brera, ou d’études cinématographiques, comme l’explique Maurizio Barendson : « Le cinéma s’est profondément intéressé à Biavati aux lendemains des championnats du monde de 38. A cette époque, les coups secrets du football italien, les astuces les plus spectaculaires, étaient au nombre de deux : le doppio passo de Biavati et le coup de pied aérien de Piola. C’est ainsi que nous avons tous réalisé la simplicité enchanteresse de la technique de Biavati. Cela ressemblait à un nom de danse et la partie rythmique était essentielle à l’exécution efficace du plan. En le faisant lentement, on pouvait même se leurrer en pensant qu’on réussirait, mais en voulant le faire avec la même cadence que son créateur on ne risquait que de faire mauvaise impression. »

Biavati cumulera 18 sélections, dans une période plus que sombre, et ne connaîtra qu’une défaite lors de son match d’adieu en 1947, face à l’Autriche. Et si l’on devait ne garder qu’une date, comment ne pas parler du 13 mai 1939… Il pleut à verse sur San Siro, les Anglais dominent les doubles champions du monde lorsque Biavati récupère le ballon à une quarantaine de mètres du but adverse et s’en va à l’aventure. Hapgood, le titan d’Arsenal s’avance fougueusement vers lui. Doppio passo, Amedeo a disparu… Pas rancunier, le défenseur anglais, se relève trempé, se précipite vers Biavati qui vient d’égaliser et lui serre humblement la main. La plus belle des reconnaissances selon Amedeo… A la suite d’une carrière de coach de seconde zone qui le conduira jusqu’en Libye, Bologne offre à la franchise de Biavati un poste de scout dans sa région natale. Amedeo s’épanouit dans ce rôle de conseiller, c’est lui qui découvre la deuxième idole de Pasolini, Giacomo Bulgarelli. D’un talentueux à un autre…

Numéro 2 -Giacomo Bulgarelli

Quand il s’agit de recenser les milieux de terrain italiens polyvalents des décennies 1960 et 1970, on pense à De Sisti, Juliano, Capello ou Benetti, des atlantes à la forte personnalité soutenant les figures créatives de la Nazionale, Mazzola et Rivera. Puis vient Giacomo Bulgarelli, qu’on hésite à citer. Il n’a jamais joué à Rome, Naples, Milan ou Turin, sa carrière internationale a pris fin dès 1967, à 27 ans seulement, et son visage de jeune homme de bonne famille suggère un personnage résolument tiède que certains pourraient qualifier de falot. Une erreur d’appréciation, bien sûr. L’œuvre de Bulgarelli révèle au contraire un leadership et une complétude d’aptitudes en faisant le milieu relayeur le plus séduisant de sa génération.

Giacomino naît dans les environs de Bologne et intègre les rangs rossoblù à 13 ans, quand sa capacité à jouer tête haute est remarquée par l’attaquant hongrois Stefano (alias István Mike Mayer) et qu’il le recommande en 1953 à Gyula Lelovics, son compatriote revenu à Bologne s’occuper des jeunes, 20 ans après son premier mandat à l’époque de Schiavo, Monzeglio ou Sansone. C’est en 1959 que Bulgarelli ouvre un bail long de 16 ans avec l’équipe première des Felsinei, incarnant mieux que personne le club d’Emilie-Romagne, numéro 8 dans le dos.

Y a-t-il association plus complémentaire que l’activité débordante de Romano Fogli, un milieu défensif de petite taille à l’intelligence supérieure surnommé le Moustique, la fantaisie créatrice de Helmut Haller et l’élégance polymorphe de Bulgarelli ? Ces trois-là évoluent ensemble de 1962 à 1968 et réalisent en 1964 ce que plus personne ne pensait possible avant l’arrivée de Fulvio Bernadoni à la tête de l’équipe : conquérir un scudetto qui ne soit pas celui d’une ville étroitement liée au fascisme. 

Quand des tensions naissent entre Haller et le bomber Nielsen, Bulgarelli semble prendre parti pour l’Allemand, ce qui lui vaut durant plusieurs mois une forme de désamour du public. Un feu de paille car bien vite Gino Villani, tifoso historique du Bologna FC, instaure une tradition qui ne s’éteint qu’avec la fin de carrière de Bulgarelli : avant chaque coup d’envoi à domicile, depuis le pied de la Torre Maratona du stade Renato-Dall’Ara, il salue le capitaine rossoblù avec l’assistance d’un mégaphone, « Onorevole Giacomino, salute ! »

Si les supporters s’identifient tant à lui, c’est en raison de sa classe, mais aussi de sa loyauté. Nielsen, Haller et même Fogli quittent tour à tour Bologne pour les lires de l’Inter, de la Juve ou du Milan mais Bulgarelli reste. Nereo Rocco rêve pourtant d’associer Bulgarelli à Rivera sous le maillot rossonero et met tout en œuvre pour l’attirer. En vain, la fidélité de Giacomino à ses couleurs ne se dément pas, année après année, malgré des désillusions bien plus nombreuses que les satisfactions. Un seigneur. Réunis dès la fin de l’année 1962 sous le maillot de la Nazionale, le duo Bulgarelli – Rivera ne survit pas à la désastreuse Coupe du monde en Angleterre[1]. Capitaine lors de la défaite face à la Corée du Nord, blessé en cours de rencontre, Bulgarelli porte ad vitam la marque des vaincus. Valcareggi le sacrifie et se tourne vers De Sisti et Juliano pour accompagner le Golden Boy du Milan[2].

Alors que la trentaine est déjà là, Bulgarelli espère retrouver le faste des années Dall’Ara quand Luciano Conti prend la présidence et promet de restaurer la gloire du Bologna FC. Avec Beppe Savoldi et Bob Vieri, il décroche une seconde Coppa Italia en 1974[3] et raccroche l’année suivante alors qu’il évolue désormais au poste de libero pour préserver ses genoux (son très éphémère passage en NASL ne mérite pas d’être commenté).

Giacomo Bulgarelli décède d’une longue maladie au début de l’année 2009, quelques mois avant les festivités du centenaire du Bologna FC 1909. La ville décrète une journée de deuil pour son plus bel ambassadeur, celui qui expliquait sa fidélité en décrivant Bologne comme « un étrange mélange, peut-être paradoxal, d’effervescence et de tranquillité. Ici, il y a toujours de la vie : on peut se promener dans le centre à une heure du matin et rencontrer des gens, des amis, s’arrêter pour discuter. Le stress de la grande métropole n’existe pas. C’est aussi comme ça dans le football : les gens vous soutiennent mais ne courent pas après le résultat à tout prix. »


[1] La première sélection de Bulgarelli a lieu contre la Suisse lors de la Coupe du monde au Chili en 1962. L’Italie est déjà éliminée après une défaite scandaleuse contre le Chili. Dans ce match sans enjeu gagné 3-0 contre la Suisse, Bulgarelli inscrit un doublé.

[2] Le championnat d’Europe inscrit à son palmarès l’est grâce à un unique match de qualification disputé contre la Roumanie. Il est dans la liste choisie pour la phase finale à quatre disputée en Italie au printemps 1968 mais ne joue pas.

[3] La première Coppa est gagnée en 1970 sous forme de phase finale. La seconde l’est contre le surprenant Palermo.

Numéro 1 – Angelo Schiavio

Une nuit d’avril 1906, le professeur Bartolo Nigrisoli a sauvé une vie… Un nouveau-né est allongé sur une table de cuisine, souffrant d’emphysème au poumon droit. Pas une seconde à perdre, le médecin, sans anesthésie, pète une côte et laisse la plaie ouverte pour le drainage. Angelo Schiavio vivra… Schiavio est le benjamin d’une fratrie de huit frères et un bulldozer sur un terrain de football. Partageant son temps entre sa passion et le magasin de tissus de ses parents, il a fait ses débuts dans Fortitudo Bologna mais ne rêve que de rejoindre le mastodonte local. Rêve exaucé en 1922.

Dès son premier match, il met à mal la défense du prestigieux Wiener AF. Les qualités qui feront sa gloire sont déjà bien visibles. Aisance dans les combinaisons, le look légèrement dégingandé, demi-pas rapide comme l’éclair et efficacité létale devant la cage. Le mister Hermann Felsner l’aligne quelques semaines plus tard face à la Juventus, son nom ne disparaîtra plus des compos de Bologne pendant 16 ans… Schiavio aux cheveux gominés, brassard au bras, va personnifier « l’escadron qui fait trembler le monde. » Bologne ne craint rien ni personne. Quatre titres de champion d’Italie, deux Coupes Mitropa, un tournoi de Paris et des buts en pagaille dont le décompte ferait fuir le plus chevronné statisticien.

Schiavio excelle également sous la tunique de la Nazionale. Le bronze aux Jeux Olympiques d’Amsterdam qui sonne comme l’acte de naissance sportif de cette nation, suivi du controversé Mondial à domicile en 1934 où Angelo joua un grand rôle. Schiavio ne goûtait guère aux méthodes de Luis Monti, dit Doble ancho, l’armoire à glace. Souvenir récent d’un genou broyé par l’Argentin. Néanmoins, la raison fit son nid dans celui de la noblesse et Angelo épousa aveuglément la fougue de la troupe de Pozzo. Triplé face aux Américains, moitié de combat face à des Espagnols de tranchées, pressing constant sur celui qu’il admirait le plus, Matthias Sindelar, il est plus que temps pour un Angelo blessé d’affronter l’immense Planicka. Et il tient bon, le gardien tchécoslovaque. Pire, Antonin Puc vient d’ouvrir le score… Dans les tribunes, le Duce laisse échapper un rictus désapprobateur quand Schiavio sert Orsi pour l’égalisation ! Lancé en profondeur, lors des prolongations, Angelo se défait de deux défenseurs, avant de punir Planicka. Schiavio est définitivement entré dans l’histoire de ce sport…

Au lendemain de la guerre, Angelo consacrera son temps à redonner vie à l’entreprise familiale, conseillant quelques fois son club de cœur et plutôt que broder un portrait imparfait de l’homme aux 246 reti avec Bologne, laissons la parole à un de ses fameux contemporains : « Angelo Schiavio est l’attaquant italien qui, de tous ceux que j’ai rencontrés, m’a le plus impressionné. Grand joueur, sain, fort, altruiste, il était devenu l’idole de Bologne et de toute l’Italie. Excellent dribbleur, Schiavio était capable de se dégager avec une habileté surprenante, il était décisif au corps à corps, il possédait une magnifique intuition et se montrait également généreux sur le terrain. S’il fallait marquer, Schiavio s’élançait, frappait des balles impossibles ; un véritable ouragan. S’il fallait préparer l’action, il attirait les adversaires vers lui puis lançait ses coéquipiers. Dans la mêlée, il était le premier à se jeter avec une ardeur sans précédent. » Ces mots sont de Giuseppe Meazza…

En collaboration avec l’ami Khiadiatoulin !

Retrouvez la première partie de ce Top 10 ici.

37 réflexions sur « Top 10 – Bologna Football Club 1909 (Seconde partie) »

  1. Voilà, pas de Gasperi, trait d’union entre Monzeglio et Fiorini, ni de Sansone (Raffaele, hein, pas son homonyme ayant évolué à Bologne jusqu’à l’an dernier), ni du délicat Reguzzoni, star du tournoi de l’expo universelle 1937, ni de Testina d’oro Puricelli, idole déchue de Bologne après-guerre, trop proche des fascistes pour demeurer dans une ville redevenue communiste, ni de Pavinato le capitaine de 1964 ou son compère Janich, ni de Beppe Savoldi, mister 2 miliardi pour son transfert record à Naples, ni de Signori et pas même de Pagliuca, pourtant formé avec les Rossoblù.

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      1. PS l’homonyme en question, Nicola Sansone, s’il n’a certes pas laissé une trace aussi indelible à Bologne que celle du « Sansone uruguayen »… a tout de même contribué aux progrès récent du club et au retour de ce dernier sur le « devant de la scène » (principalement sous l’ère Sinisa).
        Un petit clin d’œil rapide pour saluer sa carrière atypique: né en Allemagne de parents immigrés italiens (de Campanie), il fait ses classes dans les équipes de jeunes du Bayern avant d’exploser, entre autres, à Sassuolo (on parlait justement des neroverdi via le comparatif Orsolini-Berardi dans la première partie du Top 10)… il s’ « imposera » ensuite à Villareal (comme son « frère de destinée » Soriano (né comme lui en Allemagne de parents campaniens et coéquipiers durant la même période à, Villarreal donc mais aussi à Bologne))… Enfin Bologne et, depuis l’été dernier, un retour dans le Sud de ses racines sous les couleurs des « gialorossi » de Lecce…

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      2. Entre Savoldi et Nielsen, Bologne aura détenu deux fois, sur une période relativement courte, le record de vente mondial d’un joueur.

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      3. Dans les années 70, la fermeture des frontières commence à faire faire n’importe quoi aux dirigeants de Serie A. Les étrangers arrivés avant 1966 sont vieillissants et de moins en moins nombreux, le moindre bomber ou espoir italien vaut alors une fortune, effet de la loi de l’offre et de la demande. Savoldi ne valait pas plus que Cruyff, évidemment, et pourtant Naples paye bien plus cher pour Savoldi que le Barça trois ans plus tôt pour acquérir le Neerlandais.

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  2. Ah ben je me surprends à les avoir tous connus de nom……….sauf un!, Biavati, lui ça ne me disait rien..et c’était une fameuse lacune on dirait bien!

    C’est édifiant tout cela, merci. Marrant aussi comme est identifiable qui a écrit tel ou tel autres volets, vos styles sont désormais connus, z’êtes cernés.

    J’entrevois déjà l’une ou l’autre questions mais le temps presse, petite vie d’occidental à mener à bon port.. ==> Repasserai au plus tard en fin de semaine avec mes questions.

    NB : je me disais bien que ce club devait avoir autre chose dans le ventre que le certes excellent Beppe Signori.

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  3. J’ajouterai pour conclure une petite dédicace discrète à l’un des coachs mythiques de la Reggina: Franco Colomba.
    Ex Joueur de Bologne (formé au club pour l’anecdote) qui compte quand même plus de 150 matchs à son actif avec les « rossoblu » (entre la fin des années 70 et le début des « eighties »)… également passé sur le banc des « emiliani » (une saison durant la fin des années 2000)

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  4. J’ignore quel est le rapport entre Mancini et son club formateur…
    Peut-être que je me trompe mais Mancini n’était pas dans une liste élargie pour le Mondial 82? Une histoire de virée à New York qui aurait déplu à Bearzot…

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    1. Il me semble que c’est lors de la tournée 84 à New York qu’il se fait virer définitivement par Bearzot alors qu’il n’était manifestement pas le seul à avoir eu un écart de comportement.

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      1. Possible mais j’ai trouvé ça
        « Diverses études et enquêtes ont été réalisées, donnant des résultats en faveur de l’un ou de l’autre, arrivant à la conclusion qu’entre les deux équipes les plus populaires d’ Uruguay , il existe une parité très claire, presque impossible à clarifier. En 2009, une enquête a été menée sur une période de trois semaines sur le site sportsvs.com221, qui a donné Nacional vainqueur avec une faible marge. 126 798 personnes y ont participé, principalement des deux plus grands clubs de football uruguayens . À la question « Qui a le plus de fans ? », 63 840 personnes ont voté en faveur de Nacional. Peñarol , pour sa part, a atteint 62 958. En pourcentage, cela signifie que Nacional a obtenu 50,35% des voix et Peñarol 49,65% »

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      2. Historiquement, Peñarol est un club d’ouvriers alors que le Club Nacional est fondé par des étudiants. J’imagine en lisant ton sondage que tout ça s’est estompé au fil du temps et que la distinction sociale des débuts a disparu.

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  5. Bob Vieri, le père de Christian, ira vivre en Australie avec sa femme française. Pour jouer au Marconi Sidney. Grosse tradition de clubs communautaires à l’époque. Marconi a vu les débuts de Christian Vieri ou Frank Farina. Comme le Sydney Croatia voyait les débuts de Krincevic ou Mark Bosnich.

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  6. sympa ce double article, sur un club dont on parle peu finalement en dehors des frontières de la botte c’est bien j’ai appris plein de chose et ca change des « grands » du nord de la Sicile, Naples et des Romains!

    petite aparté une pensée pour Verano Khiadia et d’autres l’article consacré aux légendes sur le so foot du mois est à propos de « la Maquina » de River Plate!!

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  7. Enfin du temps pour cracher mon fiel!

    « Cela valait bien un Top Pinte de foot au sein duquel vous ne trouverez pas Roberto Baggio, bande de footix ! » ==> Ouh les vils élitistes que voilà.

    « Waltraud »?? Première fois que j’entends ce prénom, ça donne envie..mais bon : pas mal faite de sa personne!..et donc elle était vindicative?? Ce devait être quelque chose pour l’époque, non?

    Haller, trop latin pour les latins.. ==> Quel était le club du Nord le plus libéral et hédoniste? Ou mieux dit peut-être : le moins « militarisé »?

    Sinon je me demandais, en relisant le volet consacré à Andreolo, ce que devait faire à un Uruguayen de passer du 2-3-5 uruguayen au Metodo de Pozzo………mais était-ce bien différent, bof..

    D’ailleurs : dans quel système évoluait le grand Bologne des 30’s?? (navré si vous l’avez précisé)

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      1. Ca ne devait pas être commun comme situation, vous dites assurément vrai : elle devait avoir du caractère.

        J’ignorais qu’il était de Augsbourg…… ==> c’est la ville d’un autre très grand médian offensif ouest-allemand, Schuster..qui, je l’observe de fil en aiguille, a indubitablement côtoyé Haller sur la fin de son parcours.

        Une source d’inspiration peut-être? (je ne connais pas bien le jeu de Haller, je passe mon tour)

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  8. « le coup de pied aérien de Piola », qu’était-ce? Des volées hautes? Des ciseaux?

    Je peine à trouver des vidéos de ces joueurs, si jamais vous aviez quoi que ce soit à suggérer.. : grazie!

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      1. Ca paraît cohérent. Quoi qu’il en soit un grand merci pour cette belle série qui, incidemment, me fait voir les succès transalpins des 30’s un peu différemment (car quand on ne connaît pas ou mal, éh..!).

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  9. Bulgarelli et tous les autres…………… Et dire que 99% de l’opinion entend que Neeskens fût le premier relayeur de l’Histoire du jeu, lol.. Ceci dit, je crois qu’on peut remonter encore un peu pour reconstituer la généalogie de ce genre de profil.

    Benetti j’ai du mal.. Dans la vraie vie je ne sais pas. Mais sur la pelouse c’était une crapule, ce type.

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    1. Francesco Liguori, jeune milieu de Bologne, peut témoigner de la « rudesse » de Benetti : carrière brisée lors d’un match contre Milan. L’affaire avait fait un tel scandale que Benetti avait failli être traîné devant les tribunaux…

      Le joueur était intéressant, il était assez complet et incarnait la persévérance tant son parcours avait été sinueux avant d’atteindre le haut niveau. Avec ses joues crevassées par une acné juvénile mal soignée, sa moustache à la Maurizio Merli, il avait un côté justicier expéditif. Un dur et un vicelard, aucun doute !

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      1. Il a flingué la carrière de Van Moer aussi (et ce faisant les chances réelles de succès belge dans l’Euro 72) , et encore ne fut-ce que la plus illustre de ses victimes belges.. Dizaine d’années plus tard l’un ou l’autre journalistes italiens (le(s?) noms m’échappent, ça date), qui pourtant n’avaient pas trouvé grand-chose à dire à son contrat manifeste sur le relayeur belge, ramenèrent cette histoire sur le tapis, quand le « poète » (hum..) Vander Eycken, peut-être le joueur le plus vicieux de notre Histoire moderne, blessa Antognoni : c’est « pour venger Van Moer, il l’a fait exprès », tu vois le genre.. D’une bêtise sans nom.

        Ce fut à tel point idiot et vicelard qu’Antognoni se fit un point d’honneur, celui que n’avaient pas (eu) ces journalistes, à laver le pourtant peu délicat VDE de tout soupçon : un coup de la scoumoune et rien d’autre, dira-t-il aussitôt.

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  10. Enfin, ça m’a troublé tantôt : sacrée technique pour guérir un emphysème, bbrrrr..

    Que le staff de Bologne chargeât ses joueurs, doping donc : il n’y a même pas à en discuter, affaire entendue…………mais les autres clubs, et je pense à ceux du Nord en particulier, n’ont jamais été inquiétés à l’époque?? Et du côté de Bologne, personne ne joua la si commode carte du « tous pourris »?

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    1. À l’époque, la ligne de défense choisie fut le combat d’une ville de province contre les villes du Nord (la notion de ville de province en Italie s’applique à peu près à toutes les villes hors Milan, Turin, Gênes, Rome et Naples !). En gros, ça ne serait pas arrivé avec la Juve ou les Milanais, protégés par les instances.
      Soit, ça permet de se poser en victime mais cela ne suffit pas à se disculper du dopage. Alors les analyses ont été faites et refaites jusqu’à ce qu’un laboratoire détermine que les échantillons avaient été manipulés et contaminés a posteriori. Dès lors, le Bologna FC était disculpé, mieux encore il est champion en dépit de complots !

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