Moscou 1973, l’aile du papillon

Le 26 mai 1973, les Bleus perdent leur dernier match de poule contre l’URSS à Moscou (0-2) et échouent à se qualifier pour la Coupe du Monde 1974. Un résultat différent aurait pu changer beaucoup de choses. Rétrospective-fiction avec celui par qui tout est arrivé.

Par-dessus la tasse à café, le regard de Dominique Baratelli part un instant vers la Grande Bleue. « C’est vrai que c’est l’arrêt le plus important de ma carrière », souffle l’ancien gardien des Bleus, tranquille sur sa terrasse à Cagnes-sur-Mer. « À 0-0, si Blokhine avait marqué, on aurait été capables d’en prendre un deuxième juste après, et alors, pfff… »

Mais Baratelli a gagné son duel face au futur Ballon d’Or seul devant lui, Marius Trésor a récupéré, puis Hervé Revelli s’en est allé ajuster le gardien Rudakov au bout d’un contre d’école avec 10 minutes à jouer. Une victoire majuscule chez le vice-champion d’Europe en titre qui envoie les Bleus en barrage Europe-Amsud face au Chili. Après, c’est un joli 2-0 au Parc à l’aller et ce retour d’apocalypse à Santiago, en plein coup d’État de Pinochet, dans un Estadio Nacional à peine nettoyé du sang des opposants qu’on y torturait à tour de bras. Ça plie sans rompre (1-0) et nous voilà en Coupe du monde après huit ans de disette !

La suite, on la connaît. Un nul poussif (1-1) en ouverture contre des Bulgares qui sont à l’époque notre tortionnaire de choix, une rouste (0-3) contre des Pays-Bas encore à l’échauffement, une purge des familles (0-1) contre l’Uruguay, et on rentre à la maison. Ce qu’on connaît moins, c’est ce qui se serait passé si le Chili s’était qualifié. Il se serait retrouvé au tirage au sort dans le chapeau 2 (Amérique du Sud et Europe de l’Ouest) à la place de la Suède qui aurait remplacé la France dans le chapeau 4 des outsiders. Du coup, la Roja se serait retrouvée au premier tour dans le groupe 1 avec la RFA, la RDA, et l’Australie.

Ça aurait peut-être évité aux Allemands de l’Ouest, bien que champions d’Europe en titre, de faire match nul en ouverture face à la Suède et de prendre une défaite historique (0-1) contre les frères ennemis de l’Est pour se faire sortir au premier tour, chez eux ! “Die Schmach von Hamburg”, une honte absolue dont les Beckenbauer, Uli Hoeneß ou autres Gerd Müller ne se sont jamais vraiment remis. Au lieu de lever la coupe devant leur public, ils auront vu Johan Ier et ses Oranje mécaniques rouler sur tout le monde et rosser la Pologne en finale (3-1) avant de récidiver quatre ans plus tard en Argentine. La Mannschaft, elle, a traîné son mal-être un bon bout de temps avant d’accrocher sa deuxième étoile. Qui sait, elle en aurait peut-être bien quatre aujourd’hui ?

Le Bayern aussi a pris cher. Vainqueur de la C1 juste avant la Coupe du monde avec la moitié de l’équipe nationale dans l’effectif, il était parti pour en gagner deux ou trois d’affilée. Au lieu de ça, il est retombé dans le tout-venant de la Bundesliga jusqu’au milieu des années 1980 avant de devenir la machine qu’on connaît aujourd’hui. Ce n’est pas à Saint-Étienne qu’on s’est plaint, en tout cas.  « En 1974, le Bayern était le favori de la Coupe des Champions. Quand ils ont perdu en huitièmes et que nous, on a sorti Split [NDLR : 1-4 à l’aller, 5-1 a.p. au retour], on s’est dit qu’on pouvait aller au bout », lâche Captain Jean-Mimi Larqué. 28 mai 1975, un coup de casque d’Oswaldo Piazza pour l’éternité face au dirty Leeds de Bremner et Macari, dans un Parc des Princes en fusion : « Qui c’est les premiers ? Évidemment, les Verts ! » Les seconds aussi, l’année suivante face au Real, avec un gros merci aux poteaux carrés du Hampden Park sur la tête de Santillana… là aussi, ça aurait pu finir autrement.

Et les Bleus, dans tout ça ? « Au Mundial 1978, avec les victoires de Saint-Étienne, on partait pour faire un truc », se souvient Baratelli. Troisièmes après avoir sorti l’Argentine chez elle, mission accomplie. « Après ça, on craignait le foot français partout. Du coup, la finale de 1982 [NDLR : défaite 3-1 contre l’Italie], c’était plutôt une déception. » Et si ce jour de mai 1973, au stade Lénine ? « On serait retombés dans nos doutes… Les clubs auraient sans doute continué à galérer et l’équipe de France aurait eu plus de mal à percer. Il y avait la génération Platini qui arrivait, c’est vrai, mais on n’aurait pas quatre étoiles sur le maillot, trois Euros, et huit Coupes d’Europe aujourd’hui. » Tout ça pour un arrêt réussi ? Avec le fatalisme de l’homme aux 600 matchs de D1, Doumé philosophe en nous raccompagnant à la barrière :  « Vous savez, le foot, ça tient à tellement peu de chose… »

g-g-g pour Pinte de Foot

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48 réflexions sur « Moscou 1973, l’aile du papillon »

  1. Merci triple g.
    «  le regard de Dominique Baratelli part un instant vers la Grande Bleue ». Justement, le regard de Doumé m’inquiétait parfois. Son extrême concentration ou son stress, je ne sais pas, provoquait un début de strabisme qui n’avait rien de rassurant. Pourtant je l’aimais bien (je ne l’ai vraiment vu jouer qu’avec le PSG, j’étais trop jeune auparavant) et j’aurais aimé qu’il ait sa chance en 1982, il était dans ses meilleures années. Avec la pression médiatique actuelle, sa non sélection aurait été un scandale alors qu’à l’époque, c’est à peine commenté. Quand j’ai vu Ettori face aux Anglais à Bilbao, minuscule dans sa cage, même en écartant les bras et gonflant les plumes, j’ai compris que cela ne le ferait pas…

    Pour revenir à Doumé, il débute avec le légendaire ACA de la fin des années 60, celui entraîné par Alberto Muro bien sûr (Bobby, légende nancéienne que tu as snobé eh eh, Fred, oui oui, Alberte aux Mureaux). Le coach argentin lui fait confiance alors qu’il vient du Cavigal, à Nice, en championnat régional. Ce sont les saisons où brillent Sansonetti, Fanfan Marcialis, Trésor, M’Pelé… puis c’est le retour à Nice, mais à l’OGCN avec les artistes des années 70, Guillou, Huck, Jouve, Bjeković avant l’aventure au PSG.

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    1. Oui, Onyshchenko formait une doublette d’ailiers très complémentaire avec Blokhin (Kiev jouait sans avant centre, et pendant un moment avec Lobanovskyi, l’URSS aussi.)
      Moins rapide (mais qui l’était?) et buteur que Blokhin, il provoquait pas mal et restait assez opportuniste pour pouvoir marquer des buts importants. Il participait au jeu plus que Blokhin également.

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      1. Y avait-il des joueurs plus rapides que Blokhine et Cruyff? J’en « ai » bien un à l’esprit, ça me reviendra..mais registre vitesse pure c’était le top.

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      2. Tu fais bien de me relancer, j’oubliais : Malcolm MacDonald, grande sensation offensive du foot anglais des 70’s, vainement courtisé par Anderlecht (il était absolument impayable)..et qui donc courait lui aussi le 100 mètres en moins de 11 secondes.

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  2. Je crois même avoir la photo de l’équipe soviétique:

    [img]https://i.imgur.com/FJ3AXT1.png[/img]

    De la gauche à la droite: Muntyan, Lovchev, Vasenin, Onyshchenko, Kuznetsov, Andreasyan, Blokhin, Dzodzuashvili, Kaplychnyi, Rudakov et Khurtsilava.

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    1. Un ami de mon père, en Espagne, était surnommé Rudakov. Pour ses qualités de gardien mais également pour etre communiste sous le régime franquiste. J’ai entendu parler de ce nom, bien avant de savoir qui était réellement Rudakov.
      Dans le meme bled, un autre etait appelé Kubala. Un mec que j’ai vu uniquement habillé en tenue du Barça. Short, maillot et écharpe sur la tete. Bon, je ne le voyais que l’été mais je me demande si c’était pas sa tenue tout au long de l’année.
      Un personnage ce Kubala qui adorait alpaguer les madridistas en hurlant des slogans culés!

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      1. Registre supportérisme suraffiché, j’en ai vu un de compèt’ à l’instant, en sortant m’en fumer une : un camion-remorque sur chacune des deux citernes, intégralement peintes en bleu, était écrit en lettres blanches d’un bon mètre de haut : « ALLEZ LES BLEUS », lol 🙂

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      2. L’un ou l’autre de vos médias-marchands ont complètement surdimensionné, pour ne pas dire créé et alimenté (fût-ce parfois en détournant des propos), cette navrante histoire de « seum » ; on a certes des cas et l’équipe de France n’a de longue date pas/plus une grosse cote de sympathie en Belgique, surtout francophone..mais c’est vraiment marginal.

        Et cependant, ce brave chauffeur fier de ses couleurs (et pourquoi pas) prend des risques pour son beau camion, car si jamais il tombe sur un mec pas trop malin au gré de sa traversée de la Belgique…… Intrépide, le mec!

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    2. Question: on fait comment pour afficher une photo directement sur le site? (Comme dans les articles). C’est faisable dans les commentaires ou pas? (J’ai bien tenté la balise classique mais à l’évidence ça ne passe pas).

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    1. Lamia en EDF, ça pas été une franche réussite, faut bien l’avouer. Se prendre 3 buts en 3 minutes contre la Yougoslavie en demi-finale de l’Euro 1960 , demeurera pour toujours son principal fait d’arme. La France menait 4 buts à 2 à un quart d’heure de la fin. Mener par 2 buts d’écart et se faire remonter, ça ne vous rappelle rien ?

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  3. Je pense que si Reims avait gagné la première coupe d ´Europe face au réal la France aurait été une grande nation de clubs .
    Aucun complexe n’aurait vu le jour et nous aurions un nombre beaucoup plus grand de coupes que ces deux misérables dans l ´armoire à trophée

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    1. Je crois que c’est moins une question de complexe, de know-how tactique voire de talent, que de pharmacopée et de « tous les moyens sont bons », qui peut expliquer le chiche bilan des clubs français en CE, ou du foot français en compétitions internationales jusqu’à Hidalgo.

      Dopage, brutalité (souvent concomitante) sur pelouse, corruption à tous les niveaux………….. ==> De loin, de très loin même : le foot français était le plus vertueux, pour ne pas dire le plus candide!

      Je crois que Sainté ne m’en voudra pas (?), mais il me semble que Herbin/Saint-Etienne contribuèrent décisivement à vous remettre sur les rails, dès l’instant où ils reprirent à leur compte une part des pratiques à l’oeuvre chez leur modèle Ajax (ou avant Ajax à l’Inter, etc.).

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      1. Pas besoin d’aller chercher une explication dans la pharmacopée : Herbin n’a fait que mettre l’entraînement de ses joueurs au niveau international. Je me souviens d’une citation d’Hervé Revelli, qui avait fait l’aller-retour entre Saint-Étienne et Nice, juste avant la finale de C1 1975-76. À Nice, disait-il, on s’entraînait deux heures le matin et « après, plage, farniente ». Pas étonnant dans ces conditions-là que les équipes françaises d’avant l’ASSE explosent face aux Allemands, par exemple l’OM face à Cologne (0-6 en Allemagne en C3 1973-74) ou Lyon face à M’Gladbach (2-5 à Gerland en C3 1974-75)…

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      2. Le dopage systémique à Saint-Etienne est documenté, non?

        Je suis sceptique sur ces histoires d’entraînement plus professionnels, plus sérieux.. C’est par exemple ce qu’alors disait (notamment..car la tactique aussi, le courage..) beaucoup de monde des Hollandais (hum), des Allemands (hum) et des Anglais (cas infiniment moins documenté, mais..) à l’époque, primat de culture anglo-saxonne de l’effort/sérieux, alors que..

        Même Happel, par exemple : ses joueurs aux Pays-Bas rapportent jeu/entraînement avec le ballon 80% du temps..mais chez lui aussi il y eut une part d’ombre.

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      3. Herbin a été le premier en France à imposer une matinée de travail physique sans ballon par semaine à ses joueurs, avec bien évidemment deux entraînements par jour. Dopage ou pas, c’était sans doute suffisant pour résorber 80% de l’écart avec le vrai haut niveau.

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      4. Résorber 80% ça me parait très optimiste, quand je vois à quel point l’apport d’un doping-doctor à Ajax leur permit soudain de ringardiser, dans l’intensité, ce qui faisait de longue date autorité sur le plan de la préparation et du professionnalisme (le Calcio)..et surtout de reculer spectaculairement les frontières humaines du pressing!

        Entraînements intensifs, oui. Mais ça ne peut expliquer qu’on passât de 15 à 60 voire 70 minutes de jeu à haute-intensité, ça ce n’est plus de la préparation mais du transhumanisme. Sans compter que l’hygiène de vie restait souvent merdique, joueurs portés sur la bibine et la clope.

        Je ne ferai pas de ce cas un cas d’autorité mais, dès le début des années 60, un club tel Anderlecht se dote d’installations intérieures spécifiques au travail foncier, musculature, force.. Une vraie salle de fitness, ça ne courait pas les rues à l’époque (l’initiateur en était le futur manager Michel Verschueren, c’est grâce à sa contribution « développement athlétique » qu’il se fraya un chemin dans le football). Et cependant l’équipe restait désespérément à la ramasse sur le plan de l’intensité possible ; on ne faisait apparemment pas, d’un athlète si bien entraîné fût-il (les entraînements étaient intensifs), un surhomme sans « adjuvant » particulier.

        A compter des premiers doping-coachs made in NL par contre, ce fut aussitôt sensible sur pelouse : répondant physique, enfin..et premières consécrations continentales. Il n’y avait pas que ça à l’oeuvre (du talent, du travail..), mais tout de même.

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    2. Plus que de décoincer un complexe, une victoire (Reims en 56 ou la France en 58) aurait peut-être permis de convaincre nos élites politiques et économiques de l’intérêt du foot.
      Car s’il y a de nombreuses raisons aux piètres résultats du football français, le peu d’investissement des élites dans celui-ci n’est pas à négliger. Des élites intellectuelles et politiques qui s’en désintéressèrent longtemps, des élites économiques qui investirent rarement dans des clubs. En France, le divorce entre le capitalisme et le football est acté depuis longtemps (à quelques rares exceptions près).
      Il n’est que de voir l’effet de la victoire de 98, et son effet d’entraînement sur l’équipe de France, pour comprendre ce qu’une victoire en 58 aurait pu changer.

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      1. Élites intellectuelles, c’est vrai. Mais politiques j’ai dû mal à le croire : ça fait un bail que votre football est ultra-politisé (stades municipaux, FFF fortement inféodée à voire instrumentalisée par le pouvoir, subventions, une ville = un club d’élite, etc..).

        Historiquement peu de pays ouest-européens me semblent avoir été à ce point politisés (la RFA, ça oui), et ce ne fut probablement pas plus mal pour eux (modèle entrepreneurial en plein en Angleterre, par exemple – ce fut aussi très largement le cas en Belgique et aux Pays-Bas).

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      2. Après, bon.. Y a s’intéresser et s’intéresser..

        Dans le cas français, il me semble que ce fut à fins de contrôle, un enjeu très intra-/franco-français. Je suis loin d’en maîtriser l’Histoire, euphémisme, mais je n’y vois guère voire pas d’intérêt porté par le champ politique à fins de promotion du football français (de clubs, ça me paraît acquis) à l’international.

        Y a moyen d’être plus clair :), je ne vois pas de pendant français aux :

        FC Bayern boosté par l’appareil d’Etat bavarois/CSU (..-CDU), d’abord à fins de popote interne puis progressivement à fins de rayonnement à l’international du football ouest-allemand, faire du modèle-RDA un repoussoir et mobiliser la tribune-Bayern FC à fins de quelque ingénérie sociale (tâche dont s’acquitta avec infiniment de zèle Hoeness des années durant)..

        Ajax et Feyenoord (exceptions aux Pays-Bas!, surtout Ajax), respectivement porte-drapeaux (quoique surtout popote interne) des partis dits PvDA (parti prolo-collabo recyclé libéral-libertaire après-guerre) et Anti-révolutionnaire ( = conservateur).. Mais popote..et guéguerres surtout intra-NL, ces soutiens furent d’un apport très marginal dans les succès continentaux de ces deux clubs, l’essentiel fut ailleurs (dont en termes de financement : vieille bourgeoisie hanséatique à Rotterdam Vs argent de la collaboration et de la drogue à Ajax).

        L’Anderlecht postwar fut du même registre que le Bayern.

        Des équivalents à ça, au sein du football français : je n’en vois pas. A la rigueur Sarkozy-PSG-Qatar. Mais avant cela???

        NB : Si ça ne tenait qu’à moi, le politique devrait être interdit de se mêler des choses du foot, c’est toujours pour le pire.

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      3. Le politique n’a fait que castrer le football français. Tu évoques le cas un club = une ville. C’est une politique anti-football, visant à favoriser (ou, au moins, ne pas désavantager) les autres sports (moins populaires). Idem pour les stades municipaux. Si les clubs avaient été propriétaires de leurs stades, ils auraient pu s’enrichir plus facilement et attirer des investisseurs.

        Et comme tu le soulignes en-dessous, les élites politiques françaises n’ont pas cherché à promouvoir le football à l’international. Elles n’ont fait que l’handicaper.

        Donc, oui, un désintérêt général pour le football professionnel auxquels les politiques n’auront cherché, au moins jusqu’aux années 1980, qu’à mettre des bâtons dans les roues.

        Et ce, sans compter sur la politique de laïcité qui a ralenti le développement du football dans les campagnes françaises où il était surtout promu par les patronages. Et la France n’atteint un taux d’urbanisation de 50% qu’en 1931, de 70% en 1976…

        En France, comme tu le dis, le politique n’aura fait (presque) que du mal au football français. Jusqu’à ce qu’il en mesure le potentiel et s’y intéresse réellement (pas avant les années 1980, voire 1990).

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      4. Pour ça que, à relecture, j’ai cru préférable de préciser qu’il y a « s’intéresser..et s’intéresser »..et « castrer » me paraît être le mot!, oui, votre champ politique s’y est intéressé mais pour le pire (en termes de compétitivité manifeste du moins).

        Tu sembles catégorique (je te cite : « politique anti-football, visant à favoriser (ou, au moins, ne pas désavantager) les autres sports (moins populaires) »), mais cette contribution négative du politique était-elle vraiment à ce point délibérée? Nuire au foot domestique était-il vraiment, absolument, le but escompté? Ou y eut-il aussi une part d’erreur stratégique? (parfois l’on veut bien faire, mais..) (La RFA n’était pas un copié-collé parfait de la France, mais là aussi les stades n’étaient pas la propriété des clubs, il y subsiste d’ailleurs de sacrés freins sur le plan du financement, et cependant.. il dut y avoir d’autres freins)

        Les clubs pouvaient-ils refuser d’être subventionnés? Y eut-il des clubs qui s’essayèrent à sortir de ce carcan et, si oui : y eut-il l’une ou l’autre formes de sanctions?

        Globalement tu prêches un convaincu sur votre cas. Mais le foot français n’a par exemple pas toujours manqué de ressources financières, quantité de transferts parfois bien plus somptuaires qu’en Angleterre ou NL..pour au final, toutefois, une asymétrie de résultats sur la scène internationale.

        Bref et pour moi : rôle assurément nocif mais qui n’explique pas tout, et je reste surtout marqué par la candeur on-ground de vos équipes, presque toujours en mode « plus catholique que le pape » et à la rue sur le plan de l’engagement et/ou du physique purs..ce qui a pour le moins changé au cours de ces dernières décennies ; la brutalité en moins (laquelle est radicalement devenue hors-la-loi en Europe, désormais que son football a été gentrifié à fins d’attractivité), le foot français me paraît être devenu aussi cynique que l’allemand des 80’s par exemple : calcul, densité, physique, « frigidité »..

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      5. De manière générale, le sport professionnel et le sport business eurent longtemps mauvaise presse auprès de nos élites politiques et intellectuelles. Voir, à ce propos, les difficultés pour financer les installations nécessaires pour l’organisation des Jeux de 1924 et de la CdM 1938.

        La politique « une ville, un club » est un frein délibéré : il s’agissait de ménager la chèvre et le chou, ne pas permettre qu’une activité sportive écrasât les autres.

        Et le frein mis au football dans les campagnes est un dommage collatérale de la laïcité, mais c’est le fruit d’une décision politique.

        Erreur stratégique ? Je ne pense pas. Simplement, nos élites ne virent pas (ou ne voulurent) pas voir le rôle que pouvait assumer le sport, et singulièrement le football. C’est peut-être mieux ainsi, car cela a permis au football de ne pas vampiriser les autres pratiques. Et, plus longtemps qu’ailleurs (en Italie notamment), le vélo resta le sport roi en France. Le « virus » du football tarda à nous atteindre : à la fois cause et conséquence du désintérêt des politiques et des intellectuels pour ce sport. Et des capitalistes : quand, en Italie, en Espagne ou en Angleterre, il y avait des stades géants que le public remplissait chaque week-end, en France les enceintes étaient plus modestes et le public restait timoré (voir encore les audiences dans les années 1960…).

        (Autre exemple puisé dans mon époque de prédilection : Jean Zay, dont le zèle antifasciste et antinazi ne peut être mis en cause à la fin des années 1930, voit tout l’intérêt que le prestige de la France peut tirer d’une activité culturelle comme le cinéma. Et c’est autant pour faire pièce à la Mostra désormais ouvertement fasciste que pour plaire aux producteurs américains qu’il crée le festival de Cannes en 1938. Mais, peu avant, il n’avait pas vu que le football était aussi un cheval de Troie des dictatures et n’avait rien fait pour empêcher l’instrumentalisation de la Coupe du monde en France. Aveuglement manifeste : dans son esprit, ces deux activités culturelles (cinéma et football) ne se valaient pas, elles n’avaient pas le même prestige. Là, c’est une erreur stratégique, mais qui est la conséquence d’un mépris et d’un dédain volontaires.)

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      6. Entre coup d’État déguisé (sinon permanent. comme on l’écrivit avec un certain succès) et guerre civile qui menaçait, la France de 1958 avait des priorités à gérer que celle de 1998 n’avait pas : une victoire n’aurait sans doute pas changé grand-chose.

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      7. Ou, précisément, une victoire en Suède habilement exploitée aurait permis au tout nouveau président du Conseil et futur président de la République de faire communier les Français et ainsi d’asseoir fermement son pouvoir.

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    1. Oui, de fameuses ailes, ce papillon!

      Je me demande quel aura été le battement d’ailes ultime….. Pourrait pas trop mal figurer la défaite de l’Allemagne face à la Norvège, JO 36 de Berlin, dont l’on dit volontiers (mais est-ce vrai?) qu’elle garda Hitler de trop résolument miser sur le football aux fins de propagande de son régime..?

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      1. Comme beaucoup d’autres anciens grands noms, l’Eintracht a eu du mal à l’arrivée du professionnalisme en 1963 et la formation de la Bundesliga. Sans doute l’argent est-il arrivé mieux et plus vite ailleurs, par exemple au Bayern (qui n’a intégré la BL qu’en 1965, au moment de son élargissement de 16 à 18 clubs) ou à Dortmund, pour débaucher les talents.

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      2. On peut même parler d’argent magique..et même beaucoup plus que cela pour le Bayern.

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    2. En RFA je reste intrigué par le progressif retrait autour de l’Eintracht, après sa déroute face au Real, et surtout après tant d’années où il avait d’évidence été boosté et accompagné jusqu’aux sommets.

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    3. En Belgique : pas de Waterscheigate (événement qui détruisit durablement le foot belge) si la femme du big-boss du Standard n’avait découvert être cocue..ni conséquemment entrepris de se venger.

      Il a dû y en avoir de belles en Italie. Ou dans certaines sociétés brin paranoïaques, quand le moindre truc prend soudain des dimensions dingues.. En URSS il y eut ainsi des disgrâces a priori inexplicables, et certainement dommageables aussi.

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  4. Excellente fiction, on s’y croirait presque. D’accord avec tout le monde, rien ne nous prouve que Baratelli aurait été meilleur qu’Ettori en 82. Tous ceux cités sont des bons gardiens de L1, mais aucun n’avait pas le niveau mondial. Même chose pour ceux d’avant. Les Aubour, Bernard, Lamia, Taillandier, l’éphémère Ferrero (1 sélection) c’était franchement pas la sécurité sociale. Sauvons Carnus et l’infortuné Eon.

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    1. Carnus, sans aucun doute : il est l’homme qui est passé à côté de la carrière de Bats pour être né quinze ans trop tôt. Eon, lui, a eu sa deuxième chance en Bleu en 1967 après son retour de blessure (la fameuse rupture du tendon d’Achille qui l’avait privé de CM 1966) et n’a pas confirmé.

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